oO Epilogue GEN. Oo

Toute la base résonnait du son de l'alarme. Une équipe revenait et visiblement, pas dans les meilleures conditions.

Moins de dix minutes après que l'alarme ait commencé, l'infirmerie était en effervescence. Beckket et ses deux aides, hurlaient des instructions, et les infirmières s'affairaient comme les insectes d'une fourmilière.

Une heure après, sur les huit hommes qui avaient été amenés sur des brancards, deux n'avaient pas pu être sauvés. Un bon chiffre. Deux sur huit.

Carson soupira.

L'infirmerie avait retrouvé un semblant de tranquillité. Les infirmières nettoyaient et il surveillait les signes vitaux de Lewis. Deux sur huit. Pas trois. Carson refusait ce chiffre. Lewis allait vivre.

« Quelles sont ses chances ? »

Carson se tourna vers la personne qui avait parlé. Le Major Sheppard se tenait dans l'encadrement de la porte.

« Pour le moment, 80/20. Mais dans quelques heures, s'il est toujours en vie, » il soupira, « chaque minute augmente ses chances de survie. »

Le Major Sheppard hocha la tête. Carson lui trouvait l'air fatigué.

« Et lui ? »

Carson n'avait pas besoin de demander de qui il parlait.

« Il est un peu anémique et son taux de glucose nous donne quelques soucis mais à part ça, il va bien. » (51)

« Alors pourquoi est-ce qu'il ne se réveille pas ! »

Trois semaines ! Cela faisait trois semaines maintenant qu'ils étaient rentrés de Céres et McKay était toujours dans le coma.

Sheppard avait crié et toutes les personnes présentes dans l'infirmerie levèrent la tête vers lui.

« Ca suffit Major ! Vous êtes dans une infirmerie pas dans un bistrot. Dois-je vous rappeler ce qui s'est passé ici, il y a moins d'une heure ! »

Sheppard se passa la main dans les cheveux.

« Je suis désolé Carson, je ne voulais pas … » Il soupira. « Je suis désolé. »

Carson le regarda un moment.

« Allez venez. Je crois que nous avons tous les deux besoin d'un petit remontant. »

Assis tranquillement dans le bureau du médecin, Sheppard et Carson sirotaient silencieusement un « quinze ans d'âge ». Encore une réserve personnelle. Encore une situation spéciale.

ooOOoo

Quelque chose n'allait pas.

Quelque chose qu'il fallait qu'il règle. Et vite.

C'était un peu comme lorsque votre nez vous démange et que vous ne pouvez pas vous gratter. S'il ne faisait rien, il allait devenir fou.

Rodney se leva et se débarrassa des électrodes qui couvraient son torse, ainsi que de celles qui se trouvaient sur ses tempes. Il ôta le cathéter de la perfusion et se glissa hors de la petite chambre où il dormait depuis bientôt une vingtaine de jours.

ooOOoo

« Merci Carson. »

Carson adressa un sourire au Major.

« De rien Major, j'avoue que j'avais moi aussi besoin de ce petit break. »

« Huuuu, est-ce que ce n'est pas un peu curieux, je veux dire un médecin qui offre de l'alcool à ses patients ? »

« De l'alcool ! De l'alcool ? Sacrilège ! Major, vous parlez d'un whisky qui a quinze ans d'âge. Quinze ans, Major. A cet âge, on ne parle plus d'alcool, ce que vous avez bu c'était du nectar. »

John sourit.

« Du nectar … à près de 40 degrés d'alcool, c'est ça ? »

« Peuh, béotien ! »

Cette fois, John éclata de rire.

« Bien, je vais vous laisser avec votre nectar, je dois préparer mon rapport pour Elisabeth. »

Il sortit du bureau, laissant Carson seul. Celui était en train de ranger soigneusement sa précieuse bouteille de whisky, lorsqu'il entendit Sheppard crié son nom.

« CARSON VITE ! »

Carson fut dehors en un instant, persuadé qu'il était arrivé quelque chose à Lewis.

Et en effet, c'était bien le cas. Le militaire clignait des yeux comme s'il se réveillait d'un profond sommeil.

Carson et John étaient figés sur place.

Aux côtés du lit se trouvait Rodney, sa main toujours sur la poitrine de Lewis.

« Rodney ? »

Rodney tourna la tête vers les deux hommes.

« Huuuu. »

Ce fut tout ce qu'il prononça avant de s'évanouir.

Catrson et Sheppard furent à ses côtés en un instant.

« Major occupez vous de lui, je me charge de Lewis. » il saisit sa radio. « Sandra ! Sandra, j'ai besoin de quelqu'un à l'infirmerie, tout de suite. »

ooOOoo

Ils avaient installé Rodney confortablement sur un des lits. John se trouvait sur la chaise à ses côtés.

Rodney avait sauvé la vie de Lewis et d'une certaine manière, Lewis avait sauvé la sienne. Le Timaré avait été « réveillé » par la présence de quelqu'un de gravement blessé . Et John était ravi que le Timaré ait du coup aussi réveillé McKay.

McKay qui le fixait, les yeux entrouverts.

John se leva et appela Beckett, « Carson ! Il est réveillé ! », puis il se tourna vers Rodney, « hey, Rodney, l'heure de la sieste est fini à ce qu'il semble, hein ? »

Le scientifique cligna des yeux mais ne lui répondit pas.

« Ah, notre patient préféré est enfin réveillé. Alors Rodney, comment est-ce que ça va ? » Carson n'attendit pas que Rodney lui répondent et vérifia ses signes vitaux. Il passa son stéthoscope sous la chemise d'hôpital et, hocha la tête, puis s'arma du tensiomètre. Il marmonnait dans sa barbe. McKay clignait toujours des yeux et n'avait toujours rien dit. Finalement, Carson donna son verdict.

« Bien, tout est en ordre, vous serez bientôt debout et vaillant. Je crois que le docteur Zelenka a un peu de difficulté avec l'équipe scientifique et qu'il attend que vous soyez sur pied avec impatience. »

John sourit à cette remarque. C'était surtout le docteur Kavanaugh qui avait un problème avec Zelenka. Depuis l'affaire des toilettes « explosives », leurs relations étaient des plus tendues, et les incidents – mineurs – se multipliaient.

« S'af ? »

« Humm, oh, oui, bien sûr je vais vous amener un peu d'eau. »

Sheppard souriait comme le chat de Chestshire (52). Mckay était réveillé, tout allait pour le mieux. Il avait retrouvé son équipe.

Sa famille était de nouveau au complet.

ooOOoo

John s'était trompé. Lourdement. Sa famille n'allait pas bien. Enfin, un de ses membres en fait. L'enfant terrible.

McKay.

Il serra les mâchoires.

Rodney n'avait rien dit depuis trois jours. Rien. Oh, bien sûr, il parlait. Il répondait quand vous lui posiez une question mais se limitait au strict minimum : oui, non, merci. Et il n'initiait aucune conversation. Et ça, ce n'était pas normal.

Un McKay silencieux à l'infirmerie n'était pas normal. Un McKay silencieux tout court ne l'était pas, mais lorsqu'il était consigné à l'infirmerie, on avait l'impression que toute son énergie se concentrait sur une seule mission : rendre fous, médecins et infirmières. Généralement, seul Beckett le supportait.

Mais là …

Carson en avait discuté avec Elisabeth. Il pensait que le mieux serait de faire venir le docteur Heightmeyer. La psychiatre arriverait peut-être à tirer quelque chose de McKay.

Ce fut là aussi un fiasco total. Rodney répondit à ses questions en évitant de croiser son regard.

Ca aussi ce n'était pas normal. McKay avait rarement honte de quoique ce soit, son ego était trop surdéveloppé pour ça : il parlait haut et fort, et vous disais ce qu'il pensait en vous regardant droit dans les yeux. Jamais de faux fuyant.

Là, non seulement, il était devenu silencieux mais en plus, il ne vous regardait pas. Ses yeux étaient soit posés sur ses mains, soit sur un point au dessus de votre épaule, soit carrément fixés sur le plafond.

Et personne ne comprenait ce qui se passait. Jusqu'à ce qu'enfin, la lumière se fasse dans le petit esprit du Major John Sheppard. Pour un peu, ledit Major se serait bien foutu des baffes pour ne pas avoir mis le doigt là-dessus plus tôt. C'était pourtant un trauma classique.

Rodney McKay avait tué un homme.

John se rappelait de la première fois. Il s'en rappellerait sans aucun doute toute sa vie. Il avait 23 ans. C'avait été difficile, mais il était un soldat et il s'était rapidement remis. Une bonne cuite entre copains, quelques larmes.

Mais Rodney était un civil. Il n'avait pas été « préparé » à ça et curieusement, John ne s'était jamais posé la question sous cet angle. Il avait réfléchi au danger que comporte pour un civil la participation à des missions, mais parce qu'il les voyait comme des victimes potentielles. Pas comme des tueurs potentiels.

Il fallait qu'il parle à Carson.

ooOOoo

Ils avaient décidé de ne rien dire à Heigthmeyer. Ou à elisabeth. Enfin, pour le moment, histoire de donner un peu de temps à Rodney.

Le problème avec les génies, c'est que leur esprit analyse tout et que parfois, certaines choses ont juste besoin d'être ressenties, d'être criées ou hurlées. Ou tout simplement pleurées. Et John pouvait presque voir les petits rouages du cerveau de McKay tourner. Et il pouvait sans peine deviner la question qui repassait en boucle dans cet esprit brillant : pourquoi ? Pourquoi, l'ai-je tué ? Pourquoi est-ce que je ne l'ai pas juste blessé ? Pourquoi est-je été incapable de trouver une autre solution ?

Cette dernière question devait être la plus difficile pour Rodney. Il était l'homme qui trouvait des solutions. Trouver des solutions était ce qui le séparait des simples mortels, ce qui faisait de lui, quelqu'un à part, spécial.

Et là, tout s'effondrait.

Carson était d'accord avec lui. Rodney avait besoin d'être entouré de ceux qui le connaissait bien et qui savait ce qu'il valait en tant qu'être humain, et non pas en tant que scientifique.

Heightmeyer pourrait l'aider à apprendre à gérer ce qui s'était passé, mais seuls ses amis pourraient l'aider à retrouver confiance en lui. Et pour ça, Carson, Teyla, Ford et John ainsi que quelques autres qui étaient attachés à l'irritant scientifique, avaient un plan.

John s'arrêta devant la porte de l'infirmerie. Il prit une inspiration et entra.

Et il était temps pour la mise en œuvre de la phase 1.

ooOOoo

John entra et fila droit vers le lit de Rodney. Varilia se trouvait à ses côtés. La jeune femme, parlait de manière excitée.

« …. Oh et il y a aussi, ces extraordinaires relevés, comment dites vous, ah oui, datation au carbone 15. Le professeur Dandridge dit que nous ne pourrons pas utiliser ce procédé pour les artéfacts découverts dans la grotte mais il … Oh, Major ! Venez, j'expliquais au Docteur Rodney les bases de l'archéologie. »

John lui adressa un sourire. Varilia était rentrée avec eux de Cérès. Enceinte de triplés et de plus de 6 mois, il était clair qu'elle serait mieux sur Atlantis. Et visiblement, sa famille avait un peu de mal à assumer sa « trahison ». Elle repartirait certainement vivre chez Vhelma et Crésius après la naissance des enfants. Encore que John avait quelques doutes, la jeune femme passait pas mal de temps avec un des scientifiques, un archéologue, ou un linguiste.

« Bonjour Varilia, hey Rodney. »

McKay lui adressa à peine un regard et se contenta d'un petit salut de la tête.

Huuuuummm, ça devait vraiment mal aller. Le scientifique n'avait même pas repris la jeune femme sur son erreur (53). Il ne l'écoutait vraisemblablement même pas.

John claqua dans ses mains ce qui eu pour effet d'enfin, attirer l'attention du scientifique.

« Bien, aujourd'hui, promenade accompagnée. Vous vous joignez à nous Varilia ? »

La jeune akron lui décocha un grand sourire.

« Bien sûr ! Attendez, je vais chercher le fauteuil roulant. »

Rodney releva la tête.

« Un fauteuil roulant ? Pour quoi faire ? Carson ne m'a pas dit qu'il me relâchait aujourd'hui ? »

« Voilà ! »

Varilia revenait avec le fauteuil.

« Parfait ! Rodney, hop hop, on y va. »

« Où ? »

Le vrai Rodney aurait eu une réponse sarcastique pas ce « où » sec et pathétique.

John aida le scientifique à se glisser dans le fauteuil après que Varilia lui ait enfilé sa robe de chambre (54). Ils sortirent tous les trois de l'infirmerie.

« Major, j'apprécierais que vous me rameniez à l'infirmerie, maintenant. »

« Huhuhu, je suis votre chauffeur, appréciez le paysage ! »

Rodney se renfonça dans le fauteuil, l'air plus abattu que jamais.

Il entrèrent dans un transporteur. Varilia babillait toujours sur les mérites de l'archéologie en général et celles du professeur Dandridge en particulier. John doutait vraiment qu'elle retourne un jour chez elle.

Ils arrivèrent enfin à leur destination finale. Le hangar à Jumper. Ils firent le tour de celui-ci. Sur leur passage, les techniciens et les militaires saluaient McKay, certains chaleureusement. Le Docteur Zelenka se trouvait là.

«Ah Zelenka, il est prêt ? »

Zelenka souriait.

« Bonjour Rodney, Major, Mademoiselle. Oui, il est prêt, j'aurais aimé pouvoir vérifier deux ou trois choses avant, mais … »

Rodney poussa un soupir et tenta de se lever.

« Tout ça est ridicule ! Je retourne à l'infirmerie. »

« Rodney, rasseyez vous tout de suite ! »

Le ton du Major était autoritaire. Rodney se rassit. Encore une preuve qu'il n'était pas tout à fait lui-même : Rodney ne faisait jamais ce que le Major lui ordonnait.

« Major, je ne vais certainement pas faire une sortie en Jumper en pyjama. »

John sourit.

« Huhuh, on verra bien. »

Ils contournèrent les Jumpers 4 et 5, et arrivèrent devant des box vides. Il y avait plus d'une trentaine de box mais seuls une demi douzaine de Jumper avaient survécu à la dernière attaque wraith (55)

Zelenka redressa ses lunettes sur son nez et guida Sheppard et Varilia vers un des derniers box.

« Ah, nous y voilà. Venez, venez ! Il doit être par ici … Oui, oui, oui. »

Ils arrivèrent enfin devant un box et Zelenka disparu à l'intérieur. Rodney commençait à se demander ce qu'ils faisaient tous ici, quand un bruit familier lui fit relever la tête.

Un hennissement.

ooOOoo

John souriait au spectacle qu'il avait devant lui.

Rodney était debout près de Jumper et, comme il l'avait vu faire sur Cérès, avait enfoui sa tête dans la crinière bouclée de l'animal, qui en retour tentait de lui donner de petits coups de museau.

Rien de mieux qu'un animal pour vous aider à passer un moment difficile.

« Major ? »

« Huuu, oui, McKay ? »

« Est-ce que vous pouvez m'expliquer ce que ça signifie ? »

Rodney lui désignait quelque chose de la main.

John s'approcha de l'animal.

« Ah oui, ça … C'est Emilie. »

Rodney croisa les bras sur sa poitrine.

« Emilie ? »

« Heu, oui, vous voyez elle et moi … Enfin, je vous ai parlé d'Emilie, c'est une des paléontologues, elle a d'énormes … » le Major s'arrêta net lorsqu'il vit le froncement de sourcil de McKay, « hem, oui, enfin bref, nous avons fait une petite promenade tous les deux avec Jumper. »

« Et le docteur Ledermann – Emilie – a jugé bon de faire des tresses à mon équidé ? Des tresses ? »

En effet, une dizaine de tresses, toutes terminées d'un petit élastique de couleur se trouvaient dans la crinière de l'équidé.

« Bah … Vous savez, toute les filles le trouvent super mignon, je crois même qu'Elisabeth a utilisé l'expression « trop chou » à son propos. »

« Je vous demande pardon, est-ce que je dois comprendre par là que vous avez utilisé Jumper comme … comme un vulgaire pièce à nana ! Major, à partir de cet instant l'accès à Jumper 10 vous est formellement interdit, à vous ainsi qu'à tous les autres …», il chercha ses mots un instant, « macho aux hormones en mal de chair fraîche ! »

« Jumper 10 ? »

« Oui, je crois qu'il a bien mérité ses galons, non ? Et puis, il va falloir me changer ça. Non mais regardez ! Ce box n'est absolument pas adapté ! Il faut commencer par installer un chauffage et … Zelenka ? Ou est-il passé ? Et Beckett, il faut qu'il l'examine, dieu seul sait ce qu'il a pu attraper en restant dans ce hangar et … »

Rodney continuait sa litanie de plaintes.

John sourit. Oui, la première phase de l'opération se déroulait à la perfection.

Ils allaient retrouver leur Rodney en un rien de temps.

Epilogue SLASH dès que possible ...

(51) Moi pas médecin, moi mettre ça au pif, vous pas taper, merci !

(52) C'est le chat d'Alice aux pays des Merveilles.

(53) Il s'agit du carbone 14 !

(54) Vous savez, le bleue, celle de DUET, dans la saison 2. J'adore lorsque Rodney déambule dans cette petite robe de chambre bleue, avec ses petits chaussons ! On en croquerait …

(55) Tiens, c'est vrai : combien ont-ils de Jumper au total ? Il ne doit pas en rester beaucoup, vu tous ceux qui ont été cassés – généralement par Sheppard d'ailleurs – entre les saisons 1 et 2.