Chapitre 5 : Deuxième soirée
-Mais c'est cette délicieuse Elena! Comment vous portez-vous, ma chère?
Nouvelle robe, vert émeraude, cette fois.
-Très bien, merci!
Un morceau d'ambre pur pend sur une chaîne, dans mon cou parfumé.
-Dites-moi, Elena… Personne ici n'a eu la chance de vous croiser auparavant… Quel métier exercez-vous donc?
J'ai choisi des souliers à talons plats, mais tout de même élégants. Pas question de risquer à nouveau de me fouler la cheville.
-Je ne travaille pas, monsieur.
Sourire ensorceleur, mon interlocuteur est charmé.
-Alors dans ce cas, comment avez-vous fait la connaissance de notre cher Rufus Shin-Ra?
Je bats des paupières, et l'homme semble prêt à croire tous mes mensonges.
-Je suis la nièce de Heidegger.
Mes cils allongés de mascara battent furieusement.
-Vraiment?
Je mets ma main sur ma poitrine blanche dénudée, juste au-dessus de mon coeur et du décolleté de ma robe.
-Oh, je vous le jure!
Il sourit agréablement. Rufus revient vers moi et je le prends aussitôt par la main.
-Vous ne lui ressemblez pourtant pas…
Je me tourne vers Rufus qui commence à m'entraîner ailleurs, mais je lance un dernier sourire à ce cher mousieur si crédule.
-Heureusement, non?
J'entends son rire imbécile résonner jusqu'à mes oreilles, mais déjà il est bien loin de mes pensées. Rufus. Je tiens la main de Rufus. Je souris.
-Elena Heidegger. Bonne trouvaille, me murmure-t-il à l'oreille.
-Ça sonne plutôt mal, non?
-Très mal!
Nous rions ensemble. Sa voix est comme un profond cristal qu'on laisse résonner entre des murs d'or.
Je regarde autour de nous. D'autres riches, d'autres industriels, mais aucun n'est aussi puissant, aussi riche (et surtout aussi beau!) que Rufus. Ils sont tous à ses pieds… à nos pieds. Son sourire les hypnotise, sa voix les ensorcelle, son corps leur en impose… Décorations dorées, invités distingués… aucun nuage à l'horizon.
Tiens… je connais cet homme… mais où l'ai-je donc vu? Ma mémoire file avec l'allure d'un chocobo enragé, mais je ne le retrouve pas. Cela doit n'être qu'une impression, une vague ressemblance. Comment pourrais-je connaître ces gens si riches, si importants, moi qui viens des Taudis?
-Elena.
Il me prend galament par le bras, m'entraîne sur le balcon où, contrairement à la grande salle où nous nous trouvions, peu de gens s'amassent. Il est vrai que l'air de la nuit est plutôt frais. Pourtant, le point de vue en vaut la peine, la ville brillamment éclairée à nos pieds est magnifique, elle étincelle comme un lit de diamants.
-Rufus, j'ai froid…
Il enlève son éternelle veste blanche et la dépose sur mes épaules. Le tissu est lourd, épais, la doublure intérieure est douce. Je frissonne de délices.
-Ça ira?
-Oui, merci.
Son ton est si concerné, si doux… pourquoi ne montre-t-il pas cet aspect de lui-même à la Shin-Ra?
Il ne montre son vrai visage qu'à toi…
-Elena, je voulais te…
Clic.
Le son vient d'un coin sombre…
Étrange. Je reconnais trop bien ce son.
Je vois le canon d'un fusil.
L'homme que j'ai remarqué tout à l'heure… il fait partie d'AVALANCHE, je me souviens maintenant d'avoir vu son visage sur une fiche signalétique…
Ce n'est pas trop tard.
Je sors à toute vitesse mon pistolet de mon sac à main.
-Rufus!
Je tire sur l'homme d'AVALANCHE. Touché à l'épaule. Il a pris trop de temps pour viser, et il ne savait pas que je l'avais entendu.
L'imbécile.
Des hurlements fusent d'un peu partout. L'homme envoyé par l'AVALANCHE crie sa douleur. Les femmes dans la salle de bal crient leur terreur animale. Tout le monde crie. Pourtant, ce n'était que la détonation d'une arme à feu… un homme qui s'écroule à terre… quel mal y a-t-il à donner la mort? À blesser un ennemi? À l'abatter? Pourquoi avez-vous tous peur, le danger est passé.
Bande d'idiots.
Je range rapidement mon arme dans mon petit sac à main. Rufus me prend dans ses bras, comme pour me rassurer, mais je sais bien ce qu'il veut faire : me cacher de la foule. Non je n'ai pas tiré. Non je n'ai rien vu. Non je n'ai jamais touché à une arme à feu. Non je ne sais rien.
-Tu viens de me sauver la vie, 'Lena.
-C'est pour ça que tu me paies, non?
Je l'embrasse et je lui souris.
OoOoO
Je repose dans ses bras, mon corps nu contre le sien.
Le repos des guerriers.
Le repos après l'amour.
Sous les draps de satin, nos deux corps se réchauffent mutuellement. Il m'embrasse sur l'épaule. Je ris comme une idiote, je ne comprends pas pourquoi.
-Rufus, tu dois m'expliquer quelque chose.
-Quoi, ma chérie?
-Pourquoi as-tu une aussi grande chambre si seul le lit compte vraiment?
-C'est pour mieux te perdre, mon enfant!
Il me croque l'épaule. Je crie et je ris.
Je n'arrive pas à croire à mon bonheur.
-Mmm… Elena…
-Moui?
Je me retourne vers lui, je le regarde dans les yeux. Son regard scrute le mien, et je sens qu'il me fouille jusqu'à l'âme. Je sens quelque chose d'invisible qui tournoie autour de nous, peut-être un flot de lifestream qui fait sa course autour de nos deux corps enlacés, peut-être tout simplement l'effet de mon imagination débordante d'amour. Je me liquéfie sous son regard, il est un ange, mon ange.
-Tu sais, nous avons oublié un détail dans notre mise en scène… tu n'as pas vraiment l'air d'être ma fiancée sans ce détail…
-Quel détail?
Il se retourne et fouille pendant quelques instants en dessous du lit. Mais que fait-il donc…?
Nooooooooooooooooooooooooon.
-C'est pour toi. Pas pour… la mise en scène. Pour toi.
Je n'ai jamais vu un aussi gros diamant. Une magnifique bague en or, et montée dessus, un diamant… un diamant… gros… énorme… immense…
-Rufus… tu es malade?
-Je veux que tu la prennes. C'est un cadeau.
-Je… je ne peux pas prendre ça… c'est beaucoup trop… beaucoup trop… Oh, par Shiva, c'est complètement fou!
-Je te la donne, tu la prends et tu me souris, tout simplement.
Je lui prends l'écrin des mains, je referme le couvercle sur le diamant qui ressemble à une montagne et je la lance derrière moi sans trop regarder où.
-Tu es folle?
-Tu crois?
Je lui monte sur le corps et je retiens ses bras musclés contre le lit. Il se laisse faire, mais il prend un air intrigué.
-C'est toi que je veux, Rufus, pas un stupide diamant.
Je passe ma langue dans son cou. Il halète de plaisir. Je crois que le message est assez clair. Je veux m'amuser. Je veux m'oublier dans ses bras.
