Chapitre Deux
La servante avait un oeil au beurre noir, remarqua Darla. C'était un détail mineure, sans conséquence, certainement pas comparé à ce que la fille disait. "Oui, Lord Dalton a été très soucieux. Il souhaite beaucoup vous voir."
Darla hésita sur le seuil. Pas assez. "Sommes-nous invités à l'intérieur, donc?" En dépit de sa fureur déchaînée et de son chagrin, elle se força à minauder de façon convaincante. "Je – je n'ai jamais pensé être invitée par un membre de la noblesse." Derrière elle, Spike eut une petite toux ayant l'intention de signaler à la fois son amusement et son irritation devant son jeu.
"Certainement, madame," dit la servante. "Vous êtes vraiment la bienvenue dans la maison de Lord Dalton."
Elle tendit son bras et sourit de façon encourageante, s'attendant sans aucun doute à ce que Darla et ses compagnons restent timides et peu sûrs. Darla n'avait plus de patience pour le jeu d'acteur et entra rapidement à l'intérieur, ne prenant même pas la peine de regarder après Spike et Dru.
Le jeu d'acteur, pensa-t-elle, avec un pincement de quelque chose qui aurait pu être une peine de cœur pour une femme mortelle. Si tu n'avais pas eu une telle faiblesse pour le théâtre, mon cher amour, alors tu ne serais pas --
Darla ferma fort ses yeux pendant un moment. Elle ne pouvait pas y penser maintenant. Chaque chose en son temps.
Elle poussa le domestique de côté et ouvrit brusquement la porte. Installé à une petite table de lecture était un homme à qui la taille légère, la tête chauve et les minuscules lunettes à montures d'acier lui faisaient plus avoir l'air d'un universitaire qu'à un noble. Son peignoir était en soie -- Darla pouvait toujours le dire – et si parfaitement plissé et retroussé qu'il aurait pu être en train de flâner dans l'après-midi, plutôt qu'arraché de son lit durant les heures avec l'aube. Il se leva sur ses pieds instantanément, les manières et la coutume surmontant sa surprise. "Madame! J'escomptais que vous soyez annoncée --"
"Qu'avez-vous fait à mon époux?" Elle utilisait le titre comme tactique; ça lui donnerait des droits aux yeux de cet homme idiot, le ferait parler. Cependant, la sensation du mot sur sa langue la fit frissonner pour aucune raison qu'elle ne pouvait nommer.
"Vous êtes – l'épouse de Mr. Angélus? Je n'en avais pas la moindre idée --" Lord Dalton eut l'air embarrassé, puis couvrit la défaillance de son ami. "Il était, naturellement, un homme très privé. Je n'aurais pas dû présumer qu'il m'aurait présenté à sa famille aussi tôt."
"Je connais ses habitudes bien mieux que vous, monsieur." cassa Darla.
"Il mange la lumière," fredonna Drusilla comme elle venait derrière Darla. "Il boit des larmes."
Le regard de Lord Dalton clignota vers les compagnons de Darla, et elle prit un moment pour mépriser la nécessité de les avoir amener avec elle. Mais comment pouvait-elle se débarrasser d'eux maintenant? Bien qu'elle répugnait l'admettre, si elle n'avait pas Spike et Drusilla, elle n'aurait plus rien maintenant. "Dites-moi ce que vous avez fait à mon époux," dit-elle. "Les bohémiens l'ont attrapé. Leur avez-vous dit où il était? Les avez-vous mené à lui?"
"Les bohémiens!" Lord Dalton eut l'air choqué – et toutefois, pensa Darla, pas aussi étonné qu'il aurait pu. "Mais biensûr! Quand ma servante était sur son chemin jusqu'à votre maison la nuit dernière, ils l'ont attaquée et l'ont traitée des plus brutalement. Viens, jeune fille, montre leur ton visage."
La servante entra dans la pièce, son oeil au beurre noir maintenant expliqué. Donc, pensa Darla, les bohémiens nous ont trouvé tout seuls. Cette créature idiote s'est juste retrouvée en travers du chemin. Pas de réponses à être trouvées ici. Au moins ça sert à mon autre objectif.
"Est-ce que Mr. Angélus est blessé?" dit Lord Dalton. "A-t-il disparu?"
"Oui," dit Darla. "Tout comme vous."
"Je vous demande pardon?"
Elle sourit, un petit sourire serré et sarcastique. "Vous êtes venu en Roumanie pour trouver des vampires, Lord Percy." Darla laissa sa figure se changer dans son visage démoniaque et se divertit un moment devant sa surprise et sa terreur. "Bien joué, monsieur."
Darla saisit ses épaules et mordit sauvagement son cou, sans aucune pensée pour la finesse ou même pour la souillure de sa robe. Les mains de Lord Dalton la tripotèrent faiblement, tentant de se pousser loin d'elle, pas pour profiter. Du coin de ses yeux, elle pu voir Spike faire un petit travail de la servante; derrière elle il y eu un bruit sourd et un gargouillement qui signalaient probablement la mort du domestique et le déjeuner de Drusilla. Darla continua d'avaler le sang de Lord Dalton, ayant besoin de force davantage qu'elle ne pouvait se rappeler en avoir eu besoin auparavant.
Comme son coeur commençait à palpiter et faillir, elle le laissa s'effondrer sur le dos. Ses yeux étaient vitreux, sa peau cireuse. La voix d'Angélus, si bruyante et distincte que ça la saisit d'étonnement, résonna, "Je t'interdis de le transformer."
Il avait parlé d'un amant qui n'avait jamais existé, pas de cette créature ridicule, et cependant Darla ressentit le vieux défi s'enflammer une nouvelle fois en elle. Elle amena son poignet à sa bouche et mordit profondément; la douleur sembla appartenir à quelqu'un d'autre. "Bois," dit-elle. "Bois, et tu sauras la vérité sur toutes les histoires."
Lord Dalton bu. Puis il mourut. Son corps s'effondra sur le sol, et Darla le fixa jusqu'à ce que Spike et Dru vinrent à ses côtés.
"Tu as transformé CET abruti?" dit Spike. "Marque mes mots, il ne va pas être amusant. Pire que ce balourd de Penn, c'est plus que probable."
"Il se ne réveillera pas avant un moment," dit Darla. "Un jour, peut-être deux. J'ai bu de trop."
"C'est bien toi, devenant négligente," dit Spike. "Vampirisant un idiot qui ne peut être d'aucune aide pendant un jour et quelque, nous traînant hors de notre villa parfaitement bien, fuyant nos chambres d'hôtel parfaitement bonnes qui nous attendaient plus tard à --"
"Il ne peut pas nous trouver," dit rapidement Darla. "Il ne doit pas nous trouver."
"Qui? Angélus?" Spike la regarda avec incrédulité, puis gloussa de joie. "Oh, c'est brillant. Tu fais semblant de fuir à nouveau Angélus, simplement pour qu'il puisse te faire la chasse --"
Contre sa volonté – contre chaque instinct qu'elle avait, vampirique et autre -- Darla sentit ses yeux se remplirent de larmes. "Sois silencieux," siffla-t-elle. "Ca n'est pas à toi de questionner ce que je fais."
Les doigts de Drusilla caressèrent les cheveux de Darla, aussi graciles et frais que les dents d'un peigne en ivoire. "Ravale tes larmes, petite grand-mère bébé," dit Dru. "Spike n'a pas l'intention d'être méchant."
"Si, j'en ai l'intention," dit Spike.
"Ils ne nous vaincrons pas," dit Darla. Elle savait qu'elle était encore moins de sensée que Dru; elle s'en fichait. "Je ne les laisserai pas gagner."
Drusilla sourit. "Pas cette fois."
Fred essaya très fort de se souvenir de la dernière fois où elle avait regardé autour d'elle pour voir où elle était et qu'elle avait été heureuse de la réponse. Ca avait été il y avait un fâcheusement long moment, et, à en juger par où elle pensait qu'Angel les menait, ça n'allait pas arriver à nouveau dans un futur proche.
"Euh, Angel?" dit Cordélia, brisant le silence choqué qui avait duré depuis qu'ils avaient quitté la grotte dans les bois Roumains. Maintenant ils serpentaient leur chemin à travers les rues de pré aube de Sighisoara, et il n'y avait plus de doute à propos de où ils allaient. "C'est mon imagination, ou est-ce qu'on se dirige exactement dans la mauvaise direction?"
"On va à la villa," dit Angel. "Là où Darla, Dru, Spike et moi vivions."
"D'où mon utilisation de la phrase, 'exactement dans la mauvaise direction,'" dit Cordélia. "Angel, je sais que tout ce truc de Wesley-changement-de-temps-et-apocalypse était stressant – ça l'était pour nous tous --"
Charles l'interrompit. "Ce qu'elle demande c'est, est-ce que t'es cinglé ?" Fred grimaça. Après ce qu'elle avait vu auparavant – la deuxième attaque folle qu'Angel avait fait sur Wesley, ou une version de Wesley, quoi qu'il en soit, en deux semaines -- cette question semblait bien trop proche du compte.
Mais quand Angel répondit, il semblait calme. "Pas encore," dit-il. "Croyez-moi, je n'aime pas ça plus que vous. S'il y avait quelque part d'autre – mais il n'y en a pas. Darla essayera de m'éviter. Ca veut dire qu'elle sera n'importe où sauf à la villa."
"Elle pense que toi – comme dans, le toi du passé – pourrait revenir ici?" dit Fred. Quand Angel acquiesça, elle dit, "Comment sais-tu que tu ne le feras pas?"
"Je ne l'ai pas fait auparavant," dit Angel. "Je sais que ça n'est pas une garantie, mais ça doit être un bon signe. On peut rester ici aujourd'hui, endurer le temps, se reposer, prendre du ravitaillement. Peut-être de l'argent."
"Elle n'aura pas tout pris avec elle?" demanda Cordélia. "C'est une honte de laisser traîner du bon argent."
"On prenait les possessions qu'on aimait particulièrement," dit Angel. Ils se rapprochaient de la villa maintenant, et Fred se trouva à penser avec reconnaissance à n'importe quel bref repos qu'ils pourraient avoir. Elle n'avait eu qu'une sieste d'après-midi depuis leur retour dans le temps hier – il y avait deux jours? Combien de temps cela faisait-il? Elle n'arrivait plus penser à comment le calculer. "Mais uniquement nos favorites. Ce qu'on pouvait porter facilement, pas plus. On pouvait toujours voler quelque chose de nouveau ou de mieux le jour suivant."
"Comme ça on pourra avoir des vêtements," dit Charles. "Ce qui serait bien, en voyant comme les bohémiens ne vont pas encore nous prêter de nouveaux habits." Fred acquiesça; elle se sentait ridicule dans sa tenue du 21ème siècle, bien que les rues étaient complètement désertes à cette heure-ci.
Cordélia dit, "On n'a TELLEMENT pas besoin de rendre encore une visite aux bohémiens. Je veux dire, je vois d'où ils viennent, mais il y a de sérieux problèmes d'hostilité venant de ces gens."
"Mais nous devons les voir!" dit Fred, si surprise qu'elle s'était arrêtée de marcher. Les autres firent halte alors qu'elle disait, "Spike et Darla vont les tuer. Nous le savons."
Tout le monde fut calme pendant un moment. Ce fut Charles qui lui répondit, "Fred, on n'est pas là pour s'assurer qu'ils ne meurent pas. On est là pour s'assurer qu'ils le fassent."
Fred prit un moment pour y réfléchir. "C'est comme la servante, n'est-ce pas?" dit-elle finalement. "Sauf que cette fois nous le savons. Ils doivent mourir."
"Ouais," dit Angel. "Ils le doivent."
Cordélia dit rapidement, "Allons juste à cette villa, ok? On gèle ici, et si je dois me battre pour ma vie, j'aimerais le faire avant que je ne sois complètement engourdie."
Ils allèrent à la villa; Angel leur fit un geste pour qu'ils se tiennent en arrière, puis alla essayer la porte. Elle était déverrouillée, apparemment, comme elle s'ouvrait brusquement avec son touché. Pendant quelques moments, elle et Charles et Cordélia se tinrent là, oppressé et en attente. A la fin, une lampe s'alluma à l'intérieur, réchauffant les vitres avec son éclat. Fred soupira de soulagement. "Tu vois?" dit Cordélia. "Complètement sûr."
Charles roula les yeux vers Fred alors qu'ils entrèrent, et elle sourit. Puis elle eu un regard sur la pièce, et elle gela sur place. "Oh, mon Dieu."
La pièce avait été saccagée. Tout ce qui était cassable était cassé; un coffre gisait dans le vestibule, ouvert et manifestement farfouillé. Quelques lambeaux de tissu – habits ou toiles – étaient accrochés à des chaises et des rampes. Fred se demanda si les tâches sombres devant la cheminée étaient du sang, puis décida qu'elle ne voulait pas savoir.
Même Angel avait l'air surpris. "Ca n'était pas comme ça quand je suis parti," dit-il. "Darla a dû – elle aurait été en colère. Je veux dire, elle était en colère."
"Quand tu es parti cette nuit-là pour rencontrer Lord Dunstan ou Dalton ou peu importe ce que c'était?" dit Cordélia. "Pas cette fois. Vous étiez bien trop intimes, et maintenant tu me l'as rappelé." Elle commença à regarder dans les coffres et à examiner leur contenu, se renfrognant en même temps.
"Non, pas à ce moment-là," dit Angel. "Quand elle est revenue et m'a trouvé plus tard – il y a quelques heures, je suppose. Quand elle a réalisé que j'avais une âme."
Le visage de Cordélia s'éclaira. "A-hah!" Elle leva une liasse de quelque chose qui était manifestement de l'argent, même si Fred ne reconnaissait pas la monnaie. "Angel, est-ce que c'est beaucoup d'argent? Pitié dis que c'est beaucoup d'argent. Si on va être ensablé dans le temps, je préférerais être ensablée et riche." Quelque chose au sujet de ce que Cordélia avait dit envoya un frisson dans le dos de Fred, et elle agrippa le côté du coffre.
Charles dit, "Comment t'as trouvé ça?"
"Elle peut le sentir," dit Angel. Il sourit à Cordélia ensuite, un sourire doux, familier qui était plus relaxé, plus humain, qu'aucune autre expression que Fred avait vu sur le visage d'Angel depuis des semaines. "Tu te souviens quand j'avais l'habitude de cacher des billets de vingt dans le vieux bureau?"
"Mes bonus surprises," dit Cordy, lui serrant le bras. "Donc, avons-nous gagné le loto du dix-neuvième siècle? Ou est-ce que c'est comme les lire Italienne, où tu as besoin de quelque chose comme huit mille pour acheter un Coca?"
"C'est substantiel," dit Angel. "On ne peut pas acheter une maison avec ça, mais on pourra bien vivre pendant un mois ou deux. Acheter ce qu'on ne trouvera pas ici."
"Tout d'abord, il nous faut des vêtements," dit Fred. Elle avait encore froid; la maison était presque plus fraîche qu'à l'extérieur. Peut-être que c'était pour ça qu'elle tremblait. Elle tira une robe gris colombe du coffre. "Angel, était-ce à Darla ou à Drusilla? Je pense que je pourrais peut-être porter quelque chose de Drusilla --"
Il regarda la robe, perplexe. "Il est possible que je ne m'en souvienne juste pas, mais je ne crois pas qu'elle appartient à aucune des deux. En fait, je ne me souviens pas du tout de ces coffres."
Fred haussa les épaules. "Je suppose que nous pouvons aussi vérifier les placards."
"Essayez d'abord les coffres," dit rapidement Angel. "C'est juste – je ne m'en souviens juste peut-être pas."
"Rien à faire sauf d'essayer quelques trucs," dit Cordélia. "J'espère que rien de ça n'est à Darla. Je ne veux rien qui ait appartenu à cette traînée."
Angel commença à dire quelque chose, puis changea d'avis de façon évidente. "Je vais à l'étage. Darla n'aurait pas pris mes affaires avec elle. Donc mes propres vêtements doivent toujours être là-haut." Il commença à grimper les escaliers.
"Il y a des habites d'hommes dans ce coffre?" dit Charles.
"Attendez," dit Fred. Elle n'était pas consciente de l'avoir dit spécialement fort ou abruptement, mais chacun stoppa ce qu'ils faisaient et la regarda. Ils le sentaient aussi, réalisa Fred; la même peur qui la faisait frissonner était là à l'intérieur d'eux tous, mais c'était tombé sur elle d'en parler en premier. "Les gars – si on ne réussi pas – pas qu'on ne réussira pas! Mais si on n'empêche pas Dru d'annuler la malédiction d'Angel, qu'est-ce qu'on fera?"
Tranquillement, Angel dit, "Alors on devra le tuer."
"Angel, non!" Cordélia tournoya sur elle-même pour lui faire face. "Est-ce que tu as perdu ton esprit de vampire? Si on tue cet Angel-là, alors il n'y aura pas cet Angel-ci – tu sais, le TOI Angel." Elle se retourna vers Fred. "J'ai raison? C'est comme ça que ça marche, non?"
"Je ne sais pas," confessa Fred. "Le champ des dynamiques temporelles est complètement théorique, ou ça l'ÉTAIT, avant aujourd'hui, quand nous avons prouvé que l'hypothèse de Delaney à propos de -- oh, laissez tombé." Elle soupira. "Si nous n'avions pas changé la réalité si dramatiquement, alors oui, Angel cesserait d'exister après que nous ayons tué – hé bien, appelons-le Angélus juste pour rester clair ici. Ca pourrait être instantané, ou ça pourrait ne pas arriver jusqu'à ce qu'Angel tente de quitter ce temps pour le futur restauré."
"Tu vois?" dit Cordélia, croissant ses bras devant elle. "Pas de tuerie."
"Attendez," dit Charles. "Cordy a tué la Drusilla de 1898 – mais ça n'a pas fait que la Dru de 2002 pète comme une ampoule. Nous savons qu'elle est restée dans les parages et a changé l'histoire et a merdé le futur qu'on a vu à Rome. La même chose devrait s'appliquer pour Angel, pas vrai? Donc on pourrait tuer Angélus, sauver le futur et rentrer à la maison à temps pour prendre une pizza." Il essayait très fort d'avoir l'air encourageant, si fort que ça fit presque les yeux de Fred se remplir de larmes. Pour toute sa colère, toute ses positions blasées, Charles pouvait travaillé si dur pour l'espoir.
"Peut-être," dit Fred. "Personne ne le sait pour sûr. Quand la ligne du temps divergera irrévocablement, si on est toujours là, alors Angel pourrait ne plus être la future version de cet Angélus. A la place, on serait tous des objets façonnés d'une réalité entièrement séparée, presque comme une autre dimension. Les changements que nous faisons ici ne nous affecteront pas du tout. La coupure serait complète. Dans ce cas, Angel survivrait à notre tuerie d'Angélus – mais aucun de nous ne pourrait plus jamais rentrer à la maison."
Charles grogna. "Ma tête me fait mal. C'est ce que je reçois pour avoir sécher la physique en sixième pour prendre des magasins."
"Peut-être ne colle pas," dit Cordélia. "On ne peut pas tuer Angélus et 'peut-être' tuer Angel aussi. On ne peut pas 'peut-être' se faire coincé dans le vieux temps pour toujours."
Angel dit, "Cordélia, on est obligé." Avant que Cordélia ne puisse protester, il continua, "L'alternative est laissé la réalité devenir ce que nous avons vu à Rome. On ne peut pas laissé ça arrivé. Pas si ça me tue. Pas si ça nous tue tous."
Tout le monde fut silencieux pendant quelques moments. Cordélia baissa la tête de sorte que Fred ne pouvait pas voir son visage. Angel descendit quelques escaliers vers elle, mais elle secoua rapidement la tête. Charles frotta le dos de Fred, un geste rapide qui, d'une façon ou d'une autre, la réconforta bien plus que ça n'aurait dû.
"Ok," dit finalement Cordélia. "Ok, alors. Allons juste – dormir un peu. On pourra y réfléchir après avoir eu un peu de sommeil."
Quelqu'un frappa fort sur la porte. Tout le monde sursauta. Fred clappa ses mains sur sa bouche pour s'empêcher de crier. Cordélia regarda Angel et chuchota, "Tu as dis qu'ils ne reviendraient pas!"
"Ils ne reviendraient pas," dit Angel. "Ils ne frapperaient également pas." Il redescendit les escaliers. Comme la main lourde frappa encore à la porte, il appela, "Un moment!" puis ajouta une phrase que Fred supposait signifiait la même chose en Roumain.
"On doit se cacher," dit Charles, montrant leur habit. Angel tira quelque chose hors d'un des coffres; Fred réalisa que c'était une cape. Elle alla avec Charles et Cordélia dans la pièce d'à côté, où ils s'aplatirent contre le mur derrière la porte, à côté d'un des coffres abandonnés. Ils se raidirent tous comme ils entendirent la porte s'ouvrir.
Une voix dit, d'un Anglais lourdement accentué, "Monsieur, ici pour vous déménager dans Hôtel Lebada, oui?"
"L'Hôtel Lebada," dit Angel. Fred pensa que sa voix sonnait comme s'il se souvenait de quelque chose. Il était plus certain comme il répondit, "Oui, biensûr."
"C'est l'heure requise," dit la voix du visiteur. Il ne semblait pas très heureux à propos de cette heure – encore avant l'aube – étant celle requise. "Tout étant prêt pour déménager à cette heure, c'est ce qui a été dit."
"Je suis navré pour la confusion," dit Angel. "Comme vous pouvez le voir, nous avons été dépouillés. Nous sommes tous très choqués."
Comme le visiteur, apparemment un employé d'un hôtel local, exprimait son horreur et sa sympathie, Cordélia marmonna, "Aussitôt qu'Angel se sera débarrassé de ce type, on pourra faire dodo. Enfin, verrouiller les portes, puis faire dodo."
"J'ai plus besoin de dormir que je n'en ai jamais eu besoin de toute ma vie," dit Fred. "Mais je ne vois presque pas comment je pourrais dormir jusqu'à ce que ça soit fini. Si on doit tuer --"
"Ne le dis pas," dit Cordélia. Quand Charles la regarda, longtemps et durement, elle dit, "Si je dois le faire, je le ferai. Mais ne t'attend pas à ce que je m'occupe de cette idée une seule seconde avant que je n'y sois obligée."
Dans le silence qui suivit, Fred entendit Angel dire, "Nous serons prêt à partir dans quelques minutes. Retenez la charrette."
"Partir?" dit Charles. "Qui a parler de partir?"
"Apparemment," dit Fred, "Angel vient de le faire." Cordélia eut l'air indignée.
Angel passa la tête dans leur pièce. "Changement de plan."
"Ouais, merci de nous avoir consulter," dit Cordélia. "Je croyais que c'était le seul endroit où Darla et compagnie ne serait pas aujourd'hui. Alors pourquoi est-ce qu'on part?"
"Nous allons dans l'autre endroit où ils ne seront pas," dit Angel. "Il y avait quelque part d'autre où j'aurais possiblement pu trouver Darla dans le passé. On s'était arrangé pour déménager de cette villa dans des chambres d'hôtel, en préparation pour un bal qui était tenu – je suppose que c'est ce soir."
"N'importe quel endroit où les vampires ne sont pas est très bien pour moi," dit Fred. "Et tu sais que je voulais dire les méchants vampires, n'est-ce pas? Mais tout de même, Angel, pourquoi partir? Il semble que nous pourrions être plus en sécurité ici – tu sais, on pourrait clouer des planches sur les portes et les fenêtres sans qu'on nous demande d'arrêter. Ce genre de chose."
Angel secoua rapidement la tête. "Nous voulons être plus prêt de ce bal," dit-il. "Nous y allons. Parce que je parierais n'importe quoi que Darla y va."
"D'habitude je saisis le peu de chances que j'ai de combiner notre mission et des tenues de cérémonie," dit Cordélia. "Mais redescend sur terre, Angel. Regarde cet endroit. Darla est déboussolée. Tout son monde vient de se mettre sens dessus dessous. Pourquoi irait-elle tout de même à une soirée?"
"Tu dois comprendre – c'est exactement pour ça qu'elle IRAIT." Il parlait rapidement, essayant clairement d'organiser des souvenirs compliqués comme il parlait. "Darla – elle n'admet – je veux dire, elle n'admettait jamais que quelque chose allait mal à moins qu'elle n'y soit obligée. Elle n'a même jamais expliqué ma malédiction à Drusilla et Spike; ils n'étaient pas sûrs de ce qu'y m'était arrivé avant qu'ils n'arrivent à Sunnydale. Elle essayait toujours de prétendre que les choses étaient comme elle les voulait, jusqu'à ce qu'elle puisse soit les rendre de cette façon ou les détruire. Comme philosophie, ça marchait plutôt bien pour elle. Et elle sait que je pourrais peut-être essayer d'aller la rejoindre à l'hôtel, mais il n'y a aucune chance pour que j'ais pu assez me ressaisir pour aller au bal."
Le souvenir de Fred à propos de Darla était celui d'une femme enceinte désespérée qui leur avait dit des vilaines choses à tous, avait terriblement souffert, puis était morte par sa propre main, tout ça en l'espace de quelques jours. Aucune de ces expériences ne collaient avec ce qu'Angel disait. Mais elle pouvait voir que Charles et Cordélia acquiesçaient lentement; apparemment leur plus grande connaissance de Darla s'harmonisait avec ça. Ce fut Charles qui dit, "Si Darla vient à cette fête, il est probable qu'elle aurait Dru avec elle, pas vrai?"
"C'est probable," dit Angel. "Je n'en suis pas certain. Je ne suis certain de rien. Mais c'est un endroit sûr pour rester la journée, et ça s'arrange pour qu'on ait une chance de les trouver ce soir. En plus, vous pourrez avoir quelque chose à manger."
L'estomac de Fred grogna avec espoir. Cordélia avait toujours l'air sceptique. "On pourrait simplement aller à ce bal ce soir de toute façon, non?"
"Je me souviens que l'Hôtel Lebada était très luxurieux, pour cette ère," dit Angel. "Il se pourrait même qu'il y ait des toilettes avec chasse d'eau."
"On fait les valises," dit rapidement Cordélia. "Vêtements. On a besoin de vêtements!"
Angel sourit. "Je vais à l'étage pour mes affaires. Apprêtez-vous."
Il retourna dans le vestibule alors que les autres commencèrent à fouiller rapidement dans le coffre. Fred sortit un bonnet et le mit sur sa tête, puis drapa une des capes autour d'elle. Cordélia trouva une cape mantelée et l'enroula autour de son jeans. Charles, malheureusement, n'avait pas autant de chance. "C'est tout des trucs de filles!" dit-il. "Les affaires pour garçons sont dans le coffre là devant."
"Tu pourrais t'arranger avec le personnel de l'hôtel par la drague," suggéra Cordélia. "Ca a marché pour Tom Hanks."
Charles lui lança un regard noir comme il continuait à chercher dans le coffre, de plus en plus désespéré. Fred dit de façon réconfortante, "Tout va bien, Charles. On trouvera une histoire – peut-être qu'on chantera encore la chanson de Gilligan's Island --"
"Non, non et NON," dit Charles, abandonnant le coffre et commençant à explorer le reste de la pièce. "Tout d'abord, je ne chanterai plus jamais cette chanson en public, et probablement pas en privé non plus. Ensuite --" Il hésita. Fred pu entendre la voix entrecoupée que signifiait qu'il ne voulait pas en dire davantage. Elle s'approcha de lui, mais il secoua l'hésitation, continua de regarder sous les meubles, dans un placard vide. "Je ne veux pas être un genre de monstre ici. Ca ne signifiait pas grand-chose quand je pensais que c'était juste pour quelque jours – mais si c'est pour toujours – faut voir la vérité en face, la seule façon pour que je puisse même entrer dans cet hôtel c'est de prétendre que je suis votre serviteur ou quelque chose comment ça. Et je ne peux pas faire ça. Même faire semblant. Même pour un jour."
Cordélia ne semblait pas trop compatissante; d'un autre côté, pensa Fred, Cordélia semblait aimer prétendre être quelqu'un qu'elle n'était pas. Ca n'affectait pas sa fierté, parce que c'était quelque chose qui faisait autant partie d'elle que son sang. La fierté de Charles, d'autre part, était fragile, une chose difficile parfois. Fred savait ce qu'on ressentait, la combinaison de panique et de dégradation qui griffait et blessait. Elle avait connu ce sentiment depuis la première fois où un Pyléen l'avait appelée "vache."
Le respect, pensa Fred. Son esprit zigzagua d'une possibilité à l'autre. Prétendre être quelqu'un d'autre, pensa-t-elle. Comme dans une pièce. Comme le théâtre -- cette comédie la nuit dernière, avec l'homme dans la veste et le turban --
Rapidement, elle déchira les rideaux et drapa une longueur de velours bleu sur Charles, qui pendant une seconde fut trop surpris pour faire quoi que ce soit sauf la laisser faire. Il avait l'air, pensa Fred, d'une statue sur le point d'être dévoilée. "Très Siegfried et Roy," commenta Cordélia. "Et ça n'aide tellement pas."
Fred tira sur le rideau, le tirant en une forme qui vrillait une légère ressemblance à un ensemble de robes flottantes. "Est-ce qu'aucun de vous n'a vu 'Autant en Emporte le Vent'? Les rideaux peuvent être des habits! Travaillez avec moi ici!"
La porte s'ouvrit, et les domestiques d'hôtel s'avancèrent de deux grands pas avant de rester bouche bée en voyant Charles. Angel, légèrement derrière eux, leur lança un regard noir qui signifiait clairement, "Vous étiez censés être prêt." Cordélia haussa les épaules. Charles avait un air entre effrayé et fâché.
Fred donna une dernière saccade au tissu – une erreur, comme ça causa à un côté du rideau de glisser de l'épaule de Charles, révélant le T-shirt en dessous. Trop tard pour faire quoi que ce soit à propos de ça maintenant. Fred fit un pas en arrière, présentant Charles avec un grand geste. "Où sont vos manières?" cria-t-elle, ne sachant pas si les domestiques connaissaient un Anglais suffisant pour la comprendre. Le ton de sa voix devrait être assez. "Vous êtes censés vous incliner quand vous entrer en la présence du -- du – du Calife de Madagascar!"
Un des domestiques s'inclina rapidement, tirant les autres avec lui. Angel et Cordélia eurent l'air trop surpris pour dire quoi que ce soit. Charles les fixa pendant un moment, puis balança le rideau de velours par-dessus son épaule de façon grandiose. D'une voix profonde, il dit, "Vous pouvez vous relevez."
"Demandons pardon," dit l'un des domestiques. "Ca ne nous avait pas été dit."
"Quoi?" dit Angel, prenant le ton outragé de Fred avec un sourire à peine réprimé. "Mes instructions étaient précises."
"Pitié pardonnez," dit le domestique. "Nous demandons le pardon du Calife --?" Sa voix s'éleva, posant une question.
L'expression de Charles ne changea qu'un moment. "Mon nom est --" Il sourit largement et se releva plus droit. "Mohammed Ali."
Fred voulait désespérément voir les regards sur les visages d'Angel et Cordélia, mais elle n'osa pas les regarder dans les yeux. Se forçant à rester sérieuse, elle dit, "Vous pouvez sortir les possessions du Calife. Nous sommes prêt à partir maintenant. N'est-ce pas?"
"Oui," dit Angel. "Nous le sommes."
Les domestiques firent un pas sur le côté de manière expectative; Charles le fixa pendant un moment avant de comprendre l'allusion et de sortir impérieusement par la porte. Angel prit le bras de Cordélia pour la guider derrière lui, et Fred prit la queue, suivie seulement par les domestiques luttant avec le coffre. Comme ils traversaient le vestibule, elle remarqua une porte de placard à moitié ouverte. Hein, pensa-t-elle. Quelqu'un a laissé une chaussure là-dedans.
Puis elle réalisa que la chaussure était en fait toujours attachée au pied, et possiblement plus, d'une personne qui était indubitablement morte. Et ce fut seulement là que Fred réalisa la dernière raison non prononcée pour laquelle Angel avait voulu qu'ils quittent la villa pour aller à l'hôtel. Elle était heureuse qu'il ait insisté.
Il y avait trois paires de pieds qui ressortaient de la porte du garde-manger – celle de la servante, celle du domestique, et celle de Lord Dalton. La porte ne voulait pas se fermer, et quand Spike essaya de la forcer à se fermer, il y eut un son déplaisant de craquement. "Ils ne veulent pas tous entrer," dit-il.
"Craquement, craquement, craquement d'os, de la musique comme un xylophone!" chanta Drusilla d'aucun air particulier. "Refais-le!" Elle amena ses mains à ses oreilles et commença à danser dans la cuisine, ses coudes frappant et bousculant les louches hors de leur crochet comme elle tournoyait follement. Les bruits métalliques des casseroles et des ustensiles de cuisine se fracassant sur le sol de la cuisine amenèrent la patience de Darla déjà tendue à son point limite.
"Drusilla, arrête ça. Arrête ça TOUT DE SUITE." Drusilla l'ignora, et donc la deuxième fois où elle dansa les bras déployés, Darla saisit son bras et l'envoya valser sur le sol. Dru tomba lourdement et resta assise pendant une seconde, son visage aussi blanc et étonné que celui d'un enfant. Puis, lentement, sa lèvre commença à trembler et une série de bas sanglots commença à secouer son corps frêle. Instantanément, Darla regretta ses actions – pas parce qu'elle avait fait pleurer Drusilla, mais parce que les bruits en résultant étaient plus agaçants que les fracas d'un moment plus tôt.
"Oh, n'exagère pas, tu n'es pas blessée," dit-elle crûment, mais Drusilla ne fit que sangloter plus bruyamment. Spike tomba sur les genoux à côté d'elle, réconfortant Dru tandis qu'il lançait un regard meurtrier à Darla avec un défi plus grand qu'il n'aurait osé montrer en présence d'Angélus. Dru continua de pleurer, ses sanglots encore plus laids pour Darla car elle savait qu'un mot d'Angélus l'aurait calmée.
Mais Angélus était parti. Les bohémiens avaient emporté sa magnifique création, son amour chéri, et l'avaient remplacé par cette odieuse créature larmoyante qui pleurnichait à propos de culpabilité et empestait la puanteur fétide d'une âme quand il avait rampé vers elle. Sa présence, son existence même, avait été insupportable pour elle, et elle l'avait jeté à la rue. Il avait été en train de pleurer – réellement de pleurer – lorsqu'elle avait fermé la porte derrière lui. Angélus avait pleurniché, et le bruit avait rempli Darla d'une telle profondeur de répugnance qu'elle avait presque prit un pieu pour finir le travail des bohémiens pour eux.
Elle ne l'avait pas fait, jusqu'à maintenant Darla n'avait pas su ce qui l'avait fait hésiter. Mais comme elle regardait Spike bercer Dru sur le sol en pierre de la cuisine, elle sentit le début de la compréhension.
"Il y a un couteau dans son torse," chuchota Drusilla. "Du métal, pas du bois, donc la douleur continue encore et encore et encore. Il la ressent. Il ressent tout maintenant."
Darla se raidit. C'était toujours une erreur de devenir trop réfléchie près de Drusilla – ses mots avaient l'habitude troublante de faire écho aux pensées des gens. Si Drusilla savait pour la malédiction que les bohémiens avait mise sur Angélus – si son esprit brisé avait d'une façon ou d'une autre sentit intuitivement la vérité – combien de temps faudrait-il pour qu'elle le dise à Spike? Et quand les deux le sauraient, la façade de normalité que Darla se forçait à maintenir s'effondrerait, et elle serait obligée de s'avouer qu'Angélus était vraiment parti.
Il n'était pas parti. Il ne pouvait pas l'être.
"Spike," dit sévèrement Darla, "Va vérifier le reste de la maison. Je veux être certaine que personne d'autre n'est ici."
Spike tenait toujours Drusilla dans ses bras et ne semblait pas disposé à mettre fin à cet arrangement. "S'il y avait qui que ce soit à l'étage, les cris les auraient chassés."
Furieusement, Darla dit, "Je te DIS ce que tu dois faire --"
"Oh, tu me dis?" répéta Spike. "Alors pourquoi ne me dis-tu pas certaines autres choses, pendant que tu y es? Telles que, qu'est-il arrivé à Angélus et pourquoi es-tu prête à exploser comme une chienne en chaleur --"
"Spike," chantonna Drusilla. Elle avait arrêté de pleurer et était aussi calme qu'elle avait été inconsolable quelques moments plus tôt. Elle leva la main et amena un de ses ongles le long du cou du vampire. "Spike, il y a une femme de chambre qui se cache dans les chambres. Son cœur bat, des bruis très sourds. Fais-les stopper, pour moi?"
Spike sourit, et se pencha en avant de sorte que son front touche le sien. "Tout ce que tu veux, ma douce."
Il quitta la cuisine; Darla l'observa s'en aller, puis regarda Drusilla, sentant un sens de complicité étrange et complètement nouveau avec elle. Lentement, elle se laissa glisser sur le sol froid de la cuisine à côté d'elle. "Drusilla," dit-elle, "qu'est-ce que tu sais?"
Drusilla gloussa. "Oh, beaucoup, beaucoup de choses!" Elle tendit un doigt squelettique et le poussa dans l'estomac de Darla. "Tu vas faire pousser une petite personne."
Ca, pensa Darla, c'était aussi probable qu'Angélus prononçant ses voeux et devenant moine. Ignorant les divagations de Dru, elle lutta pour garder son calme. "Qu'est-ce que tu sais à propos d'Angélus, Drusilla? Qu'est-ce que tu sais propos de ce qui lui est arrivé?"
L'expression de Dru devint triste. "Le couteau. Le couteau dans son torse fait mal et mal. J'entends ses cris résonnés par les années. Mais il parviendra à aimer la lame qui se tord en lui." Elle lança un regard noir à Darla. "Il l'aimera comme il ne t'a jamais aimée."
Darla la gifla, fort. Drusilla ne fut pas assez rapide pour détourner la tête, et les bijoux des bagues de Darla déchirèrent sa joue. Darla fixa sa main. Elle n'avait jamais professer d'amour pour Angélus, ou espérer entendre des sentiments similaires venant de lui. Tout ce qu'elle avait demandé était qu'il la divertisse et la gâte, qu'il satisfasse ses caprices et ses désires quand ils surgissaient. L'amour était pour les humains; comme eux, c'était faible et facilement consumé.
Mais, une petite voix à l'arrière de sa tête rappela à Darla qu'elle et Angélus avaient été humains, autrefois.
"Qu'allons-nous faire?" demanda Darla. Elle ne parlait pas Drusilla. Elle n'était pas sure à qui elle parlait.
Drusilla se leva et se dirigea avec un calme serein vers l'égouttoir où pendaient les couteaux de cuisine. Il y en avait une douzaine ou plus, pendus par ordre de taille, d'une lame longue de deux centimètres pour éplucher les légumes jusqu'à un fendoir à viande. Drusilla choisi un couteau brillant à découper et le leva sous la lumière vacillante d'une lampe.
Puis elle le planta dans sa propre poitrine.
Elle n'arrêta que lorsque la lame ne fut plus visible, le manche du couteau niché dans le creux entre ses seins. Drusilla haleta et pencha la tête en arrière, son visage allumé avec un mélange grotesque d'agonie et de plaisir. Trébuchant un petit peu, elle traversa à nouveau la cuisine.
Une fois qu'elles se firent face, Drusilla souleva les mains de Darla et les plaça sur le manche en ivoire du couteau à découper. "Enlève-le," dit Drusilla. Sa voix était rauque, et il y avait un déplaisant bruit bouillonnant quelque part à l'arrière de sa gorge. "Tu dois l'enlever, avant que la chair ne se referme autour de la blessure. Vite, maintenant!"
Darla serra sa poigne sur le couteau et tira. Drusilla haleta alors que la lame glissait hors d'entre ses côtes, laissant une tâche de cramoisi profond sur le corsage de sa robe.
Enlève le couteau, avant que la blessure ne se referme autour.
Biensûr.
"Nous les trouverons," murmura-t-elle. "Nous trouverons ces vermines de Kalderash et nous les obligerons à l'annuler. Nous leur montrerons une terreur telle qu'ils n'en avaient jamais vue, et quand Angélus nous sera restauré, il finira notre vengeance. Ca sera parfait."
Drusilla rit, un son atroce rempli de gargouillis venant profondément de sa poitrine. Du sang gicla de ses lèvres comme elle gloussait, "Oui, oui, oui! C'est comme cela que ça aurait dû être!" Elle saisit Darla par les poignets la tira dans la cuisine en une valse folle et tournoyante; pour une fois, Darla la laissa faire. Elles devaient avoir l'air de deux lunatiques, pas une, pensa-t-elle, mais elle n'arrivait pas à s'en soucier.
Elles n'arrêtèrent que lorsque Darla devint étourdie et que Drusilla commença à cracher du sang à cause de sa nouvelle blessure. Mais comme Darla levait une main à sa tête pour se stabiliser, elle sentit une main osseuse agripper son poignet. Drusilla fixait intensément l'étrange mais magnifique bracelet qu'Angélus lui avait donné. Elle pencha la tête, le regardant de différents angles, aussi fascinée par les changements de couleurs et de formes que Darla l'avait été.
"Ils sont revenus," dit Drusilla. Il y avait un regard étrange – étrange même pour Drusilla – sur son visage comme elle parlait. "Ils sont ici à nouveau, et ils veulent raconter la mauvaise histoire. Peuvent-ils, quand les structures changent et bougent tout le temps? Ca semble solide mais on ne peut pas le toucher. Tu es tout juste comme moi, joli petit hologramme."
"Joli petit -- quoi?" Darla baissa les yeux sur son bracelet. "Ca n'est pas creux (c'est un jeu de mot: creux en Anglais se dit 'hollow' et ça se prononce 'holo')." Drusilla rit et rit; Darla n'était pas habituée à ce qu'on se moque d'elle. "Pourquoi est-ce amusant?"
"Hologramme, gramme creux (nouveau jeu de mot: 'hollow gram')," dit Drusilla, se déplaçant pour taper les lames des couteaux qui pendaient comme s'ils étaient des cloches à faire sonner.
Darla fixa Drusilla, sentant pour la première fois que quelque chose clochait. Drusilla était connue pour chanter des chansons sans airs et pour inventer des rimes d'écoles qui finissaient invariablement avec des tranchements de gorges, mais Darla ne l'avait jamais connue qui inventait des mots insensés. Et Drusilla avait examiné le bracelet avec un genre d'intensité qui avait été presque lucide. Darla avait la distincte impression que, tandis qu'elle avait été préoccupée pour cacher la vérité à Drusilla et Spike sur ce qui était arrive à Angélus, d'une façon ou d'une autre elle avait omis de voir que quelque chose lui était caché. Là tout de suite, elle ne pouvait pas commencer à supposer ce que c'était – mais elle était certaine qu'elle pouvait le découvrir.
"Par l'enfer!"
Darla regarda autour d'elle et vit Spike, debout sur le seuil de la cuisine. Il y avait des tachetures de sang autour de sa bouche et son visage était congestionné à cause d'un repas récent. Mais l'attention de Spike était focalisée sur le couteau qui gisait sur le sol entre les pieds de Darla et de Drusilla, la lame tâchée de sang. Il fixa Darla avec de l'hostilité ouverte. "Si tu lui as fait du mal --"
"Mal délicieux," interrompit Drusilla. Elle leva les mains, et lui montre ses doigts, les ongles noirs de sang déjà séché. "J'ai fait ça toute seule, Spike."
"Si je voulais qu'un de vous disparaisse, je ne choisirais pas un jouet comme ça pour le faire," dit Darla, poussant le couteau à découper avec son orteil. "J'utiliserais une vrai arme."
Spike ricana sciemment. "Est-ce que c'est ce qui est arrivé à Angélus, alors? Est-ce que l'une de vos petites querelles a échappé à votre contrôle et que tu l'as tué?"
Darla ne répondit pas; à la place elle échangea un regard avec Drusilla, un que Spike était censé voir. Leur secret partagé était en sûreté et, bien qu'il soit curieux, quand Darla et Drusilla étaient en connivence, il n'y avait rien qu'il puisse faire à ce sujet.
Il y avait un crochet derrière la porte de la cuisine, et une sélection de capes et de manteaux de serviteurs y pendait. Darla choisi la plus large et la lança à Spike. Il l'attrapa, et regarda la cape et Darla curieusement. "C'est pour quoi ça?"
"Tu en auras besoin pour te protéger du soleil," lui dit Darla. "Tu sors."
"Qu'est-ce qui est si urgent pour que ça ne puisse pas attendre le crépuscule?"
"Il y a des bohémiens campés quelque part près de la ville. Je veux que tu les trouves avant qu'ils ne repartent." Spike semblait toujours indécis, et quelque chose dit à Darla que c'était une occasion pour utiliser la persuasion au lieu de la force brute pour l'inciter à faire son offre. Abaissant sa voix, elle dit, "Je suis d'humeur pour un massacre. J'en ai assez du meurtre délicat, de choisir les victimes de la société avec soin. Réfléchis – cinquante ou une centaine des bohémiens métisses qui ne manqueront à personne."
Drusilla amena ses mains à se lèvres et ferma les yeux, son visage s'illuminant avec anticipation. "Un bain de sang, un ravissant bain de sang."
Spike sourit. "Maintenant, CA c'est quelque chose de bien. Nous devrions laisser tomber Angélus plus souvent, si c'est l'effet que ça a sur toi." Il ramassa la cape et se tourna pour partir.
"Spike," appela Drusilla.
Spike s'arrêta et regarda en arrière.
"Ne tue personne sans moi," dit Dru. "Ca n'est pas amusant à moins que nous le fassions tous ensemble. Pas de massacre maintenant."
Spike haussa les épaules. "Pas de massacre maintenant. Très bien."
"Pas de massacre!" répéta Drusilla, de façon plus urgente.
"D'accord!" dit Spike, enfilant la cape. Darla le regarda s'éloigner le long du passage qui menait au hall d'entrée principal, maugréant tout le temps à propos des gens qui ne le créditait d'aucun self-control.
"Tout va être différent," chuchota Drusilla. "Différent et magnifique."
Darla rit et prit Drusilla par le bras. "Pour une fois, ce que tu dis est parfaitement sensé,"dit-elle. "Viens à l'étage. Toi et moi avons un bal pour lequel nous devons nous préparer."
Drusilla tournoya sur elle-même, laissant les lames de couteaux lacérer le bout de ses doigts comme elle tourbillonnait. "Le deuxième vers," chanta-t-elle. "Pas le même que le premier."
