Chapitre Quatre

"Présentation de sa Majesté la Plus Royale, le Calife de Madagascar, Mohammed Ali!"

Gunn entra dans la pièce en premier, hochant légèrement la tête vers les nombreuses personnes finement habillées qui se tournèrent pour le fixer. Son turban était fixé, son rideau de velours drapé et son comportement exactement correct: formel, fier, même royal. Angel sourit. Il n'aurait jamais cru que Gunn avait ça en lui.

"Présentation de Maîtresse Winifred Burkle et Maîtresse Cordélia Chase des Etats-Unis d'Amérique."

Angel resta en arrière un moment, puis suivit le reste de son équipe. L'entrée de Gunn, sans surprise, avait provoqué une ondulation de murmures intéressés, et Angel fut capable de se glisser dans la salle de bal inaperçu et, encore plus important, non annoncé. Si Darla et Drusilla étaient déjà au bal, Angel avait décidé qu'il préférerait ne pas faire savoir sa présence trop tôt.

Fred soupira comme elle regardait autour d'elle. "Ca doit être le plus bel endroit que j'ai jamais vu."

Le sol de la salle de bal était du marbre de couleur crème moucheté d'or, le haut plafond sculpté et doré et éclairé par des chandeliers raffinés avec des facettes de cristal qui scintillaient. Des panneaux d'huile illustrant chacune des sept Muses décoraient les murs, avec des filles nubiles et de gros chérubins dans un ciel bleu et des roses roses. Des candélabres sur les tables fournissaient un peu plus de lumière, et un orchestre jouait un air simple, n'étant pas prévu pour la danse. Des femmes en robes de satins et des hommes en soie noire hochèrent la tête et firent la révérence et s'inclinèrent – surtout devant Gunn, qui ne semblait pas mécontent par l'attention. Les bijoux qu'ils portaient étincelaient presque autant que les cristaux au-dessus de leur tête. Déjà vu, déjà vécu, pensa Angel. Mais avant qu'il ne puisse dire que c'était une affaire assez provinciale, il vit le respect dans les yeux de Fred, et le ravissement dans ceux de Cordélia, et il resta silencieux.

"Ok," dit Cordélia à voix basse, "J'ai filtré et scanné la salle deux fois maintenant, et pas de Darla ou de Dru."

"Non," dit Angel. Il essaya de les sentir du mieux qu'il pouvait – mais dans la première cohue de la soirée, avec plus d'une centaine de battements de coeur humain pompant du sang en rythme autour de lui, ses sens n'étaient pas des plus aigus. "Peut-être qu'elles ne sont pas encore arrivées."

"Alors qu'est-ce qu'on fait jusqu'à ce qu'elles arrivent?" dit Cordélia. "On se mélange? Parce que ces gens ressemblent à un groupe de nigauds." Elle fit l'un de ses meilleurs sourires à une vieille femme qui passait près d'eux.

La tension et l'incertitude des dernières semaines s'élevèrent à nouveau à l'intérieur d'Angel – tout ce qui avait jamais eu de l'importance dépendait sur le fait de prendre les bonnes décisions et de faire les bonnes actions dans les prochaines heures. Mais se soumettre à ses peurs n'aiderait pas non plus; il se força à se relaxer, se concentrer, trouver un élément de cette situation chaotique sur lequel il pouvait joyeusement se concentrer.

La robe de Cordélia avait la couleur des braises de cheminées, s'ajustait étroitement autour de sa taille et de ses seins, s'évasant dans des manches bouffantes qui encadraient son visage. Ses gants blancs appelaient l'attention sur ses fines mains, et les boucles d'oreilles capturaient la lumière brillante dans ses yeux. L'orchestre prépara ses partitions et la foule commença à réagir, se mettant en place pour le premier numéro de la soirée. "Jusque là," dit Angel, "nous dansons."

Cordélia souleva un sourcil. "Tu vas danser?"

"Je ne fais rien ayant été inventé après 1910," dit Angel.

"Je suppose que ça élimine le concours de smurf pour plus tard," dit Gunn. "Est-ce que je devrais, genre, essayer un accent?" Fred secoua rapidement la tête.

"Mais avant 1910 – c'est ok." Le sourire de Cordélia était en partie taquin, mais en partie bonheurs.

"Exactement." Angel prit sa main et commença à la guider jusqu'à la piste. "On devra se contenter de la valse."

"Oh, je crois que je peux m'en sortir," rit Cordélia.


Des coeurs comme des roulements de tambours, thump thump, thump thump. Les tambours étaient bruyants et rapides, comme dans une boîte de nuit. Quelle était la boîte de nuit que Spike avait tant aimé, celle où elle avait récolté toutes ces oreilles?

"Voyez les abeilles des Bee Gees," chanta gaiement Dru.

"Très joli," dit distraitement Darla comme elles s'approchaient de la salle de bal. Grand-mère n'écoutait pas vraiment, parce qu'elle ne le faisait jamais quand ça n'était pas Papa qui parlait, ou quand ça n'était pas des couteaux qui sortaient des gens. La coupure dans la poitrine de Dru faisait toujours mal, et elle se demanda si ça saignerait lorsqu'elle danserait, faisant une rose rouge au milieu de toutes ses ondulations blanches.

"Les roses sont les coeurs les plus rouges de tous," dit Dru. "Spike ne coupera pas les fleurs cette fois. Elles grandiront sans épines, et Papa ne devra plus jamais saigner."

Les yeux de Darla étaient des verres aiguisés, casés, des fenêtres brisées. "Tu es à nouveau presque sensée."

"Désolée," Dru baissa les yeux. "J'essaye de revenir en arrière."

Elles passèrent devant un miroir dans l'entrée, et il était aussi méchant que tous les autres miroirs, et il ne voulait pas montrer à Dru comme elle était jolie dans sa robe de satin blanc. Spike et Angélus n'avaient pas été là pour lui dire, et Darla n'avait eu d'yeux que pour sa propre robe, qui était noire comme la nuit. "Tu es le ciel," dit Dru. "Je suis la lune."

"Nous sommes sur le point d'être en public, Drusilla," dit Darla d'un ton brusque. "Garde ta poésie pour ceux qui l'apprécie. Les enfants et les cadavres et Spike."

La musique avait déjà commencé, et les danseurs tourbillonnaient sur la piste, des confettis et des cuillères à café. L'homme à l'embrasure de la porte allait leur demander leurs noms, ensuite il les dirait très fort. Dru n'aimait pas que n'importe qui dise son nom. Elle regarda dans ses yeux et au-delà, releva le chiffon humide à l'intérieur de lui et le tordit vers l'extérieur comme elle disait, "Nous n'avons pas de noms. Pas de noms du tout."

"Pas de noms du tout," répéta-t-il doucement, et il fit un pas de côté pour les laisser passer. Tordre, tordre. Grand-mère la guidait dans la salle – et puis elle s'arrêta. Puis Dru vit pourquoi.

Angélus était là. Non, pas Angélus -- Angel, l'affreux Angel, Angel qui mettait le feu et déterrait toutes les choses qui devaient rester enterrées. Et la fille qui voyait des choses comme elle, mais différemment d'elle, et ces autres aussi.

"Comment – comment cela peut-il être?" haleta Darla. Ses yeux étaient écarquillés avec choc, une main à sa gorge. Autour de son poignet, son bracelet hologramme scintilla avec tous les petits danseurs.

Dru fronça les sourcils, et toute les jolies lumières dansantes dans sa tête, celles qui avaient zoomé quand elle avait lu le livre sur la machine à voyager dans le temps, semblèrent s'éteindre immédiatement. "Ils sont revenus," dit Dru. "Je n'ai pas vu ça. Je n'ai pas vu cette page. Quelqu'un l'a déchirée, et déchirer les livres est très méchant."

"Sont revenus? Ils?" Darla répéta les mots, mais elle fixait uniquement Angel. "Comment peut-il être ici? Comment peut-il être en train de -- danser?"

"Je n'ai pas vu," répéta Dru. Ca n'allait pas, vraiment pas, de l'encre sur le dessus-de-lit, des cris près du policier, de l'eau bénite dans les yeux d'Angel. Elle tapa du pied. "C'est MA fin!" insista-t-elle.

"Ta fin? Qu'est-ce que tu veux dire?" Darla agrippa le bras de Dru très, très fort. Elle la fixa avec des yeux qui lançaient des éclairs. La coupure dans la poitrine de Dru fit mal à nouveau.

"Des lames," gémit Dru "Trop de lames. Les poupées de papier sont en petits morceaux. Un chapeau, un pied, une tête."

"Raconte-moi au sujet de tes poupées," dit Darla, observant Angel glisser sur la piste avec la fille en orange. "Raconte-moi au sujet de celle avec les cheveux sombres."

"Tu n'écouteras pas," insista Dru. "Tu as des rubans dans les oreilles, Grand-mère."

"Met-moi à l'épreuve," dit Darla.


"Les dames ne portent pas de turbans, évidemment," dit Charles de façon grandiose à sa petite audience d'auditeurs extasiés. "Elles coiffent leurs cheveux de façons raffinées, avec des perles et des tresses, et portent de beaux manteaux de – fourrure de lémuriens."

Les gens autour de lui eurent l'air convenablement impressionné. Fred essaya très fort de ne pas laisser tomber sa mâchoire. Elle connaissait Charles depuis presque une année, durant laquelle elle avait cru qu'elle avait vu tous les côtés de sa personnalité: le côté fâché, le côté amusant, le côté gentil, le côté fou-de-ballet. Mais elle n'avait jamais supposé que au noyau même, le garçon était un cabotin complet.

"Votre Majesté," dit une femme en haletant, "est-ce que le Calife est le souverain de tout Madagascar?"

"Biensûr que non, Bertha," dit son mari avec un sourire d'excuse dans la direction de Charles. "Tu devrais savoir ce qu'est un calife. Ce sont des dirigeants islamiques, les descendants directs du prophète Mahomet lui-même, et on pense qu'ils sont les orateurs divinement ordonnés de la volonté de Dieu sur terre. J'avais pensé que le califat avait été démantelé au 13ème siècle, mais apparemment ça a survécu dans la coutume locale, n'est-ce pas?"

C'est ça qu'est un calife? pensa Fred. Je pensais que c'était juste un cheik ou quelque chose du genre. Charles eut l'air semblablement confus pendant un moment, mais il mit juste une main sur son torse et sourit. "Oui. Je suis – l'un d'eux."

Il lança un regard à Fred, comme s'il espérait qu'elle l'aide. Elle sourit, espérant qu'il verrait ce qu'elle voyait: Charles Gunn n'avait besoin d'aucune aide, pas dans ce siècle ou dans un autre. Charles avait dû avoir compris le message car il sourit en retour.

Un vieil homme corpulent avec une moustache en guidon demanda, "Je dis, y a-t-il beaucoup de guerres triballes à Madagascar?"

Fred observa Charles envisager être offenser, puis commencer à être amusé. "Nous avons de grandes et terribles guerres," dit Charles de sa meilleur voix c'est-CNN. "Même maintenant, ma tribu -- les Lakers – lutte pour vaincre nos ennemis, les Sacramento Kings."

"Ohh," dit la foule. Fred leva son éventail devant son visage de sorte qu'elle puisse sourire inaperçue.


Un-deux-trois, un-deux-trois --

Cordélia n'avait pas mentit pour le circuit deb; elle avait eu ses robes de dentelle blanche et ses perles, les escortes qui sentaient la bière qu'ils avaient bue dans le parking. Ses souvenirs principaux des bals étaient d'avoir dû jongler avec ses entraînements de pom-pom girl pour eux. Certes les leçons de danse qu'elle avait prise pour passer par là s'étaient effacées de l'écran radar, et maintenant ça prenait la plupart de son énergie de juste se souvenir de ce qu'elle était censée faire.

Heureusement, Angel était un bon meneur, sa main forte contre son dos, la guidant gentiment sur la piste. Cordélia ne l'avait jamais vu essayer la danse des boîtes de nuit, et elle était pratiquement sure qu'elle ne voulait jamais le voir essayer; cependant, quand il était question de ce genre de danse, c'était clair qu'il savait exactement ce qu'il faisait.

Les chandeliers tournaient au-dessus de leurs têtes. Angel lui souriait. Elle était essoufflée à cause du corset, et de la danse, et juste de l'étrange joie de celle-ci. Bizarre mais vrai, pensa Cordélia: Plus l'ennui que tu as est gros, plus tu veux savourer ce que tu as.

"J'y crois pas," dit-elle. "Tu es un bon danseur."

"Je ne le suis vraiment pas," dit Angel. "Je ne crois pas que je puisse assez insister là-dessus. Mais je sais comment faire ça. Ca n'est pas différent du combat à l'épée, vraiment."

"Sauf pour l'épée. Et le combat."

Il lui fit ce petit demi-sourire. "Pas comme ça. Je voulais dire – tu sais comment ton corps est censé bouger. Tu apprends les mouvements et la coordination par l'expérience. Puis, quand tu es dans le moment, tu peux juste -- aller."

Ca ressemblait à quelque chose de plus que le combat à l'épée, pensa Cordélia. Elle était sur le point d'en dire autant quand la malédiction d'Angel dans toutes ses permutations lui vint à l'esprit, et elle décida que c'était une chose méchante à mentionner. Elle sourit simplement à Angel à la place comme ils faisaient les derniers pas, se demandant pourquoi ses états d'esprit semblaient tellement bas soudainement.

Au moment où la danse se finissait, le corset entra dans la peau de Cordélia et elle dû haleter un peu pour reprendre son souffle. Comme Angel la guidait vers où Gunn et Fred attendaient sur le côté de la salle de bal, elle jeta un regard vers les autres danseuses, et remarqua avec envie qu'aucune d'elle ne semblait même légèrement essoufflée. Il doit y avoir un truc pour le port réussi du corset, décida-t-elle.

Lorsqu'ils rejoignirent leurs amis, Gunn avait l'air excessivement content de lui-même, et Fred secouait la tête. "Vous vous amusez?" demanda Angel.

"Oh, biensûr," dit Fred, souriant. "Il n'y a rien de tel que d'entendre le Calife ici présent raconter aux gens qu'ils n'ont pas vécu tant qu'ils n'ont pas mangé du lémurien-kabob."

"Du lémurien-kabob?" Cordélia cligna des yeux, totalement incapable de passer outre le mot.

"Pardonnez-moi," dit un serveur -- non, réalisa Cordélia, pas un serveur. Mais il faisait apparemment partie du personnel, et il tendait une petite branche ornée de brillantes fleurs dorées. "J'ai été prié de vous apporter ceci."

"Une fleur," dit Gunn, puis il tressaillit. "C'est un message, pas vrai, Angel?" Quand Angel acquiesça, Gunn ajouta, "Pour laquelle des fil – des dames est cette fleur?"

"Pour aucune," dit le serviteur, faisant un signe de tête vers Angel. "J'ai été prié d'apporter ceci à ce gentleman."

Comme le serviteur s'en allait, Cordélia regarda la branche verte-et-jaune dans la main d'Angel. "Je ne connais pas ces fleurs."

"Ce sont des -- acacias," dit Angel de façon entrecoupée, se souvenant clairement de l'information d'un coin éloigné de sa mémoire.

"Alors quel message apporte les acacias?" dit Fred.

"Elles symbolisent l'amour secret," dit Angel. "Ca, ou --" Il fut silencieux pendant un moment avant de finir, "Ou l'immortalité de l'âme."

Cordélia se tourna en même temps qu'Angel. Darla se tenait à quelques mètres de là, portant du satin noir et un sourire aux lèvres sombres. Elle parla doucement, sa voix se portant à peine par-dessus le murmure de la foule. "Vas-tu me demander de danser, Angélus? Ou – vais-je être obligée de briser le protocole?"

Cordélia eu la sensation très distincte que quand Darla avait dit, "briser le protocole," elle avait voulu dire quelque chose de bien plus évident -- et dangereux – que de demander à Angel de danser.

Le visage d'Angel était illisible comme il s'avança et lui offrit son bras. "Je t'en prie, fais-moi la faveur," dit-il par cœur. Darla prit son bras et s'en alla avec lui vers la piste de danse.

Gunn parla en premier. "Comment ça se fait qu'Angel danse avec elle au lieu de lui mettre la raclée?"

"Parce que les autres vamps ne sont pas là," dit Cordélia, regardant autour d'elle. Spike et Drusilla n'étaient soit pas au bal soit pas dans son champ de vision – en d'autres mots, encore des facteurs inconnus. "Prendre Darla ne nous fait pas beaucoup de bien si Spike et Dru sont en cavale."

"C'est simplement – pas bon," dit Fred.

Cordélia jeta les mots d'Angel sur la formalité aux oubliettes et croisa les bras devant elle. "Tu crois?"


"La mazurka est une belle danse, n'es-tu pas d'accord?" demanda Darla. Elle était placée en face d'Angel sur la piste de danse; il serrait ses doigts frais comme elle exécutait les pas lents, gracieux de la danse en synchronisation parfaite avec la musique que l'orchestre jouait. "La valse a de la passion, mais la mazurka est raffinée. C'est la danse des aristocrates."

Angel ne répondit pas. Il était toujours concentré à se souvenir d'une séquence de pas de danse qu'il n'avait pas utilisés depuis plus d'un siècle, et concentré encore plus fort sur Darla. Sa robe était noir de jais, et ça tout seul la rendait unique dans une salle remplie d'écarlates et bleus et jades. S'il connaissait Darla – et il la connaissait, vraiment bien – ça l'amuserait de prendre le costume traditionnel de deuil modeste et de le transformer en quelque chose de scandaleux. Si ça avait été son but, elle avait réussi: les manches de sa robes étaient coupées à la mousseline, laissant ses bras outrageusement exposé presque jusqu'à l'épaule, et le décolleté de la robe plongeait hardiment bas. Ses lèvres étaient rouges et ses cheveux étaient épinglés en une cascade raffinée de boucles serrées.

Elle avait l'air qu'elle avait eu la première fois où Angel l'avait vue dans une taverne à Galway, une créature si exotiquement parfaite qu'elle semblait difficilement réelle.

"Dommage que tu n'étais pas en vie quand La Volta était à la mode," dit-elle. "Elégance et athlétisme et scandale, tout en une danse. Ca t'aurait été admirablement." Darla plaça un pied derrière l'autre et s'abaissa en une révérence. Comme elle se relevait, Angel lia son bras avec le sien, et ils s'encerclèrent.

"Tu danses bien," dit Darla. "Je me demande si tu te rappelles qui t'a appris comment."

Elle le testait, réalisa Angel. Encore peu sure de qui il était exactement, Darla avait choisi de lui demander quelque chose que seulement lui et elle connaîtraient. "C'était une Française appelée Madame Voltaine," dit Angel. "L'année après que nous nous soyons rencontrés. Tu as arrangé des cours privés parce que tu as dis que je devais être capable de passer pour un gentleman." Il fit un pas vers l'avant; Darla fit un pas vers l'arrière de la même distance.

Darla sourit. "Et quand tu as appris ce que tu avais besoin de savoir, nous nous sommes assurés qu'elle ne danserait plus jamais. Ce sont des souvenirs heureux, n'est-ce pas?"

"Peut-être pour toi," dit Angel. "Ma perspective est différente, maintenant."

"Alors l'acacia était un gage approprié." Darla ne souriait plus, mais au-delà de ça, son visage était illisible.

"Des roses jaunes auraient été encore mieux."

L'expression de Darla fut ahurie pendant un moment; puis elle lâcha un rire bref. "Pour symboliser la mort de notre amour? Oh, non, je ne pense pas. Les roses jaunes représentent également la joie, et nous avons eu ça en grande quantité. Ou l'as-tu oublié?"

La joie. Elle pouvait regarder en arrière sur les choses qu'ils avaient faites, les horreurs qu'ils avaient visités dans le monde, et elle pouvait appeler cela de la joie. "Je m'en souviens mieux que toi. J'ai appris à voir cela d'une façon que tu ne peux pas."

"Tu apprends ce qu'on t'enseigne et pas plus," dit dédaigneusement Darla. "Comme tu l'as toujours fait et le fera toujours. Nous sommes immortels, mon chéri. Nous ne changeons pas."

"J'ai changé, Darla. Tu le feras aussi."

Soudainement, il vit Darla non comme elle l'était mais comme elle serait: couchée sur le dos dans une ruelle tandis que la pluie tombait à sceaux autour d'eux. Son visage avait été dénudé de maquillage, tordu de douleur à cause des contractions qui ne voulaient pas s'arrêter et ne voulaient pas permettre à leur fils de naître. Ses cheveux avaient été emmêlés et gris avec des crasses lavées par l'eau courant le long de la gouttière, et lorsqu'elle avait plongé le pieu dans sa poitrine, Angel avait vu dans ses yeux de la tristesse pour ce qu'elle était et de l'amour pour leur fils pas encore né. Cette nuit-là, elle n'avait pas été parfaite. Mais elle avait été belle – plus belle qu'il ne l'avait jamais connue durant tous les siècles qu'ils avaient passés ensemble.

Angel réalisa – de toutes les choses que Darla avait été pour lui, et elle en avait été tellement – il n'y en avait plus qu'une qui lui importait. Darla était la mère de Connor. Elle avait la mère de son fils. Ca compensait tout: les meurtres, le sexe, la torture, la trahison, même sa propre mort et damnation. Tout ça avait mené à la courte vie de Connor. Son fils avait était dans le ventre de Darla plus longtemps que dans le reste du monde. Angel sentit le besoin rapide, irrationnel de la toucher là – juste sous son nombril, juste où il avait sentit Connor donner des coups de pieds il y avait si longtemps, où il sentirait Connor donner des coups de pieds dans les jours qui devaient encore arriver. Sa main était à sa taille, si près --

Darla le regardait intensément, et il réalisa que son visage avait révélé plus qu'il n'avait voulu. "Là," ronronna-t-elle. "Tu ne peux toujours pas arrêter de me regarder, n'est-ce pas? Je le vois en toi. Je croirai beaucoup de choses, Angélus; je croirai même les histoires fantastiques de Drusilla. Mais je ne croirai jamais que notre amour puisse mourir."

Les histoires fantastiques de Drusilla --

Oh, Seigneur. Darla savait – qu'est-ce que Darla savait?

Ses yeux brillèrent vers lui, remplis de quelque chose qui était à moitié malice, à moitié quelque chose de bien plus dangereux.

Angel regarda sur le côté de la salle de bal, cherchant Drusilla, mais il ne pouvait pas la trouver. Elle avait dû s'en aller pendant qu'il s'était concentré sur Darla, réalisa-t-il, et il espéra que Cordélia et les autres avaient fait plus attention à ses mouvements que lui. Mais avant qu'elle ne parte, Drusilla était parvenue à faire encore dérailler l'histoire en racontant à Darla -- combien? Il n'avait aucun moyen de le savoir. Il devrait choisir soigneusement chaque mot, au cas où il fournirait par mégarde une partie d'information clé.

La musique changea, la mélodie se faisait écho et devenait plus marcottée et complexe. Autour d'Angel et Darla, les autres danseurs firent une pause pendant une seconde et puis, à l'unisson, commencèrent lentement à s'encercler dans la direction opposée. Darla laissa tomber la main gauche, fit un demi-tour, et leva sa main droite pour qu'Angel la prenne.

Sur son poignet, le bracelet hologramme de Cordélia –le même que Groo lui avait donné, le même qu'elle avait vendu aux touristes anglais – brilla dans les lumières des lampes, dispersant une myriade de petits arc-en-ciel sur la peau ivoire de Darla. Angel cligna des yeux avec surprise, puis essaya de cacher sa réaction. Comment diable est-ce que Darla s'était procurée ça?

"Maintenant," dit Darla, "la danse devient intéressante."


Certaines choses à propos du passé, décida Drusilla avec regret, n'étaient pas aussi bien qu'elle s'en rappelait. La danse, par exemple.

De là où elle était assise elle pouvait voir toutes les gens, alignés dans des rangées ennuyeuses, répétant les mêmes petits mouvements encore et encore comme des jouets mécaniques. Retirez les ressorts et ils arrêteraient tous de danser. Elle souhaitait qu'ils arrêtent. Dru pensa à comment les gens dansaient dans le futur, entassés ensembles dans le noir et se noyant dans le bruit, une masse de corps bouillonnant sur les bruits sourds, sourds, sourds de la musique qui n'en était pas. Ce genre de danse n'avait pas de règles, pas de discipline, et Drusilla aimait se perdre dans son magnifique chaos béat. Elle avait oublié qu'il y avait eu une époque où la danse n'avait été qu'au sujet de règles. Drusilla détestait les règles.

Elle avait essayé de montrer à certaines personnes qui bougeaient dans des petits cercles restreints comment la danse serait dans le futur, mais l'orchestre ne jouait pas du tout le bon genre de musique et personne ne semblait vouloir la rejoindre. Donc maintenant Drusilla était assise toute seule sur le côté de la piste, boudant et s'ennuyant.

Grand-mère était partie danser avec le mauvais, mauvais Angel -- Dru pouvait les voir de là où elle était, s'encerclant l'un l'autre comme des scorpions, gelant et brûlant l'air entre eux à tour de rôle. Grand-mère avait été le voir même après que Drusilla lui ai dit qui il était, et Dru ne comprenait pas du tout.

Au moins Darla avait quelqu'un avec qui danser. Drusilla voulait que Spike revienne. Dans le futur, il aimerait la nouvelle façon dont les gens dansaient. Elle était certaine qu'il l'aimerait maintenant, si elle lui montrait comment faire.

Soudainement, Dru se redressa. Quelqu'un la regardait, les yeux et les pensées de quelqu'un papillonnèrent autour des bords de son esprit.

De l'autre côté de la salle de bal, un jeune homme se tenait écarté de la foule, tenant une boisson et observant Drusilla. Il pensait qu'elle n'avait pas remarqué, quel idiot. Son visage était aussi sans expression que le mannequin d'un tailleur, mais en dessous Drusilla sentit un bref éclair, chaud de désir sexuel, rapidement suivi par de la honte. Charmantes pensées, douces comme le fruit pourrissant! Est-ce que son sang était aussi doux? Drusilla frissonna de joie et d'anticipation. Des mouches bourdonnaient dans ses oreilles; elles aimaient le fruit.

Abaissant son éventail, elle sourit au jeune homme. Ses yeux allèrent vivement d'un côté à l'autre, et quand il réalisa qu'il n'y avait personne d'autre se tenant près de lui à qui elle aurait pu sourire, il sourit en retour.

Souriant toujours, Drusilla soutint son regard, et le soutint et le soutint et le soutint. Puis, comme un attrape-mouche se refermant autour d'un insecte, elle attrapa ses pensées à travers les siennes et le posséda rapidement.

De l'autre côté de la salle de bal, la main du jeune homme tomba mollement sur son côté, et son verre rempli se brisa sur le sol, volant en éclat. Alors qu'il commença à traverser la piste de danse, marchant en ligne droite vers Drusilla, un des serviteurs vint essuyer l'accident.

"Petit poisson sur un hameçon," dit Drusilla pour elle-même. Elle tendit sa main vers lui et il trébucha plus près, frôlant des couples comme ils tournoyaient près d'eux, insouciants.


Angel et Darla se faufilaient parmi les autres couples, dansant ensemble avec de la douceur et de la grâce enviables. Evidemment, pensa Cordélia avec aigreur, si elle avait eu plusieurs centaines d'années pour s'entraîner, elle aurait été capable de danser la valse ou la polka ou quoi que ce soit tout aussi bien. Mais ce qui la contrariait le plus à cet instant n'était pas la façon dont Angel dansait avec Darla mais la façon dont il la regardait -- concentré, intense, comme si elle était l'unique femme dans la salle. Juste cette pensée contrariait Cordélia plus que ça n'aurait dû.

D'un autre côté, se rappela Cordélia, devenir inquiète quand Angel s'approchait de Darla était une réponse rationnelle, étant donné qu'elle semblait savoir exactement comment le mener par le bout du nez sans même essayer. Peut-être que c'était quelque chose d'autre qui venait facilement après plusieurs années d'entraînement.

"Vous regardez la danse avec une telle attention, c'est vraiment une injustice que vous n'y participiez pas."

La voix avait un accent américain, qui en soi fut assez pour que Cordélia regarde abruptement autour d'elle. Le propriétaire de la voix était un homme d'à peu près le même âge qu'elle, bien que le costume formel de soirée qu'il portait lui faisait avoir l'air plus vieux. "Hein?" dit-elle, puis elle se rappela le conseil d'Angel: Sois contrôlée. Sois formelle. Elle leva son éventail d'une manière qu'elle espérait être modeste et distinguée. "J'ai décidé de m'asseoir pour celle-ci," dit-elle.

L'homme sourit gracieusement. "Cela ne serait pas sain de vous surmener."

"C'est vrai," convenu Cordélia. "En plus, danser dans un corset n'est pas exactement facile."

L'homme pâlit avec quelque chose ressemblant au choc; ses yeux allèrent vers le plafond, puis encore vers le sol. Oooups, pensa Cordélia. Mentionner les sous-vêtements était manifestement un non-non majeur. Afin d'essayer de ramener la conversation sur les rails, elle dit, "Donc, vous êtes américain, non?"

L'homme acquiesça et sourit, clairement soulagé d'avoir avancé vers un sujet plus sûr. "De New York, bien que je complète actuellement mes études à Paris." Il s'inclina poliment et, tendant sa main, dit, "Barnaby Scott."

Cordélia prit sa main et la secoua -- probablement, pensa-t-elle ensuite, un peu trop vigoureusement pour une dame du dix-neuvième siècle. "Cordélia Chase. C'est agréable d'entendre un accent familier." Aussitôt qu'elle ait dit cela, elle réalisa comme c'était vrai. Elle n'avait pas réalisé jusqu'à maintenant comme c'était usant d'être dans un pays étranger, constamment entouré par des gens étrangers parlant une langue étrangère. "Ca l'est vraiment."

Barnaby Scott acquiesça son accord. "J'ai été chanceux d'avoir la compagnie d'un camarade étudiant durant mon temps en Europe; cependant, tout le monde désire, après un moment, entendre des nouvelles du pays."

Nouvelles du pays? Cordélia lutta pour se souvenir de ses cours d'histoire du lycée. "Hé bien, ça a été assez actif avec, euh, la, Reconstruction et tout --" Du coin de l'œil, Cordélia vit Fred se hâter vers eux. La saisissant par le bras, Cordélia tira Fred dans sa conversation avec Barnaby. "Fred -- euh, Winifred sait exactement ce qu'il se passé au pays en 1898, n'est-ce pas?"

Fred avait l'air un peu rouge – probablement à cause de l'effort de porter le poids de tout ce taffetas sur sa petite carrure – et également distraite. Sans vraiment se rendre compte de Barnaby, elle a dit, "Nous avons annexé Hawaii et sommes entrés en guerre avec l'Espagne pour Cuba. Et -- Cordy, je viens de voir Drusilla."

Le visage de Barnaby inscrivit de la confusion. "Hawaii? Vous référez-vous aux Iles Sandwichs?"

"Qu'est-ce que les sandwichs ont avoir avec ça?" Cordélia fronça les sourcils comme elle serrait le bras de Fred. "Drusilla était où? Tu ne me l'as pas dit?"

"Je l'ai vue – elle était tout en blanc, et j'ai pensé que ça ressemblait à Drusilla. Et juste comme j'essayais de découvrir si c'ETAIT Drusilla, elle avait disparu." Fred secoua la tête. "Je ne l'ai pas vue partir. Elle était là, et puis elle ne l'était plus. Elle utilise le truc furtif."

Barnaby dit, "La guerre avec l'Espagne a des causes bien plus complexes que --"

"— nous n'avons pas besoin de la géopolitique. Ou des sandwichs," dit Cordélia, agitant une main d'une manière congédiante. "C'est de Drusilla que nous devons nous inquiéter."

"Quel est ce mot -- géopolitique?" dit Barnaby, semblant de plus en plus dérouté. "Et qui est Drusilla?"

Cordélia dit, "Drusilla est notre -- amie. Parfois elle agit de façon un peu excentrique, donc nous devons nous assurez qu'elle ne vagabonde pas toute seule."

"Peut-être que vous l'avez vue," dit Fred pleine d'espoir. "Elle a de longs cheveux noirs et elle porte une robe crème avec une écharpe rouge, et elle est très pâle. Je veux dire, très, très pâle."

Barnaby réfléchi une seconde. "Tiens, j'ai vu Walter parler il y a juste un petit moment à une fille de cette description."

"Walter?"

"Mon compagnon de voyage," dit Barnaby. "Nous étudions tous les deux à Paris --"

"Ouais," dit Cordélia, le coupant. Vu le regard sur son visage, interrompre les hommes pendant qu'ils parlaient était quelque chose d'autre que les jeunes dames distinguées ne faisaient pas. "Et vous avez vu Drusilla lui parler?"

"Il semblait assez extasié," dit Barnaby.

"Je parie qu'il le semblait," marmonna Cordélia dans sa barbe. Elle lança un regard vers où Gunn régalait toujours une petite foule avec d'incroyables histoires exotiques de la vie quotidienne à Madagascar, et réalisa qu'il n'y avait aucune chance pour qu'elle et Fred puissent l'extraire sans attirer l'attention de toute la salle de bal. Fred en était clairement venue à la même conclusion.

"Allez," dit Cordélia à Fred. "On va aller empêcher Dru de s'aider à casser la croûte."


L'orchestre jouait plus vite, et les pas des danseurs s'accélérèrent en conséquence. Quant la danse exigea un tour complet, Angel utilisa l'opportunité pour scruter la salle. Il y avait Gunn, assis au milieu d'une petite foule de personnes qui étaient pendues à ses lèvres. Là où était Gunn, Fred n'était pas bien loin, et Angel l'aperçu à côté du fan club. Puis il vit Cordélia, parlant à un jeune homme attirant qui lui prêtait plus d'attention qu'il n'aurait dû --

"Jaloux, mon chéri?" demanda Darla. Il la regarda, et vit que son regard avait suivi le sien. "Ne le sois pas. Elle est seulement humaine, et une humaine ordinaire et mal élevée en plus. Elle ne sait même pas comme se tenir. Mais je te connais, et je sais pourquoi elle te fascine."

Fermement, Angel dit, "Tu en sais moins sur moi que tu ne le penses."

Darla sourit et exécuta un tour parfait. Quand elle fit à nouveau face à Angel, elle dit, "Vraiment? Je sais qu'elle a des Visions. N'est-ce pas ce que tu trouvais si délicieux chez Drusilla? Peut-être que tu n'es pas aussi différent que tu aimerais le croire."

'Je sais qu'elle a des Visions.' les mots de Darla's frappèrent Angel avec un profond sens d'effroi. Il mit son bras autour des épaules de Darla et ils joignirent les autres couples pour une longue ligne de paires. "Qu'est-ce que Drusilla t'a dit d'autre?"

Darla rit. "Toutes sortes de secrets. Les tiens – et les leurs." Elle regarda, délibérément, Cordélia et Gunn et Fred, se tenant sur le côté de la piste de danse. Son regard s'attarda le plus longtemps sur Cordélia. "Je ne prétend pas que ça a du sens. Je ne sais pas ce qu'est la vérité, et ce qu'est juste du charabia de Drusilla. Tu as toujours été son meilleur interprête, pas moi. Mais ce que je sais – c'est intéressant, Angélus, ce qu'il est advenu de toi. Ce qu'il pourrait advenir d'eux."

La ligne de couples se sépara, et Angel et Darla re-dansèrent à nouveau tout seul. Darla leva la main pour le tour final de la danse; Angel la prit, mais au lieu de tenir légèrement ses doigts, il broya sa main dans son poing avec toute la force qu'il avait. Darla étouffa un halètement et tenta instinctivement de se libérer. Angel ne lâcha pas.

D'une voix basse, il dit, "Blesse-la – ou n'importe lequel d'entre eux – et tu découvriras qu'il y a quelques façons pour lesquelles je n'ai pas changé du tout."

Elle devait être en pleine agonie, mais d'une façon ou d'une autre, Darla souriait encore. "C'est ce que j'espère, mon chéri."

L'orchestre s'arrêta, et les couples dansants se séparèrent et s'inclinèrent poliment les uns vers les autres. A contre cœur, Angel relâcha sa poigne sur la main de Darla. Ses doigts étaient clairement blessés, et elle les cacha rapidement dans les replis de sa robe.

"Jusqu'à notre prochaine danse," dit-elle alors qu'elle s'en allait.


"Je souhaiterais que tu arrêtes d'utiliser folle comme terme péjoratif," dit Fred. "Je ne dis pas que c'est inexact; je dis juste que la maladie mentale peut arriver à n'importe qui."

"Comment je suis censée l'appeler?" chuchota Cordélia comme elles recommençaient à s'éloigner. "Mentalement remise en question? La fille est cinglée. Le tact ne changera pas ça." Fred remarqua que Cordy semblait moins nerveuse et plus excitée au sujet de leur confrontation imminente; après une longue soirée à prétendre être réservée et sans défense, le besoin d'agir avait du sens.

Du moins, autant que confronter une vampire fol – mentalement instable dans une ruelle avait jamais eu de sens.

Fred ouvrit la lourde porte, permettant à Cordélia d'être la première à sortir et à essayer de voir Drusilla avant que Drusilla ne les voie. Bien que Fred ne manquait pas de courage, une des règles coutumières d'Angel Investigations était que les gens avec les superpouvoirs devaient généralement être les premiers dans les situations risquées. Quand Cordélia lui fit geste de suivre, Fred sortit aussi dans la ruelle; en un instant, sa robe passa de chaud étouffant à inadéquate contre le froid de la nuit.

Aucune des deux ne dit rien comme elles commencèrent à se déplacer dans l'obscurité, bien qu'elles échangèrent un regard lorsqu'elles réalisèrent comme le froissement de leurs nombreux jupons pouvait être bruyant dans le silence. Fred fouilla dans son petit sac de soirée résille-et-velours et sortit son pieu. Cordélia aurait déjà fait la même chose.

Puis elle entendit la voix d'un homme, si lente et bredouillée que au début, elle pensa qu'il devait être ivre: "Vous dansez des plus magnifiquement."

"Tout est à propos de sauter dans le futur." Fred n'avait entendu sa voix qu'une seule fois auparavant dans sa vie, mais on ne pouvait se tromper sur la voix de Drusilla -- musicale et brisée et cockney et immatériel, tout ça à la fois. "Sauter et rebondir et rectifier." Le froissement de la soie signala comme elle était proche -- juste devant, juste au coin où la ruelle rencontrait la rue. Fred prit une profonde respiration, mais doucement, mieux valait ne pas être entendue. "Je veux te voir danser de la façon dont je danse. Après nous mangerons. Peux-tu sauter pour Maman?"

Elles firent une pause au dernier moment avant qu'elles ne tournent le coin. Cordélia lui lança un regard encourageant, puis compta silencieusement avec les doigts dans le clair de lune. Trois, deux, un --

Fred et Cordélia tournèrent rapidement autour du coin comme si elles ne faisaient qu'une. Un homme dans un costume de soirée faisait une très, très pauvre imitation de la danse du 21ème siècle. Le dos de Drusilla était tourné vers elles, mais elles pouvaient voir qu'elle applaudissait. "Si charmant, si charmant," chanta-t-elle. "Secoue ton derrière."

D'une voix très basse, Cordélia dit, "Apparemment boire le sang de ses victimes n'est plus assez pour Dru. Maintenant elle les humilies à mort." Elle ramena son pieu en position, prête à frapper. Fred retint sa respiration. Pourrait-ce être si facile?

Bien sûr que non. Drusilla se retourna presque instantanément, bondissant d'un pas en arrière, adroitement hors de portée. Puis, au plus grand étonnement de Fred, elle rayonna. "Tu es là!" dit Drusilla. "Viens danser avec moi."

"On n'est pas là pour danser, Dru," dit Cordélia.

Fred sentit l'arrière de son cou picoter, sentit chaque cheveu se redresser. "Hum, Cordy?"

Entre ses dents, Cordélia murmura, "Je suis plutôt occupée là, Fred."

"J'ai juste ce sentiment amusant que Drusilla ne nous parle pas à nous."

Fred et Cordelia se tournèrent chacune à moitié et le virent. Il avait un manteau plein de boue, déchiré, avec quelques empreintes ensanglantées sur un revers. Ses sourcils étaient levés, un demi-sourire sardonique sur le visage. Des cheveux blonds caramel tombaient sur son front.

"Laisse-moi deviner," dit Fred. "C'est Spike."

"Ma réputation me précède," dit Spike, paradant vers elles. "Brillant. Je vous demanderais bien vos noms maintenant, sauf pour la partie où je m'en fiche tant que vous mourrez de façon divertissante."

"Spike, je déteste te dire ça," dit Cordélia, "mais tes cheveux vont seulement devenir encore plus ridicules comme les années passent."

"Qu'est-ce que tu racontes sur mes cheveux?" Spike leva inconsciemment les mains pour toucher ses cheveux, ce qui fut quand Cordélia le frappa.

Drusilla hurla de colère, et Fred utilisa un de ces mouvements que Gunn lui avait appris – le poing serré en arrière, et fort – pour la battre sans même se retourner. Durant la fraction de seconde où les deux vampires furent assommés, elle et Cordélia déguerpirent. Presque aussitôt qu'elles eurent commencé, Fred pu entendre Spike et Drusilla gagner du terrain sur elles, leur victime d'origine voulue apparemment oubliée.

"Devons arriver – près d'Angel -- " haleta Cordélia.

Fred acquiesça, essayant de reprendre son souffle et se demandant comment Cordélia pouvait même se déplacer dans un corset. "Comment as-tu su – qu'il fallait insulter – ses cheveux?"

Elles repoussèrent la porte, leurs chaussons glissant sur le bois. La porte claqua contre le mur derrière elles -- les vampires étaient si près --

"Facile," dit Cordélia. "Tu peux toujours – compter sur la vanité – d'un homme qui – porte du vernis à ongle."

"Je peux vous entendre!" hurla Spike.


Qu'est-ce que Drusilla lui aurait dit? Il n'y avait pas de savoir, pas d'estimation. Angel n'était sûr que d'une chose: Drusilla aurait dit à Darla ce qu'elle devait faire avec les bohémiens pour lui enlever son âme -- ou, en tout cas, elle aurait essayé. Darla l'avait-elle comprise? Si ça n'était pas encore le cas, ça le serait éventuellement. Bientôt. Ca n'était qu'une question de temps avant que Darla ne surgisse avec la réponse et commence le travail pour annuler sa malédiction – et toute l'histoire avec elle.

Darla s'éloignait de lui à travers la cohue des danseurs, un seul nuage d'orage parmi les couleurs brillantes et les rires. Elle berçait sa main écrasée, et il sentit un coup étrange, terrible de culpabilité de l'avoir blessée. C'était absurde – au-delà de l'absurde – de se sentir de cette façon pour une créature qui avait assassiné des milliers de gens et en assassinerait des milliers de plus, parmi ses victimes son lui humain. Mais Angel ne pouvait se souvenir que de la main se tendant vers un pieu, se préparant à se condamner à l'enfer pour donner à leur fils une chance de vivre.

Ce arrivera uniquement si tu l'arrêtes, se rappela Angel. Arrête de bouder et bouge, bon sang.

Angel coupa rapidement à travers la foule pour atteindre les côtés de Gunn. Il avait maintenant presque deux douzaines de personnes l'encerclant, enchantées. "Evidemment je garde un harem," disait Gunn. "Un homme dans ma position a toutes les plus belles femmes du royaume qu'il peut choisir. Des femmes telles que Naomi et Tyra et – Mais peut-être que je ne devrais pas en dire plus en présence des dames."

"Oh, mon," dit une femme plus âgée, ses joues étaient assez rose. "Tout ça est assez différent si c'est une question de, euh, coutume aborigène --"

"Pardonnez-moi," dit Angel aussi doucement qu'il le pouvait. "J'ai besoin de m'adresser au Calife à propos d'une affaire personnelle."

Les yeux de Gunn se plissèrent, mais il était toujours calme et magistral comme il fit un signe de tête vers ses auditeurs. "Vous nous excusez, naturellement." Bourdonnant de manière mouvementée, la foule se dispersa et Gunn se rapprocha. "Qu'est-ce qu'il y a avec ton ex?"

"Elle en sait fichtrement beaucoup," dit Angel. "Drusilla lui a tout dit à votre sujet, du moins en partie."

"Combien de choses peut-elle possiblement savoir sur moi et Fred?" dit Gunn. "J'ai l'impression que même Cordy ne l'a pas trop vue."

"Drusilla sait – plus qu'elle ne le devrait," dit Angel. "Elle voit le futur, parfois. Elle voit des rêves. Parfois elle crée des rêves. Ne la sous-estime pas."

"Après toute cette affaire monde-en-feu? Y a aucune chance." Gunn scruta la salle. "En parlant de Drusilla, je ne l'ai toujours pas vue. Ou ce gars Spike – je veux dire, je ne le reconnaîtrais pas, mais je suppose que le carnage aléatoire pourrait peut-être le trahir."

Angel réalisa qui d'autres manquaient. "Est-ce que Cordélia et Fred – sont-elles retournées à l'hôtel, ou --"

"Non. Et non. Bordel," dit Gunn. "On doit les trouver."

"Angel!" hurla Cordélia. Il se tourna pour voir Cordélia et Fred se précipiter dans la pièce aussi vite qu'elles le pouvaient, toute prétention de haute bourgeoisie partie. Et derrière elles--

"Qu'avons-nous ici?" cria Spike de façon triomphante. "Il est temps de faire la fête!" Il saisit un violon d'un des musiciens et le frappa, avec une fente, sur la tête d'un des danseurs. Les gens commencèrent à crier.

"Et ça c'est Spike," dit Gunn. Angel hocha la tête.

"It's my party, and you'll die if I want to, die if I want to, die if I want to – (chanson 'It's my party' revisitée: C'est ma soirée et vous mourrez si je le veux, mourrez si je le veux, mourrez si je le veux)," chantonna Drusilla.

Cordélia est en vie, se dit Ange. Les trois vampires que j'ai besoin d'attraper sont ici dans cette pièce, et nous sommes plus nombreux qu'eux. Pourquoi est-ce que ça ne semble pas plus encourageant?

"Tu as entendu l'homme," dit Gunn, remontant ses manches comme lui et Angel commençaient à charger. "Faison la fête."


Idiots. Pire que des idiots.

Les humains criaient et continuaient; au moins quatre des femmes s'étaient déjà pâmées, et il semblait que certains hommes allaient probablement suivre. Darla fixa Spike et Drusilla avec un mépris non déguisé. Son plan – le seul et unique plan qu'ils avaient pour sauver Angélus d'un destin bien pire que la mort – était passé en quelques moments de risqué mais vraisemblable à presque impossible. Tout ça pour que Spike et Dru puisse avoir une bagarre.

"Mon Dieu! Cet homme – ce n'est pas un homme --" cria quelqu'un, pointant Spike du doigt.

Darla frappa sauvagement l'homme qui avait hurlé dans le plexus solaire. Comme il se tordait en deux derrière elle, elle marmonna, "Le plus tôt ils auront leur divertissement, le plus tôt nous pourrons partir d'ici."

Quand tout serait fini, elle raconterait à Angélus comment ils avaient presque tout ruiné. Et ensuite peut-être qu'ils pourraient enfin se débarrasser de Spike et Dru une fois pour toute.

Entre-temps, elle aurait son propre divertissement en se débarrassant de certains obstacles à leur plan, en commençant par la brunette dans la robe orange.


Cordélia sentit plutôt qu'elle ne vit Angel venir vers elle; quand Drusilla fut tirée hors de sa ligne de vue, elle su que c'était Angel qui l'avait saisie. Savoir qu'Angel combattait près d'elle devait être la seule chose qui rendit possible de se précipiter vers Spike comme si ça n'était une grosse affaire. Juste un autre vampire. Pas de soucis.

Spike fracassait son chemin à travers l'orchestre, aimant plus faire des dégâts aux instruments de musiques qu'aux musiciens, du moins jusque là. Il transforma un violoncelle en morceaux d'un coup de pièce, des bouts volants partout. "Whoa! Du bois volant," rit-il, se baissant devant ses propres débris. "Très mauvais."

"Du bois tuant," dit Cordélia, levant son pieu comme elle arrivait devant lui. "Encore pire."

"Toi," grogna Spike. En un instant il fut à ses côtés, hors des rangées de partitions. "D'abord, que diable est du vernis à ongles? Ensuite, quelqu'un portant des boucles d'oreilles comme CELLES-LA ne devrait pas parler de vanité."

Cordélia se retourna vivement, le gardant en face d'elle, le gardant occupé. Où étaient des pouvoirs de démons quand on en avait vraiment besoin? pensa-t-elle frénétiquement. Les stupides Puissances auraient vraiment pu lui laisser un manuel d'instructions ou quelque chose. Pouvoirs Démoniaques Pour les Idiots. Comme c'était là, elle allait probablement seulement être capable de le tenir à distance jusqu'à ce qu'Angel arrive. Ensemble, ils pourraient l'avoir. "Tu découvriras le vernis à ongles," dit Cordélia. "Malheureusement pour nous tous."

"Tu es une jeune femme plutôt confiante, n'est-ce pas?" dit Spike. "Rapide avec les répliques et les pieux. Es-tu une des Tueuses dont j'ai entendu parler?"

"Moi? Un Tueuse?" Cordélia commença à rire, véritablement surprise et un peu flattée.

Au moment où ses yeux se fermèrent à moitié avec le rire, la main de Spike se serra autour de son cou. "Vanité, vanité," murmurra-t-il. "Tout est vanité."

Cordélia balança le pieu en arrière – fin tronquée d'abord – dans les parties de Spike. Spike hurla et relâcha sa prise pour le seul moment dont elle avait besoin pour se libérer --

Une autre main l'agrippa par le poignet. Les yeux de Cordélia s'écarquillèrent alors qu'elle vit Darla lui souriant.

"Tu es une jolie chose," dit Darla. "Je l'admets."

Puis elle tira sauvagement le bras de Cordélia derrière elle, faisait tourner Cordélia et envoyant des ondes de choc de douleur dans tout son corps. Le monde devint gris sur les bords, et Cordélia se trouva à vaciller entre agonie et choc.

Elle aspira une goulée d'air pour hurler, mais à la place, elle s'écria à nouveau, "Angel!"


Le bras d'Angel était soulevé, mit de façon à plonger le pieu qu'il tenait dans la poitrine de Drusilla comme elle était couchée sur le sol devant lui. Il aurait une seconde avant qu'elle ne sorte de son étourdissement, mais c'était ok pour Angel. Cette fois il n'allait pas hésiter. Pas de regrets, pas de fraction de seconde d'indécision, rien.

"Angel!"

Cordy. Elle avait un problème.

Au lieu de tuer Drusilla, Angel tournoya sur lui-même, laissant Drusilla sur ses genoux sur la piste de danse, où il espérait que Gunn l'achèverait. Drusilla était beaucoup moins importante là tout de suite que Cordélia. Angel poussa son chemin à travers la foule toujours paniquée, si comprimée ensemble dans le hall qu'ils pouvaient à peine s'enfuir. Elle était là, avec Spike ET Darla sur elle, penchant maladroitement à cause du bras plié dans un angle contre nature derrière elle. Darla agrippait sauvagement le bras de Cordélia; elle vit Angel et sourit lumineusement. Elle avait l'intention de tuer Cordelia alors qu'il regardait.

Darla tendit la main vers le bas et enterra ses longs doigts blancs dans les cheveux sombres de Cordélia. Ses ongles étaient tout juste à la naissance des cheveux, et Angel savait ce qu'elle avait l'intention de faire. Il l'avait vue faire assez souvent, une taillade des ongles, une traction super humaine sur les cheveux, et le cuir chevelu pellerait tout comme une -- perruque.

"Quoi?" Il pu entendre l'abasourdissement amusé de Darla comme elle soulevait uniquement la perruque sombre de Cordélia dans ses mains. La tête de Cordélia s'effondra légèrement en avant; elle était clairement désorientée par la douleur. Angel poussa brutalement quelques personnes hors de son chemin, luttant pour se rapprocher avant que Darla n'arrête de rire. Encore maintenant elle re-focalisait son attention sur Cordélia --

WHAM! Un plateau argenté se claqua contre la tête de Darla. Angel cligna des yeux comme il vit qui l'avait lancé: Fred, qui avait l'air à la fois paniquée et assez contente d'elle-même. Darla perdit sa prise pendant un moment, et Cordélia tomba par terre.

Angel alla d'abord vers Spike; il était tordu en deux et quelque peu hébété. Il leva les yeux vers Angel et dit, "Oh, te voilà. Où as-tu été?"

Angel frappa fort Spike au visage. Spike chancela en arrière, jurant de surprise et de fureur – puis soudainement planta avec quelque chose de pointu et en bois. Angel sentit une seconde de panique lorsqu'il réalisa qu'il n'allait pas être capable d'esquiver le coup, ce qui se transforma rapidement en soulagement quand il vit l'arme improvisée de Spike percer son estomac, pas son torse. Finalement de la douleur pure, aigue lava le soulagement et, pendant un long moment, tout le reste.

Angel regarda faiblement le bois sortant de son abdomen alors que du sang commença à s'étendre sur le devant de sa chemise de smoking. C'est marrant, pensa-t-il quand il pu à nouveau penser. Qui aurait cru que se faire transpercer par un archet de violon ferait si mal --

Et puis il pensa, Bon sang, ENCORE empalé.

Avec le bout de sa force, Angel souleva Spike et le jeta, aussi fort qu'il pouvait, sur Darla. Les deux vampires s'étalèrent sur le sol, et Angel tituba, essayant de garder son équilibre malgré l'agonie dans ses tripes. Cordélia était sur ses genoux à côté de lui, tenant son bras. "Angel – mon épaule -- "

"Charles!" cria Fred. Drusilla avait repris son souffle. Angel vit Fred se précipiter à l'aide de Gunn, mais il ne pouvait pas aller les aider -- Spike et Darla se relevaient, et Cordélia ne pouvait pas se battre, donc il devrait les protéger tous les deux, d'une façon ou d'une autre. Sa tête vacillait avec la douleur dans son ventre, et Angel se força à se concentrer. Il essaya de mettre ses mains en poings – il pouvait s'il le devait.

"Drusilla!" appela Darla. "Viens ici!"

"Mais je viens juste de commencer!" gémit Drusilla. Spike ricana vers Angel et commença à se lancer en avant, mais la main de Darla se leva, le tenant en place.

Darla dit. "Tous les deux! Nous partons! Maintenant!" Elle regarda Angel -- saignant, faible, et, réalisa-t-il, manifestement incapable de la suivre – et sourit. "Pour toujours," dit-elle. "Nous nous sommes promis l'un à l'autre pour toujours. Et je tiens mes promesses."

Angel voulu dire quelque chose, mais à ce moment-là ses jambes cédèrent et il s'effondra sur ses genoux à côté de Cordélia. Spike commença à rire alors que Drusilla accouru à leurs côtés; Darla regarda Angel pendant un long moment avant de tirer les deux pour partir.

"Angel? Cordy?" haleta Gunn comme il se précipitait vers eux, son turban maintenant quelque peu de travers. "Vous allez bien?"

Angel s'empara de l'archet de violon avec d'une main, mit son autre main dans la bouche, puis retira l'archet. Ses dents coupèrent la peau de sa paume, et l'éclaboussement de son propre sang sur sa langue fut assez pour l'empêcher de s'évanouir. Aussitôt qu'il pu parler, il dit, "Suivez-les."

"Les vampires?" dit Fred. "Mais – si nous allons les combattre – nous avons besoin de vous--"

"Je ne peux pas me battre là tout de suite," dit Cordelia. Elle fléchissait lentement les doigts de son bras blessé. "Il n'est pas blessé, mais il n'est pas bon."

"Ne les combattez pas," dit Angel. "Essayez de ne pas les laisser vous voir, si vous pouvez l'éviter. S'ils vont au camp des bohémiens ce soir, nous devons le savoir. Trouvez vers où ils se dirigent, puis revenez nous voir. J'irai très bien dans quelques heures, et Cordélia – je prendrai soin de Cordélia."

"Suivre les vamps," dit Gunn. Il jeta un coup d'œil à la salle maintenant vide, jonchée d'éventails, de fleurs, de partitions et de canapés. "Ces Victoriens savent assurément comment organiser une soirée."