Chapitre 19
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- Le crépuscule des ennuis -
Aurore s'aventura dans les cachots du château ce matin là, le jour n'était pas encore levé.
Elle se retrouva devant l'entrée de la salle de classe de Severus. Elle y pénétra à pas feutrés. Les lieux étaient plongés dans la pénombre. Aurore avança discrètement jusque dans le fond de la pièce, là où se trouvait une longue tapisserie aux couleurs de Serpentard.
Elle regarda un instant autour d'elle. Puis de ses mains elle dessina un cercle dans les airs, juste devant le tissu, tout en prononçant des syllabes à peine audibles. Aussitôt les couleurs de la tapisserie s'estompèrent, et Aurore passa de l'autre côté du mur de pierre derrière la broderie.
Severus fit brusquement volte face, voyant la jeune femme apparaître
derrière lui.
- Ce n'est que moi. murmura-t-elle
en s'avançant vers lui.
Au centre de la pièce trônait un grand chaudron fumant,
devant lequel se tenait Severus. L'endroit était faiblement éclairé par
quelques chandelles. Des étagères remplies de livres et de bocaux poussiéreux
recouvraient les quatre murs du petit établit. Aurore alla poser ce qu'elle
venait d'amener sur la table près du grand chaudron.
- As-tu tout trouvé ? S'enquit Severus en examinant le
contenu de ce que la jeune femme plaçait sur le meuble.
- Presque tout. Il me manque les sangsues de destin. J'ai
dû faire toute l'Allée des Embrumes, ils n'en avaient nulle part ! Expliqua
Aurore d'une mine désolée.
- Evidemment, elles ont été interdites et deviennent rares…
Ce n'est pas grave, nous n'en auront besoin qu'ultérieurement ! Déclara
Severus en tendant son bras vers la jeune femme l'invitant à venir se serrer
contre lui. Ce qu'elle fit sans attendre.
- Tu dois être exténuée. Lui dit il doucement en caressant
ses cheveux dorés. La composition de cette potion requiert des heures précises,
évidemment ça doit tomber avant les premières lueurs du jour… ce n'est pas bon
pour toi, la prochaine fois laisse moi aller chercher les ingrédients !
Il tira une chaise et intima l'ordre de s'asseoir
à la sorcière qui tentait de dissimuler sa fatigue, appliquant néanmoins sa
main sur son ventre en soupirant.
- Non, ce n'est pas grave. Je t'assure ! Répliqua
Aurore en obéissant cependant. Néanmoins, ce que je ressens est curieux. Parfois,
je me sens épuisée, et la seconde d'après, je sens le pouvoir qui est en moi me
donner une énergie phénoménale ! C'est alors que ça devient étrange, cette
force qui ne demande qu'à sortir, j'ai des fois l'impression qu'elle va
exploser sans que je ne puisse faire quoique ce soit, et en même temps il y a
comme une certaine retenue… je ne sais pas. Bref, comment se présente la potion
?
- Pour l'instant, ça me semble bien parti. affirma Severus en examinant son chaudron. J'ai fait les
calculs d'usages. Il faudra répéter ce que je viens de faire encore pendant
cinq jours et respecter les horaires spéciaux à une fraction de seconde prêt, sinon, cela ne marchera pas.
Aurore acquiesça d'un signe de tête.
- As-tu une idée de qui pourrait être derrière tout cela ? Lui
demanda le Maître des potions. Tu as bien dit qu'Adnachiel ne pouvait s'être
libéré tout seul. Alors c'est bien l'œuvre d'une Rose Noire, celle qui a pris
la place de prêtresse au temple à présent ?
- Oui ! Et j'ai effectivement ma petite
idée sur la question ! Expliqua Aurore le regard méprisant en pensant à la
Rose Noire qui l'avait trahie. Toutefois je dois vérifier avant de dire quoique
ce soit !
- Tu ne vas pas aller au temple ! Tu sais que je n'y
tiens absolument pas ! Lui signala-t-il en fronçant les sourcils, inquiet.
- Ne t'en fais pas, ce n'est pas auprès du cercle que j'irais
vérifier…
Elle demeura un instant silencieuse, le regard mystérieux,
porté dans le vide, puis elle dirigea ses yeux vers la table. Elle fit voler
une fiole contenant un liquide bleu métallique jusqu'à elle avant de
questionner Severus.
- Il va falloir ajouter l'essence de racines d'Eglantiers,
non ? Je ai faite celle-ci quand j'étais encore dans le cercle, on s'en servait
souvent pour invoquer des démons. J'ai fait pousser la plante qui a servi à
cette essence avec mon propre sang, comme il st d'usage de faire chez les Roses
Noires, elle est de très bonne qualité !
Severus prit la fiole et la détailla avec attention.
- Elle doit avoir une valeur inestimable, c'est tellement dur
de trouver de l'essence de racines d'Eglantiers de nos jours…. murmura Severus.
Nous l'ajouterons le cinquième jour, pour invoquer l'esprit de l'annihilation,
et lui faire part de notre requête !
- Il faudra y mêler notre sang, à tous les deux ! ajouta la jeune femme.
- Oui, je sais. Répliqua Severus. Il faudra le faire chaque
jour de préparation… Je viens d'y ajouter le mien.
- C'est à moi alors. conclut
Aurore.
Elle fit apparaître un poignard dans sa main. Il était fin
et délicat, la garde était ornée d'un rubis ciselé en une minuscule petite
rose. Aurore dirigea la pointe de la lame vers sa main, et l'entailla
doucement, ses lèvres se pinçant sous un léger picotement. Un mince filet de
sang s'échappa de la coupure. Aurore dirigea le liquide par magie jusqu'au
chaudron.
La préparation eut un brusque remout au moment où le sang
vint s'y mêler.
- Bien ! Adressa Severus à sa compagne. Ça sera tout
pour l'instant, il faut attendre ce soir vers minuit et demi. Au fait, le
professeur Vector m'a croisé ce matin dans les couloirs, je me demande ce
qu'elle faisait debout à cette heure là… il est vrai qu'elle devait se poser la
même question à mon sujet. Faire cette potion dans l'enceinte même du château
n'est pas prudent, même dans mon laboratoire privé !
Mais c'est notre seule solution.
- Severus, nous devons bien prendre ce risque pour notre
fille !
Celui-ci approuva vivement d'un signe de tête.
Aurore s'apprêta à soigner sa main coupée. Le Directeur des
Serpentard arrêta son geste, lui intimant l'ordre de le laisser faire. Il prit
la main de la jeune femme tout en saisissant sa baguette, et fit apparaître une
petite lumière verte, qu'il appliqua sur la plaie faisant bientôt disparaître
toutes traces de coupure. Aurore lui sourit tendrement, puis vint poser ses
lèvres sur les siennes.
Severus mit son bras autour des épaules de la jeune femme,
et l'amena doucement contre lui, l'embrassant sensuellement.
Ils restèrent muets quelques instants, savourant un instant
de repos après les troubles passés.
- Qu'allons nous faire Severus, si cela ne marche pas ?
Chuchota tristement Aurore à l'oreille de Severus.
- Je suis sûre que ça marchera ! Jusqu'ici mes potions se
sont toujours montrées efficaces !
- Je n'en doute pas de toi un seul instant ! répliqua
finalement Aurore. J'espère seulement que cette potion sera assez forte par
rapport au pouvoir de l'âme de la Rose, si cela ne marche pas, il n'y aura plus
rien à faire…
Severus plongea un regard qui se voulait rassurant dans les
clairs yeux d'Aurore, et parvint à lui tirer tout de même un sourire.
Puis, il laissa distraitement ses mains
parcourir le corps de la jeune femme et s'arrêter sur son abdomen clairement
arrondi sous sa robe, tandis qu'Aurore l'embrassait de nouveau.
- Elle sera bientôt avec nous. Murmura Severus. Ne t'en
fais pas, avec ou sans cette force, notre fille sera heureuse, je te le
jure !
Et Severus l'entoura d'autant plus. Elle commença à balader ses mains sous la cape du sorcier.
Ils restèrent étroitement enlacés un long moment, se rassurant mutuellement, tendrement, amoureusement. Puis leurs gestes se firent plus poussés. Le monde disparut imperceptiblement autour d'eux, alors qu'ils se rapprochaient l'un de l'autre. En quelques secondes ils se retrouvèrent allongés près du chaudron fumant. Severus cala tendrement la jeune femme contre lui, la débarrassant de longue robe de velours et dentelles noirs. Il entoura son corps nu de sa large cape et embrassa son cou avec passion, descendant petit à petit le long de ses courbes de femme. Enfin elle s'abandonna complètement à lui. La chaleur du feu se mêlait à la température grimpante de la pièce. Ils avaient besoin de se retrouver, de se soutenir. Occultant momentanément leurs ennuis, Aurore et Severus ne se préoccupèrent plus que d'eux. Se laissant envahir par la même extase, le même plaisir prenant possession de leurs sens en même temps qu'ils s'emparèrent de leurs corps, vibrant à l'image des flammes qui s'embrasaient à leurs côtés.
-
- Mais où peut il bien être ?! s'exclama une voix à travers
le mur.
Severus s'éveilla brusquement. Des pas résonnaient de
l'autre côté de la cloison de pierre, à l'intérieur de sa classe.
Aurore semblait ne rien avoir entendu. Elle reposait
paisiblement entre les bras de Severus.
Il la réveilla avec douceur.
- Aurore… lui chuchota-t-il. Je crois que nous sommes en
retard en cours…
La jeune femme mit un instant à réaliser puis écarquilla les
yeux. Elle se leva, remettant sa robe à la hâte. Severus se redressa à son
tour.
- On ne peut pas sortir comme ça ! remarqua
Severus. Si on nous voit sortir ainsi de la
tapisserie…
- Il ne faut pas qu'ils sachent qu'on prépare quelque chose !
Renchérit Aurore l'ai embêté.
- Attendez dans le couloir, je vous prie ! Votre professeur
ne semble pas être dans sa salle… résonna de nouveau la voix.
Severus attrapa Aurore par la taille et l'amena contre lui.
- C'est Minerva. marmonna la jeune femme. Nos élèves devaient nous chercher
Severus…
Le sorcier leva les yeux au ciel.
- Si elle nous voit, je sens que nous allons encore avoir
droit à un de ses passionnants discours sur les affectations de travail !
- Ça ne m'étonnerait pas ! Acquiesça Aurore.
- On dirait qu'elle vient par ici… murmura Severus.
Ils se dirigèrent vers le murs où se trouvait le passage
ensorcelé, et écoutèrent discrètement. Une autre personne avait l'air de
marcher dans la classe en plus du professeur de métamorphoses.
- Professeur Vector ? s'exclama la voix de McGonagall. Que
faites-vous ici ?
- Je cherche le professeur Du Lac. répondit
la voix de Kally. Les Gryffondor et Serdaigle septième année l'attendent devant
sa salle… l'auriez vous vue ?
- Non, moi c'est le professeur Rogue que je cherche. Il
n'est nulle part ! déclara Minerva d'un ton froissé.
- C'est bizarre, je pensais trouver Aurore à coup sûr dans
la salle de Severus. Je suis allée voir dans leurs
bureaux et leurs appartements respectifs… ils sont introuvables ! Renchérit
Kally.
Severus et Aurore s'échangèrent des regards soucieux.
- On ne peut pas sortir tant qu'elles sont là toutes les
deux ! remarqua Aurore.
- Attendons qu'elles s'éloignent, et je pourrais sortir
moi. Proposa le professeur de potions
- Je vais me rendre invisible, cela vaut mieux.
Severus fit un mouvement de tête approbateur.
- On dirait que Kally s'en va… ajouta-t-il. Plus que
Minerva, je me demande bien ce qu'elle faisait hors de sa classe, il me semble
que ça va affecter son travail ! Je lui en toucherai deux mots !
Aurore le regarda amusée, et se rendit une dernière fois
près du chaudron.
- La potion m'a l'air parfaite Severus… murmura-t-elle. On
y arrivera, n'est ce pas ?!
- Bien sûr ! Affirma-t-il lui adressant un sourire
complice. Je crois que la voie est libre, j'ai entendu Minerva refermer la
porte.
Aurore retourna vers Severus. Elle l'embrassa en arrivant à
sa hauteur et disparut au même moment. Severus vit les formes de l'étagère
plaquée contre le mur se confondre peu à peu, laissant presque apparaître le
mur de pierre. Aurore passa le mur, et se retrouva dans la salle de potions.
Elle vit Severus apparaître discrètement derrière elle. Il se dirigea vers la
porte, et l'ouvrit sans dire un mot. Aurore en profita pour se glisser
précipitamment hors de la salle.
- Alors que faites vous ! s'exclama Severus en se posant
devant ses élèves. Cela fait un quart d'heure que je vous attend
!
Les élèves l'observèrent quelque peu perdus, persuadés
d'avoir vu la salle entièrement vide quelque minute plutôt. Mais ils n'eurent
pas le temps de se poser davantage de question, sans quoi les points de leurs
maisons auraient diminué.
Aurore se hâta jusqu'à sa salle. Au détour d'un couloir,
elle se re-matérialisa, et s'apprêta à rejoindre les élèves, qui faisaient le
pied de grue devant la salle de défense contres les forces du mal.
Mais elle fut retenue, entendant les voix des professeurs
Vector et McGonagall l'apostropher.
Aurore fit volte face, et découvrit ses deux collègues qui
venaient à sa rencontre.
- Où diable étiez vous passée ?! La questionna
Minerva. Ça fait plus d'une demie heure que nous vous cherchons partout ! Savez
vous que vos élèves vous attendent ?!
Aurore lui jeta un regard glacial.
- Du calme ! répliqua-t-elle assurément. J'ai eu un contre
temps, je suis là maintenant, ne vous énervez pas ! Je rattraperai le temps que
j'ai perdu avec ma classe.
- Nous nous inquiétions, c'est
tout. expliqua posément Kally. Severus était également
introuvable… mais quelque chose me dit qu'il n'était pas perdu !!
Le professeur d'arithmancie étouffa discrètement un fou
rire, alors que Minerva détaillait Aurore en soupirant, les traits de son
visage se crispant d'exaspération.
- Quoi ? Qu'est ce qu'il y a ?! S'enquit Aurore ne
comprenant leurs réactions.
- Vous devriez reboutonner correctement votre robe, juste
là ! Lui expliqua Kally en lui indiquant le corsage de sa robe à moitié fermé.
Sinon, j'ai peur que vos septième année ne soient plus intéressés par votre
soutien-gorge que par votre cours…
Aurore sentit son visage s'empourprer, alors qu'elle
s'apercevait qu'effectivement, dans la précipitation, elle n'avait pas du faire
bien attention en remettant sa robe, et que le décolleté que dessinait son
soutien-gorge n'était guère décent.
Minerva leva les yeux au ciel.
- Vous êtes incorrigibles ! Laissa-t-elle échapper. Si je-
- Minerva ! La coupa Aurore. Rien
n'affecte mon travail ! Je vous en prie, ne commencez pas ! Excusez moi, je
dois aller en cours !
Minerva préféra en effet se taire, quelque peu vexée.
Aurore salua ses deux collègues et sa dépêcha de rejoindre sa classe. Ces
dernières l'imitèrent bientôt.
- Vous avez vu… déclara Harry à Ron et Hermione au coin du
couloir. Le professeur Du Lac est apparue comme ça de nulle part, elle a encore
du se rendre invisible !
Ron acquiesça d'un signe de tête.
- Et alors ! s'exclama Hermione. Tu te balades constamment sous
ta cape d'invisibilité, et personne ne te dit rien !
- Oui, mais moi, je ne suis pas une Rose Noire, et je n'ai
pas fait venir d'autres sorcières psychopathes au collège ! Si ces preuves ne
suffisent pas à prouver qu'elle est louche, je ne sais pas ce qu'il te faut ! N'oublis
pas non plus qu'elle est fiancée à Rogue !
Hermione secoua la tête.
- Mais ce ne sont pas de bonnes raisons ça !
Rétorqua-t-elle. Pour l'instant, elle n'a rien fait de suspect ! Laisse la
tranquille enfin, elle est enceinte, elle va se marier, on a jamais eu de cours
mieux que les siens ! Fiche lui la paix ! D'accord, c'est une Rose Noire et
elle est fiancée à Rogue, mais ce n'est pas pour autant qu'elle est mauvaise…
- Tu fais exprès d'être aveugle ou quoi ?! S'énerva Harry
- Bon, ça va, ne commencez pas ! Intervint Ron qui
craignait que cela ne dégénère.
Hermione et Harry reprirent leur calme, non sans broncher.
- Ce n'est pas que je veuille me mettre plus d'un côté que
de l'autre mais… vous avez vu que le professeur Du Lac n'est pas venue manger ce matin ? Leur expliqua-t-il, c'est quand même
étrange qu'elle se mette à disparaître comme cela… et Rogue non plus n'était
pas là, enfin, bon ça ce n'est pas grave, tant mieux !
- Aha ! s'écria Harry en lançant
un regard triomphant à la jeune Gryffondor. Qui avait raison ?!
- Le plafond du château ne s'en est pas écroulé pour autant
! Rétorqua sèchement Hermione. On va continuer de l'observer, mais ne vous
affolez pas pour un rien !!
- J'y compte bien ! Déclara Harry. Je ne suis pas prêt à
laisser un autre de ces professeurs sortis tout droit de l'asile nous gâcher la
vie !
-
Le soir venu, les trois jeunes Gryffondor s'apprêtaient à
regagner leur salle commune, lorsqu'ils virent le professeur Rogue se diriger
en direction des cachots. Ils stoppèrent discrètement leur routes, intrigués.
Rogue semblait préoccupé, il avançait d'un pas rapide et
tendu. Ils eurent du mal à le suivre. Mais une fois arrivés en face de sa
salle, ils virent le professeur Du Lac qui attendait Rogue devant la porte.
- Que fais tu là ? S'enquit doucement Severus.
- Mais la même chose que toi voyons ! répliqua Aurore.
- Je t'ai dit que tu n'avais pas besoin de venir ce soir…
vas te reposer, c'est un ordre ! s'exclama-t-il. Tu es têtue décidément !
- Je ne vais sûrement te laisser faire ça tout seul !
S'indigna-t-elle. Je ne suis pas fatiguée !
- Aurore… soupira-t-il, je t'assure que je peux me
débrouiller seul ce soir. Tu ne dors plus depuis l'autre jour, vas te reposer.
Je t'en prie !
- Comment veux tu que je dorme…. Marmonna Aurore.
- Il faut bien, tu en as besoin ! Lui répondit il en
passant sa main délicatement sur sa joue. Ne t'inquiète pas ! Je m'occupe
de tout. Si tu veux, je peux te donner une potion pour dormir.
- Non, ça ira merci. Répliqua-t-elle en souriant doucement.
C'est d'accord, j'y vais, mais réveille moi quand tu reviendras !
- Je n'en aurais pas pour longtemps… détends toi. Je suis
désolé, les horaires de ce genre de potions sont toujours contraignants !
- Ce n'est pas grave. Tu me rejoins tout à l'heure ?
- Oui, sois tranquille !
Aurore acquiesça et embrassa Severus une dernière fois
avant de rebrousser chemin.
Elle passa rapidement et remonta vers le grand Hall, elle
ne s'aperçut même pas que Harry, Hermione et Ron l'observaient, tant elle était
soucieuse.
Ils suivirent sa course aussi discrètement que possible,
s'échangeant des regards interrogateurs.
- Aurore ! s'exclama la voix du professeur Vector à l'autre
bout du couloir.
La jeune femme alla à la rencontre de son amie.
- Je suis désolée pour ce matin, nous ne voulions pas nous
moquez de vous… j'espère que vous ne nous en voulez pas trop.
- Non, ne vous en faites pas ! J'ai l'habitude
maintenant avec Minerva… elle a toujours du mal à prendre des gants quand il
s'agit de ma relation avec Severus.
- Tant mieux, je suis soulagée ! Souffla Kally. Cela m'aurait embêté que vous soyez fâchée après
nous…
- Bien sûr que non Kally ! La rassura Aurore.
- Vous avez l'air fatiguée, vous devez faire attention
maintenant Aurore, ménagez vous. Je sais que les temps n'ont pas été très
joyeux récemment…
- C'est vrai, je ne dors pas beaucoup en ce moment…
- Vous êtes anxieuse ? Cela me parait normal… mais ne vous
inquiétez pas tout ce passera bien !
Aurore lui sourit amicalement. Elles reprirent toutes deux
leur chemins, suivies des trois Gryffondor, à l'écoute de leur conversation.
- Kally, excusez moi… il y a quelques choses qui me trotte
dans la tête, mais je ne voudrais pas vous faire de la peine avec ça ! osa Aurore
- Que ce passe-t-il ? S'enquit le professeur d'arithmancie.
Ne vous en faite pas, demandez moi ce que vous voulez !
- Et bien, c'est à propos de votre… sœur. Expliqua Aurore
d'une voix hésitante.
- Oui, et bien ? demanda Kally.
- Elle est revenue vous voir peu après Noël ? C'est bien ça
?
- Oui.
- Que m'avez-vous dit déjà, au sujet du soir où elle vous a
quitté ? Quand vous étiez au collège…
- Que voulez vous savoir là dessus ? C'était il y a si
longtemps…
- Je sais, cela doit vous semblez absurde… mais redites
moi… comment était elle habillée ? Vous m'avez dit, une robe de satin noir
assez provocante…
Kally hocha la tête.
- Oui, cette robe était splendide malgré tout, d'un noir
brillant, fendue d'un côté, et reliée en trois points
de l'autre, avec de longues, longues manches ! Ouverte aussi au niveau de
la poitrine… et cette rose… Enfin, c'était un très bel habit, mais ça n'a
aucune importance, non ?
- Non, vous avez raison ! s'exclama Aurore. Excusez moi de
vous reparler de cela.
- Ce n'est pas rien ! lui
affirma gentiment Kally.
Elles marchèrent toutes deux en silence, Aurore perdue dans
ses pensées. Elle ne voulait pas croire ce qu'elle imaginait, et pourtant….
Finalement Kally et Aurore se séparèrent regagnant chacune
leurs chambres respectives.
Les trois Gryffondor remontèrent dans leur tour également,
plus qu'intrigués par les conversations qu'ils venaient d'entendre.
- Là, je dois avouer que je suis plus que sceptique…
remarqua Ron en pénétrant dans la salle commune de Gryffondor.
- Elle prépare quelque chose… Rogue est avec elle en plus !
Déclara Harry.
- Je me demande bien ce que c'est ! C'est une potion,
c'est sûre… mais de là à savoir laquelle ! pensa tout haut Hermione.
- Tu vois que j'avais raison ! Lui lança Harry.
- Peut être que ce n'est rien de grave. Je suis d'accord,
je me pose des questions aussi à présent, mais il ne faut pas tirer de
mauvaises conclusions trop vite.
- A partir de maintenant il faut essayer de ne plus la
lâcher ! Déclara Ron. Il faut qu'on sache… on pourra se servir de la cape au
pire !
Hermione et Harry approuvèrent.
- J'espère vraiment que c'est un simple potion inoffensive…
murmura Hermione.
- Une potion bien innocente qu'ils préparent au beau milieu
de la nuit, dans le plus grand secret… ne te fais pas d'illusion
Hermione. Lui rétorqua Harry.
La jeune fille baissa la tête, cachant la déception qui
pointait dans ses yeux. Ron lui adressa un regard compatissant. Ils en
restèrent là ce soir ci, aucun n'osa parler de ses craintes, et lentement la
nuit passa, ainsi que les autres, jusqu'au soir du cinquième jour.
-
Severus entra précipitamment dans le bureau d'Aurore. Il bouscula Harry,
Hermione et Ron. C'était la fin de la journée, Aurore venait de finir son cours
avec les Gryffondor et Serpentard 5ème année.
Les trois adolescents s'attardèrent un peu près de l'entrée
de la salle, même si celle-ci s'était refermée dès que le professeur de potion
était entré. Ils n'avaient cessé d'observer leurs deux professeurs depuis le
début de la semaine, leur comportement devenant de plus en plus suspect.
- Aurore ! s'exclama Severus en arrivant à la hauteur de sa
compagne. Ça y est, je les ai ! Les sangsues de destins, je les ai trouvées !
Il ne manque plus que cela, et les dernières gouttes de notre sang, et la potion
sera fin prête !
Aurore lui sourit timidement, restant muette.
- Qu'y a-t-il ? S'étonna Severus. Ça ne va pas ? Ce sera
bientôt fini Aurore…
- Je… je sais. Répondit elle doucement.
Severus s'approcha de la jeune femme, et mit ses bras,
rassurant, autour d'elle.
- C'est bientôt fini ma douce, on sera tranquille après ça…
lui souffla-t-il à l'oreille.
- J'espère… Severus, j'ai tellement peur, ça doit être la première
fois que j'ai si peur ! Avoua-t-elle en un chuchotement. Je ressens
quelque chose de très étrange ! Je ne peux pas t'expliquer, je n'y comprend rien moi-même ! Je sens que quelque chose va
se passer ce soir. Ma Rose est ressortie encore de manière inexplicable, ses
épines me font mal. Elle ne saigne pas cependant ! Mais elle me fait souffrir,
comme si on voulait m'empêcher de le faire !
- On ne va pas reculer maintenant ! s'exclama Severus. Je comprend que tu puisse être anxieuse, je le suis aussi.
Mais, il faut qu'on le fasse, c'est toi qui en a eu l'idée la première… tu me
l'as bien dit, on peut laisser un tel fardeau sur les épaules de notre
fille !
Severus leva la tête d'Aurore vers lui, plongeant son
regard audacieux dans le sien.
La jeune femme acquiesça, ils ne pouvaient plus reculer à
présent.
- Ce soir… après le dîner, il faut qu'on le fasse ce soir !
Déclara Severus, je te conseille d'aller te reposer à présent. Je vais
t'accompagner dans ta chambre, je tiens à ce que tu reprennes des forces… et
Aurore, ne discute pas !
Aurore lui sourit, attendrie par son attention, et accepta
sans attendre.
Ils sortirent tous deux de la salle, ne prêtant même pas
attention aux trois Gryffondor qui les observaient.
- J'ai comme l'impression qu'ils vont terminer ce qu'ils
ont préparé… ça doit vraiment être important. Déclara doucement Hermione.
- Qu'est ce qui te fait dire ça ? L'interrogea Harry.
- Tu as vu comment étais le professeur Du Lac aujourd'hui,
elle paraissait anxieuse, ses gestes étaient maladroits, peu sûrs… elle ne
pensait qu'à une chose, cela la tourmentait, et ça n'était sûrement pas notre
cours !
- Rogue est venu comme une fusée ! s'exclama Ron. Ils
ne nous ont même pas vu, d'habitude, il a un radar anti
Harry Potter, ils sont vraiment ailleurs là. Hermione a raison !
- Alors il va falloir qu'on avise ce soir… si ce qu'ils
préparent est si grave que cela, on ne doit pas rester les bras croisés !
Décréta fermement Harry.
- Et que comptes tu faire ?! Les suivre avec la cape
d'invisibilité et renverser leur chaudron ?! Lui lança Hermione l'air
absolument contre.
- Ça aurait pu être une bonne idée… pensa Harry tout haut. Mais
je pensais plutôt à aller voir Dumbledore cette fois !
- On ne peut pas faire ça ! S'indigna-t-elle.
- C'est ce qu'on avait conclu Hermione ! Insista
l'adolescent. On devait aller voir Dumbledore, et lui dire tout ce qu'on savait
sur elle, si elle faisait quelque chose de louche. Et je crois que là, c'est
suffisamment clair ! Elle est dangereuse. On doit y aller !
- Tu t'emballes trop vite ! On ne sait rien de cette potion
qu'ils préparent !
- On ira après dîner ! Je ne te force pas à venir, je ne
force aucun de vous deux d'ailleurs ! Mais moi j'irais !
Harry semblait déterminé, rien de ce que Hermione et Ron ne
pouvaient dire allait le dissuader, il n'avait qu'une idée en tête depuis le
début, c'était de savoir vraiment ce que voulait le professeur Du Lac. Pour lui,
une seule personne pouvait le lui dire : Dumbledore.
-
Aurore et Severus ne s'attardèrent pas dans la grande salle ce soir là. Ils prirent le chemin des cachots aussi vite qu'ils purent, il ne fallait pas manquer l'heure…
Harry, Ron et Hermione ne parlèrent pas durant le repas. Harry ne souhait pas rentrer en conflit avec Hermione maintenant.
Un peu plus tard dans la soirée, les deux
garçons prirent le chemin du bureau de Dumbledore, laissant Hermione à la
bibliothèque. La jeune fille leur jeta un regard meurtrier avant qu'ils ne la
quittent, mais cela n'y changea rien.
Alors qu'Harry et Ron entraient dans le bureau de leur
directeur, Aurore et Severus versaient les dernières gouttes de leurs sangs
dans le chaudron. Le liquide noirâtre aux reflets rouges faisait de violentes
vagues dans le récipient.
Aurore se tenait près de Severus, le bras du sorcier
entourant ses épaules. La jeune femme sentait sa marque déchirer sa peau, et
son sang couler le long de sa jambe. Elle pressentait quelque chose. Ce soir,
elle allait devoir contrer bien plus qu'un pouvoir pour préserver sa fille.
- Tu es prête ? lui demanda
doucement Severus après avoir ajouté les sangsues de destin au mélange.
Aurore acquiesça le regard fixé sur la potion. Elle tendit
à Severus la fiole au liquide bleu métallique.
Il lui adressa un tendre regard avant de verser l'essence
de racines d'églantier au cœur du chaudron. Aussitôt un nuage de vapeur s'éleva
du chaudron. Aurore prit une grande inspiration et fit face à l'esprit qui se
dressait devant elle.
- Protéger mon enfant, voilà ton but, esprit de
l'annihilation. L'âme de la Rose qui sommeille en elle doit s'arrêter de
grandir ! Qu'elle soit une sorcière normale ! déclara
Aurore d'une seule traite.
Severus tendit une fiole devant le chaudron.
Le nuage noir sembla approuver. Puis en une fraction de
seconde, il se dirigea vers la fiole, à présent remplie de la potion
d'annihilation, dont les lueurs rougeâtres se démarquaient du noir profond du
liquide.
Aurore porta son regard sur Severus. Ce dernier dirigea ses
lèvres sur celle de la jeune femme.
- Tu vois, ce n'était pas si dur… à présent, la potion est
opérationnelle ! lui déclara-t-il d'un ton
apaisant avant d'ajouter. Il est temps !
- Retournons dans la chambre. proposa
Aurore d'une voix tremblante.
Severus acquiesça. Il confia la fiole à Aurore, et tous
deux reprirent le chemin du Grand Hall.
Les couloirs étaient déserts et plongés dans l'obscurité.
Aurore marcha blottie entre les bras de Severus, cherchant le courage qu'elle
ne trouvait pas au fond d'elle. Elle qui n'avait pas l'habitude d'éprouver la
peur, elle qui n'avait jamais manqué une seule occasion de faire face à la
mort, elle qui avait toujours fait preuve d'un prétentieux courage… Cette fois
ci, la Voleuse de sorts était terrifiée. Aussi essaya-t-elle de rassembler ses
pensées, de combattre son appréhension plus que jamais.
Ils approchaient de la chambre de la jeune femme, quand une
voix les fit s'arrêter. Severus attira Aurore tout contre lui.
- Vas jusqu'à la chambre, invisible, je t'y rejoins. Dépêche
toi ! Lui murmura-t-il. Mais attend moi pour la potion…
La jeune femme s'exécuta sans attendre.
- Severus ! L'appela à nouveaux la voix de Dumbledore.
Le professeur de potions fit demi tour, et alla à la
rencontre du directeur. Celui-ci le regardait d'un air grave.
- Oui Monsieur le Directeur ? Lui demanda Severus
respectueusement.
- Où est ma filleule, Severus ? Le questionna Albus.
- Je ne sais pas.
Dumbledore le dévisagea.
- Veuillez me suivre ! le
pria-t-il sans plus d'explication.
Severus obtempéra et accompagna le directeur jusqu'à son
bureau. Il eut la désagréable surprise de voir Harry et Ron déjà présent dans
le bureau.
Il leur jeta son habituel regard glacial au moment où il
posa les yeux sur eux. Harry et Ron frissonnèrent, ils se demandaient soudain
si cela avait été une bonne idée de tout révéler à Dumbledore. Ils semblaient
avoir occulté qu'il allait y avoir une autre personne qu'Aurore à
affronter : Rogue.
- Severus. commença Dumbledore. Je
n'irais pas par quatre chemins. Je crois que nous avons assez évité le sujet
jusqu'à maintenant.
Le professeur de potion dévisagea les deux garçons.
- Nos deux élèves ici présents se sont aperçus de quelque
chose au sujet de ma filleule…
Les yeux assassins de Severus étaient rivés
sur Harry et Ron.
- Aurore fait partie du cercle des Roses Noires. Déclara
solennellement Dumbledore. Voilà, ce que ces deux garçons ont jugé important de
m'apprendre. Ils avaient raison d'ailleurs, ce sont des choses graves qu'un
directeur d'un collège comme celui-ci mérite de savoir sur ses professeurs. Ce
que vous ignoriez Messieurs, c'est que je l'avais moi-même découvert il y a
quelque temps… je n'ai rien dit à Aurore, ni à vous Severus. J'imagine que vous
le saviez…
- Oui. Répliqua-t-il simplement.
- Elle l'a bien gardé secret depuis tout ce temps… reprit
Dumbledore. Il semblerait qu'elle ait été bien moins vigilante dernièrement,
c'est une chose grave. Je connais ce Cercle, du moins, je connais ce qu'il est
possible de savoir sur ces sorcières. Car comme vous le savez, elles agissent
dans le secret le plus totale, et l'illégalité la plus sérieuse aussi.
- Elle ne fait plus partie du Cercle ! Lâcha soudain
Severus. J'ignore également comment ces deux… élèves… ont pu être au courant de certaine chose. continua-t-il sèchement. Mais Aurore ne représente en rien
un danger !
- Je n'en doute pas Severus. lui affirma Albus. Je sais que ma filleule n'est pas mauvaise…
mais je vous crois difficilement quand vous me dites qu'elle a quitté ces
sorcières. Ces deux garçons sont venus me dire, que son comportement était
suspect en ce moment. Ils s'inquiètent, et moi aussi ! J'ai remarqué
qu'elle faisait quelque chose dans le plus grand secret. Une potion parait-il,
Severus… j'aimerais que vous me mettiez au courant des choses qui se passent
dans mon école, je vous le demande !
- Il ne s'agit pas de quelque chose de dangereux… pas pour
vous du moins.
- Que voulez vous dire ?
- Cela ne regarde que ma femme et moi, et notre enfant.
Répliqua-t-il simplement.
-
Aurore attendait dans sa chambre, immobile près de la fenêtre. Les bougies qui brûlaient dans la pièce s'éteignirent soudain. Aurore savait que c'était proche. La douleur dans sa cuisse devenait insoutenable. Pire que la potion qu'elle devait boire, elle savait qu'ils arrivaient.
Elle se dirigea vers la table où était posée
la fiole. Elle hésitait, Severus voulait qu'elle l'attende, mais bientôt il
serait trop tard !
Elle patienta quelques minutes, essayant de mettre de
l'ordre dans son esprit. Non, il était temps à présent, elle ne pouvait plus
retarder le moment.
La sorcière prit la fiole dans ses mains. Le liquide
remuait violement à l'intérieur.
Aurore inspira profondément… un instant, elle ressentit un
peu de sa force revenir en elle. Etait ce l'excitation qu'elle éprouvait à
l'idée de prendre une potion qui risquait d'être mortelle, comme ce qu'elle
ressentait lorsqu'elle était prêtresse ? Ses sensations se mélangeaient dans un
chaos angoissant, enivrant, à l'intérieur de son cœur. En un claquement de
doigt, elle changea sa robe de velours, en une somptueuse robe de satin noire,
la fente du coté gauche de la robe démarrait en haut de sa cuisse, découvrant
entièrement sa jambe. L'autre côté fendue également, était relié en trois
points, de la même manière que sur le haut des manches, longues et évasées. Sa
marque était plus que visible, sur sa peau dénudée, déchirée par les épines de
la rose noire. Aurore sentait qu'ils allaient bientôt venir, il fallait qu'elle
le fasse, avant qu'ils ne la lui prennent.
Elle porta le flacon à ses lèvres impatientes et
frémissantes. La potion s'insinua lentement à travers elle, la brûlant de
l'intérieur. Aurore en eut le souffle coupé. Elle lâcha la fiole qui alla se
briser sur le sol. Une abominable douleur lui arracha l'estomac, descendant
jusque dans son ventre, remontant jusqu'à sa tête. Aurore laissa échapper un
gémissement, elle refusait de crier, mais la souffrance était effroyable. Elle
tituba jusqu'à son lit, s'effondrant sur les draps. L'épreuve fut telle que la
jeune femme ne put retenir ses cris. Ce mal qui la saisissait au bas de son
ventre aussi violement qu'un coup de poignard. Jamais elle n'avait connu une
souffrance plus atroce. Les larmes ruisselaient le long son visage, alors
qu'elle restait pétrifiée sous la douleur, hurlant de toutes ses forces, comme
pour masquer la déchirure. Hurlant le nom de Severus, qui restait loin d'elle,
alors qu'une vielle Rose Noire s'approchait dangereusement d'elle.
- Te voilà malheureuse ! s'exclama la voix de celle-ci.
Aurore releva difficilement la tête pour reconnaître avec
horreur celle qui se tenait devant son lit.
- Câmunda… murmura-t-elle, je savais…
- Ah oui ?! Tu m'as découverte ! Mince… Moi qui pensais te
faire une surprise ! s'exclama-t-elle ironique.
- Pourquoi te tords-tu déjà de douleur ?! S'étonna la voix
d'Adnachiel qui apparut aux côtés de la vieille Rose Noire. On ne t'a encore
rien fait ?!
- Tu as remis ta robe de Rose Noire ! S'amusa Câmunda. Profite
s'en bientôt tu ne rentreras plus dedans !!
- Bientôt tu n'auras même plus rentrer dedans !! Renchérit
Adnachiel un affreux sourire sadique sur le visage.
- NE M'APPROCHEZ PAS ! leur
hurla Aurore
La vieille Rose Noire tournait dangereusement autour du
lit. Elle portait les marques de son âge. Son visage semblait déformé par la
colère et l'amertume. Elle revêtait la même robe qu'Aurore, et des colliers
d'ossements.
- C'est vrai ça… pourquoi sembles tu la proie un mal
atroce ? Et où est le père, le géniteur du pouvoir ? Comme j'aurais
aimé le voir !
- Câmunda ! L'appela soudain Adnachiel avant qu'Aurore n'ai le temps de répondre. il me
semble qu'elle ai fait quelque chose de vraiment pas bien…
- Que veux tu dire mon cher démon ? S'enquit elle
intriguée.
Adnachiel était agenouillé à l'endroit où la fiole s'était
brisée.
- Aurore, tu es vraiment égoïste ! s'exclama-t-il d'un ton
déçu. Tu as essayé d'enlever le don de ta fille ! Je n'y crois pas, c'est une potion
d'annihilation !
- Quoi ?! S'exclama Câmunda hystérique, ne me dis pas que
tu l'as bue !
- Tu ne croyais quand même pas que j'allais te laisser
venir me prendre ma fille sans rien faire, monstruosité à tête d'os !
Aurore se releva et d'un regard elle envoya la Rose Noire
s'écraser contre la bibliothèque.
Elle sentait toujours la potion agir au fond d'elle, et lui
lacérer les entrailles. Tout à coup son corps se mit à s'embraser de
l'intérieur. Aurore pleura de douleur. Adnachiel avança vers elle gardant ses
yeux fixés sur son corps.
- Je ne pense pas que tu sois en mesure de nous défiez ma
petite Voleuse ! Lui déclara-t-il en la prenant par le bras.
Aurore sentit le feu qui brûlait au fond d'elle se
relâcher. Mais la douleur était toujours présente, la potion qui agissait
prenait la majeure partie de son énergie, et elle savait bien qu'elle ne
pouvait rien contre eux deux dans ces conditions.
- Tu vas venir avec nous, n'as-tu pas envie de revenir dans
ta vieille demeure ! Ricana Câmunda en revenant à leur hauteur.
Aurore essaya par tous les moyens de se défendre, résistant
farouchement, mais la potion qui s'activait en elle, qui la tiraillait, et les
deux monstres l'empêchaient d'agir.
Câmunda murmura soudain une formule, et aussitôt elle s'envola
à travers les airs, ainsi qu'Adnachiel qui tenait fermement Aurore contre elle.
Ils disparurent au moment même où Hermione réussit à forcer la porte.
Elle arrivait trop tard. Alors qu'elle venait prévenir Aurore
de ce qu'Harry était aller avouer à Dumbledore, elle découvrit les deux démons
emmener Aurore avec eux, sans qu'elle ne puisse rien faire. La jeune fille ne
savait pas ce qui venait d'emporter son professeur, mais sans réfléchir, elle
courut aussi vite qu'un éclair jusqu'au bureau de Dumbledore.
Elle se heurta à Severus en chemin. Lui-même qui venait
chercher la jeune femme sur la demande de Dumbledore.
- Qu'est ce qui vous prend ?! Vous êtes folle ! Dit il en
saisissant la jeune fille apeurée par les épaules.
- Professeur… ils l'ont emmenée ! Articula-t-elle
difficilement.
- Quoi ?!
- Le professeur Du Lac, ils l'ont emmenée… je ne sais pas
qui ils étaient… elle criait, je n'ai rien pu faire ! Quand j'ai réussit à
entrer ils étaient partis ! Avec elle…
Le regard de Severus s'anima d'un éclair à ces mots. Sans
plus d'explication, il fila jusqu'à la chambre de sa compagne.
Il y pénétra en trombe, mais ne tomba que sur les meubles
renversés, le désordre d'une chambre vide de toute existence.
La fenêtre était brisée, tout était brisé, et son cœur
venait de se briser sur l'instant.
Severus s'avança vers le centre de la pièce, ses pensées
lui échappaient. Il n'arrivait à se reprendre. Il serra sa baguette dans la
paume de sa main, son visage crispé de courroux et de folie.
Brusquement un bruit le tira de son cauchemar, il fit volte
face au même instant et sursauta de surprise.
Un chat… juste un chat. Posé devant lui, silencieux et
mystérieux. Au étrange félin au pelage aussi noir que l'ébène, et au yeux aussi
rouge que le sang. Petit, aussi minuscule qu'un chaton.
Severus dévisagea l'animal. Tout deux s'observaient sans un
mouvement. Il ne savait pourquoi mais Severus sentait que quelque chose le
liait à ce petit chat.
Le chat s'avança soudain vers lui, Severus demeura stoïque.
La créature tourna vers lui, l'examinant, attentivement. Puis il s'avança vers
la fenêtre, et émit un petit miaulement, fixant Severus de ses yeux de sang.
Le sorcier comprit qu'il l'invitait à le suivre. Il se
dirigea alors vers lui.
- Professeur où allez vous ?! s'écria
la voix d'Hermione qui venait d'entrer dans la pièce.
Severus se retourna, il regarda son élève mais ne dit rien.
Le chat miaula de nouveau alors qu'il venait de sauter sur le rebord de la
fenêtre. Severus se dirigea de nouveau vers le chat. Bientôt ils disparurent
tous les deux, sans que Hermione n'ait le temps de comprendre quoi que ce soit.
Dumbledore, Harry et Ron apparurent soudain dans
l'embrasure de la porte.
Hermione alla à leur rencontre.
- Miss Granger… murmura Dumbledore déconcerté en voyant
l'état des lieux, avez-vous la moindre idée de ce qui s'est passé ici ?
- Pas vraiment Monsieur le directeur…
- Où sont-il passés ?! Demanda Ron tout aussi hébété.
- Je… je ne sais pas. bafouilla
Hermione abasourdie. Ils ont… disparu.
