Bon, voilà finalement, après des mois et des mois, le dernier chapitre de cette histoire. Disons, que je n'aimais pas l'autre et j'ai préféré réécrire une autre fin. Celle-ci reflète mieux ce que j'avais à l'esprit au départ, lorsque j'ai commencé à écrire Avant, il y avait

Chapitre 10

Fentz entre guillemets

La tante Georgia ne mourut pas, à la grande joie d'Harry et au grand désespoir de tous les membres de la famille Dursley. D'ailleurs, ceux-ci ne se cachèrent pas pour manifester leur mécontentement en proposant, entre autres choses, de déconnecter son respirateur afin de « mettre fin à ses souffrances ». Toutefois, ils durent s'incliner devant le refus systématique des médecins et de leurs regards horrifiés.

Comme Georgia avait « décidé » de prolonger son existence parmi eux, et qu'il était évident, suite à sa crise cardiaque, qu'elle ne pouvait plus s'occuper adéquatement d'elle-même, les Dursley se réunirent et décidèrent de tous donner un certain montant dans le but de placer leur tante « préférée » dans l'une des meilleure maison de retraite du pays. Harry pensa qu'il s'agissait d'une sorte de course, car chacun d'eux essayait d'impressionner l'autre avec le montant qu'il déposait, et ils tentaient d'en mettre un peu plus chaque fois qu'ils voyaient leur «record » surpassé.

Harry ne comprenait pas vraiment quel était le but de leur petit jeu, cependant, il ne comprenait que trop bien que tante Georgia avait failli mourir, et ce, devant ses propres yeux. Harry n'en avait rien dit à Sally, mais il se sentait coupable de ce qui était arrivé. Après tout, s'il avait vraiment voulu retourner chez son oncle et sa tante en voyant son cousin et ses amis au parc, sa tante aurait fini par capituler et les aurait suivi, lui et Sally, et toute cette histoire de bataille de boules de neige n'aurait pas eu lieu, et elle n'aurait pas fait une crise cardiaque à cause d'une activité physique trop intense, et...

La liste des « et » et des « si » était très longue.

Ils restèrent près de deux semaines à Londres, afin de régler quelques petites « affaires », comme disperser les effets personnels de tante Georgia entre les différents membres de la famille, et vendre sa maison, à la « demande » de la malade. Regarder tous ces gros derrières se disputer pour tel ou tel vase donnait la nausée à Harry. Il n'était peut-être qu'un enfant mais il savait parfaitement bien que tante Georgia n'était sûrement pas au courant que toute sa vie se trouvait à présent dans les maisons de gens qu'elle détestait.

Avant de partir, Harry, les yeux baissés sur ses chaussures, avait demandé à l'oncle Vernon s'il pouvait aller dire au revoir à tante Georgia.

« Et quoi encore? » avait-il rétorqué, « Dudley a déjà raté deux semaines d'école à cause de toute cette histoire, et je ne tolérerai pas que mon fils soit en retard sur les autres enfants une journée de plus! »

Harry se retint à grande peine de lui faire remarquer que c'était le samedi et qu'une heure ne changerait rien à la stupidité de Dudley.

C'est donc le coeur lourd que Harry retourna avec les Dursley au 4 Privet Drive.

À leur arrivé, une épaisse pile de lettres et de factures les attendait. Étrangement, l'une d'elles était adressée à Harry. Se demandant de quoi il pouvait bien s'agir, l'oncle Vernon décacheta la lettre devant son neveu et, rapidement, lu les quelques lignes qui la barbouillaient. Au bout d'une vingtaine de secondes, le gros moustachu s'esclaffa et, tout en redonnant la lettre à Harry, il dit :

« Ton amie a fichu le camp, mon garçon. Quelle surprise n'est-ce pas? »

Et il s'esclaffa de plus belle.

Harry, qui ne comprenait pas ce que voulait dire son oncle, s'asseya tranquillement sur les marches devant la porte d'entrée, et se mit à lire sa lettre.

Cher Harry,

Tu es où? Ça fait au moins deux semaines que tu es parti. Ici, je souffre de ne pas pouvoir te dire au revoir. Mes parents ont décidé de déménager : papa a reçu une augmentation, et il dit que nous allons vivre dans une grosse maison au bord de la mer et que je pourrai peut-être aller dans le meilleur collège d'Europe l'an prochain. Je m'excuse de ne pas te l'avoir dit avant, mais mes parents devaient partir très vite et ils ont décidé d'attendre la dernière minute pour me le dire. Selon eux, c'était pour mon bien. Je sais, moi aussi je trouve ça stupide.

Je vais t'écrire et je vais essayer de te téléphoner,

Ta meilleure amie,

Sally.

Les yeux pleins d'eau, Harry déchira la lettre en deux. En quatre. Puis il déchira les petits morceaux et ouvrit les paumes, laissant les adieux de Sally, sa « supposée meilleure amie », s'envoler dans le vent et reposer sur la neige étincelante.


« Donc, Sally, qui était ta meilleure amie, a déménagé plutôt précipitamment le mois dernier, c'est bien ça? Qu'as-tu ressenti lorsqu'elle est partie? » demanda le docteur Fentz, le psychologue de l'école, qu'Harry voyait toujours, à son grand désarroi.

À cette question totalement stupide, le jeune garçon haussa les épaules, l'air de dire 'je-n'en-sais-fichtre-rien-et-je-m'en-fous'. Mais bien sûr, ce n'était pas le cas, mais comme Harry ne pensait pas qu'une telle question méritait d'être répondue convenablement, il préféra garder son air désinvolte.

« Voyons Harry, tu as bien dû ressentir quelque chose, » s'avança le vieil homme barbu. « De la tristesse, de la colère, de la solitude... »

Voyant que son patient ne répondait toujours pas, et qu'il commençait même à se curer les ongles, le docteur Fentz laissa échapper un énorme soupir de frustration et d'impatience. Ce gamin ne voyait-il pas qu'il était là pour l'aider?

Jamais de toute sa carrière, le psychologue n'avait vu un tel cas de refoulement émotif. Cet enfant, qui n'avait ni parents, ni frère, ni soeur, n'avait non plus aucun ami et, selon toutes les informations que le docteur disposait, il se faisait également tabasser par son cousin et ses amis. Et pourtant, il n'avait jamais dit un mot. Enfin, aucun mot significatif sur ce qu'il vivait. Si son patient disait quelque chose, c'était dans l'unique but de dire des banalités qui n'avaient ni queue ni tête, du genre « Avez-vous remarqué que seuls les écossais peuvent porter des jupes sans se faire traiter d'homosexuels. Pourquoi, selon vous, les autres occidentaux ne peuvent-ils pas? » Et devant le silence qu'affichait le docteur face à ce genre de question saugrenue et extrêmement complexe pour un gamin de cet âge, l'enfant retournait dans son état quasi comateux.

Toutes les semaines, c'était la même routine qui se déroulait. Et toutes les semaines, le docteur Fentz se disait « c'est aujourd'hui qu'il va me parler ». Alors, ce dernier utilisait tous les stratagèmes dont il disposait pour inciter Harry à parler : sport, intimidation, école, jouet, son cousin, Sally, le temps, son oncle et sa tante, les animaux, etc. Rien. Zéro. Harry continuait de se taire avec une obstination qui frisait l'insolence.

Ce jour-là, après avoir tenté sans succès d'évoquer le cas de Sally, le psychologue opta pour sa dernière carte, celle qu'il ne voulait pas vraiment jouer, car il trouvait cela plutôt bas. Mais comme le dit le proverbe : aux grands maux, les grands moyens.

« Et si tu me parlais de tes parents, Harry? »

À cela, l'enfant arrêta de se curer les ongles et releva la tête. Il plongea son regard dans celui du psychologue.

« De mes parents? » fit Harry, en relevant un sourcils. Le gamin n'était pas dupe ; il savait ce qu'essayait de faire l'homme. Il ne tomberait pas dans le piège.

« Et bien oui, de tes parents! » dit joyeusement le docteur Fentz dont l'humeur s'était amélioré tout d'un coup. « Pourrais-tu m'en parler?»

« Ils s'appelaient James et Lily, » répondit prestement l'enfant, avant de replonger dans son silence qui lui était si coutumier.

Le docteur Fentz était frustré. Lui qui croyait avoir commencé à percer la carapace de son patient, il était déjà déçu après seulement deux minutes. Il fronça les sourcils et s'avança sur son siège, l'air avide d'en savoir plus.

« Mais encore..., » interrogea-til en s'humectant les lèvres d'un bref coup de langue. « Que faisaient-ils comme métier? Où vivaient-ils? Com... »

Mais le docteur Fentz n'eu pas le temps de finir sa question, car le miracle qu'il attendait depuis des mois se produisit. Harry parla. Et il n'attendit même pas que le psychologue finisse sa question. Non. Harry coupa la parole.

« Écoutez docteur, » dit brutalement le garçon, « mes parents s'appelaient James et Lily Potter et ils sont morts dans un accident de voiture! C'est tout ce que je sais! Si vous voulez en savoir plus, allez voir mon oncle et ma tante et posez-leur vos questions! »

Sur ce, Harry empoigna son sac qui reposait près de son fauteuil et sortit en coup de vent du bureau du psychologue.

Ce dernier resta pantois devant la réaction de son patient. Il avait l'air plutôt idiot, toujours assis sur le bord de son fauteuil, les yeux fixés à l'endroit où Harry se trouvait quelques secondes auparavant. Puis, comme si quelqu'un l'avait secoué, il se releva, attrapa son stylo et sa planchette de papiers, et entreprit d'écrire violemment tout ce qui venait de se produire, un petit sourire de satisfaction dansant sur son visage pâle.


Le docteur Fentz, Archibald de son prénom, attendait à son bureau qu'Harry Potter fasse son entrée. Le gamin était en retard, remarqua le psychologue en regardant l'horloge sur le mur, puis sa montre. Il s'abandonna sur le siège de son fauteuil et attendit plus longtemps, pianotant sur la surface de son secrétaire et dessinant de petits gribouillis insignifiants sur quelques feuilles posées non loin de là.

Finalement, il entendit la voix nasillarde de la secrétaire qui bavardait avec une autre voix, un peu plus fluette et teintée de fatigue. Archibald se redressa et ajusta le noeud de sa cravate qui s'était défaite entre temps.

On cogna faiblement à la porte.

« Entrez, » fit-il en faisant semblant d'être occupé. Il commença à écrire un véritable roman sur l'une de ses feuilles remplies de dessins.

Des cheveux incroyablement ébouriffés apparurent, suivit de magnifiques yeux émeraudes et finalement le reste du corps de l'enfant qui, selon lui, était beaucoup trop maigre comparativement à son cousin. Quoique n'importe quel enfant aurait l'être maigre à côté du jeune monsieur Dursley.

« Ah, c'est toi Harry! Sommes-nous déjà mercredi? » dit le docteur Fentz. Il n'allait quand même pas admettre qu'il l'attendant avidement depuis les sept dernières minutes.

« Oui, » répondit l'enfant en se laissant tomber sur son siège.

Le psychologue se leva et alla de l'autre côté de son bureau, où il s'asseya sur le rebord. En croisant les bras, il scruta son patient qui était assis devant lui.

« Comment vas-tu Harry? »

Un haussement d'épaules lui répondit.

Ne se laissant pas démonter, le docteur Fentz garda le sourire.

« Personnellement, je vais très bien, » continua-t-il sur le ton de la conversation. « La banque vient de m'octroyer un prêt pour m'acheter cette maison sur laquelle j'ai un oeil depuis longtemps. Tu l'as peut-être déjà vue, c'est celle en briques qui est située sur la rue McYres?»

Il attendit une réponse mais aucune ne vint. Abandonnant ce style de tactique, Archibald décida d'aller droit au but.

« Nous avons eu une discussion somme tout intéressante la semaine dernière, Harry. Désires-tu commenter ce qui s'est passé? »

« Non. »

« Non? Alors peut-être désires-tu parler de toutes les choses assez étranges que j'ai pu voir dans ton dossier, » et il prit un document vert d'où il sortit plusieurs feuilles jaunes.

« D'après ce que je peux voir ici, les cheveux de ton enseignant de l'année dernière sont devenus verts après qu'il t'ai disputé. Il semblerait aussi que tu te sois retrouvé un jour sur le toit de l'école et que tu as déclaré à tous que le vent t'avait problablement emporté jusque là... Dois-je continuer, Harry? »

Celui-ci fit signe que non.

Le docteur Fentz laissa tomber le dossier et prit sa planchette à pinces et son éternel stylo. Il commença à inscrire quelques notes lorsqu'il entendit un faible murmure.

« Quoi? Qu'as-tu dit Harry, je n'ai pas très bien entendu? »

« Je ne suis pas fou. »

Doucement, le psychologue reposa sa planchette et son stylo et il s'accroupit devant l'enfant.

« Je n'ai jamais dit que tu étais fou? Qu'est-ce qui a pu te mettre une telle idée dans la tête? » souffla le quadragénaire.

Les grands yeux verts appeurés rencontrèrent les petits yeux bruns interrogateurs. Harry se mordait la lèvre inférieure, probablement dans le but de s'empêcher de pleurer. Le docteur Fentz se retint à grande peine de le prendre dans ses bras et de lui murmurer des paroles apaisantes.

« Tout le monde le dit, » hoqueta son patient, un sanglot étranglé dans la voix. « Même Sally le disait avant. Pourquoi vous ne le diriez pas? »

Le docteur Fentz savait que les enfants pouvaient être méchants, il en avait eu la preuve à maints reprises, mais à ce moment-là, il aurait aimé que ce ne fut pas le cas. Il aurait aimé que les parents élèvent mieux leurs enfants dans ce sens; qu'ils leur parlent de la valeur que peuvent avoir les mots.

« Est-ce que c'est la raison pour laquelle tu ne voulais pas me parler, Harry? Tu croyais que je te prendrais pour un fou? » reprit le docteur.

Baissant la tête et cachant son visage derrière les mèches rebelles, le garçon fit signe que oui. Le psychologue entendit un reniflement et, prudemment, il releva l'une de ses mèches, de manière à voir les yeux d'Harry.

Quelques larmes inondaient les joues de l'enfant, allant s'écraser sur son t-shirt trop grand et troué. Ce dernier releva les yeux. Remarquant le regard du docteur sur lui, il essuyarapidement ses larmes. Gêné de s'être laissé aller, Harry se raidit et regarda durement l'autre homme.

Le docteur Fentz ne lui en tint pas rigueur : il savait qu'à cet âge, tous les petits garçons commençaient à être mal à l'aise lorsque d'autres garçons les voyaient pleurer. Il s'agissait là d'une bonne vieille règle de machisme qui perdurait toujours dans la société occidentale.

Archibald décida donc de respecter la virilité naissante d'Harry et accepta que le reste de la session se fasse dans le silence le plus absolu.


Mars arriva, et l'hiver céda enfin la place au printemps. Le docteur Fentz était toujours là, et Harry aussi. Depuis cette fameuse après-midi, Harry n'avait plus dit un mot. Chaque mercredi, il entrait, prenait place dans son fauteuil et se taisait jusqu'à ce que se termine la séance. Le psychologue avait bien essayé à quelques reprises d'entamer une conversation, mais voyant que tous ses efforts se soldaient par des échecs, il abandonna.

Un jour, la directrice, Mme Klein, vint lui dire que ses rencontres avec le psychologue allait prendre fin à la mi-avril.

« Vous ne voulez plus travailler avec moi? »

Le docteur Fentz releva la tête du rapport qu'il était en train d'écrire. Harry se tenait devant lui, les doigts entrecroisés, le regard perçant.

« Que veux-tu dire par là? »

« Mme Klein m'a dit qu'on ne se verraient plus... » dit Harry.

Le quadragénaire déposa son stylo et adopta la même posture que son patient.

« C'est vrai. » Puis, il ajouta : « Je ne croyais pas que ça t'affecterait au point que tu acceptes de me parler, » ironisa le docteur.

Harry ne répondit pas. Il continua de fixer un point dans l'espace. Croyant qu'il se réfugiait à nouveau dans son mutisme, Fentz laissa échapper un énorme soupir et se tourna vers la fenêtre qui était située juste derrière lui. Il regarda les bourgeons qui apparaissaient dans les arbres et les nombreux oiseaux qui jonchaient le sol. Il profita du silence, ponctué du léger tic-tac de l'horloge. Le docteur ferma les yeux, coupant sa vision de ce monde en renaissance, et respira profondément. Il était si fatigué.

« Parle-moi Harry, » murmura-t-il.

Il l'entendit derrière lui qui bougeait doucement. Archibald sentit le déplacement de l'air et un léger picotement lui parcourut le bras. Lentement, il ouvrit les yeux et vit Harry, debout à côté de lui, une main sur la fenêtre et les yeux perdus dans le paysage qui s'ouvrait devant eux.

« Je..., » Harry fit une pause et éloigna son regard de la fenêtre pour le poser sur sa main qui était restée devant lui, « ...je n'sais pas de quoi ont l'air mes parents, » s'étrangla-t-il.

« Tu n'as jamais vu une photographie d'eux? » s'avança l'autre homme.

Le gamin fit signe que non.

Le docteur ne sut quoi dire. Si cet enfant avait vécu dans un orphelinat, il aurait compris qu'il n'ait jamais vu de photo, mais Harry vivait avec la soeur de sa mère et son mari.

Fentz ne savait plus quoi faire. Pendant des mois, il avait espéré qu'Harry s'ouvre à lui, et maintenant qu'il l'avait fait, il était totalement désemparé. L'enfant lui lançait un appel au secours, et il ne savait que faire.

Les yeux bruns du psychologue se posèrent sur la petite silhouettre frêle du petit garçon près de lui. D'un coup d'oeil, il regarda ses vêtements trop grands et usés jusqu'à la corde, ses lunettes rafistolées avec du ruban adhésif, ses chaussures dont les semelles baillaient et les nombreuses contusions qui ornaient ses bras. Tout l'être d'Harry criait « abus » et pourtant, lui, un docteur en psychologie, n'avait rien vu. Il était décidément l'homme le plus aveugle au monde!

Mais comment aurait-il pu penser cela des Dursley? Il connaissait Vernon et Pétunia depuis de nombreuses années et les avait toujours trouvé normaux. Parfois un peu hypocrites, mais quelle personne ne l'était pas? De plus, il les avait déjà vu avec leur fils Dudley, et jamais il n'avait vu parents plus aimants que ces deux-là. Alors, pourquoi n'avaient-il pas transmis ce même amour à leur neveu?

Mercredi passa, Harry quitta, mais les questions continuèrent d'affluer dans l'esprit du docteur Fentz.

Lorsqu'arriva vendredi, Archibald prit son courage à deux mains et alla demander l'avis d'une de ses collègues, une psychologe hautement réputée pour son jugement, et lui rapporta le cas d'Harry Potter.

« Voyons, Archibald, c'est évident qu'il ment! » s'exclama-t-elle en riant. « Cet enfant possède ce que Dreikhurs appelle un faux-but d'attention. Il vous manipule, et vous, vous tombez dans le piège. C'est ce qu'il veut. Il veut que vous le preniez en pitié ; que vous passiez un nombre incalculable de temps avec lui. Mon pauvre Archibald, vous vous être fait avoir! » puis elle se mit à rire de nouveau en lui tapotant la joue d'une façon qui enragea le docteur Fentz.

Le psychologue ne savait pas qui ou quoi croire. Il était totalement perdu. Il ne voulait pas alerter les services sociaux, car si Harry avait mentit, l'école et lui-même auraient beaucoup de problèmes. D'un autre côté, si le gamin disait la vérité, il ne voulait pas s'en vouloir jusqu'à la mort si jamais il fugait ou pire encore, se suicidait.

Le docteur Fentz fit donc la seule chose qui pouvait faire dans ce cas : il adopta le statut quo. Il n'alerta pas les services sociaux, mais décida tout de même de garder un oeil, et même les deux, sur Harry. Au moindre signe qui lui prouverait que les Durlsey abusait véritablement du garçon, il bondirait aussitôt à la resousse du petit.

Les jours passèrent, puis les mois. Archibald ne recevait plus Harry dans son bureau tous les mercredi. À sa place, il y avait Ann Vecter, une petite fille dont le grand frère venait de perdre la vie dans un accident de la route. Contrairement à son prédécesseur qui ne voulait pas parler, Ann n'arrêtait jamais. Elle pleurait sans arrêt, et évoquait en riant les mauvais coups qu'elle avait pu faire avec son frère. Le docteur Fentz trouvait fascinant la nature humaine qui trouvait toujours le moyen de rire, même dans les situations les plus tristes.

Lorsque Ann quitta pour se rendre à la récréation, le psychologue regarda la cour d'école du haut de sa fenêtre. Il pouvait apercevoir la fillette qui s'amusait avec ses amis, son sourire contrastant avec son regard perdu. Puis, les yeux du docteur la quittèrent pour se poser sur un autre enfant, qui se tenait en retrait. Fentz avait l'impression qu'il se cachait des autres, et c'était probablement le cas. D'autres enfants s'approchèrent du petit être et lui dirent quelque chose. Harry se tassa encore plus sur lui-même, tentant désespéremment de se fondre dans l'ombre que projetait les hauts murs de l'école. En voyant la réaction qu'ils venaient de provoquer, les autres s'esclaffèrent et continuèrent leur chemin, regardant parfois derrière eux pour pouffer de rire à nouveau.

Le docteur Fentz se détourna de ce spectacle. Il s'affala sur son fauteuil, ouvrit son dernier tiroir et en sortit une petite bouteille de vodka. En buvant, sa main gauche trouva la petite croix qu'il portait au cou. Il la ramena vers sa bouche et l'embrassa avant de prendre une autre gorgée de son alcool.

Archibald ne pouvait pas faire grand-chose pour ses enfants : il n'était qu'un simple psychologue d'école. Ce qu'il pouvait faire de mieux pour eux, c'était prier, et ça, il le faisait. Tous les jours. Religieusement.

Il le ferait toute sa vie.


Harry dormait dans son placard. Tout était calme et silencieux dans la maison. Soudain, un énorme bruit leréveilla. On aurait dit une moto qui pétaradait.

Rapidement, le petit garçon se leva et se rendit compte avec étonnement qu'il était déjà habillé. Haussant les épaules, il se précipita hors de son placard...

Pour se retrouver dans le parc.

Mme Figg était là et lui dit : « Tu devrais venir chez moi, Harry. J'ai reçu des nouvelles photographies de ma nièce, tu sais, celle qui n'a pas fait l'école... »

Harry allait rétorquer qu'il en avait rien à faire de la nièce de Mme Figg, quand le son se fit encore entendre et il leva la tête. Là, dans le ciel, il y avait une moto qui volait, et à son bord, il y avait...

« Allez, debout! Immédiatement! »

Harry se réveilla en sursaut. Sa tante tambourina à la porte.

« Vite, debout! » hurla-t-elle de sa voix suraigüe.

Harry l'entendit s'éloigner vers la cuisine et poser une poële sur la cuisinière. Il se tourna sur le dos et essaya de se rappeler le rêve qu'il était en train de faire. C'était un beau rêve, avec une moto qui volait, et il eut l'étrange impression d'avoir déjà fait le même rêve auparavant.

Sa tante était revenue derrière la porte.

« Ça y est? Tu es levé? » demanda-t-elle.

« Presque, » répondit Harry.

« Allez, dépêche-toi, je veux que tu surveilles le bacon. Ne le laisse surtout pas brûler. Tout doit être absolument parfait le jour de l'anniversaire de Dudley. »

Harry émit un grognement.

« Qu'est-ce que tu dis? » glapit sa tante derrière la porte.

« Rien, rien... »

L'anniversaire de Dudley! Comment avait-il pu (encore) l'oublier?


Vous connaissez la suite...

À bientôt peut-être,

Nick-avec-une-tête