Attention : ce chapitre a été modifié et contient des SPOILERS du 6ième Harry Potter.

Chapitre 3 : La coutume du « Et ils vécurent heureux… »

Dans le chapitre précédent :

"Voilà Harry, as-tu jamais lu de contes de fées ?"

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"De contes de fées ? Mais de quoi tu parles, Hermione ? Tu es sure de ne pas avoir été touchée lors de la dernière bataille ?" s'inquiéta Harry.

"Oui, je suis sure. Harry, c'est très sérieux ; il faut que tu comprennes que le virti praemium est une coutume est très ancienne. Elle date d'avant le Moyen Age. En fait, il est impossible de se remémorer les premières manifestations du virti praemium. La première décrite est celle concernant Phoebus Ravencroft avec Mélusine Malfoy en 1201…"

"Attends, je ne te suis pas… Quel est le rapport avec les contes de fées ?" Harry demanda, plutôt confus.

"Je vais trop vite, pardonne-moi… Je suis moi-même un peu secouée. Bon, reprenons." dit-elle en passant au ton qu'elle prenait toujours quand elle voulait expliquer quelque chose de complexe à ses deux amis, "Cette coutume a deux noms. Virti praemium, qui signifie récompense du courage, et beatum conjugium pro perpetuae qui veut dire union heureuse pour l'éternité. Cette tradition est issue purement du monde des sorciers. Elle n'a jamais existé chez les moldus, mais ces derniers en ont eue des échos qu'ils ont déformés pour en tirer des histoires : les contes de fées. Cette coutume orale est à l'origine de plusieurs contes moldus comme le Petit Tailleur ou les Trois Cheveux d'Or du Diable. En résumé, ces contes sont une déformation de la pratique bien réelle du virti praemium. Selon cette tradition, lorsqu'un sorcier était l'auteur d'acte d'une bravoure extrême préservant la vie de nombreuses personnes, comme par exemple le sauvetage d'un royaume d'un quelconque fléau, il se voyait alors accorder la main en mariage de la jeune personne de son choix. Auparavant, c'était le plus souvent la fille du seigneur du royaume sauvé."

Harry avait l'air perplexe.

"Si je comprend bien, cette coutume permettait à un type ayant fait un acte de bravoure de pouvoir épouser la fille de son choix… Je ne vois pas quel est le rapport avec moi… Je n'aie fait aucun acte de bravoure, à part battre Voldemort quand j'avais un an, et encore, c'était grâce à ma mère."

Hermione secoua la tête, désolée de voir que son ami avait si peu d'estime de soi. Des actes de bravoure, il n'avait fait que ça depuis son entrée à Hogwarts.

"Non Harry, il ne s'agit pas de toi… Enfin si, mais pas comme ça. Il faut d'abord que tu saches que cette coutume a disparue il y a très longtemps. Elle a même été interdite. Il n'y a que douze cas évoqués dans l'histoire, mais on suppose que plus ont eu lieu. La pratique s'est définitivement éteinte en 1511, car elle était considérée comme trop archaïque et trop contraignante pour les jeunes personnes choisies par les héros. En fait, ce n'est pas la vraie raison. C'était un prétexte pour les seigneurs afin de pouvoir arrêter de devoir léguer leurs terres et leur argent à des sangs impurs. Cette tradition n'a été ranimée qu'à la demande de Snape et du fait du caractère exceptionnel de son acte de bravoure."

Harry hocha la tête.

"Tuer Voldemort, c'est clair que c'est exceptionnel… Mais je ne vois toujours pas ce que je viens faire là-dedans."

"Harry, Snape a demandé le virti praemium et la jeune personne de son choix pour le mariage… C'est toi."

"QUOI ! Mais c'est impossible ! Je suis un homme !"

"Harry," intervint Ron, "cette tradition est orale et il n'y a aucune mention du sexe de la 'jeune personne' choisie. Il est juste dit 'la personne de sa préférence'"

"Mais c'est Snape ! Pourquoi a-t-il voulu le virti machin truc et pourquoi m'a-t-il choisi moi !"

Hermione avait l'air désemparée et se tordait les mains de détresse. Ron gardait les lèvres serrées et était blanc comme un linge. Devant la fureur de leur ami, aucun des deux n'osait prononcer un mot, de peur qu'il soit mal interprété et qu'il accroisse encore plus sa colère.

Harry tenta de se calmer. Il respira lentement puis soupira.

"Bon, dites-moi au moins quelles sont les solutions pour me sortir de ce guêpier."

Ron et Hermione évitèrent tous deux son regard et les larmes vinrent à nouveau gonfler les yeux d'Hermione. Harry sentit son cœur se glacer dans sa poitrine et la panique se diffuser dans ses veines.

"Hermione." prévint-il d'un ton faussement calme, "Dis-moi."

"Cette coutume est réellement très archaïque, Harry… Elle ne laisse aucune voix au chapitre à la personne choisie qui, quelque soit son sexe, prend immédiatement le rôle de la femme soumise et docile. La personne choisie ne peut tout simplement pas refuser l'union, tout comme les femmes autrefois ne pouvaient pas refuser l'époux choisi par leurs parents. Elle ne peut rien dire et doit obéir d'abord à son tuteur en ce qui concerne l'ordre de se marier, puis à son mari une fois le mariage célébré."

"Mais ça, c'était au Moyen Age !" s'exclama Harry, qui voyait les filets se refermer sur lui. "Moi je suis un homme du 20ième siècle ! Je peux désobéir si l'ordre me parait injuste et injustifié… Et il l'est !"

Hermione secoua tristement la tête.

"Non, tu ne peux pas. Cette coutume est très puissante, c'est d'ailleurs une autre des raisons qui ont conduites à son abandon. Une fois enclenché, le virti praemium crée un fort courant magique similaire à un petit Imperio. Une fois mis en route, tu ne pourras désobéir ni à ton tuteur, c'est-à-dire Scrimgeour dans ton cas, ni ensuite à ton époux, c'est-à-dire Snape, car une énergie magique t'y forcera. Cette énergie est à la fois plus forte que l'Imperio, puisque personne ne peut y résister, et à la fois plus faible puisqu'elle ne contrôle que les actions des protagonistes et non leurs sentiments ou leurs émotions."

"Pourquoi n'influence-t-elle pas les émotions ?"

"Les créateurs de la coutume ont sans doute jugé que les sentiments de la jeune personne n'avaient strictement aucune importance. Tant qu'elle obéit et récompense le héros…"

"Récompense ?" répéta Harry, horrifié, "Qu'est-ce que tu entend par là ?"

Hermione eut l'air gêné.

"Et bien, tout d'abord la jeune personne apporte sa dote et parfois des terres quand elle est d'ascendance noble. Et sinon, il y a les devoirs de l'épouse… les devoirs…sexuels…"

Harry blêmit.

"HORS DE QUESTION ! Je ne vais pas me laisser tripoter par Snape et je ne vais pas faire cette stupide tradition ! Il y a bien une échappatoire !"

"Il y en a une théoriquement." murmura Ron, les yeux baissés sur ses mains qui tenaient fermement la couverture. "Mais elle ne peut pas t'aider."

"Qu'est-ce que tu en sais ! Dis-moi plutôt !"

Ron tourna la tête vers son ami. Il était secoué de tremblements.

"La jeune personne ne peut pas refuser le virti praemium, comme Hermione te l'a dit. Mais le chef de famille le peut. Il s'agit le plus souvent du père, mais ça peut être également le frère ou l'oncle. Et encore, je dis refuser, mais en fait il ne peut qu'ajouter des épreuves supplémentaires –trois au maximum– que le héros doit accomplir pour avoir la main de la personne choisie. S'il y parvient, le chef de famille ne peut rien faire, et le héros épouse la personne. S'il échoue, alors le virti praemium s'annule. C'est la seule échappatoire possible. Mais… Toi, tu n'as plus de père pour s'opposer à la demande du héros…On ne peut donc rien faire. Oh si seulement j'avais plus insisté pour que tu soit adopté par mes parents ! Tout est de ma faute !"

Harry ne réagit pas à la dernière remarque. Il était tétanisé et pale comme la mort. Mais à l'intérieur, c'était le chaos, le désordre le plus total. Ses pensées allaient à cent à l'heure dans tous les sens, de même que son rythme cardiaque. Ses paumes de mains étaient devenues moites et sa respiration était hachée, difficile.

Piégé. Il était piégé. Une sensation proche de la claustrophobie s'était emparée de lui et il avait l'impression qu'une porte de prison se refermait sur lui. Et Ginny ? Comment allait-il lui annoncer ça ? Elle qui était venue le voir la veille pour reprendre leur relation interrompue à la fin de sa sixième année…

Il tenta de remettre de l'ordre dans ses pensées, sans succès.

"Autre chose que je devrais savoir ?" parvint-il à demander d'une voix étranglée.

Hermione sembla hésiter. Elle s'était rapprochée de Ron pour le prendre dans ses bras après que ce dernier se soit effondré sous le poids d'une hypothétique responsabilité.

"Eh bien… Le mariage doit être célébré en grande pompe, et le sort interdit à la jeune personne de dire 'non' devant l'autel. La fidélité est obligatoire. Il est impossible d'avoir un amant ou une maîtresse… pour les deux époux" s'empressa-t-elle d'ajouter. "Le divorce est également impossible… jamais. Le héros dispose de tous les biens de son conjoint et…et… la jeune personne est dans l'obligation d'avoir au moins un enfant."

"Mais je suis un homme…" fit Harry avec lassitude et sans conviction.

"Harry, les sorciers peuvent porter des enfants s'ils prennent une potion." intervint Ron.

"Je m'en doutais…" soupira Harry. Il s'assit et mis sa tête entre ses mains.

"Il fallait que la situation empire encore. Comme si épouser Snape ne suffisait pas, il va falloir que je lui porte ses enfants."

Il eu un frisson de dégoût.

"Rien qu'à l'idée d'avoir ses mains sur moi, j'en ai des haut-le-cœur, alors imaginer porter ses enfants…"

Harry se redressa soudainement, les yeux brillants de colère.

"Non ! Je ne me laisserai pas faire ! Le monde des sorciers n'a jamais rien fait pour moi, alors pourquoi je devrais suivre une de leurs coutumes stupides qui a plus de cinq siècles et surtout avec Snape, ce meurtrier !"

"Harry…" commença Hermione, tentant de le calmer.

"Non !" répéta-t-il avec force. "Pendant toutes ces années, j'ai accepté de me battre, de me préparer sans relâche au combat afin de débarrasser le monde de Voldemort. J'ai sacrifié mon enfance et mon adolescence à cette tâche alors que j'aurais dû en profiter et faire toutes les choses que les autres font à cet âge, alors il n'est pas question que je sacrifie en plus le reste de mon existence. Bon sang ! Je me suis battu pour ma liberté ! C'est ce qui m'a permis de tenir toutes ces privations pendant tout ce temps. Le fait de me dire et de me répéter qu'une fois la guerre finie, qu'une fois Voldemort mort, je pourrais enfin mener ma vie comme je l'entend et avec qui je l'entend m'a permis de tout supporter. Et là, on m'annonce que parce qu'un cinglé lubrique le veut on me retire les seules choses que j'ai vraiment souhaitées : ma liberté et la possibilité d'avoir une famille normale."

Il se rassit puis se leva à nouveau. La colère était toujours là, mais plus faible, la panique et le désespoir gagnant du terrain.

"Je n'ai même pas eu une semaine de liberté, mais ça été suffisant pour m'en donner le goût… J'avais des projets, des rêves… Une vie tranquille, loin des feux des projecteurs, avec Ginny et nos enfants… Et tout ça serait gâché et je ne sais même pas pourquoi. Pourquoi Snape a-t-il fait ça ! Qu'est-ce qui lui ait passé par la tête ? Il me déteste tellement qu'il est prêt à me supporter toute sa vie rien que pour pouvoir me voir malheureux, misérable et humilié ou quoi ?"

"Peut-être qu'il se sent simplement seul…" hasarda Hermione d'une toute petite voix, ne souhaitant pas enrager Harry encore plus par son intervention.

"Dans ce cas pourquoi moi ! Il m'a toujours détesté, il ne s'en est jamais caché !"

Il n'y avait bien sûr pas de réponses à cette question. Personne ne pouvait savoir ce qui se passait dans la tête de Snape, à part lui bien sûr et peut-être le professeur Dumbledore, qui ne pouvait malheureusement plus les aider.

"Pourquoi, pourquoi, pourquoi, pourquoi, pourquoi…" Harry répétait inlassablement en faisant les cents pas. Il était au bord de l'hystérie, il avait la nausée et tremblait de tous ses membres.

Harry passa sa main dans ses cheveux et tenta de retrouver ses esprits.

"Il ne me reste plus qu'à partir" conclut-il dans le silence qui s'était installé entre les trois amis. "Je quitte ce monde pour retourner chez les moldus me cacher. S'ils ne me trouvent pas, ils ne pourront pas me forcer à épouser Snape dans ce rituel ridicule, n'est ce pas ?"

"J'ai bien peur que cela ne vous soit pas permis, M. Potter." fit une voix à l'entrée de l'infirmerie.

Trois têtes se tournèrent pour voir… (suspens…) un groupe de cinq hommes habillés de bas de soie et de culottes bouffantes à crevées, de chemises blanches à jabot et avec sur la tête de ridicules chapeaux garnis de rubans et de plumes. Le tout était de couleur blanche et bleu ciel.

Malgré le sérieux de la situation, dramatique au demeurant, Ron ne put retenir un éclat de rire nerveux. Ils étaient vraiment ridicules…

Celui qui avait parlé, un grand blond aux yeux bleus, le fusilla du regard.

"Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle." dit-il d'un ton glacial, "Ceci est la tenue officielle des messagers du virti praemium. J'aurais pensé qu'un sang pur comme vous le sauriez. Notre mission est noble et ne mérite pas vos moqueries déplacées."

Il se tourna ensuite vers Harry.

"M. Potter, si vous voulez bien me suivre et cette fois sans faire d'histoires…"

Les quatre autres derrière lui sortirent leurs baguettes et se tendirent, prêts à intervenir.

"Vous suivre où d'abord ?" répliqua Harry d'un ton défiant.

"Vous serez d'abord conduit à un institut spécial où vous serez préparé pour votre mariage. Ensuite, nous vous amènerons au lieu du mariage proprement dit. Gloire au héros Severus Snape et puisse sa progéniture être nombreuse !" s'exclama-t-il enfin.

"Gloire à Severus Snape !" répétèrent en chœur les quatre messagers restant.

"Vous êtes totalement cinglés ! Il n'est pas question que je vous suive où que se soit, bande de fanatiques ! Et il n'est pas question que j'épouse Snape ! Plutôt mourir !"

Il sortit sa baguette, de même que Ron et Hermione, cette dernière se plaçant entre Harry et les cinq hurluberlus.

Les visages des cinq hommes se durcirent immédiatement.

"Vous n'avez pas le choix. Vous avez été choisi pour le virti praemium, vous devez récompenser le héros Severus Snape. Ce que vous voulez ou ce que vous ressentez n'a aucune importance. Vous n'avez pas le choix."

"C'est ce qu'on verra !"

Et avec ça, Harry se jeta de la fenêtre de l'infirmerie sous les yeux médusés des messagers et ceux horrifiés de ses deux amis.

"Harry noooonnn !" hurla Hermione.

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Tandis qu'il tombait, Harry dû vite faire un choix. Il pouvait se laisser tomber et ainsi la mort le débarrasserait définitivement de la menace de Snape ou il pouvait appeler son balai et partir en errance, comme l'avait fait Sirius, pour le restant de ses jours. Le choix fut rapide.

"Accio Eclair de feu !" hurla-t-il dans le vent qui sifflait à ses oreilles.

Il ne s'était pas battu toutes ces années pour se laisser mourir bêtement ensuite. Il avait trop lutté pour avoir sa vie et sa liberté. Même s'il devait se cacher et fuir pour le restant de ses jours, cela en valait la peine. Le balai enfin en main, il amorça sa remonté. C'est alors qu'une sorte de bulle lui tomba dessus et l'engloba tout entier. Il essaya de sortie en accélérant son balai, mais il n'y eut aucun effet. C'était comme s'il était coincé dans de la mélasse épaisse. Tous ses mouvements étaient ralentis au point d'être presque immobiles. La bulle toucha alors avec la légèreté d'une plume le sol de Hogwarts. Au bout de plusieurs minutes qui parurent une éternité à Harry, les cinq messagers en tenues ridicules arrivèrent. Le leader mit la main dans la bulle et prit sans difficultés ou ralentissement la baguette et le balai des mains de Harry.

"Maintenant M. Potter, veuillez nous suivre sans vous agiter, où je serai dans l'obligation de vous jetez un sort d'immobilisme et cela ne serait pas vraiment confortable pour vous. De toute façon, vous ne pourrez pas vous échapper."

Une fois libéré, Harry tenta de suite de se jeter à la gorge du leader, mais il fut arrêté par les autres.

"Vous ne vous en tirerez pas comme ça !" cracha Harry. "Mes amis ne vont pas vous laisser faire ! Ils vont me sauver !"

"J'en doute fort. L'un d'eux est blessé et l'autre vient de subir un sort de sommeil très puissant." Il eut un sourire carnassier. "Mais ne vous en faites pas, je suis sure qu'elle sera réveillée pour la cérémonie."

"Enfoiré !"

"Allons, allons… Ce n'est pas un langage pour la mariée. Vous avez décidemment toutes les chances, Potter. Vous vous cachez derrière votre professeur pour éviter le sal boulot et il ne vous en tient pas rigueur… Mieux, il vous épouse."

"Ce n'est pas une chance, c'est une punition !" dit Harry, qui tentait toujours de se libérer.

"Possible… C'est bien le genre de ce vieux gredin de Snape… Ce qu'il m'en a fait baver à Hogwarts ! J'ai toujours pensé qu'il avait vraiment besoin de tirer son coup… On dirait que le problème va être résolu les gars !"

Les quatre autres rirent grassement.

"Allez, emmenez-le se pomponner et se faire belle."

Avec un dernier ricanement moqueur et méprisant, il sortit un portoloin et tous disparurent de Hogwarts.

A suivre…

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Et encore un chapitre modifié, un ! Presque pas de changement cette fois-ci, seulement quelques petites allusions à la relation Harry/Ginny.