Attention : ce chapitre a été modifié et contient des SPOILERS du 6ième Harry Potter.
Chapitre 4 : Le mariage
Dans le chapitre précédent :
"Allez, emmenez-le se pomponner et se faire belle" Avec un dernier ricanement moqueur et méprisant, il sortit un portoloin et tous disparurent de Hogwarts.
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Harry dû se laisser faire. Le portoloin les conduisit à un vaste établissement situé au cœur d'un petit village propret. Le bâtiment ressemblait à une sorte de bain public comme on en voit dans les villes thermales. Les cinq hommes amenèrent Harry à l'intérieur, où il fut confié aux bons soins de plusieurs femmes. Certaines étaient d'une grande beauté et avaient l'air douces et fragiles. D'autres en revanche semblaient vouloir rivaliser en taille et en poids avec Madame Maxime et le regardaient d'un air méfiant, la baguette fermement en main.
"Harry Potter" fit une des gracieuses jeunes filles d'une voix vibrante et musicale. "C'est un honneur pour nous que de vous accueillir ici et de vous préparer à votre mariage. Avoir été choisi par Celui Qui A Ramené La Paix, quelle chance ! Toutes ici nous vous envions et allons faire tout notre possible pour que vous soyez parfait pour de la cérémonie… et la nuit de noce." ajouta-t-elle avec un clin d'œil complice, tandis que ses compagnes gloussaient comme des gourdes.
Harry était écoeuré et préféra ne rien dire, de peur d'exploser à nouveau. Se faire remettre en place par une de ces grosses vaches ne le tentait pas vraiment. Il resta donc figé, le regard dans le vague pour ne pas avoir à regarder une des filles et tentant, en vain, d'étouffer les vagues de panique et de colère qui menaçaient de le submerger.
"Oh vous devez être nerveux ! C'est normal après tout, tout va si vite ! Et le mariage qui a lieu cet après-midi, on voit bien que notre héros n'en peut plus d'attendre son fiancé. Par Merlin ! Nous ne sommes pas en avance ! Vite les filles, au boulot !"
Les jeunes filles, qui étaient derrière Harry à chuchoter et à rire bêtement entre elles, s'afférèrent soudain comme un essaim de papillons affolés et la jeune fille qui l'avait accueillit lançait des ordres que Harry, dans son état, avait bien du mal à distinguer. Il perçut tout de même un « Et n'oubliez pas, tout doit être fait selon la tradition. »
Pour éviter de se laisser gagner totalement par la panique et pour éviter la folie qui semblait s'emparer de lui, Harry voulut se concentrer sur cette idée. Cette stupide tradition s'occupait donc aussi des détails pratiques comme la toilette de la victime ?
La jeune fille interrompit ses pensées.
"Harry ? Je peux vous appeler Harry n'est ce pas ? Vu que vous allez devenir Harry Snape dans quelques heures, ça ne sert à rien de vous appeler M. Potter. Ouh ! Quelle excitation ! J'adore les mariages !"
Harry la fixa comme si elle était folle… Et avec ce ton extatique, approchant l'hystérie, c'est vrai qu'on pouvait s'y méprendre.
"Euh… oui bon… Où en étais-je ? Ah oui ! Il faut que je prenne vos mesures. Vous savez, pour votre robe de marié. Oh quelle excitation ! J'adore les mariages !"
Cette fois, Harry en était sûr, elle était folle.
"Allez mon chou –je peux vous appeler mon chou n'est ce pas ?– soulevez vos bras et laissez faire notre mètre magique."
Alors qu'Harry obéissait de mauvaise grâce, la jeune fille –qui disait s'appeler Aria– ne cessa de parler, de papoter, de babiller sur tout et rien, au point que Harry souhaita bientôt l'étrangler.
"Voilà, c'est fait mon chou. Maintenant, enlevons ces grosses lunettes affreuses. Voooiiiillllààà, ça y est ! C'est dommage qu'on ne puisse pas corriger cette myopie magiquement maintenant. Eh oui mon chou ! Une fois la myopie stabilisée, il est possible de corriger la vue magiquement. Mais vous êtes encore trop jeune… Il va falloir se contenter de lentilles." Elle soupira. "Enfin, c'est mieux que rien…"
Harry commençait à en avoir raz le bol de cette petite dinde. Il avait envie de lui hurler qu'il n'en avait rien à faire de paraître beau pour son mariage parce qu'il n'avait pas du tout envie d'épouser Snape ! Bon sang, mais allait-elle se taire à la fin !
"Allez allez ! Ne restez pas planté là, le regard dans le vague. Oust, au bain !"
"Au bain ?"
"Mais oui ! Tout doit être parfait pour la cérémonie. Nous avons tous les laits de corps et les parfums prescrits par la tradition, alors pas de soucis !"
Harry se dit qu'il avait l'impression d'entendre sa tante Pétunia les jours anniversaires de Dudley.
Il fut ensuite conduit à un large bassin où plusieurs femmes l'attendaient munies de nombreux flacons.
"Otez vos vêtement s'il vous plait mon chou. Oh pas la peine d'être timide ! On en a vu d'autres ici !" Elle fit un clin d'œil à ses compagnes qui se mirent de nouveaux à glousser comme des idiotes.
Lorsque Harry ne bougeait toujours pas, les lèvres pincées, l'air obstiné et bien décidé à être le plus difficile possible, Aria soupira, claqua des doigts et immédiatement deux équivalents de Madame Maxime apparurent à ses côtés. Elles se mirent à déshabiller rudement Harry tandis que ce dernier tentait de se débattre. Mais entre ces deux colosses, c'était impossible. Il se retrouva bientôt nu comme un ver et dans l'eau tiède du bassin, heureusement suffisamment couvert de mousse pour sauvegarder sa modestie.
"Oh par Merlin ! J'aillais oublier !" s'exclama Aria en se frappant le front de la main.
Elle sortit d'une commode placée au fond de la pièce d'eau un petit flacon de couleur violette et se dirigea vers Harry qui venait de sortir la tête de l'eau.
"Qu'est ce que c'est ?" demanda-t-il en écartant ses cheveux mouillés de son visage.
"Votre fiancé insiste pour que tous les aspects du virti praemium soient respectés ; selon la tradition… Et bien au Moyen Age, les femmes et certains hommes portaient les cheveux longs. Celui Qui A Terrassé Les Ténèbres a insisté pour que vous ayez les cheveux longs pour la cérémonie. Cette potion va donc vous rallonger les cheveux jusqu'à la longueur jugée la plus séduisante. Mais ne vous en faites pas, ce n'est que temporaire et en plus la potion a été faite par votre fiancé lui-même, alors vous pouvez être sûr de sa qualité."
"Jamais je boirai ce truc là !" hoqueta Harry en s'éloignant précipitamment du bord où se trouvait Aria.
"D'ailleurs, il est hors de question que j'épouse ce connard de Snape ! Trouvez-vous quelqu'un d'autre pour cette comédie grotesque !"
Le visage d'Aria s'assombrit aussitôt à ses paroles et pendant une minute Harry eut l'affreuse impression qu'elle allait éclater en sanglots. Finalement ses traits reprirent leur aspect normal avec un soupçon de contrariété en plus et elle claqua des doigts avec un soupir las et résigné. Instantanément les deux grosses baleines refirent leur apparition et maintinrent Harry, chacune par un bras. Malgré ses tentatives pour s'échapper, Harry fut ramené près du bord où Aria força la potion à ses lèvres, murmurant un sort et agitant sa baguette pour l'obliger à avaler.
Cela fait, les deux colosses partirent et Harry sentit une étrange sensation. Des picotements lui parcoururent tout le corps pour se fixer au niveau du cuir chevelu. Il s'écoula quelques secondes, puis ses cheveux se mirent à pousser. Harry était horrifié. Il ressentait à peu près la même chose que quand sa tante lui avait coupé les cheveux très courts en ne laissant qu'une frange pour cacher sa cicatrice. Finalement, les cheveux ne cessèrent de pousser qu'après avoir dépassés ses fesses. Il était à présent doté d'une épaisse crinière d'ébène qui ruisselait sur son dos comme les vagues sur la plage.
"Excellent !" s'exclama Aria en battent des mains. "Maintenant, c'est parti pour un nettoyage complet !"
Et pendant les heures qui suivirent, Harry dû s'enduire le corps et les cheveux de toutes sortes de lotions parfumés qu'Aria lui passait une à une en énonçant les propriétés de chacune.
"Celle-ci raffermit les chairs, celle-ci rend la peau douce et tendre au toucher, celle-là parfume à la violette et au lilas…"
Et ainsi de suite. L'utilisation de certaines fit rougir Harry jusqu'aux oreilles et il faillit refuser plusieurs fois de mettre un produit, mais la peur de se faire humilier une nouvelle fois par les deux grosses, ou pire se faire laver par elles, le retint. Tandis qu'il appliquait consciencieusement chaque produit, il ne pouvait s'empêcher de penser que tout était vraiment fait pour le plaisir de Snape au moment de la nuit de noce. Cette pensée le fit frémir.
Une fois lavé de près et séché, ses cheveux maintenant long furent enroulés dans une serviette et on lui fit passer un peignoir. Puis on l'amena dans une pièce différente où plusieurs tenues l'attendaient.
"Voici votre trousseau, mon chou." Aria déclara fièrement. "C'est moi et Daphné, la couturière, qui avons tout choisi !"
Harry prit peur. Mais en dehors de quelques robes de sorcier extravagantes, comme une bleue roi à paillettes (sans doute choisie par Aria), le reste était plutôt sobre et de bon goût. Il fut surpris de voir des vêtements moldus comme des chemises, des tee-shirts, des pantalons ou encore des jeans venir garnir copieusement sa nouvelle garde robe.
"Et bien sûr, le meilleur pour la fin… Votre robe de mariée !"
Harry tourna la tête pour voir deux jeunes filles amener le nouveau vêtement. C'était une robe étrange. Pas vraiment masculine, mais pas féminine non plus. Elle était trop moulante pour être d'homme, mais la coupe n'était absolument pas féminine. Elle était faite de soie blanche immaculée, brodée de brillants autour des manches, du décolleté et au bas de la robe. Le décolleté était arrondi, suivait la ligne des épaules sans les dévoiler, était peu profond et était garni de perles en plus des brillants, pour former un motif étrange qui semblait embaumer la magie. Le voile était plus féminin et partait d'un petit diadème fait de fleurs de lis et de petites roses blanches.
"Vous allez être si beau dans cette toilette…" soupira Aria d'un aie rêveur et alangui. "Ouh ! J'attends avec impatience de voir la réaction de notre héros !"
Harry, lui, n'avait aucune envie de voir la réaction de Snape. En fait, il n'avait qu'une envie, fuir le plus loin possible, le plus vite possible. Il avait déjà un conçu un plan très simple : au moment de descendre l'allée le menant à Snape, où il serait forcément seul, il foncerait dans la direction opposée et avec le peu de magie sans baguette qu'il connaissait, il appellerait son éclair de feu et partirait pour ne plus jamais revenir. Il fut coupé dans ses réflexions par Aria qui lui tirait la manche pour le conduire dans une autre pièce.
"Allons allons… On ne rêvasse pas ! Vous aurez tout le temps d'être dans la lune pendant votre lune de miel. Etre dans la lune… lune de miel… C'est une bonne blague, non ? Ahahahah !"
Harry estima que cela ne valait même pas la peine de répondre.
Il fut ensuite dirigé vers une sorte de salon de beauté où on lui sécha les cheveux, lui mit une crème sur le visage ainsi que du baume à lèvre goût cerise. Aria le contempla d'un regard critique.
"Ca suffit pour le maquillage, les filles. C'est un garçon et en plus, il n'en a pas besoin. Laissez ses cheveux libres aussi. Il les a suffisamment beau pour qu'ils fassent leur effet tous seuls. Mettez juste un peu de spray pour qu'ils ne partent pas trop dans tous les sens. Bien, maintenant, passez-moi la robe et le voile."
Harry se laissa faire en serrant les dents et en se remémorant son plan d'évasion inlassablement.
Finalement, il était prêt. Aria et les autres filles le regardaient certaines avec fierté, d'autres avec des yeux de merlans fris amoureux et d'autres encore avec des soupirs envieux.
"Allez les filles ! C'est terminé. Pomponnez-vous vite et en route pour la cérémonie !"
Tandis que toutes les jeunes filles se dispersaient dans un tourbillon de couleurs et de petits cris excités, Aria se tourna vers Harry.
"J'ai encore deux trois petites choses à vous dire, mon chou. Après cela une calèche spécialement apprêtée pour vous vous emmènera à la cérémonie. Ce sera plus long, mais c'est la tradition…"
Elle le fit s'asseoir, s'assit en face de lui, puis lui prit ses deux mains dans les siennes et le regarda dans les yeux.
"Selon la tradition et en tant qu' « entremetteuse » officielle, je dois en théorie vous expliquer dans les grandes lignes et très vaguement les fleurs et les abeilles, car vous êtes censé rester pur et innocent pour votre nuit de noce. Mais je ne suis pas suffisamment naïve pour penser que vous n'avez pas au moins une vague idée du système de reproduction humain, n'est-ce pas ?"
Harry devint si rouge qu'il aurait fait paraître pales et fades les chevelures des Weasley.
"C'est bien ce que je pensais. Néanmoins, je ne pense pas me tromper en disant que vous êtes certainement encore vierge. Ai-je encore raison ?"
De plus en plus rouge et de plus en plus embarrassé, Harry ne put que hocher la tête, sans oser regarder Aria dans les yeux.
"Il n'y a pas de honte à avoir, mon choux, au contraire. Mais la tradition m'oblige à vous rappeler que vous devrez obéir en tout à votre mari. Et quand je dis en tout, j'inclus bien entendu la nuit de noce." Son regard s'adoucit encore. "Je sais que cette tradition est plus qu'archaïque, mais je suis persuadée que tout ira pour le mieux à la fin."
"Comment pouvez-vous savoir ça ?" demanda Harry d'une voix étranglée par la colère et par l'angoisse.
"Parce que j'ai vu votre fiancé lors de sa propre préparation. Un jour peut-être je vous dirais ce que j'ai vu et perçu dans son regard et dans ses gestes…"
Elle se releva brusquement, le relevant avec elle, et le prit vivement dans ses bras.
"Bonne chance, mon chou. Je suis sure que vous serez parfait. Et ne soyez pas trop nerveux pour votre nuit de noce. Nous le sommes toutes lorsque c'est notre première fois mais cela se passe toujours mieux en étant détendu."
Elle s'écarta un peu de lui et le regarda avec les yeux brillants de larmes.
"Et je veux que vous sachiez que je suis certaine que vous vous êtes battu avec force et courage lors de la dernière bataille. Ceux qui disent le contraire ne sont que des mauvaises langues."
Elle lâcha alors un Harry fort choqué, qui se laissa en conséquence conduire sans difficulté dans la calèche qui l'attendait à l'entrée de l'établissement. Une fois à l'intérieur et en route pour son mariage, Harry se ressaisit et frissonna de dégoût. 'Pas question que ma première fois soit avec un assassin qui me déteste ! De toute façon, je m'enfuirai à peine entré dans l'église !' pensa Harry.
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Le trajet ne dura pas longtemps et bientôt la calèche s'immobilisa. L'estomac de Harry se noua et il lutta pour ne pas régurgiter la collation que lui avaient servie les filles de l'institut à midi.
Le valet de pied lui ouvrit la porte et lui tendit la main pour l'aider à descendre sans se prendre les pieds dans son voile. Le cœur de Harry sombra : l'allée qui le menait à l'église était gardée sur toute sa longueur par deux rangées d'aurors en uniformes. Harry gémit intérieurement. Comment s'enfuir avec tous ces chiens de garde ? Prit de panique, il décida d'appeler immédiatement son éclair de feu et de partir au plus vite. Il ouvrit la bouche et… rien. Il essaya à nouveau. Sans succès. 'Ce n'est pas possible ! Ils n'ont pas pu me jeter un sort de silence, je dois dire oui devant l'autel !'
C'est alors que la conversation avec Hermione lui revint en mémoire comme un coup de poignard. Le virti praemium agissait comme un Imperio. C'était la magie derrière la tradition qui l'empêchait de s'enfuir et qui le faisait à présent marcher vers l'autel comme un automate sous les regards moqueurs de ceux qui avaient été ses camarades durant la guerre.
Totalement impuissant, il se vit entrer dans l'église –qui était plutôt une cathédrale– emplie de fleurs et de personnes vêtues de couleurs vives. Il vit Snape devant l'autel, à côté du prêtre, toujours vêtu de noir, mais sur son trente et un. Ses cheveux étaient pour une fois propres et ses robes étaient d'une coupe distinguée et d'un tissu précieux. Son expression était impénétrable tandis qu'il regardait Harry s'approcher, mais ses yeux sombres possédaient une lueur d'admiration et de fierté.
Tout se passa très vite pour Harry. Le prêtre se mit à débiter des âneries sur le mariage, des chants sirupeux furent entonnés, des discours prononcés et finalement vint le moment fatidique que Harry redoutait tant.
"Severus Snape," commença le prêtre, "Acceptez-vous de prendre pour époux Harry James Potter ici présent, de le protéger, de l'aimer et de le chérir pour le meilleur et pour le pire jusqu'à ce que la mort vous sépare ?"
Harry entendit Snape prendre une profonde inspiration et le sentit se raidir.
'Dis non dis non dis non dis non dis non dis non…' chantait Harry dans sa tête, espérant que son ancien professeur de potion retrouverait enfin ses esprits.
Finalement Snape se tourna vers lui, le regarda à travers le voile et dit d'une voix sonore et décidée :
"Moi, Severus Snape, te prend toi, Harry Potter, pour légitime époux. Je te prends avec toutes tes forces et tes faiblesses comme je m'offre à toi avec mes propres forces et faiblesses. Je t'aiderai dans tes moments difficiles et je me tournerai vers toi dans les miens. Devant ces témoins je jure de prendre soin de toi jusqu'à ce que la mort nous sépare."
Et il refit face à l'autel sans avoir changé d'expression.
Harry eut très envie de faire une remarque acerbe sur le contenu du petit discours de Snape, mais la magie du virti praemium l'en empêchait. De plus, il y avait eu dans les paroles de Snape une sincérité et une solennité qui lui avait noué la gorge. Est-ce que Snape était vraiment sérieux ?
"Et vous, Harry Potter, acceptez-vous de prendre pour époux Severus Snape ici présent, de le protéger, de l'aimer et de le chérir pour le meilleur et pour le pire jusqu'à ce que la mort vous sépare ?"
De toute son âme, Harry voulait dire non. Mais il savait de par Hermione qu'il ne pouvait pas. S'il ouvrait la bouche pour dire non, ses lèvres prononceraient le oui fatidique sans son accord. Il garda donc les lèvres serrées et le silence devint pesant dans l'église. Les gens se mirent à murmurer et à s'agiter, et le prêtre le regarda avec étonnement. Snape restait de marbre à son côté.
Des larmes de frustration montaient aux yeux de Harry. Sa volonté et la magie de cette stupide tradition luttaient en un combat sans merci, mais au plus profond de lui-même, Harry sentait que la tradition allait l'emporter. Il sentait déjà ses lèvres s'entrouvrir…
"Je le veux."
Trois mots qui scellèrent sa destiné.
Sur les bancs, Fudge et Scrimgeour ne purent retenir un soupir de soulagement. Pendant un instant ils avaient bien cru que ce satané Potter avait trouvé un moyen de contrer la magie du sort.
Le prêtre, lui aussi visiblement soulagé, sourit et reprit sa litanie tandis qu'un enfant apportait les anneaux. Snape les prit tous les deux et en mit un –plus large que l'autre– dans la main tremblante de Harry. Saisissant la main gauche de Harry, Snape le regarda droit dans les yeux à travers le voile et, l'expression intense, il passa l'anneau à son annulaire. Ensuite, sans un mot ni même un murmure, il tendit sa propre main gauche.
Harry n'avait plus la force de résister à la magie qui l'avait investie et il vit ses mains tremblantes saisirent celle de Snape et lui passer l'anneau au doigt. C'était fait. Il était marié à Severus Snape et rien ne pourrait plus le libérer.
"Ainsi donc à présent vous ne ressentirez plus la pluie car chacun sera l'abris de l'autre. A présent vous ne ressentirez plus le froid car chacun sera la chaleur de l'autre. A présent il n'y aura plus de solitude car chacun sera le compagnon de l'autre. A présent vous êtes deux, mais il n'y a qu'une seule vie devant vous. Que la beauté vous entoure tous les deux dans votre voyage à travers les ans. Que le bonheur soit votre compagnon et que vos jours ensemble soient doux et longs sur cette terre. Je vous déclare, Severus et Harry Snape, à présent unis par les liens de mariage. Severus, vous pouvez embrasser le marié."
Snape se tourna vers Harry et, le regardant fixement, il souleva lentement le voile de tulle qui lui couvrait le visage. Sans jamais briser le contact visuel, Snape se pencha doucement et posa ses lèvres sur celles d'Harry. Ce fut un baiser chaste, juste des lèvres sur des lèvres, mais celles de Snape étaient brûlantes sur les pétales frais de Harry. Harry paniquait intérieurement, mais le baiser de Snape était étrangement réconfortant et rassurant pour une raison qui échappait totalement à Harry. Les sentiments opposés que ressentait Harry à ce moment –dégoût et réconfort– lui tournaient la tête et l'emplissaient de confusion.
Enfin, après quelques secondes qui lui parurent des heures, Snape rompit le baiser. Lui prenant le bras, il le fit se retourner et ils remontèrent l'allée pour sortir de l'église, sous les acclamations des invités.
Alors qu'il sortait, Harry entendit distinctement un des aurors murmurer à son collègue :
"Au moins il aura servit à quelque chose !"
"C'est clair," répondit l'autre lui aussi en murmurant, "écarter les cuisses pour Snape est probablement la seule chose qu'il est capable de faire de toute façon !"
Harry était rouge d'humiliation. Ils allaient probablement rire, mais un regard noir bien placé de Snape, qui avait tout entendu, leur cloua le bec. Il se pencha alors vers Scrimgeour qui se trouvait juste derrière eux, les ayant suivis avec le reste des invités hors de l'église.
"M. le ministre," commença-t-il d'une voie aussi froide qu'un matin d'hiver, "pourriez-vous faire en sorte que ces deux individus soient radiés de l'ordre des aurors ? Je ne tolèrerai aucune insulte faite à mon époux. L'insulter lui, c'est m'insulter moi et vous devinez je pense ce que je fais à ceux qui m'insultent, n'est-ce-pas ?"
Scrimgeour sembla un instant vouloir défendre des Aurors qui étaient demeurés sous ses ordres pendant des années, mais lui aussi avait entendu leurs paroles et il ne pouvait pas décemment ni publiquement cautionner ce genre d'attitude et de paroles. Il hocha donc la tête gravement en signe d'assentiment.
Harry était étonné par l'intervention de Snape. Une telle action ne lui ressemblait pas, mais elle réconforta quelque peu Harry, même si les paroles des Aurors ne servirent finalement qu'à le déprimer encore plus.
A suivre…
