Encore une fois un grand merci pour vos reviews chaleureuses et pour votre soutien. Je suis désolée, mais ce chapitre sera encore triste et douloureux pour Harry (décidemment, il s'en prend plein la figure) mais je vous promet, parole d'honneur, que dans le suivant le bonheur fera sont entré (petit à petit) dans le foyer des Snape. Bonne lecture et gros poutoux à toutes.
Désolée également pour le retard, mais j'ai dû prendre du temps pour préparer mon séjour étudiant à Aberdeen et pour m'habituer à la vie là-bas.
Attention : ce chapitre a été modifié et contient des SPOILERS du 6ième Harry Potter.
Chapitre 6 : Nouvelle vie
Dans le chapitre précédent : Dans l'état de bien-être où il se trouvait (issu de la sensation de satiété sexuelle et de chaleur humaine fournies par Snape), Harry ne mit pas plus d'une minute à s'endormir.
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Lorsque Harry se réveilla, le lendemain matin, il remarqua trois choses : d'abord qu'une forte lumière éclairait la chambre par deux larges fenêtres qui n'existaient par le jour précédent ; ensuite qu'il était seul dans le grand lit à baldaquin ; et enfin que la douleur qu'il ressentait à un endroit le plus souvent inaccessible de son anatomie prouvait que la journée –et la nuit– d'hier n'avait pas été un affreux cauchemar, mais une douloureuse réalité.
Se redressant péniblement, Harry parvint à s'asseoir malgré son corps endolori. Ramenant ses jambes contre son torse et cachant sa tête au creux de ses bras, il prit de profondes inspirations pour ne pas pleurer ni paniquer. Il se sentait si sale ! Tous les instants de la nuit précédente lui revenaient en mémoire et il étouffa un sanglot. Le plus difficile à accepter n'était pas l'acte lui-même, bien qu'il n'imaginait pas vraiment perde sa virginité de cette façon et avec cette personne, mais le fait qu'il y ait pris du plaisir. Pire, il avait participé activement et apprécié ce qui aurait dû s'appeler un viol. La honte venait s'ajouter à la sensation de souillure et Harry rejetait totalement l'aphrodisiaque comme circonstance atténuante de sa 'culpabilité'.
Je n'aurais pas dû aimer ça. Quel genre de détraqué peut aimer se faire violer ? Comment je pourrais me regarder dans une glace à présent ? pensait-il, désespéré.
Il fut interrompu dans ses ruminations morbides par le son de la porte de la chambre qui s'ouvrait. Snape en émergea, complètement vêtu et portant dans ses mains un large plateau contenant un petit déjeuné fort copieux. Harry remonta les draps sur son corps nu jusqu'au niveau du menton et regarda Snape avec méfiance.
Severus ne prêta aucune attention au regard noir lancé dans sa direction et déposa délicatement le plateau sur le lit à côté de lui.
"Tiens, mange. C'est pour toi."
Harry haussa un sourcil suspicieux et tiqua sur la manière dont Snape s'adressait à lui. Il n'était pas son chien !
"Depuis quand vous me tutoyez et de quel droit ?"
Snape avait la tête baissée vers le plateau tandis qu'il versait du thé dans la tasse et ne répondit pas tout de suite.
"Je pense que nous sommes suffisamment… intimes à présent pour ne plus s'encombrer des formalités. Mange, tu as besoin de reprendre des forces."
L'allusion cachée à leur nuit agitée fit rougir Harry jusqu'aux racines de ses cheveux et la familiarité, et l'arrogance, de Snape, le mit en colère.
Nan mais pour qui il se prend ! S'il croit que parce qu'il a mis une fois ses sales paluches sur moi ça fait de nous des intimes, il se fout le doigt dans l'œil !
"J'en veux pas. J'ai pas faim" grommela-t-il en projetant les draps au-dessus de sa tête.
"Il faut que tu manges. Je ne veux pas que mon époux s'évanouisse d'hypoglycémie le lendemain de notre nuit de noce. Cela ferait jaser."
"Je m'en fiche. J'en veux pas."
Snape soupira puis, contournant le plateau posé sur le lit, il se pencha sur Harry d'une façon suggestive, ôta le drap de sa tête et lui susurra à l'oreille :
"Si tu n'as pas faim, je connais quelques activités physiques qui devraient pouvoir t'ouvrir l'appétit." Et il ponctua sa phrase en passant sa langue sur le lobe de l'oreille de Harry.
Ce dernier sursauta, repoussa vivement Snape et se jeta sur le plateau de nourriture tout en évitant soigneusement de regarder Snape qui arborait un petit sourire satisfait et victorieux tout à fait exaspérant. Harry s'aperçut en entamant un toast qu'il avait en réalité très faim et il goûta à tous ce qui se trouvaient sur le plateau : les œufs au bacon, les toasts à la marmelade, les gaufres et la salade de fruit, le tout arrosé de thé et de jus d'orange. Bien sûr il ne pouvait tout finir tant la quantité était abondante, mais il fit honneur au repas et fit considérablement baisser le niveau de nourriture. Pendant qu'il mangeait, Snape ne dit pas un mot et ne tenta à aucun moment de profiter lui aussi du petit-déjeuner. Il se contenta d'observer fixement Harry, comme un ornithologue immobile de peur de faire s'envoler un oiseau rare.
Lorsque Harry ne put plus avaler une miette, il reposa ses couverts et jeta un coup d'œil en direction de Snape. Il le regardait toujours fixement. L'intensité de se regard impénétrable intimida Harry qui, gêné et troublé, détourna le regard et rougit. Snape prit enfin la parole.
"Bien, à présent je vais te laisser t'habiller. Ton trousseau se trouve dans l'armoire du fond, celle de gauche. Tu peux y organiser tes affaires comme bon te semble, c'est ton armoire. Une fois habillé, je souhaite que tu me rejoignes dans le petit salon d'été. Hoppy, mon elfe de maison, te montrera le chemin. Il attendra devant la porte de la chambre le temps que tu prennes ta douche et que tu t'habilles. La salle de bain est attenante à la chambre : c'est la porte du fond, à gauche. Je te laisse…" il regarda sa montre à gousset"45 minutes. A tout à l'heure."
Et avec cela il quitta la pièce. Harry resta un instant pétrifié, sidéré par l'attitude désinvolte de Snape qui semblait vraiment persuadé que Harry allait obéir bien gentiment sans faire d'histoire à tous ses ordres. Le Griffondor en lui se révoltait et l'exhortait de refuser et de rester dans la chambre. Mais son bon sens lui faisait remarquer qu'il avait vraiment besoin d'un bain, qu'il ne pouvait pas décemment rester nu toute la journée (cela donnerait trop d'idées à Snape) et que s'il ne venait pas, Snape serait en mesure de le faire obéir par d'autres méthodes qui seraient certainement loin d'être agréables.
Avec un soupir résigné, Harry se leva et alla prendre sa douche. La salle de bain était vaste et d'une couleur crème très douce et reposante. Elle se composait d'un grand bassin circulaire comportant plusieurs robinets (sans doute pour les différend types de bulles comme dans la salle de bain des préfets à Hogwarts), de deux lavabos avec leurs armoires respectives, et d'une douche suffisamment spacieuse pour accueillir deux personnes à la fois. Harry dédaigna le bassin pour utiliser la douche. Il prit tout son temps pour effacer les traces de la nuit précédente, savourant la sensation de l'eau chaude presque brûlante sur son corps encore tendre et endolori. L'impression de souillure ne disparut pas complètement mais fut réduite à un vague écho de ce qu'elle avait été à son réveil. Harry avait été surpris de ne pas avoir de sperme collé sur lui et en conclut avec embarras que Snape avait dû le nettoyer la nuit dernière pendant qu'il dormait. Sa honte n'en fut que décuplée.
Sortant de la douche, il se sécha puis sortit de la salle de bain pour aller vers l'armoire de gauche dans la chambre où effectivement tous ses nouveaux vêtements étaient rangés. Avec un peu d'hésitation il choisit les vêtements qui le mettaient le moins en valeur : un pantalon noir de sport, un tee-shirt rouge et par-dessus une robe de sorcier noire qui ressemblait beaucoup à l'uniforme de Hogwarts. Il attendit encore quelques minutes dans la chambre, se demandant s'il allait ou non obéir à Snape. Se remémorant la menace itérée par Snape plus tôt ce matin lorsqu'il avait voulu résister ('je connais quelques activités physiques qui devraient pouvoir t'ouvrir l'appétit…'), Harry déglutit et se décida à sortir de la pièce.
Là, il tomba nez à nez avec un elfe de maison vêtu d'une tais d'oreiller noire propre et qui le regardait avec de grands yeux noisettes inquiets.
"Monsieur Snape est en retard ! Le Maître ne va pas être content !"
Harry resta interloqué et il lui fallut deux bonnes minutes pour décoder ce que la petite créature venait de lui dire : l'elfe parlait de lui, Harry, lorsqu'il disait 'Monsieur Snape'. Harry grimaça.
"Vous ne pourriez pas plutôt m'appeler Harry, tout simplement ? Je crains que je ne puisse pas m'habituer à être appelé 'Monsieur Snape'…"
L'elfe ouvrit de grands yeux affolés.
"Oh non, Monsieur Snape, non ! Hoppy ne pourrait pas ! Ce serait mal que Hoppy manque de respect à l'époux de son maître ! Hoppy devrait alors se punir pour s'être mal conduit !" et il fit mine de se cogner la tête contre le mur.
"C'est bon ! C'est bon, Hoppy ! Ne vous punissez pas, vous pouvez m'appeler comme vous le voulez !"
"Hoppy va conduire Monsieur Snape au petit salon d'été. Monsieur Snape doit suivre Hoppy. Vite, sinon le Maître très en colère !"
Et l'elfe se mit instantanément à trottiner à un rythme très rapide. Pour le suivre, Harry devait faire de grandes enjambés et bientôt il dû courir à petites foulées.
"Et Hoppy ! Vous- tu ne pourrais pas ralentir un peu ?"
"Oh non, Monsieur Snape ! Monsieur Snape est déjà en retard. Il ne faut pas mettre le Maître en colère en étant encore plus en retard !"
Après plusieurs minutes à courir dans des couloirs tortueux et apparemment sans fin, Hoppy s'arrêta soudainement devant une porte en bois clair. Harry faillit lui rentrer dedans tant l'arrêt avait été brusque.
"Vous entrez là, Monsieur Snape. Vite, le Maître vous attend."
Harry déglutit bruyamment, puis se gourmandant pour son manque de courage, il entra sans frapper.
La pièce était plus petite que la chambre à coucher, mais les tons de couleurs étaient infiniment plus joyeux. L'ensemble était de couleur crème, jaune et rose, avec des rideaux fleuris aux fenêtres, des tentures également fleuries aux murs ainsi que des tableaux aux thèmes champêtres. Les meubles étaient de bois de cerisier et se composaient d'une commode sur laquelle reposait de la vaisselle de porcelaine, d'une table basse, de plusieurs chaises et d'un canapé aux coussins crème.
Snape faisait dos à Harry et semblait regarder par la fenêtre, les mains croisées derrière son dos.
"Tu es en retard" lâcha-t-il d'un ton apparemment désintéressé, mais où pontait une touche de contrariété.
"Désolé" dit Harry d'un ton qui affirmait le contraire. En voyant Snape ainsi si calme après l'avoir violé la nuit dernière avait réveillé sa colère et son esprit combatif.
"Peu importe" Snape se tourna vers lui, son visage ne trahissant aucune pensée. "Assied-toi, j'ai à te parler."
De mauvaise grâce, Harry s'assit sur une des chaises tandis que Snape s'installait sur celle lui faisant face. Harry attendit avec une patiente de plus en plus mince que Snape déballe ce qu'il avait à dire.
"Je tenais à te préciser les règles de notre vie commune. Une fois la conversation terminée, je te ferai visiter le manoir. Seule l'aile Est est habitable pour l'instant, le reste est encore en travaux."
Harry resta interloqué et regarda Snape avec ahurissement
Alors tous ce que j'ai traversé c'était seulement l'aile Est ? Bon sang, mais quelle taille il fait ce manoir !
A haute voix il dit :
"Ca doit vous coûter une fortune de faire restaurer tout ça…"
Snape eut un sourire en coin.
"Oh bien plus qu'une fortune. Mais avec ta dote, il n'y aura aucun problème."
"Ma dote !" interrogea Harry, abasourdi.
"Tu ne sais pas ? Ta dote fait partie de la tradition. Au Moyen Age, quand une jeune fille se mariait, sa famille devait donner une dote à l'époux. Dans ton cas c'est Scrimgeour qui a fourni la tienne, en puisant largement dans les coffres des mangemorts arrêtés."
Snape fit un signe de la main signifiant la fin de cette discussion.
"Mais cela n'a pas beaucoup d'importance. Ce qui importe vraiment maintenant est que tu connaisses les règles de cette demeure et que tu t'y conformes. Et cette fois-ci, tu ne seras pas en mesure de les briser comme tu en as eu si souvent l'habitude par le passé."
Son regard se fit plus dur et intransigeant lorsqu'il reprit.
"Tout d'abord, tu ne pourras quitter le domaine qu'avec mon autorisation expresse et sous ma garde. Pas d'exception à la règle, que se soit pour visiter un ami, faire des courses ou quoique ce soit d'autre. Aucune activité professionnelle ne sera admise, exception faite de celles pouvant être accomplies dans l'enceinte du manoir et seul. Elles seront alors considérées comme des activités personnelles. Tu pourras te promener dans le parc dans les limites du domaine comme tu l'entends, mais pas après minuit. Tu devras également porter sur toi un sort de protection et de localisation à tout instant, je vais d'ailleurs te l'appliquer dès maintenant » Snape saisit alors sa baguette et prononça un sort totalement incompréhensible et une sorte de tatouage en forme de S apparut sur le poignet de Harry. Ce dernier était blême de colère. Cette façon de procéder, avec des ordres et un tatouage, ressemblait trop aux méthodes de Voldemort pour qu'il puisse l'accepter sans rien dire. Comment osait-il le marquer ainsi à la manière de son ancien maître ? La fureur qu'il avait ressenti lorsque Snape avait tué Dumbledore n'était rien en comparaison de la lave qui bouillonnait à présent dans ses veines. Mais Snape poursuivit sans paraître remarquer la fureur de son vis-à-vis.
"En revanche tu peux inviter tes amis comme bon te semble, à condition qu'ils se soumettent à un sort d'identification avant de pénétrer dans le manoir et à condition de m'en avertir au préalable. Le domaine est équipé d'une piscine et d'un terrain de quidditch. Tu peux t'y entraîner, y faire jouer tes amis, peu importe. Le manoir dispose également d'une vaste bibliothèque qui t'est ouverte à tout instant du jour. En ce qui concerne tes activités personnelles, tu es totalement libre de faire ce que tu veux à condition bien sûr de ne pas quitter le domaine et de ne pas inviter de parfaits inconnus. Pour les règles de la maison, le petit déjeuné est servi entre 7h et 9h30. Le déjeuné est à 12h30 sauf si tu désires faire un pique-nique. Dans ce cas, j'en informerai Mindy, mon autre elfe de maison chargé de la cuisine, qui nous préparera de quoi pique-niquer. Le dîner sera servi à 18h30. Nous prendrons tous nos repas ensemble, qui seront préparés par Mindy. Hoppy lui est chargé de l'intendance et du nettoyage. Bien évidemment, il est interdis de les libérer. Je te serai gré de préciser cette règle à ton amie Mlle Granger quand elle sera invitée au manoir. Finalement, pour les règles attenantes à notre couple, elles sont simples : aucune affaire extraconjugale ne sera tolérée. De toute façon, le virti praemium y veille. Nous dormirons toutes les nuits ensemble dans le même lit. Le rythme de nos rapports conjugaux sera décidé plus tard, lorsque nous serons plus à l'aise avec notre nouvelle situation maritale. Pour ce qui est des enfants, le virti praemium en impose au moins un. J'en souhaiterai deux, plus si tu le désires. Le premier ne sera pas conçu avant tes 21 ans. Plus tôt serait trop jeune."
"C'est tout ?" parvint à dire Harry entre ses dents serrées. Il était tellement furieux qu'il en tremblait et semblait sur le point d'exploser.
"Pour l'instant je n'ai pas d'autres règles, en effet. Si de nouvelles mesures s'avéraient nécessaires, je tes les communiquerai. Oh et Harry, tâche d'avoir l'air heureux, ceci est un conte de fées après tout."
"Un conte de fées mon œil ! Je refuse toutes ces règles ! Elles sont absurdes ! Je suis peut-être marié, mais je ne suis ni un prisonnier ni un esclave ! Comment osez-vous me dicter ce que je dois faire ! Vous avez peut-être supprimé Voldemort, mais ne croyez pas que j'ai oublié que c'est vous qui avez tué Dumbledore ! Quelles que soient les raisons, je ne vous le pardonnerais jamais ! Et vos règles idiotes, vous pouvez vous les fourrez là où je pense ! Vous n'êtes qu'un connard, Snape ; un connard et un lâche !"
Snape se releva brusquement, les yeux emplis de cette rage folle qu'il avait vu un an auparavant.
"Ne m'appelle pas lâche ! Tu ne sais rien, tu entends, RIEN, sur moi ou sur ce que j'ai dû faire ! Je n'ai pas à me justifier, surtout pas à toi, sale petit arrogant ! Tu dois m'obéir ! En tant que personne soumise dans notre relation et en vertu du virti praemium, tu n'as théoriquement pas de droits. Tu devrais…"
"Quoi ? M'estimer heureux ! J'en ai rien à foutre de votre virti truc ! Je veux ma liberté, je veux ma vie ! Et si je pouvais, je voudrais aussi ma vengeance pour ce que vous avez fait ! Je me suis trop battu pour ça…" Harry essaya de mettre du venin dans ce qu'il disait, mais cela sortit plus comme une plainte que comme un éclat.
Et contre sa volonté, des larmes vinrent lui piquer les yeux. Snape eut l'air agacé.
"Pour l'amour du ciel, Harry. Tu ne vas quand même pas faire une scène avec crise de larmes…"
"Pourtant avec toutes les merdes qui me sont tombées dessus, je vois pas en quoi ce serait étonnant…" Et d'un revers de main rageur il essuya ses yeux humides. De toutes façon, il savait que pleurer ne servirait à rien. Snape resterait inflexible, et avec la magie du virti praemium même s'il s'énervait, tapageait et se rebellait, il devrait quand même obéir à Snape et faire ce qu'il lui demanderait. Et c'est cela qui le mettait hors de lui. La perte de contrôle sur sa vie allait jusqu'à son corps et jusqu'à sa capacité d'essayer de résister à Snape. Il ne lui restait plus que son esprit et son cœur.
Snape sembla reprendre contrôle de lui-même et soupira.
"Le cas échéant, je pourrais assouplir les règles si les circonstances s'y prêtent. En attendant je vais te faire visiter ta nouvelle demeure et ce qui sera dorénavant ta maison et ton foyer."
Cela leur prit le reste de la journée. Au cours de la visite de salons, de chambres, de salles à manger, de salles d'armes, de salles de bal et autres innombrables pièces, Harry ne desserra pas les dents, bien décidé à être le plus difficile possible. Snape ne semblait pas s'en formaliser et continuait de faire ses commentaires historiques et professoraux à chaque nouvelle pièce.
"Et bien évidemment, comme l'est Hogwarts, le manoir est magique. Donc ne t'étonne pas si les fenêtres disparaissent ou changent de place, si les meubles bougent ou si les tableaux et les miroirs te parlent." Il fit une pause dans son long monologue et consulta sa montre.
"Il est déjà 19h. Nous aurions dû dîner il y a une demi-heure. Mais j'avais prévu que la visite s'éterniserait. Si nous passions au jardin afin de nous restaurer, ce serait un cadre plus approprié pour la saison, qu'en penses-tu ?"
Harry ne répondit rien et détourna la tête avec un 'umph' dédaigneux.
Snape l'ignora et le conduisit au jardin où une magnifique table dressée les attendait. Lorsqu'ils s'attablèrent, la nourriture apparut dans leurs assiettes comme elle le faisait à Hogwarts. Mais Harry ne toucha pas à la nourriture pourtant si appétissante et un silence pesant s'installa entre les deux jeunes mariés. Snape lui mangeait, mais il ne cessait ne lever les yeux de son assiette pour fixer Harry avec un mélange d'irritation, d'exaspération, mais aussi de doute et de… remord ? Non, Snape était incapable de remord, tout simplement parce qu'il était incapable de reconnaître ses tords.
Harry ne mangea rien jusqu'au dessert. Mais au dessert, il y avait des glaces, son péché mignon. Malgré sa volonté d'afficher sa mauvaise humeur et d'agacer Snape de la seule manière possible, Harry se laissa tenté et dégusta sa crème vanille sauce chocolat avec un plaisir évident. Alors qu'il venait de retirer la cuillère de sa bouche après l'avoir débarrassée de toute la succulente substance sucrée, il ouvrit les yeux qu'il avait fermés de plaisir et rencontra à nouveau le regard de Snape posé sur lui. Mais son expression avait changée. Il le regardait à présent avec luxure et désir. Harry prit peur et lâcha sa cuillère qui heurta la table avec un cliquetis sonore.
"Je crois qu'il est temps d'aller nous coucher." dit Severus d'une voix rauque et sensuelle, ses yeux brûlants toujours fixés sur Harry.
Ce dernier sentit sa bouche devenir sèche. Il reconnaissait parfaitement cette intonation rauque dans la voix de Snape. Malgré l'aphrodisiaque qui lui avait à ce moment là troublé les sens, il se souvenait sans aucun mal du ton de voix que Snape avait eu juste avant qu'il…
Cette pensée fit rougir Harry, puis il devint blanc comme un linge. Snape s'était déjà relevé et tendait à présent sa main afin d'aider Harry à se mettre debout.
Harry était à l'agonie et son cerveau fonctionnait à cent à l'heure alors qu'il cherchait une issue, n'importe laquelle, pour échapper à une seconde nuit avec Snape. Mais il n'y avait aucune issue. Le monde des sorciers l'avait vendu à Snape, vendu à une tradition archaïque qui dictait dorénavant sa vie. Lui et Snape étaient théoriquement en 'lune de miel' et Harry sentait la magie du virti praemium le pousser afin qu'il obéisse à l'ordre implicite de Snape. Obéissance totale à son époux… pensait Harry, se remémorant les paroles d'Aria. Même pour ça il n'avait pas le choix. Il sentit sa main se tendre contre sa volonté pour prendre celle de Snape, il se sentit se lever et suivre Snape à travers le manoir. Il essaya de lutter pendant quelques futiles minutes, puis laissa tomber. Il n'avait pas le choix de toute façon.
Une grande lassitude et un étouffant fatalisme s'emparèrent de lui tandis qu'il pénétrait à la suite de Snape dans leur chambre. Sitôt la porte refermée derrière eux, Snape ne perdit pas un instant et se jeta sur lui comme un aigle sur sa proie. Ses lèvres brûlantes s'emparèrent des siennes en un baisé passionné et exigeant. Harry ne répondit pas au baisé, mais ne se débattit pas non plus. Il se laissa faire. Il était si fatigué… fatigué de se battre, fatigué de lutter sans aucune chance de victoire ni aucun espoir de l'emporter.
Snape sentit son manque de réaction et rompit le baisé pour le regarder avec étonnement. Devant le visage fermé et neutre de Harry, une expression de pure souffrance, de peine et de profonde tristesse passa rapidement sur ses traits, trop rapidement pour que Harry puisse y voir autre chose qu'une brève hallucination. Snape sembla hésiter, puis il se mit à le déshabiller avec des doigts fébriles. Harry resta complètement passif, ses yeux vides de toute expression tandis que Snape les dirigeait tous deux vers l'immense lit à baldaquin. C'était le seul moyen qu'il avait trouvé pour se protéger : ne rien ressentir, se détacher de la réalité pour ne pas avoir à l'affronter. Car ce n'était pas la réalité qu'il avait souhaité. Ce n'était pas la réalité qu'il avait imaginée, qu'il avait construite dans ses rêves. Ceci était la réalité voulue par Snape, pas par lui. Il ne voyait donc pas pourquoi il devait y participer.
Harry nota avec détachement que Snape avait fini de les déshabiller tous les deux et qu'ils étaient à présent allongés sur le lit, Snape au-dessus de lui. Severus reprit ses baisers et ses caresses sur le corps de Harry. Ce dernier trouvait de plus en plus difficile de rester indifférent quand les caresses de Snape se faisaient de plus en plus précises. Contre sa volonté, le désir se mit à pulser dans ses veines. Cette perte de contrôle qui s'étendait jusqu'à son corps était insupportable. Avec le virti praemium, Harry savait qu'il ne pouvait faire autrement que d'obéir à Snape, même pour ce qui était des rapports conjugaux. Mais cela ne voulait pas dire qu'il devait aimer ça. Lorsque sa virilité se réveilla complètement sous la langue de ancien professeur, s'en fut trop pour Harry qui ne put retenir ses larmes.
Severus remarqua immédiatement ce changement. Il avait de toutes ses forces et avec tout son talent essayer de faire réagir son époux, de lui faire aimer ses mains sur lui. Il ne s'était certainement pas attendu à des larmes de détresse et des tremblements de dégoût. Devant une si forte réaction, il cessa d'honorer son amant de sa langue et le prit dans ses bras pour le calmer. Ceci eut l'effet inverse de celui escompté car Harry se raidit violement dans l'étreinte de son mari. Severus ne le lâcha pas pour autant et lui caressa les cheveux en lui murmurant des paroles rassurantes.
"Shh, là. Tout va bien. Si tu n'en as pas envie, je ne te ferai rien. Je te le promets. Calme-toi. Tu es en sécurité. Je te promets de ne pas te toucher si tu ne le veux pas. Je t'en pris, cesse de pleurer…"
Bercé par la voix douce et chaude de celui qui le tenait dans ses bras et épuisé nerveusement par l'épreuve émotionnelle qu'il venait de traverser, Harry s'endormit.
A suivre…
