Encore une fois mille mercis pour vos gentilles reviews. J'ai suivis le conseil que m'ont donné directement ou indirectement plusieurs lectrices suite à la fin du précédent chapitre, c'est-à-dire éviter que Harry ne pardonne trop vite à Severus. En effet j'ai réfléchit plus longuement sur la psychologie des personnages de J K Rowling et je suis tombée d'accord en partie avec Lulu-cyfair, Sandy et surtout Elehyn. En conséquence j'ai dû quelque peu réécrire ce chapitre, ce qui explique (en partie) le retard encore plus important que d'habitude. L'autre conséquence probable est que mon histoire sera plus longue que prévue (mais je ne pense pas que ça dérangera beaucoup). Mais que les sentimentales se rassurent, je vous promets que les choses s'arrangeront entre Harry et Severus et que vous aurez votre 'happy end'.

Un grand merci à Vif d'or, tes encouragements et tes compliments me vont toujours droit au cœur.

Seekerin2000, je suis très flattée d'être le premier auteur francophone à recevoir une de tes reviews. Je te conseille de reviewer les œuvres en français de Elehyn qui sont d'une grande qualité et d'une grande originalité, et puis elle le mérite.

Elehyn, je pense que tu sais maintenant à quel point je t'admire et à quel point ton avis est important. C'est surtout ta review qui m'a fait réfléchir plus en profondeur aux caractères des personnages de Harry Potter et qui m'a fait me rendre compte que même si ça ne me plait pas forcément, Harry est beaucoup plus rebelle et révolté dans les livres de J K Rowling que dans ma fic. J'ai essayé de modifier un peu l'histoire, mais de toutes façons je pense que mon Harry sera toujours plus vulnérable et moins intransigeant que le vrai Harry Potter, parce que je le préfère comme ça 

Pour Sefadora Firewood, un deux trois soleil est un jeu où un enfant tourne le dos à ses camarades contre un mur et compte au rythme qui lui plait 'un, deux, trois, soleil' ; pendant ce temps les autres enfant derrière lui avancent en direction du mur le plus vite possible. Sur le mot 'soleil', l'enfant contre le mur se retourne et les autres doivent arrêter de bouger immédiatement, souvent en prenant des poses amusantes ou acrobatiques. Si l'enfant qui compte en voie un ou plusieurs bouger, ceux-ci sont éliminés de la partie. Le vainqueur est celui qui arrive à toucher le mur le premier.

Et Chupz, désolée si les titres de mes chapitres sont si nuls, mais je n'arrivent jamais à en trouver de bons, alors je les choisis à la dernière minute et très mal. Il faudra que tu t'y fasses ;-)

Attention: ce chapitre a été modifié et contient des SPOILERS du 6ième Harry Potter.

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Chapitre 8 : Des hauts et des bas…

Dans le chapitre précédent :

Il eut à peine le temps de poser un pied hors du lit qu'il sentit des bras entourer les siens et une tête se poser sur son dos. Harry s'était soudainement rappelé l'épisode de la grotte où sous les ordres de Dumbledore il avait dû lui faire ingurgité un poison abominable. Il s'était rappelé son impuissance et sa haine contre lui-même pour ce qu'il faisait et s'en était voulu pour avoir reproché à Snape d'avoir fais exactement ce que lui avait fais : suivre les ordres du plus grand et du plus bon sorcier du 20ième siècle. Après quelques secondes d'immobilité, le silence seulement troublé par leurs deux respirations hachées, les bras autour de Severus le tirèrent en direction du centre du lit où Harry le fit s'allonger gentiment. Il s'installa ensuite à ses côtés, se pelotonnant contre lui avec un soupir satisfait. Severus cessa de respirer et se figea. Il baissa la tête lentement vers son époux pour s'apercevoir que ce dernier s'était endormi profondément, la tête sur sa poitrine, un air épuisé sur ses traits. C'était la première fois que Harry s'endormait aussi rapidement auprès de lui, en confiance. Devant cette vision pleine de tendresse si inhabituelle, le cœur de Severus manqua un battement. Il déposa un baiser sur le front de Harry, l'installa plus confortablement dans ses bras puis ferma les yeux, savourant cet instant et rêvant qu'il marquât un changement dans leurs relations.

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Lorsque Harry se réveilla le lendemain matin, il eut la frayeur de sa vie. Il était dans les bras de Snape, son visage à quelques centimètres du sien et une fort belle érection matinale pressait contre sa cuisse. Alors qu'il luttait contre la panique qui l'envahissait et tentait de ne pas crier, Harry s'aperçut que Snape dormait encore. Il se dégagea alors prudemment de ses bras, prenant bien garde de ne pas réveiller son geôlier. Lorsqu'il quitta le lit, Snape grommela dans son sommeil et se retourna, sa main cherchant, tâtant inconsciemment pour retrouver le corps chaud et doux qui lui avait tenu compagnie pendant la nuit. Harry retint son souffle et ne respira à nouveau que lorsque Snape cessa enfin de bouger. Il sortit alors le plus silencieusement possible de la chambre et referma la porte derrière lui avec un soupir de soulagement. Il entreprit alors d'aller dans une des nombreuses salles de bain du manoir, ne souhaitant pas réveiller Snape en prenant sa douche dans la salle d'eau attenante à la chambre. Tandis qu'il parcourait les couloirs frais du bâtiment, les souvenirs de la veille lui revinrent en mémoire et Harry se surprit à sourire en se remémorant les bons moments passés avec ses amis. Son sourire disparut au souvenir de Snape hier soir et de sa réaction. Bien que très reconnaissant à Snape du cadeau et de la fête surprise organisée à son intention pour son anniversaire, il ne pouvait pas lui pardonner. Tout ce ressentiment accumulé depuis lors première rencontre, la mort de Dumbledore et ce mariage arrangé faisaient beaucoup trop. Et de toute façon il sentait en son cœur qu'il ne se remettrait jamais de la perte de sa liberté et de son libre-arbitre. Quelque soit l'évolution de leur relation dans le futur, l'inégalité provoquée par le virti praemium se dresserait toujours comme une barrière entre eux. La seule raison qui avait poussé Harry la nuit précédente à empêcher Snape de quitter le lit conjugal pour dormir ailleurs avait été sa volonté de suivre les conseils d'Hermione et sa culpabilité vis-à-vis de l'épisode de la grotte avec Dumbledore. Plutôt que de broyer du noir et se lamenter sur son sort à longueur de journée, il se décida à dresser une liste des activités qu'il pouvait faire et qui lui plaisaient. En dehors de la lecture, de la pratique de la magie (surtout de défense contre les forces du mal) et du quidditch qui étaient ses options les plus évidentes, Harry dû reconnaître qu'il voulait également essayer de nouvelles choses comme le jardinage, la cuisine et surtout les nouvelles technologies moldues. Peut-être pouvait-il essayer de convaincre Snape de lui acheter un ordinateur… Comme ça il pourrait également se mettre à l'écriture.

La tête bourdonnante d'idées et de possibilités nouvelles, Harry se dirigea résolument vers les cuisines. Il ne savait où elles se trouvaient que de par son souvenir de la visite du manoir le lendemain de ses noces et il dû errer quelque peu dans les couloirs avant de s'y retrouver. Lorsqu'il entra dans la vaste pièce résolument et étonnamment moderne, Mindy, le deuxième elfe de maison, était en train de préparer le petit déjeuner.

Elle poussa un petit cri aigu de surprise en l'apercevant et se mit à balbutier en faisant des courbettes.

"Monsieur Snape… Mindy ne s'attendait pas à… Si Mindy aurait su, elle aurait mieux nettoyé la cuisine… Méchante Mindy, méchante !" et elle se mit à se frapper la tête avec la poêle qu'elle tenait à la main.

"Non ! Mindy, ne te punis pas ! Je suis juste venu pour te demander s'il était possible que je vienne ce matin en cuisine, après le petit déjeuner. J'aimerais m'essayer à la cuisine, mais je ne voudrais pas te déranger…"

"Déranger Mindy ? Oh non, Monsieur Snape ! Bien sûr que non ! Monsieur Snape peut venir quand il le veut, Mindy sera toujours contente de l'accueillir… mais…Mindy se demande pourquoi Monsieur Snape veut cuisiner… Est-ce que Monsieur Snape n'aime pas la cuisine de Mindy ?" et avec ça, l'elfe de maison fit mine de se punir en posant ses mains sur la plaque chauffante encore brûlante.

"Non Mindy ! Euh… Je veux dire que si, je trouve ta cuisine absolument délicieuse, c'est juste que j'aimerais cuisiner par plaisir, pour passer le temps…"

Les yeux larmoyants de Mindy s'éclairèrent aussitôt en signe de compréhension et elle bâtit des mains avec enthousiasme, l'air ravi.

"Oh Mindy comprend, Monsieur ! Monsieur Snape veut faire une surprise pour le Maître ! Monsieur Snape veut cuisiner pour faire plaisir au Maître ! Et ce n'est même pas le 9 janvier, l'anniversaire du Maître ! Monsieur Snape doit beaucoup l'aimer maintenant ! Mindy est si heureuse de voir ça ! Mindy et Hoppy s'inquiétaient mais à présent tout va bien si Monsieur Snape aime enfin le Maître !"

Mindy avait l'air si extatique que Harry n'eut pas le cœur de la détromper. Après tout, si cela lui faisait plaisir de penser qu'il était soudainement tomber amoureux de Snape, quel mal pouvait-il y avoir ?

Harry se rendit donc ensuite dans la salle à manger pour le petit-déjeuner, où Snape l'attendait déjà. Harry s'assit à sa place habituelle et commença à beurrer l'un des toasts qui étaient apparus sur la table à son arrivée.

Snape s'éclaircit la gorge et entreprit d'entamer une conversation, comme il tentait de le faire tous les matins depuis maintenant 2 mois.

"Les travaux seront bientôt terminés, je vais donc commencer la décoration. Je pensais attribuer un thème à chaque aile, afin de faciliter les attributions de chambres lorsque nous aurons des invités. Qu'en penses-tu ?"

"Je pense que c'est une excellente idée. Pourquoi pas des thèmes en rapport avec les différentes branches de la magie ?"

Snape resta muet. Visiblement, il ne s'était pas attendu à une réponse de la part de Harry. Et cela avec raison puisque d'habitude, toutes les fois où Severus avait essayé d'entamer une conversation, Harry avait invariablement gardé le silence et avait alterné entre lui jeter des regards noirs et l'ignorer totalement. L'intervention soudaine de Harry était donc une nouveauté et de toute évidence prenait Snape au dépourvu. Le regard que Severus lui lança ensuite noua la gorge de Harry. Ce regard éperdu était empli de reconnaissance et d'espoir. Un tel regard était tellement inhabituel pour Snape, le terrible professeur de potion réputé pour ses œillades noires et meurtrières, qu'il semblait un autre homme. Un homme avec des rêves et des sentiments, comme tous les autres hommes…

Harry secoua la tête pour essayer de chasser ces idées de son esprit. Ce n'était vraiment pas le moment de philosopher sur Severus Snape. L'homme était trop complexe pour l'analyser en si peu de temps et le ressentiment de Harry pour lui était encore trop présent pour qu'il puisse lui pardonner. Mais tout de même, Harry était touché au plus profond de lui-même de voir une telle réaction uniquement parce qu'il s'était décidé à parler avec lui.

Il força un sourire sur ses lèvres en direction de Snape, ce qui sembla remuer ce dernier physiquement, et, ravalant sa rancune et se concentrant sur ce que lui avait dis Hermione la veille, il continua son propos.

"Par exemple, il pourrait y avoir l'aile des créatures magiques, avec une chambre licorne, une chambre hippogriffe etc… Et l'aile Défense contre les forces du mal, ou l'aile Charme avec chambre flottante pour wingardium leviosa…"

Au fur et à mesure qu'il évoquait ses idées, Harry s'enflammait de plus en plus et se surpris par cet intérêt soudain pour un détail domestique. Puis la réponse à cette interrogation s'imposa à son esprit comme une vérité première : la maison de Snape était à présent également sa maison. Et maintenant qu'il était à peu près sorti de cette stupide dépression, il voulait inconsciemment poser sa marque sur son foyer dans son désir inextinguible d'avoir un jour une famille et un chez-soi.

Il interrompit son flot de paroles et rougit soudain. Ce n'était pas sa maison. C'était avant tout celle de Snape. C'était donc à lui de prendre les décisions sur la décoration. L'amertume et le ressentiment refirent leur apparition sans que Harry ne puisse les contrôler.

"Désolé" dit-il d'une voix amère qui contrastait avec son précédent enthousiasme."Ce n'était qu'une idée et c'est votre maison alors…"

Il n'eut pas le temps d'achever sa phrase. Severus, qui l'avait écouté attentivement ces dernières minutes et qui avait brièvement goûté à la béatitude de voir Harry se passionner pour quelque chose pour la première fois depuis leur mariage, l'interrompit.

"Non, Harry. Cette maison est autant la tienne que la mienne. Et je trouve ton idée parfaite. Les différentes branches de la magie nous procurent une source quasiment inépuisable de thèmes pour la décoration. Je pensais créer une chambre sur la thématique du quidditch pour ton ami Ronald et une sur les dragons pour son frère Charlie."

Snape le regardait avidement, visiblement anxieux d'avoir son approbation. Harry lui sourit faiblement.

"Je suis sûr qu'il adorera."

Puis le contenu de ce que venait de dire Snape lui apparut enfin.

"Une chambre pour Ron ? Vous-tu veux dire que je peux inviter les Weasley à dormir au manoir ?"

"Bien entendu. Tu peux aussi les inviter certains week-ends ou pendant les vacances. Préviens moi juste un peu à l'avance, que je ne sois pas pris au dépourvu."

Harry hocha la tête bêtement, l'esprit tourné vers sa prochaine invitation des membres de la famille Weasley. Snape lui sourit puis s'essuya la bouche avec sa serviette et se leva de table.

"Bon, je vais superviser le reste des travaux. Si tu veux m'accompagner… enfin, ce que je veux dire c'est que je serais ravi de ta présence, si tu n'as rien de prévu naturellement…" Snape semblait incertain, peu sûr de lui pour une fois, ce qui n'était pas du tout dans l'image qu'il avait forgé de lui à Hogwarts.

Ceci fit hésiter Harry. Mais il avait déjà dis à Mindy qu'il viendrait dans la matinée et très franchement, il était encore trop mal à l'aise avec Snape pour pouvoir passer autant de temps seul avec lui.

"Non merci. J'ai déjà prévu une activité ce matin. Et puis je n'y connais rien en construction, je serais plus une gêne qu'autre chose…"

Snape eut l'air visiblement déçu mais hocha la tête. Harry comprit à son visage fermé que Snape pensait qu'il mentait. De toute évidence Severus était persuadé qu'il n'avait en fait aucune activité de prévue ce matin et qu'il n'utilisait cela que comme prétexte pour ne pas passer de temps avec lui. Harry eut la surprise de se sentir blessé par cette attitude et se promis de réaliser un met spécial pour montrer à Severus qu'il n'avait pas menti. Après tout il était un Gryffondor, il n'aurait certainement pas mentit sur ce point.

Harry quitta donc lui aussi la table et avec un dernier regard en direction de Snape qui partait déjà dans la direction opposée, il se dirigea vers les cuisines.

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Mindy l'attendait déjà et semblait à la fois enthousiasmée et craintive. Harry lui fit un sourire rassurant et lui demanda poliment ce qu'elle comptait faire à déjeuner. L'elfe de maison ouvrit de grands yeux ronds affolés et eut l'air désemparé.

"Mais… Mindy pensait que Monsieur Snape voulait cuisiner et donc choisir le menu… Mindy a mal compris ?" Et elle saisit une palette de bois pour s'en frapper frénétiquement la tête en punition.

Harry la stoppa vivement.

"Arrête Mindy ! J'ai bien l'intention de cuisiner, mais je pensais qu'il serait plus sage que je commence doucement puisque ça fait longtemps que je n'ai pas cuisiné, et puis j'ai toujours fait que des choses simples. Rien à voir avec les chefs d'œuvres que tu nous prépares tous les jours."

Le petit elfe de maison rougit sous le compliment.

"Je pensais commencer par de la pâtisserie. Mais avant de choisir le gâteau, j'aimerais savoir ce que tu comptes préparer afin que ce que je cuisine ne soit pas trop lourd."

Mindy sembla réfléchir quelques instants, puis répondit :

"Mindy pensait que comme il fait chaud, Mindy allait préparer du gaspacho en entrée, puis des blancs de pigeons avec des pommes de terres croustilles."

"Très bien. Alors je pourrais préparer…", Harry hésita dans sa tête, puis choisi ce qui lui faisait le plus envie,"Je vais faire un clafouti aux cerises avec de la glace."

"Bonne idée, Monsieur Snape. Mindy va apporter les ingrédients."

Et ainsi, pendant une bonne partie de la matinée, Harry resta en cuisine, le nez dans un livre de recettes et les mains dans la farine et le sucre pour préparer le dessert. Cette expérience enrichissante fut entrecoupée de rires quand Mindy, en voulant l'aider, avait renversé le contenu (raté) de ses premiers efforts culinaires. Hoppy était arrivé sur ces entrefaites pour voir si tout allait bien et avait promptement glissé sur le résultat, l'étalant copieusement sur tout le sol de la cuisine. Harry avait tellement ri qu'il en avait mal, mais il arriva finalement à achever son 'œuvre' et attendait à présent la fin de la cuisson en discutant avec Hoppy et Mindy.

"Vous avez toujours été au service des Snape ?"

"Oh non, Monsieur Snape ! Hoppy et Mindy était au service de la famille de la mère du maître. Quand le père de Madame est mort, nous sommes entrés au service de Madame, peu de temps après la naissance de Maître Snape. Mais le père du maître ne semblait pas beaucoup nous apprécier, alors Hoppy et Mindy restaient cachés."

"Donc vous connaissez Snape depuis sa naissance… Dites-moi, il a toujours été comme ça ?"

"Comme quoi, Monsieur Snape ?"

"Eh bien… Tu sais… Si froid, sarcastique, autoritaire et égoïste."

Hoppy eut l'air bouleversé par ses paroles et passablement blessé, comme s'il avait été insulté personnellement.

"Oh ! Monsieur Snape ne doit pas dire du mal du Maître ! Le Maître n'est pas du tout comme ça ! Hoppy est très triste que Monsieur Snape pense cela du Maître ! Hoppy croyait… comme Monsieur Snape voulait préparer une surprise pour le Maître, Hoppy croyait que Monsieur Snape aimait enfin le Maître…"

"L'aimer ! Mais Hoppy, tu te rends bien compte qu'il a gâché ma vie ! Il a tué une des personnes qui comptait le plus pour moi, m'a forcé à l'épouser sans aucune considération pour mes sentiments et m'a volé ma liberté ! Comment pourrais-je jamais aimer un tel homme ?"

"Non, Monsieur Snape ! Ne dites pas cela du Maître ! Le Maître est un homme bien qui mérite d'être aimé ! Le maître ne veut que votre bien ; d'ailleurs avant le mariage, le Maître s'inquiétait beaucoup pour Monsieur Snape ! Il pensait que quelqu'un pourrait…"

Hoppy s'interrompit brutalement, l'air hagard.

"Oh non ! Le Maître avait dis à Hoppy de ne rien dire ! Méchant Hoppy ! Mauvais Hoppy !"

Et l'elfe de maison disparut avec un claquement sec, laissant Harry interloqué et pas qu'un peu intrigué. Hoppy en avait visiblement trop dis, ou plutôt pas assez au goût de Harry. Qu'est-ce qu'il avait bien pu vouloir dire avant de se reprendre ?

A ce moment précis, le four sonna la fin de la cuisson (ou plutôt hurla 'c'est prêt bande de cuisiniers incompétents !', le four étant magique) et Harry dû reporter toute son attention sur son gâteau qui était heureusement très réussi.

Mindy refusa de répondre à ses questions sur Snape ou Hoppy alors qu'elle achevait les préparatifs du déjeuner et le poussa ensuite hors de la cuisine avec la consigne d'aller se laver et se rendre présentable pour se mettre à table. Harry, vexé de voir ses questions ignorées, s'exécuta en maugréant. Après ses ablutions, sa colère retombée, il se dirigea vers la salle à manger.

Severus s'y trouvait déjà, debout devant le guéridon se servant un apéritif.

"Tu veux boire quelque chose ?" demanda-t-il sans se retourner, ses réflexes d'espion lui permettant de sentir l'entrée de Harry dans la pièce immédiatement.

"Non merci" répondit ce dernier poliment, s'installant à sa place.

Severus le rejoignit bientôt.

"Les travaux seront terminés cette après midi. Nous pourrons donc commencer la décoration dès demain matin… si tu veux toujours m'aider…"

Harry lui sourit faiblement, pas très à l'aise avec l'idée d'avoir une telle conversation avec Snape. Comme s'ils étaient mariés du fait de sa volonté, comme s'ils étaient une famille…

"Bien sûr que je le veux toujours, j'ai plein d'idées."

Le gaspacho apparut dans leurs assiettes et ils se turent tous deux pour manger, l'ambiance quasiment familiale disparaissant au profit d'un silence gêné et inconfortable. Quand arriva le temps du dessert, exceptionnellement Mindy apparut pour le leur apporter en personne. Snape haussa un sourcil interrogateur à cela.

"Maître Snape, pour le dessert Mindy vous présente un clafouti aux cerises et son sorbet griotte." dit-elle en lui tendant la pâtisserie.

L'air solennel et anxieux de Mindy fit comprendre à Severus que, d'une façon ou d'une autre, son avis sur cette gourmandise était capital. Il prit donc lentement une cuillérée du clafouti et la porta à sa bouche. Il ferma les yeux de plaisir tant le gâteau était exquis. Savoureux et d'une grande légèreté, marié au sorbet il était parfait. Il en fit le compliment à voix haute et avec sincérité, félicitant Mindy pour cette nouveauté très réussie. L'elfe rayonnait de joie et de fierté.

"Oh non, Maître Snape ! Vous pas devoir féliciter Mindy. C'est Monsieur Snape qui a fait le dessert. Pour vous."

Severus tourna vivement la tête vers Harry, qui se faisait tout petit et tentait futilement de passer inaperçu en baissant la tête vers sa propre part de clafouti.

"En quel honneur ?" s'enquit Severus, la voix nouée par l'émotion et les yeux remplis d'espoir.

"Monsieur Snape voulait vous faire une surprise, Maître ! Ca vous fait plaisir, n'est-ce-pas ?"

Severus regardait toujours Harry de façon insistante, cherchant son regard du sien, cherchant en lui un sentiment qu'il appelait de toute son âme.

"C'était pour vous remercier", finit par marmonner Harry, ne pouvant supporter plus longtemps la brûlure du regard de Snape sur lui,"Pour ce que vous avez fait pour moi hier, avoir inviter mes amis et tout ça… Et puis j'aime assez cuisiner, alors je me suis dis que ça me ferait passer le temps, ce genre de choses…" Harry savait qu'il babillait, mais il ne pouvait s'en empêcher, dans l'embarras où il se trouvait. Il ne savait plus où se mettre.

"Merci." dit simplement Severus avec sincérité mais également avec une pointe de déception. Il aurait tant aimé une raison plus profonde à ce cadeau, mais il savait qu'il ne devait pas trop espérer non plus.

Harry rougit encore davantage et se demandait comment il allait pouvoir briser le silence chargé de tension et d'embarras qui s'était installé à nouveau entre eux. Il sortit donc la première chose qui lui vint à l'esprit.

"Ca te dirait de faire un promenade avec moi cette après midi ?"

Snape resta interloqué, de même que Harry qui se demanda comment il avait pu sortir une énormité pareille. Mais qu'est ce qui avait bien pu lui passer par la tête pour dire une telle absurdité ? Il allait retirer ce qu'il venait de dire, mais il n'en eu pas le temps.

"Ce sera avec plaisir. Les ouvriers pourront se débrouiller sans moi pendant quelques heures. Nous y allons ?"

Il se leva et tendit une main à Harry. Pris dans le piège qu'il s'était involontairement dressé, Harry n'eut d'autre choix que d'accepter la main tendue et se leva de table. Tous deux ils quittèrent le manoir pour une petite visite du domaine des Snape. Snape… ou plutôt Severus à présent, ne lui avait toujours pas lâché la main et paraissait ne pas s'apercevoir de la gêne de Harry à ses côtés. Harry, lui, cherchait encore dans ses pensées à savoir pourquoi il avait stupidement demandé à Severus de l'accompagner. Ce n'était pas comme s'il lui avait pardonné la souffrance qu'il lui avait causée par le meurtre de son mentor, son emprisonnement et le viol de la nuit de noce. Et ce n'était certainement pas non plus à cause de sa compagnie agréable… Qu'est ce qui lui avait pris ?

Les pensées de Harry furent interrompues par son compagnon de route.

"Regarde, Harry. Ce sous-bois est l'endroit où j'avais l'habitude de me rendre quand j'étais enfant et quand mes parents m'emmenaient voir la maison familiale de ma mère."

Harry leva la tête et ne put que rester émerveillé devant le charmant tableau qui s'offrait à sa vue. Les bois sombres des alentours s'écartaient en cet endroit pour révéler une clairière où l'herbe semblait plus verte et plus dru et où les rayons du soleil transperçaient les feuillages pour illuminer d'une lumière tamisée et mystérieuse les ombres des branchages. Il s'en dégageait une ambiance particulière, un mélange d'énigme et de jeu d'enfant et Harry s'attendait à ce qu'un lutin traverse l'endroit d'un instant à l'autre tant l'endroit était magique.

"C'est magnifique…" murmura-t-il, admiratif. "Tu y jouais avec tes amis ?"

Severus se raidit et ses traits se crispèrent.

"Non. Je n'étais pas… enfin disons que je n'avais pas d'amis ou de parents assez proche pour vouloir leur faire partager cet endroit. C'est la première fois que j'y amène quelqu'un…"

Harry se sentit curieusement flatté par cette déclaration et un étrange sentiment, fait en partie de fierté et de joie, s'insinua en lui. Il n'eut pas le temps de s'y attarder car Severus l'entraînait déjà vers un nouvel endroit, visiblement embarrassé de lui avoir dévoilé une part de lui aussi personnelle et intime. Pendant leur promenade, Severus continua la conversation passant d'un sujet à l'autre lorsque la discussion tournait court et se montra particulièrement prévenant envers Harry, l'aidant dans les passages difficiles et lui tenant toujours la main. Harry n'était vraiment pas habitué à ce qu'on le traite de cette manière et surtout pas par Snape. La situation était surréelle et Harry ne savait que penser, tiraillé entre son ressentiment toujours aigu et les nouveaux sentiments que le comportement de Snape, si contraire à son caractère, faisait naître en lui. Il était tellement confus et perdu dans ses pensées qu'il n'écoutait pas du tout ce que Severus lui disais et ne répondait distraitement que par onomatopées.

"Harry, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, je viens de te poser une question."

De façon tout à fait inexplicable et imprévisible, cette remarque débloqua tous les sentiments négatifs de Harry à l'égard de Severus en une vague de colère incontrôlable. Sa confusion, son sentiment d'impuissance, d'emprisonnement et sa rancœur se libérèrent soudainement. Tout à coup, il n'avait plus du tout envie de faire des efforts comme le lui avait conseillé Hermione ; il avait au contraire le vif désir d'attaquer Snape, de le faire souffrir, de le punir pour tout le mal qu'il lui avait causé. Ne se retenant plus, il laissa exploser sa colère.

"Oh bien sûr, quand le grand Severus Snape parle, il faut que moi, pauvre petit époux soumis, écoute comme si la parole divine sortait de sa bouche ! Et bien, tu sais quoi ? Vas te faire foutre ! Tu m'as peut-être forcé à t'épouser, mais je ne suis pas ton esclave pendu à tes moindres désirs !"

Ignorant l'air profondément choqué et blessé de Severus, Harry lui lâcha la main avec dégoût et se mit à courir dans les bois à toute vitesse. La colère pulsait dans ses veines et le poussait à s'éloigner le plus possible de son bourreau.

Il courut de longues minutes, droit devant lui, sans chercher à réfléchir sur où il allait ou pourquoi il courrait. Tout ce qu'il voulait était d'être loin de Snape et de son manoir. Petit à petit, ses foulées se firent moins longues et moins rapides, sa colère moins présente et son souffle plus court. Il ralentit jusqu'à ce qu'il ne fasse plus que marcher, le nez en l'air humant les ondes parfumées venant des fruits mûrs de cette après-midi d'été. Si loin de tout, en pleine campagne, il avait presque l'impression d'être libre, presque l'impression que tout ce qui lui était arrivé depuis la fin de la guerre n'avait été qu'un cauchemar. Il s'attendait presque à voir surgir de derrière un arbre son ami Ron ou d'entendre la voix d'Hermione l'appeler au loin.

Harry souriait presque quand tout à coup ses jambes cessèrent de bouger d'elles-mêmes. Etonné, Harry se demanda s'il était plus fatigué par cette petite course qu'il ne le croyait ; il insista et essaya à nouveau d'avancer, sans succès. Pire, ses jambes le firent reculer de quelques pas sans qu'il l'ait voulu. Agacé et quelque peu effrayé à la fois, Harry se demanda si d'une façon ou d'une autre Snape n'était pas derrière cet étrange phénomène. C'est alors qu'il se souvint brutalement des règles atroces que Snape avait édictées au début de leur mariage. Harry avait passé presque deux mois à broyer du noir à leur propos mais n'avait jamais cherché activement à tester leurs limites, préférant rester au manoir comme un prisonnier et laisser la dépression s'emparer de lui. Il se rendait compte à présent que la magie du virti praemium enregistrait chaque ordre donné par Snape et l'empêchait de les transgresser, au besoin prenant possession de son corps pour ce faire. Ce sortilège tout puissant appliquait à la lettre chaque décision de Snape à son égard jusqu'à ce qu'il donne un ordre contraire.

Serrant les dents, Harry tenta de toutes ses forces d'avancer. Des larmes de frustration perlèrent à ses yeux quand toutes ses tentatives s'avérèrent vaines. Harry sentit ses forces l'abandonner et le sombre rideau de la dépression l'envelopper à nouveau de son étouffant manteau. Désespéré, il s'effondra sur le sol couvert de mousse et d'herbe et laissa ses larmes couler librement sur ses joues et les sanglots secouer son corps. Il essaya de se reprendre. Il essaya de se remémorer les paroles d'Hermione. Il essaya de se raisonner, de se dire que pleurer ne servait à rien et que de toute façon il ne pouvait rien faire contre la situation dans laquelle il se trouvait, mais cette pensée ne fit qu'accroître ses larmes et son désespoir. Harry se roula alors en boule sur le sol et laissa les vagues de tristesse le submerger sans plus de retenu.

C'est ainsi que le découvrit Severus trente minutes plus tard.

oOo

Après le départ précipité et soudain de son mari, Severus était resté interdit quelques minutes, se demandant s'il devait le suivre ou le laisser seul. Harry n'était jamais allé dans le parc auparavant, il était donc probable qu'il se perde. Severus savait que de part ses ordres le virti praemium l'empêcherait de dépasser les limites du domaine et le forcerait à rentrer au manoir avant que la nuit ne tombe. Néanmoins il partit à la recherche de son époux, souhaitant arranger les choses avec lui. Il utilisa donc la marque qu'il avait posée sur Harry pour le localiser et se dirigea vers la direction indiquée. Au bout de plusieurs minutes de marche et d'angoisse alors qu'il se demandait ce qu'il allait dire à Harry pour retrouver le début d'entente qu'ils avaient eu en début de journée, Severus entendit le bruit d'un sanglot étouffé.

Se rapprochant, le spectacle de son époux replié sur lui-même pleurant toutes les larmes de son corps le prit à la gorge et au cœur. Pour la première fois depuis qu'il avait annoncé à Fudge son intention d'invoquer le virti praemium, Severus regretta sa décision et l'espoir qu'il gardait au fond de son âme chancela sous l'assaut du doute. Il ne pouvait plus supporter de voir l'homme qu'il aimait si malheureux, mais il était trop tard à présent ; une fois le virti praemium enclenché, il ne s'éteignait qu'avec la mort des deux personnes unis par lui. Tout ce que pouvait faire Snape maintenant était de s'efforcer de rendre son époux heureux, ou plutôt moins malheureux, même au dépend de son propre bonheur.

Ainsi résolu, mais le cœur lourd du savoir qu'il ne pourrait jamais avoir l'amour de son mari, Severus s'avança. Ne sachant que faire pour soulager Harry de sa peine, il s'approcha et tenta maladroitement de le prendre dans ses bras avant d'être promptement repoussé.

"Laissez-moi ! Vous ne pensez pas que vous en avez assez fait ?" hoqueta Harry en essayant de cacher son visage inondé de larmes et d'humiliation. « Je ne peux même pas aller où je veux ! Mon propre corps refuse de m'obéir. Mes jambes cessent de fonctionner à l'instant où je dépasse vos stupides et étouffantes règles… je ressent du plaisir quand vous me touchez alors que je vous déteste… Je ne suis plus moi-même ! Je suis en train de perdre celui que je suis ! J'étouffe ici, dans ce manoir, dans ce rôle d'épouse soumise qui n'a jamais été fait pour moi ! Je veux respirer ! Je veux sortir d'ici ! Oh mon Dieu, sortez-moi de ce cauchemar par pitié ! »

Severus restait impuissant face à la crise de panique de Harry. Ce dernier se mit à respirer de plus en plus vite et de plus en plus bruyamment, prenant de grandes inspirations qui de toute évidence ne l'aidaient pas à se calmer.

"Tu peux sortir du domaine, si tu le veux." Severus murmura faiblement, comme si les mots lui coûtaient physiquement.

Harry releva la tête, ses yeux jusque là pleins de larmes brusquement emplis d'espoir.

"Mais je dois t'accompagner…"

Harry se renfrogna à nouveau.

"Bien sûr. Comme ça je vais vraiment me sentir moins prisonnier. Laissez tomber, Snape. Si sortir d'ici signifie plus de temps passé avec vous, je préfère rester enfermé." Avec ça il se releva et, chancelant, se dirigea en direction du manoir.

Severus resta un instant agenouillé sur le sol, image de douleur et de désolation, et finalement s'avoua vaincu.

"Tu peux sortir du domaine même sans moi…"

Harry se retourna.

"Mais promet-moi d'y aller avec Mlle Granger et M. Weasley. Lupin aussi de préférence. Et je veux être au courant de l'heure de ton départ et de l'heure de ton retour."

"Oh c'est tellement mieux que l'option précédente !" fit Harry avec sarcasme. "Je me sens vraiment plus libre."

"C'est à cette seule condition que j'accepte de te savoir loin du manoir sans moi."

"Très bien, Snape. Je vais au Chemin de Travers avec Ron et Hermione demain de 9h du matin à minuit. Voilà, satisfait ?" Harry avait dit cela avec le ton le plus mordant dont il était capable. « De toute façon, avec ça », il désigna le tatouage en forme de S sur son bras,"c'est comme si j'avais une laisse et une puce de localisation.", ignorant le regard ahurit de Snape qui visiblement ne savait pas ce qu'était une puce de localisation, Harry continua. "Je n'ai donc aucune chance de m'enfuir si c'est ça qui vous fait peur."

Il se détourna de Snape pour retourner au manoir. Il n'entendit pas Severus, toujours agenouillé, murmurer :

"Ce n'est pas cela qui me fait peur, Harry…"

A suivre