Katoru : tes compliments m'ont vraiment motivé pour continuer.
Elehyn : je crois que je n'ai pas à répéter à quel point tu es mon modèle. J'espère pouvoir bientôt lire un nouveau chapitre de l'une de tes très belles fics.
Loriane : je serais très fière que tu publies ma fic sur ton site, mais je te dis tout de suite qu'il n'y aura pas de fin dramatique (quoique…)
Et un grand merci à tous ceux qui m'ont écrit une review et à tous ceux qui lisent et apprécient cette histoire.
Je tiens à demander pardon pour le retard, mais outre la vrai vie qui m'empêche de me consacrer autant que je le voudrais à mon imagination, j'ai dû me remettre du choc du 6ième bouquin de Harry Potter et adapter mon histoire aux nouveaux éléments apportés par ce dernier opus sans toutefois changer l'essence de ma fic (dur dur…). Ceci veut dire que ce chapitre, ainsi que les précédents qui ont tous été remaniés, contiennent des SPOILERS de Harry Potter et le prince de sang mêlé. Donc celles qui ne l'ont pas encore lu, abstenez-vous de lire cette fic ; je ne voudrais pas gâcher votre plaisir lorsque vous lirez les dernières aventures de notre binoclard favori.
Attention ! : ce chapitre contient des SPOILERS du 6ième Harry Potter. Les autres chapitres ont aussi été modifiés, donc si vous ne comprenez pas tout, relisez les chapitres précédents.
Chapitre 9 : L'extérieur
Dans le chapitre précédent :
"Très bien, Snape. Je vais au Chemin de Travers avec Ron et Hermione demain de 9h du matin à minuit. Voilà, satisfait ?" Harry avait dit cela avec le ton le plus mordant dont il était capable. "De toute façon, avec ça", il désigna le tatouage en forme de S sur son bras, "c'est comme si j'avais une laisse et une puce de localisation.", ignorant le regard ahurit de Snape qui visiblement ne savait pas ce qu'était une puce de localisation, Harry continua. "Je n'ai donc aucune chance de m'enfuir si c'est ça qui vous fait peur."
Il se détourna de Snape pour retourner au manoir. Il n'entendit pas Severus, toujours agenouillé, murmurer :
"Ce n'est pas cela qui me fait peur, Harry…"
oOo
Le reste de la journée se déroula dans un silence emplis de tension et de colère contenue dans le cas de Harry. Ce dernier faisait mine d'ignorer complètement l'existence même de Snape tout en le fusillant de temps à autre du regard et Severus était incapable de trouver quoique se soit à dire. Toutes les idées, plus désespérée les unes que les autres, qui lui passaient par la tête pour essayer de gagner le pardon de son mari ne feraient qu'envenimer les choses, il le savait. Il souffrit donc en silence de la froideur et de la colère de Harry, la sachant oh combien méritée.
Cette nuit là, pour la première fois depuis leur nuit de noce, Severus ne dormit pas dans le lit conjugal. Harry n'avait pas la moindre idée de l'endroit où Snape avait pu se réfugier et très franchement, il s'en fichait. Il profita sans se poser de questions de cet instant de répit en espérant que Snape ne viendrait plus jamais partager sa couche. Il mit pour la première fois depuis son mariage un pyjama pour dormir (car d'habitude Snape le déshabillait puis le maintenait nu contre lui toute la nuit) avec béatitude et c'est avec un soupir de contentement qu'il se glissa sous les draps frais et s'installa confortablement au milieu du grand lit en étalant largement tous ses membres. En conséquence, il fut extrêmement surpris de se réveiller plusieurs fois pendant la nuit, cherchant inconsciemment Snape à ses côtés, tâtonnant de la main pour retrouver la présence rassurante de son mari, et frissonnant malgré la température élevée d'un été doux et chaud en raison de l'absence de l'habituelle chaleur humaine qu'il retrouvait chaque nuit depuis son mariage. Cette constatation quant au changement de ses habitudes nocturnes mit Harry assez mal à l'aise et il dut se répéter plusieurs fois au cours de la nuit que s'il avait du mal à dormir, c'était à cause de l'excitation de pouvoir enfin quitter le manoir et pas parce que –idée saugrenue- Snape lui manquait.
Le lendemain matin, il était intenable au petit déjeuner, se tortillant sur sa chaise, regardant sans cesse l'heure et attendant avec impatience ses deux amis. Ces derniers avaient semblé surpris la veille par la requête de Harry et avaient même paru réticents… mais ce n'était pas possible, Harry avait dû mal interpréter leur attitude. Ils étaient ces amis, n'est-ce pas ? Pourquoi seraient-ils réticents à l'idée de l'accompagner faire un tour en ville ?
Enfin 9h sonna et Ron et Hermione furent annoncés par Hoppy. Harry se leva d'un bond avec un cri de joie et d'impatience pour les rejoindre et partir immédiatement, sans un regard pour Severus qui était resté tout ce temps la tête baissée, sans toucher à la nourriture se trouvant dans son assiette. Au moment où la petite troupe allait quitter la pièce, Severus releva la tête et s'adressa au jeune couple qui allait emmener son époux hors du manoir pour la première fois depuis que ce dernier y avait mis les pieds.
"Mademoiselle Granger, Monsieur Weasley. Au moindre problème je veux que vous m'appeliez immédiatement, peu importe l'heure et les circonstances. Veillez à ce qui ne lui arrive rien. Je vous fais confiance."
Ron se réajusta sur ses béquilles et hocha gravement la tête alors qu'Harry leva les yeux au ciel, eut un reniflement désabusé et dit d'une voix exagérément enfantine :
"Oui maman. Et je promets de manger tous mes légumes quand je rentrerai à la maison. Allez, on y va, j'en peux plus d'être ici !"
Et Harry entraîna ses deux amis vers la cheminée, ignorant l'air profondément blessé de son mari et les lèvres pincés en signe de désapprobation d'Hermione. Il prit rapidement une poignée de poudre de cheminette et dit d'un ton décidé 'le chaudron baveur'. Alors que Harry allait jeter la poudre, il vit Snape se lever et tendre la main vers lui, comme pour le retenir, mais aussitôt les flammes vertes l'enveloppèrent et après la sensation désagréable du voyage, il se retrouva dans l'atmosphère si particulière de la taverne la plus visitée de l'Angleterre des sorciers.
oOo
Harry sortit du foyer et épousseta la suie de ses vêtements. Comme il était bon de voir un autre endroit que ce manoir maudit, se disait-il. Mais quelque chose clochait : le silence. A son arrivée, toutes les conversations s'étaient interrompues. Cela en soit n'était pas vraiment étrange car Harry était habitué à être le point de mire de l'attention partout où il allait, à son grand damne. Non, ce qui n'allait pas, c'est que là les regards lancés dans sa direction n'étaient ni ébahis, ni admiratifs, mais soupçonneux et mauvais. Après ces quelques instants de silence tendus, les clients du chaudron baveur se mirent à chuchoter entre eux frénétiquement, toujours en fixant Harry de leurs yeux malveillants.
Harry sentit Ron, qui venait d'arriver avec Hermione par la cheminée, lui tirer la manche avec insistance en direction de la sortie, mais Harry était cloué sur place. Deux petites vieilles installées près du comptoir chuchotaient entre elles plus fort que les autres, probablement parce qu'elles étaient toutes deux un peu sourdes.
"Comment ose-t-il se montrer, celui-là ? Pourquoi le ministère ne l'a-t-il pas encore envoyé à Azkaban ?"
"Dottie, espèce de vieille gâteuse. Tu oublies toujours tout. Il a été choisi par notre Sauveur pour le virti praemium !"
"Le virit quoi ?"
"Enfin tu sais ! La tradition où un héros choisi en récompense de sa bravoure d'épouser la personne de son choix ! Tu es vraiment sourde et gâteuse ma pauvre vieille !"
"Ah oui ! Je me souviens maintenant ! Mais je ne vois vraiment pas pourquoi il a été choisi lui. Ma petite fille aurait été cent fois mieux et lui aurait déjà donné de beaux enfants. Au fait, il porte un enfant maintenant ?"
Harry, qui avait écouté toute la conversation avec une colère grandissante et qui n'en croyait pas ses oreilles, intervint alors.
"Nan mais pour qui vous vous prenez ! Vous n'avez pas honte de porter des jugements de la sorte sans rien savoir, RIEN ! Et bien sûr que je n'attends pas d'enfant ! C'est une idée ridicule !"
"Pas encore ! Mais qu'est-ce que tu attends, petit incapable ! Toute jeune personne en bonne santé attendrait déjà un enfant ! De mon temps, toutes les jeunes mariées tombaient enceintes dès leur nuit de noce ! C'est tout même pas bien compliqué ! Mais c'est vrai qu'avec une mauvaise graine comme celle là" dit-elle d'un ton dégoûté et haineux, "on ne peut vraiment pas s'attendre à ce qu'il fasse les choses correctement."
Harry allait répliquer quand Hermione lui prit le bras et le dirigea résolument vers la sortie. Ron les suivit en s'appuyant su ses béquilles et dit :
"Ca va, Harry. Laisse tomber, elles en valent pas la peine."
"Je crois qu'il vaudrait mieux aller du côté moldu de Londres" fit Hermione, l'air inquiet.
"Pas question !" rétorqua Harry, "Je veux revoir Diagon Alley et je n'en ai rien à faire de ce que les gens pensent ! D'ailleurs depuis quand ce que les autres pensent de moi m'affecte ? Je ferai ce que je veux aujourd'hui, sans tuteur pour me donner des ordres. Vous êtes mes amis, alors essayez de comprendre. J'ai besoin de prendre des décisions et de faire des choix librement aujourd'hui, même si ce ne sont que de petites choses."
Hermione et Ron se regardèrent, puis hochèrent la tête en signe de compréhension. Mais Hermione avait encore l'air anxieux et hésitant.
"Je suis d'accord et je te comprend. Rester enfermé tout ce temps dans un endroit où on n'a pas voulu être… Mais je t'en supplie, promet-moi d'écouter nos conseils en tant qu'amis et de rentrer au manoir si les choses tournent mal."
"Mais qu'est ce qui pourrait tourner mal enfin !"
Ni Ron ni Hermione ne répondirent pendant plusieurs minutes, puis Ron desserra ses lèvres blanchies par la pression pour dire :
"Je pense que tu le verras bien assez tôt."
Cette réponse agaça particulièrement Harry qui en avait assez qu'on lui cache tout et qu'on le traite comme une fragile jeune fille. Il avait l'impression de se retrouver en cinquième année, mais en pire ! Il voulut confronter ses amis là-dessus et exiger de savoir ce qu'ils voulaient dire, mais finalement il haussa les épaules et décida de laisser passer. Il avait attendu ce moment de liberté trop ardemment et avec trop d'enthousiasme pour se le laisser gâcher par la colère ou par ses amis qui décidemment n'agissaient plus comme tels. C'est comme s'ils avaient pris le parti de Snape plutôt que le sien !
oOo
Devant le mur de briques derrière le Chaudron Baveur, Harry sortit sa baguette avec un sourire satisfait pour taper la bonne combinaison. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas fait de magie. Non pas que Snape le lui avait interdit, mais avoir sa baguette dans sa main avec Snape aux environs lui donnait toujours envie de lui lancer un sortilège particulièrement douloureux et il ne voulait pas se confronter à la réalité : sa magie ne marchait pas sur la personne qu'il voulait le plus maudire.
Alors qu'il allait taper avec sa baguette sur les briques pour ouvrir le mur, Ron intervint d'un ton faussement joyeux :
"Alors Harry, où as-tu envie d'aller ?"
"Aucun endroit en particulier. J'aimerais revoir Diagon Alley et ses magasins et me balader un peu. En fait je voulais juste sortir de ma prison et m'éloigner de Snape. Je ne peux vraiment plus le supporter ! Déjà avant je ne l'aimais pas, mais là, c'est la totale ! M'enfermer de la sorte, non mais je vous jure ! Comme un animal en cage ! Et sans raison en plus puisque je ne peux pas le tromper même si je le voulais et je ne peux pas m'enfuir ! C'est vraiment juste pour me faire souffrir !"
Ron et Hermione eurent l'air gêné et détournèrent le regard. Cette fois, et malgré sa volonté de rester calme, Harry explosa.
"Mais qu'est-ce que vous avez cette fois ! J'en ai assez que vous ne me regardiez pas dans les yeux quand vous ne voulez pas me dire quelque chose ! J'en ai assez que vous me cachiez toujours tout comme si je n'étais pas capable de faire face aux problèmes ! Alors arrêtez les regards fuyant et regardez-moi dans les yeux pour me dire enfin ce qui ne va pas plutôt que de me laissez découvrir les problèmes au dernier moment !"
Hermione rougit de honte et Ron baissa la tête, penaud d'avoir autant manqué du courage de la maison de Gryffondor. Hermione finit par prendre la parole.
"Harry, ce n'est pas qu'on veuille te cacher quoique se soit, mais on ne sait pas trop comment te dire… enfin on ne voulait pas te gâcher ta joie pour ta première sortie depuis des mois et…"
"Viens-en aux fait, Hermione. Dis-moi ce que vous me cachez." fit Harry, à bout de patience.
"Il faut que tu saches que Fudge et Scrimgeour (nda : voir Harry Potter et le Prince de Sang-Mélé) ne sont pas restés inactifs depuis ton mariage forcé avec Snape. Scrimgeour a la rancune tenace, il ne t'a jamais pardonné de ne pas t'être allié à lui pour convaincre les sorciers qu'il faisait du bon travail avec le ministère pendant la guerre. Lui et Fudge ont fait un battage de presse et d'opinion monstre contre toi pour te discréditer, te reprochant ta soi-disant inaptitude à mettre un terme au règne de terreur de Voldemort, ta soi-disant instabilité, ton soi-disant goût pour la guerre et la violence et ta soi-disant cruauté envers ton époux."
Harry encaissa le coup. Il aurait dû se douter que Scrimgeour et Fudge chercheraient à se venger de son manque de coopération et de sa défiance. Mais ce fut la dernière phrase d'Hermione qui le mit hors de lui.
"Ma cruauté ! C'est une blague ! Et Snape alors ! C'est moi la victime dans cette affaire, certainement pas lui !"
"Nous le savons, Harry. Mais le reste du monde des sorciers voit Snape comme leur libérateur, comme leur héros, encore plus que toi quand tu étais dans ce rôle. Et donc ils ne veulent pas reconnaître ses défauts ou ses tords. De plus, un certain nombre de gens espérait que Snape allait les choisir pour le virti praemium et, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, ils te jalousent et t'en veulent d'avoir retirer du marché le célibataire le plus en vu si vite. Ce qui fait que quand Fudge a lancé ces rumeurs comme quoi tu battais froid à Snape et que tu lui refusais ta couche, les gens étaient plus que disposés à le croire."
"Ca n'a pas de sens ! Avec le virti praemium, Snape pourrait demander absolument tout ce qu'il veut de moi sans que j'aie la moindre possibilité de résister, sans que je puisse refuser ! C'est d'ailleurs ce qui m'enrage le plus. Et puis comment pourrais-je lui refuser ma couche ? A partir du moment où il me donne un ordre, c'est comme si mon corps cessait de m'appartenir ! Je ne suis pas cruel envers Snape tout simplement parce que je n'ai pas le choix !"
"Je le sais aussi. Mais… le virti praemium n'a pas été en usage depuis plus de 400 ans et est principalement une tradition orale. Il y a très peu de livres sur le sujet et donc très peu de gens en connaisse les détails. Et comme il n'y a pas vraiment de moyens de savoir ce qui se passe au manoir, Fudge et Scrimgeour leur font avaler tout ce qu'ils veulent."
Harry hocha la tête, puis se renfrogna soudain quand une pensée sombre lui traversa l'esprit.
"Et vous, dans tout ça ? Qu'avez-vous fait pour empêcher ça ?" demanda-t-il d'un ton accusateur. "Vous, vous saviez la vérité, non ? Vous étiez dehors alors que moi j'étais coincé chez Snape. Je n'avais aucun moyen de me défendre. Pourquoi n'avez-vous rien fait pour arrêter Scrimgeour ! Ah on peut dire que j'ai de vrais amis !"
Le visage de Ron se décomposa comme s'il venait de recevoir un coup de poing. Hermione semblait au bord des larmes. Ils avaient l'air tous deux extrêmement blessés, mais Harry se détourna d'eux et, après avoir frapper les briques du mur, s'engouffra dans Diagon Alley.
oOo
Une fois arrivé, il fit quelques pas dans la rue principale. Tout était tel qu'il se le rappelait, ni le temps ni la guerre ne semblait avoir de prise durable sur cet endroit magique : les boutiques colorées, les étalages en désordre et les sorciers enthousiastes vacants à leurs occupations. Sauf qu'à son entrée, quelques doigts se pointèrent dans sa direction, les rires et les voix animées devinrent peu à peu murmures et la rue quelques instants plus tôt si sympathique devint soudainement hostile et désapprobatrice.
Harry recula, ses instincts de guerre revenant au galop sous la pression de l'atmosphère malsaine qui se dégageait à présent de l'ensemble de la population sorcière de Diagon Alley. Seule quelques enfants n'avaient pas d'expression négative et regardaient avec curiosité et angoisse les visages fermés de leurs parents. Une petite fille tira sur la manche de sa mère pour attirer son attention.
"Maman, pourquoi on avance plus ? Et pourquoi tu regardes le monsieur comme ça ?"
Cette simple petite phrase innocente sembla être le déclenchement pour la foule. Toutes les voies jusqu'alors silencieuses tonnèrent en même temps et tous crachèrent leur haine et leur colère sur Harry.
"Comment oses-tu te montrer !"
"Petit ingrat, traiter aussi mal notre Sauveur alors qu'il t'a fait l'honneur de t'épouser !"
"Espèce de lâche ! Tu souilles notre rue et notre honneur de sorciers !"
Tout comme après la bataille finale, les injures fusèrent, toujours plus vindicatives et injustes, et bientôt les pierres et les sorts les rejoignirent. Quelques voix appelaient au calme et certaines prenaient même la défense de Harry, mais elles étaient noyées par les cris hystériques des détracteurs de l'ancien 'Survivant'. Harry, armé de sa baguette, lança un sort de protection et tenta d'éviter la plupart des sortilèges et projectiles. Il était totalement abasourdi par tant de violence. Il ne comprenait vraiment pas comment la population pouvait à ce point monté contre lui. Un grand sentiment de trahison l'envahit et pourtant il n'aurait pas dû être surpris : ce n'était pas la première fois que les sorciers se retournaient contre lui.
Toujours sous le choc, il ne bougeait pas alors que la populace en colère se rapprochait et multipliait les attaques.
"Harry !"
Ce cri venait d'Hermione qui, accompagnée de Ron, se plaça entre Harry et les chiens enragés.
"Arrière ! Vous n'en avez pas assez de vous en prendre à lui et de le harceler de la sorte !"
En réponse elle reçue promptement une pierre sur le coin du visage.
"Tait toi ! Ce ne sont pas vos campagnes de mensonges qui vont nous tromper !"
"Ouais ! Vous devriez arrêter votre propagande mensongère, ça ne marche pas !"
"Ce ne sont pas des mensonges !" rugit Ron, rouge de rage, se redressant autant que sa jambe cassée le lui permettait. "C'est Scrimgeour qui vous ment, par jalousie envers Harry. Ouvrez les yeux !"
La cacophonie qui suivit cette déclaration fut telle que Harry fut incapable de comprendre un mot entre protestations et approbation. Ron allait de toute évidence en rajouter tout en maintenant Hermione, blessée, contre lui, quand Neville surgit hors de la foule et les amena si vite dans une petite boutique que les sorciers n'eurent pas le temps de comprendre ce qu'il venait de se passer.
"Vite vite, entrez !" souffla le vaillant Neville, encore essoufflé de son intervention éclair pour sauver ses amis. "Asseyez-vous donc, il y a des chaises et un fauteuil dans l'arrière boutique. Ne faites pas attention aux plantes qui traînent, je n'ai pas eu le temps de ranger mon magasin."
Harry, reprenant un peu ses esprits mais toujours un peu tremblant, s'effondra sur une des chaises de l'arrière boutique. Ron guida tant bien que mal Hermione vers le fauteuil avant de tirer une chaise pour lui qu'il plaça à côté de sa fiancée, posant ses béquilles contre le fauteuil. Neville s'affaira encore quelques minutes, préparant le thé pour tout le monde, et l'apporta aux trois amis.
"Tenez, ça vous fera du bien." dit-il en tendant à chacun une tasse emplie du liquide brûlant.
Malgré la chaleur ambiante Harry accepta avec gratitude sa tasse. Après avoir bu quelques gorgées, il se sentit suffisamment remis pour poser une question qui tournait en boucle de sa tête depuis sa récente confrontation avec le monde des sorciers.
"Neville, qu'est-ce qu'ils voulaient tous dire ? Ils parlaient de campagne et de propagande…"
Neville jeta un regard surpris à Ron et Hermione, mais Ron était trop occupé à observer la blessure d'Hermione pour la soigner pour faire attention aux deux autres personnes présentes dans la pièce. Neville soupira et se tourna alors vers Harry.
"Je pensais qu'ils te l'avaient déjà dit… Ron et Hermione ont fondé une association pour réhabiliter ton image auprès des sorciers et faire éclater toute la vérité sur ta participation réelle à la guerre… tu sais, les horcruxes de Voldemort que tu as détruis et tout ça… Ils tentent aussi de les faire se rendre compte que Fudge et Scrimgeour leur mentent, mais il est difficile de changer des mois de propagande contre toi. Et puis les gens ont besoin de blâmer quelqu'un car ils ne sont toujours pas remis de leurs pertes. Scrimgeour leur a fourni le bouc émissaire idéal."
"Une association pour me soutenir ?"
La culpabilité s'abattit sur Harry comme une tonne de briques. Il s'était à nouveau emporté avant de laisser une chance à ses amis de s'expliquer, il les avait accusés alors que ces derniers avaient publiquement pris sa défense, risquant leur propre sécurité et tranquillité. Harry, protégé par les murs de la propriété isolée de Snape, n'avait pas eu à subir toutes ces insultes haineuses, même s'il les aurait supportées avec plaisir pour protéger ses amis. Ron et Hermione devaient sans doute souffrir de ce traitement tous les jours. Et non seulement ils n'avaient rien dit, ne s'étaient jamais plains, n'avaient rien reproché à Harry, mais ils l'avaient même consolé quand eux-mêmes auraient eu besoin d'un soutient similaire.
"Ron, Hermione, je vous dois des excuses. Je vous ai accusé de m'avoir laisser tomber alors que vous avez passé tous ce temps à essayer de faire éclater la vérité. Et je comprend maintenant pourquoi vous et Snape ne vouliez pas que je quitte le manoir : vous aviez peur que je me fasse agresser par tous ces psychopathes. Je suis désolé de ne pas avoir cherché à comprendre, j'aurais dû…"
"Ce n'est rien Harry. Tu ne pouvais pas savoir puisqu'on ne t'avait rien dit. C'est à nous de nous excuser pour ça. On aurait dû t'en parler, mais on ne savait pas comment t'annoncer à quel point les gens peuvent être bornés et stupides… et puis ton anniversaire était il y a deux jours… On voulait vraiment que tu t'amuses et pas te gâcher ta joie en te révélant les calomnies dont tu fais l'objet."
Harry hocha la tête, ce sentant toujours aussi coupable même s'il savait que ses amis aussi avaient leur tords. Hermione prit alors la parole, toujours aussi pale et tremblante.
"Sans vouloir de donner des ordres Harry, je pense qu'il vaudrait mieux rentrer au manoir, ou au moins partir de la partie sorcière de Londres. J'entends la foule dehors qui s'agite et je ne voudrais pas qu'il détruise le magasin de plantes de Neville dans leur effort de te retrouver pour continuer leur lynchage."
Harry fit la grimace, mais acquiesça humblement. Il ne voulait pas rentrer au manoir et voir Snape qui sans doute le regarderait avec une exultation méchante et le sermonnerait, trop heureux d'avoir eu raison. Mais il avait fait prendre suffisamment de risques à ses amis pour lui.
"D'accord, mais est-ce qu'on pourrait passer au Burrow avant ? J'aimerais saluer la maman de Ron avant de rentrer."
Ron sourit.
"Elle sera ravie. Et puis Fred et George sont en ce moment à la maison en visite. Ca nous fera du bien à tous de les revoir. Mais avant d'y aller, Neville est-ce que tu aurais un remède contre les maux de tête ? Hermione ne se sent pas bien."
"Oui oui, va te servir, il y en a sans le tiroir de la commande au fond de ma serre personnelle, à droite. Oh et fais attention à Sissy, ma plante carnivore. Elle est barbouillée en ce moment et recrache toutes sortes de liquides un peu acides. Je ne voudrais pas que tu troues tes vêtements ou pire…"
Ron eut l'air quelque peu effrayé. Il se leva en s'aidant de ses béquilles et, sans remords aucun, tira avec lui Hermione pour qu'elle l'aide à maîtriser les plantes de Neville qui pouvaient être aussi vicieuses que les 'animaux de compagnie' de Hagrid.
Harry et Neville se retrouvèrent seuls, tous deux un peu gênés et ne trouvant rien à se dire. Neville, assez intimidé, se tortilla les mains et s'affaira ensuite à ranger les tasses à thé. Bien sûr, étant Neville, il trouva le moyen de se prendre les pieds dans le tapis et s'étala de tout son long, brisant les fragiles tasses de porcelaine avec fracas. Harry dû se mordre la lèvre pour ne pas rire. Neville lui aussi lui avait manqué. Ca lui faisait plaisir de voir qu'il n'avait pas changé, que quelque chose du monde des sorciers n'avait pas changé et ne s'était pas retourné contre lui.
Rouge de confusion, Neville se redressa et répara les tasses. Très embarrassé, il tenta de reprendre une conversation.
"Les gens sont vraiment bêtes, hein ? Impossible de leur faire entendre raison, peu importe le nombre de conférences qu'on fait. Il n'y a que Snape qui ait eu quelques résultas auprès de ces têtes de mules avec ses propres conférences, et encore !"
Harry, qui se retenait encore de rire après la maladresse de Neville, sursauta à cela.
"Snape ! Mais il a passé ces deux derniers mois au manoir à superviser les travaux de rénovation ! Il n'a certainement pas pu donner de conférences !"
Neville le regarda bizarrement, puis demanda calmement :
"Est-ce que tu l'as vu, pendant les travaux ?"
Harry resta muet. Neville soupira.
"Tu n'as même pas cherché à savoir ce qu'il faisait, n'est-ce pas ? Mais ce n'est pas grave. Après le sale coup qu'il t'a fait, on ne peut vraiment pas te reprocher de lui en vouloir et de ne pas être objectif sur son compte." Il frissonna."Brrr… marié à Snape ! Si ça avait été moi…"
Il se reprit.
"Mais c'est vrai, Snape s'est démené pendant des semaines pour changer l'opinion publique sur toi. Je sais de part ma grand-mère –tu sais qu'elle met son nez partout– que Snape est allé voir Fudge presque tous les jours pour qu'il arrête cette propagande mensongère contre toi. C'est ce qu'il a fini par faire d'ailleurs et il a arrêté les déclarations officielles et officieuses à ton encontre. Mais le Daily Prophet et les gens en général ne veulent pas lâcher leur bouc émissaire. C'est très pratique de te mettre sur le dos toutes les erreurs que notre camp a commises, comme ça ils n'ont pas besoin de chercher les vrais responsables. Snape a aussi essayé d'enrayer ça. Il a donné beaucoup de conférence et de petits discours pour te réhabiliter. Malheureusement il n'arrive pas à de grands résultats dans ce domaine. D'ailleurs ça m'étonne qu'il t'ait laissé sortir sans lui, tu risques vraiment ta vie en étant dehors sans protection comme ça, même si tu es puissant. La moitié de la communauté magique veut te 'punir' de ne pas avoir tuer Tu Sais Qui comme tu devais supposément le faire et l'autre moitié veut te tuer pour avoir été choisi à leur place pour le virti praemium."
Harry fut quelque peu embarrassé.
"J'ai, disons, insisté…"
Neville eu un sourire.
"Ca ne m'étonne pas de toi. Heureusement que rien ne s'est passé. Par contre vous devriez partir assez vite, les gens savent que je suis un sympathisant de la campagne menée par Ron et Hermione et savent aussi que nous sommes amis. Ils ne vont pas tarder à vous chercher par ici."
Harry acquiesça et se leva, alors même que Ron et Hermione revenaient de la serre. Hermione semblait aller bien mieux et même paraissait se retenir de rire pendant que Ron pestait, sa robe constellée de trous et de traces de dents.
"Des petits soucis avec Sissy ?" susurra Neville qui de toute évidence ne sympathisait pas vraiment avec les déboires de Ron. Ce dernier ne répondit rien à voix haute, mais marmonna quelque chose comme « Vaut pas mieux que Norbert, cette espèce de mauvaise herbe… »
Hermione gloussa et passa son bras sous celui de Ron pour le calmer.
"Allez, ne soit pas grognon alors que l'on va voir ta famille. Harry, cesse de te tortiller nerveusement comme ça, on t'a déjà dit que ce n'était rien et qu'on avait aussi nos tords dans toute cette histoire. C'est le bon moment pour repartir du bon pied. Ron, accompagne Harry jusqu'au Burrow, moi je contacte Severus."
Harry tiqua.
"Pourquoi veux-tu appeler Snape ?"
"Parce que lui ai promis avant de partir de le faire au moindre problème. Je vais juste le prévenir que nous allons chez les Weasley et que nous te ramènerons en un seul morceau."
Harry soupira et regarda Ron qui déjà utilisait la cheminée de Neville. Avant de le suivre, Harry repensa brièvement à ce que Neville lui avait révélé. Il se demandait quelles étaient les motivations de son mari. Pourquoi tentait-il d'améliorer son image auprès des gens ? Etait-ce pour gagner la confiance de Ron et Hermione qui faisaient de même ? Ou était-ce pour qu'Harry soit plus 'gentil' avec lui et le laisse le toucher ? Mais dans ce cas, pourquoi ne lui avait-il rien dit ? Pourquoi prétendre qu'il supervisait les travaux alors qu'il faisait une campagne d'information en sa faveur ? Et l'avait-il retenu prisonnier au manoir seulement pour sa sécurité ou pour une autre raison ? Les questions se bousculaient dans sa tête et Harry se dit qu'il se devait d'avoir une conversation un peu plus conséquente avec son mari à son retour.
oOo
Harry arriva par la cheminée de la cuisine des Weasley, pièce qu'il aimait particulièrement du fait de son atmosphère accueillante et chaleureuse. La pièce semblait déserte malgré les ustensiles de cuisine en mouvement. Avant qu'il ait eu le temps d'appeler, il fut engouffré dans les bras généreux de Molly Weasley.
"Harry mon petit ! Quelle joie de te revoir si tôt ! C'est si gentil d'être passé ! C'est ce que je disais à Ron sur le pas de la porte."
Elle lâcha Harry et se tourna vers la porte d'entrée d'où provenait un son étrange de brouhaha fais de cris et d'exclamations.
"Ron ! Si tu as finis de lancer des sortilèges sur ces indésirables malpolis, viens donc mettre la table, il est bientôt 11h." Elle se tourna à nouveau vers Harry, toute souriante malgré la phrase plus que saugrenue qu'elle venait de prononcer. "Tu resteras bien à déjeuner, n'est-ce pas Harry ? Je fais du poulet rôti, des pommes de terre et en dessert des tartes à la mélasse, Ron m'a dit que c'est ton dessert préféré."
"Euh… Je ne sais pas trop, Madame Weasley. Je ne sais pas si Snape..."
"Sornettes, mon petit. Il n'y a pas qu'à l'inviter aussi. Plus on est de fous plus on rie, et en plus sa présence calmera peut-être les vautours qui rôdent autour de la maison."
"Des vautours ?"
"Maman veut parler de ces crétins qui refusent de croire que quelqu'un d'autre que Snape ait participé à la guerre" intervint Ron qui venait de rentrer. "Comme le Burrow est le quartier général de notre association pour ta réhabilitation, les fanatiques qui sont contre notre action attaquent la maison régulièrement."
Harry pâlit à cela, la culpabilité l'envahissant encore une fois.
"Il-il vous attaquent !"
Fred et Gorge arrivèrent sur ces entrefaites, dévalant les escaliers avec désinvolture.
"Je crois que notre cher petit frère exagère en disant 'attaquent'. Disons plutôt qu'ils se contentent de crier très fort et de lancer sur la maison toute sorte de choses qu'ils trouvent par terre par hasard. Certaines sont assez intéressantes, n'est-ce pas George ?"
"Indubitablement. J'ai particulièrement apprécié la fois où ce type a balancé cet objet moldu, un … Voyons, je ne me souviens plus, comment ça s'appelle ?…"
"Un boomerang ?" proposa Fred d'un air innocent quoique faussé par un large sourire carnassier.
"Ah oui c'est ça ! Plutôt marrant quand il se l'ait reçu en pleine figure."
"Oui oui, très divertissant."
"Sans compter que tous ces gens sont très serviables et utiles, n'est-ce pas Fred ?"
"Sans aucun doute, George. Avec autant de cobayes sous la main pour tester nos nouveaux produits, c'est une sacrée aubaine. D'ailleurs que dirais-tu de tester dès maintenant notre bonbon ultra laxatif afin d'en observer les effets ?"
"Excellente idée, Fred. Après toi…"
Et ils ouvrirent la porte et sortirent sous le regard ébahis de Harry, chacun avec un énorme sourire collé sur le visage.
"Tu vois Harry," continua Molly Weasley tranquillement comme si deux de ses enfants ne venaient pas juste d'annoncer leur intention de rendre malade des dizaines de personnes, "tu n'as pas à t'inquiéter pour nous, nous savons très bien nous débrouiller. Et puis, quelques que soient les circonstances, les Weasleys n'abandonnent jamais un des leurs et tu fais partie de la famille pour nous. Aller, va donc te reposer pendant que j'invite Severus à déjeuner avec nous."
Mais elle n'eut pas le temps de le faire. Alors que Harry allait se diriger vers le salon avec Ron qui avait fini de mettre la table, la cheminée s'activa à nouveau et Severus Snape en sortit, l'air hagard.
"Harry ! Tu n'as rien ? Tu n'es pas blessé ? Laisse-moi regarder…"
Il attira un Harry ahuri vers lui avant que ce dernier ait comprit ce qui se passait et l'examina sous toutes les coutures, ses longues mains blanches effleurant chaque partie de son corps. Reprenant ses esprits, Harry repoussa son mari dont l'attention devenait franchement envahissante.
"Je vais bien. C'est Hermione qui s'est blessée en me protégeant."
Severus se tourna vers Hermione qui venait d'arriver elle aussi par la cheminée.
"Je vous remercie, mademoiselle Granger. Je suis heureux de voir que je peux compter sur vous pour la protection de mon époux."
Hermione accepta les remerciements, mais semblait plutôt énervée.
"Je vous avais dit qu'il allait bien. Ce n'était pas la peine de vous précipiter chez les Weasley sans avoir été invité comme s'il était en danger de mort."
Le visage de Severus, qui s'était adouci avec le soulagement de constater que Harry était sain et sauf, se renfrogna.
"Je pense avoir le droit de m'inquiéter pour mon mari et j'ai le droit de le voir quand bon me semble." dit-il d'une voix sèche et cassante, fusillant du regard la jeune fille.
Le silence tendu qui suivit cette déclaration fut rompu par la voix faussement joyeuse de madame Weasley.
"Allons, ce n'est pas la peine de s'énerver. J'allais justement appeler Severus pour l'inviter à déjeuner avec nous quand vous êtes arrivés, donc tout va bien. Allez donc au salon pendant que je prépare le repas. Hermione, tu veux bien m'aider ? Nous serons nombreux donc un petit coup de main ne serait pas de refus."
Hermione acquiesça et les hommes quittèrent la pièce pour aller au salon. Au moment de passer la porte, Harry arrêta Severus de la main.
"J'aimerais vous parler seul à seul. Il y a certaines choses que j'aimerais tirer au clair et pour cela j'ai des questions à vous poser."
Severus n'eut pas l'air surpris, plutôt résigné. Il s'adressa à Ron qui les regardait d'un air interrogateur.
"Si vous voulez bien nous excuser, monsieur Weasley, je souhaiterais m'entretenir en privé avec mon époux. Si vous pouviez nous indiquer un lieu où nous pourrions le faire en toute discrétion et sans vous déranger…"
"Vous pouvez aller dans l'ancienne chambre de Percy. Harry, je te laisse y conduire le professeur Snape ; je viendrai vous avertir au moment de se mettre à table."
Harry lui sourit en signe de gratitude, puis il se dirigea vers les escaliers pour une petite discussion avec Snape qui amènerait, il l'espérait, des révélations.
A suivre
