MUTANT X appartient à MARVEL et TRIBUNE !

RAR :

Bony Je comprends que tu préfères lire sur ffnet plutôt que sur le forum (moi, c'est pareil) mais forcément, du coup, tu dois attendre bcp plus longtps que les autres pour les réponses à tes comm' ... Désolée ! Et cette fois-ci, tu vas être heureuse : je poste la première moitié du chapitre ici : elle est pas belle, la vie ? J'adore comment tu analyses les comprotements de Jesse & Lexa (non, c'est pas de la psycho à 50 balles ou alors, on a la même ) mais pour les autres questions, je crains que tu ne doives attendre encore un peu, notamment pour ce qui est de dédouaner(ou non) le Colonel Moutarde... Merci pour ton comm, en tout cas !

Rose Ray : Ah ! Tu as raison : je ne sais jms si c'est 'un' ou 'une' review ! C'est pourquoi, en général, je préfère 'commentaire' ... Si quelqu'un sait : à bon entendeur salut ... Sinon : de rien ! J'adore répondre aux lecteurs (et je peux me permettre de le faire parce qu'ils sont si peu ) A ce propos, je suis perplexe : ffnet a bugé ce week-end et depuis mon compteur de vue est revenu à zéro ! Est-ce que c'est pareil pour toi ? Je sais, je suis encore en retard sur la fic, mais je vais vite arranger ça ... Et merci d'avance pour ton futur comm' sur mon nouveau chapitre ...

BONNE LECTURE !

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CHAPITRE 7 : Joyeux Noël, Shalimar !

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« Vive le vent
Vive le vent
Vive le vent d'hiver
Qui s'en va sifflant soufflant
Dans les grands sapins verts
Oh ! Vive le temps
Vive le temps
Vive le temps d'hiver
Boule de neige et jour de l'an
Et bonne année grand-mère
Joyeux joyeux Noël
Aux mille bougies
Qu'enchantent vers le ciel
Les cloches de la nuit.
Oh ! Vive le temps
Vive le temps
Vive le temps d'hiver
Qui rapporte aux vieux enfants
Leurs souvenirs d'hier… »

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Le matin du 24 décembre, Shalimar s'éveilla entre les bras de Brennan avec l'impression d'une tâche à accomplir d'urgence. Prenant soin de ne pas déranger son amant qui dormait encore d'un sommeil profond, elle se dégagea souplement de son étreinte possessive et du lit qui avait accueilli leurs retrouvailles, la nuit même. Il était encore très tôt mais quelque chose disait à la féline que la personne qu'elle voulait rencontrer était elle aussi déjà réveillée.

À travers l'obscurité de la chambre, elle chercha à localiser ses vêtements sur le sol avant de se souvenir que son peignoir se trouvait dans la salle de bain : c'était là qu'elle avait – au sens propre du terme – sauté sur Brennan. Ses joues se colorèrent de honte tandis que Shalimar se remémorait l'indécence de son comportement de la veille. Elle s'était conduite comme une putain, une vulgaire fille de joie… Ou plus exactement – lui dicta charitablement sa conscience – comme une femelle en chaleur… D'ailleurs, autant qu'elle pouvait en juger, la lèvre tuméfiée de Brennan portait encore les stigmates de la sauvagerie de ses baisers…

Heureusement, ce dernier avait su prendre les choses en mains et rétablir l'équilibre entre le côté humain et le côté félin de la jeune femme. Elle ne l'aimait que plus encore, pensa-t-elle avec mélancolie. Cette nuit, alors qu'il lui murmurait des mots d'amour et que – pour la première fois au cours de leurs ébats – il perdait lui aussi le contrôle de ses pouvoirs, quelque chose d'infiniment chaud, de tendre et d'intime avait mûri dans le cœur de la jeune femme. Shalimar ne savait pas vraiment de quoi il s'agissait, sinon que cela lui avait redonné la force de continuer et la conviction que, dorénavant, elle ne se sentirait plus jamais seule…

Enfermée dans la salle de bain, elle baigna son visage d'eau fraîche et rassembla grossièrement ses longs cheveux blonds en un chignon ébouriffé. Pour le moment, elle ne pouvait guère faire mieux… Pendant un instant, Shalimar s'observa d'un œil critique dans le miroir suspendu au-dessus de la vasque de toilette. Son reflet lui renvoyait l'image d'une femme aux traits marqués, aux lèvres anormalement gonflées et aux pommettes trop saillantes. Depuis qu'elle s'était mise à fuir ses amis – sa famille – et à chasser jusqu'aux premières lueurs de l'aube, elle avait maigri. Elle se demanda si Brennan l'avait remarqué, remarqué combien ses clavicules saillaient sous sa peau pâle, presque translucide, semée du réseau des veines bleutées… Ces derniers temps, Shalimar n'avait pas prêté une grande attention à son apparence physique et, à présent, confrontée à cette image, elle détesta immédiatement l'impression de fragilité qui se dégageait de son corps aminci. Même ses seins paraissaient avoir perdus de leur féconde rondeur… Mentalement elle se promit qu'à l'avenir elle dévorerait chaque repas concocté par Jesse et plus encore…

Un drôle de bruit – sorte de chuintement imperceptible provenant du plafond ou du haut du mur – tira subitement la jeune femme de sa rêverie. Instinctivement, ses yeux prirent leur teinte incandescente. Elle guetta, attentive, un nouveau bruit ou un quelconque mouvement. Mais il n'y eu rien plus … Probablement la tuyauterie. Ou son imagination…

Finalement tranquillisée, Shalimar enfila prestement son peignoir, retardant sciemment le moment de prendre une douche : le bruit de l'eau risquait de réveiller le matérial électrique qui se trouvait dans la pièce d'à côté. En fait, elle voulait – encore un peu du moins – garder l'odeur musquée de Brennan imprimée sur sa peau et le goût de sa langue dans sa bouche…

Mais un dernier coup d'œil dans le miroir apprit à Shalimar qu'elle ne pouvait décemment pas se promener dans les couloirs du Sanctuaire ainsi vêtue. Le peignoir, en fine soie blanche brodée d'une unique rose rouge dans le dos, ne cachait pratiquement rien de sa nudité. Pire encore ! Le petit triangle doré entre ses cuisses semblait flamboyer à travers le tissu d'avoir été honoré avec tant d'ardeur, la nuit passée… Shalimar était certes une féline, mais elle n'était pas une exhibitionniste et ne tenait pas particulièrement à tomber nez à nez avec Jesse ou Lexa en petite tenue. Surtout si elle sortait si visiblement de chez Brennan…

Dans la chambre, celui-ci dormait toujours, son corps musclé emmêlé entre les draps froissés, le souffle régulier. Le plus silencieusement possible, Shalimar se déplaça jusqu'à la penderie du matérial électrique à la recherche d'un vieux pantalon qu'il ne mettait plus et qu'elle pourrait lui emprunter. Après quelques minutes de prospection, elle tomba enfin sur un bas de survêtement blanc qu'elle ne se rappelait pas l'avoir jamais vu porter. Parfait ! En plus, il était pourvu de liens aux chevilles que la féline pourrait facilement ajuster à sa propre taille. Elle songea ensuite qu'elle aurait aussi besoin de chaussettes. Il n'y avait rien que Shalimar détesta autant que le contact du carrelage glacial sous ses pieds nus…

Tandis qu'elle fouillait dans le tiroir de la commode où, une fois, elle avait vu Brennan extirper une paire de chaussettes au milieu d'un abominable fatras de boxers, caleçons et autres maillots de bain, sa main heurta un objet solide. Dans un tel endroit, c'était totalement incongru… Shalimar fronça les sourcils : qu'est-ce que Brennan pouvait-il bien dissimuler au fond de sa commode ? Avec un sursaut d'appréhension, la jeune femme pensa qu'il avait peut-être conservé une relique de son passé de délinquant : la pièce quelconque d'une voiture qu'il avait volé ou bien un souvenir de l'une de ses jolies conquêtes. Peut-être même s'agissait-il d'une photographie de ses parents – papa maman Mulwray tenant un petit garçon brun et souriant par la main – gardée en mémoire de son enfance heureuse… Dans tous les cas, Shalimar se sentit soudain très gênée de violer ainsi l'intimité de l'homme qu'elle aimait.

Mais non. Ça n'était rien de tout cela. Juste un écrin de velours bleu, un peu en longueur comme ceux destinés à contenir certains bijoux ou des stylos de luxe. Alors la curiosité de Shalimar l'emporta, finalement plus forte que sa résolution première de respecter les secrets de Brennan. Habilement, elle fit coulisser l'ouverture de la petite boîte… Posé sur le somptueux lit de velours, un collier en or ouvragé s'offrit à sa vue, accrochant les quelques particules de lumière qui filtraient sous le seuil de la porte de la salle de bain.

Inconsciemment, la jeune femme se mordilla la lèvre inférieure, songeuse, soucieuse. Elle ne soupçonnait pas que Brennan puisse posséder un si riche objet. Lui qui se plaignait toujours d'être fauché ! D'où tenait-il donc cette merveille ? Autant que Shalimar pouvait en juger dans la semi pénombre de la chambre, le bijou semblait ancien… Timidement, elle effleura du bout des doigts les délicates gravures qui ornaient le devant du collier. Elles étaient à peine perceptibles, mais ses sens surdéveloppés de féline lui permettaient de reconnaître un entrelacs complexe de feuilles et de fleurs exotiques. C'était tout simplement magnifique…

- Joyeux Noël, Shalimar !

La voix de Brennan retentit dans son dos, légèrement moqueuse. Shalimar sursauta violement et, entre ses mains, l'écrin se referma de lui-même dans un petit claquement sonore.

- Je… Je suis désolée Brennan ! Je… Je ne voulais pas être indiscrète…, balbutia-t-elle, horriblement embarrassée d'avoir été surprise en train de fouiller dans ses affaires.

À présent assis sur le lit, Brennan ne semblait pas vraiment fâché contre elle. Au contraire, il l'observait en souriant de toutes ses dents. Alors, les paroles qu'il venait de prononcer se frayèrent progressivement un chemin jusqu'à l'esprit de la jeune femme où elles prirent enfin tout leur sens. Une douceur de miel se répandit simultanément dans son cœur et dans son bas-ventre tandis qu'elle demandait, interdite :

- Tu l'as acheté pour moi ?

- Ben… à vrai dire, j'hésitais encore entre toi et Lexa, mais puisque c'est toi qui l'as trouvé…, plaisanta-t-il. (Puis, soudain grave) : - Est-ce qu'il te plait ?

Pendant un instant, Shalimar fixa Brennan droit dans les yeux afin de déterminer s'il se moquait d'elle ou non. Cela pouvait-il être vrai ? Se jouait-il d'elle ? Si oui, c'eût été bien cruel… Mais non, apparemment, il était sérieux… Machinalement, les doigts de la jeune femme avaient rouvert l'écrin de velours, s'attardant à nouveau sur la surface lisse et brillante du bijou. Après un silence, celle-ci répondit d'une voix légèrement enrouée par l'émotion :

- Bien sûr qu'il me plait Brennan… Quelle question ! C'est si beau… On ne m'avait encore jamais rien offert d'aussi précieux… Personne…

Visiblement satisfait par la sincérité de la réponse et par le plaisir à l'état brut qu'il lisait dans les yeux pailletés de la féline, Brennan reprit taquin :

- Tu peux le sortir de la boîte aussi, tu sais… J'ai prévu un autre cadeau pour ce soir, pour que tu puisses l'ouvrir devant les autres… En fait, j'avais tout prévu…

Enroulé dans le drap arraché au lit tel un Don Juan de pacotille, Brennan s'avança vers Shalimar d'une démarche qu'il souhaita volontairement lascive. Son ton se fit plus caressant encore que son regard d'homme amoureux et comblé :

- J'avais imaginé ça autrement… On aurait été dîné dans un restaurant chic. Toi et moi, seule à seul, un bon repas à la lueur romantique des chandelles… Tu aurais porté une jolie robe très sexy et moi un costume neuf. J'aurais commandé pour nous 2 un plat de viande très saignante, comme tu aimes… Peut-être même un carpaccio… Et au dessert

Il était maintenant si proche de la jeune femme que leurs deux corps se frôlaient comme par accident à chacun de leurs mouvements...

- Quoi au dessert , interrogea-t-elle d'une voix ingénue.

- Au dessert… Tu m'aurais fougueusement embrassé pour me remercier…, acheva Brennan, la bouche exagérément tendue en cul-de-poule.

L'hilarité provoquée par la grimace du matérial électrique mourut sur les lèvres de Shalimar dans un petit rire de gorge sensuel, chargé de désir. Elle s'empara de la bouche offerte.

- Aïe ! Doucement, Shal' !

- Oh Mon dieu ! Excuse-moi, mon chéri , s'exclama-t-elle en se reculant vivement, peinée.

Bien que Brennan sembla en rire, un éclair de culpabilité voila le regard de Shalimar. De l'index, elle effleura légèrement la lèvre fautive, comme si ce simple contact avait pu guérir la blessure… Ou la faire disparaître. Tant de souffrances… Et pour quoi ?

- Hé Shal' ! Ce n'est rien : je ne suis pas en sucre, ok ?

Et pour lui prouver cette affirmation, il se pencha à nouveau vers elle, quêtant gentiment l'entrée de sa bouche. Ils échangèrent un long – et délicat – baiser. Peu à peu le corps de la jeune femme se détendit contre celui du son partenaire.

- Merci…, murmura-t-elle la tête nichée dans son cou, alors qu'ils reprenaient leur souffle. – Merci… Mais tu es complètement fou...

- Oui, fou de toi…

La main de Brennan qui ne retenait pas le drap autour de sa taille se glissa doucement dans l'échancrure du peignoir de la féline pour venir se poser en coupe autour de son sein velouté. Ça n'était pas vraiment une caresse, juste un geste d'une incroyable tendresse et aussi un acte de possession ultime. Elle ne protesta pas. Derrière la grille des côtes, il sentait le cœur de la jeune femme, palpitant, agité, blotti au chaud comme un petit lapin en cage (1). Finalement, se fut Shalimar qui rompit le charme en s'éloignant lentement de Brennan.

- Je suis désolée, Brennan… Avec ce qui c'est passé ces derniers jours… Je… Je n'ai rien à t'offrir. Ni à toi, ni aux autres, d'ailleurs…, avoua-t-elle piteusement.

- Ce n'est pas grave. Tout ce qui compte, c'est que tu me sois revenue, à moi seul…

- À toi seul ? Brennan… Je sais ce que tu penses, mais tu te trompes

- ça n'a pas d'importance…

- Si. Si, ça en a pour moi. S'il te plait, regarde-moi…, sollicita-t-elle plus fermement en s'écartant complètement de l'étreinte de son amant, mettant fin à leur jeu de séduction.

La jeune femme ne voulait pas qu'une quelconque ambiguïté subsiste dans l'esprit de Brennan et encore moins dans un moment si parfaitement parfait. Plongeant son regard décidé dans le sien, elle dit avec toute l'assurance dont elle était capable :

- Je te promets que tu as été le seul…

- Alors je te crois , répondit-il en déposant un chaste baiser sur le front de la jeune femme.

Et pour briser la tension qui était soudainement apparue dans la pièce, il ajouta :

- Mais je ne te retiens pas, ma douce. Je crois que tu allais voir quelqu'un…

- Comment est-ce que tu

- Ah ah , la coupa-t-il d'un rire tonitruant, fier de lui, balayant du même coup tout reste de gêne entre eux. – Je lis en toi comme dans un livre ouvert ma belle… Et maintenant : file !

Accompagnant le geste à la parole, il la poussa gentiment en direction de la porte, ses mains baladeuses subitement égarées au niveau du postérieur de la jeune femme.

- Brennan , protesta-t-elle pour la forme, faussement indignée.

- Quoi ? Je testais juste… Pour voir si mon pantalon est à la bonne taille pour toi … (Après un silence pendant lequel il approfondit son attouchement) : - Oui, ça va !

- Idiot , lui lança-t-elle avant de sortir, émoustillée malgré tout par la caresse et le regard concupiscent de son compagnon.

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Comme l'avait si judicieusement supposé Shalimar, malgré l'heure encore très matinale, la jeune Sammy était déjà réveillée. Mieux, elle était déjà douchée, habillée de pied en cape et rigoureusement coiffée. Assise sur l'ancien lit d'Emma, elle tentait de faire le point dans ses idées et dans sa vie qui – l'une comme l'autre – étaient loin d'être claires…

Sammy s'inquiétait beaucoup pour son père, cet homme qui l'avait élevée et qui constituait sa seule véritable famille – du moins jusqu'à ce qu'elle apprenne l'existence de sa sœur… et même après … –. Or, elle n'avait plus aucune nouvelle de lui depuis qu'il l'avait laissé sur le toit du gratte-ciel, quelques deux semaines auparavant… Deux fois, à l'insu des Mutants X, l'enfant avait réussi à lui envoyer un courrier électronique. Mais c'était comme d'envoyer une bouteille à la mer : rien ne lui permettait de savoir si le destinataire avait reçu le message et Nicholas Fox n'y avait encore jamais répondu…

L'absence de nouvelle était d'autant plus difficile à supporter que Sammy passait ses journées à ne rien faire et sans personne à qui parler. Si seulement elle avait pu correspondre avec Isobel… Mais Jesse, à qui elle avait posé la question, prétendait que c'était trop dangereux… à la fois pour elle-même et pour son amie. Or Sammy savait qu'elle ne ferait jamais quoi que ce soit qui risquait de mettre la jolie métisse en danger… Jamais… Elle avait donc dû se contenter d'une seule et unique lettre – destinée à la Mère supérieure et relue par les bons soins du Moléculaire – afin de rassurer ses anciennes camarades et enseignantes de Sainte-Cath' sur sa nouvelle situation. Et sur sa santé – comme si quelqu'un s'en préoccupait ! Bien sûr, à aucun moment il n'avait été fait mention de ses nouvelles aptitudes…

Mais Sammy n'en voulait pas à Jesse de son intransigeance : il était le seul habitant du Sanctuaire à faire quelque peu attention à elle… Parfois, lorsqu'il avait le temps, il montrait à la jeune fille des simulations amusantes sur son ordinateur. Ensemble aussi, ils préparaient les repas de l'équipe. Sammy aurait volontiers passé plus de temps en sa compagnie – elle aimait qu'il la fasse rire, elle aimait qu'il la regarde comme une personne à part entière et pas uniquement comme une enfant timorée et mal à l'aise –, mais elle ne voulait surtout pas s'imposer ni être une charge pour le Moléculaire…

Alors elle restait dans sa chambre (ou plutôt dans la chambre de l'autre, la fille morte, dont la présence surnaturelle flottait encore partout dans la pièce et qui semblait accuser : 'tu es chez moi', 'tu ne devrais pas être là'…), à lire ou à dessiner. À dormir aussi…

En effet, depuis qu'elle avait si précipitamment quitté l'Angleterre, Sammy souffrait d'insomnie. C'était la première fois : jusqu'ici, elle avait toujours bénéficié du sommeil profond des enfants. Mais maintenant, chaque nuit était un véritable enfer dont elle sortait épuisée… Elle tournait dans sa chambre comme un lion en cage, incapable de dormir ni même de rester allongée dans son lit. Quand enfin elle finissait par sombrer dans une sorte de torpeur comateuse, les mêmes images troublantes venaient immanquablement la hanter. Aux cauchemars du début – peuplés des monstres aux canines pointues et de soldats armés – s'était substitué un genre de rêve nettement plus particulier et plus dérangeant pour la jeune fille qu'elle était…

… Toujours la même chose… Des cheveux bruns soyeux … Des grands yeux ombrageux … Une belle bouche aux lèvres pleines, joliment ourlées, qui appelaient aux plus tendres baisers … Tout restait flou, comme dans le noir, comme dans un bûcher … La même chaleur … Images irréelles d'une débauche de chairs frôlées, de corps pressées et de caresses à peine esquissées … Deux peaux laiteuses sur fond rouge de flammes …

Lorsque Sammy se réveillait en sueur, les joues rougies et une drôle de sensation – comme une brûlure – au niveau des reins, elle ne se rappelait de rien très précisément. Seule la honte d'avoir de telles pensées – perverses aurait dit les sœurs – subsistait, terriblement tenace. Que lui arrivait-il donc ? Elle qui avait été élevée dans la plus pure et pudique tradition catholique ! Non qu'elle n'est jamais été très croyante… Mais que dirait la Mère supérieure si elle savait ? Dieu merci, depuis qu'elle était confinée au Sanctuaire au milieu de nulle part, Sammy n'était plus tenue de se confesser… Le pire était encore de devoir côtoyer dans la journée le membre de Mutant X qui hantait si intensément ses nuits…

Un léger coup tapé contre la porte de sa chambre tira l'enfant de ses pensées. Derrière la mince cloison, une voix – que Sammy ne reconnu que trop bien – demanda doucement :

- Sammy ? C'est moi. Est-ce que je peux entrer ?

Le cœur de Sammy se serra dans sa poitrine : que lui voulait donc son inflexible sœur ? Depuis quand recherchait-elle sa compagnie ? Si les analyses d'ADN effectuées par Jesse n'avaient été aussi incontestables et la beauté de Shalimar si semblable à celle de leur mère, Sammy aurait refusé de croire que la femme blonde était sa sœur. Comment pouvait-on même refuser de croiser le regard d'un membre de sa famille ?

- S'il te plait, implora à la voix à travers la porte. – Je sais que tu ne dors pas…

Sammy se leva du lit et marcha vers la porte avec appréhension, le cœur au bord des lèvres. Elle déverrouilla le petit loquet – depuis qu'elle avait été attaquée dans la lande elle restait constamment sur ses gardes, même ici – puis vint se rasseoir sur le lit et enfin, murmura un vague : « oui ! ». Shalimar entra dans la chambre et referma silencieusement la porte derrière elle. Elle était habillée tout en blanc et une épaisse fragrance de baies des bois – quelque chose de sauvage et de chaleureux à la fois – ainsi qu'une autre odeur – inconnue de Sammy – l'accompagnaient, frappant les nouveaux sens surdéveloppés de la jeune fille de plein fouet.

- Merci…, prononça Shalimar distraitement.

C'était la première fois depuis les jours qui avaient directement suivi la mort d'Emma qu'elle pénétrait à nouveau dans la chambre de la jeune psionique. Rien n'y avait changé… mis à part les murs intégralement tapissés de dessins – les mêmes que ceux que Shalimar avait déjà aperçu dans la maison de Martha's Vineyard – représentant divers moments de la vie quotidienne des habitants du Sanctuaire pris sur le vif : Jesse penché sur ses ordinateurs, Lexa et Brennan en train de se quereller à la table du petit déjeuner, Jesse et Lexa travaillant de concert, si proche l'un de l'autre que leurs cheveux – boucles blondes sur noir de jais – s'entremêlaient follement… Et des portraits d'elle-même aussi. Crayonnages rapides, palette restreinte aux gris sobres et aux beiges fanés… Absolument magnifiques. Froids et dénués de toute émotion. Tous dissimulaient habilement – à tel point que Shalimar devina que c'était là leur fonction – la masse des photos, affiches et autres coupures de journaux soigneusement conservés par Emma et qui – dans une autre vie – avaient compté pour son amie …

- Je peux les décrocher, si ça gêne…

- Non… Non, ça serait dommage. Ils sont très beaux…, affirma Shalimar, sincère, en se forçant à se concentrer sa sœur. – écoute, Sammy… J'aimerais te parler, si tu permets…

L'enfant haussa les épaules, signifiant par là que cela lui était égal – ou peut-être était-elle tout simplement trop intimidée pour s'exprimer clairement –. Son mutisme rendait les choses d'autant plus difficiles pour Shalimar, mais celle-ci savait qu'une telle attitude butée était légitime. Après tout, Sammy avait assez de bonnes raisons de lui en vouloir… Elle se poussa cependant légèrement de côté pour laisser une place libre sur le lit. Shalimar s'y assit. L'écrin de velours cogna alors contre sa cuisse à travers le tissu de sa poche où Brennan l'avait glissé avant qu'elle ne le quitte… Ce simple contact lui insuffla la force de continuer :

- Je suis venue pour te demander pardon, si tu le veux bien… Depuis que tu es arrivée parmi nous, j'ai été odieuse avec toi. J'ai… J'ai volontairement refusé de te parler. De te regarder… J'ai préféré faire comme si tu n'étais pas là. Sammy, je suis désolée si je t'ai fait souffrir…

Puis dans un souci d'exactitude, Shalimar rectifia avec humilité :

- Je suis désolée de t'avoir fait souffrir. Je… Je n'ai aucune excuse, sinon que je ne m'attendais pas à toi. À ce que tu existes. Je ne savais pas…

Shalimar s'arrêta un instant pour reprendre haleine. C'était encore plus dur qu'elle ne l'avait imaginé. Discrètement, elle frôla de la main le petit boîtier dans sa poche. Brennan, aide-moi, donne-moi la force d'y arriver…, conjura-t-elle intérieurement. L'enfant ne la regardait toujours pas, les yeux obstinément fixés sur ses mains sagement croisées. Que pensait-elle ? Jamais quelqu'un n'avait été aussi hermétique à la féline. Elle reprit, décidée à aller jusqu'au bout quoi que cela lui en coûte :

- Sammy… J'ai quitté Martha's Vineyard (ce qui, dans la bouche de Shalimar signifiait 'la famille' ou encore 'la maison' mais c'était l'un des mots – avec 'papa' et 'maman' – qu'elle était incapable d'associer à elle-même) il y a très longtemps. C'était avant ta naissance et… Et je ne savais pas que tu existais, je ne savais pas que j'avais une petite sœur… On me l'avait caché… Et l'apprendre comme ça, 15 ans après, c'est… ça a été très difficile …

Ces derniers mots, pourtant prononcés dans un souffle, firent l'effet d'une gifle à Sammy qui releva enfin la tête, ses yeux bruns étincelants de reproche.

- Pourquoi , l'interrogation véhémente fusa des lèvres de l'enfant, âpre. – Pourquoi ? Tu aurais dû être heureuse de ça ! Moi je l'étais !

Malgré ses efforts pour le cacher – s'opposer ouvertement à un aîné faisait partie des choses incorrectes et répréhensibles telles que dévisager un inconnu ou omettre de remercier la nonne qui servait au réfectoire –, Sammy se sentait terriblement en colère contre sa sœur.

Jusqu'ici, elle avait simplement été triste du comportement distant et dédaigneux de celle-ci à son égard. Mais maintenant – maintenant qu'elle semblait dire que c'était de la faute de Sammy parce qu'elle était arrivée à l'improviste (comme si elle-même avait souhaité ça !) – Sammy ne pouvait le supporter. Derrière la frange décolorée de ses cheveux blonds, les ailes de son nez délicat palpitaient furieusement et les jointures de ses doigts étaient blêmes d'être trop pressés les uns contre les autres.

- Pourquoi ? Est-ce que suis si repoussante ? Ou si peu digne d'être ta sœur parce que je ne suis pas comme toi, une vraie mutante ?

- Si. Si tu en es une…, murmura Shalimar comme pour elle-même, mais elle ne releva pas l'affirmation erronée de l'enfant : ça n'était pas le moment. – Sammy, bien sûr que non, tu n'es pas repoussante. Ça n'est pas de ta faute : c'est la mienne. Mais je comprends ta colère… écoute, c'est difficile à expliquer mais je vais essayer, je te dois bien ça… Je… J'ai certains

Hésitante, Shalimar chercha ses mots. Elle ne voulait surtout pas révéler à Sammy les véritables motifs de sa conduite, lui jeter à la figure la vilenie et les exactions commises par ce père qu'elle chérissait tant et qu'elle ne connaissait que sous un bon jour. Même si la haine du père hurlait toujours furieusement dans le cœur de la féline, c'eût été par trop cruel – et certes pas le moyen de se faire pardonner de sa sœur –.

- … certains griefs à reprocher à … notre p… père (sa voix buta involontairement sur le mot et Shalimar espéra que Sammy ne s'en était pas aperçue) à cause de choses… qu'il a laissé faire alors que je n'étais qu'une enfant et que j'avais besoin de sa protection… Il pensait agir pour mon bien… Mais ça m'a fait beaucoup de mal. Et aujourd'hui encore … Je lui en veux pour ça… Et j'ai tout transféré sur toi. Je suis désolée, je n'aurais pas dû…

Prise d'une soudaine inspiration, elle ajouta :

- Je ne suis pas comme ça, tu sais. Ni cruelle, ni méchante. Ces derniers temps, j'étais juste… perturbée… Mais tu n'y es strictement pour rien…

Doucement, la jeune femme saisit le menton buté de l'enfant entre son pouce et son index, tournant vers elle le petit visage en forme de cœur. Sammy ne broncha pas. Face-à-face, les 2 sœurs s'observèrent un instant en silence.

- J'aimerais… j'aimerais qu'on reprenne tout depuis le début. Sammy, est-ce que tu veux bien me laisser une seconde chance ?

Contre toute attente, la colère sembla déserter le regard orageux de la jeune fille. Timidement elle s'abandonna au tendre contact des doigts de sa sœur sur sa joue, se prêtant à la caresse comme un chaton en mal d'affection. Comme elle avait rêvé de ce moment ! Comme elle avait souhaité que cette femme – qui ressemblait tant à la mère qu'elle n'avait jamais eu – lui témoigne un peu d'attachement ! Et voilà que maintenant elle lui offrait son amour ! Avec la loyauté aveugle de son jeune cœur débordant d'espérance, Sammy acquiesça simplement :

- Oui… Je veux bien…

Ce fut au tour de Shalimar de rester sans voix, mal à l'aise : elle s'était attendue à de nouveaux reproches, à des cris peut-être… Au lieu de quoi, Sammy rendait les armes…

Shalimar n'était pas habituée à une telle inhibition, coutumière qu'elle était de la vindicte de Brennan et de Lexa, du franc-parler discret mais efficace de Jesse ou encore de ses propres colères… Elle réalisa alors combien la route serait longue avant qu'elle ne puisse prétendre connaître et comprendre cette providentielle petite sœur…

- Merci… Et si on commençait par aller préparer le petit-déjeuner , annonça-t-elle avec un entrain un peu forcé : elle ne voulait surtout pas brusquer l'enfant mais au contraire gagner sa confiance. – Et après, si tu veux bien, on pourra partir à la recherche d'une autre chambre, pour toi…

- C'est vrai , demanda Sammy, avec un élan d'espoir mal dissimulé. – Enfin…, se reprit-elle immédiatement, consciente de ce que son attitude pouvait passer pour de l'ingratitude : - Celle-ci est bien aussi…

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Une demi-heure plus tard s'échappait de la cuisine du Sanctuaire une délicieuse odeur de pancakes et autres crêpes appétissantes – pour lesquelles Sammy s'était révélée bien plus douée que sa grande sœur –. Ensemble, elles avaient également moulu le café, pressé les oranges et fait frire quelques tranches de bacon – essentiellement pour Jesse, d'ailleurs –.

- Peut-être que vous… que tu … devrais retirer la poèle du feu, suggéra modestement Sammy à Shalimar en désignant les œufs brouillés dont la féline s'occupait – ou plutôt, avait oublié de s'occuper –.

- Pourquoi est-ce que… Oh ! La poisse , jura cette dernière en vidant précipitamment le contenu calciné de la poèle dans l'évier. – Saleté de poèle !

Quelle idée stupide , se fustigea mentalement Shalimar. Préparer le petit déjeuner !

Elle qui n'était même pas capable de faire cuire un œuf – la preuve – ! Brennan s'amusait déjà suffisamment à ses dépends de son manque d'aptitude pour les tâches ménagères … Oui mais voilà : Shalimar n'avait jamais eu l'occasion d'apprendre à cuisiner lorsqu'elle était enfant – de toute manière, ce qu'elle trouvait dans les poubelles nécessitait rarement qu'on le fasse cuire avant de le manger -. Ensuite, quand elle avait intégré le Sanctuaire, d'autres s'en étaient chargés à sa place. Elle était définitivement une femme d'action, pas un cordon bleu …

Au moins, remarqua-t-elle mi-figue mi-raisin, ses déboires culinaires avaient le mérite de faire sourire Sammy. Même si celle-ci était trop bien élevée pour en rire ouvertement …

Évidemment, toute gêne n'avait pas miraculeusement disparu entre les 2 sœurs depuis les excuses de Shalimar. En fait, en raison de leurs comportements antagonistes, elle risquait de perdurer encore longtemps. D'un côté Sammy semblait éprouver un mal fou à employer le 'tu' pour s'adresser à sa sœur aînée sans se mettre à rougir exagérément. D'autre part, c'était particulièrement déstabilisant pour Shalimar d'être ainsi confrontée à une soi miniature…

Alors qu'elle observait discrètement l'enfant du coin de l'œil – oubliant du même coup une nouvelle poêlée d'œufs sur la cuisinière –, Shalimar nota avec surprise que Sammy percevait exactement au même moment qu'elle – c'est-à-dire largement avant n'importe quelle autre personne dotée d'une ouïe normale – la lourde démarche de Jesse progressant dans le corridor. Quelques secondes après, le Moléculaire fit son entrée dans la cuisine :

- Oh oh ! Je me disais bien que ça sentait bon, par ici !

Avec beaucoup de tact, il évita d'exprimer tout haut sa surprise de voir Shalimar et Sammy ensemble – et en bonne entente –. À la place, il se contenta d'ajouter dans un large sourire affamé, en désignant une assiette débordant de pancakes chauds et dorés :

- Oh ! Mais que vois-je ? Des pancakes ! Fait par mes 2 félines favorites en plus !

Sammy étouffa un petit gloussement flatté et commença à lui préparer un plateau – pancakes, bacon, saucisses, confiture et sirop d'érable – tout en surveillant de près la cuisson des œufs de Shalimar.

- Content de te revoir parmi nous, Shal' , annonça sobrement Jesse en s'avançant vers elle.

- écoute, Jesse… Je

- Chuuuut…, la stoppa-t-il spontanément. Tendrement, il l'entoura de ses bras chaleureux dans une étreinte fraternelle. – Chut… Tu n'as pas besoin de dire quoi que se soit, Shal'…, lui chuchota-t-il à l'oreille en déposant un petit baiser sur le sommet de son crâne.

- Merci.

- Et maintenant, femmes, reprit-il en s'écartant de la jeune femme à l'adresse des 2 sœurs, - Je suis prêt pour mon petit-déjeuner ! Et j'ai trèèès faim…

Shalimar éclata d'un rire sonore tandis que Jesse se lançait dans une imitation convaincante – quoi que un peu maladroite – de King Kong en se frappant le torse de ses poings fermés et en attrapant Sammy par la gorge comme s'il s'apprêtait à l'étrangler. Shalimar nota avec un léger pincement de cœur combien l'enfant semblait plus à l'aise avec Jesse qu'avec elle-même … Mais après tout, elle l'avait cherché …

- Grrrrrrrrr…, grogna Jesse dans le but de parfaire sa parodie du singe géant. – Ggggrrrrrr …

- Stop ! Vous ne pourriez pas arrêter de vous conduire comme des gamins, pour une fois , asséna Lexa avec humeur en entrant à son tour dans la cuisine.

Son intervention fit redescendre l'atmosphère euphorique aussi rapidement qu'un soufflé sorti trop tôt du four. Les trois autres se regardèrent, l'air coupable – surtout Jesse –.

- Au cas où vous l'ignoreriez, certaines personnes – dont je fais partie – apprécient un peu de calme le matin… Alors : merci de la fermer , ajouta-t-elle avec un petit sourire contrit destiné – peut-être – à atténuer la brutalité de ses paroles.

Sans un mot de plus, Lexa s'installa autour de la table dressée, les doigts pressés sur ses tempes comme si elle souffrait d'une migraine tenace, la mine rébarbative. Effectivement, elle avait l'air très fatiguée – malade même – : pâle comme un linge, les yeux cernés, elle se tenait légèrement voûtée, laissant penser qu'elle endurait quelque chose de bien plus douloureux que le bruit intempestif causé par ses amis…

- Désolé Lex', commença Jesse. – Est-ce que ça va, ce matin ? Tu as dormi ?

Il avait l'air réellement inquiet pour la jeune femme. Comme s'il savait quelque chose à son sujet que les autres ignoraient. Même Sammy, pourtant sagement occupée à la cuisson des œufs – on aurait même pu douter qu'elle avait suivi l'échange – leva la tête dans leur direction, intriguée.

- Hum hum … Oui, ça va, Jesse…, répondit la brune en se radoucissant un peu. – Merci.

Alors Shalimar se souvint de l'odeur du sang qu'elle avait cru sentir en passant devant la chambre de Lexa, le matin même pour se rendre chez Sammy… Sur le coup – n'entendant rien d'autre qu'une respiration régulière derrière la porte – elle n'y avait guère prêté attention, attribuant cela au fait qu'il pouvait s'agir de la mauvaise période du mois pour la matérial. Il arrivait parfois que Shalimar perçoive ce genre de chose … Mais maintenant, elle se rendait bien compte que l'odeur était trop intense … Il était arrivé quelque chose à Lexa – quelque chose qu'elle souhaitait cacher – et Jesse la couvrait très visiblement … Pourquoi ? Que s'était-il passé depuis son absence ? Shalimar se promit de leur demander des explications ultérieurement. Mais avant, elle avait encore une tâche à accomplir.

- Lexa, commença-t-elle à mi-voix. – Je regrette d'avoir été violente avec toi. Excuse-moi…

- C'est bon, morigéna la jeune femme, le nez dans sa tasse de café noir. – Pas de problèmes… J'ai l'habitude de servir de défouloir, ici, de toute manière…

- On parle de moi , demanda Brennan à la cantonade.

Sa plaisanterie resta sans suite tandis que Jesse et Lexa fixèrent avec effarement la lèvre tuméfiée du matérial électrique. Dans la lumière artificielle de la cuisine, elle était encore plus impressionnante : la chair rose et sensible avait manifestement doublée de volume et oscillait allégrement entre le rouge pivoine et le mauve coucher-de-soleil.

- Ben dit donc vieux , s'exclama Jesse. – Qu'est-ce qui t'es arrivé ?

- Oh ça , demanda Brennan en montrant sa bouche. – Rien ! C'est cette nuit… Je crois que je suis entré en collision avec quelque chose… Un peu trop sauvagement… Dans un rêve …

- Qui veux des crêpes ?

Si elle avait pu, Shalimar aurait embrassé de suite sa sœur pour sa providentielle diversion. Tous se servirent généreusement et dans la bonne humeur – mis à part Lexa qui se contenta de picorer quelques bouchées qu'elle avala difficilement –. Heureusement pour Shalimar, il ne fut plus question de la lèvre de Brennan. La discussion, conviviale, tourna autour de sujets relativement anodins tels que la tempête de neige qui s'abattait au dehors – sans fin –, les décorations de Noël installées par Jesse – encombrantes –, la future nouvelle chambre de Sammy …

Chacun des Mutants X – à un moment ou à un autre de la conversation – ressentit ce qu'il y avait d'étrange à se retrouver comme avant – Sammy en plus – attablés ensemble, exactement comme le fameux dimanche où la fillette était entrée sans crier gare dans leurs vies … Et combien cette trêve, ces retrouvailles, étaient fragiles et éphémères… Tellement de choses avaient changé depuis : les sujets qu'ils évitaient tous soigneusement d'aborder – l'isolement volontaire de Shalimar, sa famille –, le pli soucieux qui barrait le front de Jesse quand il pensait que personne ne l'observait, la blessure secrète de Lexa qui tentait – bien inutilement – de dissimuler sa douleur aux autres …

- J'ai une idée , annonça brusquement Jesse, - Pour fêter ça…, reprit-il en désignant l'équipe des Mutants X à nouveau réunie, - Ce soir nous allons réveillonner dans les règles. Et je me charge de tout ! Enfin…, (se tournant vers Sammy) : - Un peu d'aide de mon petit cordon bleu préféré ne serait pas de refus…

Cette facilité qu'il a de la faire sourire…, pensa Shalimar avec une pointe de jalousie, en voyant sa sœur s'illuminer devant la proposition de Jesse.

- Mais en contrepartie, je veux… Non, non, non, attendez : J'exige, que vous soyez : Mesdames, en robes du soir et Monsieur, en costume …

- Quoi ?

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TBC

Est-ce nécessaire de rappeler que la chanson de départ n'est pas de moi ?

(1) Jolie image qui n'est également pas mienne mais appartient à F. Céline dans Voyage au bout de la nuit.