Note : contente que vous aimiez les filles ! Je pense travailler bientôt à un épilogue pour l'épisode Trinity (et ce sera noir, très noir …)

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Carson se leva et fit le tour du bureau, se plantant devant le militaire.

« Et bien, je vais vous dire ce que je pense de tout cela. Vous ne méritez pas cet insigne sur votre épaule, Colonel. Vous ne méritez pas de diriger une équipe active si vous êtes incapable de vous assurer de la sécurité de chacun de ses membres. »

Il parlait calmement, sans hausser le ton, sans colère, presque cliniquement, comme s'il s'adressait à un inconnu. Et c'était d'ailleurs ce dont il avait l'impression : il ne reconnaissait pas cet homme. Le Major Sheppard avait toujours été soucieux de ce qui arrivait aux autres et surtout aux membres de son équipe. Quelque chose avait apparemment changé. Quelque chose s'était passée pour que brusquement, Sheppard passe de mère poule à père fouettard.

Et si Carson avait une petite idée de ce que c'était, cela ne changeait rien aux faits. Les faits étaient clairs : Sheppard avait volontairement mis en danger un des membres de son équipe pendant la mission puis après en ne vérifiant pas que celui-ci était passé à l'infirmerie pour son examen post-mission.

Et pire, rien ne dit qu'il se serait soucié de McKay si Elisabeth n'était pas venue voir Carson ce matin.

Il savait en effet ce qui s'était passé hier soir dans le bureau d'Elisabeth. Elle lui avait rapporté ce que le Colonel avait dit à Rodney, ignorant si elle devait sanctionner Sheppard ou l'envoyer chez kate Heightmeyer !

Ce que Carson ne parvenait pas à pardonner, c'était surtout ça. Le fait que Sheppard utilise Rodney comme une sorte de bouc émissaire. C'était la chose la plus lâche qu'il est jamais vu.

Et la plus triste aussi.

Ces deux là avaient été amis, vraiment proches et depuis leur retour, cette belle amitié se réduisait de jour en jour à une peau de chagrin. Si Sheppard continuait comme ça, il n'en resterait bientôt plus rien. Et Carson ne voulait pas être là pour recoller les morceaux.

Tout le monde voyait Rodney comme quelqu'un d'insupportable, qu'il était préférable d'éviter, et inconcevable d'imaginer comme un ami. Bloody idiot ! (5) Rodney faisait partie de ces gens dont l'amitié se « gagne ». Oui, c'était tout à fait ça. Obtenir leur amitié nécessitait des efforts mais une fois que c'était fait, ils vous étaient fidèles « à la vie à la mort ». Cela faisait peut-être cliché, mais Carson avait déjà vu ça avant. Une loyauté à toute épreuve. Ou presque. Ce que Sheppard avait dit, avait du toucher profondément Rodney. Ce qui expliquait sans doute que celui-ci ne se soit pas présenté à l'infirmerie alors qu'en temps normal, la moindre écharde dans le pouce le conduisait invariablement ici.

Sheppard était doublement responsable.

« Je vais devoir discuter avec Elisabeth afin de déterminer si Rodney peut rester dans votre équipe. »

A cette affirmation, Sheppard releva brusquement la tête, mais il ne dit rien.

Carson se dirigea vers la porte et l'ouvrit, indiquant clairement que la conversation était terminée. Sheppard mit un moment à le comprendre, mais il finit par se lever, et passa toujours silencieux devant le médecin.

Carson ajouta, juste au moment où le Colonel passait devant lui.

« Vous ne méritez pas la confiance que Rodney a en vous. Il vous confie sa vie à chaque mission et qu'est-ce que vous faites ? Vous l'ignorez, purement et simplement. »

Carson secoua la tête et retourna dans son bureau.

oOo

La nuit porte conseil.

John aurait aimé que ce soit vrai. Hop, il fait nuit, vous dormez et tous vos problèmes sont résolus. Seulement, comme il le savait déjà, c'était de la foutaise : les problèmes ne trouvent pas de solutions dans le sommeil.

Ou dans la fuite.

Il se trouvait toujours devant la porte du bureau de Carson.

Wow, l'écossais savait frapper et frapper fort. Jamais John ne s'était senti aussi mal. Pas depuis que sa mère l'avait surpris à fumer du hasch dans le garage avec le fils des voisins. L'heure qui avait suivie avait été la plus horrible de toute son existence. Il avait l'impression d'avoir à nouveau treize ans.

Bien sûr, le plus terrible c'était que comme avec sa mère, Carson avait raison.

John avait décidé d'ignorer McKay. Purement et simplement. Il avait décidé de faire équipe avec Teyla et avait refilé McKay à Lorne, comme un paquet dont on veut se débarrasser. Et McKay n'avait rien dit. Il avait ensuite laissé McKay, suspendu par la cheville avec un homme dont ils ne savaient rien. Et McKay n'avait rien dit. Il avait sous entendu … non, il avait dit qu'il aurait préféré voir McKay attaqué par ce foutu wraith plutôt que Ford.

Et McKay n'avait rien dit. Rien. Il était juste devenu un peu plus pâle, ses épaules s'étaient affaissées un peu plus et il était sorti du bureau d'Elisabeth. Et John lui, était parti se coucher tranquille.

Carson avait raison. Il ne méritait pas son grade de Colonel. Il ne méritait pas l'amitié de McKay.

Il ne comprenait pas ce qui se passait avec lui depuis leur retour. Il ne supportait tout simplement plus McKay. Ses plaintes, sa maladresse, son ego … tout ce qui était Rodney, l'exaspérait. Au point qu'il ne voulait même plus faire équipe avec lui. Au point qu'il n'en voulait plus dans son équipe.

C'était juste ça, non ? McKay ne convenait pas à une équipe active et il avait voulu le démontrer. Le Major Lorne était d'accord avec lui. McKay avait changé et … Non. Stop. Il fallait qu'il arrête de se mentir.

Ce n'était pas Rodney qui était en cause. C'était lui, John Sheppard.

oOo

John s'éloigna un peu de l'infirmerie. Il se retrouva face à une des magnifiques fenêtres dessinées par les Atlantes. Il était tôt et le soleil encore rose, baignait les vitraux d'une lumière tamisée. John ouvrit la fenêtre et s'assit sur le balcon. Il laissa un moment ses yeux se perdre dans les reflets de la mer. Une belle journée en perspective. Un cauchemar pour lui.

Bon sang que lui arrivait-il ? Jamais il n'avait agi en mettant en danger la vie de ses subordonnés. Alors pourquoi avec McKay … Parce qu'il fallait qu'il soit honnête jusqu'au bout : si cela avait été Teyla ou Elisabeth, même Carson, il n'aurait jamais agi de la sorte. Lorsqu'il avait été avec Ronon Dex, il n'avait pas une minute, pensé à McKay, alors qu'il savait qu'il avait été enlevé. Il avait juste pris contact avec Elisabeth pour faire venir Beckett. Pour sauver Teyla. Il ne s'était pas préoccupé de ce qui était ou pouvait arriver à McKay.

Pourquoi ?

John leva les yeux vers le ciel, comme s'il pouvait lui donner une réponse. Bien sûr tout ce qu'il reçu fut un peu d'embruns. Il cligna des yeux.

Pourquoi McKay et pas Teyla ?

« Colonel ? »

La voix le fit sursauter. Une ombre se glissa à ses côtés. Quand on parle du loup

« Hey, Teyla. »

La jeune femme s'installa près de lui. Ils restèrent silencieux un moment, jusqu'à ce que John rompe le silence.

« Et bien ? »

L'athosienne se tourna vers lui, un sourcil froncé.

« Et bien, quoi, Colonel. »

Sheppard leva les yeux au ciel.

« Allez Teyla, je sais que vous mourrez de le dire alors allez-y, il semblerait que ce soit ma fête aujourd'hui, de toute façon. »

« Votre fête ? »

« Oui, heu, c'est une expression terrienne, ça veut dire que … que … » il poussa un soupir, « laissez tomber, c'est stupide de toute manière. »

« Oh. »

Ils retournèrent tous les deux à l'examen du ciel. Il fallait bien reconnaître que les levers de soleil sur Atlantis étaient superbes. Teyla rompit le silence.

« Sur Athos, il n'y a qu'une seule mer, très loin du village où nous vivions. Je n'y suis jamais allée, mon père me racontait souvent les merveilles qu'elle recélait mais je n'aurais jamais cru que ce soit aussi beau, aussi paisible. »

John pouvait difficilement la contredire. Le soleil perdait peu à peu ses couleurs matinales, et le ciel bleu commençait à s'imposer.

« C'est peut-être pour cela que les Anciens ont choisi cet endroit pour installer une base militaire. »

« Pourquoi ? »

« L'esprit des guerriers est parfois en tumulte. Il a besoin de trouver un havre de paix, comme celui-ci. »

John n'y avait jamais songé mais Teyla n'avait pas tort. Ils se retrouvaient souvent, avec Ford et maintenant avec Lorne, sur un des balcons d'Atlantis. Et il était sûr de ne jamais y avoir vu un scientifique. Ils s'asseyaient et bavardaient autour d'un verre, mais le plus souvent, John venait seul. Apparemment, Teyla en faisait de même.

« J'ai trouvé Rodney ici une fois, c'était après le décès du docteur Gall (2). »

Ah, tiens, non après tout, il y avait aussi des scientifiques qui venaient par ici pas que des militaires et …

Et soudain, John eu la réponse à la question qui le torturait depuis qu'il était sorti du bureau de Carson. Il savait enfin pourquoi McKay et pas Teyla.

Et bien sûr, il s'était trompé.

TBC (et vous, vous avez compris pourquoi Johnny faisait subir tout ça à Rodney ?)

(5) Les « Bloody hell » et « Bloody idiot » de Carson avec son accent écossais me font littéralement craquer ! Et puis il y a son utilisation du « wee » en gros ça veut dire « petit » ! Et sa manière d'appeler les membres de l'équipe, « lad » ou « son », alala, pas étonnant après que Nounours fasse craquer dans les chaumières (enfin surtout dans certaines et non, je ne donnerais pas de nom, mais suivez mon regard !).