Go back to being friends
auteur : Mysid
traduction : Temys
disclaimer : tout appartient à Mrs Rowling, bien évidemment.
Voilà la suite ! Merci à tous ceux qui ont posté une review !
chapitre 2 : Dénégation
Premier quartier
Sirius se traîna hors de sa chambre et s'affala dans son fauteuil préféré. Le cuir était doux, lisse, et du même brun sombre que le café noir.
« Café noir, vêtements noir, nom Noir (1), réputation noire- Sirius Black le Mauvais Garçon ne s'engage jamais sérieusement avec personne. » Il soupira en jouant avec son pied nu sur le bord écharpé de la table basse.
« Pas de rendez-vous ce soir ? » demanda Lily.
Sirius releva les yeux vers le sofa, prit par surprise. Il n'avait pas réalisé que Lily était là. Elle avait dû arriver pendant qu'il prenait sa douche et se changeait, et il avait été trop perdu dans son propre monde pour remarquer sa présence en entrant dans la pièce. James était assis contre le coin du canapé, les bras autour de la taille de Lily. Celle-ci était assise entre ses jambes et reposait contre son torse. L'agenda qu'elle utilisait pour organiser leur mariage était sur ses genoux, et elle tenait- « Comment a-t-elle appelé ça déj ? »- un stylo plume. Il les interrompait.
« Oh, désolé les amis. » Sirius comme,ça à se relever. « Vous avez envie d'être seuls. »
« Rassieds-toi, Padfoot. » commanda Lily. « Si nous voulons être seuls, nous irons dans la chambre de James. Je suis juste surprise que tu restes à la maison un vendredi soir . »
« J'avais pas vraiment la tête à sortir ce soir. » Sirius se réinstalla dans son fauteuil et fit courir ses doigts dans ses cheveux mouillés, les ébouriffant avant de les lisser de nouveau.
« Arrête de montrer à quel point tes cheveux sont parfaits » grommela James avec de l'amusement, pas de l'agacement, dans la voix.
Lily étouffa un petit rire. « J'aime tes cheveux incoiffables, James. C'est sexy. »
Sirius sourit en regardant Lily se tourner pour donner un rapide baiser à James.
« Félicitations James. Tu es tombé amoureux de la seule femme qui pense que tes cheveux sont plus sexy que les miens. »
« Non, pas la seule , » dit Lily avec un sourire énigmatique en se remettant à son planning, « simplement la seule qu'il aie besoin de connaître. »
James ne remarqua même pas le sous-entendu. Il était manifestement tout à fait d'accord avec Lily sur le fait qu'il n'avait pas besoin de connaître les autres.
« Alors, d'autres parents que tu voudrais inviter ? » demanda-t-elle à James.
« Oncle Cole et Tante Daphné. il est le cousin de mon père. Il lance toujours des céréales moldues appelées « cheerios » aux mariages à la palce du riz. »
« Pourquoi ? » demanda-t-elle en riant.
« Bien, un jour ils étaient sur le chemin pour un mariage et -»
Sirius n 'écouta pas la fin de l'histoire et se contenta de regarder Lily et James à la place. Ils avaient l'air d'être faits pour être ensemble, et il ne pensait pas seulement à la manière dont il l'entourait de ses bras comme si c'était la chose la plus naturelle du monde. ils se correspondaient de toutes les façons. Tous les deux étaient intelligents et appréciaient les longues discussions sur un large panel de sujets. Tous les deux étaient aimants et avaient tendance à faire passer les besoins des autres avant les leurs. Par d'autres côtés, ils se complétaient. Alors que James pouvait être obtus et concentré sur son objectif, Lily gardait à l'esprit une vision plus large de la situation. Il était plus aventureux, elle était plus prudente. Quelque part, tout s'équilibrait, et leurs deux vies n'en étaient que plus riches.
Sirius savait qu'il désirait la même chose mais « pas encore. J'ai seulement dix-neuf ans. Remus n'a que dix huit ans pour quelques mois encore. Nous sommes trop jeunes pour décider du reste de nos existences. Pour l'instant, il faut profiter de notre jeunesse, tout du moins autant que nous le pouvons alors que notre monde est en train de s'effondrer. Et il mérite mieux que quelqu'un comme moi, de toutes façons. »
« Pourquoi les mariées moldues portent-elles du blanc ? » demanda James. Sirius recommença à suivre la conversation. Il avait grandi dans un quartier moldu et il était par conséquent plus accoutumé à leur culture que James, mais les traditions du mariage moldu restaient un mystère pour lui.
« Le blanc symbolise la pureté- une mariée vierge. » dit Lily avec un sourire. « Mais à part ma grand tante Letty et ma soeur Pétunia, personne ne s'attend plus réellement à ce que la mariée soit encore vierge. »
« Tant mieux », dit James en riant, « j'aurais détesté être le responsable si tu n'avaispas pu porter la robe de tes rêves. »
« Ma cousine était en blanc », dit Lily en gloussant « et elle était enceinte de six mois . » Elle courba le bras et mima un ventre rond. « Et puis, je vais porter une robe ivoire. C'est assez proche du blanc, mais convient mieux à ma carnation. Et c'est tout ce que tu auras le droit de savoir à propose de cette robe jusqu'au mariage. »
« Enceinte - un bébé. Oh oui, James et Lily feront des parents merveilleux. Le bébé n'apprendra même probablement jamais à pleurer- il sera embrassé et aimé au moindre signe de larme. Lily lui chantera des berceuses de sa douce voix— qui occasionnellement rate une note— et James lui apprendra à voler, et je lui apprendrai les tours que James n'osera pas lui apprendre, et Remus— Remus ferait un père fantastique. Il est patient , et doué pour comprendre les gens, et plein de considération, et il sait faire le « Regard-de-Papa » qui dit « je t'aime mais je suis très déçu par ce que tu as fait. » Le regard qui te donne envie d'être quelqu'un de meilleur afin que plus jamais il n'aie à te regarder comme ça. C'est ce que Remus mérite. » Il regarda Lily se blottir contre James tandis que celui-ci caressait son bras doucement. « Il mérite une femme splendide qui le comprenne et l'aime, une maison pleine d'enfants, et un chien— pas un idiot, un soi-disant meilleur ami qui profite de lui quand il est seul et vulnérable. »
« J'ai faim. » dit James. « Quelqu'un se sent motivé pour faire la cuisine ? »
« Pas vraiment . » répondit Lily. « Je suis ton invitée, tu te souviens ? »
Sirius secoua la tête. « C'est ton tour, Prongs . »
« Plat à emporter, dans ce cas. Chinois ? Indien ? Fish and Chips ? » Il se dégagea de Lily et se dirigea vers la porte.
« Indien. » répondit Lily, et Sirius opina du chef. James attrapa la veste en cuir noir de Sirius en ouvrant la porte.
« Ca me va mieux ; le look motard fonctionne moyen avec les lunettes. » lui lança Sirius. « Je vais me prendre une bière, Lily. Tu en veux une ? » Il se leva et disparut dans la petite cuisine.
« Oui, je veux bien. »
Il sortit deux bouteilles d'un placard ensorcelé pour garder son contenu au frais, les décapsula d 'un coup de baguette et en versa une dans un verre. « J'ai besoin de l'avis d'une fille » dit-il. Il tendit le verre à Lily et retourna s'asseoir.
« La prochaine fille que je croise, je te l'envoie. » Lily sourit en ramenant ses jambes contre elle, et avala une gorgée de bi ère.
« Oh, excusez moi. Miss Evans a atteint le vénérable âge de la majorité. Ok, j'ai besoin de l'avis d'une femme. »
« Oui, les vestes en cuir te vont mieux qu'à James, mais je nierai avoir dit ça. »
Sirius sourit à cette blague mais sa gorge était trop nouée pour qu'il puisse rire . Il s'assit sur le bord du fauteuil, les coudes sur les genoux, et fit rouler la bouteille entre ses paumes. Il fixait le goulot au lieu de croiser les yeux verts de Lily. « Est-ce que tu penses que j'ai trop d'aventures ? »
« Défini « trop ».
« C'est ce que je voudrais que tu fasses. » Il leva la bouteille glacée jusqu'à ses lèvres et rejeta la tête en arrière, laissant descendre une large coulée de bière dans sa gorge. Puis il recommença à fixer la bouteille.
« Bien, je peux répondre à ça de deux manières. De un, si tu te poses la question, la réponse est probablement 'oui'.»
Sirius hocha la tête. « Et de deux ? »
« Dès que quelqu'un en souffre, c'est trop. »
Sirius gémit et laissa tomber sa tête, le front reposant sur le cercle glacé du goulot de sa bière.
« Je savais que quelque chose n'allais pas. Tu étais trop calme ces derniers temps. » Lily s'assit sur le bras du fauteuil et frotta son dos d'une caresse réconfortante. « Tu as fait un bébé à quelqu'un ? »
Sirius ri à cette idée. « Remus— enceint— je ne crois pas. »
« Tu as brisé le coeur de quelqu'un ? » Sirius acquiesa de la tête. «Quelqu'un que je connais ? »
« Je préfèrerais ne pas te le dire. » Il se rassit dans le fond de son fauteuil, évitant toujours le regard de Lily.
« Remus ? »
A présent il la regardait. Ca ne le gênait pas que James lui aie dit, mais ça l'étonnait qu'il l'aie fait sans mentionner la fin désastreuse de cette relation.
« James te l'a dit ? »
« Non. » Elle sourit. « Malgré ce qu'on pense, James ne me dit pas tout. Je ne lui dit pas tout non plus. Je me disais que tu lui en parlerai toi-même quand tu serais prêt. »
« Comment l'as-tu su ? Tu m'as vu l'embrasser ou quelque chose du genre ? »
Lily commença à pouffer. « Vous avez oubli —» Ses gloussements étouffés devinrent de véritables éclats de rire. « J'ai —» Elle riait tant qu'elle manquait d'air et devint écarlate. Quand James entra en portant un grand sac en papier, Lily partit d'un nouvel éclat de rire et glissa du fauteuil.
« Qu'est-ce que tu lui as fait ? » accusa James en laissant tomber le sac et en se précipitant pour aider Lily à se relever.
« C'est ce que j'aimerais savoir. » répondit Sirius tandis que tous les deux attrapaient une main de Lily et la remettaient sur ses pieds. Elle avait encore les joues rouges mais semblait avoir réduit l'intensité de son fou rire.
« C'était environ deux mois après votre emménagement, et— » Elle s'éclaircit la gorge en réprimant un nouvel accès d'hilarité et ramassa le dîner. « — et Remus et moi nous sommes retrouvés à passer tous les deux la nuit à l'appartement. Bien . » Elle fit une nouvelle pause, essayant sans succès d'arrêter de sourire. « Je me suis levée tôt le lendemain parce que j'avais besoin d'aller au petit coin. » Elle ouvrit le sac et comme,ça à poser diverses boîtes en carton sur la table basse. James attrapa des assiettes et des fourchettes tout en essayant de ne pas quitter Lily des yeux. Sirius s'assit simplement sur le bras du fauteuil et la regardant, se demandant ce qu'ils avaient bien pu faire de si amusant. « Apparemment, Sirius et Remus avaient jeté un sort d'insonorisation surs les murs de leurs chambres, mais ils avaient oublié celui qui donnait sur la salle de bain. »
« Oh, mon Dieu. » Sirius commença à rire. Quand il était avec Remus, ils étaient tous les deux assez— expressifs . Il n'osait pas regarder la réaction de James à l'idée que Lily aie pu en être témoin.
« Enfin bref, toujours est-il que vous aviez l'air d'être en train de passer un très bon moment et— hum— c'était assez inspirant. J'ai réveillé James dès que je suis retournée au lit. » Son sourire diabolique fit rire les deux hommes.
« Merci, Padfoot. »
« A ton service, Prongs. »
Pleine Lune
Remus faisait les cents pas à l'intérieur de la vieille grange, donnant des coups de pied dans la paille sur son passage. Peter était assis non loin de lui sur un ballot de foin, emmitouflé dans sa cape pour se tenir au chaud.
« Quelle heure est-il ? » demanda Remus.
« Deux minutes depuis la dernière fois que tu m'as posé cette question. » répondit patiemment Peter. « Ils seront là, ils l'ont promis. »
D'ordinaire, Remus aurait été seulement un peu nerveux dans de telles circonstances. Il aurait eu la certitude que James et Sirius allaient arriver avant le lever de lune, à moins qu'une catastrophe imprévisible ne les en empêche. Cependant, ce soir n'était pas ordinaire. Ce soir était la première pleine lune depuis qu'il avait dit à Sirius qu'il ne coucherait plus avec lui. Il ne pouvait se défaire de l'horrible impression que Sirius ne viendrait pas, qu'il aurait à endurer cette nuit sans Padfoot.
Remus imaginait James et Sirius se disputant à ce sujet à cet instant même. Sirius, se sentant rejeté, éprouvant le besoin de rejeter en retour. James lui disant : « Arrête de te comporter comme un abruti et bouge ta fourrure jusqu'à cette grange. » Ou Sirius souhaitant venir et lui apporter son soutien, et James le confrontant à ses doutes, le poussant à se demander si sa présence ne serait pas embarrassante en cette période où Remus était émotionnellement vulnérable.
Remus savait qu'il serait particulièrement fragile ce soir et le lendemain. Le loup désirait désespérément la présence de Padfoot, autant que Remus celle de Sirius. Padfoot était le seul qui pouvait rester auprès de lui et l'aider à supporter l'horrible éternité de la transformation. Prongs et Wormtail—un cerf et un rat—des proies. Le fait que le loup puisse les accepter comme des membres de sa meute était un miracle que Remus ne parvenait pas à comprendre. Il en était reconnaissant, mais il savait que c'était un miracle qui ne prenait effet qu'une fois que la douleur s'affaiblissait et que son esprit s'éclaircissait, autant qu'il pouvait l'être durant une nuit de pleine lune. Au cours le la longue nuit, Padfoot et Wormtail seraient les bienvenus. Leur présence briserait sa solitude et participerait à préserver une part de l'esprit de Remus dans le loup. Mais Padfoot — le chien — canin, réconfortant, familier, un réel compagnon de meute. Padfoot était celui dont Moony avait réellement besoin. Seul Padfoot hurlait à la lune avec lui, jouait à se battre avec lui, chassait avec lui. Seul Padfoot comprenait le loup ; Padfoot était le seul que le loup comprenait. Et quand le matin viendrait, ce serait tout d'abord Padfoot, puis Sirius, qui apporteraient au corps de Remus cette familière chaleur vitale et ce contact réconfortant. Tout du moins, c'est ainsi que les choses se passaient, avant. Remus savait que cela serait douloureux d'avoir Sirius si proche à un moment où ses émotions étaient si primitives, mises à nu, mais cela le serait encore plus de ne pas l'avoir à ses côtés.
« Je pense qu'ils ne viendront pas. Renforce les murs pour pouvoir m'enfermer. »
Peter se leva et sortit sa baguette. « Je vais le faire mais seulement pour que tu cesses de t'inquiéter. Je suis toujours persuadé qu'ils viendront. » Il commença par ensorceler la porte d'entrée et continua à verrouiller le périmètre de la grange.
« Tu as une voie de sortie ? »
« Au moins trois. Il y a plein de trous de la taille d'un rat dans cette vieille grange en ruine. »
C'était au moins une certitude sur laquelle Remus pouvait compter. Peter s'assurait toujours d'avoir un moyen de retraite au cas où le loup mettrait trop de temps à le reconnaître.
Deux légers « pop », et Sirius et James apparurent soudain au centre de la grange. Remus dû arrêter brusquement de marcher sous peine de bousculer James. Il faillit demander
« Où étiez-vous ? » mais ravala ses paroles et resta silencieux. A la place, il tourna les talons et marcha jusqu'au mur, et s'y appuya, les mains profondément enfoncées dans les poches de ses robes.
« Je reviens tout de suite. » lança James gaiement en grimpant dans le grenier, un sac de couchage sur l 'épaule.
« Ne fais pas attention à ce grincheux de Remus » dit Peter à Sirius. « Il s'était persuadé que vous deux ne viendriez pas. »
« Bien sûr que nous sommes venus, Remus. » Sirius le rejoignit et posa ses mains sur ses épaules.
Remus se força à regarder droit dans les yeux bleus de glace de Sirius. Les yeux de Sirius, les yeux de Padfoot, le même regard.
« Bien sûr que je suis venu. Amis pour toujours, pas vrai ? Je serai là sauf si tu me demandes de ne pas venir. »
Toute la tension contenue dans le corps de Remus se rassemblait en un noeud entre ses épaules et une énorme boule dans sa gorge. Il avala avec difficulté. « Je suis désolé. Je— Tu sais dans quel état ça me met. La lune fait ressortir mon côté pessimiste. »
« Non, c'est de ma faute. On est à la bourre, pas vrai ? »
« Je t'ai préparé un lit dans le grenier avec le foin et quelques couvertures que j'ai apportées, » expliqua James en descendant l'échelle. « comme ça tu pourras te reposer demain avant de transpla— est -ce que tout vas bien ? »
Remus regarda par dessus l'épaule de Sirius et vit James le fixer, une expression inquiète sur le visage. Il hocha la tête et essaya de sourire.
Remus sentit la douleur habituelle qui l'avertissait que le lever de lune était imminent. S'il ne se déshabillait pas rapidement, ses robes seraient réduites en charpie. Cependant, pour la première fois depuis que ses amis avaient appris qu'il était un loup garou et qu'il n'avait plus eu besoin de cacher ses cicatrices, il se sentit mal à l'aise de devoir se déshabiller devant l'un d'entre eux.
« Je ferais mieux—« Remus commença à enlever ses chaussures. Sirius relâcha ses épaules et un instant plus tard, Padfoot se tenait devant Remus. Il s'allongea en tournant le dos à celui-ci, sa queue touffue balayant le dessus de ses pieds. « Merci. » dit Remus doucement.
« Donne-moi tes robes et tes chaussures, » dit James en s'avançant vers eux. « Est-ce que ta baguette est dans ta poche ? »
« Uh-hmm. »
James sortit la baguette et la rangea dans sa poche par précaution, puis il jeta les robes et les chaussures dans le grenier. Remus tourna ensuite le dos à James pour appuyer ses paumes contre le bois brut du mur. Il voulait rester debout, rester humain, aussi longtemps que possible. Tous ses muscles commençaient à se tendre simultanément et il tremblait légèrement.
« Tu veux une des couvertures ? » James posa une main chaude sur l'épaule de Remus.
Remus voulut répondre « non » ou « éloignes-toi » mais ses mâchoires étaient trop serrées. Les tremblements s'amplifièrent. ses pensées s'effaçaient. Une chaude masse de fourrure effleura l'arrière de ses jambes, et la main chaude disparut. Padfoot poussait l'humain loin de lui. Padfoot était là.
Matin
Remus avait besoin de mordre mais le poids de Padfoot pressait son cou et ses épaules, le maintenant au sol. Le besoin s'effaça, il cessa de lutter, et la pression sur lui se relâcha. La chaude fourrure restait auprès de lui ; Padfoot s'allongea à son côté. Remus se recroquevilla contre lui, agrippant la fourrure noire à pleines mains, respirant l'odeur familière, sanglotant de soulagement. Soulagement que la douleur diminue. Soulagement que Padfoot soit là. Il y eut une impression momentanée de glissement entre ses doigts, comme la fourrure soyeuse devenait le tissu de robes. Sirius se tourna légèrement vers Remus, de sorte qu'ils étaient maintenant allongés face à face. Il enveloppa le corps tremblant de Remus de ses bras forts.
« Chut, Moony, c'est fini. C'est le matin. Tout est fini. chuuuut, je suis là. » La voix de Sirius était basse et douce et chaude. Elle glissait sur Remus et emportait un peu de la douleur qui restait avec elle.
« Est-ce qu'il est bless ? Il pleure. » Peter parlait, quelques part à quelques mètres derrière lui.
« Je ne pense pas qu'il ait quoi que ce soit de cassé ou de déboîté. » répondit James en palpant rapidement les bras, les jambes et les côtes de Remus. Une cape chaude, profondément imprégnée de l'odeur légèrement muscée d'un cerf, couvrit Remus, le protégeant de l'air hivernal mais pas du sol glacé.
La voix de Sirius poursuivit ses murmures réconfortants tandis que Remus luttait pour reprendre contrôle et réduire ses pleurs à quelques sanglots brisés.
« La grange n'est pas loin. Nous sommes restés aussi près que tu le voulais bien. » expliqua James. « Veux-tu marcher, Remus ? Je peux faire apparaître un brancard, sinon. »
« Non, je vais le porter, James. » répondit Sirius. « Aide-nous juste à nous relever. »
« Tu es sûr ? »
Sirius ri. « Je pense que tu seras obliger de lui casser les doigts pour le faire lâcher mes robes. Tu ne voudrais pas qu'on te casse les doigts, hein, Remus ? »
Remus secoua la tête et enfouit son visage trempé dans les plis de tissus près du cou de Sirius. Il inspira profondément ; l'odeur était enivrante. « Padfoot. Sirius. » Avec un gros effort de volonté, il écarta sa tête du vêtement pour que sa voix soit audible. « Je marcherai » dit-il d'une voix rauque. Sa gorge lui faisait mal. « Je marcherai, aide-moi simplement. »
« Qu'est-ce qui ne va pas ? » La voix de Peter était plus proche maintenant, et très inquiète.
« Il a eu une dure nuit, c'est tout. » répondit Sirius en s'écartant un peu et en essayant de se remettre debout. Remus relâcha l'une de ses mains avec réticence comme James l'agrippait par le bras pour l'aider à se lever.
La grange n'était qu'à une douzaine de mètres, plus une autre douzaine pour atteindre la porte de devant. Sirius garda un bras autour de Remus pendant tout le chemin. James resta assez proche pour l'aider si jamais il trébuchait. Ce fut seulement lorsqu'il atteignirent le bas de l'échelle que Remus réalisa que son poing enserrait toujours fermement un pan des robes de Sirius.
«Tu veux me casser les doigts, ou je le fais tout seul ? »
Sirius ri. « J'ignorais que tu étais en partie Strangulot (1) , Moony Est-ce que tu es assez en forme pour grimper ? »
Remus hocha la tête. il était fatigué, mais pas blessé. Il pouvait se débrouiller sur la courte distance de l'échelle. Sirius grimpa quelques pas derrière lui, ses bras de chaque côtés de Remus, près à le retenir s'il glissait. Remus rampa par dessus la paille, jusqu'aux couvertures que James avait eu l'intelligente attention de préparer. Le lit improvisé était assez confortable — même s'il était de toutes manières assez fatigué pour pouvoir dormir à poings fermés sur du roc— mais il était froid. Remus avait marché jusqu'à la grange pieds nus et portant seulement une vieille cape. Le frisson glacé de la mi-hiver avait pénétré sa chair et pris possession de ses os. Il resserra la cape autour de lui tout en se recroquevillant en position foetale entre les couvertures de laine. Son corps tremblait en luttant pour expulser le froid.
« Tu es gelé. » dit Sirius en se glissant entre les couvertures, s'incurvant pour envelopper le corps de Remus, pour mettre autant que possible sa propre chaleur en contact avec Remus. Deux pièces de puzzle parfaitement faites l'une pour l'autre. « Juste jusqu'à ce que tu te réchauffes un peu. Ca va comme ça, hein ? »
« Oui. » Remus murmura d'une voix rauque. « Oh mon dieu, oui, c'est parfait. » Le bras de Sirius reposait, lourd et puissant, autour du torse de Remus, lui communiquant un sentiment de sécurité et bien-être. Remus avait glissé en partie sa main sous la manche de Sirius et caressait distraitement le duvet de son avant-bras. Même au travers de leurs vêtements, il pouvait sentir le torse musclé et le ventre plat de Sirius pressés contre son dos à chaque respiration. Et plus bas... « Je pourrais me frotter contre lui, juste un peu. Ou plus. Je sais qu'il répondrai. Je pourrais le sentir contre moi juste une fois encore... » Il inspira profondément, s'immergeant dans l'odeur de Sirius. « Je pourrais lui dire que j'avais tort. lui dire que j'ai besoin de le sentir en moi. Lui dire que j'ai besoin de lui. Lui dire qu'il est tout pour moi. » Il se blottit un peu plus dans les bras de Sirius, comme s'il cherchait sa chaleur. « Il ne veut pas être tout pour toi ! Tu le perdras si tu en demandes trop. »
« Non. » murmura Remus en s'écartant de Sirius. « Non, c'est trop bon, Sirius. Va-t'en, s'il te plaît. »
« D'accord, Moony. Repose-toi. » Sirius roula sur le côté hors des couvertures et s'assit sur ses talons. « Ce n'est pas juste. » pensa-t-il en regardant Remus frissonner seul dans son lit froid. « Je l'ai aidé à se réchauffer les matins de temps froid après la pleine lune depuis bien avant notre aventure. Et maintenant je ne peux même plus faire ça pour lui. Encore quelque chose que j'ai gâché. Bien sûr je passais la plupart de ces matins en tant que chien plutôt qu'en tant qu'humain. Je ne voulais pas qu'il me prenne pour un homo.» Sirius sourit presque à la pensée de ce jeune lui-même. » « Remus, est-ce qu'un gros chien chaleureux ferait l'affaire ? »
Remus hésita un moment avant de répondre. « Pas aujourd'hui. » Il enfouit son visage plus loin sous la couverture, évitant le regard de Sirius.
James prit la parole depuis l'échelle. « Lance un sort de réchauffement sur la couverture, espèce d'idiot , et laisse Remus dormir. » Son intonation laissait transparaître plus de compassion pour le dilemme de Sirius que ses mots.
« Je suis un idiot. » Un sort de réchauffement était la solution la plus évidente, mais ça ne lui était même pas venu à l'esprit. « Je suis là, à me trouver des excuses pour pouvoir partager son lit au lieu de réfléchir à ce dont il a réellement besoin. »
Sirius ensorcela les couvertures et suivit James jusqu'en bas de l'échelle.
Peter soufflait sur ses mains pour les réchauffer tout en les attendant.
« Est-ce que toi et Remus vous êtes disputés ou quelque chose comme ça ? » demanda-t-il comme Sirius descendait de l'échelle. « Je ne l'avais jamais vu te mordre autant jusqu'à maintenant. »
« Il ne m'a pas mordu. » gronda Sirius avec colère.
Peter leva les sourcils d'un regard qui voulait clairement dire « ce n'est pas ce que j'ai vu. »
Puis il haussa les épaules. « Comme tu veux. Je suis juste content que ça n'aie pas été moi. Est-ce que l'un d'entre vous peut rester jusqu'à son réveil ? »
« Je peux. » dirent simultanément James et Sirius.
« Bien. J'ai seulement pris une demi-journée de congé, et j'aimerais vraiment pouvoir rentrer dormir quelques heures avant d'aller travailler cet après-midi. »
« A plus, Peter . » dit James comme celui-ci leur faisait signe puis transplanait.
Sirius marcha souplement jusqu'au coin le plus éloigné de Remus, et se laissa tomber sur une botte de foin, s'adossant à une autre. Il regarda James métamorphoser un tas de paille en une paire de couvertures jaunes pâles. James en laissa tomber une sur les genoux de Sirius en s'installant dans un coin confortable à côt de son ami.
« Tu devrais rentrer dormir toi aussi. » dit Sirius. « Au cas où tu l'aurais oublié, demain c'est la Saint Valentin, et j'ai le pressentiment que Lily se sentirait insultée si tu t'endormais pendant votre rendez-vous. »
James arrangeait sa propre couverture.
« Ca ira pour moi. »
« Tu n'as pas besoin de me chaperonner, tu sais. » dit Sirius avec agacement. « Je suis un idiot, mais je ne suis pas un salaud. »
« Je sais. »
Ils restèrent sans parler pendant plusieurs minutes. Sirius préférait examiner la couverture que de parler à James. « Léger de poids, mais qui isole bien —juste comme la paille. Fibreux —comme la paille. Elle gratte légèrement—OK, pas tout à fait, mais elle n'est pas douce non plus. » Il renifla le bord. « Elle sent toujours la paille. »
« Mac Gonagall donnerait seulement une note moyenne pour cette couverture, Jamie. »
« Si tu en veux une meilleure, fais-la toi-même. »
Il releva la tête et James sourit.
« Non, je l'aime bien. Merci. »
Tous les deux savaient que Sirius remerciait James pour bien plus que la couverture.
« A ton service, Padfoot. » James lui sourit en retour. « Est-ce que tu as des entailles ou des égratignures qui ont besoin d'être soignées ? Laissons de côtés les mensonges pour Peter, Remus t'as réellement mordu très souvent la nuit dernière. »
« Il ne me mordait pas ! »insista Sirius. Il parlait à voix basse pour ne pas réveiller Remus. « Il pinçait juste ma fourrure. »
« Et la différence est ? »
« Il n'essayait pas de me blesser ; il ne faisait que me— me guider, me montrer où aller. De toutes manières, il a arrêté dès que j'ai compris le message. »
«Qui était ? »
« Reste à côté de moi. » Sirius fixa d'un air coupable le coin où lui et Remus avaient parlé la soirée précédente. « Il s'est vraiment inquiété de notre retard hier soir. Il pensait que nous ne viendrions pas. Il pensait que je ne viendrais pas. C'est pour ça qu'il tenait à ce que je reste dans son champ de vision cette nuit. »
James hocha la tête en signe de compréhension puis ferma les yeux.
« Il est terrifié à l'idée de perdre ton amitié. Je suppose que c'est normal que cela se voit dans ses deux personnalités. » Il bailla, l'air vraiment prêt à tomber de sommeil. Puis il rouvrit un œil, évoquant à l'esprit de Sirius son hibou, essayant de décider si un incident valait qu'il se réveille pleinement.
« Tu as dit qu'il avait arrêté de te mordre – pardon – de te pincer une fois que tu es resté près de lui ?
- Ouais »
James ouvrit son deuxième œil.
« Mais je l'ai vu mordre ton visage plusieurs fois ce matin. »
Sirius secoua la main comme pour écarter le sujet.
« C'est juste un de ces trucs de dominance.
« Dominance ? » demanda James, l'air légèrement amusé.
« Le loup alpha montre… Laisse tomber. C'est juste le langage du loup pour dire 'Tu es à moi'. Il le fait tout le temps, habituellement juste après la transformation. Il l'a juste fait plus que d'habitude la nuit dernière. Tu devrais vraiment lire ce livre sur le comportement des loups, James. »
James fixa Sirius durant toute son explication, clignant des yeux derrière ses lunettes. « Un hibou définitivement » pensa Sirius.
« Ca veut dire 'tu es à moi', il le fait tous les mois, et tu as eu besoin de moi pour te dire qu'il est amoureux de toi ? » Le ton de James était incrédule, et Sirius trouva cela très irritant.
« Ca ne veut pas dire 'tu es à moi' dans ce sens-l. Ca veut dire que je fais partie de sa meute. » Sirius remua, mal à l'aise et avec un sentiment de culpabilité.
« Je sais que j'ai été complètement nul pour comprendre les sentiments du Remus humain, mais fais-moi confiance pour comprendre le loup. Une fois par mois, Moony ne cache pas ses sentiments. »
Sirius ferma les yeux et essaya de se détendre assez pour prendre un peu de repos. Il savait que James avait fermé la porte de la grange par magie, par conséquent, même si le fermier venait chercher une botte de foin, ils auraient tout le temps de se cacher ou de réveiller Remus et de transplaner loin de là. Au bout de quelques minutes, James prit la parole de nouveau.
« Dominance, hein ?
- Oui » dit lentement Sirius.
« Et Moony est l'alpha. Tu me l'avais déjà dit avant.
- Et où veux-tu en venir, James ? » demanda Sirius, bien qu'il ait déjà une idée de là où cette conversation menait.
James commença à rire.
« Puis-je en tirer des conclusions sur votre vie sexuelle ?
- A, ex-vie sexuelle, et B, tu as dit que tu ne voulais pas de détails. »
à suivre
(1), c'est bien sûr un jeu de mots sur le nom de Sirius qui rend bien mieux en anglais : "Black coffee, black clothes, black hair, Black name, black reputation—Bad Boy Sirius Black doesn't get serious about anyone."
(2) en anglais, grindylow.
