Go back to being friends

auteur : Mysid

traduction : Temys

disclaimer : tout appartient à Mrs Rowling, bien évidemment.

Enfin la suite ! Je sais que les updates se font longtemps attendre, mais je ne peux malheureusement pas faire mieux. J'espère que ce chapitre vous plaira, et merci à Camille pour son aide !

Chapitre 3 : Les trois aoûts

Août 1979

« Pas trop mal » dit Remus au miroir tandis qu'il mettait ses robes en place une dernière fois et replacait en arrière les mèches de cheveux qui lui tombaient devant les yeux.

« Et même beaucoup mieux que ça mon cher » répondit le miroir. « Bien que tu aies certainement besoin d'un peu de gel ou de quelque chose comme ça. Cette façon qu'ont tes cheveux de retomber continuellement devant tes yeux est très désordonné. »

« Si tu penses que mes cheveux sont désordonnés, tu devrais voir le marié. »

« Il est sous la responsabilité d'un autre miroir. »

« Prêt Remus ? » demanda Sirius en passant la tête par la porte. « James aurait vraiment besoin que quelqu'un de calme lui tienne compagnie, et tu es bien plus apaisant que je ne le suis. Cette espèce d'andouille nous a déjà fait le coup du 'Oh, bon sang, je ne trouve plus les alliances' au moins trois fois. »

« J'arrive ».
Remus se dirigea vers la porte mais stoppa net en voyant le sourire qu'affichait Sirius. « Quoi ? » Il baissa les yeux sur ses vêtements pour voir ce qui clochait. « Qu'est-ce que j'ai fait ? »

« Tu es… » Sirius regarda brusquement le plancher et se racla la gorge. « Je veux dire, cette robe est parfaite pour toi. »

« Dis-le à James, c'est lui qui l'a achetée »

La fierté de Remus avait pris un coup quand James avait dû lui acheter une nouvelle robe mais il n'avait pas protesté. Ses propres robes étaient légèrement trop petites et abîmées, il ne pouvait se permettre d'en acheter de nouvelles, et James et Lily ne devaient pas avoir à être embarrassés par l'apparence d'un de leurs garçons d'honneur. Et celle-là, celle-là était plus belle qu'aucune de celles qu'il avait possédées auparavant. La robe était faite d'une soie d'une profonde couleur chocolat. La chemise, la ceinture et la doublure, qui était visible là où la robe était repliée sur elle-même, au col et sur le devant, étaient fait de soie miel brodée selon des motifs celtes élaborés, entrelacs d'or et d'argent.

« Je sais. C'est moi qui l'aie choisie. J'ai pensé que ça irait bien avec tes yeux, la façon dont ils sont bruns et or à la fois. » Les joues de Sirius étaient légèrement rouges quand il leva de nouveau les yeux vers Remus. « J'espère que ça ne te dérange pas. Je veux dire, James a beaucoup de qualités, mais il n'y connaît rien en vêtements. »

La respiration de Remus fut comme bloquée dans sa gorge quelques instants. C'était peut-être la pensée que Sirius avait pris le temps de choisir cela pour lui, ou le fait que Sirius aie déjà prêté attention à la couleur de ses yeux, ou peut-être juste le regard de Sirius qui cherchait son approbation. Pendant un court instant, Remus se remémora la première fois qu'ils s'étaient touchés et embrassés, et Sirius l'avait regardé exactement de la même manière, demandant silencieusement s'ils pouvaient continuer, ses mains s'assurant que la réponse serait « oui ».

« Oui, je veux dire… non, je m'en fiche… je veux dire… merci, Sirius. C'est magnifique. » Remus ne savait pas s'il devait rougir de gêne ou bien se mettre à rire de lui-même. Il fit les deux. « Mon dieu ce que je raconte est stupide. »

« Parfait, James aussi. Peut-être que vous allez vous comprendre. »

Remus était assis sur un petit mur à côté d'un buisson bourdonnant de fées,

non loin du patio où se déroulait la réception, observant les danseurs. Il écarta de la main une fée qui obstruait son champ de vision. Sirius et Helen.

« La façon dont il bouge. Il est si entièrement et parfaitement à l'aise dans sa peau, complètement sans complexe. Bien sûr, quelle raison pourrait-on avoir de se sentir complexé quand on est la plus splendide des créatures vivant sur terre ? »

Sirius et Ivy.

« Ses cheveux sont magnifiques au soleil. Ils semblent absorber la lumière et rayonner à la fois, et au toucher, ils sont aussi agréables que la soie. »

Il fit brièvement glisser sa main le long de sa manche. « Ils sont plus agréables que la soie. »

Sirius et Lily.

« Lily a eu raison de porter une robe de mariée moldue. James arriverait à peine à respirer quand il l'a vue la première fois. Un jour, je verrai Sirius danser avec sa mariée. Il la regardera avec le souffle coupé. Habitue-toi à cette idée, Remus. »

Sirius et Louise.

« Seigneur, je veux bouger avec lui comme ça. Je veux le tenir contre moi comme ça. Je l'ai fait, juste une fois. »

Sirius avait entraîné Remus dans un bar gay un jour. « S'il te plait Remus, j'ai vraiment envie de danser avec toi. »

« Mais ici, alors que Peter regarde, que nos camarades de classe regardent, que sa mère regarde… Non il ne dansera jamais avec moi. Il n'est pas masochiste à ce point. Il n'est pas décomplexé à ce point.»

« L'été de mes douze ans » dit la voix de Lily à son oreille « ma mère m'a forcée à suivre un cours d'étiquette. Plutôt ennuyeux. Pétunia a adoré. » Lily s'assit sur le muret dans le sens opposé à Remus afin de lui faire face.

« Et tu as appris quelque chose ? »

« Oui, j'ai appris que quand on participe à un évènement social où l'on danse, un gentleman ne reste pas toute la soirée à l'écart, surtout s'il y a là de jeunes femmes célibataires en quête de partenaire de danse. »

« La dernière fois que j'ai vérifié, Mme Potter, vous étiez plus sur la liste des 'jeunes célibataires' .»

Elle lui jeta LE regard. Cela ne marchait déjà pas sur lui quand elle était préfète, alors que ça fonctionnait avec presque tout le monde. Puis elle soupira. « Bien, si tu ne danses avec aucune fille, alors va inviter Sirius à danser. C'est évident que tu en as envie. »

« Oui, je vais juste rouvrir la blessure qui essaie à grand peine de cicatriser » pensa-t-il. « Ce serait une bonne idée. » « Si c'est indigne d'un gentleman de ne pas danser avec les jeunes demoiselles, cela ne le serait-il pas doublement de détourner d'elle quelqu'un qui y est parfaitement dispos ? »

« J'abandonne, tu as gagné. » dit Lily en se levant pour partir.

Remus se pencha et la rattrapa par le poignet. « Je suis désolé Lily. Tu veux bien me considérer comme étant profondément contrit et danser avec moi ? »

Août 1980

« Il est tellement beau. »

« Surtout quand il dort. »

Sirius s'arracha à la contemplation de son filleul aux cheveux ébouriffés pour regarder son meilleur ami aux cheveux ébouriffés. James était étendu sur deux chaises de jardin, adossé sur l'une, les pieds sur l'autre. Les chaises de fer forgé ne semblaient pas particulièrement confortables, mais James semblait assez fatigué pour dormir n'importe où.

« Je crois que Papa va s'endormir, Harry, alors ce sera juste toi et moi ! » murmura Sirius au bébé recroquevillé contre sa poitrine. Sirius avait fait apparaître un hamac entre le tronc d'un chêne et—... rien, et profitait maintenant de son doux balancement en compagnie de son mini-humain préféré.

Harry était beau quand il dormait. De minces paupières teintées de mauve par les fines veines courant sous la peau. Des lèvres roses entrouvertes pour respirer et baver sur les robes de Sirius. De minuscules doigts rassemblés en poings, un de chaque côté de sa tête, se pressant doucement contre Sirius tout comme ils se balançaient. Des touffes de cheveux noirs et soyeux. Elles étaient toujours fines et éparses mais promettaient, menaçaient, d'être exactement comme celles de papa un jour. Du doigt Sirius caressa doucement le haut de la tête du bébé.

« Je promets que je ne te taquinerai jamais à propos de tes cheveux, Harry. Les cheveux de Papa par contre, je ne promets rien. »

Harry bailla et ouvrit les yeux, clignant des paupières dans le soleil de fin d'après-midi. Sirius le déplaça dans ses bras afin de pouvoir regarder ses yeux d'émeraude.

« Je t'aime tu sais. » Harry semblait être en train de l'étudier attentivement.

« Nous avons beaucoup de chance, tous les deux. Maman et Papa t'aiment, mais ils doivent être des parents, alors parfois ils diront 'non'. Mais moi, c'est mon rôle de te gâter jusqu'à la moelle. Je suis une sorte de grand-parent, mais en beaucoup plus fun. Y'a pas beaucoup de grands-parents qui t'emmèneraient sur une moto volante, mais moi je le ferai. Dès que tu tiendras assis. Peux-tu dire 'Padfoot' ? »

« Il n'a même pas un mois, Sirius. » commenta Remus alors qu'il s'approchait et attrapait une chaise vide, la plaçant plus près du hamac et plus loin de James endormi. Peter, se réveillant, fit de même. « Il a peut-être des parents intelligents, mais je pense que là tu en demandes trop. »

« Je sais, mais s'il m'entend le dire assez souvent, ça pourrait être son premier mot, et ça ferait tourner James chèvre. »

« Son premier mot sera 'Moony'. C'est beaucoup plus facile à dire. »

« Je suppose que je n'ai aucune chance dans cette compétition. » dit Peter.

« Je peux le porter, Sirius ? »

« Bien sûr Peter. Fais juste attention à bien tenir sa tête. »

« Je m'en souviens » dit Peter en prenant Harry à Sirius et en le berçant dans ses bras.

« Comment tu te sens ? » demanda Sirius à Remus. La pleine lune avait eu lieu seulement deux nuits plus tôt, et Sirius s'en voulait toujours de ne pas avoir pu être là.

« Bien. » répondit Remus rapidement, trop rapidement. Il tira sur sa manche comme pour s'assurer qu'elle couvrait de nouvelles cicatrices sur son bras.

Sirius remarqua que Peter regardait Remus comme si lui non plus ne le croyait pas. Seul Peter avait pu être avec Remus ce mois-ci, ils avaient donc passé la nuit enfermés dans une cellule sécurisée. Même avec la familière et apaisante présence de Wortmail, le loup s'était probablement senti piégé. Sirius n'avait pas encore trouvé d'opportunité de demander à Pete comment la nuit s'était déroulée. Peter le regardait à présent et secoua la tête légèrement. Ca avait été dur.

« Où est Lily ? » demanda Remus, changeant visiblement de sujet.

« Elle a dit qu'elle allait prendre un bain puis faire une sieste, ou peut-être qu'elle allait faire une sieste en prenant un long bain. Elle n'était pas sûre. »

Remus se rapprocha de Harry et joua avec ses doigts. « C'est dingue de penser qu'un si petit être peut être si fatigant. James pouvait accumuler les études, les entraînements de quidditch, les bêtises et les retenues, et il trouvait encore du temps pour draguer Lily, mais entre Harry et combattre une poignée de mangemorts, il est trop fatigué pour quoi que ce soit d'autre.

« Ca fait réfléchir à deux fois avant de devenir parent. » commenta Peter. « Tu veux le porter Remus ? »

« Bien sûr » répondit instantanément Remus. Il prit le bébé avec beaucoup d'attention, le positionnant d'abord d'un côté de sa poitrine—grimaçant légèrement— avant de le déplacer de l'autre côté.

Sirius se retrouva à penser, une fois encore, que Remus était né pour être père. « Il ferait un meilleur père que moi. Je suis le parrain-gâteau. C'est le rôle parfait pour moi. Mais Remus est né pour être père, comme James. » Il sourit en voyant Remus enfouir brièvement son nez dans le petit cou de Harry.

« J'adore l'odeur des bébés » admit Remus.

« C'est la poudre pour bébé. » dit Sirius.

« Non celle-là submerge presque son odeur, mais si tu fais bien attention, tu peux sentir une odeur particulière à Harry sous la poudre. »

« Tu veux avoir des enfants un jour, Remus ? » demanda Peter. Sirius retint sa respiration. Pourquoi n'avait-il jamais pensé à poser la question ?

Remus baissa les yeux vers Harry et sourit à la façon dont celui-ci s'agrippa au devant de sa robe avec son petit poing.

« Peut-être, si les choses étaient différentes. Je suis une créature des ténèbres, tu te souviens ? Non je laisse la paternité à vous trois, et je sera disponible pour baby-sitting vingt-huit nuits sur vingt-neuf. Ou plutôt vingt-sept sur vingt-neuf. Je suis un peu trop sur les nerfs la nuit d'avant. Harry, peux-tu dire 'Moony' ? »

« Je déteste quand tu fais ça. » gronda Sirius en s'asseyant et posant ses pieds sur le sol.

« Quoi ? Lui apprendre à dire mon nom ? »

« Non, je déteste que tu fais comme si les gens avaient raison de te traiter comme un démon. Il n'y a pas une goutte de sang démoniaque dans ton corps, Remus Lupin. Quoi, tu ne peux pas rester avec tes enfants, ou n'importe qui d'autre, une nuit par mois, la belle affaire. Si ce sont les seuls moments où tu pars loin d'eux, tu feras bien mieux que la grande majorité des gens de ce pays. »

« Deux nuits. »

« J'ai des doutes mais même si c'est vrai, tu serais toujours un bon père. » Sirius savait que sa voix laissait deviner la colère, mais il ne pouvait s'en empêcher. Quelqu'un, n'importe qui, qui traitait Remus injustement le mettait en colère. Même si cette personne était Remus lui-même.

Derrière lui, Sirius entendit le léger bruit des bottes de James sur le pavé comme celui-ci se réveillait en s'asseyait. Peter détacha son regard de ses deux amis qui se disputaient et le posa sur James, le priant silencieusement d'intervenir. James n'en fit rien.

Remus secoua la tête sans cesser de regarder Harry.

« Même si c'était vrai, Sirius. » et il insista sur le « même si » pour indiquer qu'il ne lui concédait pas ce point, « que fais-tu de tous les autres ? Ils ne me voient pas comme ça et ne me laissent jamais l'oublier. Penses-tu réellement qu'il serait plus facile de grandir dans notre société en tant qu'enfant de loup-garou qu'en tant que loup-garou ? Je n'imposerai pas ça à un enfant. »

Sirius ne savait pas quoi dire. Il se rappelait parfaitement Remus à leur première rencontre, abattu par de trop nombreux rejets, obligé de mentir et de se cacher afin d'éviter d'autres rejets. Si être l'enfant d'un loup-garou était ne serait-ce qu'au dixième aussi difficile, peut-être serait-ce trop cruel.

Remus se leva de sa chaise et porta le bébé à James. Il posa sa main sur l'arrière de la tête de Harry.

« Il a tes cheveux Prongs. »

« Je sais. Pauvre gosse. »

Remus laisse tomber sa main et regarda James avec sérieux. « Tu as peur de moi parfois n'est-ce pas ? »

James parut réfléchir à la réponse un peu trop longtemps au goût de Sirius. La réponse fut encore moins à sont goût. « Parfois. Rarement. »

Remus hocha la tête. Il se tourna ensuite vers Sirius et Peter. « Et toi, Peter ? Vas-y et réponds honnêtement. Je connais déjà la réponse. »

« Parfois. Je suis désolé. »

Remus sourit à Peter pour lui montrer qu'il ne lui en voulait pas. Puis il déplaça son regard vers Sirius. « Mais pas toi. Tu n'as jamais eu peur de moi. Peut-être que si ça avait été le cas, tu n'aurais pas eu la stupidité d'envoyer Snape dans le tunnel. »

« Bon sang Moony, combien de fois vais-je devoir… »

Remus l'interrompit. « Là où je veux en venir, c'est que tu devrais avoir peur de moi, Padfoot. J'ai peur de moi. Je suis plus dangereux que tu ne veux bien l'admettre et pas seulement une nuit par mois. Tu n'as pas idée à quel point… » Remus s'arrêta et ferma les yeux quelques instants. Quand il regarda de nouveau Sirius, il y avait quelque chose de doux dans son expression, une façon de relâcher le contrôle sur lui-même. Sirius réalisa que ce n'était pas l'ami qui lui parlait, mais l'ancien amant. « J'ai pris cette décison il y a longtemps Sirius. Ca n'a rien à voir avec toi. »

Août 1981

Sirius fit léviter le jouet griffon hors de la valise et le fit danser dans l'air juste hors de portée de Harry.

« Allez Harry, une petit pas et tu auras le lion volant. »

« C'est un griffon pas un lion ! » dit Lily depuis la porte de la nursery.

« Une rose portant un autre nom n'embaumerait pas moins, et un lion portant un autre nom rugirait de même. »

Lily s'agenouilla sur le sol à quelques pas de Harry et tendit les mains. « Allez viens Harry. C'est l'heure du déjeuner. Padfoot peut se joindre à nous dès qu'il aura fini de déballer les bagages. »

« Esclavagiste. »

« Tu aurais fini il y a une heure si tu ne t'arrêtais pas pour jouer avec chaque jouet que tu déballes. »

Harry avait fixé sa mère et rebombit sur ses jambes comme pour encourager ses pieds à avancer. Maintenant, il s'était laissé tomber sur les fesses et commençait à ramper vers elle.

« Harry et moi avons un système, Lily. Nous jouons toujours avec les jouets quand nous déballons. Pas vrai, Harry ? C'est comme ça que nous pouvons êtres sûrs que nous n'avons pas oublié d'emmener quelque chose d'important. »

Harry avait maintenant atteint sa mère et tirait sur sa robe pour s'aider à se mettre debout. Lily le serra dans ses bras.

« Si seulement nous n'avions pas à déménager sans cesse. Si seulement… »

« Je sais Lily. » Sirius lui frotta le dos d'un geste rassurant. Il ressentait la même chose. On avait attenté à la vie de Lily peu après son mariage avec James. Aucune autre attaque n'avait suivi, et cela avait semblé être un incident isolé. Un mangemort essayant de s'attirer les faveurs en tuant au hasard une sorcière née de moldus qui avait épousé un sorcier de sang-pur. Mais récemment, il y avait eu trois attentats à la vie des Potter. Des attaques de nuit à des moments où les trois membres de la famille étaient sûrs d'être à la maison. Plus de mangemorts impliqués à chaque attentat. Il semblait maintenant que Voldemort lui-même les avait choisi pour cible.

James, son meilleur ami, son frère, qui savait toujours ce dont Sirius avait besoin même quand Sirius l'ignorait. Lily, la fille qui avait gagné le cœur de James puis l'avait généreusement partagé avec Sirius. Harry, qu'il aimait non parce qu'il était le fils de James et Lily, mais juste parce qu'il était Harry. L'idée qu'ils avaient été condamnés à mort par Voldemort – Sirius avait rarement eu peur dans sa vie – il pouvait compter le nombre de fois sur une main et il lui restait toujours assez de doigts pour adresser à Voldemort un geste très vulgaire – mais il avait peur à présent. Il ne les perdrait pas.

« C'était stupide de ma part d'insister pour faire une fête pour l'anniversaire de Harry. Personne ne savait où nous vivions jusqu'à cette fête » dit Lily. Elle embrassa le dessus de la tête de Harry et continua à le serrer contre elle, comme si elle avait peur de le laisser partir.

Sirius s'était opposé avec véhémence à l'idée de cette fête, tout seul face à James, mais maintenant, après coup, il prit la même décision qu'eux. « Non, ce n'était pas stupide, Lily. Tu ne peux pas arrêter de vivre. Si tu le fais, Voldemort gagne. Et puis tu as seulement invité des amis proches, des gens a qui tu peux faire confiance. Je ne pense pas que la fête ait quelque chose à vois avec le fait qu'ils vous aient trouvé. »

Lily hocha la tête et emporta Harry à la cuisine. Sirius recommença le déballage des jouets et des vêtements.

« J'espère que la fête n'a rien à voir là-dedans. Je détesterais penser qu'un de nos amis a dit à Voldemort où ils se cachaient. Bien sûr, plus il y a des gens au courant, plus les risques sont grands. Une amie des Potter mentionne à quelqu'un qu'elle se rend à une fête d'anniversaire, le samedi. Une autre achète un cadeau pour un enfant. Un autre encore fait savoir qu'il se rend en Cornouaille, le samedi. Si les mangemorts sont un tant soit peu observateurs, ce n'était pas très difficile d'en tirer des conclusions. Personne n'a rien dit délibérément. Mais qu'en est-il de la fois précédente ? Et de la fois prochaine ? Il n'y aura pas de prochaine fois. Ce coup-ci, les seuls à savoir seront Remus, Peter, Helen, Ivy, Dumbledore et moi. Aucun d'entre nous ne parlera. C'est certain. »

En descendant les escaliers pour se rendre à la cuisine, Sirius se mit involontairement à réfléchir à l'étrange comportement de Remus ces derniers temps. Après une série d'appartements à très bas prix, Remus avait encore déménagé il y avait de cela un mois. Il avait refusé de dire à quiconque où il vivait. Leurs hiboux le trouvaient sans difficulté, et à juger d'après la vitesse des réponses, il n'avait pas bougé très loin de Londres. En fait, il y avait simplement beaucoup de choses au sujet desquelles Remus ne lui parlait pas.

« C'est ma faute. Je l'ai blessé et ça nous blesse. C'est presque comme notre première année, avant que nous sachions et quand Remus se sentait seul au monde. »

Et puis il y avait ces étrange rendez-vous. Peter avait dit à Sirius et James qu'en deux occasions, il avait vu Remus parler à quelqu'un dans la rue. Le sorcier, le même à chaque fois, avait transplané brutalement quand Peter s'était approché. Remus avait dit qu'il ne connaissait pas cet homme, qu'il était juste venu lui demander l'heure. Peter l'avait cru la première fois, pas la deuxième. Sirius détestait la sensation de malaise qui le prenait au ventre chaque fois qu'il y pensait, mais il ne pouvait pas non plus ignorer ce que cela risquait de signifier.

« Tu m'as dit que je devrais avoir peur de toi, Remus. Ton souhait est exaucé. J'espère que tu es content, parce que je suis loin de l'être. J'ai envie de te demander de me faire confiance à nouveau, mais comment le pourrais-je quand moi-même je n'ai plus confiance en toi ? »

Sirius entra dans la cuisine pour trouver Lily et James debout devant l'évier. Lily s'accrochait à James et pleurait doucement contre son épaule. James lui caressait les cheveux et lui murmurait des phrases rassurantes, lui affirmant que tout irait bien, qu'ils seraient en sécurité cette fois-ci. A en juger par le regard tendu qu'il affichait, la seule chose qui l'empêchait de craquer était la conscience du fait que c'était au tour de Lily de le faire. Harry était assis au milieu du sol de la cuisine, fixant ses parents, ses yeux verts écarquillés comme s'il essayait de comprendre pourquoi maman pleurait. Quand il vit son Padfoot entrer dans la pièce, il leva immédiatement les bras vers lui. Sirius prit Harry dans ses bras et le porta jusqu'au petit jardin.

Il embrassa la joue de Harry et lui sourit pour le rassurer.

« Ne t'inquiète pas, Harry. Maman va bien. Elle a juste traversé quelques journées difficiles. Padfoot ne permettra pas qu'il arrive du mal à ta maman, ton papa, ou toi. Je te le promets. » Il avala difficilement sa salive. « Je ne les laisserait pas te faire du mal. Tu vas grandir heureux et en sécurité, Harry. Tu as ma parole. »