Titre : Au bord du gouffre - traduction de On the edge (http/ de evil superman

Genre : Angoisse, Tragédie, Blessure/Réconfort, Romance Sheppard/Weir (évidemment ;-)), Autres

Rating : R

Disclaimer : les personnages ne sont pas à moi, et je ne reçois pas d'argent pour ça...

Warnings : Mauvais traitements, Suspicion de mort pour un personnage, éléments perturbants(dépression, scarification…).

Résumé : Lorsque John ne revient pas d'une mission Élisabeth se retrouve au bord du gouffre.

Note : J'ai trouvé cette histoire très forte en émotion, et je voulais en faire profiter tous ceux qui ne connaissent pas bien l'anglais... Pour les autres, lisez là en VO, je suis sûre que c'est bien mieux. Allez soyez sympa, dites moi ce que vous en pensez.

Les 'genre' et 'rating' sont ceux décrits par l'auteur.

Chapitre 1

(Réflexions d'Élisabeth)

Six mois, cela faisait six mois que John était passé à travers la porte des étoiles et n'était jamais revenu. Six mois que j'avais perdu l'amour de ma vie. Après six mois sans nouvelle de John et aucune chance du côté de nos tentatives de recherche, j'étais forcée de prendre la décision de le déclarer officiellement porté disparu au combat et présumé mort. Nous avons organisé une cérémonie commémorative pour lui aujourd'hui. La cérémonie semblait rendre toutes les choses tellement définitives. Il n'y avait plus d'espoir – plus de simulation – qu'il réapparaisse soudainement et me dise que tout allait bien.

J'avais déjà perdu des gens que j'aimais avant mais je n'avais jamais imaginé le perdre ; il était mon soutien, mon rocher et mon réconfort, mon propre refuge sécurisé. Je n'avais jamais douté du fait que nous serions ensemble pendant des années ; peut-être même pour l'éternité. Puis c'est arrivé et je me retrouve à me poser des questions ; pourquoi ? Après tout ce que nous avons traversé, toutes les larmes et les joies que nous avons partagées, je ne peux toujours pas croire que nous ne partagerons plus jamais autre chose. Je ne peux toujours pas croire que dorénavant il ne vivra que dans mes souvenirs.

Nous sommes passés au delà de tous les obstacles qu'il y avait sur notre chemin ; nous avons passé trois grandes années ensemble, trois années à l'aimer et à être aimée en retour. Les souvenirs de ces trois années représentent maintenant tout ce à quoi je peux m'accrocher la nuit. Bon Dieu, si seulement je savais pourquoi. Si seulement je pouvais comprendre pourquoi... ?

Les larmes coulent le long de mon visage et quoique je fasse je n'arrive pas à les arrêter ; Elles continuent à tomber comme une cascade de douleur. Je me sens si brisée à l'intérieur que je peux à peine marcher. Je peux à peine me tenir debout, je ne mange et ne dors plus – comment pourrais-je faire toutes ces choses alors que ma raison de vivre est partie ?

J'avais toujours pensé que j'avais du temps pour lui dire ce qu'il signifiait vraiment pour moi ; combien il tenait mon coeur entre ses mains. J'avais pensé avoir du temps, mais maintenant je n'en ai plus. Tous les projets que nous avions établis ; pour demain, pour l'année prochaine, pour notre avenir, ils étaient tous partis.

De la colère ou la tristesse, je ne sais pas lequel des deux sentiments est le pire. Je suis furieuse contre l'univers pour me l'avoir éloigné de moi, furieuse que la vie continue même s'il n'est pas là, furieuse d'avoir toujours un travail à faire alors que mon coeur s'est brisé, que je dois faire semblant pour que les autres ne voient pas ce qu'il m'arrive réellement. Et le pire de tout, je suis furieuse contre lui d'être mort... de m'avoir abandonnée.

Une tristesse m'enveloppe comme une froideur dans chaque cellule de mon corps, comme si une partie de moi était partie, perdue et cassée. Je ressens son absence comme un couteau dans mon coeur, comme un feu dans mon corps, me consumant vive. Quelques fois la tristesse me donne envie de mourir. Je n'ai jamais cru pouvoir ressentir tant de douleur et être toujours en vie. L'agonie que je ressens me déchire de l'intérieur et me casse en deux ; personne ne peut être aussi blessée que je le suis et survivre.

Toute cette douleur, tant de douleur, je n'ai jamais pensé que l'amour pourrait apporter tant de douleur. C'est comme si j'étais coupée en deux, j'imagine le voir dans tous les endroits où je vais, chaque nuit je sens mes bras autour de lui... mais quand je me réveille il est parti et je me sens glacée et vide, si glacée, toujours si glacée. J'ai peur de ne jamais pouvoir me réchauffer.

Je me sens si totalement glacée et perdue, je souhaite juste que tout cela ne soit qu'un mauvais rêve, que je me réveille dans ses bras, en sécurité dans son étreinte, mais ce n'est pas un cauchemar ; c'est la froide et dure réalité. Il me manque tous les jours. Même le seul reflet imaginaire de lui dans le miroir ou son odeur sur l'oreiller à côté du mien me laissent effondrée.

Je peux à peine respirer, encore moins bouger. Si j'essaie de parler, je découvre que je ne peux pas. Lorsque j'essaie de me concentrer, je découvre que je ne peux pas ; mes yeux sont voilés de larmes et mon coeur est obscurci par la souffrance. J'ai l'impression que mes jambes vont se plier sous moi et que je vais tomber par terre, sans personne pour me rattraper.

Sa mort a laissé un vide dans mon coeur que personne ne peut remplir. Je souhaite qu'il y ait quelqu'un à blâmer pour sa mort. Quelqu'un, n'importe qui, une personne sur laquelle je pourrais lâcher ma frustration ; un ennemi, une guerre, n'importe quoi. Mais il n'y a rien. Je pensais qu'il était intouchable mais maintenant je vois que même le plus fort peut tomber. Ces quelques derniers mois ont été un cauchemar mais au moins avant ce jour je pouvais prétendre que ce n'était que ça ; un mauvais rêve. Maintenant je n'ai plus rien à quoi me raccrocher, plus rien du tout. Je me sens seule et j'ai froid... Comme si quelqu'un avait tué le soleil et noyé les étoiles pour toujours.

Je sais que les autres sont inquiets à mon sujet, à propos du fait qu'ils ne m'aient pas vu verser une seule larme depuis tout ce temps. Inquiets à propos du fait que je refuse de mordre à l'hameçon devant leurs tentatives pour me forcer à m'effondrer pour mon propre bien-être. Mais peu importe comment je me sens, je ne peux tout simplement pas leur donner ce qu'ils veulent. Je suis toujours la responsable, je suis toujours le leader de cette expédition et en tant que tel je refuse de laisser quiconque voir combien sa disparition m'affecte réellement, peu importe si j'aimerais le faire.

Il s'est écoulé une semaine depuis la cérémonie funéraire et je ne peux plus faire comme si, je ne peux plus gérer tous les regards de pitié que tout le monde me donne, toutes les fausses promesses qui me disent que les choses iront mieux, tous les gens qui se regroupent autour de moi de manière à ce que je ne sois jamais seule – personne n'est vraiment venu me le dire mais je peux le voir dans leurs yeux, ils sont tous inquiets de ce que je pourrais faire si j'étais seule. Et pour être honnête, certaines fois j'ai également peur de ce que je vais faire, mais après une semaine, le besoin de m'éloigner, d'être seule un moment devient trop puissant et je me retrouve en train de m'échapper vers la jetée au sud-ouest – l'un de ses endroits favoris dans la cité entière. Je sais qu'il ne se passera pas beaucoup de temps avant que quelqu'un ne me trouve ou avant que je sois demandée dans la salle de contrôle, mais même juste quelques minutes seule seront agréables.

J'ai passé la dernière heure assise sur la jetée, fixant un bout de verre cassé dans ma main. Je ne me rappelle pas vraiment où j'ai trouvé ce morceau de verre ou même pourquoi j'ai commencé, mais environ deux semaines après que John ait disparu, je me suis retrouvée assise dans l'obscurité de ma chambre, regardant la lumière de la lune refléter sur le verre alors que je le faisais doucement glisser sur mon bras. Pendant tous ces mois pas une seule fois je n'ai vraiment écorché la peau, ni fait couler du sang, mais je me demande parfois comment ça serait, qu'est-ce qu'il arriverait si je dépassais cette ligne et si je faisais couler mon sang. Aussi étrange que cela puisse paraître, ça m'aidait... dans un sens, lorsque les choses devenaient trop confuses et que mon esprit semblait sur le point d'exploser et que je me retrouvais avec nul part où aller, mais juste avec le désir de hurler sans jamais m'arrêter.

Je pense que la raison pour laquelle je fais ça est due à tous ses sentiments mélangés qui courent en moi. Tous les sentiments de solitude, de tristesse, d'abandon, et quelques fois juste le sentiment d'être au plus bas, découragée. Je ne peux toujours pas dire quand c'est venu, soudainement c'était là comme une ombre faite par le soleil. Soudainement j'avais envie de crier, de me battre, de hurler... et même de mourir. Soudainement il me semblait que tout devenait hors de contrôle et sur le point d'exploser.

Après tous ces mois, tout devient trop dur à supporter, et je veux juste quelque chose pour calmer la douleur indescriptible que je ressens à l'intérieur, alors je fais quelque chose que je n'avais jamais fait avant, je fais une petite coupure sur mon doigt, et pour la première fois mon sang coule ; c'est juste une petite coupure mais elle saigne quand même beaucoup. D'une façon étrange, c'est fascinant de suivre les gouttes de sang alors qu'elles glissent le long de ma main.

Je ne suis pas sûre du temps pendant lequel je suis juste restée assise là à regarder le sang sur ma main, mais soudainement mes pensées furent interrompues par quelqu'un m'appelant à travers la radio à propos d'un briefing dans cinq minutes. J'hésite entre vouloir qu'ils voient l'entaille que je viens de faire ou vouloir la cacher. Finalement je me décide à tout laisser comme ça pour voir si les autres remarquent quelque chose.

Après plusieurs longs briefings je peux enfin retourner à ma solitude à la jetée sud-ouest. Personne ne semble avoir remarqué la petite coupure que j'ai faite plus tôt. Peut-être que je ne veux pas qu'ils la voient... Peut-être que j'ai besoin qu'ils la voient. Je ne sais pas. Je ne sais plus rien.

Quelques fois je me demande si je me suis toujours sentie de la même façon que je me sens maintenant, il semble qu'il s'est écoulé une vie entière depuis le moment où les choses allaient bien. J'avais pris l'habitude de ne pas avoir peur du monde tant qu'il était à mes côtés, avec lui ici j'aurais pu surmonter n'importe quoi. Mais tout a changé lorsqu'il ne réussit pas à revenir vers moi. Dans un battement de coeur j'ai perdu tout ce qui avait de la valeur pour moi.

Je sais que je suis en sécurité ici et je suppose que j'aime aussi être ici, mais depuis qu'il a disparu les choses se détériorent. Plus rien ne m'amuse, plus rien ne retient mon intérêt, je suis déchirée, perdue et seule. Je ne veux pas être seule, pourtant je me retrouve en train d'éviter tout le monde. Je suis déprimée et furieuse de l'être parce que je sais que c'est la dernière chose qu'il voudrait que je sois... Je suis tellement confuse et perdue. Mon esprit est un mélange de conflits et de confusions et je ne peux même plus y mettre de l'ordre.

J'ai l'impression que personne ne me comprend. J'ai juste envie de m'asseoir seule et d'être désolée pour moi-même... Je pleure, les larmes sur mes joues, un morceau de verre dans ma main. Les mots ne peuvent même pas expliquer ce que je ressens et personne ne pourrait comprendre... Peut-être que je ne veux pas qu'ils comprennent, peut-être que je ne veux pas qu'ils voient plus loin que le geste que je viens de faire pour eux. C'est pendant des périodes comme celle-là que je me demande si je suis folle, si je suis perdue pour toujours.

Je me sens si perdue... si seule. Je ne peux expliquer ce que je ressens. Tout se mélange dans mon esprit, mon coeur a mal d'une douleur permanente. Tant d'images passent devant mes yeux alors que je fixe à nouveau le morceau de verre dans ma main.

Ayant déjà dépassé les limites et versé du sang une fois, ce n'est pas difficile de rester fascinée alors que je mets le morceau de verre contre la peau de ma paume et que je dessine une ligne, serrant la mâchoire contre la douleur, mais cette douleur physique est la bienvenue car elle couvre la souffrance indescriptible à l'intérieur de moi. J'attends un peu puis je vois les petites gouttes de sang perler sur la blessure et commencer à tomber. A ce moment, je suis étrangement satisfaite ; je ne ressens aucune douleur en moi ni aucune douleur due à l'entaille... Mon esprit est vide et je suis.. pas heureuse mais pas triste non plus. Je suis, c'est tout.

Et je me demande... Est-ce que c'est à ça que ressemble la mort ?