Part III

"C'est une cinglée absolument délirante," dit Buffy.

Wesley grimaça – elle avait dit ça vraiment fort – et jeta un oeil à travers la porte. Cordélia, toute seule à la table de la bibliothèque, n'avait pas l'air d'avoir entendu, ou ne semblait pas y prêter attention. "Je ne crois pas," dit-il. "Je pense qu'il y a plus que ça – plus que ce qu'elle nous dit. Mais je ne pense pas qu'elle soit folle."

Ils étaient tous dans le bureau de la bibliothèque -- Angel et Buffy sur le lit de camps, Jenny sur la chaise, Wesley sur ses pieds, résistant à l'envie de faire les cent pas. Faire les cent pas voulait dire que tu avais de la tension à évacuer, et Wesley ne voulait pas le révéler aux autres – ou s'admettre à lui-même – combien les révélations de Cordélia l'avaient affecté.

Pourtant, il réalisa que les autres étaient aussi confus par ce que Cordélia leur avait dit à propos de son idée de ce qui était réel. Buffy s'étreignait elle-même très fort, une protectrice posture en boule qui démentait ses mots coléreux. Les yeux de Jenny étaient remplis de larmes, comme ils l'avaient été depuis le moment où Cordélia avait dit pour la première fois que Giles vivait toujours. Et Angel semblait encore stupéfié par la pensée de l'évasion d'Angélus, non que Wesley puisse le blâmer. Si une telle chose était vraie – cependant biensûr ça ne pouvait pas l'être -- les répercutions aurait été horrible.

Angel était apparemment très peu concentré sur la conversation actuelle, bien que, alors qu'il demanda, "Ce nom qu'elle n'arrête pas de dire -- Naiura. Qu'est-ce que c'est? Un démon?"

"Pas que je reconnaisse," dit Wesley.

Il jeta un regard rapide à Jenny, qui secoua la tête. "Moi non plus. Evidemment, ça ne veut pas dire que Naiura n'est pas un démon. Contrairement à la croyance populaire, Wes et moi ne savons pas les premières bases sur tous les démons. Rupert – il l'aurait su, je parie --"

"C'est quoi toute cette merde avec cette mission-à-LA de toute façon?" maugréa Buffy. "Vous les gars avez une mission ici. Tu es mon observateur, et Angel est mon – bien, il est ici pour m'aider. Vous deux ne me laisseriez jamais."

Wesley ne dit rien; il savait que ce que Buffy disait était entièrement vrai. Il n'avait jamais questionné le fait que son appel, son but, était d'aider Buffy dans son devoir sacré en tant que tueuse. Il était certainement difficile d'imaginer qu'Angel pouvait avoir n'importe quoi de plus positif à contribuer.

Mais cependant – quelque chose en lui qu'il avait difficilement réalisé qui existait avait répondu avec puissance à ce que Cordélia avait dit. Une mission. Pas celle de Buffy ou du Conseil ou de quelque d'autre. La sienne.

Wesley se rappelait de Cordélia comme de la petite amie d'Alex, se rappelait son propre faible coupable sur l'étudiante. Il avait donné libre cours à ce béguin en regardant "Cordy!" un petit nombre de fois; pour lui ça ressemblait plutôt aux sitcoms Américaines typiques, divertissante mais oubliable, intéressante seulement à cause de la familiarité avec la star. Et maintenant, soudainement, elle était ici encore, une image clignotante de l'écran devenue réelle une nouvelle fois, arrivant dans sa vie en apportant une marée d'un monde qui n'avait jamais existé. D'un homme qui n'avait jamais été. Et malgré tous les entraînements et toute l'éducation qu'il avait eu dans sa vie, Wesley était tenté par ses mots.

"Juste me fiant à mon instinct ici," dit Jenny, "mais je ne pense pas qu'elle mente. Quoi que se soit qui essaye de gâcher les choses, ça n'est pas Cordélia elle-même."

"Je suis d'accord," dit Wesley. "Mais je pense que nous devons trouver ce qui se passe. Je doute que quelque chose ait trifouillé avec ses souvenirs et nous l'ait envoyé seulement dans intérêt de s'amuser."

"Je pense que c'est juste pour nous blesser," dit Buffy. "Juste pour se mettre dans notre peau. Peut-être nous distraire avant quelque chose d'important. Je veux dire, réfléchissez-y. Elle dit à Angel qu'il est devenu maléfique pour lui faire peur. Elle nous dit à mademoiselle Calendar et moi que Giles n'est pas mort, donc il doit nous manquer encore plus." Sa voix tremblait alors qu'elle continua. "Et c'est pour ça qu'elle me dit que Willow et Alex ne sont pas morts – donc ils doivent aussi me manquer encore --"

Angel posa une main sur l'épaule de Buffy; elle ne reconnut pas le contact, mais son tremblement diminua.

Wesley osa, "Pas toutes ses histoires avaient l'intention de nous apaiser. La partie avec Faith devenant tordue et maléfique, nous trahissant pour le Maire – à quoi ça peut servir?"

Buffy secoua la tête. "Juste nous rappeler que Faith est morte. Ces salopards de l'Initiative l'ont tuée. Hey – l'Initiative. Vous croyez qu'ils pourraient avoir fait ça à Cordélia?"

"Si l'Initiative pouvait altérer les mémoires, ils ne s'ennuieraient pas avec Cordélia. Ils viendraient directement à nous." Angel sembla hésiter pour un moment, puis ajouta, "Je pense qu'on devrait faire ce que Cordélia dit."

"Quoi?" dit Buffy. Regardant son amoureux. "Tu vas tout laisser tomber et aller à Los Angeles? Ne serai-ce pas ce que cette Naiura voulait? Si c'est un piège, alors foncer droit dedans ne semble pas être notre plan A."

"Je ne pense pas que nous devons suivre tout ce que Cordélia veut faire," dit Angel. "Mais je pense que nous devons la faire nous parler. Quoi que ce soit que Naiura lui a fait croire – ça doit être important, pas vrai?"

"Je vois," dit Wesley. Il rencontra les yeux d'Angel – quelque chose qu'il faisait rarement – et considéra véritablement ce qu'Angel venait de dire, quelque chose qu'il faisait encore plus rarement. "Oui. En ne provoquant pas les illusions de Cordélia, nous facilitons les choses pour elle pour nous en parler."

"J'ai une autre idée," dit Buffy. "Provoquons les illusions de Cordélia un peu plus. Elle veut que vous les gars vous arrêtiez et décolliez vers L.A? Ok, bien, alors, elle peut expliquer ce qui se passe que diable. Et pourquoi au juste elle n'aime pas 'cette réalité' pour commencer. Je veux dire, je sais que je n'aime pas ça, mais c'est une star et tout. Alors c'est quoi son problème?"

"Il y a plus que ça, je pense," dit Angel. "La nuit dernière – elle délirait, en quelque sorte. Et elle a dit quelque chose à propos d'un – un amoureux, je crois – quelqu'un qui, je pense, elle a perdu."

"Si elle a eu un break psychotique après avoir été larguée, quel dommage," dit Buffy. Wesley nota la rudesse dans sa voix. Il comprenait que Buffy n'avait pas voulu être cruelle à propos de Cordélia, mais elle avait une peur profonde d'être seule. Encore plus seule. Pensa Wesley, se souvenant de Willow et Alex. "Hey, Wesley, peut-être que c'est toi. Vous vous faisiez les yeux doux pendant la dernière année – n'essaye pas même pas de le nier, parce que c'était aussi évidemment qu'un panneau de réclame de 40 mètres de haut. Peut-être que dans sa réalité, vous deux avez eu une chaude et intense relation, et maintenant la raison pour laquelle elle est toute retournée c'est parce tu ne t'en rappelles même pas."

Wesley pouvait se sentir rougir, savais que Jenny pouvais le voir, se sentit encore plus embarrassé, et donc rougi de plus belle. Il parvint à dire, "Je ne – je veux dire, je doute – ce n'est pas les, ah, vibrations que je reçois d'elle."

Buffy fronça les sourcils. "Tu reçois des vibrations?"

Angel dit, "C'est juste quelque chose de bizarre à faire pour un démon. Pourquoi alterner les souvenirs de quelqu'un si tu n'as rien à gagner de l'alternation? Quoi que ce soit qui ait joué avec la tête de Cordélia – ça avait un but. Et ça avait apparemment de la puissance. Je préfère plutôt le chercher avant qu'il ne vienne pour nous."

"Nous avons des choses à faire ici, tu te souviens?" dit Buffy. "Remonter tous les trucs bizarres qui ont été enterré à Sunnydale? Ce qui n'est pas peu."

"Je peux aider pour ça," offrit Jenny. "Buffy, je pense vraiment qu'il y a quelque chose avec Cordélia. Au lycée -- je pense qu'elle aimait bien Rupert. Vous l'aimiez tous. Mais il n'y avait rien de spécial là. Mais quand elle m'a dit qu'il n'était pas mort – qu'il était toujours en vie -- " Jenny secoua la tête, et Wesley souhaita qu'il puise faire comme Angel avait fait. Qu'il puisse tendre la main et réconforté la femme qu'il aimait. "J'ai senti qu'il y avait plus qu'elle voulait dire. Tellement plus qu'elle ressentait. Il y a bien encore plus dans son histoire que ce qu'elle nous dit. Ca n'est pas juste un coup sur la tête. C'est quelque chose de réel ."

Buffy n'avait pas l'air plus heureuse. "Donc Cordélia a laissé tombé la face méchante pour un jour, et on assume tous qu'il y a quelque chose de surnaturel d'impliquer? Attendez, ç'est assez sensé. Mais ça n'est toujours pas une raison pour que mon petit copain et mon observateur m'abandonne."

"C'est un voyage de deux heures, Buffy," dit Angel. Sa voix était – pas exactement cassante, mais c'était le plus rapproché que Wesley ait jamais entendu Angel lui parler sur ce ton. "Ca n'est pas exactement un abandon. Si on part au couché du soleil, on sera de retour avant l'aube. Une nuit ne va pas te tuer."

Buffy soupira, lançant un regard à Wesley. "Donc en fait vous pensez tous les deux que c'est une bonne idée?"

Wesley regarda Angel. Et pour la première fois, Wesley était sûr qu'il savait ce qu'Angel pensait.

Nous avions une mission, pensa Wesley. Cordélia et Angel et moi? C'est assez impossible, et ça ne fait pas le moindre sens, mais – ça aurait été sympa. D'avoir une mission ; une raison. Quelque chose qui n'appartenait pas aux personnes que vous aidiez ou aux personnes près de vous – quelque chose qui soit à vous, tout seul. Peu-être qu'Angel était pris par la même idée que Wesley lui-même.

Même si ce n'était pas vrai, il avait l'irrésistible envie d'en entendre plus.

Wesley dit, "Oui. Je crois que nous le pensons tous les deux."


Riley se dépêcha à travers les couloirs – des tunnels qui étaient vraiment rayés de tôles en métal amenant-à–la-claustrophobie – reconnaissant envers une chance de retourner à l'air frais, froid ou pas. Il était presque à son poste – était même en train de penser " libre à la maison " – quand il entendit sa voix. "Tu as presque raté le changement, Finn. Encore."

Il se tourna pour regarder Walsh, qui avait ses mains dans les poches de sa veste blanche. Son visage était mis dans le détachement officiel qui, il l'avait appris de la manière forte, pouvait cacher un grand nombre d'émotion qui n'étaient ni détachées ni officielles. "Je dresse un horaire en fonction de mon devoir, madame. Me montrer plus tôt serait une perte de temps inutile ."

"Ah," dit Walsh said. Son défi semblait l'amuser. " Et passer ses heures avec un sujet de recherche – c'est utile."

Sujet de recherche. "Faith coopère plus maintenant qu'elle comprend. Ne le fait-elle pas?"

"Elle coopère plus," convenu Walsh. Sa voix fit un léger écho dans le couloir, plate et grêle contre le métal. "Mais j'espère qu'elle ne comprend pas trop."

"Pour qu'elle comprenne de trop, j'aurais dû lui en dire de trop," dit Riley. "Et c'est votre travail de me garder d'en savoir trop. Vous le faite bien, madame."

Walsh ria à haute voix. "C'est dommage que tu ne servais pas quand ils apprenaient les barrières, Finn. Tu aurais été bon." Elle fit un geste vers le poste. "Va. File."

Elle aimait Riley, un fait que Riley ne trouvait pas très confortant. Il se tourna et alla près de la sortie sud, son poste de garde du jour, rabaissa les oreillettes de son chapeau et enfila ses gants.

Il remercia silencieusement quoi que ce soit qui puisse l'écouter – quelque chose en quoi il croyait de moins en moins ces jours-ci – qu'il n'y avait pas de précipitations aujourd'hui, pas de vent. Riley surveilla la large ininterrompue étendue de blanc de chute de neige de la nuit d'avant; l'horizon était presque perdu contre le ciel pâle.

Riley regardait l'horizon invisible alors qu'il pensait – comme de plus en plus souvent ces jours-ci – à Faith. La tueuse.

Une des tueuses, se corrigea-t-il lui-même. Il devait encore capturer l'autre – un embarras, considérant que lui et Walsh ne l'avaient connue que brièvement et échouèrent à connaître sa vrai identité. Mais aussi un soulagement, étant donné ce qu'il savait maintenant.

Les tueuses n'étaient pas des monstres. Elles n'étaient pas inférieures aux humais, ou même autres qu'humaines. Juste des humaines qui avaient la capacité de faire du bien, si les autres les laissaient faire.

Depuis deux ans maintenant, Faith avait seulement fait comme bien, le peu qu'elle pouvait en étant un sujet de recherche. Si quelqu'un avait besoin de le savoir, il y avait maintenant des faits durs et froids à propos de combien de pression par centimètre carré une tueuse pouvait exercer, combien de kilomètre par heure une tueuse pouvait courir, à quel point une tueuse pouvait frapper fort. Riley serra sa mâchoire, se rappelant tristement un test moins scientifique mais plus efficace que Faith avait fait elle-même.

Mais Riley avait appris d'autres faits aussi, moins froid, moins dur. A quel point un humain pouvait désirer être libre. Comment le besoin de compagnie pouvait passer outre la colère la plus fondée et le doute. Comment quelques personne pouvait être assez forte et brave pour se battre contre leurs chaînes, pendant des semaines et des mois et des années, sans jamais abandonner.

Il souhaita qu'ils puissent découvrir comment recréer cette force. Pour la donner à tout le monde. Parce qu'il pouvait seulement se demander comment ça pourrait être.

Soudainement, Riley réalisa que quelque chose approchait de la sortie – quelque chose ou quelqu'un, une forme dans une longue veste blanche qui se perdait presque dans la neige. Aujourd'hui son devoir de garde avait l'air d'être plus qu'une formalité. "Halte!" dit-il. "Qui va là?"

La forme s'avança de quelques pas avant de s'arrêter, puis retirer son chapeau. La femelle sourit, ses dents lumineuses contre sa peau argentée et écailleuse. Elle était aussi mince et pale qu'un éclat de neige, comme une part de l'hivers autour d'elle, comme la neige.

"Mon nom est Naiura," dit-elle. "Dit à Adam qu'il a un visiteur, qui est venue pour appeler, et pour partager de bonnes nouvelles."


"Je n'aime pas ça," dit Buffy pour la nième fois. Pour la nième fois, personne ne l'écouta.

Wesley chargeait des sacs comme si lui, Cordy et Angel partaient pour un tour du monde de cinq mois plutôt qu'un voyage à Los Angeles; Buffy n'aurait pas du tout été surprise de le voir prendre des casques et un filet à papillons. C'était l'assez typique comportement de surcompensation de Wesley.

Ce qui n'était pas typique, était la façon dont Angel se comportait. Il semblait – excité n'était pas le mot, mais – impatient, peut-être. "Tu as hâte d'y aller," dit-elle, avançant difficilement à travers les bandes de cannelure de pneu dans la neige et la glace du parking.

Angel lui lança un regard, dans le crépuscule, il était difficile de lire ses yeux. "C'est intéressant,"dit-il. "Pourquoi voudrait ce démon lui donner un ensemble totalement différents de souvenirs. Quel but cela servirait-il? C'est – je ne sais pas – comme un roman de mystères."

Buffy sentit une particule de glace contre sa joue, menaça du regard les nuages bas qui apparemment étaient sur le point de " se vider ". "Je n'avais pas réalisé que tu aimais ce genre de chose. Les mystères." Bizarre, de réaliser qu'après six ans elle ne savait pas quelque chose d'aussi mondain à propos d'Angel. D'un autre côté, elle et Angel n'avaient pas beaucoup de temps pour les mondanités. Angel haussa juste les épaules.

"Voilà, maintenant," dit Wesley, sonnant insupportablement heureux avec lui-même alors qu'il étudiait l'arrière de la SUV (la marque de la voiture). "Nous avons une grande sélection d'armes, un approvisionnement d'aide médicale de base, et des vêtements de rechange--"

"Tu es pire que Ginger de Gilligan's Island," soupira Buffy. "Prenant ses robes de soirées et de la laque pour sept ans pour un tour de trois heures."

Wesley sourit légèrement à la plaisanterie, et Buffy prit une respiration profonde, essayant de vaincre sa panique. Elle voulait attraper Angel, diable, attraper Wesley, et dire, Ne me quittez pas, vous ne pouvez pas me quitter, Willow et Alex m'ont quitté, et je n'étais pas là pour les protégé, et je les ai perdu pour toujours, et si je pers quelqu'un d'autre, je vais – je vais --

Buffy frissonna, mais si Angel le remarqua, il pensa seulement que c'était le froid.

Jenny fit son chemin des escaliers de l'école, saisissant une écharpe brillamment dessinée au-dessus de sa tête. "Mince, si vous les gars pensiez que Cordélia agissait bizarrement autour de vous --"

"Qu'est-ce qu'elle fait?" Buffy roula les yeux.

"Ce n'est pas ce qu'elle fait. C'est plus ce qu'elle ne fait pas. Cette fille ne veut pas tellement me regarder si elle n'y est pas obligée." Jenny haussa les épaules. "Elle a fini avec un B+ dans ma classe, donc je ne vois pas où est le problème."

"Est-elle changée et prête?" demanda Wesley. "Nous ne devons pas partir plus tard que nécessaire. Vite vite."

Jenny inclina la tête. "Heureusement, nous faisons pratiquement la même taille. Bien que je suspecte que mon chandail soit un peu étiré à l'avant."

"Pourquoi voudrais-tu que -- oh. Mais tu – je veux dire – où est mademoiselle Chase?" Buffy dû sourire à la vue de Wesley devenant tellement rouge qu'elle pouvait le voir dans le noir.

"Ici," dit Cordélia alors qu'elle arrivait. Elle portait l'anorak argenté de Buffy, laissant entrevoir le chandail à col roulé couleur prune de Jenny. Cordélia jeta un coup d'oeil autour du parking, passant par Sunnydale High, les routes tout-mais-abandonnées, la terre neigeuse, les arbres glacés de givre. Buffy avait la distincte impression que Cordélia ne voulait plus jamais rien voir de ça, et Buffy ne la blâmait pas.

Wesley fit un signe vers le siège du passager, lequel Cordélia prit sans dire un mot. Il grimpa à l'arrière, en disant à Jenny, "Maintenant, si quoi que ce soit semble de travers, quoi que ce soit, mon portable sera allumé --"

"Je prendrai soin d'elle," dit Buffy.

"Je ferai attention de remplir mon lave-vaisselle avec de l'eau," dit Jenny. "Et petite promenade deux fois par jour."

"Je – je n'ai jamais eu l'intention de suggérer que tu ne pouvais pas – que tu n'étais pas capable --"

"Nous sommes très bien, Wes," dit Jenny. "Vas-y juste."

A côté de Buffy, Angel était debout – assez près pour qu'ils s'étreignent, mais assez près pour suggérer qu'il allait le faire. Elle réprima un autre moment de terreur irrationnelle – ne me quitte pas, ne me quitte pas, de mauvaises choses arrivent quand des personnes me quittent, Angel, n'y va pas --

"Conduit prudemment," dit-elle.

"Je le ferai." Angel hésita pour un moment, comme s'il voulait dire plus, puis l'embrassa rapidement sur la bouche. Ses lèvres étaient fermées et sèches.

Buffy se tourna et rentra à l'intérieur. Elle n'entendit pas Jenny la suivre, pas de doute qu'elle regardait alors que la SUV « devenait en vie » et s'éloigna, loin de Sunnydale et loin de la vue.


Si Angélus était relâché -- non. Impossible. Ca ne pouvait pas arriver. Pas même les Bohémiens pourraient être aussi cruels – envers lui, peut-être, mais pas envers ceux autour de lui. Et par du bonheur parfait ? Pourquoi du bonheur? Et avait-il jamais connu le bonheur parfait dans son existence? Il y avait eu des jours – et des nuits – quand il était amoureux de Buffy au début, oui, ils avaient semblés comme la perfection, ou aussi près qu'aucun homme n'irait jamais.

Mais la perfection devait durer, n'est-ce pas?

Mais encore, peut-être que le bonheur parfait avait avoir avec la mission dont parlait Cordélia. Sa mission. Quelque chose à lui.

Quelque chose qu'on lui avait donné, avait accordé, parce que quelque chose là-haut pensait qu'il le méritait --

Le verglas picotant contre le pare-brise commençait à se mélanger aux éclaboussures de pluie, et Angel poussa sur un bouton pour accélérer les essuie-glace. Le simple mouvement le tira de sa rêverie, et il secoua la tête légèrement, surpris de tellement profondément il avait été pris dans ses imaginations de cette autre vie que Cordélia avait été amenée à croire.

Un coup d'œil en coin révéla que Cordélia était en boule dans son siège, le parka toujours serré autour d'elle malgré le radiateur de la SUV mit à fond. Même dans la faible lueur du tableau de bord, Angel pouvait voir à quel point son expression était profondément troublée. Il essaya d'imaginer sa confusion et sa crainte, et encore une fois il sentit une vague protectrice envers elle. "Tout se passera bien," dit-il.

Cordélia mordit sa lèvre. "Tu ne sais pas à quel point nous sommes loin de bien."

Wesley, qui avait été remuant à l'arrière, prit l'opportunité pour dire, "Quelles sont les principales différences que tu vois, Cordélia? Sachant ce que le démon pensait le plus important à propos de quoi te confondre – bien, ça pourrait nous aider à ne pas tomber trop bas --"

"Je ne suis pas confuse," dit Cordélia. "Pas à propos de la façon dont la réalité est supposée être en tout cas. Je réalise que vous ne vous rappelez pas ce dont je me rappelle, mais j'ai raison à propos de ça. Donnez-moi juste une chance, et je peux vous le prouver."

"Nous le prouver?" Angel fronça les sourcils. " Comment?"

Cordélia ouvrit la bouche, puis sembla réfléchir à quelque chose de mieux et soupira. "Si je vous le dis, vous allez vraiment penser que j'étais folle. Promettez-moi juste de m'accorder un essai quand on y arrivera, ok?"

Angel se retourna vers Wesley, qui inclina la tête et fit signe à Angel de regarder la route. Soigneusement, Wesley osa, "Bien, en même temps, ne peux-tu pas nous en dire plus à propos de cette réalité perdue? Si c'est le contraire, j'admets que je suis plutôt curieux."

"Je le suis aussi," dit Angel. Une pensée le frappa, fit se tordre son intestin et ses lèvres se serrer. "Par exemple, si j'étais supposé avoir une certaine mission sacrée, pourquoi me suis-je transformé en Angélus?" demanda-t-il, essayant fort de réprimer son cynisme, au moins assez pour le garder hors de sa voix. "Si je faisais ce travail important pour – quoi que ce puisse être --"

"Les Puissances Qui Sont," informa Cordélia. Elle sonnait comme si elle l'avait dit un bon nombre de fois auparavant – comme si elle ne le disait pas à Angel plus que de lui rappeler.

"Bien, pourquoi auraient-elles laissés quelqu'un avec une mission redevenir mauvais? Pourquoi auraient-elles laissés quelque chose comme ça arriver?"

"Je ne sais pas pourquoi elles l'ont laissé arriver," dit Cordélia. "Mais tu fais un mélange dans le temps. La mission est venue après tout le truc Angélus."

"Après?" Wesley passa sa tête entre eux. "Si Angel avait perdu son âme, pourquoi lui auraient les, ah, Puissances fait jamais à nouveau confiance?"

"Elles ne l'auraient pas fait." Angel se demanda à quel point Cordélia avait été frappée fort sur la tête.

"Angel avait récupéré son âme," dit Cordelia. Quelque soit le tissu de mensonge avec lequel elle avait été alimentée, c'était certainement complexe. "Willow l'a fait – j'ai aide un petit peu, Oz aussi, mais Willow a fait les trucs magiques. Ils devaient trouver la malédiction originale, je pense. Mais Angélus a été dehors pendant six mois. Six très long mois, laissez moi vous dire." Ses yeux se dirigèrent vers Angel alors qu'elle dit, "Tu as tué un bon nombre de gosses dans ma classe. Les laissaient là où Buffy les trouverait, des trucs comme ça. Presque tué Alex une fois. M'a attaqué dans un cimetière une autre fois. Tu as tué --" elle hésita, puis dit, "Tu as tué beaucoup de gens."

Angel pouvait très bien l'imaginer. Mais le démon Naiura avait évidemment oublié de donner à Cordélia la réaction qui allait de paire avec les faux souvenirs. S'il avait fait les choses qu'elle disait qu'il avait fait -- ce qu'il savait qu'il était facilement capable – elle ne pourrait pas être assise ici, maintenant calme et contente d'être en sa présence. Elle ne pourrait jamais le regarder avec autre chose que de l'horreur et de la haine.

Wesley, apparemment pensant la même chose, "Mais quand Willow a maudit Angel avec son âme encore une fois, vous avez tous simplement – pardonné et oublié?"

Cordelia fut silencieuse pour un moment avant de secouer la tête. "Ca n'était pas si simple. Angélus avait fait cette chose – je n'ai jamais eut l'histoire en entier, donc spéculer avec moi – cette chose où il réveilla un démon maléfique appelé Acathla."

Acathla. Le démon Acathla. Venu pour détruire le monde, dormant et attendant pour sa chance. Il y a deux siècle, Angélus avait juré de son sang en fidélité à un esprit obscur dans l'espoir de le trouver. L'esprit obscur n'avait pas réussi – enfin, il pensait qu'il ne l'avait pas trouvé, mais peut-être qu'il prenait seulement son temps --

Elle sait à propos d' Acathla, pensa-t-il. Elle a entendu à propos d' Acathla. Comment peut-elle le connaître?

Wesley apparemment n'avait aucune connaissance d' Acathla. "Et ce demon fit – quoi, précisément?"

"Rien, parce que le sang d'Angélus le réveilla – mais le sang d'Angel le rendormi à nouveau. Buffy dû poignarder Angel pour stopper Acathla. Et Angel a été aspiré en enfers."

La SUV fut silencieuse pour un très long moment. Finalement, Cordélia osa, dans une voix vacillante, "Tu en es revenu, tu sais. Et après ça – c'était quand tout le truc de la mission a commencé. Tu es revenu de l'enfers pour une raison. De bonnes raisons."

Elle savait à propos d'Acathla. Buffy l'avait envoyé en enfers. Elle savait à propos d'Acathla, et quel but pouvait servir de lui faire croire une histoire à propos d'Acathla?

Angel sentit une secousse de quelque chose qui n'était pas assez plaisant pour être de l'excitation, mais pas douloureux non plus. "Pourquoi suis-je devenu maléfique? Quand ais-je connu le bonheur parfait?"

"Quand toi et Buffy avez couché ensemble," Cordélia dit matière-des-faits. Maintenant qu'elle pouvait parler à propos des souvenirs qu'elle considérait réels, elle semblait plus confiante et à l'aise – malgré le sujet. "La première fois. La seule fois. Ce qui est, d'ailleurs, quand ma version de la réalité et la vôtre se faussent compagnie."

"Oh, mon." Angel pouvait sentir Wesley rougir du siège arrière. "Bon dieux. C'est plutôt, ah, personnel --"

"Pas quand la moitié de la ville se fait tuer à cause de ça," dit Cordélia. "Nous le savions tous. Nous ne n'y sommes pas trop aventurer."

Angel se rappelait cette première nuit – la pluie et le tonnerre, la peur du Juge, leur terreur pour leur séparation potentielle. Il se rappelait glissant la bague claddagh à son doigt, sentant cette bague comme un ruban de froideur contre son dos alors que Buffy embrassait son corps nu, comme ils faisaient l'amour gentiment, tendrement, pour sa première fois. A quel point ça semblait précieux. A quel point ça semblait juste. Et maintenant ça semblait seulement tellement -- distant.

"La seule fois?" dit Wesley avec trépidation.

"Ben, ouais," dit Cordelia. "Je veux dire, si coucher avec quelqu'un que tu aimes te tourne en un meurtrier maléfique, tu ne couches plus jamais avec personne que tu aimes. Les personnes que tu n'aimes pas, biensûr." Elle grogna réellement. "Darla, par exemple --"

"Darla est poussière," dit abruptement Angel, reconnaissant de trouver une autre faille dans cet enchaînement étranges de mensonges. "Je lui ai enfoncé le pieu avant que quoi que ce soit arrive entre moi et Buffy."

"Il se trouve que tu n'es pas le seul qui peut revenir de l'enfers."

"Je ne coucherais jamais plus avec Darla," dit Angel, sachant jusque dans la moelle de ses os que c'était vrai. "Je ne l'ai jamais aimée. J'ai appris à la détester, elle et tout ce qu'elle représentait.."

Cordelia soupira. "A ton égo, je lui ai fait vivre plus qu'un enfer à ce propos," dit-elle. "Mais puisse que tu ne te rappelles pas les faits, et que je sais maintenant à quel point c'est frustrant, je vais te laisser hors d'affaires. Tu étais un peu en panne quand c'est arrivé; tu n'étais plus exactement toi-même. Ca ne justifie pas les choses – pas à longs termes – mais au moins, il en a résulté quelque chose de bien."

"Qu'est-ce que tu veux dire ?" dit Wesley.

"Connor," dit-elle. Sa voix était plus douce maintenant. "Ton fils. Le tien et celui de Darla."

Absurde. "Les vampires ne peuvent pas avoir d'enfant," dit Angel, cassant.

"Il a tout à fait raison," dit Wesley. "Des corps morts; toutefois animés par des forces démoniaques, sont incapables d'engendrer la vie."

"Je sais que ça n'est pas supposé être réel," dit Cordelia. "Ca nous paraissait impossible à ce moment là. Mais quand vous avez 8 livres (/- 2-3 kg), 4 onces (/- 80 grammes) cris de nouveau-né dans vos bras, vous devenez croyant, et vite."

Un enfant. Un fils. Une vie, faite de sa non-vie. Innocence, crée de sa malfaisance. Angel ne le croyait pas – ça, au-dessus de tout, il ne le méritait pas, et ne pouvait pas l'avoir. Ca par-dessus tout était la preuve que les visions de Cordélia de cet autre monde n'était rien mais un tour de démons ou de la délirance dûe aux blessures.

Mais pour un moment, il ne vit pas l'obscure, pluvieuse route devant eux, ne sentit pas la surface caoutchouteuse du volant dans ses mains. Il s'imaginait porter un enfant, petit et chaud et vivant. Imaginait savoir que cet enfant était à lui. Il lui semblait, que, dans une précipitation, il pouvait envisager cette vie que Cordélia décrivait – amitié et paternité et le savoir qu'il était sur cette terre, pas à cause de la perversité du destin et son corps indestructible, mais parce qu'il était nécessaire. Parce qu'il était bon.

Ca ne pouvait pas être réel, et Angel sentit une précipitation de chaude, irraisonnable colère envers Cordélia -- non, se rappela-t-il, envers la chose qui l'avait trompée – pour lui avoir donner un aperçu de ce monde si loin de son touché.

Wesley, clairement essayant d'être délicat, dit, "Bien, tes souvenirs ne manquent sûrement pas d'intérêt."

"Tu peux cesser de me patronner n'importe quand maintenant." Cordélia essuya ses joues avec le dos d'une main, elle avait pleuré. Angel réalisa que parler de l'enfant – l'enfant qui n'avait jamais existé – l'avait profondément bouleversée pour une raison.

Acathla. Elle savait à propos d'Acathla --

Un enfant. Une mission. Ca ne pouvait pas être.

"Je suis heureux que ce n'est pas réel," dit Angel. "Buffy n'aurait pas aimé la règle du « pas de sexe »." La tentative d'humour, comme la plupart de ses tentatives, tomba à plat; Cordélia se renfonça dans son siège, comme si ses mots avaient rendu les choses plus dures pour continuer

Mais elle continua: "Buffy ne l'aimait pas. Et toi non plus. Et c'est pourquoi – enfin, une des raisons de pourquoi – vous avez rompu."

"Nous ne romprions jamais," dit Angel, les mots se cassant hors de lui comme un fouet, ne requérant aucune pause, aucune pensée. "Buffy et moi sommes fait pour être ensemble. C'est le destin. Mon destin réel."

"La destinée n'est jamais celle qu'on pense," rétorqua Cordélia. "Pas la tienne, pas la mienne, pas celle de qui que ce soit."

"Je sais que Buffy est la seule personne que je pourrais jamais aimer," dit par coeur Angel.

"Ce n'est pas vrai." Cordélia était mortellement sérieuse maintenant, le regardant intensément, comme le suppliant de comprendre quelque chose. De comprendre --

Angel souleva ses sourcils. "Toi?"

"Moi," dit Cordélia, pas flattée par son incrédibilité. "Je t'aimais. Je veux dire – je t'aime. Et je suis pratiquement sûre que tu m'aimes aussi." La douceur était de retour dans ses yeux, sa voix. "Ca n'était sûrement pas de cette façon que je voyais cette conversation arriver."

C'était tellement étrange de se le faire dire par quelqu'un qui n'était pas Buffy. Et, vraiment, de se le faire dire tout court-- Buffy ne lui avait pas dit depuis très longtemps --

"Tu ne me connais même pas," dit Angel.

"Si," dit Cordelia. "Je te connais. Je te connais mieux que n'importe qui, sauf peut-être Darla, et peut-être même mieux qu'elle. Buffy – elle ne sait la moitié de ce que tu es. Ou ce que tu peux être en tout cas."

"Ma parole," dit Wesley. Angel ne lui prêta pas attention, et il n'y avait aucun signe que Cordélia ait même entendu.

"Donc, tu clames que nous étions amoureux. Que j'ai cessé d'aimer Buffy, et suis tombé amoureux de toi."

"C'est plus compliqué que ça, mais c'est a peu près la version résumé télé." Cordelia cognait sa tête contre le dos de son siège. "J'étais juste dans le démenti le plus total, parce que nous étions meilleur ami depuis si longtemps --" L'idée d'être le meilleur ami de Cordélia était presque aussi dingue pour Angel que d'être amoureux d'elle. "Mais finalement, juste quand je l'ai réalise, et que j'étais sur le point de te le dire -- Angel, on était sur le point de se rencontrer sur la plage, et ta voix au téléphone quand je t'ai demandé d'y aller – je sais que tu m'aimes. Je sais que tu m'aimes. Je le sais. Mais c'est quand les Puissances m'ont prise plus loin, et on essayé de me recruter pour -- ok, je ne vais pas aller là, parce que ça sonne encore plus fou. En tous les cas, c'est quand tout a commence à merder."

"Attends," dit Angel. "Juste attends." Il sentit son corps tout entier se tendre, ses dents se serrer, ses mains serrer le volant si fort que l'armature de métal grinça légèrement en protestation. "Tu es en train de me dire – je suis sensé croire — que nous avions tout cette géniale, magnifique vie ensemble, et j'avais une mission des Puissances je-ne-sais-quoi, et j'avais une raison dans ma misérable existence pour continuer, et j'avais des amis, et j'avais un enfant, un fils, et tout ça est allé en enfers parce que je suis tombé amoureux de toi?"

"Ca n'est pas pour ça!" hurla Cordélia. Elle était furieuse contre lui, contre son incrédibilité, et si Angel avait été amusé avant, il était exaspéré maintenant. "Tu sais, si je ne t'aimais pas, et si je ne comprenais pas que tu étais dans une place réellement différente, tu aurais de sérieux ennuis."

"Selon toi, tu as juste éliminé une bonne vie que j'avais et l'as remplacée par celle-ci," dit Angel. "Si je ne comprenais pas que tu étais juste en erreurs – si je pensais que ce que tu as fait était réel --"

"Angel," dit Wesley, sa voix en un avertissement. "Calme toi. Ce n'est pas comme si quoi que ce soit était vrai."

L'avertissement ramena tout au silence. Cordélia enterra son visage dans ses mains – peut-être pour pleurer, peut-être simplement pour se cacher. Wesley se renfonça difficilement dans son siège. Angel regardait la route, lignes blanches dans la nuit noire, un chemin qui ne s'étendait pas plus loin que ce que la lumière des phares illuminait.