Titre français: Malfoy, Détective Privé
Auteur: Nancy
Traductrice: Jess HDH
Catégories: Mystère, Action/Aventure, Romance, Suspense
Couple: Harry/Draco
Rating: R
Spoilers: les quatre premiers livres de HP
Etat actuel de la fic: en cours d'écriture. 10 chapitres sont pour le moment disponibles.
Où trouver la fic anglaise: Schnoogle
Résumé: "Je suis Draco Malfoy, détective privé. J'ai vu beaucoup de choses...j'ai fait beaucoup de choses, et je ressemble beaucoup à un gentil garçon de dix-sept ans. Je croyais avoir tout vu, jusqu'à ce qu'une paire de yeux verts entre dans mon bureau". Un Univers Alternatif (AU) à la manière des romans policiers noirs situé à Los Angeles où la passion et la magie se rencontrent. Slashy et sexy.
Disclaimer: cette histoire est basée sur des personnages et des faits crées et appartenant à J.K. Rowling. Aucun argent n'en est retiré. L'histoire de cette fic appartient à son auteur, Nancy, et la traduction à sa traductrice, Jess HDH.
Dédicace de la traductrice: cette fic est entièrement dédiée à une personne que j'adore: Caro alias BabyDracky alias choupi-choupinette, cette traduction est pour toi! Je sais combien tu aimes Draco et Harry (au moins autant que moi, ce qui n'est pas peu dire!) et j'espère que tu apprécieras cette fic! Gros mimis, choupi, et continue de me faire rire avec tes magnifiques fanfictions: cette fic est entièrement dédiée à une personne que j'adore: alias alias, cette traduction est pour toi! Je sais combien tu aimes Draco et Harry (au moins autant que moi, ce qui n'est pas peu dire!) et j'espère que tu apprécieras cette fic! Gros mimis, choupi, et continue de me faire rire avec tes magnifiques fanfictions!
Note de la traductrice:Bonjour à tous! Voici le chapitre 3! Je vous remercie d'être aussi nombreux à lire cette traduction! Je voudrais également remercier les 51 personnes qui m'ont mise dans leurs auteurs favoris, c'est trop gentil .Sinon, en ce qui concerne la suite de l'histoire, vous allez voir dès ce chapitre le rapport avec l'univers d'HP que l'on connaît...D'ailleurs, je tiens à dire que certaines personnes qui m'ont reviewée sont très perspicaces! Vous allez enfin découvrir l'identité de l'homme du bar, même si ce n'est qu'un prénom...
Miya Black: tu sauras dans le chapitre suivant ce que Dray a deviné (enfin, je crois lol), mais tu as les conséquences de son raisonnement dans ce chapitre (t'as suivi, là? Lol). Oui, l'anglais aux yeux bleus est quelqu'un que l'on connaît...mais ce n'est pas Sirius! Ne t'inquiète pas, tu sauras vite qui c'est, car on l'apprend dans ce chapitre! Contente que cette fic te plaise et que tu trouves ma traduction à la hauteur...Bye!
LolieShing: c'est normal que ça te déroute, moi aussi ça m'a fait ça au début! C'est exactement ce que Nancy veut faire ressentir au lecteur. C'est clair que Draco est très "Casanova" et ce, peu importe le sexe...Moi aussi, je l'imagine bien comme ça. Néanmoins, il est quand même assez accro au petit Harry..."mon talent incontestable de traductrice"...C'est un peu (voire beaucoup) exagéré, mais merci quand même! J'espère que la suite va t'éclairer un peu! Bisous!
Alana Chantelune: oui, tu l'as dit, on nage en plein brouillard...D'ailleurs, y en a beaucoup dans ce chapitre, du brouillard! Chaud lapin, certes, mais fortement attiré par Harry...Voici la suite!
Micloun: oups, désolée si tu n'as pas eu le temps de laisser une review pour le chapitre un, mais comme ça, tu en as eu deux à la suite . Merci pour tes compliments rougit, c'est très gentil. Non, ça ne me prend pas trop de temps à traduire cette fic, parce qu'elle est moins 'élaborée' que Pensées Inconcevables. Non, je n'ai aucune origine anglo-saxone, c'est juste que mon grand-père était prof d'anglais et qu'il m'a légué très tôt cette passion...Voilà, tu sais tout! Bye!
Miss Serpentard: je tiens à te féliciter, tu es la seule à avoir découvert l'identité du mystérieux brun aux yeux bleus (tu verras, tu as la confirmation dans ce chapitre). Donc si tu as d'autres hypothèses à fournir, n'hésite surtout pas! C'est sûr que ça change, une fic pareille! A bientôt!
Nagisa Moon: coucou! Tu trouves que c'est ma meilleure traduction? Oh, merci, parce que parfois il y a des petits détails qui m'ennuient particulièrement, comme les différents types d'alcool et comment on les sert, ainsi que les possibles références à des choses qui nous sont inconnues, à nous autres français...C'est d'ailleurs pour ça qu'il m'arrive de mettre quelques explications entre crochets, parce que j'aime bien fournir un travail complet, pour que le lecteur n'ait pas à se décarcasser à chercher quelque chose qu'il ne comprend pas! Tu as toujours une façon de tourner tes compliments qui me fait rougir, franchement il faudra que tu m'apprennes! Oui, pour le véritable lieu de naissance de Harry, tu as raison, d'ailleurs on le découvre à la fin de ce chapitre...Quant au reste, je ne peux pas trop t'en dire plus, pour préserver le mystère...Mais continue de spéculer, je te répondrai dans la mesure du possible! . Chouette chouette, ton HP/DM va bientôt être en ligne alors! Tu peux compter sur moi pour suivre et reviewer fidèlement ta fic! Gros bisous!
Baby Dracky: coucou ma choupi! Merci pour tout! Oui, il y a certains trucs assez chiants à traduire, mais j'essaie de m'en sortir le mieux possible...De toutes façons, Draco à l'air abonné aux gueules de bois...Le vilain...Et puis il aime bien courir le jupon (et le pantalon aussi lol), même si Harry a l'air de bien lui plaire, ce qui le freine un peu (mais un peu seulement...ben c'est vrai, ils sont pas ensemble, donc il n'a pas à lui être fidèle!). Oui, ben là, tu vas trouver encore plus de trucs qui clochent...Accroche-toi lol. Gros bisous, choupinette, et j'espère que tu aimeras autant ce troisième chapitre!
Falyla: Bonjour toi! C'est vrai que Draco se fout un peu du monde en parlant de Ray lol. Et puis, je vois que tu es également une adepte de l'expression "à voile et à vapeur"? Moi, je l'ai découverte récemment et depuis, je la sors à tout va! lol. Bingo pour l'accent de Harry. Bravo! Mais ça ne sera révélé que dans le prochain chapitre, enfin je crois lol...Dans celui-ci, c'est l'identité de l'inconnu aux yeux bleus qui est dévoilée...Merci de me reviewer et de me faire part de tes commentaires toujours pertinents! Gros bisous de ton UIAV.
Umbre77: merci de m'avoir reviewé les deux chapitres, c'est très gentil de ta part! Bizarre, c'est le mot, en effet! Mais génial est également parfaitement approprié, enfin, je parle de la VO...Ouais, Drake fait des réflexions tordantes. T'as vu ses comparaisons? lol. "Aussi futée qu'une caisse à outils". T'imagine ma tête quand j'ai lu ça? Trois heures à me marrer comme une tarée, ma mère se demandait ce qui se passait lol. Le chapitre deux servait effectivement à en savoir un peu plus sur les persos, et sur les méthodes de travail de Draco...Mais là, l'histoire avance, je peux te l'assurer! D'ailleurs, l'inconnu aux yeux bleus a un nom à partir de ce chapitre, et pas des moindres...Je suis contente que mon choix de traductions te plaise, il y a vraiment très peu de fics que j'ai envie de traduire, d'ailleurs, après celle-ci, j'en ai peut-être une autre en vue, mais c'est tout...Il faut que la fic en question me plaise particulièrement, sinon c'est pas la peine...Gros bisous et au prochain chapitre, j'espère!
Fannie: ne t'inquiète pas, tu vas comprendre petit à petit, promis! D'ailleurs, je suis certaine que ce chapitre va t'éclairer! Merci pour ta review!
xWilloWx: certes, l'affaire n'a pas beaucoup avancé dans le chapitre précédent, mais je peux t'assurer qu'elle avance dans celui-ci!
Ravenclaw4ever: merci! Voici la suite, j'espère qu'elle ne t'a pas trop faite attendre!
Mara: merci! Je ne t'en veux pas du tout d'être allée lire la fin de Pensées Inconcevables, au contraire, c'est bien mieux en VO! Vi, Draco ressemble bien au p'tit Drake que l'on connaît . La VO se trouve sur qui est une partie du site Si tu as un problème pour la trouver, n'hésite pas à me le dire!
Ankou: le rapport avec HP de JKR va bientôt arriver, même si effectivement, ce n'est pas une fic qui se situe (au premier abord) dans le monde magique. Je suis contente que cette fic te plaise, car moi je l'aime beaucoup! Voici la suite!
Lunicorne: contente que cette fic te plaise! Pour répondre à ta question, je n'ai écrit ni traduit aucune Harry/Salazar, tu dois te tromper de personne...D'ailleurs, je ne connais pas Masterlygirl...Je traduis uniquement des Harry/Draco. Voilà!
CHAPITRE TROIS
Je me réveillai rempli de whisky et de frustration. Je me flanquai un peu d'eau froide sur la figure puis appelai un ami outre-atlantique. Une fois que l'on eût discuté, je raccrochai et m'enfonçai dans ma chaise pour réfléchir. Rien à propos de l'affaire Potter n'était ce que ça semblait être. Si mes soupçons étaient justes, les résultats de la conversation que je venais d'avoir ne feraient qu'appuyer encore plus cette théorie.
Je me préparai du café avec du cognac, puis pris une douche, me rasai et m'habillai. L'air était lourd, immobile, et plein d'attente lorsque je sortis de mon appartement. Il y avait peu de circulation en allant au bureau, et tout en conduisant, je bus encore du café dont j'avais rempli mon thermos. Le 'salut liquide', si vous voulez mon avis. Tout semble aller mal pour vous ces jours-ci, eh bien, buvez du café; de toutes façons, je sais que je vais mourir un jour, alors autant fumer et boire comme je le souhaite. Ca peut peut-être me tuer à petit feu. Mais ça tient les fantômes à l'écart.
Jennifer avait les yeux brillants et était pleine d'entrain, ce qui devrait être interdit avant midi. Je me demandai distraitement si elle avait eu un rendez-vous la veille. Elle avait cet air-là. Je l'avais déjà vu auparavant. Elle me sourit alors que je faisais de mon mieux pour ne pas entrer au bureau en titubant.
"Tu as de la visite, Draco"
Je lui lançai un regard noir. "De la visite? Pourquoi as-tu fixé un rendez-vous si tôt dans la matinée? Tu sais que je déteste ça"
"Je n'ai rien fait. Il s'est arrêté en passant. Il sent bon, aussi". Elle me fit un large sourire. Ouais, elle avait dégoté quelqu'un la nuit précédente. Elle a abandonné son voile pour s'adonner à quelques pêchés, comme disait Molly.
Je soupirai, résigné. "Qui c'est?"
"Ton nouveau client, évidemment. Harry Potter en personne" répondit-elle en réajustant ma cravate.
Je clignai des yeux. "Qu'est-ce qu'il veut?"
"Pourquoi tu ne vas pas lui demander? C'est toi le détective ici"
"Très bien". Je me dirigeai vers mon bureau, puis me retournai vers Jennifer. "Jen, est-ce...?"
"Tu es très bien, Draco" me fit-elle avec un sourire en coin.
Je pris une profonde inspiration et ouvris la porte de mon bureau. Yeux Verts se détourna de la fenêtre. Il portait un costume bleu foncé, une chemise bleue très claire et une cravate rayée bleu et rouge. Et, pour information, il sentait vraiment bon. Il me tendit la main. Nous nous serrâmes la main, puis j'allai m'asseoir derrière mon bureau, tout en essayant d'oublier la sensation de sa main dans la mienne.
"Que puis-je faire pour vous, M. Potter?"
"Oh. Eh bien, je pensais juste que...ma secrétaire a rassemblé tous les articles de journaux et de magazines se rapportant à mon affaire. J'ai pensé que ça pourrait vous aider". Il se dirigea vers une chaise en face de mon bureau et s'assit, puis il ramassa un classeur qui était par terre et me le tendit.
"Merci. En effet, je lis généralement tout ce qui se rapporte à une affaire, donc vous m'avez fait gagner du temps et épargné des ennuis. Je vous en suis reconnaissant". Je songeai intérieurement que je lui serais encore plus reconnaissant s'il enlevait sa veste, remontait ses manches, ou peut-être s'il me laissait vraiment ébouriffer ses cheveux...mais il n'en fit rien. Pas cette fois-là.
Il me tendit également un gobelet de café. "Je vous ai aussi apporté un café au lait. J'en prends souvent un le matin, alors puisque j'étais là...". Il rosit légèrement, puis poursuivit. "Je...Je me sens si...Avez-vous déjà parlé à mon avocat?"
Je pris le café qu'il m'offrait, décidant de ne pas lui rappeler que j'avais une cafetière parfaitement en état de marche dans la pièce d'à côté. Le fait qu'il m'ait apporté du café me rendait nerveux. Et je n'aime pas être nerveux. "Non, pas encore. Toutefois, je l'ai prévu"
Potter sourit, un peu timidement. "Je lui ai dit que vous alliez sûrement l'appeler, et qu'il devait tout vous dire. Je n'ai rien à cacher"
Je me dis qu'il serait malvenu de lui demander de me le prouver sur le champ.
"Je vous tiendrai au courant. Est-ce que je peux faire quelque chose d'autre pour vous?" demandai-je, essayant de faire dériver mon esprit de son actuelle trajectoire. Ca ne marcha pas. Dans ma tête, j'étais effectivement en train de lui faire quelque chose. Et ça ne le dérangeait pas le moins du monde.
"Non, merci" fit-il. "Il faut que j'aille au bureau. Je voulais simplement vous laisser ça en passant"
"Eh bien, merci encore. Je vous tiens au courant, d'accord?". Je devais vraiment pas être dans mon assiette. Je me répétais.
Potter hocha la tête puis se leva en murmurant un au revoir. Alors que la porte de mon bureau se refermait derrière lui, je laissai échapper une grande expiration et je me tournai vers la fenêtre. Je m'assis là et m'empoisonnai avec la fumée de cigarette, en regardant les nuages s'amoncelant au loin, et pensant à tout sauf à ces yeux verts.
Je suis peut-être un bon détective, mais les problèmes de coeur m'ont toujours échappé.
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Lire les articles se révéla être intéressant, mais jusqu'à maintenant, je n'étais tombé sur rien de nouveau. Mike LaMorte était effectivement mort d'une mort horrible. Quelqu'un était entré chez lui, avait fait un peu mumuse avec lui, puis l'avait torturé, violé, dont plusieurs fois avec un objet indéterminé, et l'avait laissé mourir. Je secouai la tête. Je parierais volontiers que Mike LaMorte n'avait jamais eu l'intention de finir étalé sur tous les journaux. Je parierai aussi que la plupart des camés n'ont jamais l'intention de passer le restant de leurs jours à tourner à l'héroïne. Et je suis pratiquement certain que la plupart des putains n'aspirent pas à cette profession quand elles sont jeunes. Le côté sordide de la vie, capturé par le papier journal. On vous emmène dans une housse mortuaire, et en deux temps trois mouvements, vous êtes oublié. Et le monde continue de tourner. Je continuai ma lecture, en regardant les photos, et soudain, une attira mon attention. C'était une photo couleur qui montrait les pompes funèbres en train de sortir la housse mortuaire de chez LaMorte. Ce n'est pas ce qui attira mon attention. Juste au bord de la photo, parmi les autres passants et souriant du genre de sourire pour lequel on doit s'entraîner devant une glace, se tenait un homme brun aux yeux bleus, qui regardait les événements. Ces yeux-là étaient ancrés dans ma mémoire.
Ca me figea sur place.
Je me redressai dans mon fauteuil, et quelque chose de fantomatique souffla le long de ma nuque. Je bondis instinctivement et passai la main sur mon cou. Rien. Les poils de ma nuque se hérissèrent. Dans la rue en bas, une voix de femme hurla de peur, puis s'arrêta brusquement. Mon bureau était silencieux et immobile, mais c'était un silence rempli d'attente.
Regardant derrière moi, je me rendis compte que ce que je sentais sur mon cou était la respiration de quelqu'un.
Ce fut uniquement le fait que Potter allait se retrouver attaché à une chaise au-dessus d'un bac d'acide qui m'empêcha de laisser tomber l'affaire sur le champ.
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Emily Wood était une des assistantes du Représentant du Ministère public de la ville de Los Angeles. Elle avait les cheveux blond vénitien, les yeux bleus, et un sourire fascinant. Je la connaissais depuis que nous avions fait Harvard ensemble. J'étais parti de Boston pour Baltimore, car on m'avait proposé un boulot de journaliste pour le Sun, tandis qu'elle, elle était restée et avait continué en étudiant le Droit à Harvard. Après le divorce, on était restés amis, bien qu'elle ait été à l'origine une amie de Molly. Elle était maligne, marrante et blasée. Elle était avocate depuis suffisamment de temps pour avoir laissé son idéalisme innocent derrière elle depuis longtemps. Elle ne s'était jamais mariée, et disait haut et fort qu'elle resterait ainsi. Je lui passai un coup de fil et elle accepta de me rencontrer pour boire un verre après le boulot.
Nous nous retrouvâmes chez Joe Miller, un bar obscur bien connu des hommes d'affaires locaux qui avaient besoin d'un endroit où emmener leurs maîtresses pendant la journée. Je laissai mes yeux s'habituer à la lumière, puis me dirigeai vers sa table.
"Hé, Drake. Comment va?". Elle se pencha en avant et m'embrassa sur la joue.
"Ca va. Et toi?"
Elle rit. "Oh, comme d'habitude. "Je me dis que bientôt, je n'aurai plus besoin d'un soutif. Je serai capable de me fourrer les nichons dans ma ceinture"
Eh bien. Elle avait toujours eu un véritable don pour les mots. Je fis un signe à la serveuse et commanda une vodka martini. Une bonne dose, sans eau, sans olive.
"Bon, parle-moi de Harry Potter" me fit-elle d'un air entendu. "De quoi il a l'air?"
"Il est...il a l'air d'être quelqu'un de très bien"
"Ohhh. Vraiment? Et dis-moi...A quel point il est bien?". Une lueur malicieuse brillait dans ses yeux.
"C'est juste un client. C'est juste un boulot"
Je me disais que si je le répétais sans cesse, ça allait devenir vrai.
"Bien sûr" fit-elle, avec une pointe de moquerie dans la voix. "Hé, comment va ton épaule?". Quelques années auparavant, une affaire avait mal tourné pour moi. Depuis lors, j'avais dû me faire à l'idée que je n'étais pas à l'épreuve des balles. Ca m'avait pris un bout de temps pour m'y faire.
"Elle m'embête quand il pleut. Alors, qu'est-ce que t'as trouvé?"
Emily soupira. "T'es bien un homme, toi. Pas de préliminaires. Tu veux passer tout de suite aux choses sérieuses. Pour tout te dire, c'était la folie aujourd'hui au bureau. J'avais l'impression d'avoir quarante-sept nichons avec une personne au bout de chaque, mais j'ai réussi à jeter un coup d'oeil au dossier"
"Et? Comment ça se présente pour Potter?"
"Mort ambulant"
C'est drôle comment deux mots peuvent complètement changer une vie. Ma relation avec mon client était de plus en plus...cordiale et, même si je savais que c'était mal barré pour lui, se l'entendre dire par une représentante du bureau du Représentant du Ministère Public me fit réaliser le réel sérieux de toute l'affaire.
"Dis-moi tout"
"Ok. Première chose, on n'a jamais eu cette conversation, d'accord?". Elle croisa les jambes et j'admirai la ligne fine de ses cuisses. "Drake?"
Je relevai vivement la tête. "Quoi? Oh, pas de problème"
"Très bien". Elle se pencha en avant et ses yeux devinrent aussi durs que ceux d'un gestionnaire de crédit en train de négocier des taux intéressants. "On a les empreintes de Potter dans toute la maison. Aucun signe d'effraction, donc LaMorte a laissé entrer l'assassin chez lui"
"Il connaissait son assassin"
Elle hocha la tête et but une gorgée de son verre. "On a des cheveux de Potter dans la chambre de LaMorte, qui est la pièce où il a été tué. Pas bon"
Les gens ont souvent des inconnus et des connaissances qui vont et viennent chez eux, mais la chambre est, pour la plupart, un endroit relativement privé. Seuls ceux que l'on connaît assez intimement sont invités dans la chambre. Des cheveux de Potter dans la chambre était sacrément révélateur.
"Quoi d'autre?"
"L'ADN de Potter dans le corps de LaMorte. Du sang de LaMorte ainsi que des cheveux de Potter dans la douche. On pense que Potter a pris une douche après qu'il ait terminé sa petite fête du crime"
"Des preuves dans la maison de Potter? Dans sa voiture?"
"Des fibres de la moquette de chez LaMorte sur le sol de la voiture de Potter, du côté conducteur. Quelques gouttes de sang sur un des jeans de Potter"
"Quelle était la cause de la mort?"
"Hémorragie interne. Quel que soit le truc dont on s'est servi pour le violer, ça a fait beaucoup de dégâts. Ce qui est triste, c'est qu'il aurait pu être sauvé s'il avait été emmené à l'hôpital"
Je vidai mon verre. "Les journaux disent qu'il a été torturé"
"Ouais. Le truc habituel. Cigarettes, décharges électriques sur ses bijoux de famille, des choses dans le genre. Torture plus meurtre égal chambre à gaz"
Je tressaillis, compatissant, et croisai les jambes. Emily le remarqua et rit. "Ca touche un point sensible, hein? Comment va Jessica, au fait?"
J'ignorai sa question. Je suis bon à ce jeu. "Quel est le mobile de Potter?". Quand ils cherchent un suspect, les flics se concentrent sur trois choses: mobile, moyens et opportunité. Trouvez la personne qui réunit les trois, et ce quelqu'un s'écroule. Appelez les caméras télés pour la mise à perpétuité.
"Oh, le truc habituel. Jalousie. LaMorte était en train de changer de vie, selon sa famille, qui n'a d'ailleurs pas pris la peine de se déplacer pour son enterrement. Il essayait de revenir sur le droit chemin. A eu une sorte de révélation, voulait devenir un membre productif de la société, avait une nouvelle relation amoureuse". Il y avait une note vaguement sinistre dans sa voix.
"Tu penses qu'il l'a fait?"
Elle haussa les épaules et prit une de mes cigarettes. "Je me base sur les preuves. Ca me semble fichtrement concluant. Ca ne compte pas ce que je pense. Ca ne compte pas ce qu'aucun de nous pense. Ce qui compte, c'est ce qu'on peut prouver. Moi, je pense que l'affaire LaMorte est plus un crime suite à une incartade. C'était une sangsue. Il faisait régulièrement des dons pour la recherche équine. Il perdait tout le temps, aussi. Pas de chance aux courses. Il se faisait sauter par des hommes, puis les volait pendant leur sommeil. C'était un perdant. Pour moi, il sera toujours un perdant. Mais je dois dire qu'en regardant les photos de l'autopsie...disons simplement qu'il avait l'air bien plus mort que beaucoup de morts en général. Si tu veux mon avis, j'appellerai ça un meurtre. Je vois vraiment pas pourquoi toutes ces preuves seraient là si Potter ne l'avait pas fait, et n'avait pas vu LaMorte depuis des années comme il le prétend"
"Qui est le procureur?"
"Scott Jordan. Il est nouveau, sans tâche, impatient de montrer ce qu'il sait faire. Il croit encore que le système judiciaire fonctionne. Il croit encore que les gens vont le respecter quand il sort le matin. Je suis surprise qu'ils lui aient donné cette affaire, mais je suppose qu'il est temps qu'il apprenne à jouer dans la cour des grands. Je pense qu'il a apporté le café et les beignets pendant suffisamment longtemps, donc ils lui ont jeté un os. Le résultat du procès crève les yeux"
"Tu penses qu'il va négocier?"
"Ca se pourrait, mais j'ai dans l'idée que Potter n'est pas le genre à admettre quelque chose qu'il prétend ne pas avoir fait"
Je commandai un autre verre. "J'ai entendu que la Défense a un témoin phare"
Emily haussa un sourcil. "Tu ne perds pas ton temps, hein? Oui. Un type qui a partagé une cellule avec Potter la nuit où Potter a été coffré. Il prétend que Potter lui a avoué le crime"
Mon attention s'éveilla à cette dernière phrase. "Ah oui? Comment il s'appelle?"
"C'est...Tom...Tom...Tom quelque chose. Merde. J'arrive pas à m'en souvenir"
"A quoi il ressemble?"
"Oh, grand, brun, yeux bleus et avec un-"
Je terminai pour elle. "accent anglais"
Elle finit son verre, puis sourit. "Tu es doué. Tu couches avec qui d'autre du bureau du Représentant du Ministère Public?"
"Eh bien, il y a eu ce type avec qui tu as partagé un bureau il y a quelques années...". Je lui souris pour lui faire savoir que je plaisantais.
"T'es au courant? Après que vous ayez cassé, tous les deux, il a déménagé à Washington. Il s'est retiré de la barre, disant qu'il voulait être plus proche de la nature. Maintenant il est garde forestier à Mont St Hélène"
"Il a toujours été du genre écolo. Sans cesse derrière moi pour que je mange du muesli, et vive les trucs bios. Il disait que j'avais meilleur goût quand j'en mangeais". Dans la famille 'Je continue la plaisanterie de l'autre', je voudrais le fils et la fille lol
Emily eut un sourire de prédateur. "Moi il me semble, si je me souviens bien, que tu as très bon goût au naturel"
J'ignorai sa remarque.
Elle me regarda d'un air égal, les yeux bleus sérieux. "Tu penses que Potter l'a fait?"
"Si je le pensais, je n'essayerais pas vraiment de prouver le contraire, non?"
"Tu marques un point". Elle se leva. "Finis ton verre. Tu as besoin de manger. Je vais te faire griller un steak"
"Emily, je..."
"Draco. C'est juste un dîner. Relax. Je ne vais pas te sauter dessus, ok? En plus, même si je te saute dessus, je connais ta règle en ce qui concerne les baisers. Bouffe gratuite. Sans engagements. Qu'en dis-tu? Tu me renvoies la pareille? En l'honneur du bon vieux temps?"
J'hésitai, mais sa jupe était courte et ses jambes longues. Seul le sol les empêchait de continuer à l'infini. Les femmes comme elle devraient être fournies avec une garantie. Je levai les yeux vers elle, puis acquiesçai.
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Le matin suivant, repu, je fis un détour par mon appartement pour changer de vêtements et donner à manger à Marlowe, qui miaula sur un ton de reproche.
"Je sais, je n'ai pas pensé à toi, mais c'est dur de laisser passer un repas gratuit, tu vois?". Marlowe ronronna et fit le gros dos, puis me suivit à la trace, en me parlant dans sa langue de chat, pendant que je me changeai.
"Tu es vraiment prévenant. Et bavard, aussi" lui fis-je remarquer en nouant ma cravate. "Je rentrerai tard ce soir, d'accord? Essaie de ne pas déchiqueter le canapé"
Marlowe miaula, comme s'il me répondait, alors que je m'en allais.
De plus en plus curieux.
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Je ne fis pas grand chose ce matin-là au bureau, car j'avais l'esprit rempli d'images de Potter et des quelques exécutions dont j'avais été témoin. La fin de la vie n'est jamais jolie jolie, peu importe qui vous êtes. A la fin, la mort nous rend tous égaux. La richesse et la célébrité ne vous sauveront pas de la table d'autopsie du coroner. Je laissai un message au bureau de son avocat, et avais décidé d'aller parler à la secrétaire de Potter quand mon téléphone sonna. Jennifer y répondit depuis son bureau. Dehors, un éclair illumina le ciel, et fut suivi d'un coup de tonnerre, mais bien que les nuages soient bas, noirs et menaçants, il ne pleuvait pas.
La voix de Jennifer parvint jusqu'à mon bureau. "Draco, c'est Edward. Il faut que tu lui parles". Je déteste quand elle lit dans mes pensées comme ça. Je m'inquiète de ce qu'elle pourrait y découvrir un de ces jours.
Je m'assis, et pressai le bouton pour avoir la ligne une. "Malfoy"
"Ah, Draco. C'est bon de te parler à nouveau". La voix d'Edward donnait l'impression qu'il m'appelait depuis l'entrée du bureau, plutôt que de cette bonne vieille Angleterre. Il était enjoué, comme un homme qui avait bien dormi et qui n'avait pas beaucoup de dettes. "Je dois te dire que j'ai trouvé des choses plutôt intéressantes. Ta théorie était la bonne. J'ai trouvé quelques documents et je te les envoie par la poste express"
"Tu as eu des problèmes pour trouver quoi que ce soit?"
"Oh, pas le moins du monde. C'est juste une question de savoir à qui demander. Je suis sûre que tu connais ça. J'espère que ça va t'aider. Tu as besoin de quelque chose d'autre? Je t'ai adressé tout ce que tu m'avais demandé, plus le dossier médical de sa mère que j'ai réussi à avoir. Juste pour consolider ton affaire, tu vois"
"Je vais voir ce qu'on a et ensuite je te ferai savoir si j'ai besoin de quelque chose d'autre"
"Ah. Parfait. C'est bon de te parler. Rappelle-toi, si je peux faire quoi que ce soit d'autre, appelle-moi"
"Je le ferai, Edward. Et merci encore"
"De rien, joli coeur". Le "joli coeur" était un rescapé de nos jours heureux à l'université.
Je raccrochai. J'étais allé à l'université avec Edward Cauley, qui était un British. Il était à présent le Comte de Leicester. Nous étions devenus de bons amis quand on s'était trouvés dans le club d'aviron. Je ne le voyais pas souvent, mais nous nous étions promis de rester en contact. Je m'étais dit qu'étant un membre de la Chambre des lords, il serait capable de mettre la main sur les renseignements dont j'avais besoin. Apparemment, c'était le cas. J'avais appris quelques petits trucs en tant que détective. Entre autres, j'avais découvert que ce n'est pas toujours ce que l'on connaît qui nous facilite le chemin vers la richesse et la célébrité, ou la chose s'en approchant le plus qu'un privé comme moi peut espérer. C'est qui on connaît.
J'allumai une cigarette et partis pour le bureau de Potter pour parler à sa secrétaire. J'avais découvert que parler aux gens en personne était important. On peut voir leurs réactions et leurs expressions faciales. C'est facile de mentir au téléphone. Demandez à n'importe quel contrôleur. Et évidemment, il était plus que probable que je tombe sur Potter. Non pas que je cherchais à tomber sur lui. Je pris plusieurs gorgées de ma flasque en conduisant, et arrangeai mes cheveux en me regardant dans le rétroviseur. Je déteste être mal peigné.
L'air ambiant était aussi immobile qu'une salle d'audience bondée qui attend le verdict du jury tandis que je garais ma voiture et entrais dans le frais sanctuaire qu'offrait l'entrée du bureau de Potter. Je montai dans l'ascenseur, flirtai à nouveau avec la réceptionniste, et attendis sa secrétaire. Je me demandai quel genre de femme il avait comme secrétaire. Je me demandai comment c'était, chez lui, à l'intérieur. Je me demandai ce qu'il faisait les week-ends.
"M. Malfoy?". Une voix sévère me fit sortir de ma rêverie. Je levai la tête. La femme qui se tenait devant moi avait la cinquantaine, ses cheveux gris remontés en un chignon. Elle était vêtue d'une jupe grise et d'un chemisier blanc uni. Ses lunettes, retenues par une chaîne, reposaient sur sa poitrine large et plate. Elle ne portait pas de bague de mariage. Elle avait l'air aussi vierge qu'un iceberg de l'Antarctique. Elle paraissait à peu près aussi chaleureuse, également. J'enregistrai son visage dans un coin de mon esprit, pour m'en servir en cas d'érection indésirée.
"Je suis Anne Oshlo. La secrétaire de M. Potter. Vous vouliez me parler?"
Je me levai, revenant à ma deuxième année et à mon professeur d'alors, Mme Richards. Elle avait été sergent instructeur à l'Armée. Ses cours se sont toujours parfaitement bien déroulés. Pas étonnant. On avait tous une peur bleue d'elle. La rumeur disait qu'elle avait poussé le principal de l'école contre une rangée de casiers quand elle n'avait pas obtenu une augmentation. Je ne doutais pas que Mlle Oshlo pouvait faire la même chose.
"Hum. Bien. Je suis Draco Malfoy". Je lui tendis ma carte. Elle y jeta un coup d'oeil, puis regarda avec dégoût la cigarette que j'avais à la main. Je l'écrasai en hâte.
"Suivez-moi" entonna-t-elle, et je la suivis à travers le même couloir que précédemment. La porte conduisant au bureau de Potter était fermée. Elle s'assit derrière son bureau et me regarda avec l'air d'attendre quelque chose.
Je m'affalai sur une chaise. "Je voulais vous poser quelques questions à propos de M. Potter"
"Oui, je présumais que c'était la raison de votre visite. Que voulez-vous savoir?"
"Tout d'abord, sachez que tout ce que vous me direz restera confidentiel, d'accord?"
Elle eut l'air de ne pas me croire, mais hocha la tête. Je me retins de lui citer les Saintes Ecritures.
"Depuis combien de temps travaillez-vous pour M. Potter?"
"Douze ans, trois mois et dix-huit jours". J'ajoutai mentalement Championne en Maths à ma description de la Dame aux Chats Célibataire Qui Fait Peur.
"C'est un bon patron?"
"Très bon. Très prévenant, très sérieux. Il m'envoie des fleurs pour mon anniversaire, me donne un jour de congé pour cette occasion, connaît tous les noms de mes chats. Il est juste, élégant et honnête". Mes chats. Pluriel. Je le savais.
"Honnête? Je suppose que vous ne travaillerez pas pour quelqu'un qui serait malhonnête"
Elle baissa les yeux vers son bureau. Si c'était possible qu'un bureau ait des airs d'hôpital, alors le sien en avait. "J'ai été la secrétaire de direction du PDG de Enron"
Je réfléchis tout haut. "Enron..."
"Une usine d'énergie à Houston. Elle a fait faillite. La plupart des employés ont perdu toute leur retraite quand les actions de l'entreprise sont devenues sans aucune valeur"
"Je m'en souviens, oui. C'était il y a un bout de temps"
"Quatorze ans. M. Potter a été le seul qui ait bien voulu m'embaucher"
"Que pensent ses autres employés de lui?"
"Ils l'aiment tous beaucoup. Il est très charismatique. Il sait s'y prendre avec les gens"
Ouais, j'avais comme qui dirait deviné ça. Je me dis que je pourrais aller parier ça à Las Vegas et revenir riche.
"Avez-vous remarqué quoi que ce soit d'inhabituel aux alentours du meurtre?"
Elle baissa à nouveau la tête. Son sourire ne tenait qu'à un fil et je me demandai ce qu'il allait heurter quand il tomberait. "M. Potter m'a demandé d'être complètement franche avec vous. Oui, il y a environ deux mois, il s'est mis à arriver en retard au bureau"
"En retard? De combien de temps?"
"Habituellement une heure environ de retard. C'est très inhabituel venant de lui. Il est toujours là quand j'arrive ici le matin. Toutefois, cela a changé. Il avait également très mauvaise mine. Il avait l'air de ne pas dormir. Il est devenu nerveux, tendu et sursautait facilement"
"Hmm. Combien de temps cela a-t-il duré?"
"Eh bien, dans une certaine mesure, ça continue toujours"
"Vraiment? Quelque chose d'autre d'inhabituel?"
"Deux ou trois fois par semaine, il quittait le bureau pendant l'après-midi. Il était parti pour quelques heures, et puis il revenait. Aucune explication quant à l'endroit où il allait"
"Est-ce qu'il fait toujours ça?"
"Non. Il arrive encore en retard au bureau à l'occasion, mais c'est assez rare"
"Qu'est-ce qui a causé tout ça, selon vous?"
Elle me regarda comme si j'étais quelque chose qu'elle avait trouvé au fond de sa chaussure. "Je n'en ai aucune idée. Je ne m'occupe pas des affaires de M. Potter. Je suis son assistante, et non sa confidente"
J'eus l'impression de m'être juste fait envoyer dans le bureau du principal. "Pensez-vous qu'il soit capable d'un meurtre?"
Mlle Oshlo se raidit sur sa chaise. Je me dis que les Ecoles Laïques de Los Angeles avaient besoin de professeurs comme elle. Un jour avec elle, et votre problème de discipline disparaîtrait. "M. Potter est l'homme le plus doux et le plus gentil que je connaisse. Il ne ferait pas plus de mal à quelqu'un que je...bref, il en est tout simplement incapable"
Je fus très heureux qu'elle n'ait pas fini sa phrase.
"Les gens sont capables de beaucoup de choses"
"Pas Harry"
Je me levai. "Bon, merci de m'avoir accordé de votre temps. Téléphonez-moi si vous pensez à quelque chose qui pourrait aider. Ne vous souciez pas de si c'est important ou non. C'est moi qui en déciderai"
Elle se leva également, le regard glacial. "Certainement. Je vous raccompagne". Elle fit le tour de son bureau, puis hésita, en me regardant attentivement. "N'est-ce pas vous...Vous avez résolu cette affaire de réseau de contrebande de chats il y a quatre ans, n'est-ce pas?"
Seul mon self-contrôle exquis m'empêcha de rougir. "Oui, m'dame, c'était moi"
Ses yeux, les yeux d'un biologiste étudiant un virus à travers un microscope, me balayèrent de haut en bas. "Contrebande de chats au meurtre. Vous progressez dans le monde, M. Malfoy"
Je la regardai pour voir si elle me taquinait.
Elle ne me taquinait pas.
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Je vous dirai bien ce que je fis pendant le reste de la journée, mais ça ne vous avancerait pas plus que moi. Je rentrai sur ordinateur tout ce que j'avais fait jusque là, y compris des comptes rendus de conversations que j'avais eues, et le donnai à Jennifer pour qu'elle l'envoie à Potter.
Un brouillard lourd, épais, s'était installé sur la vallée lorsque je quittai le bureau. Le brouillard me jouait des tours. Les sons étaient déformés. En marchant vers ma voiture, j'aurais pu jurer entendre des pas derrière moi. Mes instincts chantaient, aussi, mais le brouillard avait toujours eu cet effet sur moi. J'avais besoin d'un verre et j'étais pressé d'en prendre un. Je rentrai chez moi, jetai un plat congelé dans le micro-ondes, et m'assis sur le canapé avec Marlowe, à boire et à regarder la télé. Je laissai tomber vers minuit et rampai vers mon lit.
Si j'ai rêvé cette nuit-là, je ne m'en souviens pas du tout.
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Un paquet Fédéral Express m'attendait lorsque j'arrivai au bureau le matin suivant. Je m'assis sur le bureau de Jennifer et l'ouvris, puis lui tendis les documents en silence après les avoir lus attentivement.
"Draco...ça dit que Harry...Il n'est pas..."
"Je sais. Tu ferais bien de l'appeler et de fixer un rendez-vous". Je n'attendais pas avec impatience cette entrevue. Mieux valait en finir dès que possible.
"Tu...tu penses qu'il t'a menti?"
"Je ne crois pas. Pas à propos de ça"
Elle pencha la tête sur un côté. "Donc tu penses qu'il n'a rien à cacher?"
"Tout le monde a quelque chose à cacher" déclarai-je, impassible. C'était une des grandes vérités de la vie sur lesquelles j'étais tombé.
Elle commença à me dire quelque chose, les yeux assombris par ce que je réaliserais plus tard comme étant de l'inquiétude, mais elle décrocha le téléphone. J'entrai dans mon bureau et me versai une bonne dose.
Je n'ai aucune idée de combien de temps je suis resté assis là, à regarder par la fenêtre le ciel menaçant. Il était si noir qu'on aurait presque dit qu'il faisait nuit dehors. Des lueurs déchaînées dansaient au loin, et les lampadaires diffusaient une lumière inutile sur les rues désertes. Même les putains étaient rentrés pour se mettre à l'abri de l'orage imminent.
"M. Malfoy?" C'était Yeux Verts. Il y avait un courant sous-jacent dans sa voix qui s'assortissait à l'orgie noire de l'orage imminent.
Je vidai mon verre et me retournai. "Prenez place"
Il s'assit avec précaution sur une chaise délabrée, vêtu d'un costume gris perle impeccablement coupé. Ca m'avait l'air d'être un costume de Savile Row rue de Londres où se trouvent les plus grands tailleurs. Il portait une chemise blanche et une cravate bordeaux avec un petit liseré gris. Je l'observai un moment, choisissant mes mots avec prudence. Je ne sais pas ce qui se passe après la mort. Avant, je croyais à une vie après la mort. Maintenant, je suis convaincu que l'enfer de chaque homme est sur terre. J'étais sur le point d'ouvrir la porte de celui de Potter.
"J'ai quelques documents que vous devriez voir". Je lui tendis un papier à l'air officiel. Il le prit, le lut, puis leva ses yeux verts vers moi.
"Qu'est-ce que c'est que ça, Malfoy?"
"C'est votre réel certificat de naissance. Vous êtes né en Angleterre. Dans le Surrey, pour être exact. Pas en Californie"
Les mains de Potter tremblèrent et il devint si pâle que j'eus peur qu'il s'évanouisse.
"Je ne comprends pas" dit-il d'une petite voix, les yeux fortement assombris par une émotion que je ne pus pas vraiment identifier. Puis ça me frappa. C'étaient les yeux de quelqu'un qui regardait son monde s'écrouler autour de lui sans qu'il ne puisse rien faire pour l'empêcher. Je savais ce qu'il ressentait.
"Pour information, Potter, moi non plus"
Le vent à l'extérieur se mit à hurler tandis que la pluie commençait à marteler les vitres, avec une intensité anormale. Nous sursautâmes tous les deux lorsqu'un éclair illumina le ciel; la lumière du bureau vacilla et le tonnerre secoua l'immeuble.
On dirait que l'orage était finalement arrivé.
TBC...
