Titre anglais: Malfoy, P.I.

Titre français: Malfoy, Détective Privé

Auteur: Nancy

Traductrice: Jess HDH

Catégories: Mystère, Action/Aventure, Romance, Suspense

Couple: Harry/Draco

Rating: R

Spoilers: les quatre premiers livres de HP

Etat actuel de la fic: en cours d'écriture. 10 chapitres sont pour le moment disponibles.

Où trouver la fic anglaise: Schnoogle, sur "Je suis Draco Malfoy, détective privé. J'ai vu beaucoup de choses...j'ai fait beaucoup de choses, et je ressemble beaucoup à un gentil garçon de dix-sept ans. Je croyais avoir tout vu, jusqu'à ce qu'une paire de yeux verts entre dans mon bureau". Un Univers Alternatif (AU) à la manière des romans policiers noirs situé à Los Angeles où la passion et la magie se rencontrent. Slashy et sexy.

Disclaimer: cette histoire est basée sur des personnages et des faits crées et appartenant à J.K. Rowling. Aucun argent n'en est retiré. L'histoire de cette fic appartient à son auteur, Nancy, et la traduction à sa traductrice, Jess HDH.

Dédicace de la traductrice: cette fic est entièrement dédiée à une personne que j'adore: Caro alias BabyDracky alias choupi-choupinette, cette traduction est pour toi! Je sais combien tu aimes Draco et Harry (au moins autant que moi, ce qui n'est pas peu dire!) et j'espère que tu apprécieras cette fic! Gros mimis, choupi, et continue de me faire rire avec tes magnifiques fanfictions!

Note de la traductrice:coucou ! Non, je ne suis pas morte, comme je l'ai expliqué sur ma bio ! C'est juste que mon ordi a rendu l'âme et qu'il a donc fallu le réparer...Et bien entendu, j'ai perdu tous mes fichiers...dont le chapitre cinq de cette fic, évidemment ! Je vous l'ai donc retraduit, rien que pour vous ! J'espère qu'il vous plaira, même s'il est très en retard, mais c'est pas ma faute ! Je reprends également mon rythme d'avant, à savoir un chapitre par semaine, qui sera posté les lundis. Bon, dans ce chapitre, la magie commence à arriver, tout doucement...Patience, encore une fois !

DarkWesterly: salut ! Contente d'avoir de tes nouvelles et de savoir que tu lis toujours mes traductions, ça fait plaisir . Nooon, Draco n'a pas couché avec la moitié de la ville...disons simplement le quart lol. Monsieur a une libido très développée apparemment lol. Moi aussi, j'aime beaucoup son POV, il est génial ! Oui, je me demande moi aussi si c'est vraiment un AU...Pour l'instant, le mystère reste entier...J'aime bien ce genre de scénario, où l'on ne voit pas tout de suite ce qui va se passer...Merci pour « le texte plus que compréhensible », ça me va droit au cœur ! Bises à toi, 'lectrice de l'ombre' !

Nagisa Moon : coucou ! Merci, j'ai passé de bonnes vacances, et puis vous avez dû patienter plus de temps que prévu, puisque mon PC a rendu l'âme...Passons...Oui, le pauvre Harry a totalement été traumatisé d'apprendre qu'il était né en Angleterre. Franchement, je me mets à sa place : tout ce dont il se souvient n'est pas réel, ça doit en foutre un coup ! Contente que le baiser t'ait plu...Moi aussi, j'ai bien aimé ! Oui, la fic est classée R, mais dans les chapitres déjà publiés par l'auteur, il y a peu de détails. C'est pas du hard, quoi. Tant mieux, parce que je me vois mal traduire un truc très détaillé lol. Oui, le Polynectar est une théorie tout à fait envisageable...Moi, je vois surtout du Tom là-dessous, mais pourquoi pas ! Pour Ginger, moi aussi, je me demande si ce n'est pas Ginny, surtout que j'ai bien spécifié que 'Ginger' voulait dire 'Rouquine'...donc on a eu la même idée ! Bisous ! PS : le chapitre 3 de Cristal arrive bientôt ? PS2 : au fait, c'est quoi cette histoire ? supprime les R ? J'ai loupé un épisode là...

LolieShing: Contente que tu aies aimé le chapitre précédent ! Ce chapitre réserve aussi son lot de surprises ! Ne t'inquiète pas, tu peux me faire part de tes délires, je suis folle moi-même, donc je ne serai pas choquée lol. Bises !

Vivi Malfoy : Voici la suite, avec un peu de retard, désolée ! J'espère que la suite ne te décevra pas !

Andadrielle: merci pour tes encouragements ! Je continue !

Teaolemon: merci ! Pour lire la fic en anglais, va sur et dans la liste des auteurs, cherche Nancy !

Miss Serpentard : Oui, cette fic est très mystérieuse...Effectivement, Harry et Draco sont bien nés en Angleterre et Harry se souvient vaguement de Ron et connaît Tom. Que de questions ! Beaucoup restent pour le moment sans réponse...Moi aussi, je pense que c'est Tom qui a monté tout ça contre Harry. Merci de me faire part de tes hypothèses, c'est très intéressant ! Bonne lecture !

Agatha Brume : contente que cette fic te plaise ! Ce chapitre sera-t-il meilleur que le précédent pour toi ?

Baby Dracky : ma choupi ! Tu dois juste rentrer de ton superbe week-end à Venise, veinarde ! C'est clair que Malfoy est réglo avec Harry : il n'a pas abusé de son petit corps offert lol. Eh oui, Draco est finalement un peu sentimental avec l'histoire des baisers...Oui, moi aussi je trouve que Ginger a des points communs avec une certaine Weasley...A suivre ! Merci pour tes encouragements, ma choupi et puis gros bisous !

Lna Rosenberg : ooohh, quel esprit mal placé lol. Ce n'est pas parce que Malfoy couche à tout va qu'il va outrageusement profiter d'un Harry bourré ! Non mais...lol.

Feng Shui Boy : salut ! Je comprends que tu rigoles en lisant cette fic, moi je me marre souvent en la traduisant ! Draco est tellement...Draco ! Apparemment, tu as bien aimé ce que pense Draco de la secrétaire, eh bien, tu ne vas pas être déçu : dans ce chapitre, Anne Oshlo va encore être mise à contribution, bien malgré elle lol. Et puis, qu'en sais-tu ? Peut-être que Harry est vraiment le meurtrier ? Eh eh...Bises ! PS : tu peux dévier du sujet, j'adore qu'on me raconte des trucs lol.

Ravenclaw4ever : merci beaucoup ! Je continue ! Voici la suite !

Saael' : salut ! Oui, c'est une traduction, je suis abonnée lol. Merci de prendre le temps de me reviewer, ça m'encourage ! Bises !

Alana Chantelune : oui, l'intrigue est complexe...Le passage à l'acte ? C'est dans...oh ben non, c'est pas drôle si je le dis lol. ;P

Miya Black : Voici la suite, désolée pour le retard ! Satisfaite ?

Umbre77 : salut ! Privée d'Internet ? Dur, dur ! J'espère que tu peux de nouveau y aller maintenant ! Alors, tes exams ? Ca s'est bien passé ? Pour la traduction que j'ai en vue, je suis de plus en plus décidée à la traduire, mais bon, ça peut encore changer ! Oui, c'est vrai que c'est bizarre que dans les fics Sirius ait les yeux bleus ! Ce n'est que lorsque j'ai relu les HP que j'ai vu qu'il les avait noirs...Bon, j'espère que le chapitre 5 te plaira autant que les précédents ! Bisous et dors ! lol.

Jenali: merci ! Je suis heureuse de voir que tu apprécies mon style ! J'essaie de le garder le plus proche possible de celui de l'auteur original ! Merci pour ta review et voici la suite !

Ankou: la réponse à ta question est : oui ! lol. Bonne lecture de la suite !

Malissandre: merci pour ta review ! Oui, je n'ai pas updaté pendant un petit moment, pour cause de PC mort ! Mais c'est bon, là il est tout beau tout neuf, donc pas de problème, je serai au rendez-vous lundi prochain...enfin, j'espère !

Artémis10 : merci d'avoir mis cette fic dans tes favorites, c'est très gentil ! Voici la suite !

Silver-Draco-Lucius: merci pour ta review et tes encouragements ! Je suis de retour !

Si je n'ai pas répondu à quelqu'un, je m'en excuse, ce n'est pas volontaire, mais comme j'ai tout perdu suite à la défaillance de mon ordi, tous mes messages sont aussi passés à la trappe !

Bonne lecture à tous !


CHAPITRE CINQ

Le crépuscule luttait pour se faire voir à travers la pluie. Je me levai, me versai un autre verre, et remarquai que Jennifer m'avait laissé un sandwich. Salade-poulet – mon préféré – et elle avait même enlevé la croûte, exactement comme je l'aimais. Elle m'avait aussi laissé des chips et des cookies faits maison. J'en pris un et le mâchonnai distraitement, tout en me rasseyant dans mon fauteuil. Je posai mes pieds sur le bureau et relus le dossier avec plus d'attention. Tout homme peut être acheté. Potter pouvait l'être, cela ne faisait pas l'ombre d'un doute. Il était exactement comme tout le monde.

J'avais espéré que ce ne soit pas le cas.

La pluie tombait toujours à verse alors que je réfléchissais à cette affaire. Les prévisions météo arrivèrent sur la radio, et les présentateurs dissertèrent sur le caractère hautement inhabituel de ces orages incessants. Moi, il me semblait que depuis que j'avais rencontré Yeux Verts, plus rien n'était normal. Rien n'était ce qu'il semblait dans cette affaire.

Si j'avais continué à penser dans cette voie, j'aurais pu m'éviter beaucoup de chagrin et de souffrance.

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Je sortis en rampant de mon lit le lendemain matin, la tête bourdonnant comme l'alarme de la voiture de mon voisin. Dans les films, c'est toujours quelqu'un qui file au détective un Mickey Finn une boisson droguée. J'avais sacrément bien réussi à me le faire à moi-même la veille. On dit qu'il y a de la vérité dans le vin...Je ne pouvais qu'espérer que ça s'applique aussi à la vodka.

Je pris une douche, très longue et très chaude, me rasai, m'habillai, donnai à manger à Marlowe et partis pour l'agence. Marlowe miaula avec insistance lorsque je m'en allai, faisant le gros dos et ronronnant contre mes jambes. Il ne faisait jamais ça, d'habitude. Il n'avait pas mâchouillé une chaussette depuis des jours. Il n'avait pas craché une boule de poils en plein milieu du lit depuis un bout de temps, aussi.

Même le chat se comportait anormalement, maintenant.

Jennifer leva la tête lorsque je pénétrai dans l'agence. Elle portait une robe et un rouge à lèvres rouges. Je m'assis sur un bord de son bureau.

« Balance la sauce, Jen. C'est qui, le nouveau ? »

Elle me regarda en clignant des yeux. « Quel nouveau ? »

« Celui pour lequel tu t'es faite toute belle et qui a allumé cette lueur dans tes yeux »

Elle rosit légèrement. Ca lui allait bien. "Eh bien...On sort juste ensemble"

« Oh ? C'est comme ça que ça s'appelle, de nos jours ?"

« Il...Je n'ai jamais rencontré quelqu'un comme lui. On s'est rencontrés par hasard. Le facteur lui avait donné mon courrier et il m'a apporté mes factures. On s'est assis et on a parlé pendant deux heures. Après, on est sortis et...Je ne sais pas. C'est simplement...Ca a été si facile. Il est...magique »

« Ouais, tu t'es entichée de lui, si j'ai bien compris. Tu me tiens au courant, hein ? Pourquoi tu ne l'invites pas à monter à l'agence ? J'aimerais bien faire sa connaissance ». Non pas que je le considère comme un possible concurrent. Je voulais juste m'assurer qu'il était digne d'elle.

Elle rougit à nouveau. "Je lui dirai". Elle se leva et se dirigea vers le meuble de rangement. Je jetai un coup d'œil à ses genoux : pas de rougeurs dues au tapis.

« Et aussi de nouvelles chaussures. Ca devient sérieux »

Elle me regarda avec une expression étrange. Le mot le plus proche pour la décrire serait 'reconnaissante'. « Oh. Oui. Elles sont neuves. Je ne pensais pas que tu allais t'en apercevoir"

Difficile de ne pas s'en apercevoir avec des jambes comme les siennes. Je descendis de son bureau. « Appelle Potter pour fixer un rendez-vous. Il faut que je lui parle »

« Je dois lui dire la raison ? »

« Dis-lui juste que c'est important ». Mon visage dut me trahir car elle plissa les yeux et me regarda plus en détail.

« Qu'est-ce qui se passe, Draco ? »

Je poussai un soupir. « Mike LaMorte faisait chanter Potter. Apparemment, Potter blanchissait de l'argent pour la Mafia. Les Zambini, pour être exact. Ils lui donnaient de l'argent et il leur ouvrait des comptes, faisait des investissements, puis déplaçait l'argent de compte en compte »

Elle écarquilla les yeux. « Harry ? J'arrive pas à y croire. Il avait l'air si...si...Je ne sais pas »

Ouais. En effet.

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Je n'attends vraiment pas avec impatience cette entrevue, me dis-je tandis que je roulais en direction du bureau de Potter. La circulation n'était pas très dense sur les autoroutes sans péage – les autoroutes sans péage...et un oxymore pour vous, un – mais je passai par la ville. J'aime bien voir les quartiers que je traverse. Prostituées, drogués, maquereaux, dealers...ouais, L.A a beaucoup de couleurs locales. Il y a des rues minables, comme un écrivain l'a dit, mais elles font partie de mon monde. Moi, j'aime les rues. J'ai toujours plus vite fait de traverser la ville, de toutes façons. Je suis un de ceux qui obtiennent tous les feux verts. Et qui trouvent des supers places de parkings, aussi. J'ai simplement de la chance dans ce domaine, je suppose. Si seulement cette chance s'étendait à d'autres parties de ma vie. Ma chemise était désagréablement plaquée contre mon dos lorsque je sortis de ma voiture puis montai dans un ascenseur qui sentait vaguement la pisse. J'entrai dans l'immeuble en marbre frais qui renfermait le bureau de Potter. Je hochai la tête en direction du gardien de la sécurité, puis je montai à l'étage. La même réceptionniste m'éblouit avec son sourire. Potter apparut presque immédiatement, vêtu d'un costume anthracite et d'une chemise de coupe française bleue, au col et manchettes blancs, et une cravate en soie bleue et grise. Je me levai.

« Il faut qu'on parle, Potter ». Il acquiesça et me guida à travers le couloir jusqu'à son bureau. Anne Oshlo n'était pas derrière son bureau. Nous entrâmes dans son office et je refermai la porte. Il s'assit derrière son bureau et me regarda, attendant que je parle. Je m'assis en face de lui.

Autant entrer directement dans le vif du sujet.

« Pourquoi ne m'avez-vous pas dit que Mike LaMorte vous faisait chanter ? »

Le sourire de Potter s'évanouit plus vite que l'innocence d'une strip-teaseuse. Il se redressa dans son siège.

« Qu-quoi ? Comment avez-vous... ? »

« Je vous avais dit que si je continuais à creuser, j'allais découvrir des choses. C'est mon boulot »

« Avez-vous...Est-ce que la police est au courant ? Leur avez-vous dit ? »

"Non. Je trouve des renseignements. Je les donne au client. C'est vous qui décidez quoi en faire. Tout ce que je découvre reste entre vous et moi ». Ce n'est peut-être pas le code éthique le plus remarquable, mais il me permettait de dormir la nuit. Bien sûr, j'enfreins les lois de temps à autre – si je ne le faisais pas, je ne réussirais jamais à boucler une affaire -, mais j'essaie de ne le faire qu'en dernier recours. Ce que je fais me regarde. En plus, je suis allergique aux flics. Plus d'ennuis qu'ils n'en valent.

Potter fit pivoter son fauteuil pour regarder le ciel de plomb. Il était d'un gris foncé, et un instant, il me rappela les yeux gris et froids de mon père tandis qu'il s'approchait de moi, dans l'intention de me punir pour quelque faute quand j'étais petit. Une phrase d'une vieille chanson de Cat Stevens émergea dans mon esprit. "From the moment I could talk, I was ordered to listen..." "Dès que je sus parler, on m'ordonna d'écouter...".

Potter brisa ma rêverie. Sa voix était douce. "J'étais vraiment naïf lorsque j'ai quitté l'université. J'ai toujours eu un don pour ce genre de truc...créer des portefeuilles financiers pour les gens. Ce n'est pas parce que je suis très matheux, non, ce n'est pas le cas. Mais j'ai apparemment la faculté de savoir quels investissements marcheront bien. Je ne sais pas pourquoi. J'étais jeune, tout juste sorti de la fac, et j'essayai de réussir par moi-même. M-mon premier client a été un type nommé Giorgio Zambini. Il est venu me voir car il voulait un conseil financier au sujet des échappatoires fiscales. Je l'ai aidé. Tout était parfaitement légal. Il a apprécié ce que j'avais fait pour lui, et moi je, hum, j'avais besoin d'argent. Alors il a parlé de moi à certaines de ses relations, et ils sont venus me voir. Honnêtement, Malfoy, je ne savais absolument pas qu'ils étaient, vous savez, le crime organisé. Je les ai aidés. Puis ils ont commencé à me poser des questions sur, hum, des comptes extraterritoriaux. Et l'instant d'après, j'étais en train d'ouvrir des comptes en banque dans les îles Caïmans. Je, hum, n'avais aucune idée de ce que tout cela signifiait. Je savais simplement que je pouvais manger à ma faim. Tout a été si graduel »

Potter présenté comme innocent. Chose curieuse, je n'avais aucun problème à le voir de cette manière-là. Et chose tout aussi curieuse, je croyais son histoire. Il sortit une flasque de son bureau et en but une bonne lampée.

« Qu'est-ce que vous buvez ? »

Il me regarda, ses yeux verts presque noirs. « Du whisky. 'Cet alcool marron, qu'aucune femme, garçon ni enfant ne boit, réservé uniquement aux chasseurs'. C'est de Faulkner »

Je hochai la tête. « Je sais »

Il se leva, et fit les cent pas tandis qu'il continuait. Ses yeux étaient mornes, empreints d'auto récrimination. J'avais vu cet air de nombreuses fois.

« Le temps que je me rende compte de ce qui se passait...de qui ils étaient...j'étais tellement impliqué que je ne pouvais pas faire grand-chose pour m'en extraire. Une fois que vous êtes dans le même bateau que les Zambini, ils ne vous laissent pas partir »

Non, en effet. Les seuls types qui sont sortis de leurs griffes servent en ce moment de nourriture aux poissons au fin fond du Pacifique, après avoir vidé quelques bières avec leur futur assassin.

« Ils sont toujours des clients à vous ? »

Potter secoua la tête. « Non. Ils sont passés à quelqu'un d'autre. Quelqu'un capable de, hum, mieux servir leurs intérêts. Mais le fait est que j'ai été lancé et que j'ai construit ma réputation avec l'aide de la Mafia. Ca ne fait pas très bonne impression, vous savez ? Et Mike...Je ne sais pas comment il a découvert cette histoire. Il était malin. Rusé. Il savait que je ne pouvais pas me permettre de laisser savoir que j'étais impliqué avec le crime organisé. Alors il, hum, a mis ce renseignement à profit ». Potter me regarda droit dans les yeux. « Je ne suis pas fier de ce que j'ai fait. Je ne suis pas fier de ma relation avec Mike. Je vous ai menti. Je vous ai sous-estimé. Je suis désolé"

La raison précise pour laquelle il était désolé n'était pas très claire. Et, quelque part, ça me chagrina.

« Alors les Zambini vous ont juste laissé continuer votre belle vie en sachant ce que vous saviez. Ils ont simplement coupé les ponts »

« Eh bien, je ne le sais pas avec certitude. Mais ils n'ont pas réclamé mes services depuis, oh, dix bonnes années »

« Vous êtes conscient que le chantage est l'un des plus vieux mobiles pour tuer quelqu'un ? »

« Malfoy, réfléchissez une minute. Pourquoi l'aurais-je tué ? Ce n'est pas comme si je n'avais pas les moyens...et même si j'avais effectivement tué Mike, vous pensez que j'aurais laissé autant de preuves derrière moi ? Vous ne pensez pas que j'aurais dissimulé mes traces un peu mieux que ça ? ». Il retint son souffle, attendant ma réponse.

Je ne répondis pas. Je me garde bien de commenter les motivations d'autrui. Ca vous met très vite sur un terrain glissant. Je pris une inspiration. « Qu'est-ce qui vous a plu chez Mike ? ». La question était partie avant même que je me rende compte que je l'avais posée. Mais je me demandai ce qu'un homme comme Potter voyait en Mike, un voyou sur tous les plans.

« Mike. Quand je l'ai rencontré, il était...je ne sais pas. Il était malin. Drôle. Très charmant. On a passé de bons moments ensemble. Après notre séparation, il a changé. Je ne sais pas pourquoi. Je pense qu'il est tombé dans la drogue, mais je n'en suis pas sûr. Mais l'homme qui a été assassiné...ce n'est pas l'homme dont j'étais tombé amoureux ». Il était assis, immobile, perdu dans ses souvenirs.

« Pourquoi vous êtes-vous séparés ? »

Potter déglutit. « Je, hum, suis rentré en avance à la maison un soir, et il était...»

«...au lit avec quelqu'un d'autre ». La même vieille histoire.

« Pas tout à fait. C'était plus sur la table de la salle à manger avec quelqu'un d'autre »

J'essayai de ne pas rire. J'essayai vraiment. Je me mordis la lèvre. Je pensai à des bonnes soeurs. J'imaginai Anne Oshlo nue. Rien ne marcha.

Je ris. Potter me regarda comme s'il m'avait poussé une deuxième tête, mais il finit par rire aussi. Cependant, c'était lui qui faisait les frais de la plaisanterie, et il le savait. Il me tendit sa flasque.

« Un verre ? Ou peut-être un café ? »

J'allais répondre par l'affirmative, mais le téléphone sur son bureau sonna. Il décrocha. « Oui ? ». Il écouta et hocha la tête. "Merci. Je serai à lui dans quelques minutes". Il raccrocha et me regarda, son visage d'homme d'affaires de nouveau en place. « Mon rendez-vous suivant »

« Très bien. Bon, merci de m'avoir accordé de votre temps. J'avais simplement besoin d'éclaircir ce point ». Je me levai, tout en l'observant. « Oh, juste une question supplémentaire »

« Hmmm ? »

« Qui est Tom ? »

Comme je l'avais espéré, cela prit Potter totalement au dépourvu. Il devint très pâle et, derrière lui, un vase rempli de fleurs explosa, avec un bruit pareil à celui d'un coup de revolver dans la pièce silencieuse. Nous sursautâmes tous les deux. De l'eau, du verre et des fleurs atterrirent sur le tapis.

« Je...Je suis navré...Je ne sais pas ce qui s'est passé... ». Il était à genoux, ramassant les morceaux de verres avec des mains tremblantes. Plusieurs éclats reflétèrent la lumière de sa lampe de bureau et scintillèrent avec la brillance factice du plaqué or. Il marmonna quelque chose.

« Qu'avez-vous dit ? Je n'ai pas compris »

Il leva la tête vers moi. « Ca m'est déjà arrivé. D-des choses qui explosent. Je ne sais pas pourquoi ça fait ça. Je...croyais que je me faisais des idées. Je me demandais si je ne devenais pas fou...mais vous l'avez vu, n'est-ce pas ? N'est-ce pas ? »

J'acquiesçai. Je l'avais vu. Je ne le comprenais pas. Je ne pouvais l'expliquer.

Je ne lui dis pas que la même chose m'était arrivée, et ce plus d'une fois.

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Je retournai à mon bureau en silence. Il fallait que je mette la main sur Tom. L'atmosphère était voilée par un espoir stagnant tandis que je montai les marches menant à mon agence, ignorant les propositions de pipes des putains qui travaillaient dans ce coin de la rue. Je me représentai Potter à genoux dans son bureau, puis à genoux en face de moi, ses yeux dans les miens, les iris verts assombris par le désir pendant qu'il faisait des choses absolument remarquables avec sa bouche...

J'étais légèrement essoufflé en entrant dans l'agence. Jennifer était partie manger, mais un vase rempli de superbes roses rouges était sur son bureau. Je les regardai, admiratif, puis cherchai une carte de visite. Je n'en trouvai aucune. Je haussai les épaules et m'assis derrière mon bureau. Je pesai le pour et le contre une demi seconde, puis j'appelai Emily. Elle n'était pas là, donc je lui laissai un message.

Cette affaire était plus compliquée qu'un compte courant de bookmaker. Cette ville est pleine de mystères. Le secret est de découvrir quels mystères on peut résoudre et ceux qu'on doit laisser tranquille. Les types qui ne comprenaient pas ça finissaient par faire une sieste rallongée. Je me versai un verre et ouvris un paquet de fiches. J'écrivis les faits de l'affaire, un par fiche. Je les disposai ensuite sur mon bureau et marchai de long en large, pensif.

L'Angleterre. Tout semblait partir d'Angleterre. Potter l'ignorait, mais moi-même, j'étais né au Royaume-Uni. Ma mère avait quitté mon père et était partie avec moi pour les Etats-Unis quand j'avais environ cinq ans. Je n'avais jamais su pourquoi. Je mis la fiche où j'avais noté 'Angleterre' au centre du bureau.

Perdu dans mes pensées, je sursautai lorsque le téléphone sonna. Je répondis, encore un peu ailleurs.

« Malfoy »

« Ca gaze, Drake ? »

« Emily. Tu vas bien?"

" Ca va. Ca irait mieux si tu étais avec moi. On dîne ensemble ce soir ? »

« Je ne peux pas. J'ai des choses de prévu. J'appelai pour te demander une faveur"

« Comme toujours. Ok. Balance la sauce. Qu'est-ce que tu veux?"

« Il faut que je parle à ton témoin phare dans l'affaire mettant en cause Potter »

Je pus sentir son hésitation. « Tom ? »

« Oui. Tom. Est-ce que tu peux me dire où je peux le trouver ? »

Il y eut un silence, puis elle soupira. « D'accord. Je vais avoir des ennuis à cause de ça si quelqu'un le découvre, mais pour toi...mais tu me dois une faveur. Et je collecterai cette dette, sois-en assuré »

« Bien sûr »

« Attends une minute ». Elle partit une dizaine de minutes, puis reprit le combiné. « T'es là, Drake ? »

« Toujours là, oui. Mûri par la dure leçon de la vie, mais toujours là »

« Ok. Tom Jedusor. Il a noté son adresse comme étant au 1701, Beverly Boulevard. Aucun numéro de téléphone de marqué. Dit qu'il est sans emploi"

Tom Jedusor. Abréviation pour 'ennui'.

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Beverly Boulevard se trouvait dans Hollywood. Hollywood avait depuis longtemps perdu son côté glamour du temps de Douglas Fairbanks et de Bette Davis. C'était un endroit miteux, diminué et tapageur, comme une ancienne reine de beauté portant une couronne de désillusion. Je conduisis lentement le long de Beverly, et finis par trouver le pâté de maisons numéro 1700.

Le coin était rempli de maisons qui avaient autrefois été de véritables palaces, mais étaient à présent réduites, la plupart étant divisées en appartements. Je me garai derrière une Ford datant sûrement de l'avant guerre et qui rouillait tranquillement devant les maisons. Une allée fissurée conduisait à la véranda affaissée en béton du 1701. De hauts hêtres dissimulaient l'entrée de la maison depuis la rue, et dans la cour dépourvue d'herbe, un palmier élevait ses feuilles agonisantes vers le ciel lourd. C'était le genre de maison dans laquelle vivrait Boo Radley. Je montai les quelques marches menant à la porte d'entrée. Un chat rayé cracha dans ma direction et se précipita sous la véranda. Au loin, un enfant pleurait. Je songeai à Jessica et me demandai comment elle allait.

Je frappai, déplaçant mon poids d'un pied sur l'autre, puis glissai ma main dans la poche de mon imper, où je sentis la présence rassurante de mon Glock 27. Je n'enlève pas la gâchette, car l'idée de me faire sauter les bijoux de famille à chaque fois que je le sors ne m'enchante guère, mais si besoin est, je suis sacrément rapide. Pendant longtemps, je n'ai pas mis de balles dans le chargeur, mais une phrase que m'avait dite un officier de la police de L.A. m'avait marqué : « Je préfère avoir douze balles dans le chargeur que six porteurs de cercueil ». Logique. Dans la pénombre grandissante, j'étais bien content de l'avoir.

Personne de répondit. Je frappai encore une fois et jetai un coup d'oeil par la fenêtre près de la porte. Je ne vis aucune lumière. Je n'entendis aucun bruit. Je fis le tour de la maison, mais tous les stores étaient baissés. Après avoir glissé ma carte de visite dans l'encadrement de la porte, je me dirigeai vers la maison d'à côté. Une moto était garée dans l'allée. Un canapé défraîchi trônait sous la véranda, une ribambelle de bouteilles vides devant lui. Je frappai. Cette fois-ci, une lumière s'alluma et j'entendis du bruit.

La porte s'ouvrit et une douce odeur de cuisine s'en échappa. Un homme imposant se dressait devant moi, me dépassant d'une bonne tête. Et pourtant, je suis moi-même assez grand. Il baissa les yeux vers moi, peu intéressé.

« Draco Malfoy. Je cherche Tom Jedusor ». Je lui tendis ma carte. Il la prit pour l'examiner.

« Pourquoi vous voulez parler à Jedusor ? » grogna-t-il d'une voix de basse.

« J'aimerais lui poser quelques questions concernant une affaire sur laquelle je travaille »

« C'est confidentiel ? »

Je hochai la tête.

« Oh. Eh bien, il est chez lui. C'est sa voiture ». Il montra la Ford du doigt. "Il travaille la nuit, et beaucoup. Il devrait bientôt partir car il commence à faire sombre". Il tendit la main derrière lui et je me raidis, mais c'était simplement un pétard. Il en tira une bouffée et me le tendis. Je secouai la tête, mais j'étais tenté.

« Il travaille où ? »

« Bonne question. J'en ai aucune idée. Je me garde bien de lui demander. C'est pas le genre de type accueillant ». Il se pencha vers moi. "Pour vous dire la vérité, il me fout les jetons. Je me contente juste de hocher la tête quand je le vois. Il y a quelque chose de bizarre chez lui »

« Bon, je vous remercie de m'avoir accordé de votre temps ». Il acquiesça puis referma la porte. Je retournai à ma voiture, et appréciai grandement le contact de la poignée sur ma paume. Je montai dedans et fis le tour du pâté de maison, puis me garai sous des arbres en surplomb quelques maisons plus loin. Je sortis une casquette de baseball du coffre et la mis, puis me glissai sur mon siège. Je m'installai, prêt à attendre.

L'obscurité gagnait du terrain. Des gens arrivaient du travail, tandis que d'autres partaient. Je regardai ma montre : c'était le début du service de nuit. Je soupirai et changeai de position. Mon derrière commençait à s'engourdir, et ça faisait trois heures. Aucun signe de Jedusor. J'allumai une cigarette et regardai la fumée monter.

Deux heures de plus à se taler le cul. Apparemment, Jedusor n'allait pas travailler ce soir. Je changeai une fois de plus de position. D'habitude, pour une surveillance, j'arrive préparé, avec un bocal vide, un mélange de fruits secs, et un thermos rempli de chips glacées. Je n'étais pas préparé cette fois-ci. Je soupirai et jetai un coup d'œil au voisinage. Au moins, je n'avais pas encore été repéré.

Encore une heure. Tous les chiens du quartier se mirent à hurler en même temps et les poils à l'arrière de ma nuque se hérissèrent. Le vent se leva, et s'engouffra par la fenêtre. Je frissonnai. Aucune lumière n'éclairait la maison de Jedusor. Aucun bruit. Je m'étirai et ouvris la boîte à gants. J'en sortis une montre de pacotille et une bande de cassette audio. J'enroulai la bande autour de la montre, puis sortis. Je me dirigeai furtivement vers la voiture de Jédusor et plaçai la montre sous le pneu avant droit. Si je ne pouvais pas rester toute la nuit, au moins je saurais s'il était parti et si oui, à quelle heure.

Un souffle froid courut sur ma nuque, et j'aurais pu jurer avoir entendu un petit rire moqueur dans le vent sauvage de la nuit.

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Je rêvai cette nuit-là. Les images étaient fragmentaires et distinctes, et c'était plus comme une combinaison d'images individuelles qui, lorsqu'elles se mélangeaient, créait une image mouvante. Sur la première image, Yeux Verts était à genoux dans son bureau, et ramassait des éclats de verre. Il déposa les morceaux dans une poubelle puis se dirigea vers moi, toujours à genoux. Ses yeux étaient assombris par le désir, comme lorsqu'il m'avait embrassé, et il attrapa mon pantalon. Il enleva ma ceinture, puis glissa ses mains habiles à l'intérieur de mon pantalon, et finit par en descendre la fermeture éclair. Je me cambrai, brûlant pour lui. Il leva la tête et me sourit, puis, d'un mouvement sec, il baissa mon pantalon et mon boxer. Quand il se pencha en avant, je me mis à haleter. Tout en gémissant, je fis courir mes doigts dans ses cheveux bruns. Il savait très bien se servir de sa bouche, et sa langue faisait des choses absolument incroyables ; je frissonnai. Je baissai les yeux pour le regarder et l'image changea. Ses yeux avaient changé de couleur désormais, et étaient passés du vert au bleu. Il avait les cheveux blond roux, et les yeux étaient ceux de l'homme que j'avais aimé il y avait si longtemps, sa bouche me couvrant de baisers et de mensonges. Je ne pouvais détourner mon regard du sien et l'image se modifia encore. Les cheveux étaient à présent des boucles brunes. Les yeux bleus se durcirent et devinrent tels le ciel bleu que regarde pour la dernière fois un prisonnier alors qu'il marche vers la mort. Ils s'assombrissaient de plus en plus, devenant presque noirs et ils étaient mon monde. Je fixai ces yeux, immobile, incapable de détourner mon regard, et un petit rire moqueur résonna dans ma tête. La bouche qui était sur moi était froide.

Les ténèbres recouvrirent tout et je tombai.

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Je fis un détour par la maison de Tom Jédusor en me rendant à l'agence le lendemain matin. La voiture avait l'air d'être à la même place. Je frappai à la porte d'entrée, mais là encore, il n'y eut aucune réponse. Je vérifiai la montre sous le pneu. La vitre était brisée, et elle s'était arrêtée à 5:36. Je restai planté dans la rue, indécis, tapotant la montre du doigt. Quelque chose me titillait mais je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus. J'étais crispé. Je n'aime pas être crispé.

Sans prévenir, les cieux se dévidèrent et je courus jusqu'à ma voiture. Je n'aime pas être mouillé.

Je n'aime pas non plus jouer au chat et à la souris.

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Il y a une cafétéria dans la rue de mon agence. J'y rencontre pas mal mes clients là-bas. Ils sont souvent réticents à l'idée d'être vus entrant dans l'agence d'un détective privé. Pour beaucoup, un privé est le dernier recours. Celui vers lequel on se tourne quand vous avez épuisé toutes les autres possibilités. Les gens ne viennent pas vers un type comme moi, à moins qu'ils n'aient des problèmes. Et ils n'ont pas particulièrement envie que d'autres personnes viennent mettre le nez dans leurs problèmes. Mais se rencontrer dans une cafétéria, c'est juste deux amis qui prennent un café. En plus, j'ai un café gratuit.

J'entrai. On était au milieu de la matinée, l'accalmie entre la foule du petit-déjeuner et la foule du déjeuner. Tom en personne m'avait téléphoné à la première heure ce matin-là. L'endroit était presque vide. Je repérai tout de suite Tom, qui était assis dos à la porte. Je me dirigeai vers le box et m'assis sur la banquette en vinyle orange, en face de lui.

Il leva la tête et sourit. Des boucles brunes. Des fossettes. Des yeux bleus à en faire oublier un prêtre de prier. Il était habillé de façon décontractée, en jean et pull gris. Il avait un stylo à la main et avait commencé une grille de mots croisés. Pendant un instant, je fus perdu dans mon rêve de la nuit dernière. Je me giflai mentalement et tendis la main. « Draco Malfoy »

Il la serra. Sa main dans la mienne était fraîche. « Tom Jedusor ». L'accent était le même que j'avais entendu la première nuit au Callahan. Il avait également le même effet sur moi que la première fois. Je pensai hâtivement à Anne Oshlo.

La serveuse arriva vers nous et je commandai un café. Jedusor avait déjà une tasse devant lui.

« J'ai crû comprendre que vous me cherchiez. Je suis heureux que nous ayons pu nous rencontrer si vite »

« Oui. J'ai été embauché par Harry Potter. Je souhaitais vous poser quelques questions. J'ai crû comprendre que vous étiez le témoin phare de la défense »

Il baissa les yeux vers sa tasse. « Oui »

« Vous n'en avez pas l'air très heureux »

Ses yeux bleus rencontrèrent les miens. « En effet. Je n'arrive tout simplement pas à croire que Harry...qu'il soit capable de quelque chose comme ça »

Emploi du prénom. « Depuis combien de temps connaissez-vous Potter ? »

« Plusieurs années. Nous sommes allés à la même école, mais j'y étais quelques années avant lui. Malgré cela, nos chemins se sont croisés quelquefois »

Il but une gorgée de son café, totalement détendu. Ses yeux rencontraient les miens sans aucune réserve. Une des grandes vérités des détectives est celle-ci : tout le monde ment. Les professeurs mentent. Les rock stars mentent. Les présidents mentent. Jedusor, cependant...s'il mentait, il était meilleur que tous ceux que j'avais rencontrés.

« Potter vous aurait avoué le crime en prison »

Jedusor regarda par la fenêtre un instant, semblant rassembler ses pensées. « Oui. J'avais été coffré pour vol cette nuit-là et nous étions dans la même cellule de détention. Nous étions les seuls dedans et je crois que puisqu'il me connaissait, il s'est dit qu'il pouvait me parler. On aurait vraiment dit que ça le dévorait de l'intérieur, ce qu'il avait fait, et je suppose qu'il voulait que je lui accorde une sorte d'absolution »

« Que vous a-t-il dit ? »

« Eh bien, lui et Mike ont été amants il y a longtemps. Ils se sont séparés et Mike est devenu un vrai salaud. Il y avait désormais un prix pour ce qu'il donnait auparavant gratuitement, et Harry n'aimait pas ça. Mais Mike était en train de se ressaisir. Il s'était sorti de la drogue. Il avait un petit ami stable. Toutefois, il faisait chanter Harry. Harry est allé lui parler. Pour essayer de le raisonner. Mike n'a pas voulu revenir sur sa position. Harry m'a dit qu'il avait simplement craqué. Ce n'est que lorsqu'il s'est retrouvé sous la douche pour se débarrasser du sang qui le recouvrait qu'il s'est rendu compte de ce qu'il avait fait »

Je mis en place ce que l'on appelait mon 'air de détective'. Celui qui bloquait toutes les émotions. Celui avec le regard sévère qui ne trahissait rien. Celui qui me gardait sain d'esprit.

Jedusor poursuivit, traçant le contour de sa tasse du doigt en parlant. Sa voix baissait par degrés, et je dus bientôt me pencher en avant pour l'entendre. « Je n'arrive tout simplement pas à croire que Harry ait fait ça. C'est vrai, tuer le type est une chose, mais on ne le laisse pas, vous savez, se vider de son sang. Harry m'a dit qu'il avait pris ses vêtements, enfilé un vieux pantalon de Mike et qu'il était rentré chez lui en voiture. Il a été arrêté peu de temps après »

« Pourquoi, selon vous, n'a-t-il rien fait pour essayer de dissimuler ses traces ? »

« Eh bien, il a bien enlevé le sang qui était sur lui. Mais le reste... ». Jedusor but une gorgée de son café, puis poursuivit. Ses doigts sur la tasse étaient longs et minces. Les doigts d'un musicien classique.

"Harry est un matheux, mais il n'est pas vraiment astucieux. Il n'est pas rusé. Il n'emploie pas d'artifices. Il est courageux. Noble. Coeur de lion et tout ce qui va avec". Les yeux de Jedusor étincelèrent, comme s'il savait que c'était moi qui faisais les frais de la plaisanterie.

« Que faites-vous dans la vie ? »

Jedusor cligna des yeux. « Je fais des petits boulots »

« Des petits boulots ? »

Il haussa les épaules avec élégance. « Ceci et cela. Je me débrouille ». Son ton indiquait que je ferais mieux de ne pas poursuivre sur ce sujet.

Je hochai la tête et bus ma tasse de café. Il m'observa, et ce n'était pas une expérience agréable. « Vous travaillez pour Harry ? »

J'acquiesçai à nouveau.

« Comment vous êtes-vous retrouvé détective privé ? Vous étiez policier avant ? »

J'eus un haut-le-corps. "Non. La police de L.A et moi ne sommes pas d'accord sur certains problèmes...fondamentaux, dirons-nous"

Il passa légèrement son doigt sur ma main. Cet attouchement me fit frémir. « Vous avez un chapeau mou ? »

Je me reculai, prudent. Dehors, les nuages étaient bas, et les yeux bleus de Jedusor étaient la seule couleur dans la salle. Tout le reste était dans les tons de gris. Nous nous mesurâmes mutuellement du regard, la tension entre nous plus bouillante qu'un premier baiser de prostituée.

« Ca m'est arrivé d'en porter un. Pourquoi ? »

« Simple curiosité. Bref. En tant que privé, est-ce que vous trouvez que la compétition est rude?" sous-entendu sexuel impossible à rendre en français : 'dick' veut dire à la fois 'privé' et 'bite'...et 'stiff', que j'ai traduit par 'rude', veut aussi dire 'raide, rigide, dur'...pas besoin de vous faire un dessin, si ? lol. La réponse de Draco est du même genre, mais je pense avoir réussi à faire ressortir le sous-entendu. C'est d'ailleurs pour ça que Draco dit « Je lui renvoyai la balle »

Je lui renvoyai la balle. « Parfois. Mais je sais que je peux me montrer à la hauteur de la situation si je suis suffisamment motivé »

« Eh bien, si je peux faire quoi que ce soit pour donner un coup de pouce à cette affaire, faites-le moi savoir, d'accord ? ». Ses yeux me parcoururent de haut en bas. J'acquiesçai, soudain incapable de trouver ma voix.

Je vidai mon café et me levai. Il se leva également et vint se mettre à côté de moi. Il me mit une main sur l'épaule et se pencha un peu plus près. « Vous savez où me trouver, M. Malfoy. N'importe quand" murmura-t-il. Il baissa les yeux vers les mots croisés, puis revint sur moi. « Forty-seven across. Murderous Mailer book. Qu'est-ce que c'est, à votre avis? Je sèche"

Je repris mon souffle. « La Chanson du Bourreau »

Il sourit. « Bravo »

Son souffle sur mon cou était froid.

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Je pris une profonde inspiration une fois que je fus dehors, et je sentis que les effets de la rencontre avec Jedusor se dissipaient lentement. Mes mains tremblaient et je sortis la flasque de ma poche. Après avoir avalé quelques gorgées de ce remède liquide, je me sentis à nouveau moi-même. Mon estomac gargouilla et je réalisai qu'il était midi. Au loin, des éclairs striaient le ciel, suivis par le sourd grondement du tonnerre. Les lampadaires étaient allumés et un brouillard épais se propageait lentement sur la rue, rendant les alentours flous. Des halos rosâtres entouraient les lampadaires et tout semblait enveloppé dans du coton. On aurait dit que le monde retenait son souffle. Je montai lentement les marches, essayant de déchiffrer ma conversation avec le judicieusement nommé Tom Jedusor.

Il faisait sombre dans l'agence lorsque je pénétrai à l'intérieur. Bizarre. Jennifer laissait toujours la lumière allumée pendant la journée, qu'elle soit là ou non. Les poils à l'arrière de ma nuque se hérissèrent et ma main se resserra autour de mon Glock. La porte se referma doucement derrière moi.

Silence.

Obscurité.

Attente.

Je restai immobile, laissant mes yeux s'habituer à la pénombre environnante. Je fis un pas en avant.

Je sentis un courant d'air derrière moi. Une lumière blanche explosa derrière mes yeux et je tombai, une fois encore, dans les ténèbres.

Cette fois-ci, je ne rêvais pas.

TBC...