Titre anglais: Malfoy, P.I.
Titre français: Malfoy, Détective Privé
Auteur: Nancy
Traductrice: Jess HDH
Catégories: Mystère, Action/Aventure, Romance, Suspense
Couple: Harry/Draco
Rating: R
Spoilers: les quatre premiers livres de HP
Etat actuel de la fic: en cours d'écriture. 10 chapitres sont pour le moment disponibles.
Où trouver la fic anglaise: Schnoogle, sur "Je suis Draco Malfoy, détective privé. J'ai vu beaucoup de choses...j'ai fait beaucoup de choses, et je ressemble beaucoup à un gentil garçon de dix-sept ans. Je croyais avoir tout vu, jusqu'à ce qu'une paire de yeux verts entre dans mon bureau". Un Univers Alternatif (AU) à la manière des romans policiers noirs situé à Los Angeles où la passion et la magie se rencontrent. Slashy et sexy.
Disclaimer: cette histoire est basée sur des personnages et des faits crées et appartenant à J.K. Rowling. Aucun argent n'en est retiré. L'histoire de cette fic appartient à son auteur, Nancy, et la traduction à sa traductrice, Jess HDH.
Dédicace de la traductrice: cette fic est entièrement dédiée à une personne que j'adore: Caro alias BabyDracky alias choupi-choupinette, cette traduction est pour toi! Je sais combien tu aimes Draco et Harry (au moins autant que moi, ce qui n'est pas peu dire!) et j'espère que tu apprécieras cette fic! Gros mimis, choupi, et continue de me faire rire avec tes magnifiques fanfictions!
Note de la traductrice:Bonjour à tous ! Je suis dans les temps ! Je suis ravie de voir que cette histoire continue de vous plaire. Il y a encore plein de révélations dans ce chapitre, j'espère que vous êtes contents lol. Merci pour toutes vos reviews, elles m'encouragent à continuer les traductions ! D'ailleurs, je viens d'en publier une nouvelle ...Draco/Harry bien sûr ! Elle s'appelle 'Espace-temps décalé', donc si vous aimez les H/D, la magie et les voyages dans le temps, cette fic est pour vous !
Alana Chantelune : merci pour cet enthousiasme ! J'espère que la suite ne te décevra pas !
Nagisa Moon : coucou ! Je me suis précipitée sur pour lire ton one-shot et je ne suis vraiment pas déçue . Félicitations ! Pour la suppression des fics R, moi aussi, j'espère de tout cœur que ce n'est qu'une rumeur croise les doigts. Pour la fic, effectivement, la magie arrive, et continue dans ce chapitre. Oui, moi aussi, quand j'ai lu la fic, à chaque fois que je voyais Draco et Harry ensemble, je me disais : « Vivement qu'ils se mettent ensemble, ils sont vraiment trop mimis...Et puis Harry ne peut pas avoir fait ça ! ». J'avoue que même si généralement je ne suis pas spécialement friande de Tom, dans cette fic il est mystérieux à souhait et il fiche la frousse lol. Je l'aime bien, quoi. Et tu vas voir, ce n'est pas fini ! J'ai hâte de voir ta tête à la fin du chapitre 7 (patience, ce n'est que dans une semaine lol). Ah, le pauvre Draco n'a pas fini d'avoir des misères...Peut-être que Harry sera là pour le consoler ? lol. Oral d'espagnol ? Si tôt dans l'année ? Ma pauvre, je compatis ! Moi, je ne reprends que le 29...Gros bisous !
Elava : merci pour ta review ! Je continue, ne t'inquiète pas, je ne vais pas m'arrêter en si bon chemin !
Malissandre : aïe, c'est sûr que c'est chiant quand on perd tout sur son PC...et qu'on a rien sauvegardé ! Désolée pour ta fic !
Saael' : merci de me laisser une review, même si tu n'as pas le temps ! En effet, c'est peu Internet une fois par semaine ! Oui, cette fic est un slash, c'est marqué dans l'intro...et puis tu me connais, c'est forcément un Harry/Draco lol. Oui, bien sûr que ça me fait très plaisir de savoir que tu vas imprimer 'Pensées Inconcevables'! Merci pour tes bisous plein d'encouragements !
Vivi Malfoy : eh oui, beaucoup d'auteurs font des cliffhangers maintenant...et moi, je ne suis qu'une pauvre traductrice qui suit bêtement ce que font les auteurs lol. Voici ta dose hebdomadaire lol.
Mangafana : ouais, le suspense est torride lol. Et puis, si Tom n'était pas méchant, ce ne serait plus Tom ! Merci pour ta review !
Agatha Brume : ne t'inquiète pas, je suis à j'y suis, j'y reste lol. Et puis, on n'a pas fini de parler de Tom dans cette fic...A lundi prochain, j'espère !
Miss Serpentard : oui, ça a été excessivement dur d'être privée de PC pendant autant de temps ! J'en trépignais de rage ! Mais heureusement, le problème est désormais résolu ! Merci, me dire qu'on n'a pas l'impression que c'est une traduction est le plus beau compliment que l'on puisse me faire ! Ne t'inquiète pas, Tom n'est jamais bien loin dans cette fic...Il n'a pas fini ce qu'il a à faire, donc réjouis-toi, tu le verras encore ! J'espère que ce chapitre va répondre à quelques-unes de tes questions !
Miya Black : oui, je l'avoue, la fin du chapitre 5 était TRES vicieuse...mais après tout, vous n'avez qu'une semaine à attendre pour lire la suite, non ? rire légèrement diabolique lol. Oui, moi aussi je trouve Tom 'énigmatique' et 'charismatique' dans cette fic...Il est mystérieux à souhait, mais on sait bien qu'il est pas gentil lol. La magie continue également ! Bonne suite !
Nasty Gogoune : salut ! Marrant ton nouveau pseudo lol. Je ne connaissais pas le terme de 'Gogoune' ! J'adore tes digressions ! J'en veux encore . Ta prof va mieux ? Elle a l'air d'avoir le sens de l'humour en tout cas (j'ai bien aimé le coup de 'Ah, tu sais, mon beau Gabriel, c'était juste un prétexte !' lol).Au fait, comme tu es Québécois, je ne connais pas trop les équivalences des classes. Qu'est-ce que la 4° secondaire ? Ca correspond au lycée, mais quelle classe ? Tu vas avoir 16 ans, d'après ce que j'ai vu sur ta bio. Tu dois donc être en seconde, comme on dit chez nous...A moins que tu n'aies sauté une classe, ce qui ne m'étonnerait pas, vu tes excellents résultats ;). Sympa les gros mots québécois lol. Moi aussi, j'ai lu 'Welcome to the Real World', c'est une fic intéressante. Tu suis la trilogie de Cassandra Claire ? Moi je suis définitivement accro, j'ai lu tout d'un coup en deux jours, j'ai quasiment pas dormi lol. Je ne recommence la fac que le 29 septembre, donc il me reste un peu de temps ! Oui, j'aime également beaucoup Blanche
Malfoy, j'ai lu toutes ses fics (et traduit 'Obsession' et 'Denial'), et je suis abonnée à son groupe yahoo. Je trouve son style très agréable, et elle a de bonnes idées (notamment le rapprochement James/Lucius). Au fait, c'est rare qu'un garçon aime les slashs ! Je peux savoir ce qui te plaît dedans ? Je sais, je suis curieuse .A bientôt j'espère, et bon chapitre !
Shinia Marina : merci pour cette review enthousiaste ! Et merci pour les compliments . Je suis ravie que l'ambiance te plaise ! Voici la suite, j'espère qu'elle te laissera une aussi bonne impression !
Baby Dracky : coucou ma choupi ! Tu as vraiment l'art de faire des reviews superbes ! Comment tu fais ? lol. Les miennes sont toujours d'une platitude...Comment t'as deviné pour le petit copain de Jennifer ? T'es drôlement forte, dis donc ! Mais ça ne m'étonne pas, venant de toi ! Moi aussi, j'aime pas trop que Tom mette ses sales papattes sur Draco ! Le pire, c'est qu'il est loin d'en avoir terminé ! Attends de voir le chapitre 7, tu vas sauter au plafond lol. Ouais, moi aussi, j'adore Marlowe ! Erk, Rogue ? Heureusement, je crois que ce n'est pas le cas ! Tu en apprendras plus là-dessus au chapitre 7 (décidemment lol). J'ai personnellement bien aimé le petit moment de nostalgie, quand Draco va voir sa mère...J'ai trouvé ça émouvant...Quant à l'homme que Malfoy a tant aimé, pour l'instant, le mystère reste entier ! Gros bisous, choupi, et merci d'être toujours là !
CHAPITRE SIX
Je me réveillai petit à petit. La douleur dans ma tête était rien moins qu'apocalyptique et je sentais l'odeur du sang. Je posai la main sur l'arrière de ma tête. Mes doigts en revinrent mouillés et collants. Le sang était le mien.
J'étais par terre, dans l'agence. La pièce était toujours sombre. Je m'assis avec difficulté et m'appuyai contre le mur, essayant de me souvenir de ce qui venait de se passer. J'étais rentré au bureau suite à mon entrevue avec Tom...
« Draco ! »
Je relevai péniblement la tête. Jennifer se précipita vers moi, ayant toujours son imper sur le dos. « Qu'est-ce qui s'est passé ? »
« On m'a fait le coup du lapin »
« Mais...pourquoi ? »
Nous parcourûmes tous les deux l'agence du regard. Rien ne semblait avoir disparu, ni n'avoir été déplacé.
« Je ne sais pas. Aide-moi à me relever, veux-tu ? »
Elle acquiesça, les yeux assombris par l'inquiétude, et m'aida à me remettre sur pied. La pièce tourna autour de moi et elle réussit à m'emmener vers le canapé. Je m'affaissai sur lui. Au lieu d'aller au plumard, on dirait que c'était plutôt le plumard qui était venu à moi.
« Quelle heure est-il ? »
Elle cligna des yeux mais répondit. « Deux heures et demie »
« Alors j'ai été inconscient environ dix minutes »
« Reste ici. Je vais appeler la police »
Ma voix, lorsque je la trouvai, fut plus énergique que je n'en avais l'intention. « Non ! Non. Pas de flics. Ils ne peuvent rien faire...Donne-moi juste un peu d'eau, d'accord?"
Elle me lança un regard appuyé : de l'inquiétude mêlée à de la résignation, et quelque chose d'autre que je ne pouvais saisir. « Laisse-moi au moins t'emmener aux urgences »
« Ca va aller. J'ai juste perdu un peu de sang, c'est tout. Et j'ai un putain de mal de tête »
« Têtu ». Elle quitta la pièce et revint avec un verre d'eau froide. Je le bus avec reconnaissance. Elle s'assit à côté de moi. "Laisse-moi au moins regarder les dégâts". Je me redressai et elle me regarda les yeux d'un air interrogateur. "Ca m'a l'air bon". Elle regarda ma nuque et émit une sorte de grognement renfrogné.
« C'est mauvais ? »
« Il faut que tu rentres chez toi te laver les cheveux. Tu as du sang dessus et c'est affreux. Tu veux que je te ramène ? »
Nos reflets dans la fenêtre attirèrent mon regard. Les cheveux noirs de Jennifer contrastaient avec mes cheveux blonds, plus foncés que le blond argenté de ma jeunesse, ses yeux marron rivés sur les miens, gris. Elle avait le visage rond, ce qui contrastait avec mes traits anguleux. Molly m'avait dit une fois que j'avais des pommettes à couper du papier. Des années auparavant, ces pommettes avaient été très demandées, et j'avais fait mon chemin à Harvard en tant que mannequin. Habillé, en général. Je n'avais pas beaucoup changé depuis lors, dans le domaine de l'apparence physique du moins, mais là où le visage de Jennifer était animé, le mien était fermé. Je me demandai distraitement s'il avait toujours été comme ça.
« Ouais. Rentrer me paraît une bonne idée. J'ai besoin de cachets de morphine ou d'un truc dans le genre"
Elle hocha la tête et me hissa sur mes pieds avec l'aisance due à sa longue expérience. « Tu n'as pas une idée de qui a fait ça ? ». C'était un tir à l'aveuglette de sa part, et il n'atteignit rien du tout.
« Je t'ai dit que non ». Ma voix claqua sèchement dans l'agence silencieuse. C'était la voix d'un maître aboyant des ordres à un serviteur.
Elle détourna le regard. « Enfin, c'est toi le détective. Tu découvriras qui c'est, j'en suis sûre ». Sa voix était froide.
Elle ne me regarda pas une seule fois sur le chemin du retour. Plus tard toutefois, elle resta quand je le lui demandai. Je ne voulais pas être seul. Je me demandais si Yeux Verts était seul.
Plus tard dans la nuit, Jennifer reposait dans mes bras, endormie. Je sirotai un café – je savais que je ne pourrais pas dormir et je n'allais pas lui demander de me réveiller toutes les deux heures – et la regardai. On aurait dit que je me réveillais toujours avec lui, peu importe la personne avec laquelle je venais de coucher. L'amour que je croyais qui allait me sauver. L'alarme à côté de mon lit se déclencha, ce qui me flanqua une trouille d'enfer. Je l'éteignis vivement et jetai un coup d'œil aux réglages. Jennifer. Elle l'avait réglée de façon à ce qu'elle sonne toutes les deux heures au cas où elle s'endormirait. Elle faisait toujours des choses comme ça pour moi. Elle remua dans mes bras mais je l'apaisai et elle se rendormit.
Je repassai en revue les événements de la journée, tentant de deviner qui m'avait fait le coup du lapin et pourquoi.
Il y avait pas mal de gens qui auraient pu faire ça. Mais le mobile était plus dur à trouver. Quelque chose me titillait dans un coin de mon esprit, mais essayer de l'amener sur le devant de la scène était comme essayer de ramasser du mercure. La seule chose à laquelle je pouvais penser était l'odeur de ces roses rouges sur le bureau de Jennifer.
Et mon meuble de rangement.
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Je me réveillai et fus accueilli par une faible lumière et une morne réalité. Mon mal de tête s'était atténué et était désormais tolérable, mais le fait de toucher la bosse à l'arrière de ma tête me donnait encore les larmes aux yeux. Une aspirine apaisa la douleur de façon à ce qu'elle soit au moins raisonnable. Jennifer s'en alla et je me servis un petit remontant avant de partir pour l'agence. J'étais soulagé de la voir partir. Un des avantages de vivre seul est qu'on n'a jamais à mentir à quelqu'un en prétendant que tout va bien. J'entendis alors un bruit sourd dans le salon et m'y rendis pour en chercher la source.
Marlowe était assis sur un livre qui était apparemment tombé de l'étagère. Il couina et je me dirigeai vers lui. Il fit le gros dos. Je le caressai d'un air absent tout en jetant un coup d'œil à la page sur laquelle le livre était tombé ouvert. C'était une anthologie de poésie datant de mes chères années d'université.
"Tired of his dark dominion swung the fiend
Above the rolling ball in cloud part screen'd,
Where sinners hugg'd their spectre of repose.
Poor prey to his hot fit of pride were those"
"Las de son empire des ténèbres se balançait le Malin
Au-dessus de la balle ronde, à moitié cachée par les nuages,
Où les pêcheurs étreignaient leur spectre de repos.
Ceux-ci étaient les pauvres proies de son accès bouillant de fierté »
« Ok Marlowe, pourquoi es-tu assis sur 'Lucifer Illuminé' ? »
Je ne reçus pas de réponse, évidemment. Je n'en attendais pas. Mais les yeux de Marlowe captèrent la lumière de la lampe et étincelèrent, lui donnait l'air d'être prescient, comme les chats y arrivent parfois. Les chats peuvent foutre sacrément la trouille quelquefois.
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La discussion que j'avais eue la veille avec Tom Jedusor me travaillait. Je pris la décision de me renseigner sur Tom. Il avait dit que Harry et lui étaient allés à la même école, donc j'allai au bureau de l'association des anciens élèves de l'université où était allé Potter. Les cours venaient de se terminer et je regardai les filles aux longues jambes et aux t-shirts courts et moulants marcher avec une grâce insouciante aux côtés de garçons bronzés avec des tablettes de chocolat et des sourires juvéniles. Ceux de trente-cinq ans avaient tendance à oublier ce que c'était d'avoir vingt ans.
Je sentais chacune de ces trente-cinq années ce jour-là. J'avais toujours mal à la tête et j'avais l'impression que mes sens tournaient au ralenti. J'imaginai Potter traverser le campus, riant avec des amis, ses yeux verts brillants d'amusement, ses cheveux noirs en désordre.
Je claquai ma portière d'un geste ferme et entrai dans le bureau. Un long comptoir couvrait la longueur de la pièce et une mignonne blondinette aux longs cheveux raides tourna ses yeux marron vers moi. « Je peux vous aider ? »
Je pris un risque. « Bonjour. Je m'appelle Harry Potter et je recherche un de mes amis avec lequel je suis allé à l'école. On a perdu contact, et je me demandais si vous n'aviez pas son adresse enregistrée »
« Bien sûr, je vais regarder ça pour vous. Depuis combien de temps ne l'avez-vous pas vu ? »
J'essayai de prendre un air chagrin. « Dix ans. Ca...s'est mal terminé...et j'aimerais lui présenter mes excuses ». Je gardai mes yeux rivés sur le comptoir, ne faisant pas confiance à mon visage. Pour une raison quelconque, je trouvais ça drôle et j'avais peur de rire. Ca ressemblait à un truc que j'avais entendu dans un débat télévisé. Je déteste les débats télévisés. La vie serait bien plus simple si les gens apprenaient à résoudre leurs problèmes. Contrairement à la croyance populaire, les privés comme moi ne résolvent pas les problèmes. On est simplement payés pour les montrer du doigt.
Elle me toucha la main. « Oh, mon pauvre. Je sais exactement de quoi vous voulez parler. J'ai rompu avec ma petite amie l'année dernière et il y a tellement de choses que j'aimerais lui dire »
Sa petite amie. Génial. Juste l'image mentale dont j'avais besoin. Je changeai de position et ne pensai pas à deux jeunes femmes bronzées, enlacées sur un lit, gémissant dans la pénombre d'une nuit estivale.
Puis je ne pensai pas à Potter allongé sur le même lit, les mains enfouies dans les boucles brunes d'un autre, murmurant tandis que Tom bougeait sur lui. Je battis mentalement des paupières. Alors ça, c'était vraiment sorti de nulle part.
Une femme plus âgée entra dans la salle. On aurait dit qu'elle avait un appareil photo dans son bureau, fin prêt si jamais elle venait à sourire.
« Darla ? »
Darla me fit un sourire et discuta avec la femme plus mûre. Elle attacha ses longs cheveux et durant le processus, révéla un piercing au nombril lorsque son t-shirt se souleva. Je tentai de garder les yeux là où ils devaient être. « Laissez-moi juste m'occuper de ce monsieur et j'arrive »
L'autre sembla s'en satisfaire. Darla alla vers un ordinateur. Ses cheveux étaient remontés désormais, tout comme moi. « Le nom ? »
Mentalement, j'étais étendu sur mon lit. Potter était penché sur moi, les yeux sombres, comme ils avaient été lorsqu'il m'avait embrassé, et il glissait ses mains chaudes jusqu'à mon...
Je secouai la tête. « Oh, oui. Tom. Tom Jedusor". J'étais un peu distrait. Je bannis farouchement toute pensée de Yeux Verts de mon esprit.
Elle tapa le nom sur le clavier. Ses ongles étaient peints en rose vif. Elle fronça les sourcils et tapa encore.
« Est-ce qu'il a un autre prénom ? Je n'ai trouvé personne avec ce prénom dans la base de données »
« Vous avez essayé 'Thomas' ? »
"Oui. Il y a un seul enregistrement pour ce nom de famille, et c'est un George Jedusor. Diplômé en 1997 »
Trop jeune. « C'est bizarre. Ces fichiers remontent à quelle année? »
Darla tapota l'ordinateur. « C'est la même base de données que le bureau d'enregistrement. Il devrait y avoir tous ceux qui sont allés à l'université »
« Bon, je vous remercie de votre aide. Il doit y avoir une erreur dans le système »
Ses yeux marron étaient songeurs. « Peut-être. Saturne est en rétrograde pour moi, et je n'ai vraiment pas de chance avec la technologie ces temps-ci. Je mettais mes piles dans mon-»
Je ne voulais vraiment pas savoir où elle mettait ses piles. Je mis en place mon air reconnaissant. « Merci quand même »
Elle me tapota la main avec condescendance. « Je comprends à quel point c'est dur pour les hommes de nos jours. J'espère que vous retrouverez votre petit ami. Je sais que ce n'est pas facile d'être gay »
Je la regardai. « Vous ne savez absolument pas à quel point c'est dur, mon chou »
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Une fois dans ma voiture, je restai assis à réfléchir, et allumai une cigarette. Yeux Verts et Tom n'étaient pas allés à l'université ensemble. Je ne savais pas à quel autre endroit Potter était allé à l'école. J'étais cependant sûr que Tom et lui se connaissaient, à en juger par la réaction de Potter à chaque fois que le sujet 'M. Jedusor' venait sur le tapis.
Potter. Je ne savais plus quoi penser de lui. Je le croyais toujours innocent, de meurtre du moins, et dans ma tête, ces yeux verts m'appelaient silencieusement, suppliants.
C'était un boulot. Juste un boulot de plus. Rien de personnel. J'aiderais Potter si je le pouvais. Si je n'y arrivais pas, ils le refroidiraient. Et je ne pourrais rien y faire. Manque de bol. J'avalai une grosse gorgée de ma flasque.
Cette affaire était un ramassis de mensonges, qui dissimulaient par des tours et des détours la vérité cachée au milieu. Mais qu'est-ce qui était vrai et qu'est-ce qui était faux ? Potter m'avait menti. J'étais sûr que Tom aussi.
Les mensonges cachés dans la vérité étaient les plus durs à découvrir. J'avais l'impression que Tom le savait.
Je pensai aux yeux de Tom, et à l'air vaguement amusé qu'ils recelaient. Il avait l'air d'être le genre de type qui s'amuserait à montrer du doigt les barreaux d'une cage à quelqu'un qui savait qu'il ne s'en échapperait jamais.
Je me remémorai ses longs doigts traçant le contour de sa tasse à café. De longs doigts, parfaits pour torturer. Tracer. Taquiner.
Mais son sourire était celui dénué d'émotion d'un carnivore.
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Le soleil luttait pour se faire voir à travers les nuages plombés, comme un boxeur professionnel vieillissant qui essaie de se relever du tapis une fois de plus. L'humidité me recouvrait comme du polyester bon marché et je savais que j'étais mal coiffé. Je commençais à en avoir marre de cette pluie incessante et de ce temps anormal. Je déteste être mouillé. J'allumai la radio sur le chemin du bureau de l'avocat de Potter. Je regardai l'heure et basculai sur la station de mon émission de radio préférée. L'animateur semblait passer du rock classique ce jour-là et je chantai en rythme avec une vieille chanson de Blue Oyster Cult.
"Then the door was open and the wind appeared
The candles blew, then disappeared
The curtains flew, then he appeared... saying 'don't be afraid'..."
"Alors la porte s'ouvrit et le vent apparut
Les bougies vacillèrent, puis disparurent
Les rideaux volèrent, puis il apparut...en disant 'n'aie pas peur'...»
Tom Jedusor n'était pas la Faucheuse. Mais je me rappelai ses traits de patricien, magnifiques d'une certaine manière. Ce profil élégant et ces yeux qui savaient des choses que le reste d'entre nous pouvait seulement imaginer. D'une beauté désarmante. Je pouvais sans peine le voir comme l'Ange de la Mort. Je n'avais pas peur de lui – j'étais d'accord avec Thomas d'Aquin quand il disait que le chagrin regardait le mal présent et la peur le mal futur – mais il y avait quelque chose de bizarre à son sujet. Au sujet de cette affaire.
Je songeai à Yeux Verts. Je me demandai s'il pensait à moi, parfois. Je me demandai de qui il avait hérité ses yeux verts. Je me demandai qui le rassurait pendant les longues nuits où il ne trouvait pas le sommeil.
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Potter avait embauché David Evans pour le représenter. Evans était un avocat d'assises très connu et respecté. Il était grand, encore plus grand que moi, aux cheveux argentés qui semblaient avoir été jadis bruns et au nez crochu assez imposant. Sa salle de réception ressemblait beaucoup à celle de Potter, avec des parquets en chêne, des sièges en cuir, et une hôtesse d'accueil étourdissante. Elle me conduisit au bureau d'Evans, qui était décoré dans les mêmes tons profonds. Il était assis derrière son bureau, vêtu d'un costume bleu à fines rayures, d'une chemise blanche et d'une cravate à motif cachemire bleu et jaune. Il me regarda d'un air sévère, et je me sentis aussi à l'aise que si l'on m'avait envoyé chez le proviseur. Je m'assis d'un air guindé dans le fauteuil en cuir rouge qui lui faisait face. Evans était le genre de gars qui pouvait poser ses mains partout sans laisser la moindre empreinte.
« M. Potter m'a demandé d'être totalement franc avec vous. D'après ce que j'ai compris, vous avez déjà travaillé pour d'autres avocats dans la ville ? »
« Oui. Steve Ruebel et Robert Cecil »
« Vous avez la réputation de travailler dur et d'aller au fond des choses. Est-ce votre première affaire de meurtre ? »
« Oui. Les meurtres ne sont pas vraiment mon domaine ». Mon mal de tête empirait.
« Je crois savoir que vous êtes celui qui a résolu la disparition de Jessica Ryan ? »
J'acquiesçai et essayai de ne pas gigoter sur mon siège. Son regard avait l'air de plonger droit dans les recoins de mon esprits, dans des endroits où même moi je n'allais pas. Ses yeux étaient froids et distants, les yeux d'un assassin professionnel. Je ne lui faisais pas confiance. « En effet »
« Et cette affaire ». Il cita Gibran. "'Le vertueux n'est pas innocent des actions du mauvais, et la blanche main n'est pas sans tâches dans les actes du félon'. Pensez-vous que Harry l'ait fait ? »
Je le regardai. « J'essayerai difficilement de prouver le contraire si je le pensais, n'est-ce pas ? »
Il sourit et une fierté presque paternelle illumina un instant ses yeux noirs. Il bougea son pion suivant. « Qu'avez-vous découvert ? »
"Jusque-là, rien qui n'aide Potter »
« Vous vous dérobez, n'est-ce pas, M. Malfoy ? »
« J'ai peur de ne pas bien comprendre ce que vous voulez dire »
Il m'observa. « Nous sommes dans le même camp. Vous n'avez pas besoin de me cacher quoi que ce soit »
« J'ai crû comprendre que Ha—M. Potter n'allait pas négocier pour alléger sa peine ». Je songeai à ces yeux verts déterminés et au petit redressement têtu de son menton.
« C'est vrai »
« Que prévoyez-vous de faire à ce propos ? »
Ses yeux brillèrent et, un instant, il me fit penser à une très grosse chauve-souris. Je l'imaginai en train de dormir, accroché à un chevron, quelque part dans un grenier. « J'ai l'intention de me servir des renseignements que vous mettez à jour en faveur de Harry, et de le défendre du mieux que je peux. Certaines preuves physiques peuvent être rejetées. Pour commencer, les vêtements que Harry portait soi-disant cette nuit-là – ceux tâchés par le sang de LaMorte – étaient emballés dans des sacs en plastique »
Je hochai la tête. « Et ils ont pourri. On aurait pourtant crû que la police de L.A. savait qu'il fallait se servir des bons vieux sacs en papier, depuis le temps. Quoi d'autre ? »
« Je vais essayer que le témoignage de Tom soit jugé irrecevable. Preuve par ouï-dire »
« Est-ce que vous le croyez ? Tom ? Est-ce que vous croyez que Harry s'est confessé à lui ? »
Evans s'enfonça dans son fauteuil et, ce faisant, renversa sa tasse de café par terre. Il jura avec élégance et sonna sa secrétaire. Elle entra – une rousse grande et svelte – et l'aida à nettoyer les dégâts. Pendant qu'ils s'affairaient, je fis le tour du bureau. Un magnifique jeu d'échec trônait sur une table dans un coin de la pièce. Il était fait de malachite et de marbre blanc. Le marbre blanc semblait chatoyer et apparaissait presque argenté. La malachite me rappelait Yeux Verts.
« Vous jouez ? ». Je sursautai. Evans se tenait derrière moi, les mains jointes dans le dos, le visage impénétrable. Cet homme ne faisait jamais le moindre bruit quand il se déplaçait.
« Non. Je n'ai jamais appris »
« Un jeu fascinant, les échecs. Si subtil, et pourtant si complexe. Plus un art qu'un simple jeu. Vous devez non seulement élaborer des stratégies, mais il faut que vous anticipiez le prochain coup de votre adversaire en vous servant uniquement des outils dont vous disposez. Il faut que vous soyez conscient de ce dont votre adversaire est capable et, si possible, agir en conséquence ». Ses longs doigts prirent une superbe pièce en malachite sculptée, la caressant presque. « Le pion. De loin la pièce la moins importante. Et pourtant, s'il traverse l'échiquier, il peut devenir la pièce la plus puissante du jeu »
« La reine, c'est ça ? »
« Oui. Je croyais que vous aviez dit que vous connaissiez peu les échecs ? »
« J'ai dit que je n'avais pas appris à en jouer. Mon père en jouait »
« Alors vous savez que le pion est utilisé quand il y a une lutte entre deux forces qui s'opposent »
Je le regardai. « Que dites-vous ? Nous ne parlons plus des échecs, n'est-ce pas ? »
Il haussa un sourcil. « La vie imite très souvent l'art. Parfois, nous, dans nos vies de tous les jours, jouons le rôle d'un pion, bien que sans le savoir ». Il m'évalua du regard. J'avais déjà vu cet air-là. C'était le même air que j'avais vu sur le visage de Tom Jedusor quand il m'avait touché à la cafétéria. Pour une raison qui m'était inconnue, Evans me jaugeait. Et c'était quelque peu gênant, comme un costume qui était juste un peu trop étriqué aux épaules. C'était au-delà de l'étrange. Ma vie commençait à ressembler à un trip de drogué.
J'avais besoin d'un verre. J'avais besoin d'une cigarette. J'optai pour les deux.
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Je retournai à l'agence. Il s'était arrêté de pleuvoir et il faisait frais. Je vis que Jennifer avait ouvert les fenêtres qui laissaient voir des nuages éternellement gris. Tandis que je me garais, un mouvement soudain dans le ciel attira mon attention. Je levai la tête pour voir un gros hibou s'éloigner à tire-d'aile. On aurait dit qu'il s'était envolé de l'immeuble de mon agence mais à moins que les 'professionnelles' aient de nouvelles techniques à disposition qui m'étaient inconnues, je n'arrivais pas à en voir la raison. J'avais toujours crû que les hiboux étaient des oiseaux nocturnes et puis, je n'étais pas sûr que le brouillard de L.A. ne leur réussisse très bien.
Jennifer leva la tête lorsque je pénétrai dans l'agence. Un autre vase de roses rouges était sur son bureau ; cette fois, elles étaient rouges avec le bout des pétales noir. On avait examiné mon meuble de rangement plusieurs fois, tout comme le reste de l'agence, et rien ne manquait ni n'avait été déplacé. Je ne savais toujours pas pourquoi on m'avait assommé, et le fait de ne pas savoir commençait à me courir sur le haricot.
« Rendez-vous brûlant avec M. Magie ? »
Elle rougit de façon de façon charmante. « Il aime bien me gâter »
Je l'observai un moment. « Tu le mérites. Quelqu'un est venu ou a téléphoné pendant mon absence?"
« Non. Ca a été calme. Je viens de finir les factures mensuelles »
« Bon ». J'allai dans mon bureau et m'assis dans mon fauteuil, puis je sortis la bouteille qui restait toujours dans mon bureau et me servis un verre salutaire. J'avalai une aspirine et quelque chose attira mon regard. Au centre de mon bureau se trouvait une enveloppe. Elle était vierge. Je la pris et la retournai. Elle était cachetée à l'ancienne mode, avec de la cire, mais il n'y avait aucun insigne. Juste un tampon de cire rouge. J'ouvris l'enveloppe et en sortis la carte. La carte et l'enveloppe était toutes les deux faites d'un parchemin épais, de couleur crème. Il y avait seulement une chose d'écrite sur la carte :
31-10-81
« Jennifer ! »
Elle entra en courant dans mon bureau. « Pourquoi cries-tu ? »
« Je croyais que tu avais dit que personne n'était passé pendant mon absence »
« C'est la vérité. Il n'y a eu que moi ici toute la journée. Pourquoi? Qu'est-ce que c'est?"
Je lui montrai la carte. « C'était sur mon bureau ».
« Je ne sais pas comment c'est arrivé là. Personne n'est entré, et j'ai fait changer toutes les serrures hier ». Elle regarda la carte avec attention. « Qu'est-ce que ça veut dire ? »
"C'est une date, seulement elle est écrite à l'Européenne » (en effet, les Américains mettent le mois en premier. Regardez les dates sur par exemple !)
Elle me regarda. « L'Europe ? ». Elle jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule à son bureau, puis revint sur moi. Une lueur vacilla dans ses yeux et quelque chose ressemblant à de la résignation traversa son visage. « Ou le Royaume Uni ? »
Je la regardai. Je pouvais voir les engrenages tourner dans sa tête. C'était très rare de trouver une jolie dame qui était également futée, mais Jennifer était l'exception à de nombreuses règles. Elle me rendit la carte.
« Est-ce que cette date te rappelle quelque chose ? »
Je fronçai les sourcils. « Ca me dit quelque chose, oui, mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Je sais que je l'ai déjà vue. Je n'arrive juste pas à me souvenir où »
« Ca te reviendra. Et en parlant de dates... ». Elle sortit de la pièce et revint avec une unique rose rouge. Elle la posa sur mon bureau.
« Qu'est-ce que c'est ? »
« Une rose. Pour la déposer sur sa tombe »
« Jennifer... »
« Il faut que tu y ailles, Draco. Je serai ici si tu as besoin de moi »
Elle avait raison. Je hochai la tête. « Merci »
Ses yeux étaient tristes mais son visage était sans expression. « De rien, Draco. De rien »
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J'avais toujours crû que les cimetières étaient des endroits lugubres, rendus brumeux par le chagrin et les vieux souvenirs. Toutefois, celui dans lequel ma mère est enterrée est très calme, avec beaucoup de vieux arbres, ainsi qu'une mare aux canards et une volière. Elle était sur une colline, et j'aime bien me dire qu'elle apprécierait la vue de la vallée qui s'étendait au-dessous. Je m'arrêtai, m'agenouillai à côté de sa tombe et, après avoir ôté quelques feuilles, j'y déposai la rose. Elle avait toujours adoré les roses.
C'était stupide de lui parler, mais c'était le plus près que je pouvais l'approcher désormais. Je vidai mon cœur, là, dans le jour qui baissait. Le cimetière était désert et le monde était immobile, tout en lumière verte et grise.
Je me souvins du jour où elle était morte. Le médecin légiste n'avait pas réussi à trouver la cause de la mort. Je l'avais simplement trouvée morte ; on aurait dit qu'elle dormait, mais elle était dans le train de nuit qui l'emportait vers le grand 'adios'. Cinq années avaient en quelque sorte atténué la peine, mais je pensais encore à elle à mes moments perdus. Je m'étais souvent demandé si mon père était au courant de sa mort. Enfin, s'il était encore en vie. Je n'en avais aucune idée et n'avais aucune envie de le savoir.
Je ne sais pas combien de temps je restai assis là. La lumière commençait à baisser et je me levai. Je posai ma main sur sa pierre tombale.
« Tu me manques, maman. J'aimerais...j'aimerais que tu sois là. Je le ferai, maman, du mieux possible, mais je suis complètement dépassé cette fois. J'espère que je suis assez bon. Mais j'ai une promesse à tenir. Et des kilomètres à faire avant de dormir"
Personne ne répondit. Dans le crépuscule brumeux, je crus entendre un rossignol chanter.
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Le Joe Miller est un vieux piano-bar dans lequel je m'arrête quelquefois quand je rentre chez moi. J'étais agité et la pensée de mon lit vide n'était pas très attirante. Il me fallait une distraction de la vague nostalgie que j'avais ressentie ces derniers jours. Jennifer avait à nouveau rendez-vous avec M. Magie et était arrivée le matin même avec une robe noire moulante et des escarpins noirs, genre femme fatale. Je me demandais si M. Magie aimait qu'elle les garde aux pieds. Elle n'avait toujours pas de rougeurs dues au tapis sur les genoux. Et j'avais regardé.
L'intérieur du Joe était sombre et enfumé, même s'il était interdit de fumer. Il était encore tôt, et l'endroit était presque désert. Dans un coin, debout à côté d'un piano sur une petite estrade, se tenait une femme brune, un pluméria en fleur planté dans les cheveux. C'était Debbie. Cela faisait des années qu'elle chantait là et on se connaissait depuis longtemps. Elle avait grandi à Alamogordo, au Nouveau Mexique, là où l'air était radioactif. Sa voix, voilée par les regrets d'un amour perdu depuis longtemps, s'élevait à travers la salle comme les grains de poussière.
"I'm wild again... beguiled again... a simpering, whimpering child again... bewitched, bothered, and bewildered am I..."
"Je suis redevenue sauvage...captivée...une enfant qui minaude, qui pleurniche...ensorcelée, ennuyée et perplexe, voilà ce que je suis...»
Je me tournai vers le barman et commandai un petit remontant. Je m'assis au bar, les yeux rivés sur Debbie comme ceux d'un chien sur le grill lors d'un barbecue estival. Elle chanta en me regardant et, quand la chanson fut terminée, elle vint vers moi d'un pas nonchalant. Ses yeux noirs voyaient tout mais ne trahissaient rien.
« Drake. Ca fait un bail »
« C'est vrai. Comment vas-tu ? Je peux t'offrir un verre?"
Elle hocha la tête et le barman lui donna un genre de jus de fruit. Il y avait un parasol vert dans le verre. Elle se glissa sur le tabouret à côté de moi et me fit un sourire que je sentis jusque dans ma poche revolver. « J'ai entendu dire que tu avais déniché une affaire intéressante »
« Tu as entendu d'autres choses ? »
Elle haussa les épaules. « Il y avait deux ou trois privés de la criminelle ici l'autre nuit. Ils étaient saouls et parlaient de Harry Potter. Ils disaient que Potter avait avoué le crime à quelqu'un »
« Et ? »
Elle haussa les épaules. « Ils étaient ronds comme des ballons. Grosses pointures, mais pas de bétail »
Je ris. « Tu peux me mettre au parfum sur quoi d'autre ? »
« Ah, Drake, ça va te coûter quelque chose, chéri ». Elle se tourna pour me faire face, les paupières lourdes. Elle posa ses mains sur ses genoux et, dans une parfaite imitation de Mae West, dit : « Cette jambe est l'hiver, et celle-ci est l'été. Pourquoi tu ne viens pas me voir entre les deux saisons des fois ? ». Dans la lumière diffuse, ses yeux étincelèrent en accord avec sa robe. « Peut-être que je peux même te convaincre de me donner un baiser » souvenez-vous de la politique de Draco...
Je lui souris. « Tu n'as qu'à essayer ». Je regardai ses yeux, et son sourire qui promettait des délices implicites. Je la jaugeai du regard et toutes les mensurations me convinrent. Je me demandai si elle enlevait des fois cette fleur de ses cheveux.
Il s'avéra que oui.
Plus tard cette nuit-là, alors que j'étais étendu dans sa chambre bleu vif, elle fit descendre ses cheveux noirs le long de mon corps ; je fermai les yeux et me demandai ce que Yeux Verts était en train de faire.
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Il y avait beaucoup de brouillard le matin suivant et je conduisis lentement jusqu'à l'agence. J'étais moi-même sacrément embrumé, et sirotai mon remède à sûreté intégrée contre la gueule de bois alors que j'avançais à deux à l'heure au milieu de la circulation. Je laissai la radio éteinte et mes pensées sur l'affaire.
Quelque chose que Debbie m'avait dit la nuit d'avant me titillait.
Personne ne savait quoi que ce soit sur Tom Jedusor. Personne ne savait où il travaillait, ou d'où il était, ou quoi que ce soit de son passé. Debbie m'avait dit que c'était comme s'il était sorti de nulle part cinq ou six ans auparavant. Un fantôme.
Tout le monde a un passé. Tout le monde laisse une trace. Même les clandestins. Il faut simplement savoir où chercher. Mais Jedusor...Je me souvins de la réaction de Yeux Verts suite à mes questions sur Tom.
Puis je réalisai que, si Yeux Verts n'avait pas répondu à mes questions concernant Tom, David Evans non plus.
Tom Jedusor, vraiment. Il y avait quelque chose chez lui qui n'était pas très...normal. Comme quand on regarde un film où le son et l'image sont très légèrement en décalage. Je songeai à une phrase de Bhagavad Gita, rendue célèbre le matin d'une chaude journée de Juillet en 1945. 'Je suis devenu la Mort, destructrice des mondes'
J'arrivai à un feu rouge et m'arrêtai.
Et soudain, ça me frappa. La date sur la carte que j'avais reçue la veille. Je savais où j'avais vu cette date.
C'était la date de la mort de James et Lily Potter.
Le vent s'intensifia et hurla en frappant les vitres de ma voiture. C'était comme si la boite de Pandore venait d'être ouverte.
Dans les collines, la terre gorgée d'eau de pluie finit par céder, et les glissements de terrain commencèrent. Pour certaines personnes, la vie qu'ils connaissaient était sur le point de s'effondrer brutalement sous leurs pieds.
TBC...
