Titre anglais: Malfoy, P.I.

Titre français: Malfoy, Détective Privé

Auteur: Nancy

Traductrice: Jess HDH

Catégories: Mystère, Action/Aventure, Romance, Suspense

Couple: Harry/Draco

Rating: R

Spoilers: les quatre premiers livres de HP

Etat actuel de la fic: en cours d'écriture. 10 chapitres sont pour le moment disponibles.

Où trouver la fic anglaise: Schnoogle, sur "Je suis Draco Malfoy, détective privé. J'ai vu beaucoup de choses...j'ai fait beaucoup de choses, et je ressemble beaucoup à un gentil garçon de dix-sept ans. Je croyais avoir tout vu, jusqu'à ce qu'une paire de yeux verts entre dans mon bureau". Un Univers Alternatif (AU) à la manière des romans policiers noirs situé à Los Angeles où la passion et la magie se rencontrent. Slashy et sexy.

Disclaimer: cette histoire est basée sur des personnages et des faits crées et appartenant à J.K. Rowling. Aucun argent n'en est retiré. L'histoire de cette fic appartient à son auteur, Nancy, et la traduction à sa traductrice, Jess HDH.

Dédicace de la traductrice: cette fic est entièrement dédiée à une personne que j'adore: Caro alias BabyDracky alias choupi-choupinette, cette traduction est pour toi! Je sais combien tu aimes Draco et Harry (au moins autant que moi, ce qui n'est pas peu dire!) et j'espère que tu apprécieras cette fic! Gros mimis, choupi, et continue de me faire rire avec tes magnifiques fanfictions!

Note de la traductrice: Coucou! Pour ceux et celles qui l'attendent impatiemment, le voici, le voilà, tout beau, tout chaud (ça oui lol). J'ai nommé...le chaud cacao! Si vous êtes habitué à mes trads, je pense que vous savez ce que ça veut dire lol. Mais bon, avant, le petit Draco est franchement déboussolé par la mort de cette pauvre Debbie, mais ne vous inquiétez pas, Super Harry vient à la rescousse...Bonne lecture à tous!

Falyla: coucou ma grande! Merci de me reviewer, tu sais que tu n'es pas obligée! Oui, c'est vrai que ça ne s'éclaircit pas, l'affaire...tant mieux, ça veut dire qu'il y aura encore plein de chapitres (enfin, si Nancy se décide à updater...Croisons les doigts!). En ce qui concerne le réveil avec Tom, certains (et certaines) ne diraient pas non lol. Bon, moi je préférerais me réveiller aux côtés de Draco et/ou (mdr, mon dieu, ça vole très bas aujourd'hui...) Harry, mais c'est une question de goûts...Ouais, le baiser est trognon! Bien sûr qu'ils sont adorables tous les deux! Tu en doutais encore, après tout ce temps et tes 'malheurs'? lol. Bisous bisous!

Ankou: oui, l'intrigue se resserre autour de Draco...Il est mal! N'empêche, le suspense est toujours aussi présent, ça s'est bien! Ca garde l'intérêt!

Schhhhh: oui, moi aussi je me dis qu'il y a du Tom là-dessous. Pour le nombre de chapitres, je ne sais pas combien il y en aura. Comme je l'ai mis dans 'Etat actuel de la fic', il y a pour le moment 10 chapitres...Ca fait longtemps que l'auteur n'a pas updaté, j'espère simplement qu'elle n'a pas abandonné, ce serait vraiment dommage! Merci de me suivre tous les lundis!

Mangafana: je pense que Tom n'est pas étranger au meurtre de Debbie; quant à savoir si c'est le cas, patience...Oui, tu n'as pas tort, Draco risque fortement de se faire accuser, comme tu pourras le constater dans ce chapitre. Tout ramène à Tom...et à l'Angleterre! Donc qu'est-ce que Draco va faire? Réponse dans ce chapitre! Pour Harry et Draco, oui, ça y est, c'est officiel...et consommé lol. Bonne lecture!

Nagisa Moon: salut toi! Merci pour cette longue review, j'adore! ;-). Tom, adepte de Lockart? lol, c'est marrant, ça! Ne t'inquiète pas, ce réveil pour le moins inattendu n'empêchera pas Draco et Harry de se...rapprocher, dirons-nous! Oui, Marlowe montre tout à Draco, enfin plutôt il essaie...comme pour le coup de la télé, par exemple, il n'a pas réussi à lui faire comprendre. Moi aussi, je trouve Gary sympa, mais il est quand même vachement mystérieux, avec ses questions bizarres lol. Ah, le baiser...moi aussi, j'ai adoré! Je vois très bien Draco qui relève Harry par la cravate et qui l'embrasse fougueusement lol. C'est tout à fait son style! Eh oui, Debbie est rayée de la liste...Ca ne s'arrange pas pour Draco...Bisous! PS: ne te presse pas pour ta fic, je suis certes impatiente de la lire (et je ne suis pas la seule), mais je vais certainement pas te mettre le couteau sous la gorge! Des papouilles? Chouette, chouette! part en sautant dans tous les sens

Misslulu: oui, effectivement Draco va sûrement porter le chapeau, comme tu vas le voir dans ce chapitre...J'espère qu'il te plaira! Bonne chance pour ton DM d'espagnol!

Okami-chan: merci! Oui, je souligne le titre des œuvres, c'est une habitude du lycée lol. Depuis, je l'ai gardée, même pour les traductions! Merci pour tes compliments, il me font très plaisir . Bonne lecture!

Clau: merci, mais tout le mérite en revient à l'auteur original, pas à moi! C'est vrai que cette fic pourrait faire un bon polar...Merci pour tes encouragements!

Nasty Gogoune: Kikou! C'est un de tes chapitres préférés? Et celui-là, comment tu le trouves? Moi, je les aime bien tous, je suis accro à l'histoire lol. Ah, les jeux vidéos...Je n'ai eu qu'une console dans ma vie, c'était une Super Nintendo, donc tu vois à quand ça remonte...Sinon je joue plus sur mon PC. J'adore les jeux d'aventure, du style Atlantis (c'est trop beau!), de stratégie (Desperados, la série des Age of...) et puis aussi Morrowind qui est un jeu magnifique...Grrr, comme mon PC a rendu l'âme, j'ai perdu toutes mes sauvegardes où j'étais super forte et où j'avais tué le grand méchant, flûte! Toi aussi, tu aimes le sport? LOL. Oui, le badmington, ça va. Le ping-pong et le volley, ça passe aussi. Mais je préfère de loin l'équitation...évidement, on en fait pas en cours, ça serait trop beau! On te fait faire du bénévolat? C'est vachement bien ça, nous on a pas ce genre de trucs...Ne te force pas à écrire plus long, fais comme tu le sens! Même si tu m'écris deux lignes, ça me fait plaisir! Bye!

Hathor Barton: contente que ça te plaise! Tu es en fac de quoi, si ce n'est pas indiscret? Lire ma trad de si bon matin et risquer d'être en retard, c'est plutôt flatteur . Et puis merci pour tes compliments rougit. Oui, Draco est dans une situation délicate...Marlowe est toujours là, et essaie de l'aider comme il peut. Moi aussi, je sens que c'est un Animagus et, à mon avis, ce n'est pas le seul...A bientôt!

Alana Chantelune: eh oui, assassinée...étranglée pour être précise...C'est super gai, hein? Draco est dans le pétrin...Pour Draco et Harry, je pense que tu n'as pas à t'inquiéter à leur sujet, le 'rapprochement' est imminent lol.

Shinia Marina: oui, l'auteur a publié le chapitre 10 le 9 juin, et depuis...le calme plat! J'espère qu'elle n'a pas abandonné sa fic, ce serait vraiment dommage! Mais il y a certains auteurs, notamment la fameuse Cassandra Claire, qui publient un chapitre tous les 3-4 mois, donc ça va...Mais c'est vrai qu'arrivée au chapitre 10, je vais devoir ralentir mon rythme de traduction, puisque je n'aurai plus de chapitre à traduire! Mais tu pourras toujours lire mon autre traduction en cours (ce que tu fais déjà, puisque tu me reviewes ) pour passer le temps! Affaire à suivre!

Céline.s: Bingo! Il y a effectivement pas mal de chances que Draco soit inculpé, vu qu'il a fait des galipettes avec Debbie la nuit même du meurtre! Et puis tu trouves peut-être que ça n'avance pas beaucoup, mais il faut dire que l'action est très rapprochée dans le temps: Draco n'est sur cette affaire que depuis à peu près une semaine, si tu regardes bien...Bon chapitre!

Agatha Brume: merci de m'avoir reviewé les deux chapitres! Que de questions! Oui, Marlowe n'arrêtait pas de sauter sur la télé pour essayer de prévenir Draco, mais ça n'a pas marché...Oui, Draco part en Angleterre dans ce chapitre. Pour les autres questions, je répondrai simplement par: 'c'est possible'...Bonne lecture!

Baby Dracky: coucou ma choupi! Un peu plus le moral? J'espère que ce chapitre va réussir à ramener une petite lueur dans tes yeux, car entre autres, il y a un rapprochement Harry/Draco! Oui, Tom est une crapule...une belle petite crapule, mais crapule quand même...lol. Ok, j'ai compris, je t'ai donc nommée au poste de supportrice officielle (et déclarée) de Marlowe, t'es contente? lol. C'est clair que Draco va probablement porter le chapeau...Perso, j'aime bien la fin de ce chapitre ;)). Gros bisous! PS: non, toujours pas de nouveau chapitre à l'horizon...aie, aie, aie...

Laelia: Love Under Will a été écrite par Aja, et se trouve à Quant à la fic H/D que je préfère, honnêtement, je ne peux pas te répondre. J'en ai lu tellement...J'ai beaucoup aimé Unthinkable Thoughts, Irresistible Poison était pas mal non plus, quoiqu'un peu lente à mon goût...Non, franchement, je ne pourrais pas te dire. J'aime les fics où Draco garde son caractère et où Harry n'est pas l'idiot qui rougit bêtement à tout bout de champ. J'aime quand ça reste explosif. Voilà, désolée de ma réponse qui n'en est pas une!


CHAPITRE NEUF

" Draco ! ". Je sentis Jennifer me conduire jusqu'au canapé et me faire asseoir. J'étais vaguement conscient que ses mains étaient chaudes, et qu'elle tremblait, mais j'avais les yeux rivés sur les images qui défilaient à la télévision. Des gens sortaient une housse mortuaire noire de son appartement. Je me demandai qui allait porter son cercueil. Des vrilles noires, froides s'enfoncèrent en moi.

Debbie. Je fermai les yeux et renversai ma tête sur le canapé, me remémorant ses caresses dans sa chambre fraîche bleu vif. Jennifer me parlait, mais je ne comprenais pas un mot de ce qu'elle disait. J'étais trop fatigué pour lui répondre.

Du temps passa, et je sentis quelqu'un s'asseoir sur le sofa à côté de moi.

" Draco ? ". J'ouvris les yeux. Potter était là, une main sur mon bras, ses yeux verts emplis d'inquiétude. Jennifer était derrière lui.

Je commençai à lui répondre, mais il fronça les sourcils et se leva en me tirant avec lui. " Viens "

Je le suivis docilement, toujours trop stupéfait pour réagir. Il dit quelque chose à Jennifer, qui hocha la tête et tint la porte ouverte tandis qu'il me faisait descendre les escaliers et monter dans sa voiture. J'entendis Potter chercher en tâtonnant ses clés pendant que je me tenais immobile dans la vive lumière du jour, clignant des yeux. Il devait être autour de midi, car le soleil ne renvoyait aucune ombre. Il me tint la porte ouverte et m'aida à monter, puis la referma et se dirigea du côté conducteur. Je le regardai et ma tête dut avoir posé silencieusement la question.

" Je t'emmène à la maison. Tu n'es pas en état de travailler aujourd'hui "

J'acquiesçai et fermai les yeux. Je m'enfonçai dans le siège. Le soleil me rappelait le jour où j'avais enterré ma mère. Ca avait été un jour ensoleillé, comme celui-ci, un de ces jours de Californie clairs et lumineux, sans ombre et sans pluie pour estomper mon chagrin aigu, tandis que je regardais son cercueil s'enfoncer dans la terre.

Des visages allaient et venaient dans mes souvenirs, jusqu'à ce que la voix de Potter ne m'arrête. J'ouvris les yeux.

Nous étions garés dans son garage. Il me dit encore quelque chose et sortit de la voiture, puis vint de mon côté. Je sortis également.

" C'est chez toi ". Malgré le fait que je sois dans le brouillard, mes facultés d'observation étaient toujours aussi aiguisées.

Il hocha la tête. " Tu ne dois pas rester seul pour le moment. Je vais te faire quelque chose à manger "

J'émis un son de consentement et le suivis jusque dans sa cuisine. Ginger vint vers moi en remuant de la queue. Potter me fit asseoir dans son 'antre', Ginger sur nos talons. Elle posa sa tête sur mes genoux et leva les yeux vers moi. Je me demandai si Debbie avait eu un chien un jour, et je commençai à demander à Potter ce qu'il en pensait, mais il était parti. Je baissai les yeux vers Ginger.

"Gentille fille" murmurai-je en la caressant. Au fond de moi, une vague d'émotion s'éleva lorsqu'elle me regarda en toute confiance, me rappelant quelqu'un, il y a longtemps, mais j'écrasai sans pitié cette pensée avec l'aisance d'une longue pratique. J'avais une affaire à résoudre et rester assis à m'apitoyer sur mon sort n'allait pas faire avancer le schmilblick. Je me levai, mais Potter revint dans la pièce en portant un plateau, et me rassit gentiment. Je tentai de résister mais c'était bien trop d'efforts. Plus rien ne faisait sens et j'étais trop fatigué pour essayer de déchiffrer tout ça.

&&&&&&&&&&

Je me réveillai dans une pièce inconnue. Pendant un moment, je paniquai, me souvenant du lit de Tom, mais je regardai autour de moi, et je me rendis compte que j'étais sur le lit de Potter. Quelqu'un m'avait couvert d'un édredon, et Ginger était roulée en boule à mes côtés. Quant à Potter, il n'était nulle part en vue et la pièce était plongée dans l'obscurité. Je clignai des yeux et regardai le réveil : 20:32. Je m'assis.

" Tu as bien dormi ? ". Je sursautai. La voix de Potter provenait de la même chaise dans laquelle je m'étais assis pour le regarder dormir, il y avait de cela des siècles.

" Je...ouais. Que...qu'est-ce que je fais ici ? "

" Je t'ai donné quelque chose pour t'aider à dormir. Tu étais en état de choc. Tu te sens mieux ? "

Je m'étirai, fis un inventaire mental de mes capacités et oui, ça avait l'air d'aller. " Oui, j'avoue. J'ai dormi combien de temps ? "

La voix de Potter était amusée. " Environ sept heures "

" Est-ce que...Depuis combien de temps es-tu assis là ? "

" Environ sept heures ". Mes yeux s'accoutumaient peu à peu à l'obscurité et je le voyais assis à présent. J'arrivais simplement à distinguer les traits de son visage. Il devait pouvoir voir les miens, aussi, car il se mit à rire. " Je viens d'arriver il y a quelques minutes pour jeter un coup d'œil sur toi. Je ne t'ai pas regardé dormir "

" Bien ". Je voulais avoir l'air soulagé, mais j'eus plutôt l'air revêche.

" Tu veux un verre ? "

Est-ce que les blondes se teignaient les racines en noir ? Evidemment que je voulais un verre. Et un bon. J'avais besoin d'un verre. Je poussai l'édredon de côté et me levai. Une petite partie de mon cerveau songea que ce serait vraiment bien si Potter me rejoignait sur le lit, mais je fis taire très vite cette petite voix et le suivis jusqu'au salon en bas. Il alla vers le bar, prépara deux verres et m'en tendit un. J'en descendis précipitamment la moitié, pendant que Potter m'observait en silence.

" Je vais préparer le dîner, si tu as faim "

" Le dîner ? Oh. Je...ouais. J'ai plutôt faim en vérité ". Je tentai de cacher ma surprise et repris le contrôle de la langue anglaise. Il hocha la tête et monta les escaliers en direction de la cuisine, vêtu d'un short et d'un t-shirt bleu. Ginger vint vers moi et enfouit son nez contre ma paume. Je regardai la piscine, dehors, et très vite, l'odeur du repas emplit la maison.

J'avais l'impression d'être chez moi.

Je pensai à Debbie, et me demandai quand serait son enterrement. Je réalisais que je ne savais vraiment rien sur elle, sur sa vie, ou quels avaient été ses rêves, ou si elle en avait réalisé quelques-uns. Je terminai mon verre.

Potter arriva derrière moi. " Le dîner est presque prêt. Tu vas bien ? ". J'acquiesçai, mais je voyais son reflet dans la glace, comme un spectre de ceux que j'avais aimés et perdus, et je pouvais voir qu'il n'était pas convaincu. Je me retournai.

" Qu'est-ce qu'il se passe quand on meurt, à ton avis ? "

Il n'était pas préparé à cette question, mais il essaya d'y répondre. " Je...je pense qu'on va dans un endroit meilleur. Je ne sais pas si c'est ou non le paradis, mais je pense que c'est un endroit bien. Meilleur que ce qu'on nous a donné sur terre ". Il fit une pause. "Enfin, je l'espère"

Oh mon Dieu. Il affrontait en ce moment même la perspective très réelle de sa propre mort et je n'y avais pas pensé en posant cette question. Ouais. Je suis un détective super malin. C'est juste que je ne sais rien de rien en ce qui concerne les problèmes de coeur. " Oh...Je suis navré. Je ne voulais pas...dire..."

Il sourit. "Ce n'est pas grave, Draco. Vraiment"

Mon ventre fit une drôle d'embardée quand il dit mon nom et alors, juste pour prouver que tout ceci était réel, je me retournai et tendis les bras vers lui. Il vint vers moi, très volontiers. Nous nous embrassâmes et quelque chose monta en moi, et c'était plus qu'un simple feu vert. Ses lèvres glissèrent le long de mon cou, et j'étais chez moi.

Il se recula, mais je gémis et tendis à nouveau les bras. Il hésita, me regarda dans les yeux et quoi qu'il y vit, cela dût répondre à sa question. Nous nous embrassâmes encore, chacun de nous explorant l'autre, et ses mains se glissèrent agilement sous ma chemise. J'eus le souffle coupé et j'enlevai son t-shirt, et il murmura quelque chose en me tirant vers les escaliers. Nous montâmes les marches en trébuchant, nous nous arrêtâmes dans le couloir le temps de retirer ma cravate, et nous nous embrassâmes encore en montant les autres escaliers, et nous tombâmes tous les deux sur son lit, les bouches toujours collées l'une à l'autre, et puis il descendit le long de mon corps, et sa bouche était sur moi et j'ai dû crier son nom. Il leva les yeux vers moi en souriant et oh oui, sa bouche était vraiment douée. Je me cambrai, et je remis mon univers entier entre ses mains alors que je frissonnais, j'haletais et criais son nom, encore et encore. Alors il se déplaça sur moi en m'embrassant, et nous nous perdîmes l'un dans l'autre, bougeant en rythme dans le calme de cette nuit estivale.

&&&&&&&&&&

"Harry"

Il changea de position contre moi. " Mm ? "

" Je crois que tu as fait cramer le dîner "

Il se mit à rire, et ce son me rassura. Les ombres qui m'entouraient s'estompèrent. " Ca devrait aller. J'ai tout mis sur feu doux "

Je le regardai ; il était allongé derrière moi. " Sur feu doux ? Comme si tu savais que le repas allait rester sans surveillance pendant un moment ? "

" Le détective est toujours là, hein ? "

" C'est ce pour quoi tu me paies. Le sexe est en bonus "

Il s'assit et me donna un baiser rapide. D'après la lumière de sa terrasse extérieure qui filtrait à travers sa fenêtre, je voyais qu'il souriait. "Oui. Mais tu devrais savoir que je t'ai attiré ici, drogué et que j'ai assouvi mes bas instincts sur toi"

"Tu t'es servi de moi dans mon moment de faiblesse"

Il baissa les yeux. "Je suis un mauvais, très mauvais garçon"

"Je vais peut-être devoir te punir"

"Après dîner, d'accord? Laisse-moi reprendre des forces. Ah, au fait. Tiens". Il me mit une enveloppe dans les mains. J'allumai la lumière, et nous tressaillîmes tous les deux. Mes yeux finirent par s'adapter et je sortis le contenu de l'enveloppe. Il y avait un billet d'avion, et ce qui ressemblait à un reçu de confirmation de réservation d'un hôtel. Je jetai un coup d'œil au ticket. Los Angeles-Londres...

"Première classe?"

Il haussa les épaules. "C'est un long vol. Autant être à l'aise. J'ai entendu dire qu'on pouvait se faire masser"

Je regardai l'autre bout de papier. "L'Hôtel Beaufort?"

"C'est un petit hôtel, près de Westminster, mais je pense que tu l'aimeras. Très élégant"

Je me mis à protester mais il m'arrêta d'un baiser. "J'ai les moyens. Laisse-moi simplement faire ça pour toi, d'accord?"

Bon, le gars marquait un point. Qui étais-je pour discuter? Mon dernier souvenir d'Angleterre était d'être assis dans un taxi, à regarder la ville disparaître au loin tandis que ma mère agrippait mon bras, le visage ferme et résolu. Je n'avais aucune idée de ce qu'elle fuyait. Mais on fuit tous quelque chose. J'ai appris ça il y a longtemps.

"Va falloir que je me trouve quelque chose à lire pour le vol. T'as du porno?"

Il rit, mais son visage redevint sérieux. D'un doigt léger, il traça le contour des marques sur mon cou. "Vas-tu me dire qui a fait ça?". Obstiné. Maintenant que je connais son passé, je vois que c'est son obstination qui l'a gardé en vie à travers tous ces événements qui auraient dû sans aucun doute le tuer. Je croyais avoir vu les ténèbres, mais Harry, lui aussi, avait eu sa part. Il avait gagné chacun de ses cheveux gris.

Je lui caressai distraitement les cheveux. "Je...je préfère vraiment ne rien dire. Ce n'est pas quelque chose dont je suis très fier. Appelle ça une énorme erreur". Une de plus à ajouter à une très longue liste.

"D'accord" fit-il doucement. "Tu as faim?"

Oui, j'avais vraiment faim. Il sourit et sortit du lit, puis enfila un boxer vert. Il me donna un baiser rapide, mais il avait l'esprit ailleurs. Je me levai à contrecoeur et mis mon pantalon, puis allai faire un tour dehors sur la terrasse. Au-delà de la terrasse, le brouillard recouvrait la vallée. Les rues minables et la vie que je connaissais étaient enveloppées dans l'obscurité du cœur d'un tueur à gages. Je restai là, crispé, n'aimant pas cette sensation, puis je finis par rentrer à l'intérieur. Harry était dans la cuisine.

"Quel est le menu?"

Il se retourna. "J'ai fait chauffer des lasagnes. Le pain et la salade sont sur la table. Qu'est-ce que tu veux boire?"

Je me dis que mes trois bourbons habituels par dîner le feraient froncer les sourcils. "De l'eau ira très bien"

"Ok". Il désigna un meuble. "Les verres sont là-dedans"

Je frissonnai. Quelque chose avait changé entre nous. J'étais marqué par Tom en personne, et maintenant sa présence était omniprésente dans la pièce. La familiarité aisée avait disparu et la maison me parût à nouveau étrangère. Je m'accrochais au souvenir des bras de Harry, mais il s'évanouissait, remplacé par les yeux bleus amusés de Tom. J'étais à nouveau seul avec les ombres.

Nous mangeâmes plus ou moins en silence. Le dîner était très bon, et nous fîmes des efforts sans conviction pour parler un peu. Je fixais principalement mon assiette du regard, en colère contre moi-même pour une raison que je n'arrivais pas trop à cerner. Je mourrais d'envie d'un bourbon. Le silence entre nous devenait de plus en plus pesant, et je finis par avoir l'impression d'être la proie de ma propre stratégie. Je me jetai à l'eau, prêt à tout pour combler la distance grandissante entre nous.

Je lui dis directement. Pas la peine de tourner autour du pot. "C'était Tom"

Il leva la tête. "Tom?". Son visage était sans expression. Il savait tout à fait de quoi je parlais. Tom lui avait fait la même chose. Je me mis en mode détective.

"Je me suis réveillé dans son lit, avec un trou de mémoire de douze heures. La dernière chose dont je me souviens, c'est d'être allé au Callahan et de réfléchir à l'affaire. Je me suis réveillé à ses côtés le matin d'après. Je ne sais pas ce qu'on a fait, bien que j'en ai une sacrément bonne idée, et j'ai beau essayer, je n'arrive pas à me rappeler un seul truc. Mais ce n'est pas dû à l'alcool. Je n'avais pas la gueule de bois"

Yeux Verts me regardait, colère et tristesse flamboyant dans ses yeux, mais je compris que ce n'était pas dirigé contre moi. "Il n'est pas ce qu'il semble être. Je...reconnais son œuvre. Je suis navré que ça te soit arrivé". Il jeta un coup d'œil au bleu que j'avais sur l'avant-bras gauche et ses yeux vacillèrent.

Je me souvins de quelque chose que Debbie m'avait dit la nuit précédente, et penser à Debbie m'envoya une pique brûlante et acérée de douleur. "Que sais-tu à propos de ses origines?"

"Eh bien, apparemment...". Harry se tut alors et son regard devint vague tandis qu'il passait au crible ses souvenirs. "Je crois qu'il est orphelin"

C'était quelque chose. S'il avait été élevé dans un orphelinat, alors il y aurait sûrement un dossier sur lui.

"Autre chose?" demandai-je. Harry réfléchit encore, puis frappa violemment la table du plat de la main. Le bruit était sec, comme un coup de feu, et Ginger et moi sursautâmes.

"Ce n'est pas...c'est pas...quand j'essaie de me rappeler...". Il se leva et fit les cent pas en se passant la main dans les cheveux.

"Hé, t'énerve pas, Harry". Je me levai et posai une main sur son épaule, mais il se dégagea d'un mouvement brusque et descendit dans le salon. Je le regardai, sans savoir quoi faire. Par habitude, je scrutai la pièce du regard à la recherche de quelque chose qui pourrait me servir d'arme. Juste au cas où. Il revint avec un vase bleu.

"J'ai acheté ce vase en Asie du Sud Est. On appelle la couleur 'céladon'. Tu sais comment ils font des vases de cette couleur?"

Je secouai la tête, prudent. Les cours sur l'art n'avaient pas vraiment de rapport avec la situation présente, mais je n'allais pas souligner ça.

"Ils utilisent de fines couches d'un très grand nombre de couleurs. Maintes et maintes fois. Des couleurs sur des couleurs et, si on regarde le vase, tu vois, on aperçoit des traces de toutes les couleurs utilisées. Cette méthode lui donne une richesse et une profondeur qui n'existeraient pas s'ils le peignaient simplement en une seule couleur"

"D'accord" fis-je d'une voix neutre. Son raisonnement allait quelque part, mais je n'arrivais absolument pas à découvrir où.

"C'est...c'est comme ça que sont mes souvenirs. J'ai une mémoire, et en surface ça paraît simple, mais dessous, tu vois, j'ai l'impression qu'il y a beaucoup plus. Je n'arrive tout simplement pas...je ne sais pas, à y accéder. Je ne peux pas m'approcher d'eux!". Sa voix enflait, jusqu'à ce qu'il crie presque.

Je décidai de ne pas lui demander s'il avait discuté de ça avec son psy. Je notai mentalement de jeter un coup d'œil à son armoire à pharmacie. Les drogues psychotropes ne sont pas toujours les amies de tout le monde.

"Mes souvenirs...ils ont l'air...je ne sais pas. Pas d'aplomb. Pas réels. Pas à moi, pas réels, pas une part de moi". Il eut un rire amer et cita: "'Je rêve de choses qui n'ont jamais existé, et je dis 'pourquoi?''". Il se passa à nouveau une main tremblante dans les cheveux et s'assit en frottant la cicatrice sur son front.

J'étais silencieux, je l'observais. Je ne savais pas ce qui le ferait craquer complètement, et je n'avais pas vraiment envie de le découvrir. J'en avais terminé avec le numéro du client dingue, et j'avais une politique stricte de non-intervention avec les cinglés. Mais Harry était différent, quelque part. Je ne savais pas comment l'aider, mais j'en avais envie. Je voulais effacer l'abattement qui marquait son visage. A ce moment-là, il avait l'air plus seul que tous ceux que j'avais vus. Je me demandai qui avait brisé son cœur.

"Draco. Souviens-toi de quelque chose. N'importe quoi. D'il y a longtemps". Il me regarda, dans l'expectative, et je songeai au jour où Molly et moi avions ramené Jessica, qui venait de sortir de l'hôpital, à la maison, la touchant avec autant de précaution que si elle était un vase Ming. "Ca a l'air vrai, hein? C'est à toi. Personne ne peut t'enlever ce souvenir, non?"

J'acquiesçai. J'avais envie d'améliorer les choses pour Harry, mais je ne savais pas comment. Je ne l'avais jamais su.

"Tu vois, en ce qui me concerne...mes souvenirs n'ont pas l'air réels. Je ne sais pas pourquoi, et je rêve de personnes que je n'ai jamais vues. Des noms que je ne connais pas"

Je me souvins de sa litanie de noms, la nuit où je l'avais ramené du Callahan à chez lui. "Ron"

Ses yeux étaient très, très méfiants lorsqu'il me regarda et quelque chose en eux me brisa le cœur. Il était, juste à cet instant-là, un petit garçon effrayé. Je me souvins d'une photo que j'avais vue un jour, celle d'un garçon prise juste après qu'on lui avait annoncé l'assassinat de sa mère. Les yeux de Harry étaient comme ceux de ce garçon-là: jeunes et pourtant vieux tout à coup par le fait de savoir que la vie venait d'être beaucoup plus dure, obscurcis par quelque chose qui n'était pas vraiment du chagrin.

"Tu l'as dit la nuit où tu étais ivre et que je t'ai ramené chez toi. Tu n'arrêtais pas de réciter des noms, encore et encore, et celui-ci était l'un d'entre eux"

Il répéta le prénom. "Ron...". Je le regardai, mais il finit par lever la tête vers moi, vaincu, comme un récidiviste qui perd totalement la boule à Santa Anita. Je ne sais pas ce qu'il lut sur mon visage, mais il se mit sur la défensive. "Je ne suis pas fou"

"Je n'ai pas dit que tu l'étais. Non pas que je sois celui qualifié pour le déterminer, d'ailleurs"

"C'est juste que tout est...embrouillé...et je sais que Tom a quelque chose à voir dans tout ça". Il fit une pause et but une gorgée d'eau. "A quoi tu rêves?"

Je le regardai et mentis.

Il hocha la tête. "Tu ne me trouves pas fou? Tu as vu ce vase exploser dans mon bureau. Je n'ai pas imaginé ça"

"Non". Tout comme je n'imaginais pas que la même chose m'arrivait, bien que je ne lui dis pas ça. Il leva la tête vers moi, et la récrimination amère que je vis dans ses yeux me stupéfia un instant. Je n'avais jamais vu de regard plus expressif, et ce n'est que plus tard que je réalisai que je me voyais moi-même en lui. Il combattait ses propres fantômes, et je ne supportais pas de le voir sombrer. Je ne pouvais pas me sauver, mais peut-être que je pouvais le sauver, lui. Et peut-être que ce serait suffisamment bien.

Je l'attirai à moi et l'embrassai. Il soupira, et me rendit mon baiser, et je l'approfondis. Il ronronna et puis tout à coup, nous nous retrouvâmes à nouveau sur son lit, et cette fois, nous nous servîmes de nos mains et de nos bouches pour chercher les endroits qui feraient gémir l'autre. C'était lent, tout en doux soupirs et en assentiments murmurés, là, dans le sanctuaire de sa maison. Et lorsqu'il se mit sur moi, m'embrassant et s'enfonçant à nouveau en moi, cette fois-ci je gardai les yeux ouverts.

&&&&&&&&&&

J'étais d'humeur songeuse en entrant dans l'agence le jour suivant. Harry m'avait ramené chez moi afin que je puisse me changer. Je lui avais fait visiter mon palace, et l'avais présenté à Marlowe, qui lui avait jeté un seul coup d'œil puis avait bondi sur ses genoux, en ronronnant furieusement, et était parti dans de grands 'bavardages'. On aurait pu penser que Harry était un très riche parent à qui il restait six mois à vivre. Je ne l'avais jamais vu se comporter de la sorte et je l'avais dis à Harry. D'habitude, il était très distant avec les étrangers, comme une call-girl qui sait très bien que ses prix sont trop élevés pour vous. J'avais pris une douche rapide, m'étais rasé et habillé, tout en pensant à la nuit précédente et au fait de m'être réveillé dans le lit de Harry. La plupart du temps, j'ai hâte de voir le bout d'une affaire et des malheurs qui lui sont associés, mais c'était un cas que je ne voulais pas voir terminé. Je me rappelai qu'il était très peu probable que je revoie Harry un jour, et j'eus un petit pincement au cœur en repensant à sa maison et à ce que ça faisait de faire partie d'une maison, même si c'était pour peu de temps.

J'avais nourri Marlowe avant de partir, puis l'avais caressé pendant qu'il mangeait. "Je dois aller à Londres, vieux. Tu vas rester avec Jennifer. Tu te plairas là-bas. Tu pourras te défoncer à l'herbe aux chats tant que tu veux". Je ne sais pas d'où elle tenait ça, mais Jennifer gardait Marlowe bien approvisionné en bons trucs. C'était un accro à l'herbe aux chats.

Il avait levé la tête vers moi comme s'il m'avait compris et s'était enroulé autour de mes jambes. Je l'avais pris dans mes bras, et avais enfoui la tête dans sa douce fourrure. Il avait ronronné et Harry avait observé la scène en silence. "Il faut que j'aille au travail. Sois sage" avais-je dit en fermant la porte à clé derrière moi.

Harry et moi avions gardé le silence lors du trajet jusqu'à l'agence, mais ce n'avait pas été un silence gêné. L'atmosphère de la voiture avait semblé alourdi par le poids combiné de nos pensées. Il n'avait pas allumé la radio, sur ma demande. Je n'avais pas besoin d'écouter les infos. La mort de Debbie était devenue la flamme vers laquelle je retournais, encore et encore, flirtant avec sa chaleur tel un papillon de nuit qui se dirigeait vers la lumière, tout en sachant que ce serait peut-être sa ruine.

Je me demandai si Harry serait ma ruine.

L'agence était silencieuse lorsque j'entrai. Jennifer n'était pas encore arrivée, semblait-il, alors je m'assis derrière mon bureau.

Une enveloppe blanche était posée au milieu de mon bureau. Avec quelque appréhension, je la retournai. Là encore, juste un tampon de cire rouge en guise de cachet, et aucun insigne. Je sortis la carte qui était à l'intérieur.

Godric's Hollow

Je sus instinctivement que c'était un lieu situé au Royaume-Uni. J'allumai mon ordinateur et Jennifer entra. Elle posa les mains sur mes épaules.

"Comment vas-tu?"

J'appuyai la tête contre elle. "Beaucoup mieux. Harry m'a glissé quelque chose et j'ai dormi la plus grande partie de la journée". Harry m'avait effectivement glissé quelque chose, et plus d'une fois, mais je me dis que ceci figurait dans la catégorie 'Trop de détails'

Sa voix était douce, une émotion colorant ses mots. "Je l'ai appelé. Je pensais qu'il pourrait peut-être aider"

"Je...merci de t'occuper de moi"

Elle hésita, comme toujours avant de me dire quelque chose qu'elle sait que je ne vais pas aimer. Je rassemblai mes forces. "La police est passée hier après-midi. Ils voulaient te parler à propos de Debbie"

Je levai les yeux vers elle et ça fit tilt.

J'étais le dernier, à part son agresseur, à avoir vu Debbie en vie.

Mon ADN était dans son corps.

J'étais couvert de morsures et de bleus, ce qui pouvait avoir été infligé par quelqu'un essayant de se défendre pour sa vie.

Tom. J'avais l'impression qu'il était derrière tout ça. Si je ne quittais pas la ville rapidement, je ne la quitterais jamais. Il ne pouvait pas avoir su que j'irais voir Debbie, mais il était tout à fait capable de saisir l'occasion pour me faire porter le chapeau du meurtre.

Comme il l'avait fait pour Harry.

Jennifer baissa les yeux vers moi. "Tu pars en Angleterre?"

J'acquiesçai en silence. "Demain"

"Pourquoi ne resterais-tu pas avec moi ce soir?". Elle me faisait comprendre implicitement que si les flics ne surveillaient pas déjà ma maison, c'était une question de temps. J'étais un suspect. Ce n'était pas marqué sur ma figure, mais c'était tout comme.

Ca ne sentait pas bon. Un vague malaise s'installa en moi et j'attrapai la bouteille. "Je...oui. Hum. Merci"

"J'irai chercher Marlowe et rassembler quelques affaires pour toi. Pourquoi ne prendrais-tu pas ta journée?"

"Jennifer...je n'ai pas...tu sais que je..."

Elle sourit et me caressa la joue, mais ses yeux étaient tristes. "Je sais"

"Je...". Je savais ce que ressentait Harry à présent. Coincé, sans défense, regardant le jury entrer d'un pas traînant et sachant que tous les appels allaient être refusés.

Je me levai, l'attirai à moi, et elle passa ses bras autour de moi. Je posai mon menton sur sa tête et nous restâmes là, dans une compréhension muette, pendant un long moment.

&&&&&&&&&&

Je regardai par la fenêtre de l'avion. Malgré quelques verres, je n'arrivais pas à me détendre. Les agents de bord étaient chaleureux et je n'avais qu'à demander ce dont j'avais besoin, mais tout ce luxe me laissait froid. Pourtant, je les mis à profit par une séance de massage, et essayai de regarder à l'intérieur du chemisier de l'hôtesse de l'air qui se penchait sur moi. La rock star qui était de l'autre côté du couloir somnolait, bouche ouverte. J'avais abandonné le livre que j'étais en train de lire, et mon reflet dans la vitre était aussi las que je l'étais. Je pensais à Tom, à Jennifer, à Gary, et aux yeux verts endormis de Harry qui me souriaient tandis qu'il me réveillait avec ses mains agiles. Je l'avais vu la veille, lui avait dit au revoir en l'embrassant doucement, tous les deux tout à fait conscients de l'épée de Damoclès qui pendait au-dessus de nos têtes. Je sentais que j'étais au bord du gouffre, et l'obscurité à l'extérieur de l'avion s'ajoutait à l'impression d'une force qui se rassemblait et sur laquelle je n'avais aucun contrôle. Je n'aimais pas ne rien contrôler. J'aimais bien connaître les réponses. C'est la raison pour laquelle je suis devenu détective, et une partie de la raison pour laquelle j'ai continué ce métier.

Je changeai de position, et j'entendis un bout de papier se froisser dans ma veste. Jennifer me l'avait glissé dans la main en me disant au revoir, et je l'avais mis là avec la carte qu'on m'avait laissée sur mon bureau. Grodric's Hollow. Je sortis le papier et le lus.

C'était un article de journal, datant du 2 novembre 1981, tiré du Times de Londres. Il semblait que la nuit du 31 octobre, les habitants d'un petit village signalèrent une explosion, des grondements et un feu vert mystérieux. L'article expliquait qu'un entrepôt servant à stocker des feux d'artifice avait pris feu et explosé la nuit d'Halloween. Je relus la coupure de journal.

Je me demandai si le village était près de Godric's Hollow.

Je me demandai ce que Yeux Verts était en train de faire.

Je me demandai si je lui manquais.

&&&&&&&&&&

L'hôtel était petit mais luxueux. Tout brillait de mille feux, et un personnel prévenant tournait autour de moi, soucieux de prévenir mes moindres désirs. Je fus présenté au directeur, et décidai que je pourrais m'habituer à ce style de vie. J'allai dans ma chambre, où mes valises avaient été déballées, et mangeai le casse-croûte qu'on avait laissé pour moi. Songeur, je regardai par la fenêtre, embrassant la ville du regard. J'étais chez moi à Londres, et je me rendis compte de combien elle m'avait manqué, bien que je ne me souvienne pas du tout du Royaume-Uni. La demeure dans laquelle j'avais grandi ressemblait bien plus à un domaine, avec des terres immenses, une écurie, des serviteurs-

Je penchai la tête. Quelque chose à propos de nos serviteurs. Ils étaient différents, d'une certaine manière. Cette pensée s'échappa de mon étreinte, un souvenir éclair. Ce n'était pas un souvenir révisionniste; je savais au moins cela.

Je secouai la tête et m'affalai sur le lit. Je n'avais pas dormi la nuit précédant mon départ, et je n'avais pas dormi dans l'avion.

Un coup à la porte me réveilla. Je jetai un coup d'œil à l'horloge et estimai que j'avais dormi environ six heures. Je me levai, un peu dans le brouillard, alors que l'aurore faisait son apparition dehors. Bien trop tôt pour le petit déjeuner. On frappa à nouveau.

"J'arrive, j'arrive". Je m'étirai et me dirigeai en trébuchant vers la porte. Je regardai par l'œil de bœuf et me figeai un instant. Non. Ce n'était pas possible. Ca ne devrait pas l'être. Quelque chose déferla en moi.

Si.

Mes mains tremblaient lorsque j'ouvris la porte, et j'essayai de retenir mon sourire. J'affichai mon air de détective et haussai un sourcil.

"S'il te plaît, dis-moi que tu t'es servi d'un faux passeport"

TBC...