Merci à AnthaRosa pour son travail de correction.

Chapitre 4 : Pierres et Maisons de verre

Harry était heureux.

Il riait un peu plus maintenant et avait repris ses habituelles joutes verbales avec Malfoy. Il désirait encore, la plupart du temps, frapper le petit con, mais il ne le faisait pas et c'était le plus important. S'il avait eu d'autres détentions, il était certain que même Dumbledore n'aurait pas pu empêcher le Ministère de le renvoyer de Poudlard.

C'était une bonne chose qu'il se sente aussi bien à la veille du premier match de Quidditch de l'année et Harry l'attendait avec impatience. Il ne s'était pas senti aussi bien depuis longtemps. L'entraînement était devenu presque ennuyeux dans son fragile état mental, mais il avait participé à chaque exercice et maintenant, ses efforts allaient être récompensés.

Ca lui changerait les idées.

Au réveil, il pouvait être heureux, mais les nuits étaient de plus en plus rongées par les visions et les rêves liés à Voldemort. Il lui arrivait de s'assoupir quatre à cinq fois par nuit et d'être réveillé par la même douleur brûlante à sa cicatrice. Parfois, il dormait à peine et parfois il ne désirait rien d'autre que dormir.

Et bien, au moins Dumbledore est bien informé, c'est une pensée qui l'aidait quand il avait l'impression que son front allait se consumer sous la douleur.

Severus était lui-aussi informé.

Il n'avait été aux cachots que trois ou quatre fois depuis. La plupart du temps, il gérait la douleur par lui-même et espérait que Dumbledore transmettait toujours ses messages au maître des potions. Quand il allait voir Severus, cependant, leur discussion qui portait sur sa cicatrice ou sur lui-même était toujours plus étendue que ce qu'il avait dit à Dumbledore.

Il ne voulait pas aller voir Severus trop souvent parce qu'il ne voulait pas être un fardeau.


Severus était inquiet.

Il n'avait aucune raison apparente puisque l'objet de ses inquiétudes se tenait à quelques mètres de lui et préparait une potion polygone et que sa santé mentale avait l'air bien meilleur ces dernières semaines. Mais Severus savait que les apparences sont souvent trompeuses. Harry n'était venu le voir que quelques fois et il avait l'impression que le jeune homme se contenait.

Et ça l'inquiétait un peu. Cela et le fait que Harry semblait si heureux ces derniers jours.

Il était certes soulagé qu'Harry ait arrêté de se couper, mas le changement était trop soudain. On ne pouvait pas se remettre en une nuit et bien que c'était il y a trois semaines, il était inquiet qu'un tel changement ce soit produit sans aide extérieure.

Severus savait qu'il n'était pas assez doué pour avoir pu guérir le garçon aussi rapidement.

Il s'avança résolument vers Harry et ses deux amis. Quand il se fut suffisamment approché, il dit aussi doucement que possible, « Venez me voir après le cours. »

Bien entendu, comme la classe était silencieuse, que chacun était concentré sur sa potion, tous entendirent et tous se tournèrent vers Harry. Ce dernier les ignora et continua sa potion sans même répondre à son professeur.

« Qu'est-ce que cela ? As-tu fait quelque chose de mal ? » Lui demanda Hermione dans un murmure, en se penchant vers lui.

Harry secoua la tête. « Je ne sais pas. Je pense que je le découvrirai à la fin du cours. »

« Il se demande probablement pourquoi tu n'as pas eu de détentions et veut essayer de trouver une raison pour t'en donner une. »

« Ne sois pas bête, Ron. Je ne pense pas que ce soit cela. Tout ne se rapporte pas aux détentions et à la méchanceté, tu sais. » Le réprimanda Hermione immédiatement.

Elle se pencha vers lui lentement pour que ses lèvres soient dans l'alignement de sa gorge. Elle prit ensuite la jarre de poussière de fée, puis se releva rapidement et la lui tendit. « Ajoute une pincée de ceci à ta potion. Je suis sûre que tu as oublié et si tu ne l'as pas mis, ta potion va disparaître dans les prochaines minutes. Mais fais attention, tu sais à quel point la poussière de fée est rare. »

Ron boudait. Il avait les yeux noirs. « Harry ne l'a pas ajouté non plus, alors pourquoi ne le préviens-tu pas lui-aussi que sa potion risque de disparaître ? »

Sans un mot, elle leva les yeux au ciel et ajouta une pincée de l'ingrédient dans la potion de Harry en espérant que le professeur Snape ne l'ait pas vu.

« Voilà. Content maintenant ? »

Ron ajouta silencieusement une pincée de poussière dans sa propre potion puis reprit son travail. A côté de lui, Hermione le regarda avec des yeux tristes mais puisqu'il les ignorait tous les deux, il ne vit pas son expression.

Harry secoua simplement la tête.


Quand tous les élèves furent sortis, Severus ferma la porte et jeta un sort d'insonorisation. Harry, qui rangeait ses affaires et mettait sa potion en bouteille termina au moment où Severus se tournait vers lui. Harry se dirigea vers le bureau où se trouvait son professeur.

« Laissez-moi voir vos bras. »

Harry s'empêcha de sourire, mais tendit les deux bras. Severus releva les manches et inspecta la légère musculature de ces bras légèrement bronzés. S'il l'on ne prenait pas en compte les anciennes cicatrices, rien n'était digne d'intérêt.

« Devrais-je regarder ailleurs ? » Lui demanda-t-il, mais Harry haussa simplement un sourcil.

« C'est de l'histoire ancienne, Severus, » Harry le taquina gentiment. « Vous auriez dû essayer un charme de dissimulation, juste au cas où. On ne sait jamais, j'aurais pu utiliser un sort. »

Severus plissa les yeux et fit ce qui lui était suggéré, mais il n'y avait pas de plaies récentes sur la peau de Harry.

« Avons-nous terminé ? »

« Non, » Répondit Severus. « Qu'est-ce qui vous arrive ? »

Harry soupira et tira une chaise. Severus s'appuya contre la table et attendit.

« Rien de mal. Vous le savez, » Lui répondit-il finalement. « J'ai pensé que nous avions déjà établi que j'aimais bien…hum, vous savez, vous parler, vous raconter ce qui me met en colère. »

Severus croisa les bras sur sa poitrine et regarda Harry avec attention. « Vous n'êtes pas venu me voir depuis presque une semaine. Je sais de source sûre que la douleur à votre cicatrice a été persistance ces nuits dernières. Sans parler de votre match de Quidditch que vous jouez aujourd'hui contre Poufsouffle et que tout le monde s'attend à ce que vous gagniez. De plus d'après ce que j'ai vu, M. Weasley et Miss Granger ont l'air d'être bien trop préoccupés par leur propre problème pour vous être d'une grande utilité. Allez-vous me dire que vous n'avez pas eu à gérer cela en trois semaines ? »

Harry baissa les yeux et tripota l'ongle de son pouce.

« Eh bien, c'est une manière de tout remettre sur le tapis, » Dit-il d'une voix douce. « Essayez-vous de m'aider ou de m'enfoncer ? »

« Harry… » Commença Severus d'une voix douce. Harry se mordit la joue pour s'empêcher de sourire. Severus n'avait encore jamais utilisé son prénom avant, préférant ne pas l'appeler du tout. Il devait admettre qu'il ressentait des pointes de joie au creux de l'estomac, en une occasion aussi rare.

« Très bien, » L'interrompit-il. Il était incapable de cacher son sourire plus longtemps. Il regarda son professeur pour voir l'expression, qui, il en était sûr était réservé à lui-seul et ressentit, comment toujours cet an-ci, le besoin de divulguer tous ses secrets à cet homme.

« Très bien quoi ? »

« Très bien, » Reprit Harry. « Il y en a eu une, il y a trois jours. Elle était toute petite, je le jure ! Elle est sur ma cheville et elle est probablement guérie maintenant. Je n'ai utilisé que ma plume et elle a à peine saignée. »

Bien entendu, après avoir fait cette confession, Severus voulut la voir pour décider par lui-même. Il enleva donc sa chaussure et sa chaussette puis attendit que Severus enlève le charme de dissimulation. Ce n'était qu'une petite ligne, une croûte rouge, en voie de guérison. Severus le regarda simplement avec désapprobation et retourna sur sa table.

« Je me fiche de savoir si elles sont petites et superficielles, je veux le savoir, » Lui dit Severus et Harry acquiesça à nouveau.

« Vous riez beaucoup plus et vos notes sont bien meilleures ces dernières semaines, alors je suppose que c'est une bonne chose, » Admit Severus plus pour lui-même que pour Harry. « Mais êtes-vous sûr d'aller bien, ce n'est pas une sorte de stratagème ? »

Cette fois Harry rit brièvement et Severus remarqua rapidement qu'il avait bien meilleure mine quand ses yeux brillaient d'amusement.

« Je vais bien Severus, je vais bien ! » Proclama Harry tout en souriant.

« Très bien, vous pouvez partir, alors, » Lui dit Severus en soupirant légèrement. Il enleva ensuite rapidement le charme d'insonorisation.

Il rassembla ses affaires, se dirigea vers la porte, se retourna vers son professeur qui était maintenant assis à son bureau et sourit tristement.

Bien entendu, il n'y avait rien dans les yeux d'un noir profond de son professeur : ils étaient inexpressifs. Severus était parti et le professeur Snape était de retour.

« Harry ! Oh, c'était si long, nous avons essayé, mais nous n'avons rien pu entendre. A-t-il jeté un charme d'insonorisation ? De quoi discutiez-vous de toute façon ? Il n'a pas essayé de -»

Hermione et Ron l'accostèrent dès qu'il sortit et Hermione, contrairement à son habitude lui posa mille questions en une minute.

Souriant, il lui mentit du mieux qu'il put et prit la résolution d'aller voir Severus plus tard dans la nuit.


« Harry ? Et attends une seconde. »

Harry avait mis sa tenue de Quidditch. Le match allait commencer dans quinze minutes. Il avait décidé de faire une pause loin du vestiaire, il voulait être capable de réfléchir loin du babillage anxieux de ses coéquipiers.

Il fut un peu surpris de voir Hermione courir vers lui. Il s'était un peu éloigné du terrain de Quidditch et regardait les gradins se remplir d'élèves.

Dès qu'elle fut suffisamment près, elle courut dans ses bras, et lui donna une forte étreinte.

« J'avais presque peur que tu ne puisses pas jouer aujourd'hui, » Lui dit-elle, en le tenant toujours serré dans ses bras. « Tu n'en as pas parlé de la journée et même si tu souris de plus en plus ces dernières semaines, j'étais inquiète que tu n'ailles pas bien et veuilles abandonner le Quidditch. Tu es vraiment très bon à ce jeu, tu sais. »

Harry se libéra lentement de l'étreinte étouffante et la regarda avec un sourire. « Que t'arrive-t-il, Mione ? »

Hermione rougit. « Je sais que Ron ne l'a probablement pas remarqué, mais moi si. Je sais que tu dois encore te sentir très triste de la morte de Sniffle, tu ne manges plus, ne parles plus, et ne sourit plus beaucoup depuis que tu es revenu à Poudlard. Je sais que tu le caches, j'étais un peu inquiète pour toi. Tu n'as pas besoin de mentir. Tu n'es même pas obligé de me dire ce qui ne va pas, mais tu as l'air d'aller un peu mieux et d'être plus heureux. Je suis sûre que tu sais depuis le temps, que je sais plutôt bien garder les secrets. »

Harry l'attira et l'embrassa à son tour. Elle lui rendit son étreinte.

« Merci. » Il rit, la libéra et lui sourit d'un air taquin. « Je suis surpris que tu aies remarqué autant de choses. Je pensais que tu dépensais toute ton énergie à faire des signes à Ron pour qu'il te remarque. »

Hermione rougit davantage encore. « Ce n'est pas aussi évident, si ? Stupide con. Je commence à penser que je n'agis pas de la bonne façon. Peut-être que s'il va se coucher un soir et qu'il me trouve dans son lit, il comprendra. Que Merlin l'interdise, mais au point où j'en suis, je serais peut-être obligé d'en arriver là. »

« Hermione ! » Harry râla tout en riant. « C'est une image dont je n'ai pas vraiment besoin. Et je n'ai pas non plus besoin d'entendre des mots aussi crus dans une bouche telle que la tienne. Râler et pester contre lui a toujours été la mauvaise méthode et j'aurais pu te le dire pour t'éviter tous ces ennuis.

Hermione rit et Harry lui sourit.

« S'il te plait, ne viens pas dans notre chambre pour faire le truc du lit. Je mourrais probablement sous le choc longtemps avant qu'il ne se rende compte de ce qu'il se passe. »

Elle rit à nouveau. « Je te préviendrai toi et les autres si j'en viens là. »

Elle prit à nouveau Harry dans ses bras. « Tu devrais y aller. Le match va bientôt commencer. Ils me dépèceront vivante si je garde l'attrapeur Gryffondor plus longtemps. »

« Très bien, je suis parti. » Il l'embrassa sur la joue et la regarda partir en courant vers les gradins puis retourna vers le vestiaire en passant par le tunnel qui mène au terrain avec ses coéquipiers.

Alors que Seamus appelait le nom de ses coéquipiers, Harry écouta la clameur changer.

« Allez ! Allez Gryffondor ! »

Puis avec un rire qui traversa tout son corps, il enfourcha son balai et s'envola dans le ciel de la fin d'après-midi.


Comme d'habitude la Grande Salle était très bruyante quand Hermione, Ron et Harry entrèrent pour dîner. Elle l'était d'autant plus que les Gryffondor se réjouissait qu'Harry ait attrapé le vif d'or. Gryffondor a gagné, deux cent cinquante contre soixante dix. Même certains élèves de Poufsouffle s'amusaient alors qu'ils avaient perdu. Le match avait été très bon et pour les premières années, le match était aussi bien, voir mieux que ce qu'on leur avait dit.

Harry ne pouvait s'empêcher de sourire.

Il s'était senti si vivant dans les airs qu'il avait dû mal à croire qu'il avait perdu tout intérêt dans un sport aussi exaltant. C'était étonnant et merveilleux. Il avait une raison de sourire et de rire à nouveau. Il semblait avoir oublié tant de choses durant l'année qu'être sur un balai, et voler lui avait tout ramené rapidement.

« Bravo Harry ! » Cria Dean pour se faire entendre malgré le vacarme. « Ce plongeon était fantastique, la vrille et la rapidité, c'était aussi absolument génial ! »

Harry sourit et acquiesça pour le remercier de ses compliments. Hermione se pencha et donna à Harry une rapide étreinte et ajouta quelques pressions.

« Il a raison, tu as été vraiment très bon aujourd'hui, Harry, » Lui dit-elle. Elle lui murmura la phrase dans l'oreille mais à cause du bruit, elle dut élever la voix.

« N'était-il pas très bon, Ron ? » Lui demanda-t-elle.

La nourriture était apparue et la plupart des élèves s'étaient déjà jetée dessus. Le bruit ne s'était pas arrêté et au contraire, si c'était possible, il y en avait encore plus. Ron, était assis de l'autre côté d'Harry et semblait captivé par son assiette. Il ne mangeait pourtant pas et ne parlait pas non plus. Hermione trouvait cela bizarre et se dit que le meilleur moyen de le faire parler était de lui demander directement son opinion.

« Oui Hermione, il était très bon, » Répondit Ron, mais il regardait Harry quand il prit la parole. « Lui arrive-t-il de ne pas être très bon ? »

Heureusement que Dean et Seamus s'agitaient de leur côté : ils transformèrent leurs deux fourchettes en petits balais pour recréer le piquet qui avait permis à leur maison d'attraper le vif d'or. Hermione n'entendit pas la déclaration de Ron, mais Harry, oui. Seulement, celui-ci décida de l'oublier dans toute cette excitation.

Quinze minutes s'étaient écoulées et le bruit avait diminué. Ils ne pouvaient pas se tromper, ils entendirent des battements d'ailes se rapprocher. Un Serdaigle de première année se leva et cria, « Le courrier est arrivé ! ». La Grande Salle éclata alors de rire.

Les hiboux entrèrent, de taille et de couleur différentes, apportant paquets et lettres, attachés à leurs pattes. Il n'y avait pas eu de courrier de toute la semaine, si bien que les élèves commençaient à se demander ce qu'il se passait au-delà des grilles de Poudlard. Comme d'habitude, Harry ne s'attendait pas à recevoir du courrier, alors il continua à manger.

Jusqu'à ce que Dean l'interpelle. « Harry, regarde ! »

Puis Seamus, « Lève la tête, elle va le lâcher ! »

C'était une bonne chose puisque Harry eut à peine le temps d'apercevoir Hedwige avant qu'elle ne lâche le paquet qu'elle transportait. Harry l'attrapa avant qu'il ne tombe dans son bouillon. La table toute entière le regarda déballer le papier marron. Tous les Gryffondors et même les plus jeunes avaient entendu dire qu'Harry recevait rarement du courrier, mais quand il en recevait, c'était plus intéressant que des lettres ennuyeuses ou des bonbons.

Ils ne furent pas déçus quand Harry sortit l'objet extraordinaire de la boite. Comme on pouvait s'y attendre plus d'un élève haleta. Puis la table explosa à nouveau : tout le monde se remit à parler.

« Bon sang Harry ! Est-ce bien ce que nous pensons ? »

« Même mon père n'en a pas et pourtant c'est un sorcier adulte qui a une famille à sa charge ! »

« Les élèves ne sont pas autorisés à en avoir. Je le sais ! J'ai essayé -»

Pour une fois, Harry savait exactement de quoi il s'agissait, mais il ne pouvait rien faire d'autre que de regarder en silence alors que tous autour de lui discutaient sa bonne étoile. Mais ce n'était pas elle qui l'avait rendu nécessaire.

Après tout, les sorciers ordinaires n'ont pas besoin d'une pensine.

Il fouilla le paquet jusqu'à ce qu'il trouve la lettre et ne fut pas déçu de trouver un petit morceau de papier attaché au papier marron.

Nous avons pensé que tu aurais besoin de cela.

Il n'y avait pas de signature, mais Harry savait exactement à qui « nous »renvoyait. Il leva immédiatement les yeux vers la Grande Table et vit que la plupart des professeurs le regardaient. Hagrid semblait vouloir crier quelque chose à Harry, et apparemment il lui fallait tout son contrôle pour ne pas se précipiter. Le professeur MacGonagall lui fit un bref sourire avant de retourner son attention sur son dîner. Le professeur Flitwick souriait jusqu'aux oreilles et ne s'intéressait apparemment absolument plus à son dîner. Les yeux de Dumbledore étaient en mode scintillement et il hocha légèrement la tête avant de se tourner pour discuter avec MacGonagall. Et le plus important de tous était le professeur Snape… Severus.

Il n'acquiesça pas et ne sourit pas. Il regardait simplement Harry. Pas de sourire. Pas d'acquiescement. Rien, mais il savait qu'il avait dû être persuasif pour que Dumbledore accepte de lui donner une pensine. Même s'il n'avait certainement pas fallu beaucoup insister.

« Hé Ron, tu te rends compte ? Une pensine ! » Harry retourna son attention vers son meilleur ami, « J'ai toujours voulu en avoir une, depuis que j'ai vu celle de Dum -»

Avant qu'il n'ait le temps de terminer, Ron s'était levé pour partir.

« Où vas-tu ? » Lui demanda Harry sous le choc. Hermione était, elle-aussi surprise de voir partir Ron aussi rapidement puisqu'il n'avait pas encore terminé de manger.

« Je n'ai plus faim, »Déclara Ron, mais il se rassit pour ne pas faire de scène.

« Ron… »

Ron explosa quand il entendit l'avertissement dans le ton d'Hermione. Puisqu'il était en face de Harry, il ne lui fallut pas longtemps pour se rendre compte que l'attaque était dirigée contre son meilleur ami.

« Que tu sois Harry Potter n'est pas suffisant, hein ? Que les gens tombent la tête la première tant ils sont impatients d'être à ton service n'est pas suffisant pour toi ? Tu as tout l'argent que tu peux vouloir parce que tout le monde est prêt à sacrifier sa vie pour toi et à te laisser leur fortune. Des femmes de tous les âges se rassemblent autour de toi dès qu'elles te reconnaissent. Non seulement tu es le chouchou des professeurs, mais tu es aussi celui du monde sorcier tout entier ! Mais je suis ton meilleur ami, Harry ! »

Il n'avait pas crié. En fait, il serrait les dents et ses yeux flamboyaient. Les cinq personnes les plus proches focalisèrent leur attention sur lui et se turent.

« Ron. De quoi parles-tu ? Qu'a fait Harry ? » Seamus fut le premier à reprendre ses esprits et à parler.

Neville et Dean semblèrent choqué par l'explosion alors que Hermione arrachait la fourchette des mains de Harry. Il la tenait si fort que sa main tremblait. Rapidement, elle enlaça ses doigts avec les siens et espéra que les autres ne remarqueraient pas les tremblements, toujours visibles.

Mais Ron n'avait pas terminé de parler.

« Une pensine, Harry ! Aucun autre jeune de seize ans n'est autorisé à avoir sa propre pensine ! Mais toi, Harry Potter tu peux avoir tout ce que tu désires, hein ? Tu n'as qu'à claquer des doigts et on se précipite vers toi ! »

« Ron… si c'est à cause de la pensine, laisse-moi t'expliquer pourquoi on me l'a donné, » Lui dit Harry d'une voix douce, mais Ron le coupa.

« Ce n'est pas à cause de cette satané pensine ! Ce n'est pas non plus parce que tu me parles à peine. Nous sommes revenus à l'école depuis deux mois et je ne sais même pas comment se sont passées tes vacances d'été ! Pourtant, tu as tout le temps pour sortir en cachette la nuit pendant que tu penses que nous dormons. Ne pense pas que je ne sais pas que tu l'as fait une ou deux fois sans même m'en parler. Je pensais que nous faisions tout ensemble ? Maintenant tu veux prendre la seule chose que je désire! »

Harry essaya à nouveau de parler. « Ron, si c'est quelque chose que j'ai fait -»

Il fut à nouveau interrompu par Ron. « Si c'est quelque chose que tu as fait ! Oui, c'est quelque chose que tu as fait ! »

Il montra la main enlacée de Hermione et de Harry. « Tu ne pouvais pas la laisser, hein ? Tu sais qu'elle est la seule fille qui me plait ! Tu le sais et maintenant je ne vois plus que vous : marchant ensemble, vous embrassant ou murmurant. Je vous ai vu sur le terrain de Quidditch avant le match aujourd'hui, à discuter et à vous embrasser encore ! Parce que Harry Potter obtient tout ce qu'il veut ! »

« Ron ! » Hermione le prévint, mais Harry détacha sa main de celle de Hermione et se leva.

« Si c'est ce que tu ressens. Si c'est ce que tu penses de moi. Que j'essaie de te voler Hermione. Alors tu as tort, » Lui dit Harry d'une voix douce.

Ron sauta pratiquement sur ses pieds. « Oh la ferme Potter ! Je ne veux pas entendre ce que tu as à dire ! Je vous ai vus tous les deux. Je vous vois partout ! Tu avais probablement trop peur de dire qu'elle te plaisait à toi aussi ! »

Bien entendu, presque toutes les personnes présentes autour de la table entendirent et tous les Gryffondors se turent en attendant la réponse de Harry.

Harry, cependant se tourna et partit en silence.