Merci à ma correctrice AnthaRosa

Chapitre 5 : Se tenir au bord

« Où étiez-vous ? J'attendais votre retour ? Vous devez vous dépêcher. »

Quand Severus avait quitté la Grande Salle après le dîner, quinze minutes auparavant, il avait plusieurs choses importantes à faire : prendre une douche rapide, corriger quelques copies de seconde, quatrième et cinquième année, préparer ses cours de septième année, réécrire ceux de troisième année puisque ces idiots avaient apparemment oublié tout ce qu'il leur avait appris l'année précédente, et enfin, entre tout ça et le levé du jour, essayer de dormir au moins quelques heures.

Il n'avait pas pensé qu'en entrant dans sa salle de bain, il allait trouver Mimi Geignarde dans sa baignoire se tortillant ses mains invisibles.

« Que fais-tu ici ? »

Depuis qu'il était à Poudlard, le fantôme n'était jamais auparavant entré dans ses quartiers. En fait, il fut presque choqué de se rendre compte que ses tuyaux n'étaient pas épargnés et qu'elle les hantait autant que les autres salles de bain de Poudlard.

« Vous devez venir, » Répéta-t-elle. De grosses larmes transparentes coulaient le long de ses joues. « C'est terrible ! »

Severus essaya de ne pas grimacer visiblement. Apparemment, il n'allait pas pouvoir travailler comme il l'avait prévu.

« Qu'est-ce qui est terrible ? De quoi parles-tu ? » Lui demanda-t-il. Il n'essaya même pas de cacher son énervement. Elle lui tapait sur les nerfs. Elle tapait sur les nerfs de tout le monde et cette comédie ne l'aidait pas à être patient.

Elle soupira puis prit sa tête entre ses mains et gémit dramatiquement. « C'est terrible. Il y a du sang partout. Tout est ruiné. Détruit. Vous devez venir. Vous devez l'aider. »

Severus devint livide. Sang ? Oh doux Merlin. Pas un autre élève qui se coupe.

« Qui Mimi ? » Lui demanda-t-il instamment.

Elle le regarda soudain. Son expression se modifia, elle était en colère. Elle flotta devant lui, ses mains sur les hanches, ses yeux flamboyaient de colère.

« A QUI PENSEZ-VOUS ? » Cria-t-elle, « NE LE SAVEZ-VOUS PAS ? »

Severus inspira plusieurs fois pour se calmer. Immédiatement, quelques incantations de magie noire flottèrent sur ses lèvres et il s'obligea à les renvoyer d'où elles venaient. Il connaissait un sort qui la condamnerait au purgatoire, la forcerait à demeurer entre le ciel et l'enfer. Il connaissait un sort qui la jetterait dans les limbes pour toujours et elle devrait s'occuper des âmes des enfants qui ont été méchants. Il connaissait même un sort qui la ferait redevenir un squelette ou un corps remplit d'asticots, elle passerait alors l'éternité morte mais consciente de son corps. S'il faisait comme il l'entendait et qu'il apaisait son côté obscur, il la forcerait à endurer les trois.

Mais il devait savoir de qui elle parlait.

« Non. Mimi. Je ne sais pas de qui tu parles ! » Il pensa qu'il se contrôlait relativement bien, même s'il avait un peu élevé la voix.

Les larmes de Mimi se remirent à couler et sa colère parut l'avoir quitté. Elle retourna où elle se tenait avant son arrivé et renifla puis grogna. Quand elle fut prête, elle le regarda droit dans les yeux et elle sembla soudain, beaucoup plus heureuse.

« C'est Harry Potter, bien sûr. » Elle sourit timidement. « Je pense qu'il a finalement décidé de me rejoindre. »


Etre dans un bulle.

« Qu'ai-je fait ? » Cria Harry, « Je n'y peux rien, je suis ce que je suis ! »

Etre invisible dans un monde qui t'aime.

Cette pensée le fit sangloter et il se frappa la tête contre le mur. Il hurlait, criait, sanglotait, pleurait.

Il avait déchiré sa robe quand il était entré. Quand il s'était suffisamment calmé il avait jeté le sort et verrouillé magiquement la porte, mais il était maintenant bien loin d'être calme.

« Que tu sois Harry Potter n'est pas suffisant ! »

Les mots prononcés avec colère se percutaient en lui, envahissaient ses pensées, le consumaient dans un tourbillon d'ombre et d'obscurité. Ils encerclaient son cerveau, se ployaient pour le rendre fou, il ne parvenait pas à les faire sortir. Il ne parvenait pas à arrêter l'assaut qui se déroulait à l'intérieur de lui.

« Tu peux avoir tout ce que tu désires,… »

Harry ferma les yeux, se couvrit les oreilles et cria.

Crier dissipait l'obscurité qui menaçait d'avaler son âme. Crier faisait taire la voix, les mots, les mensonges faits pour être vrais. Crier lui permettait de retrouver sa santé mentale.

Et il haleta pour respirer alors que les larmes brûlaient quand elles passaient par l'obscurité. Il avait l'impression de brûler de l'intérieur. Tout en lui cherchait un moyen de sortir, de s'échapper de la boite dans laquelle ils avaient été enfermés.

Il n'avait pas remarqué jusqu'alors que les miroirs avaient explosé. Ou que les portes des toilettes étaient en morceaux. Ou les lavabos. Il avait balancé sa baguette et il ne parvenait pas à se concentrer suffisamment longtemps pour se souvenir où. Il en avait besoin maintenant.

Puis il se rendit compte qu'il n'en avait pas vraiment besoin.

Il y avait des morceaux de verre un peu partout. Il en prit un, le pressa alors qu'il se battait pour respirer. Alors qu'il combattait le vide qu'il avait à l'intérieur.

Il ne sentit rien et pourtant le verre entailla la chair tendre de sa paume. Il ne vit que le sang qui ruisselait entre ses doigts. Il prit le morceau et changea de main.

Il ne sentit même pas les coupures, comme de petites langues de flammes dansant sur sa chair. Consumant la douleur.

Il n'y aura plus de Harry Potter.

« Moi ! » Cria Harry au silence. « Juste moi ! Je ne sais pas comment être parfait ! »

Il cria, hurla avec incohérence, des mots qu'il avait besoin de dire depuis si longtemps. Un flot de pensées et de colère. Des rivières de douleur, qui sortaient.

Enfermé dans ta petite bulle. Perdu pour le monde extérieur.


« Harry, ouvre la porte ! »

Severus arriva à temps pour voir Hermione frapper à la porte des toilettes des filles. Ron l'avait suivi mais était assis contre la porte, prétendant ne pas voir la supplique d'Hermione pour entrer.

« Harry, ne sois pas puéril, nous pouvons en parler. S'il te plait, Harry, »Elle essayait de le raisonner. Son front était appuyé contre ses deux mains, qui elles, étaient sur la porte, apparemment trop fatigué pour la marteler.

« Miss Granger, M. Weasley, puis-je savoir ce qu'il se passe?"

Les deux élèves furent surpris et Severus les observa essayer de trouver une excuse. « R…rien professeur Snape. »

Hermione avait répondu pendant que Ron se levait pour se tenir à ses côtés. Mais aucun des deux ne put le regarder dans les yeux. Si Severus faisait comme il l'entendait, il les punirait tous les deux parce qu'il était évident qu'ils étaient tous les deux responsables si Potter…Harry semblait avoir réagi de façon excessive. Pour l'instant, l'important était de savoir à quel point il avait réagi avec excès.

« Reculez, » Leur ordonna-t-il. A contre-cœur, ils obéirent.

Il colla son oreille contre la porte et écouta… le silence. Un sort d'insonorisation. Ce n'était pas bon.

Il se tourna vers les deux élèves qui le regardaient avec méfiance et mépris. « Vous allez avoir beaucoup de choses à expliquer, mais pour l'instant, ça vous fera du bien de voir cela. Je vous suggère de lever des boucliers de protection autour de vous. »

Il leur laissa le temps d'en conjurer un puis d'un geste de baguette, il cria un sort. La porte des toilettes explosa.

Harry se retourna, ses yeux dans le vide, ses cheveux plus ébouriffés que jamais, ses mains et son visage étaient couverts de sang. Son uniforme scolaire, sa baguette et tout le reste, en particulier le sol étaient couverts de verre brisé, de bois des toilettes et de la porcelaine des lavabos. Ses bras étaient entaillés, son pantalon et sa chemise étaient foutus à cause des entailles qu'il s'était faites. Ils étaient trempés de sang.

Hermione haleta derrière Severus et Ron gémit, mais Severus était d'abord préoccupé par le jeune homme devant lui.

« Potter, » Dit-il de manière câline. « M. Potter, venez par-ici. »

Harry ne bougea et Severus fit quelques pas en avant. Harry cria de colère et prononça des paroles incohérentes.

« Ne soyez pas stupide, vous savez que je ne vous ferai pas de mal, » Essaya-t-il à nouveau. Mais Harry recula.

Severus inspira profondément et relâcha l'air violemment. Apparemment, ça ne fonctionnait pas et il savait pourquoi. Il avait essayé de l'aider tout en conservant l'autorité dont il avait besoin en présence de Hermione et de Ron. Harry avait besoin de Severus et non du professeur Snape. L'un mais pas l'autre. Severus commençait à devenir schizophrène, il essaya de se souvenir pourquoi au nom de Merlin, il avait décidé d'aider l'enfant chéri.

Il ferma les yeux et combattit sa fierté. Il les rouvrit puis regarda Harry avec des yeux inquiets dont lui seul avait été témoin.

« Harry… » Dit-il d'une voix douce. « Harry, laisse-moi t'aider. Laisse-moi… »

Harry haleta doucement, les larmes ruisselaient sur son visage, mais il ne montrait toujours aucune émotion. Comme s'il était perdu dans son propre monde.

« Je ne sais pas comment, » Dit-il d'une voix cassée. « Je ne sais pas comment être parfait. »

« Personne ne te demande d'être parfait. Personne n'y est. » Severus essaya de garder le contact visuel qu'il avait établi, mais le regard de Harry passa rapidement vers Ron et Hermione. Ils avaient été tous les deux trop choqués pour bouger et étaient encore dans l'encadrement de la porte.

Severus comprit alors.

« M. Weasley, Ms Granger pouvez-vous s'il vous plait aller dans le bureau de Dumbledore. Dites-lui que je vous ai envoyés. Attendez-moi là-bas. »

Il les entendit lentement et à contre cœur partir puis il concentra à nouveau son attention sur Harry.

« Harry viens là. Nous devons parler. »

Harry se détourna. Il tournait le dos à l'autre homme. Il prit sa tête entre ses mains et se mit à sangloter doucement. « Allez-vous-en. Laissez-moi tranquille. »

Severus s'avança vers lui et posa lentement une main sur son épaule. Harry se retourna, choqué, ses yeux flamboyaient de colère malgré les larmes qui continuaient à couler, se mélangeant avec le sang ruisselant sur son visage.

« Non ! » Cria-t-il. « Ne me touchez pas ! Je sais que vous vous en foutez ! Je ne veux pas de votre pitié, je ne veux pas que vous m'aidiez par obligation. Je ne veux pas que vous m'aidiez parce que Dumbledore vous l'a demandé ou parce que vous pensez que vous le devez à mon père ou au monde ! »

Severus le regarda en silence et attendit.

« Aidez-moi pour moi, » Haleta-t-il en détournant à nouveau la tête. « Aidez Harry parce qu'il est Harry. Et non Potter. Pas le fils de James. Pas Celui Qui a Survécu. Juste Harry. Juste Harry… »

« Tu n'es pas une obligation, Harry. Tu as cessé d'en être une la première nuit où tu es venu me voir dans mon bureau et que tu m'as parlé de ta famille. » Lui répondit finalement Severus d'une voix douce. « Mais tu as été Potter si longtemps, que c'est tout ce que j'ai pour commencer. Si tu veux plus de moi, tu vas devoir me parler davantage et ne pas avoir peur de me faire confiance. Je travaillerai sur mes fausses idées pendant ce temps. »

Harry acquiesça et prit une longue inspiration tremblotante.

« Je n'ai pas demandé à être moi. Je ne sais pas comment changer cela, » Gémit-il doucement. « Ron dit que j'ai tout ce dont j'ai besoin. Ce n'est pas vrai. Je n'ai pas tant de choses. J'ai besoin de tant de choses que je ne peux pas respirer quand j'y pense. Je suis tout le temps obligé de me battre contre cela. Je dois… rire quand je veux crier. Le monde attend tant de choses de ma part et j'ai tellement peur. J'ai si peur d'échouer et qu'ils souffrent à cause de moi. »

Il haleta. « Severus… C'est beaucoup trop et je mourrai. Je mourrai si je ne peux pas… Je mourrai si je ne plus pas respirer à nouveau. »

« C'est ce que j'essaie de faire avec tant de difficulté, » Lui répondit Severus. « J'essayais de te donner un endroit dans lequel tu te sentes libre, dans lequel tu ne te sentes pas inquiet à cause du monde extérieur. J'essayais de t'aider -»

Harry tomba à genoux, ses jambes n'étaient plus assez fortes pour porter le fardeau que le monde lui avait donné. Il se mit à pleurer. Secoué par de violents sanglots, souffrant du manque d'air, des larmes, de la colère et de toute la douleur qui mangeait son âme.

Severus avait essayé de l'aider. Oui, il le savait. Pas par pitié, ni par obligation comme il le pensait secrètement. Il avait essayé de l'aider et maintenant Harry avait tout gâché. Il avait essayé avec tant de force d'aller mieux ces trois dernières semaines, mais ce n'était pas vrai, il avait simplement forcé tous ses sentiments à rester sous la surface et maintenant il avait nié les efforts de Severus en abandonnant.

« Je suis si dés…désolé, » Sanglota-t-il.

Severus s'agenouilla à côté de lui et après avoir brièvement hésité, il enveloppa de ses bras la taille bien trop mince et petite de Harry. Il le tint serré contre sa poitrine.

Et Harry pleura, il n'essuya ni les larmes ni le sang qui ruisselaient sur son visage.

Du sang venant de son front…de sa cicatrice. Il avait essayé avec l'énergie du désespoir de l'enlever avec ses ongles, ses cris et les morceaux de verre brisé éparpillés sur le sol.

Il ne voulait plus être Harry Potter.


« Tenez. Buvez ça. »

Severus avait gentiment porté Harry dans ses quartiers, reconnaissant que les couloirs soient vides et que la plupart des élèves se soient résignés à regagner leur Salle Commune pour la nuit.

Il allongea Harry sur le canapé noir devant son bureau et lui tendit une fiole de potion 'Omni-soin'. Harry la prit sans un mot et la but sans protester. Il savait pourtant ce qu'elle ferait aux nouvelles plaies qu'il s'était infligé pour déchirer son âme.

Il ne fallut pas longtemps pour que la potion fasse effet. Une lueur de chaleur bleue traversa la peau de Harry, fermant les plaies les plus récentes et bientôt, la peau de Harry fut à nouveau unie. Sa cicatrice en forme d'éclair était à nouveau visible.

« Je reviens, » Lui dit Severus. Il attendit une réaction mais ne pensait pas vraiment qu'il y en aurait une.

Il n'y en eut pas, mais l'adolescent sur le canapé fut enveloppé d'un air triste et confus. Ses yeux émeraude étaient ternes, ils ne scintillaient plus du rire dont Severus avait été témoin ce matin-même.

Il y a si longtemps. Le dommage peut être fait en quelques heures…

Il lança un sort rapide sur les vêtements de Harry pour les raccommoder et les nettoyer puis sortit de la chambre, se dirigea vers la cheminée, prit une poignée de poudre de cheminette et la jeta dans la cheminée.

« Bureau d'Albus Dumbledore, » Déclara-t-il en s'enfonçant dans les flammes.

En mettant un pied de l'autre côté, la première chose qu'il remarqua fut le sourire radieux de Dumbledore. Severus se demanda s'il pouvait arracher ce sourire grâce à un sort sans mourir la seconde suivante.

« Deux cents points en moins pour Gryffondor, » Dit-il froidement sachant que les deux élèves qu'il avait envoyés étaient quelque part dans le bureau.

Il se rendit rapidement compte qu'ils étaient tous les deux recroquevillés prés de la porte. Hermione pleurait sur l'épaule de Ron qui était lui-même devenu si pâle que ses tâches de rousseurs ressemblaient à des points sur ses joues. Il n'y avait aucun doute : ils allaient bientôt tous les deux perdre connaissance à cause du choc.

« Cent points de plus, en fait, pour avoir détruit une salle de bain. » Ajouta Severus. Il regardait toujours le directeur.

« Allons Severus n'allez pas aussi vite, » Lui dit Dumbledore qui souriait encore. « Pourquoi ne vous asseyez-vous pas que l'on puisse en discuter. »

D'un geste de la main, des chaises apparurent devant son bureau. Ron et Hermione s'assirent puis à contre cœur, Severus fit de même.

« Un bonbon au citron ? Non ? Du thé ? »

Severus grogna une fois de plus de dégoût. Dumbledore l'avait apparemment senti, il sourit simplement et fit apparaître quatre tasses de thé.

Une gorgée de thé lui suffit, Severus combattit ses manières naturelles pour éviter qu'elles ne ressortent avec force. Ce qu'il leur avait servi débordait de potion relaxante, or Severus ne souhaitait pas du tout se calmer.

« Voilà, je suppose qu'il s'agit de M. Potter ? » Leur demanda Dumbledore.

Ron et Hermione acquiescèrent mais Severus plissa les yeux de colère. « N'est-ce pas toujours au sujet de Potter ? »

Dumbledore sourit. Il avait senti l'inquiétude si attentivement cachée derrière l'attitude du maître des potions. Severus ne s'inquiétait pas pour des futilités ou pour des élèves sans importance. Surtout depuis que Dumbledore était certain d'avoir vu une lueur d'inquiétude dans la profondeur de ces yeux noirs.

« Est-ce que je… Est-ce qu'il va aller mieux ? » Demanda Ron d'une voix tremblante tandis que Hermione sanglotait.

Severus se tourna rapidement vers lui. « Pourquoi ? Avez-vous tous les deux essayé de le tuer, M. Weasley ? Est-ce que vous déchirez le cœur de Potter simplement parce que vous savez que vous le pouvez, épargnant au Seigneur Noir la 'douleur' de s'en charger ? Je ne vous demanderai même pas toutes les méchancetés que vous avez dû lui dire. Je n'ai pas besoin de savoir pourquoi. Vous qui êtes deux des rares personnes en qui il a confiance -»

« Severus, » L'interrompit Dumbledore. « Allons, allons, je suis certain qu'ils n'avaient pas l'intention de faire du mal. M. Weasley et Ms Granger aiment Harry comme un frère. Ils ne lui feraient jamais de mal par méchanceté. »

« Alors vous savez ce qu'il s'est passé ? Vous l'ont-ils dit ? » Lui demanda Severus en se tournant vers Dumbledore. « Je ne peux qu'imaginer qu'ils ne lui ont rien épargné dans leur cruauté. »

« Hermione n'a rien fait. Ne la mêlez pas à cela. Elle essayait d'aider… » Protesta Ron.

« Je vois. Alors c'est vous Weasley qui êtes responsable de ce qui vient de se passer. Pourquoi ne nous dites-vous pas exactement ce qu'il s'est passé ce soir. Je serais personnellement ravi que vous me prouviez quel imbécile vous êtes vraiment ! »

« En fait, Je préférai ne pas connaître cette information. Cependant Severus, si vous le souhaitez, je suis certain qu'ils seront disposés à vous en parler.» Déclara Dumbledore.

Severus le regarda ouvertement avec des yeux noirs. Il pouvait presque lire les mots dans les yeux du vieux sorcier comme s'il s'agissait d'un parchemin.

Je vous donne la permission de le faire parce que je vous fais confiance Severus. Souvenez-vous, vous avez vous-même voulu en prendre la responsabilité.

Severus ne pouvait plus supporter ce non-sens plus longtemps. Il se leva pour partir. Ses yeux lançaient des éclairs, mais son expression était calme, voir froide.

Hermione et Ron se levèrent également, mais Ron demanda. « Est-ce qu'il va bien, professeur ? Il n'est pas…mort, hein ? »

Severus s'arrêta juste à temps pour ne pas renifler de dégoût. Il méritait de penser que Harry avait réussi à se suicider. Si les meilleurs amis de Potter étaient ainsi, ils n'osaient imaginer comment étaient les autres Gryffondors.

« Vous n'avez qu'à attendre et voir, » Dit-il avec un sourire méprisant. Il se dirigea vers la cheminée, prit une poignée de poudre de cheminette et allait partir quand Dumbledore s'éclaircit la gorge.

« Je donne trois cents points à Gryffondor, » Entendit-il derrière lui. « Je ne peux pas permettre qu'on enlève des points pour une dispute personnelle, Severus. Pardonnez-moi. »

« En revoir, monsieur le directeur, » Répondit Severus avec colère. Il jeta la poudre dans la cheminée et entra dans le feu.

Il ignora le sourire à nouveau radieux de Dumbledore ainsi que ses yeux qui brillaient d'une calme hilarité alors qu'il regardait Severus disparaître.


Harry était exactement dans la même position que lorsqu'il était parti.

Severus soupira doucement et se résigna au fait que Harry avait peut-être glissé dans un état catatonique pendant cette épreuve. Il avait déjà réécrit la moitié de ses plans de cours pour les troisièmes années, quand l'adolescent s'étira et s'assit. Il en fut bien entendu surpris.

« Il pense que j'aime Hermione, » Dit Harry d'une voix douce. La main de Severus s'immobilisa sur le parchemin, il leva la tête et regarda les calmes yeux verts.

« Je n'aime pas Hermione, » Continua Harry, « Elle est aussi ma meilleure amie, mais je ne l'aime pas ainsi. »

« Alors tout ça, c'est parce que M. Weasley a fait une crise de jalousie ? » Lui demanda Severus en haussant un sourcil. Harry acquiesça.

« Il n'y avait pas que ça, » S'amenda Harry après une pause. « C'était aussi à cause de la pensine et du fait que je suis Harry Potter. Ron a toujours eu quelque chose contre ce fait. Je suppose que c'est ce qu'il a toujours voulu dire… Il a tout dit. »

« Harry, -» Commença Severus, mais il fut interrompu par la voix calme.

« Non. Je… Il a le droit de dire ce qu'il pense. Je suis son meilleur ami. Je… » Il s'arrêta. « Je lui ai caché des choses alors je pense qu'il a le droit d'être en colère. »

« Quelles choses ? » Lui demanda Severus. « Je doute que vous ayez pu faire grand chose pour arrêter Weasley quand il se met en tête d'être franc. »

En réponse, Harry regarda Severus avec des yeux perçants puis lentement enleva sa chemise.

Severus ne put s'empêcher de penser qu'il était vraiment maigre malgré son estomac plat et les muscles qu'il avait acquis en jouant au Quidditch tant d'années.

Cependant Severus ne pouvait détacher ses yeux des petites cicatrices éparpillées qui entachaient la peau légèrement bronzée du torse de Harry. Il y en avait cinq en tout. Severus ne les compta pas consciemment. Elles étaient peu nombreuses mais avaient une grande signification.

Harry lui montra l'une des plus profondes. Elle faisait presque un centimètre de long et courait en diagonale jusqu'au milieu de sa poitrine. Severus obligea sa main à ne pas toucher sa propre poitrine alors qu'il vit la cicatrice.

« A la fin de ma quatrième année et au milieu de la cinquième je l'ai réouverte, » Dit Harry comme s'il se battait contre un souvenir douloureux. « J'ai alors accepté ce que je savais. J'avais beau saigné, je ne pouvais pas me vider de ce savoir. Alors je l'ai accepté. »

« Accepté quoi ? »

Les yeux de Severus furent à nouveau capturés par un regard perçant, et Harry répondit doucement. « Que je suis attiré par les autres hommes. Je suis gay. Je n'aime pas Hermione comme ça. Jamais je ne l'aimerai de cette façon. »

Severus aurait adoré penser qu'il s'attendait à ce genre de confession, mais en toute franchise, il fut si choqué qu'il oublia de le cacher.

« Votre parrain le savait-il ? »

Harry secoua la tête tristement. « Je n'ai jamais eu la chance de le lui dire. »

Doux Merlin combien une personne doit-elle subir avant que vous ayez pitié de son âme ?

La pensée était amère, mais Severus savait qu'Harry n'avait pas besoin d'amertume. Après tout, il venait de dire qu'il allait parfaitement bien maintenant et qu'il avait accepté sa sexualité. »

« A quatorze ans ? Vous l'avez su à quatorze ans ? Et vous ne l'avez dit à aucun de vos amis ? »

Harry haussa les épaules. « Eh bien, je ne savais pas dans le sens où je le savais. C'était quelque chose dont je ne parvenais pas à me débarrasser. D'où la coupure. J'ai eu le béguin pour une fille, mais quelque chose ne semblait pas normale. Puis il y eut la cinquième année et peu importe ce que je pensais avoir avec Cho, c'est tombé à l'eau et je savais pourquoi. »

Il fit face. « Je ne faisais pas de rêves bizarres. Voldemort submerge à peu prés tous les rêves plaisants que je fais. C'est juste quelque chose que je savais. Comme ' c'est moi en colère, et c'est moi…eh bien…gay'. Je me sens bien avec cette idée. Je ne veux pas que le monde entier soit au courant mais je pensais simplement que j'aurais dû le dire à certaines personnes. Comme Ron et Hermione… Et Sirius. »

« Je vois. »

« Oui, eh bien, vous êtes officiellement la première personne au courant. » Répondit Harry en remettant sa chemise et en s'asseyant sur le canapé.

« Et bien, je me félicite de ma bonne fortune, » La voix de Severus suintait de sarcasme et il retourna son attention vers ses plans de cours. « Je veillerai à remercier la divinité qui m'a jugé digne de recevoir cette nouvelle. »

Harry leva les yeux au ciel puis s'allongea. Il posa la tête sur le bras du fauteuil, et recroquevilla ses jambes sur le coussin, avec ses chaussures. »

« Merci, » Murmura-t-il après une pause si longue que Severus aurait juré qu'il s'était endormi.

« Pour quoi ? »

Harry soupira doucement sur le coussin de velours noir. « Pour avoir décidé d'être la colle qui me retienne. »

« Je ne suis pas votre colle Potter. C'est le rôle de vos amis, » Se moqua Severus. « J'essaie simplement de vous garder en vie et sain d'esprit un peu plus longtemps.

Harry décida de ne pas répondre et après une autre pause, il demanda, « Puis-je rester ici ce soir ? Je ne veux pas retourner là-bas. Je suis si fatigué et c'est si confortable ici. Je veux juste m'endormir. »

« Non, M. Potter, vous ne pouvez pas rester ici cette nuit, » Répondit Severus immédiatement, tout en gardant son attention sur son travail. « Vous ne devez sous aucun prétexte vous endormir où vous êtes. N'oubliez pas qui vous êtes dans cette école. En tant qu'élève, vous n'êtes autorisé à rien de tel. »

« Ne m'appelez pas comme ça ! »Grogna Harry. Il sombrait déjà dans l'inconscience. « Vous me laisserez penser à moi-même en tant que M. Potter quand je ne serai pas raisonnable. »

Severus ne daigna pas répondre, mais dix minutes après quand il regarda la silhouette leste allongée sur le fauteuil, il étouffa un cri de protestation.

Harry avait fait exactement ce que Severus lui avait interdit : il s'était déjà endormi sur le canapé.