Merci à ma correctrice AnthaRosa
Chapitre 6 : hors de l'ouverture
Harry évitait ses amis depuis une semaine maintenant.
Comme il l'avait expliqué la nuit précédente à Severus, ce n'était pas parce qu'il ne voulait plus leur parler, mais parce qu'il avait besoin de temps pour lui. Il pouvait ainsi remettre de l'ordre dans ses pensées et leur expliquer une chose aussi complexe sans se sentir égocentrique.
Severus avait pris un air renfrogné et lui avait demandé ce qu'il était advenu du célèbre courage gryffondoresque dont il était le symbole. Harry avait alors ri et lui avait raconté que le Choixpeau avait voulu l'envoyer à Serpentard.
Severus avait remercié sa bonne étoile de lui avoir épargné cela. Il l'aurait tourmenté dans sa propre maison pendant cinq ans. Harry avait à nouveau éclaté de rire et lui avait laissé entendre qu'il parlerait peut-être à ses amis le lendemain.
C'était l'heure du déjeuner et Severus n'avait pas encore vu l'ombre d'une réconciliation.
En parlant de cela, Harry entra dans la Grande Salle, regarda la Table des Gryffondors avec détermination. Ron et Hermione étaient assis, mais ils se retournèrent pour le regarder. Il leur fit un petit sourire qui lui fut rendu et s'assit entre eux.
Au milieu du repas, Harry dit quelque chose à Ron et la seconde suivante, ce dernier lui passait le sel. Hermione prit à son tour le sel et en mit dans son assiette. Ils se remirent ensuite à manger, discutant légèrement puis éclatèrent de rire. Harry jeta un coup d'œil vers la Grande Table, croisa les yeux de Severus et lui fit un petit sourire pendant que les deux autres continuaient à rire. Pour la première fois depuis vraiment longtemps, Severus dut combattre le besoin de lui rendre son sourire.
Harry ne semblait pas attendre davantage et retourna son attention vers ses amis. Son sourire ne l'avait pas quitté quand il se mêla à nouveau à la conversation.
« Comment va-t-il, Severus ? » Demanda une voix douce à côté de lui.
Severus se tourna vers le directeur, assis à sa droite et se força à être au moins civil. « Vous en souciez-vous vraiment, Albus ? »
Dumbledore soupira. « Severus vous savez que je me soucierai toujours énormément d'Harry. »
Severus ne répondit pas. Albus soupira à nouveau et continua à parler.
« Il a l'air d'aller mieux. J'ai bien compris que ce qu'il s'est passé la semaine dernière était sérieux et je suis désolé si j'ai eu l'air de m'opposer à vous alors que nous discutions de son bien-être, mais je pense que le temps qu'il passe à se confier à vous, vous aide tous les deux.
Severus se retourna vers le vieil homme et le regarda avec des yeux noirs.
« Qu'essayez-vous de faire, Albus ? Ne me dites pas que ce qu'il s'est passé l'année dernière ne vous a rien appris ? Vous aviez déjà essayé de vous éloigner de lui et regardez comment ça s'est fini. Ne pensez pas, ne serait-ce une minute, m'en avoir attribué la charge uniquement parce que vous vous sentez coupable. » Lui dit-il d'une voix dure. « Vous êtes comme un grand-père pour lui et la dernière chose dont il a besoin est de rester assis seul à se demander quel crime monstrueux il a commis cette fois pour mériter une telle froideur de votre part. »
« La dernière chose que je souhaite est de pousser cet enfant au milieu de cette guerre imminente si je peux l'éviter. » Lui répondit Dumbledore. Severus se détourna pratiquement de dégoût.
« Il n'est plus un enfant, Albus et vous semblez avoir oublié que nous parlons de Harry Potter. Il est au milieu de cette guerre depuis que le Seigneur Noir l'a honoré de cette cicatrice sur le front. Il mérite que l'on parle mieux de lui. Il mérite mieux que d'être considéré et traité comme un enfant, » Lui dit Severus en essayant de ne pas monter la voix.
Il ne faudrait pas que la table toute entière découvre que la relation qu'il avait avec Harry avait changé.
« Severus, » Commença Dumbledore avec une patience exaspérante. « Je comprends que vos sentiments pour lui aient déjà changé et je les approuve. Je préfère l'aider du mieux que je peux, de la seule manière possible. Harry a suffisamment souffert. Pardonnez-moi si je crois que cette nouvelle relation que vous entretenez avec lui peut l'aider. Je serai toujours là s'il désire me parler Severus, mais vous avez raison, je le vois comme je vous vois : comme un autre enfant qui a besoin de ma protection. Et comme vous venez de me le signaler, il a besoin d'un confident et non d'une autre personne qui essaye de l'étouffer avec son amour. »
« Et vous croyez que je suis cette personne ? Avez-vous oublié qu'il a des amis ? » Severus cracha les mots comme s'ils étaient sales.
Dumbledore sourit. « Ah, mais vous avez tant de choses en commun. »
Severus préféra partir plutôt que de faire quelque chose d'aussi drastique que de perdre son sang froid dans la Grande Salle alors qu'elle était pleine de gamins, autrement dit, d'élèves. Il regarda avec des yeux noirs le directeur toujours souriant puis les élèves avant de sortir rapidement de la salle.
Il avait, comme premier cours de la journée, les premières années et il aurait besoin d'être en pleine possession de ses moyens s'il voulait terminer la journée sans avoir ensorcelé de résidents de cette insupportable école.
« Le connard graisseux ! Dix points en moins parce que j'ai presque fait une erreur. Presque ! Que se serait-il passé si j'avais vraiment ajouté les 'cheveux de fée' à la potion ? » Ron avait tant monté la voix qu'elle en était presque stridente.
Hermione soupira avec impatience alors qu'ils entraient dans la chambre des garçons. Harry se laissa immédiatement tomber sur son lit. Il observait Hermione regarder Ron avec des yeux noirs. Potions était son dernier cours de la journée et il avait eu l'intention de travailler un peu avant le dîner à vingt heures. Apparemment ses amis avaient autre chose de prévu.
« Elle aurait explosé Ron ! Tu devrais t'estimer content que Snape et moi t'ayons arrêté à temps, sans quoi elle aurait éclaboussé la pièce entière et qui sait quelles en auraient été les conséquences. Nous sommes en sixième année, Ron et non en première ou en deuxième. Ces potions sont vraiment très dangereuses. » Lui dit Hermione avec impatience.
Ron lui rendit son regard. « De quel côté es-tu Mione ? »
Hermione retint son souffle tant elle était en colère, Harry grogna bruyamment et couvrit son visage de sa main. Il allait avoir mal à la tête et il n'était pas certain qu'entendre ses deux amis se chamailler constamment l'aiderait.
« Harry ? Oh, nous sommes désolés, Harry, » Dit Hermione immédiatement. Elle s'assit à côté de lui et lui donna une forte étreinte.
« Ouais, désolé, » Ron semblait aussi contrit que Hermione alors il grogna à nouveau et abaissa sa main. Il leur sourit.
« Bon sang, ce n'est pas parce que je suis là que vous devez marcher sur des œufs vous savez, » Les taquina-t-il. « Je préférerais avoir un peu de répit. Vous aimez vous chamailler, mais c'est fatigant. J'ai trouvé mieux : pourquoi ne vous bécotez-vous tout simplement pas, ainsi nous serions tous content ? »
Bien entendu ses deux amis rougirent immédiatement, ce qui fit rire Harry.
« Mais je pensais que tu l'aimais aussi. » Si cela était possible, Ron devint plus rouge encore. « Ce que je veux dire c'est si… j'abandonne et je vous laisse tous les deux…vous savez…ensemble. Ca me fait bizarre. J'aurais peut-être besoin d'un peu de temps pour m'y habituer…. Mais je reviendrai…je pense. »
Harry lui sourit et se tourna vers Hermione. « Eh bien, Mione, tu n'auras pas besoin de faire le truc du lit on dirait. Il a tout avoué et il est allé jusqu'à dire deux fois qu'il t'aimait. N'est-il pas juste que tu lui répondes ? »
Des larmes brillaient dans ses yeux quand Hermione se jeta dans les bras de Ron et l'étreignit avec tant de force qu'il était certain que Ron allait bientôt perdre conscience. Mais Ron lui rendit son étreinte et déposa un léger baiser sur sa tempe.
« Mais et toi, Harry ? » Lui demanda Ron d'une voix douce quand ils se furent mutuellement relâchés.
« Tu n'es pas mon type, » Rit Harry. Ron grimaça.
« Tu sais ce que je veux dire, tu aimes Hermione toi-aussi. »
Harry souriait toujours quand il dit gentiment. « Hermione est encore moins mon type que toi. Donc, non, je ne l'aime pas de cette façon. »
Ron plissa les yeux. « D'accord. Je suis soulagé de le savoir, mais qu'est-ce que tu n'aimes pas chez Mione ? »
Harry grogna, rougit, cacha son visage dans ses mains puis rassembla le courage de lui répondre. Quand il le fit, Ron lui signala qu'il n'avait pas parlé clairement et qu'il devait répéter.
« Elle n'est pas du bon sexe, Ron, » Répéta finalement Harry en obligeant son regard à rester droit.
Hermione haussa simplement les épaules et s'exclama « oh ». Mais la bouche de Ron s'ouvrit quand les implications atteignirent son cerveau. Harry grogna. Il était toujours rouge mais décida que commencer son histoire par le milieu n'était pas la meilleure chose à faire.
Au moins, c'est un commencement.
Il enleva son uniforme, sa chemise et leur montra les cicatrices qu'il avait sur la poitrine puis leur expliqua leur raison d'être… et pourquoi il avait besoin des autres pour demeurer saint d'esprit.
Quand il eut déchargé son fardeau à leurs pieds, Hermione était en pleurs et Ron lui proposa d'aller marcher. Hermione avait Etudes Moldues dans une heure et demie, c'est à dire à dix sept heures et Ron avait histoire de la magie à dix-huit. Ils avaient laissé leurs sacs dans la Salle Commune et comme Harry était paresseux, le sien était aussi en bas. Harry les laissa partir. Il savait qu'ils avaient besoin de temps loin de lui pour assimiler ce qu'il venait de leur apprendre.
Dès qu'ils furent partis, Harry prit sa baguette, s'esquiva dans la salle de bain puis se demanda si Severus serait dans ses quartiers à une telle heure.
Severus leva la tête quand il entendit trois petits bruits sourds venant de sa porte. Il n'essaya même pas de cacher sa surprise quand Harry entra. Il regarda rapidement l'heure afin de s'assurer qu'il n'imaginait pas la présence du sorcier dans ses quartiers à dix sept heures.
« Etes-vous très occupé ? » Lui demanda Harry en fermant la porte. Il posa son sac par terre à ses pieds.
« Avez-vous une détention ? » Le contra Severus et Harry eut un sourire en coin.
« Nan, » Répondit-il en se dirigeant vers 'son' canapé. Il s'assit lourdement dessus. « J'avais simplement besoin de respirer librement quelques temps. Puisque vous travaillez si durement pour que je me détende ici, c'est le premier endroit auquel j'ai pensé. Bien sûr…je peux partir…vous savez…si….eh bien….vous le voulez. »
Severus focalisa son attention sur les parchemins sur lesquels il travaillait et Harry en déduisit que sa présence ne le dérangeait pas.
« Ne faites-vous jamais rien d'autre qu'être assis à cette table, Severus ? » Il interrompit ainsi son professeur.
« Si. Vous avez cette impression parce que vous n'avez pas de chance et que je ne fais que ça pendant que vous êtes là, » Répondit Severus sans lever la tête.
Harry se leva d'un bond. « Eh bien, voilà la chance de me prouver que j'ai tort. »
Il attendit quelques instants puis Severus répondit finalement. « Désolé Potter, ce sera pour un autre jour. Je suis occupé. »
« Très bien, je vais simplement me trouver quelque chose à faire. » Déclara Harry en levant les yeux au ciel.
Il se mit devant une étagère de potions et scanna les noms lentement. Malgré ses six années de cours de potions à Poudlard, la plupart lui était inconnu, si bien qu'il était tenté de croire que certaines étaient illégales. Après tout, comment une potion de sang-su pouvait être légale ? Celle qu'il cherchait n'était pas sur la première étagère, il se dirigea donc vers la seconde.
Elle n'était pas non plus sur celle-ci. Il allait voir la suivante quand il entendit la voix de Severus.
« Est-ce cette potion ou une autre que vous recherchez si intensément ? »
Il tenait la fiole de crème bleue ciel. Harry eut au moins la décence de rougir et l'espace de quelques secondes, il fut incapable, même de se forcer, à regarder l'autre homme dans les yeux. Oui, il la cherchait, mais il voulait aussi jeter un œil sur les réserves de potions. Mais il ne le croirait plus maintenant.
Harry acquiesça. « A-t-elle un nom ? »
« Pas encore, » Lui dit Severus. Il jouait avec la fiole en la faisant glisser entre ses doigts. « Puisque vous êtes devenu si dépendant, peut-être devriez-vous lui en donner un. »
Harry ne commenta pas. En fait, il ne pouvait à nouveau plus le regarder en face et se mit à regarder fixement le tapis sous ses pieds.
« Harry, » Harry leva lentement la tête quand il entendit le mot doux et rencontra les yeux onyx posés sur lui. « Viens là. »
Attiré par les mots prononcés avec inquiétude, Harry s'approcha de la chaise de Severus. Sans un mot, il enleva sa robe et sa chemise. Près de sa clavicule et de son bras gauche se trouvait une coupure fraîche, encore rouge, bien que refermée magiquement pour arrêter l'écoulement de sang. Harry n'avait pas essayé de la dissimuler avec un sort : elle contrastait par rapport à la clarté de ses épaules.
Severus se leva et s'approcha pour qu'il n'y ait que quelques centimètres qui les séparent et ouvrit le flacon. Harry ferma les yeux et attendit que les doigts habiles appliquent la crème sur sa plaie. Il ne rouvrit les yeux que lorsque les doigts disparurent et qu'il sente la douce chaleur de sa peau en voie de guérison…et pourtant pas vraiment.
« Est-ce le moment où vous me confisquez ma baguette et lui jetez un sort pour que je ne puisse plus conjurer de lame ? »
« Est-ce ce que vous voulez ? »
« Oui. Non. Peut-être. » Dit Harry. Il refusait cette fois de se détourner de l'homme qui se trouvait toujours à quelques centimètres de lui. « Peut-être que je veux simplement que vous fassiez quelque chose. Que vous m'obligiez à arrêter. Me criiez après. Me menaciez. Je ne sais pas. Peut-être… juste quelque chose. »
Severus se rassit. « Pourquoi M. Potter ? Pour que vous ayez quelque chose à laquelle vous raccrocher ? Et que se passera-t-il le jour où je ne serai pas là pour vous arrêter… vous menacer…ou faire quelque chose ? Vous en servirez-vous comme excuse pour continuer et me le reprocher ? »
« Non ! » Dit Harry, mais il était devenu légèrement rouge.
Severus le regarda avec intensité. « Et bien, M. Potter vous devrez combattre ces démons par vous-mêmes. Vous-seul pouvez les arrêter. Je ne peux que m'assurer que vous ne mourriez pas sans le vouloir. Quand vous l'aurez décidé, vous arrêterez. »
« Ce n'est pas facile, vous savez ! » Lui dit Harry en remettant sa chemise. Il se rassit sur le canapé. « Essayez de prendre ma place une journée. Essayez de vivre en sachant que vous existez en étant Harry Potter, vous verrez à quel point c'est difficile. »
« Je n'ai jamais dit que ce serait facile pour vous, M. Potter. Je n'ai pas dit non plus qu'arrêter serait facile, » Répondit Severus en écrivant sur un parchemin devant lui. « J'énonce simplement un point important. Croyez-moi, je n'ai pas besoin d'être vous pour comprendre ce que vous faites et pourquoi. Ce n'est pas parce que votre vie n'est pas régie par le sort d'oubliette que celle des autres l'est. »
Harry resta silencieux quelques secondes puis plissa les yeux et sauta à nouveau sur ses pieds.
Severus s'arrêta d'écrire quand Harry se mit devant lui et attendit quelque chose. Il leva la main de Severus, celle qui ne tenait pas la plume, et releva la manche de la robe de l'autre homme pour étudier son bras. Il n'y avait rien. Aucune des cicatrices qu'il était pourtant certain de trouver sur le bras de son professeur. Harry se teinta d'une vive couleur rouge.
Il était si certain que les cicatrices seraient là. Après tout, cet homme n'avait pas eu non plus une enfance facile.
Severus haussa un sourcil et sans un mot libéra son bras. Harry retourna sur le canapé de velours noir, encore un peu rouge, s'assit et se perdit dans ses pensées.
« Je dois partir, » Dit-il d'une voix douce. Mais il ne bougea pas.
« Je vois, » Dit Severus. Harry leva la tête et le regarda avec des yeux emplis de tristesse.
Harry brisa finalement le contact, se leva, ramassa son uniforme qui était toujours par terre, prit son sac, le jeta sur une épaule et mit la main sur la poignée.
« Harry, » La voix de Severus l'arrêta. « Pourquoi est-il si important que je ne me sois pas… ? »
« Ca ne l'est pas, » Harry secoua la tête puis soupira. « Ca l'est. Ca l'est… parce que je….c'est beaucoup plus facile de comprendre quelque chose si vous l'avez vous-même vécu et secrètement je pensais que »
« Je vois, » Répéta Severus.
Harry se retourna légèrement pour le regarder et lui fit un petit sourire. Il prit ensuite une profonde inspiration, se retourna, se faufila en dehors de la pièce et referma la porte derrière lui avec un petit clic.
Severus observa longuement l'endroit où s'était tenu Harry et pensa à toutes les cicatrices qu'il avait vues auparavant sur sa poitrine. Il soupira doucement, se concentra sur les parchemins posés sur la table, devant lui, et noya ses pensées dans les mots qu'il avait sous les yeux.
En chaussettes, chaussures en mains, il courait dans les couloirs, caché sous sa cape, il espérait qu'elle dissimulait tous ses mouvements. Il s'était rendu compte que lorsqu'un Gryffondor s'aventurait dans les cachots des Serpentards au petit matin sans permission, il valait mieux prendre le plus de précaution possible. D'où l'absence de chaussures et les grandes enjambées. Tourner deux fois à gauche, une fois à droite, tout droit quelque temps puis une fois encore à droite….
Ou était-ce à gauche après l'armure ?
Harry jura silencieusement. Après tous les voyages qu'il avait fait pour voir Severus la nuit, il lui semblait que le chemin était beaucoup plus difficile à trouver quand il n'avait pas de but défini en tête. C'était comme si tout dans les cachots réagissait selon ses intentions, et ils savaient que ce qu'il avait l'intention de faire n'allait pas plaire à Severus.
Et bien, Harry l'avait fait toute la semaine et difficulté ou non, il n'avait pas l'intention de s'arrêter aussitôt.
J'ai besoin de le faire, merde ! Autrement, je ne dormirai jamais !
La porte avec la drôle de poignée apparut enfin. Elle se montrait toujours tôt ou tard. Il fallait simplement se montrer patient, jurer un peu, et discuter avec son esprit et les cachots finissaient par avoir pitié de lui et remettaient tout dans le bon ordre.
Il frappa trois fois, très doucement à la porte et comme toujours, priait que Severus soit déjà aller se coucher pour entrer dans la pièce qu'il connaissait si bien maintenant. Il referma doucement la porte puis se tourna pour regarder la table devant lequel se trouvait le canapé gravé du sceau des Snape sur le dos.
Harry commençait vraiment à tout aimer dans 'son' canapé.
Il mit ses chaussures au pied de la chaise, enleva la cape d'invisibilité, la plia, la posa près de ses chaussures puis s'installa confortablement la tête sur le bras du fauteuil et les jambes repliées l'une prés de l'autre. Il soupira de contentement et se laissa lentement sombrer dans le sommeil.
Comme toujours, Severus quitta doucement sa chambre, quand il fut certain que le jeune homme se soit assoupi et regarda la silhouette endormie qui avait violé obstinément trois règles pour agir comme il le désirait. Severus grimaça.
S'il insistait pour utiliser la cape d'invisibilité pour venir fureter ici, alors Merlin, pourquoi n'était-il pas suffisamment futé pour s'en servir comme d'un drap chaque nuit.
D'une voix douce, il lança un sort temporaire pour le réchauffer. Il se briserait quand Harry se réveillerait, comme il le faisait toutes les nuits maintenant et retourna doucement dans sa chambre. Il maudit silencieusement les sorciers indiscrets qui ont la prétention idiote de le prendre pour un bon confident pour un petit héros borné appartenant à la maison Gryffondor.
Harry criait :Severus était content d'avoir placé un charme d'insonorisation la première nuit que Harry avait passé dans ses quartiers, une semaine auparavant.
« Harry, réveille-toi ! »
Il le secoua, mais au lieu d'ouvrir les yeux, il continua de crier. Puis soudain, il s'arrêta, ses yeux roulèrent, sa bouche s'ouvrit mais aucun son n'en sortit. Son corps se mit à trembler violemment, les larmes silencieuses ruisselaient sur son visage et Severus ne put que regarder avec horreur.
Le doloris ? Mais comment ?
Il mit Harry en position assise, enveloppa de ses bras puissants le corps tremblant, sachant que si ça ne s'arrêtait pas bientôt, Harry allait finir à Sainte Mangouste dans la même section que les Longdubas.
Harry gémit puis sanglota, les tremblements diminuèrent et il se cramponna au corps chaud. Il tremblait encore mais était maintenant à demi conscient. Il se rendit compte que Voldemort n'était pas près de lui et qu'il n'allait pas mourir de la surcharge de douleur que son corps ressentait.
Il enfouit son visage contre la robe noire de Severus, contre sa poitrine, gémissant, tremblant et haletant pour respirer.
« Respire lentement, inspire et expire. Ca passera bientôt. »
Harry écouta les paroles alors que des vibrations passaient sur son visage et il obéit. Inspirer, expirer, il respirait lentement et écoutait le battement régulier du cœur de Severus et lentement le sien ralentit, battant à son propre rythme, se mélangeant pour former une variation de celui de Severus.
« Harry, » Severus bougea gentiment et à contre cœur, Harry s'éloigna de cette étreinte. « Que s'est-il passé ? »
« Ce n'était pas moi, » Harry secoua la tête puis agrippa sa cicatrice qui le brûlait horriblement. « Ce n'était pas pour moi je veux dire. C'était une autre famille moldue. Toute une famille. Trois enfants et leurs parents. Voldemort semblait si fâché. Le bébé pleurait. Il a aussi assujetti le bébé au sort….et c'était…. Ils criaient tous si fort et soudain ce fut moi. J'étais chacun d'eux et je sentais sa colère et son sort. »
Severus acquiesça silencieusement et se leva pour aller chercher une potion sur ses étagères.
« Bois-cela, ça sortira ton corps du choc, » Il tendit à Harry la potion qui la but sans poser de questions.
« Où est ta pensine ? » Lui demanda Severus quand il se fut calmé et que sa main ne pressait plus son front.
Harry s'excusa du regard puis répondit d'une voix douce. « Je l'ai laissé dans ma chambre. C'était trop difficile de la descendre ici. »
Severus s'assit sur une chaise derrière la table et se perdit dans ses pensées.
« Etes-vous en colère ? » Lui demanda doucement Harry. « Je suis désolé d'être venu ici en douce. Je dors mieux. Sauf ce soir, ça ne compte pas. »
Severus lui tendit une plume et un morceau de parchemin. « Je ne suis pas en colère, mais nous ne pouvons pas en discuter maintenant. Je veux que tu écrives ta vision avant que tu ne l'oublies pour que nous puissions la transmettre à Albus. Essaye de la mettre au clair avant le petit déjeuner. La potion ne devrait pas être prise avec l'estomac vide. »
Il le leva et se dirigeait vers sa chambre quand la voix de Harry l'arrêta.
« Severus, je suis désolé. S'il vous plait, ne soyez pas en colère. J'aime juste….être….ici. Je vous l'ai dit, je dors mieux. »
Severus soupira doucement, tournant toujours le dos à Harry. « Je sais. Tu as été suffisamment prudent pour ne pas te faire prendre jusqu'à présent. Fais en sorte qu'il en soit de même dans le futur. Entrer en douce dans les appartements d'un professeur au milieu de la nuit sans permission, en utilisant en plus une cape d'invisibilité est très dangereux. On aurait pu te jeter un sort et t'interroger plus tard. »
« Alors je peux continuer ? » Il y avait un sourire derrière sa question.
« Vous pouvez faire comme vous le souhaitez, M. Potter. On dirait que le directeur et la plupart des professeurs de cette école vous donnent carte blanche. Mais comme je l'ai dit, soyez prudent. Maintenant écrivez la lettre et allez prendre votre petit déjeuner. Je vous verrai en cours de potions. » Severus se retourna pour regarder Harry avec des yeux noirs. Mais Harry souriait sachant ce qui allait suivre. « Pour votre bien, j'espère que vous avez terminé vos devoirs. Vous et moi savons très bien que vous n'avez pas ce genre de liberté quand il s'agit de potions et de moi, M. Potter. Je n'ai aucun scrupule à déduire des points à Gryffondor et à vous donner une semaine de détention si je le dois.
Harry éclata de rire et Severus eut l'impression dérangeante de ne pas avoir été pris au sérieux pour la première fois de sa vie.
« Serait-ce une détention avec vous, professeur Snape ? » Lui demanda Harry en se dirigeant vers la porte d'entrée tout sourire. « Devrais-je me préparer à me tenir au milieu de la Forêt Interdite, sans baguette pour m'aider à repousser les dangereuses créatures, parce que vous savez ce serait illégal dans le monde sorcier. »
Severus le regarda dangereusement mais Harry garda son sourire et éclata à nouveau de rire.
Ils se glissèrent tous deux par leur porte. L'un combattant le désir d'être amusé et l'autre préparant ses plans pour revenir la nuit prochaine dormir sur le canapé de velours noir.
Tous deux attendaient le cours de potions avec impatience.
