Un chapitre de plus cette semaine, pour fêter la sortie de HP6 samedi (et parce que j'avais envi de le poster). Le chapitre 8 sera bien en ligne dimanche et le 9 le dimanche suivant. On dira que celui-ci est une exception.
Merci à ma correctrice AnthaRosa
Chapitre 7 : Cicatrices d'une âme invisible
Les jours passaient et les vacances de Noël approchaient à grands pas. Severus remarqua une certaine régularité dans les visites de Harry. Ou peut-être était-ce leur manque de régularité qui était devenue si distincte dans son esprit. Harry ne trouvait plus agréable de venir simplement dans les premières heures de la nuit ou de se glisser subrepticement aux petites heures du matin ou de simplement s'endormir sur le canapé au milieu de la nuit. Maintenant, Severus entendait frapper à des heures où lui-même devait s'admettre surpris par son audace.
Désormais, à quatorze heures entre la cinquième et la sixième heure de cours, Harry faisait soudain son apparition. Ou à dix-sept heures quand les cours de la journée étaient terminés et que seuls les Cinquièmes, Sixièmes et Septièmes années avaient d'autres cours auxquels ils devaient participer, il entendait frapper à la porte. Ou peut-être à vingt heures quand les résidents du château étaient à table, Harry choisissait de dîner avec Severus sur une pile de parchemins et sur un plateau de nourriture apporté par les elfes de maison.
Et Severus avait toujours avec lui sa fiole de crème bleue parce que lorsque Harry venait, quelle que soit l'heure, il en avait besoin.
Il y avait toujours une ou deux coupures fraîches qui devaient être immédiatement soignées.
« J'espère vraiment que vous n'utilisez pas ces moments pour continuer M. Potter, » un après-midi Severus râlait contre le jeune homme sans chemise, agenouillé devant sa chaise. « Le fait qu'il existe une potion ne vous donne pas toute liberté d'agir. »
Si cette réflexion avait été faite par une toute autre personne ou ailleurs, Harry l'aurait prise à cœur. Mais, parce qu'elle venait de 'Severus' et qu'Harry voyait l'inquiétude qui se cachait dans ses yeux noirs et derrière ses paroles, il fut choqué et haleta d'indignation. En toute franchise, il ne lui était pas venu à l'esprit de prendre cette liberté.
« Bien sûr que non, Severus ! Ce n'est pas ce que je fais ! Ce n'est pas… Je ne… »
Severus soupira et Harry, qui s'agitait pour essayer d'expliquer son innocence, rougit. Eh bien, Severus devait s'en assurer, non ? Il soupira à nouveau, plus doucement cette fois et rétrécit l'espace qui le séparait de Harry pour toucher de ses doigts couverts de potion les dernières plaies qu'il s'était faites sur le bras et les enduisit gentiment de potion.
Quand il eut terminé, Harry resta où il était, agenouillé, tête baissée, les yeux sur la moquette.
« Je…ne ferais pas une telle chose. Je ne me couperais pas simplement parce que je veux attirer votre attention ou comme excuse pour venir vous voir. Je… j'aime…venir vous voir maintenant. J'aime nos petites discussions aussi communes qu'elles peuvent être, mais je ne les utiliserai jamais comme excuse. Je vous l'ai dit, j'aime être ici. Je respire beaucoup mieux et je ne me sens pas aussi… vide. »
Il leva les yeux quelques secondes, croisa les yeux de Severus puis se leva. Il retourna vers le canapé mais ne s'assit pas. Il regarda l'emblème argenté qui se trouvait sur le velours noir puis exprima ses pensées d'une voix calme. Il tournait toujours le dos à son professeur de potions.
« J'aime être ici. Ce n'est peut-être pas évident, mais je sais que vous vous donnez vraiment du mal pour que j'aime venir ici et vous parler. C'est l'endroit où je viens quand je veux échapper à l'envie de me couper.
Il se tourna et regarda Severus avec des yeux suppliants pour qu'il comprenne.
« Le simple fait de savoir que je peux venir ici, vous voir et savoir que vous allez les soigner m'empêche de me couper continuellement. Je m'oblige à m'arrêter après la deuxième et je viens ici. Alors, je n'ai plus l'impression que ça m'appelle. Je n'ai plus le désir de … de… d'abandonner. »
« Mais vous le faites encore, » Lui dit Severus ostensiblement, ce qui fit rougir légèrement Harry. « Si ça aide tant, alors pourquoi ne venez-vous pas ici dès que vous ressentez le désir de vous couper ? Pourquoi attendre de l'avoir déjà fait pour venir à moi…pour être apaiser ? »
« Parce que… » Harry commença mais n'alla pas plus loin.
Severus plissa les yeux et s'approcha de Harry et vint se placer devant lui.
« Parce que vous le voulez, » Il termina la fin de la phrase. « Parce que vous aimez vous couper. Vous aimez regarder le rasoir ou le couteau danser sur votre peau et vous aimez voir s'écouler le sang parce qu'il est rouge et que vous avez l'impression d'être comme tout le monde. Quand vous saignez, vous vous videz de la colère et du vide. Et pourtant, vous devez encore vous prouver que vous êtes réel. »
Harry baissa à nouveau les yeux sur le sol.
« J'arrêterai un jour, vous savez, » Dit-il et Severus acquiesça.
« Je sais que vous le ferez. Maintenant si seulement vous pouviez y croire et travailler là-dessus. »
Harry s'arracha soudain à sa contemplation et se voila de doute.
« Qu'est-ce que j'aurai si je n'ai plus cela Severus ? » Demanda-t-il d'une voix calme. « Que serais-je ? »
« Vous auriez autant que nous autres, si ce n'est plus. » Lui répondit Severus avec fermeté, mais sa voix se fit plus douce. « Et vous seriez libre. »
Harry se détourna pour réfléchir.
« Mais je ne fais de mal à personne quand je fais cela, Severus. » Dit-il et Severus se rendit compte qu'ils venaient d'entrer dans le cœur du sujet. « Je n'essaye pas de priver le monde de mon héroïque présence. J'essaie simplement de m'en sortir. Je dois encore faire face à certaines choses et ça…. Ça aide… même si ce n'est que l'espace d'une journée. »
Severus en avait suffisamment entendu. Sans un mot, il agrippa la main de Harry et le tira à la salle de bain.
Cinq minutes après, Harry se tenait en caleçon devant le miroir que Severus avait décroché de dessus le lavabo et agrandi pour qu'il devienne un miroir à pied puis l'avait ensorcelé pour qu'il puisse tenir tout seul. Harry pour la première fois se voyait en entier. Severus se tenait derrière lui et regardait son reflet dans le miroir.
« Tu fais du mal à quelqu'un Harry, » Lui signala Severus d'une voix douce. « Si tu ne l'avais pas remarqué, tu te fais du mal à toi-même. Chaque fois que tu le fais, tu graves une autre marque dans ton âme. »
Harry gémit et se retourna. Il ne voulait pas affronter la réalité, lui-même ou sa vie, pas encore.
Il entoura de son bras la taille fine devant lui puis enfouit son visage dans la robe noire, contre la puissante poitrine. Il se perdit dans la senteur des épices et de fumée. C'était l'odeur de Severus qu'il sentait quand il était aussi proche de lui et Harry voulait se cacher aussi longtemps qu'il le pouvait.
Severus ne pensait pas que grogner serait sage. La crainte qu'il éprouvait pour Harry se mua en inquiétude. Et même s'il ne lui rendit pas son étreinte, il n'était pas complètement tendu.
« Harry… » L'admonesta-t-il doucement.
Harry secoua la tête violemment, son nez était l'ancre qui lui permettait de garder son visage dans la clavicule de Severus.
« Non. Ne veux plus parler, » Dit-il d'une voix étouffée.
« Nous allons devoir en parler. »
« Non. Je n'ai rien à dire. »
« Harry, » Harry sentit les vibrations voiler le rythme régulier du cœur de Severus. « Quoi que ce soit, je ne peux qu'imaginer que ça prendra des proportions plus grandes et nous devons en discuter. »
Ce n'était pas la première fois qu'Harry se cramponnait à lui de cette façon. En fait depuis la nuit où Severus avait été témoin de la vision et de l'endoloris, il l'avait déjà fait plusieurs fois.
Le nez de Harry s'ancra à nouveau alors qu'il secouait violemment la tête. « Non. Pourquoi ne pouvez-vous pas simplement l'accepter ? »
« Accepter quoi ? » La voix de Severus n'avait jamais semblé aussi proche de l'exaspération. « Qu'est-ce que j'accepte exactement ? »
Harry fit glisser son visage pour que son front soit pressé contre sa poitrine, libérant son nez et sa bouche pour pouvoir respirer, et même si c'était à contre cœur parler de façon cohérente.
« Que j'aime être ici, » Répondit-il finalement. « Que j'aime vous voir assis à votre bureau à corriger des copies quelle que soit l'heure à laquelle je viens ou le nombre de fois où vous jurez faire d'autre chose. Que j'aime mon canapé de velours noir et l'emblème argenté de votre famille qui ressemble à votre côté 'professeur Snape' et qui semble aussi se prêter à votre côté agréable, que moi-seul ai vu. Que j'aime la couleur crème de votre moquette, si différente de la nuance de gris fadasse que j'imaginais dans ces pièces des cachots. Que j'aime vos étagères remplies de piles et de piles de potions et de livres. Et je pense que j'aurais pu vivre ma vie toute entière sans jamais avoir entendu parler de la moitié d'entre eux.
Il leva les yeux et sourit. Ses bras enveloppaient toujours solidement la taille de Severus.
« Que je vous aime un petit plus que je ne le devrais, » Dit-il doucement.
Severus se moqua de lui alors que la tête se reposa sur sa poitrine. Cette fois, l'oreille droite de Harry était appuyée contre lui.
« Comme vous l'avez si bien fait remarquer, il y a différentes facettes de ma personnalité que je montre selon les heures, Monsieur Potter. » Il accentua le nom puisqu'il savait exactement ce que Harry ressentait quand il était aussi formel en privée.
« Ne m'appelez pas comme ça ! Vous me laisserez penser à moi-même en tant que M. Potter quand je ne serai pas raisonnable… »
Harry grogna mais Severus continua tout de même.
« De plus, il n'y a eu que du mépris entre nous pendant presque cinq ans, voir plus. Que vous 'm'aimiez' maintenant et si rapidement est plutôt -»
« Triste ? » L'interrompit Harry. « Impardonnable ? Inapproprié ? Stupide ? Je n'ai pas encore donné de nom à ce que je ressens, mais je sais que j'ai essayé de faire disparaître ces sentiments. Ca ne marche pas ! Très persistant pour un simple béguin, ne pensez-vous pas ? »
Severus se dégagea et le regarda avec impatience.
« Je m'en rendrai bientôt compte et j'en aurai terminé avec ça, j'en suis sûr, » Lui répondit-il en le regardant avec contrition.
Severus plissa les yeux. « Eh bien Potter, en attendant que vous vous en rendiez compte, peut-être devriez-vous réfléchir à la nature de ces rencontres. Vous êtes arrivé à un point où vous avez besoin de discuter le sérieux du problème et puisque je suis la première personne qui vous ai montré autre chose que de l'admiration ou de la dévotion, vous avez certainement dû réagir à mon inquiétude comme le ferait un adolescent : avec ses hormones. »
Harry lui rendit son regard noir. « Très bien, alors, mais êtes-vous en train de dire que si un…animal… m'avait montré autre chose que de la dévotion, je me serais retrouvé dans la même situation ? »
Severus secoua la tête et se retourna pour sortir.
« C'est difficilement comparable M. Potter, mais si le dit animal avait été votre loup-garou ou ces chiens de salon que vous appelez vos meilleurs amis, alors je n'en ai aucun doute. Après tout vous vous entendez plutôt bien tous les trois non ? »
Harry ne répondit que par un halètement d'indignation.
Severus pendant ce temps-là, ferma la porte et demanda à l'adolescent bouche bée « habillez—vous, »
Quinze minutes après Severus attendait toujours qu'Harry émerge de la salle de bain.
Ce qui n'était pas bon signe. Severus pouvait penser à plusieurs choses qui pouvaient garder Harry confiné dans la salle de bain. Bien entendu, l'embarras pouvait être l'une d'elles, mais Severus en doutait sérieusement. Alors, les seules autres options étaient liées aux instruments coupants et aux cicatrices.
Severus grogna et passa ses doigts dans ses cheveux, qui soit dit au passage, n'étaient pas du tout graisseux.
Il espérait vraiment que Harry ne souillait pas sa salle de bain, parce que, même si le sang pouvait être facile à nettoyer grâce à la magie, il était inquiet, et c'est ce qui comptait.
Bien entendu, si Harry faisait autre chose, alors, et bien….ce serait comme s'il ne lui faisait pas suffisamment confiance.
Deux minutes après, il n'avait toujours entendu aucun son provenant de la salle de bain. Il abandonna et se dirigea doucement vers la porte. Il ne frappa pas, tournant simplement la poignée. Il se rendit compte qu'elle n'était pas verrouillée : elle était exactement comme quand il était sorti.
C'était peut-être bon signe.
« Harry ? » Severus entra.
Harry se tenait exactement à l'endroit où Severus l'avait laissé. Des larmes glissaient sur ses joues et de ses yeux verts regardaient fixement le reflet que lui renvoyait le miroir.
« Elles sont laides, hein ? »
Severus ferma la porte et vint se placer derrière Harry comme il l'avait fait un peu plus tôt, pour regarder les cicatrices qui marquaient les bras, les jambes et la poitrine du jeune homme.
De petites lignes de douleur.
Une image physique des cicatrices de son âme.
« Penses-tu qu'elles le sont, Harry ? » Lui demanda Severus d'une voix douce en rencontrant les yeux larmoyants dans le miroir.
Harry acquiesça et sanglota doucement.
« Au début, je les aimais. Elles étaient mon petit secret et elles m'aidaient quand elles brûlaient, m'élançaient et saignaient. Elles étaient un rappel de ce qui me faisait tant souffrir à l'intérieur. »
« Et pourtant tu n'as aucun désir de t'en débarrasser. »
Harry sanglota à nouveau quand il entendit le ton de Severus. Celui-ci savait qu'il voulait les garder. C'était une déclaration de fait, comme si Severus pouvait lire les pensées cachées derrière ses yeux et voir son cœur. Peut-être que Severus avait vraiment beaucoup d'expérience dans ce domaine avec ses Serpentards. Il était certain de ses accusations et il avait raison : Harry ne voulait pas s'en débarrasser.
Harry se tourna pour lui faire face et silencieusement, il le pria de ses yeux de comprendre.
« Je les déteste. Je déteste chacune d'elle et quand je les regarde trop longtemps, je veux désespérément les arracher, les voir partir. Au début, elles étaient vraiment visibles, mais tout le monde s'en fichait, mais maintenant…. Que dirais-je si on les voit et qu'on me pose des questions ? 'Ca ? Rien de sérieux. Je suis simplement tombé sur une lame soixante trois fois ! »
Il renifla.
« 'Mais personne n'a demandé, Severus, jamais. Je porte des chemises à manches longues et les Dursley n'en ont rien à faire. Et l'été quand il fait terriblement chaud où pendant la saison sèche je me promène avec mes manches longues et mes pantalons, les moldus pensent que je dois être aussi fou que j'en ai l'air. Et ici à Poudlard, je porte mon uniforme et il couvre tout, n'est-ce pas ? »
« Harry, » Severus l'interrompit, mais Harry secoua la tête et poursuivit.
« J'ai peur que les gens les voient, mais une part de moi veut qu'ils les remarquent. Je veux que les gens comprennent que je ne suis pas parfait ! Je veux que les gens me voient avec et se rendent compte que je suis réel, que je peux souffrir, saigner et mourir et….et…. »
Il s'arrêta alors que les larmes ruisselaient à nouveau. Il renifla, sanglota jusqu'à ce qu'il contrôle sa respiration.
« J'en ai besoin, Severus. Je les déteste peut-être mais j'ai besoin de savoir, de me souvenir qu'elles sont là et que je les mérite parce que j'ai fait souffrir beaucoup de monde et que j'ai commis de nombreuses erreurs. Je sais, Severus, mais je ne fais souffrir que moi. Si elles n'étaient pas là, alors j'oublierais et ce serait mal ! »
« Et qu'y aurait-il de mal à oublier quelques transgressions, Harry ? » Claqua Severus. Harry était maintenant calme, mais Severus était en colère. « Qu'est-ce qu'il y a de mal à pleurer la perte d'une personne et d'avancer ? Pourquoi ne peux-tu pas oublier ces dettes comme tout le monde et -»
Il s'arrêta au milieu de sa phrase et regarda simplement l'adolescent devant lui qui cherchait dans la profondeur de ses yeux noirs à comprendre ses pensées. Il n'y avait pourtant rien à voir dans le regard de Severus et il était comme aveugle quand il s'en rapprochait. Harry ne put voir que son reflet vide dans les yeux noirs.
« Je l'ai déjà dit, Harry, » Quand Severus reprit la parole, sa voix était plus douce. « Quand tu décideras d'arrêter, tu le feras. Je suis ici pour m'assurer que tu ne meures pas sans nécessité, mais pour ton propre bien, j'espère que ce que tu utilises pour te focaliser te soutient vraiment. »
Severus se détourna et sortit, soudain trop fatigué pour élever à nouveau la voix. Il n'était pas sûr de pouvoir l'aider même s'il le faisait.
« Accorde-moi une faveur Harry, » Dit-il d'une voix douce. « Ne fais pas de moi ta 'colle', celle qui te permet de tenir parce que je ne me sentirai pas responsable si tu ne réussis pas à surmonter cela par toi-même, et il n'y a que comme ça que tu t'en sortiras. Je serai là mais pour ne plus ressentir le besoin de te couper ou d'apaiser par ton sang tes démons intérieurs, tu devras arrêter par toi-même. »
Cinq minutes après, Harry sortit finalement de la salle de bain. Sa priorité fut de se rhabiller. Il chercha donc la chemise et la robe qu'il avait enlevées quand il était arrivé un peu plus tôt et les boutonna après avoir remis son pantalon.
Il se dirigea ensuite vers Severus et le poussa vers la table.
« Harry… » Severus protesta, mais Harry avait déjà noué ses bras autour de sa taille et était occupé à enfouir son visage dans la robe de Severus, contre sa poitrine.
Severus attendit, à demi-patiemment parce qu'en général, ces étreintes touchaient à leur fin assez rapidement et il se rendit compte qu'il n'avait qu'à attendre.
Harry lui sourit tristement et dénoua ses bras.
« Merci, Severus. »
Severus soupira. « Pour quoi Harry ? »
« Pour tout ce que vous faites et pour toutes les limites que vous me permettez de franchir ou parce que vous vous contraignez à tolérer ma présence ici, » Dit Harry en haussant les épaules.
« Je ne 'tolère' pas votre présence ici, » Grimaça Severus.
« Ce n'est rien. Je sais que vous le faites encore, mais vous savez bien le cacher la plupart du temps, alors ne vous inquiétez pas. Je sais que vous ne me détestez pas et que vous n'éprouvez plus rien de tel, » Répondit Harry en souriant légèrement. « Ne pensez pas que je n'apprécie pas.
Il enveloppa ses bras autour de Severus et simplement pour cette fois, Severus lui rendit son étreinte. Il le serra moins fort bien évidemment, mais Harry se sentit beaucoup mieux.
« Je ne tolère pas simplement votre présence, M. Potter, » Lui dit Severus et Harry éclata de rire. La manière dont il avait prononcé cette phrase donnait à penser qu'il était sur le point de bouder.
En toute honnêteté, Harry aimait le côté de Severus que lui seul voyait.
Harry réalisa que Severus n'avait jamais aussi prêt d'admettre qu'il ne détestait pas particulièrement sa présence dans ses quartiers aussi souvent ces jours-ci.
Harry se blottit contre la poitrine de Severus avec un sourire et Severus grogna de dégoût. Harry sentit la chaleur de ses bras le quitter mais il s'accrocha tout de même solidement à lui.
« Harry ! »
Harry sourit avec espièglerie et les yeux verts semblèrent danser derrière ses lunettes, remarqua vaguement Severus.
« Oh acceptez-le ! Au moins jusqu'à je m'en rende compte. »
Et Harry partiy, se glissant par la porte qui menait au couloir des Serpentards. Severus espérait qu'il aurait au moins le bon sens de se montrer prudent parce qu'il n'apprécierait pas d'avoir à expliquer à sa Maison pourquoi le Gryffondor semblait entrer et sortir de ses appartements privés si souvent et avec une telle volonté.
Severus grogna. Il avait quelques petites choses à faire avant le dîner, dont une potion pour Dumbledore et quelques Poussos pour l'infirmerie, il devait ensuite corriger les devoirs des troisièmes et cinquièmes années et…
Il se demanda si Harry avait prévu de revenir dans la nuit ou de venir en douce à trois heures du matin. Ca voudrait dire qu'il devait commencer rapidement : il savait qu'il ne pourrait pas beaucoup avancer une fois que Harry serait là.
Ecouter Harry parler demandait beaucoup d'attention.
« Hé, tu es là ! Harry ! Tu m'aides à faire mes bagages ? »
Ron tira Harry de son lit sur lequel était éparpillé le bazar qu'il avait rassemblé au cours du premier trimestre. Même s'il leur restait une semaine entière avant les vacances de Noël, la plupart des élèves avaient déjà fait leurs bagages pour partir et passer leurs vacances chez eux. Ils semblaient avoir été touchés par le sort de lévitation lancé sur les décorations, le houx et le gui qui dansaient au-dessus des têtes de tous ceux qui se baladaient dans les couloirs.
Bien entendu Harry restait à Poudlard pour Noël et bien qu'il recevait d'occasionnels regards condescendants, ça ne le dérangeait vraiment pas.
Il préférait être n'importe où ailleurs que chez les Dursley.
De plus, il avait la possibilité de faire quelque chose de ses soirées maintenant, non ?
« Où étais-tu, de toute façon ? » Lui demanda Ron vexé alors qu'ils essayaient de tout faire entrer dans une petite valise. Ron était déterminé à ne prendre qu'elle.
Harry haussa les épaules. « Ce n'est pas important. »
Les cachots. Toujours les cachots ces derniers temps, Ron. Chevaucher les montagnes russes, telle est ma vie.
« Hm, d'accord, » Ron laissa tomber le sujet facilement.
La valise était déterminée à ne pas se fermer, Sort scellant ou non.
« Alors que vas-tu faire ici, pendant les vacances de Noël? » Ron s'assit sur le fichu truc pendant que Harry lançait une nouvelle fois le sort.
« Comme d'habitude je présume. Je verrai. » Répondit finalement Harry.
Ouaipe. Descendre aux cachots. Avoir une sorte de crise devant Severus et le laisser patiemment me remettre sur pieds.
Voilà pour la théorie du 'manque de colle', pensa immédiatement Harry.
« Génial ! » Dit Ron en souriant. Harry lui sourit pour le rassurer suffisamment.
Ron avait refoulé de son esprit tout ce qui concernait Harry, incluant leur secret. Hermione avait pratiquement fait la même chose, sauf qu'elle lui lançait des regards inquiets de temps à autre, lui donnait des étreintes soudaines et nombreuses et pestait après lui parce qu'il travaillait moins ces derniers jours.
Mais le trio était de retour, même si Harry se rendait compte que deux des trois souhaitaient qu'on leur jette le charme d'oubliette. Il n'avait pas réfléchi à ses actions et il ne savait pas s'il regrettait ou non de leur avoir parlé, mais parfois ils se demandaient si eux ne le regrettaient pas.
Harry n'était qu'à moitié parfait, même pour ses meilleurs amis.
Harry regarda l'heure. Cinquante minutes ne s'étaient même pas écoulées depuis qu'il avait quitté les cachots et il souhaitait déjà y retourner.
Et bien, au moins pendant les vacances, il serait libre d'aller le voir quand il le voudrait… ou quand il en aurait besoin.
