Merci à ma correctrice AnthaRosa

Chapitre 9, particules de lumière

Deux Poufsouffle (première année), aucun Serpentard, un Gryffondor (sixième année) et trois Serdaigles (première, quatrième et sixième année).

C'était le nombre total d'étudiants restés à Poudlard pendant les vacances. Harry étant le seul Gryffondor et la célébrité locale passait autant de temps qu'il le pouvait avec eux. Cependant après les quatre premiers jours, il sentit qu'il avait besoin de liberté et de solitude.

Seul pour Harry pouvait se traduire par 'être dans les quartiers de Severus' et dès qu'il laissa les autres, il courut littéralement dans les couloirs vides des Serpentards.

« Severus ! » L'appela-t-il en entrant dans le salon, mais Severus contrairement à d'habitude, n'était pas derrière la table.

« Severus ! » L'appela Harry un peu plus fort à voix haute en priant silencieusement que Severus ne soit pas sorti parce qu'il ne savait pas où il pourrait aller autrement.

Pour la première fois depuis qu'Harry venait dans les quartiers de Severus, il vit la porte conduisant au laboratoire privé de Severus s'ouvrir en grand. Tel un aimant, son regard fut attiré par l'image vacillante d'une lueur, d'ombres et d'une silhouette en robe noire.

« Oui M. Potter ? Avez-vous une raison de crier mon prénom dans tout le château ? »

Severus ne s'était pas retourné.

Harry s'appuya contre la porte avec un sourire. Il observa le professeur de potions à l'œuvre. Il se rendit compte qu'il n'avait jamais vu Snape préparer une potion avant et alors qu'il l'observait, il dut reconnaître qu'il était impressionné.

Severus n'était pas appelé Maître des potions pour rien. Il était évident qu'il savait exactement ce qu'il faisait.

C'était comme une danse complexe qui s'opérait entre les ingrédients hachés, mélangés et ajoutés. Harry était captivé par les mouvements de Severus.

« Pourquoi sont-ils appelés 'quartiers' ? » Lui demanda-t-il soudain en brisant le silence avec un sourire, qui il le savait, s'entendait dans sa voix. « Est-ce parce qu'il y a quatre pièces ? »

Severus se tourna légèrement vers la silhouette et haussa un sourcil. Harry éclata de rire.

« Puis-je entrer ? »

Harry entra dans la salle et ferma la porte. L'obscurité fut immédiatement remplacée par une douce lumière provenant du plafond. La pièce était suffisamment lumineuse pour que l'on voie correctement, mais pas suffisamment pour lire ou dessiner.

Severus retourna à sa potion et Harry ricana.

« "Double, double, peine et troubles! Feu, brûle, et chaudron, bouillonne!" » Dit-il en ricanant. Il entra et s'assit sur le banc près de la potion frémissante et de la table sur laquelle se trouvaient les ingrédients.

Severus sembla l'ignorer quelques temps et quand Harry fut sur le point de lui donner une explication, il fut épinglé par un regard attentif venant des yeux onyx.

« Aux picotements de mes pouces, je sens qu'un maudit vent vient par ici. »

Dire qu'Harry était choqué était en dessous de la vérité : sa bouche s'ouvrit de surprise quand il entendit les mots prononcés d'une voix douce.

« Vous avez lu Macbeth ? Quand ? Je ne pensais pas que vous aimiez les écrivains moldus, » Dit-il en le regardant bouche bée.

Severus sourit à la manière Snape, « Qui vous a dit que Shakespeare était moldu ? »

Il reçut un deuxième choc et Harry reprit son expression abasourdie, « Il ne l'était pas ? »

Severus ajouta une poignée de racines hachées, cinq pétales de lavande et une pincée de poudre d'aile de papillon puis regarda Harry, une expression fermée sur le visage.

« Une bouteille de poison dans Roméo et Juliette, des fées dans Songes d'une Nuit d'été, Nuit dans la Tempête, les trois sorcières de Macbeth…voulez-vous que je continue ? Je crois que vous avez besoin de faire un peu plus de recherche sur les sorciers célèbres. Il faudrait que vous en connaissiez d'autre que vous et le Seigneur Noir. Aussi important que vous puissiez l'être tous les deux, vous n'êtes pas les seuls à être devenus célèbres dans le monde sorcier pour avoir fait de bonnes…ou de mauvaises choses.

Harry prit un air renfrogné. Il pouvait faire confiance à Severus pour lui inculquer une leçon aux moments les plus inopportuns.

« J'ai vraiment besoin d'une occupation, » Marmonna Harry. Il sourit et secoua la tête.

« Cette suggestion ne manque pas de sagesse, M. Potter. »

Harry prit à nouveau un air renfrogné.

« Vous n'allez jamais arrêter avec ce 'M. Potter', hein ? » Il le regarda avec des yeux noirs. « De plus, j'ai une occupation. C'est voler ! »

Severus se tourna vers lui : ses lèvres s'étirèrent de la façon la plus légère qui soit et de ses yeux étaient absents leur froideur habituelle. Dans la lumière blanche et les flammes vacillantes, ils avaient l'air de perles brillantes, noires.

Harry avait déjà vu cette expression, et c'est celle qui se rapprochait le plus de l'amusement.

Soudain Harry brûla de le voir sourire, de voir un vrai sourire étirer ses lèvres, pour lui. Il avait le profond désir d'entendre Severus rire, de voir ses yeux, peut-être pas scintiller, mais briller.

« Quand on en vient à vous Harry, voler est davantage une source de désastre que de calme. »

Harry sourit. Il pouvait certainement se contenter de la voix noire, apaisante, soyeuse et chaude ces jours-ci.

« Alors que me suggérez-vous? » Lui demanda Harry d'un air taquin. « Etudier ? Combattre des monstres ? Violer les règles de l'école ? Parce que, vous professeur Snape, plus que tout autre, devriez savoir que je suis déjà occupé avec ces choses là. »

« Une telle insolence, » Severus le regarda avec des yeux noirs ce qui le fit éclater de rire. « Puisque vous manquez apparemment d'activités propres, calmes et saines, peut-être devriez-vous aller y penser un peu. »

Harry s'arrêta de rire immédiatement, mais il avait conservé son sourire.

« Me mettez-vous dehors ? »

« Non. Je vous chasse simplement le temps de terminer la potion. »

Harry haussa un sourcil, mimant le geste reproduit si souvent par Snape. « Vous me jetez dehors à cause de la potion ? Quelle est cette potion de toute façon ? »

« Veritaserum, » Répondit-il immédiatement, presque distraitement. « Le Ministère en a besoin d'une grosse fournée et apparemment je suis l'une des seule personne suffisamment compétente pour la préparer correctement. Même si je ne sais pas pourquoi. J'ai l'impression qu'ils pourraient croire que je vais les empoisonner. Non pas que je sois contre cette idée. C'est un groupe d'idiots insupportables ! »

« Périodes drastiques, mesures drastiques, j'en suis certain, » Ajouta Harry. « Je ne comprends toujours pas pourquoi je ne peux pas rester plus longtemps. »

Severus le regarda attentivement. « Vous êtes en cours de potion de sixième année et bien que vous ne soyez pas un excellent élève, vous avez suffisamment étudié ces derniers temps pour faire des potions assez bien réussies. Veritaserum, est assez difficile à préparer, mais elle est à votre portée. Après tout, vous avez le chic pour tomber sur les informations inappropriées. Je n'aimerais pas que vous sachiez faire cette potion avant le temps approprié. »

En entendant cela, Harry éclata de rire.

« Etes-vous en train de dire que si je faisais suffisamment attention à ce que vous faites maintenant, je serais capable de préparer du veritaserum par moi-même ? » Lui demanda-t-il en souriant jusqu'aux oreilles. Il n'était pas certain de savoir comment Severus allait lui répondre.

L'honnêteté de sa réponse le surpris.

« Oui Harry. C'est ce que je suis en train de dire. Vous et tous les autres apprendrez à la préparer quand vous serez en septième année et en attendant, je préfère que vous ne soyez pas là durant les dernières heures. »

« Ah mais maintenant, j'ai envie de rester ! » Harry prétendit bouder.

« Dehors ! » Lui dit Severus en lui désignant la porte.

Harry était tenté de tirer la langue à cet homme insupportable mais décida de ne pas le faire. Il ne savait pas comment Severus réagirait, mais son côté rationnel lui dit que peut-être que son professeur de potions ne tolérerait pas que son élève lui crachote dessus. Harry se demanda s'il arrivait à Severus d'être tolérant et jura que s'il l'était par moment, il serait le premier à sauter sur occasion.

Harry se leva et vint à côté de Severus qui avait commencé à moudre ce qui ressemblait suspicieusement à des grains de maïs, en une poudre jaune.

« Je m'en vais alors, » Lui dit Harry doucement. Severus acquiesça sans quitter des yeux son chaudron.

Harry sourit, raccourcit la distance qui le séparait de Severus et enveloppa de ses bras la taille fine de l'autre homme. Il enfouit son visage dans le dos de Severus, dans les longues mèches de cheveux noirs et respira l'air rempli de cannelle, vanille et probablement d'autres ingrédients magiques. Il devait demander à Severus comment quelque chose qui sentait aussi bon pouvait avoir l'air aussi offensant. Harry commençait à croire que Severus dissimulait ses cheveux sous un charme glamour pour éviter que les élèves n'aient le désir d'enfouir leur visage dans une telle douceur.

Ce n'était que la deuxième fois qu'il le faisait en quatre jours et Harry était convaincu qu'il était dépendant de cette odeur.

Epices et fumée, cannelle et vanille… toutes les odeurs qu'il associait désormais à Severus.

« En revoir Severus, » Murmura Harry. « Je reviendrais dès que vous aurez terminé votre potion. »

« En revoir Harry, » Répondit calmement Severus comme s'il n'avait pas remarqué le Gryffondor de sixième année accroché à sa taille, pressé contre son dos, reniflant ses cheveux.

Harry détacha ses bras, rit doucement et sortit calmement.

Il reviendrait bientôt, mais il devait d'abord se trouver une occupation.


« Salut Harry. Tu te caches ? »

Harry ne fut pas surpris quand il entendit la voix. Il avait observé le Serdaigle de sixième année traverser la cour pour venir vers lui. Il était assis contre le tronc d'un immense chêne face au lac et s'était immergé dans sa tache quand il remarqua William se diriger vers lui.

« Salut Will. Je pourrais te poser la même question. »

Will s'assit à côté de Harry sur le lit d'herbe sous l'arbre et jeta un œil sur le bloc à dessin sur lequel les doigts de Harry s'étaient remis à danser.

« Wow, c'est fantastique Harry ! » S'exclama-t-il quelques secondes après.

Harry regarda son dessin et remercia Will. Il représentait le lac et ce qui l'entourait. Ce n'était pas brillant mais il se dit que ça ne devait pas être très mauvais. Il devait beaucoup s'entraîner mais il se rendit compte que c'était un bon début.

Les yeux de Will se collèrent au papier, apparemment impressionné par la pièce finale.

Tous deux élèves de sixième année, Harry ne connaissait Will que de vu. Il n'avait commencé à discuter avec lui qu'en septembre lorsqu'ils s'étaient retrouvés en cours de charme renforcé. Ils étaient devenus bons amis et avaient passé les quatre premiers jours ensemble à guider les élèves les plus jeunes.

« C'est ma nouvelle occupation, » Dit Harry au Serdaigle. Will sembla encore plus impressionné.

« Tu es plutôt bon si tu commences seulement à dessiner et que tu parviens déjà à faire cela ! » S'exclama-t-il.

Harry rit brièvement. "Eh bien, en fait, je dessine des endroits comme celui-ci, autour de Poudlard depuis ma première année. Donc dessiner n'est pas nouveau, mais dessiner plus souvent et pour m'amuser est nouveau. J'avais besoin d'une activité propre, calme et saine. Apparemment voler ne satisfait pas tous les besoins, dans mon cas. »

« Qui a dit ça ? » Lui demanda Will perplexe.

« Ca n'a pas d'importance, » Lui répondit rapidement Harry, mais le Serdaigle remarqua l'expression rieuse dans ses yeux. « Alors, à part perturber ma tranquillité, est-ce que tu me cherchais pour quelque chose. »

Will sourit et répondit d'une voix qui concurrencé le ton léger de Harry.

« J'ai entendu le professeur MacGonagall parler au directeur il y a quelques minutes. Apparemment c'est l'anniversaire d'un professeur et le professeur MacGonagall disait qu'il était triste que cette personne doive travailler un tel jour. Le directeur a alors ri et a répondu que pour lui c'était probablement la meilleure façon de célébrer son anniversaire. J'ai pensé qu'il s'agissait peut-être du professeur Flitwick. Je ne l'ai pas vu de la journée. Mais je n'ai pas vu non plus le professeur Binns. Mais je doute qu'il célèbre son anniversaire. Et même s'il se souvenait de la date, il doit certainement la mélanger avec les autres. »

Harry était choqué. Il avait un fort soupçon. Il avait après tout, vu le sorcier préparer une potion. De plus, il savait de source sûre que l'anniversaire du professeur Flitwick était en avril. Par contre, il n'avait pas le moindre indice pour savoir quand était celui du professeur Binns, mais il était d'accord avec la logique de Will.

« Es-tu sûr qu'ils n'ont pas dit qui fêtait son anniversaire aujourd'hui ? » Lui demanda-t-il en essayant de ne pas paraître trop curieux.

Will lui fit un grand sourire. « Non, ils ne l'ont pas dit. J'écoutais attentivement, je ne l'aurais pas raté s'ils l'avaient dit. J'aimerais moi-aussi le savoir. Je veux dire, une semaine avant Noël et pas un mot avant. C'est très étrange, ne penses-tu pas ? »

Harry acquiesça mais ne dit rien d'autre. Il essaya de ne pas paraître perdu dans ses pensées alors qu'il cherchait ce qu'il ferait si c'était effectivement l'anniversaire de Severus. Ce n'était pas un week-end, il n'aurait donc pas la permission d'aller à Pré au Lard pour lui chercher quelque chose et même s'il le pouvait c'était presque l'heure du dîner et on ne lui permettrait pas d'aller là-bas.

Bien entendu, il pouvait s'y faufiler avec sa cape d'invisibilité et la carte des Maraudeurs, mais ce serait dangereux maintenant que Voldemort était à nouveau 'humain'.

Harry commençait à bouillir intérieurement. Severus saurait que lui trouver quelque chose à une heure aussi tardive serait difficile, ce qui était probablement la raison pour laquelle il ne lui avait rien dit. Harry avait pratiquement décidé d'aller à Pré au Lard et ce malgré le risque.

« Alors, viens-tu dîner avec moi ? »

Harry n'avait pas remarqué que Will s'était levé, prêt à partir. Souriant, il le regardait avec attente. Harry prit une expression contrite.

« Désolé Will, je n'ai pas très faim. J'ai bien déjeuner et j'ai été prendre quelque chose à la cuisine avant de venir ici. Je crois que je vais sauter le dîner ce soir. »

L'espace d'une seconde, Will sembla déçu, mais son expression fut rapidement remplacée par un sourire compréhensif.

« Très bien, Harry. Je te vois demain ? »

Harry acquiesça et Will lui fit un petit sourire pour le remercier.

Dès qu'il vit Will disparaître, Harry prit son carnet à dessin, son crayon moldu, sauta sur ses pieds et en essayant de ne pas courir se dirigea vers les cachots en passant par les couloirs des Serpentards.

Il devait confronter son professeur dans trois heures. Il savait qu'il attendait cet instant avec impatience.


« C'est votre anniversaire ! »

Harry claqua la porte en entrant avant de scruter le salon. Il était parvenu à contrôler sa bouche suffisamment longtemps pour ne pas tomber par terre et se faire une belle entaille

La table sur laquelle était assis Severus d'habitude n'était plus couverte de papiers et de plumes, mais d'une nappe de satin bleue. Dessus étaient posés une bouteille de vin rouge, deux verres, l'un en face de Severus et l'autre devant le canapé, comme si Severus attendait Harry.

« Eh bien, c'est gentil de répondre à mes attentes, M. Potter, » Lui dit Severus. Mais la lueur dans ses yeux montrait à Harry un amusement dissimulé. « Comme je vous l'ai déjà dit tout à l'heure, vous avez le chic pour glaner des informations inappropriées. »

« C'est votre anniversaire ? » Lui demanda Harry un peu plus doucement en se dirigeant vers le canapé. Il s'assit en face de Severus, comme toujours.

Severus acquiesça et Harry grimaça, il était à moitié en colère, à moitié embarrassé. « Mais je ne vous ai rien préparé ! »

Severus fronça les sourcils. « Vous êtes-vous coupé aujourd'hui ? »

Harry secoua la tête et sourit.

« Avez-vous pleuré ou avez-vous eu envie de crier ou de gémir d'angoisse ou de vous apitoyer sur votre sort.

Harry secoua à nouveau la tête…. la lèvre de Severus s'étira légèrement, les perles noires de ses yeux brillaient. Le pouls de Harry s'accéléra légèrement.

« Alors c'est votre cadeau pour moi, Harry, » Lui dit Severus d'une voix douce. « Merci. Vous ne vous êtes pas blessé alors que vous ne saviez pas l'importance de ce jour. »

Harry bouda un peu. « Mais c'est exactement la raison pour laquelle nous ne pouvons pas en faire votre cadeau. Si je ne me suis pas coupé, ce n'est pas pour honorer l'occasion et je veux vous donner quelque chose. »

« Qu'avez-vous à me donner ? »

Harry rougit. Il se sentit soudain conscient de lui-même et timide. Il lui tendit lentement le dessin qu'il venait de peindre. Il l'avait peaufiné.

Le plus important était le charme qu'Harry avait placé sur l'image. Il lui avait fallu pas mal de temps et de concentration, mais il était finalement parvenu à la faire bouger. L'eau du lac endormi, se déplaçait gentiment le long du rivage et des arbres de la forêt interdite dont les arbres bruissaient sous une brise enchantée. Harry ne savait pas si Severus aimait ou non Poudlard, mais il s'était dit qu'il pourrait aimer une image de cet endroit.

Severus la regarda longuement.

« Votre nouvelle occupation ? » Harry acquiesça. « J'ai remarqué que vous aviez tendance à passer du temps à dessiner de petites images, même à des heures inappropriées comme en cours de théorie de potions. Je me demandais quand vous vous rendriez compte qu'il existait des instruments inventés pour cela en dehors de votre main, et de votre sang comme encre.

« C'est un sort compliqué. Vous auriez pu vous épargner tout ce mal en achetant simplement un carnet de croquis sorcier, déjà charmé pour que quel que soit le dessin, il bouge. » Severus rencontra les yeux de Harry. « Mais je l'apprécie davantage parce que je suis conscient de vos efforts. Merci Harry, c'est impressionnant. »

Harry ne savait pas s'il devait rougir d'embarras, de fierté ou du regard intense de Severus posait sur lui. Au final, il rougit pour toutes ces raisons et peut-être davantage pour la myriade d'émotions qu'il ressentait.

Severus remplit leur verre de vin pendant qu'Harry se reprenait.

« Je vais supposer que vous n'avez pas dîné et que vous avez probablement faim. Ai-je raison ? » Demanda Severus en jetant un œil vers Harry.

Il acquiesça.

Severus claqua des doigts et la nourriture apparut sur la table, comme dans la Grande Salle.

« Les elfes de maison sont assez gentils quand ils le veulent bien, » Lui dit Severus en guise d'explication. « Voulez-vous que je transforme le canapé en chaise ? »

« Non, ça va, » Répondit Harry en décidant qu'il était temps qu'il fasse à nouveau usage de la parole.

Severus acquiesça à son tour et prit une gorgée de vin. Harry imita l'action mais haleta d'indignation presque immédiatement.

« C'est du jus de pomme ! »

« Vous êtes beaucoup trop jeune pour boire de l'alcool avec ou sans repas et en tant que professeur, je ne peux pas vous permettre de boire en ma présence, » Lui dit Severus en souriant d'un air satisfait. « Il y a un charme placé sur votre verre qui change le liquide. »

Harry le regarda avec des yeux noirs. « Alors pourriez-vous faire en sorte que ce soit quelque chose de plus spécial et de moins….jus de pomme ? »

Severus lui rendit son regard puis frappa de sa baguette le verre. Le liquide devint moins transparent et il prit une couleur noire dorée.

Harry le porta immédiatement à ses lèvres pour le goûter.

Bière au beurre.

Ca irait.

Il haussa les épaules et acquiesça.

Severus but une gorgée de vin. « Alors qu'avez-vous fait toute la journée ? »

« J'ai travaillé sur votre cadeau d'anniversaire. »

« Très bien. Comment avez-vous su que c'était mon anniversaire ? Je sais que vous n'en aviez aucune idée quand je vous ai fait quitter mes quartiers. »

« Hmm. Comment est le veritaserum ? »

« Assez bon. Apparemment je serais encore en train de le préparer s'il ne me plaisait pas…. Vous n'avez pas répondu à ma question. »

« Oh…eh bien…En fait, je ne pensais pas le faire. Vous n'avez pas été suffisamment poli pour me le dire et vous m'avez donné un vilain choc quand je l'ai découvert…. Alors ce sera ma vengeance, je ne vous le dirai pas. »

« Dumbledore a un peu aidé, non ? Vieille commère. Il est incapable de ne pas fouiner dans les affaires des autres. »

« Oui, et bien, si ce n'était pas pour lui, vous seriez en train de boire tout seul. »

« Ce ne serait pas une mauvaise idée. Ne pensez pas que je ne vous mettrai pas dehors si le besoin s'en fait sentir. »

« Vous ne le feriez pas. Vous seriez alors sans Harry Potter à insulter et nous savons tous les deux que vous avez besoin de votre dose quotidienne. »

« Gamin insolent ! Je devrais vraiment vous jeter dehors. »

« Vous continuez à dire ça, et pourtant… »

« Et bien dépêchez-vous de manger comme ça je pourrai le faire. »

« J'ai presque terminé. Retenez vos chevaux. Pourquoi se presser de toute façon ? »

« Vous avez raison. Pas de précipitation. Je peux simplement vous faire léviter jusqu'à la porte fermée. »

« Et bien, les poules ont des dents ! Venez-vous de dire que j'avais raison ? »

« Gamin insolent ! »

« Oui vous l'avez déjà dit. »


A un moment, entre la bouteille de vin qui se remplit magiquement, les plaisanteries et la conversation commune, Severus se trouva assis sur le canapé de velours noir, la tête de Harry sur ses genoux. Le reste de l'adolescent était étendu de tout son long ; les chaussures avaient été abandonnées quelques heures auparavant parce qu'il voulait sentir le velours sous ses pieds.

« Severus, puis-je vous poser une question très personnelle ? »

Les doigts de Severus qui caressaient les cheveux ténébreux de Harry s'arrêtèrent. Quand est-ce que j'ai commencé à faire ça ?

« Vous pouvez demander, mais je peux choisir de ne pas répondre, » Répondit-il de la voix douce qui avait été amené par la conversation.

Harry sembla accepter les conditions, mais il lui fallut encore une minute pour trouver le courage de la poser. Severus avait alors succombé à son désir de jouer avec les cheveux soyeux et non brûlés.

« Severus, êtes-vous gay ? »

La main s'arrêta immédiatement et Severus se raidit. Il aurait dû savoir qu'il lui poserait cette question à un moment ou à un autre.

« Vous devriez partir, » Dit-il. Sa voix avait perdu de sa légèreté.

Harry ne bougea pas. « Vous n'avez pas répondu à la question. Est-ce que ça veut dire 'oui' ? »

Severus se demanda pendant quelques secondes comment échapper à la question, mais le vin avait apparemment brisé ses défenses plus qu'il ne l'avait pensé parce qu'il ne parvint pas à trouver autre chose à lui dire que la vérité.

« Harry… Interprétez cela comme vous le souhaitez, mais je ne peux pas répondre à votre question. Ce n'est pas approprié et elle est dangereuse pour le rôle que je dois maintenir dans cette compréhension que nous avons atteinte. Je ne veux pas que vous deveniez dépendant de moi et la dépendance peut prendre plusieurs formes….dont votre 'persistant 'béguin' pour moi. »

Harry soupira. « J'ai juste besoin d'un oui ou d'un non. S'il vous plait….Donnez-moi simplement cela, si nous pouvions avoir simplement une chose en commun à laquelle je peux m'accrocher. »

« Nous avons beaucoup plus en commun que vous ne semblez le penser -» Commença Severus, mais Harry l'interrompit.

« Très bien, mais avons-nous cela ? »

« Harry, je ne pense vraiment pas -»

« Juste oui ou non. C'est tout ce dont j'ai besoin. »

Il y eut une pause, inconfortable pour l'un, mais patiente pour l'autre puis Severus répondit finalement d'une voix douce.

« Oui… J'ai cette inclination, mais, » Il accentua le 'mais', « Ca ne veut absolument pas dire qu'il y aura du changement dans la relation que nous avons. Avez-vous compris ? »

Harry rit, content de lui. « Oui, je comprends. Mais vous connaissez tant de choses personnelles à mon sujet maintenant, que je trouve ça bien quand j'en apprends sur vous. »

Severus reprit ses caresses à contre-cœur.

« Vous devriez partir. »

Aucun ne fit ni l'effort de bouger, ni d'arrêter ses mouvements.

« Je n'ai pas envie. Si je m'en vais, ça voudra dire que la journée se terminera et…. J'aimais la journée d'aujourd'hui. »

« La journée se terminera, peu importe ce que vous faites. En fait, elle est déjà terminée. »

Harry remua légèrement. Il se mit sur le dos pour pouvoir regarder Severus dans les yeux. « Puis-je rester ici cette nuit ? »

« Non, vous ne pouvez pas. MacGonagall vérifiera bientôt que vous êtes bien dans votre lit. Votre absence ne serait pas bien vue. Même si Dumbledore sait certainement où vous êtes en ce moment. »

Harry soupira, mais cette fois, il parvint à rassembler suffisamment d'énergie pour s'asseoir. Ils se levèrent tous les deux et Severus raccompagna Harry jusqu'à la porte.

Bien entendu, presque immédiatement, Severus fut enveloppé dans une étreinte et il sentit le souffle de Harry contre son visage, prés de son oreille. Severus lui rendit son étreinte et il put presque sentir les lèvres de Harry s'étirer dans un sourire reconnaissant.

« Bonne nuit, Severus, »Murmura Harry parmi les odeurs de Severus qu'il essayait de capturer. « Merci d'avoir célébré votre anniversaire avec moi. C'était…. Simplement… Parfait. »

« De rien, Harry, » Répondit simplement Severus alors qu'ils s'éloignaient l'un de l'autre.

Epices et fumée… cannelle et vanille….accompagnèrent Harry jusqu'à la tour des Gryffondors.