Merci à ma correctrice AnthaRosa.

Chapitre 10, danser dans le noir,

« Harry, je ne veux pas être désagréable, mais je crois que vous devriez partir ! »

Severus sortit de la salle de bain, les cheveux légèrement mouillés, vêtu de sa robe de sorcier noire, prêt à faire face à une soirée de célébration nauséeuse et migraineuse dut aux bavardages incessants et ne pouvant rien faire d'autre que de faire appel à sa grimace pré mature et à des paroles énervantes pour s'en défendre.

Harry était assis sur son canapé, le dos appuyé contre le bras d'un fauteuil, chaussures aux pieds. Il tenait dans une main des crayons moldus et dessinait rapidement tandis qu'il serrait dans l'autre sa gomme. Severus dut admettre qu'il avait sur le visage l'expression de concentration la plus attachante qui soit.

La fête de bienvenue allait commencer dans deux heures et on aurait dit qu'Harry n'avait pas l'intention de bouger d'un pouce.

« N'avez-vous pas d'amis à saluer et de fans à ranimer ? »

Harry détacha ses yeux de son carnet et haussa un sourcil. « Oui, c'est vrai et j'irai les rejoindre dans environ dix minutes quand Ron et Hermione seront là. Pendant ce temps…vous vous êtes très bien lavé professeur Snape. »

La grimace de Severus s'accentua dangereusement et comme d'habitude, Harry gloussa.

« Vous n'aimez ni les 'fêtes de départ', ni les 'fêtes de bienvenue', ni les dîners de Noël, ni aucune célébration …. Euh, Severus y-a-t-il une part de vos fonctions à Poudlard que vous appréciez ? »

« Non, il n'y en a pas, » Lui dit Severus d'une voix tendue. « Poudlard a bien trop de réceptions, à mon goût, toutes frivoles. C'est une perte de temps. On se demande comment les élèves parviennent à atteindre le niveau demandé pour avoir leur diplôme. »

Harry lui sourit gentiment. « N'avez-vous pas eu votre diplôme à Poudlard, professeur Snape ? »

Severus fit un mouvement de baguette, lança « Wingarium Leviosa, » et fit léviter Harry pour qu'il se tienne devant la porte fermée..

Harry se tourna pour illuminer le vilain sorcier grimaçant d'un clin d'œil impertinent et d'un sourire.

« Je vous verrai à la fête, professeur. Je m'attends à vous voir aussi froid et désagréable que d'habitude, je suis certain de ne pas être déçu. Essayez de ne pas vous étouffer avec toutes ces réjouissances ! »

Harry fit en sorte d'être sorti avant de sentir la porte se claquer sur lui, mais il mit une main devant sa bouche pour empêcher les éclats de rire qu'il sentait à l'intérieur de lui et qui le faisaient glousser.

Les vacances étaient terminées et les Serpentards seraient bientôt de retour, certains étaient peut-être déjà arrivés. Il n'apprécierait pas de se faire dépecer vivant pour être entré dans un lieu interdit parce qu'il ne doutait absolument, que c'est ce que feraient Ron et Hermione s'il manquait leur retour.

Il marchait rapidement dans les couloirs en se demandant si puisque les cheveux de Severus sentaient la cannelle quand ils étaient mouillés, si l'odeur de fumée pouvait être magiquement conservée malgré les cascades d'eau et un violent massage…

Cette fois, Harry rougit jusqu'au cou et s'obligea à penser à des images moins plaisantes.

Il n'avait pas besoin d'une douche… eh bien…. rien de tel parce que même si les robes cachaient très bien des pantalons devenus trop serrés, Hermione et Ron ne seraient vraiment pas contents s'il n'était pas là pour les accueillir.


« Je suis certain qu'il fait ça par méchanceté ! »

« Non, Ron. »

« Alors pourquoi est-ce lui qu'on doit l'avoir en première heure, juste au retour de vacances ? »

Harry grogna doucement mais parvint à répondre assez patiemment. « On est lundi, Ron. Il écrit, ici, sur ton emploi du temps que nous aurons potions tous les lundis jusqu'à la fin de l'année. »

« Que l'on ait potions en première heure le lundi est certainement aussi un acte de malveillance. » Marmonna Ron en mettant sa baguette dans la poche de sa robe. Il se tourna ensuite pour regarder Harry. « Es—tu sûr d'aller bien ? »

Harry était assis sur le lit de Ron, la paume de la main pressée contre sa cicatrice, les yeux fermés comme s'il commençait à avoir mal à la tête.

Cinq minutes avant, il était tombé par terre, sur les genoux, alors qu'une violente douleur traversait son front.

« Je vais bien, » Grogna-t-il doucement.

« Tu es pale et tu as l'air de souffrir, » Ron changea d'expression. Il était inquiet. « Je t'emmène à l'infirmerie. Je me fiche que Snape me donne une détention. Ta santé est plus importante que toutes les détentions qu'il pourrait me donner, tu le sais ça ? »

Harry lui sourit et ouvrit finalement les yeux. Il enleva sa main de sa cicatrice et se leva. « Merci Ron, mais je vais bien maintenant. Ce n'était rien. Même si elle était aussi douloureuse qu'une brûlure. Je me demande pourquoi il ne peut pas garder sa colère pour lui. Ce n'est pas très utile puisque les émotions ne vont pas de paire avec les visions. »

Ron lui rendit son sourire puis mit une main sur l'épaule de Harry et tous deux sortirent. « Nous devrions nous dépêcher. Hermione est certainement dans la Salle Commune et doit se demander pourquoi nous sommes si longs. De plus, je n'ai pas très envie de voir Snape en colère de bon matin. »

« Ron, personne n'a envie de voir Snape en colère ! » Le taquina Harry. Mais il peut être autre chose qu'en colère….


« Hello Potter ! »

« Malfoy, dégage ! »

Drago était appuyé nonchalamment contre la porte de la salle de cours de potion, un sourire satisfait plaqué sur le visage et ses yeux brillaient d'un mélange d'amusement et de mépris.

« Je ne pense pas bouger. Dans quatre minutes vous serez officiellement en retard. Je veux voir le professeur Snape déduire quelques points, » Son sourire s'étira. « Appelez ça un cadeau de nouvel an pour vous, Gryffondors. »

Harry sauta sur le jeune homme blond, mais Hermione réagit rapidement, si bien qu'il ne put que le pousser. Drago éclata simplement de rire et alla s'asseoir.

« Vous êtes en retard. Vous êtes depuis six ans dans mon cours, vous savez donc que je ne supporte pas le retard. Neuf points en moins pour Gryffondor. »

Le visage de Ron irradiait d'une indignation meurtrière lorsqu'il regarda le professeur Snape qui se trouvait derrière eux. Harry avait des yeux noirs, mais il dirigea son regard sur Malfoy qui souriait encore.

Hermione les prit par la main et les conduisit jusqu'à leur siège, leur évitant ainsi tout acte de violence.

Snape glissa à travers la pièce, sa robe tourbillonnait derrière lui, comme d'habitude.

« M. Potter, je vous assigne une détention ce soir, » Continua Snape. « Agresser d'autres élèves n'est pas autorisé. »

Harry regardait son professeur avec un masque d'indifférence. Ron avait une expression meurtrière mais Harry acquiesça simplement.

Snape se retourna et écrivit magiquement les instructions au tableau.


Harry avait l'air un peu pâle.

De son bureau, Severus observait Harry ajouter méticuleusement des ingrédients à sa potion.

Deux jours avant, il avait l'air bien, assis à la table des Gryffondors, entouré par des rires, mais aujourd'hui il y avait quelque chose de légèrement différent.

Le regard de Severus dévia sur Drago, mais ses pensées tournaient en rond.

Il savait exactement ce que Malfoy avait fait. Il avait perdu le compte du nombre de fois où on lui avait fait la même chose à cet âge.

Même s'il était intéressant de voir que les places étaient inversées, il n'aimait pas punir Harry alors qu'il savait que le jeune homme faisait beaucoup d'effort pour faire des progrès en potions.

Il ne pouvait rien faire pour l'instant, sauf lui donner une détention avec lui le soir-même. Et ce n'était pas comme si Harry ne se serait pas retrouvé en sa présence d'une manière ou d'une autre.

De plus, il n'aimait pas le voir si soudainement fatigué et pâle. Il allait trouver ce qui le rendait malade dès que le reste des gamins seraient sortis.

« Professeur ! »

Severus fut soudain sorti de ses pensées alors que la pièce explosait d'actions. Tous les élèves avaient abandonné leurs potions et formaient un cercle autour de l'endroit où Potter se tenait quelques secondes auparavant. Leurs yeux étaient fixés sur le sol.

Severus n'eut pas besoin de demander ce qu'il se passait quand il entendit les cris de Potter.

« Retournez tous à vos places ! »

Le cercle se délia, mais les regards restaient accrochés à Harry se tordant de douleur sur le sol de pierre. Puisqu'ils ne pouvaient rien faire d'autre, ils regardèrent avec une fascination morbide les larmes ruisseler des yeux que le jeune homme serrait fermement. Même les Serpentards avaient apparemment perdu la capacité de détourner leur attention.

Réfléchissant à peine, Severus sortit sa baguette et fit léviter le corps de Harry.

« Malfoy, Granger, vous êtes tous les deux responsables de la classe. Faites en sorte que tout se déroule aussi normalement que possible. J'emmène Potter à l'infirmerie. Quand je reviendrai vous avez tout intérêt à être en train de travailler. »

Severus sortit rapidement de la pièce, Harry glissait derrière lui. Quand il se fut suffisamment éloigné de sa classe, il refit un geste de sa baguette et Harry passa par-dessus sa tête et arriva gentiment dans ses bras.

Harry avait cessé de se tordre de douleur, mais Severus se rendit compte qu'il n'était pas totalement conscient : il s'accrochait à Severus, enfouissant sa tête contre sa poitrine, gémissant légèrement.

Qu'ils ne rencontrent personne sur le chemin qui menait à l'infirmerie fut une bonne chose : Severus tenait la forme tremblante avec presque autant de force qu'Harry le tenait.


Harry se promenait dans une forêt. Il était enveloppé d'une cape à capuchon. Il entendait des pas derrière lui, avançant au même rythme que le sien.

L'obscurité de la forêt se pressait contre lui, mais elle lui donnait réconfort…. Et pouvoir.

Il s'arrêta de marcher et tous ceux qui le suivaient s'arrêtèrent également.

« Voissssi la plassse, » Siffla-t-il. « Nous transplanerons d'ici. Tout va bien se passer cette fois-ci, sinon, vous le regretterez tous ! »

Harry fut dans un autre endroit la seconde suivante.

Il se tenait dans un grand bâtiment blanc cassé, une partie de lui essaya de reconnaître l'endroit qu'il devait connaître.

Il y avait des cris, des hurlements, des halètements de surprise alors que lui et ses neuf mangemorts disparaissaient… mais il pourrait s'en occuper dès que la mission serait terminée.

Les silhouettes en robe noire levèrent leur baguette et commencèrent leur chant maléfique… la terre se mit soudain à trembler sous leurs pieds et le bâtiment s'effondra.

Harry rit.

Il écoutait les cris de panique et les gens qui couraient alors que deux bâtiments de plus s'effondraient. Ils étaient de chaque côté du premier.

Il pointa ensuite sa baguette vers le ciel et cria le sort pour projeter sa marque contre le ciel obscurci et la regarda se détacher au-dessus du bâtiment.

Il rit plus fort encore quand il vit cet enfer.


« Ils sont morts. »

« Qui ça ? Qu'as-tu vu Harry ? »

« Ils sont tous morts… Je les ai tués ! »

« Je peux t'assurer que tu n'as pas quitté l'enceinte de l'école, alors tu n'as pas pu faire une telle chose. Peux-tu me dire ce qu'il s'est passé ? »

Harry ouvrit ses yeux et regarda à travers les verres en forme de demi-lune, l'expression inquiète du directeur.

Quinze minutes après, il avait raconté l'histoire, y compris l'incident de ce matin avec Ron et l'affreuse migraine qu'il avait eue en cours de potions, quelques minutes avant la…vision ?

A la fin de son récit, Dumbledore avait l'air fatigué.

« Et bien, nous ne pouvons plus rien faire pour l'éviter. La meilleure chose à faire est de prévenir le Ministère et l'Ordre. Je suis certain que les secouristes moldus et les équipes de chercheurs ont pris soin des survivants. Nous devons nous occuper des témoins. »

Nous occuper des témoins…Harry grogna et Dumbledore lui tapota gentiment la tête.

« Ne t'inquiète de rien. Je m'occupe de tout. Tout ce que tu as à faire est de te reposer. Tu as déjà fait ta part, et tu l'as bien faite. »

Dumbledore lui fit un sourire rassurant. « Ne t'inquiète pas pour le cours de potions. Miss Granger t'apportera tes cours, et je suis convaincu que tu seras autorisé à préparer la potion à un autre moment. Je suis certain que Severus viendra te voir dès qu'il le pourra. »

Harry écarquilla les yeux de surprise quand le directeur utilisa le prénom de son professeur en sa présence, mais le sourire d'Albus était faussement modeste.

« Il te permet de l'appeler ainsi, n'est-ce pas ? »

Harry acquiesça timidement. « Pourquoi est-ce que vous… Ca ne vous dérange pas que l'on ne se déteste plus ? »

« Pourquoi est-ce que ça me dérangerait, Harry ? Je suis ravi que vous vous entendiez aussi bien que je l'espérais, » Lui répondit Dumbledore. « Je continue à penser que personne ne pourrait t'aider mieux que lui et qu'il est parfait dans son rôle. »

« Mais pourquoi ? Je ne l'aimais pas, je ne lui faisais pas confiance et je sais qu'il me détestait encore plus. Pourquoi pensiez-vous que ça pourrait marcher ? »

Albus soupira et regarda Harry très sérieusement. « Il y a plusieurs années, un jeune homme est venu me trouver perdu et confus. Il était si profondément ancré dans son désespoir que je n'étais pas certain de pouvoir lui venir en aide. Je ne savais pas où commencer parce nous n'avions pas du tout le même âge, un fossé existait entre nous de ce point de vue. Mais je l'ai aidé. Nous avons travaillé un peu ensemble jusqu'à ce qu'il guérisse. Maintenant c'est au tour de Severus de guérir une autre personne. J'ai eu de la chance avec lui, concernant ce problème, mais il est bien meilleur que je ne le serais jamais. Il comprend beaucoup de choses. »

« Oh. » Harry ne pouvait en toute honnêteté penser à une autre réponse.

Tout allait bien, Dumbledore reprit la parole. « Le problème est que Severus est une personne très solitaire et il travaille bien mieux seul, sans être interrompu. Je ne veux pas l'interrompre. Ainsi, il sait que tu iras le voir quels que soient tes problèmes et que tu ne viendras pas d'abord me trouver. Je veux qu'il soit la première personne à laquelle tu penses aller voir, comme ça tu auras toujours une oreille attentive, surtout, quand je peux paraître trop occuper pour me soucier d'autre chose. »

« Il est déjà cette personne. » Dit Harry et les yeux de Dumbledore se mirent à scintiller.

« Je sais. Ne lui dis pas directement. Il ne le dira peut-être jamais, mais ce sera beaucoup mieux qu'il s'en rende compte par lui-même, petit à petit. »

Harry acquiesça et sourit.

« Je devrais partir maintenant. Je dois m'occuper de beaucoup de choses, mais tu n'as pas à t'en inquiéter. Quand ton professeur vient ici…. Eh bien, je suis certain que je n'ai pas besoin de te le dire. »

Trois minutes après le départ de Dumbledore, Harry s'installa et attendit que Severus vienne le voir.


« Harry Potter, je sais que tu es là…caché… à roder….à espionner. Je me vengerai de toi. »

Harry se tenait dans une semi-obscurité. Il était pieds nus et avait froid. La cape enveloppée autour de lui, ne lui offrait aucune chaleur. Le sol sous ses pieds était craqué et desséché.

Harry ne savait pas où il était, mais il savait qu'il ne devait pas bouger.

« Je peux te sentir, Harry Potter. Je peux sentir ton odeur. Je ne peux peut-être pas te voir ou te sentir quand tu m'espionnes, mais je peux sentir tes peurs. »

Harry sentit l'air autour de lui se lever, comme un brouillard.

« Pour qui ton cœur se serre-t-il autant ? Qui est le rocher qui te permet de tenir ? Qui est cette personne que tu crains tant de perdre et quel prix serais-tu prêt à payer pour elle ? Dis-moi Harry Potter, approuvent-ils le piédestal sur lequel tu les places? »

L'obscurité sembla s'intensifier et Harry se demanda si elle allait l'étouffer.

Un rire sombre résonna dans l'air.

« Ce n'est même pas de mon fait, le savais-tu ? Ce sont tes ténèbres. Ta douleur. Ta colère. Tu as crée cet endroit. J'ai simplement eu la chance de le trouver. Est-il profond. A quel point ? Depuis combien de temps ? L'aimes-tu ? Ca me rappelle moi-même. Tant de douleur Harry Potter. Laisse-la te consumer. »

« Je ne vous ressemble en rien, Voldemort ! » Harry ne put s'empêcher de crier.

En guise de réponse, il y eut un rire.

« Tu me ressembles beaucoup trop ! C'est ce qui te hante. Tu peux sentit la colère, la haine et tant de douleur. Que fais-tu avec ? Quand elle menace de te submerger ? Quand tu la sens au creux de ton estomac et qu'elle te brûle, amplifiant le vide, que fais-tu alors ? »

Les yeux plissés d'un serpent lui apparurent dans le brouillard devant le visage d'Harry et il eut la respiration coupée. Il fit un pas en arrière, mais les yeux s'avançaient vers lui.

« Te coupes-tu en recherchant frénétiquement un semblant de vie traversant tes veines ?Saignes-tu en attendant que l'obscurité suinte de tes plaies ? Pour noircir ton sang ? Pour prouver ce que tu sais chaque fois que tu te regardes dans un miroir ? »

Le nez fendu apparut et le sourire cynique se forma dans le brouillard.

« Il y a un démon à l'intérieur de toi, Harry Potter. Tu le vois. Tu le sens. Il te mange vivant à l'intérieur et bientôt à la place de ton âme, il n'y aura plus que de l'obscurité et du vide. »

« Vas-t-en ! »Dit Harry les dents serrées. Mais le brouillard tourbillonna simplement et le visage s'agrandit.

« Dis-moi, Harry Potter. Que se passera-t-il quand couper ne sera plus suffisant? Que devras-tu faire quand ton sang ne sera plus suffisant pour purger les ténèbres ? Te feras-tu saigner encore plus ? Ou abandonneras-tu et laisseras-tu les ténèbres te contrôler ?

« Vas-t-en ! »

Harry se mit à crier à travers l'obscurité mais elle avait déjà commencé à changer. Tourbillonnant rapidement, le brouillard formait une sorte de tunnel autour de lui, le vent sifflait et quelque part au-delà du sifflement et de ses propres cris, il entendit le rire résonner.

Soudain, le silence revint.Harry ouvrit les yeux et s'assit sur son lit. Il respira profondément.


Un rêve…ou non.

Une vision.

Non.

La vérité…

Ressemble-t-il vraiment à ça à l'intérieur ?

Harry prit sa baguette.

Il sauta de son lit. Il sentait à peine le froid venant du sol alors qu'il se balançait sur ses pieds nus. Il n'y avait personne d'autre dans l'infirmerie, mais il savait que Madame Pomfresh était endormie dans ses quartiers, il devait faire doucement, elle n'était pas bien loin.

Il pensa aller jusqu'aux toilettes de Mimi Geignarde… mais c'était trop loin et il n'avait pas sa cape d'invisibilité pour jouer au chat et à la souris avec Miss Teigne.

Il ne restait que les toilettes de l'infirmerie. Il était à peine arrivé, qu'il s'affaissa contre un lavabo. Il put respirer un tout petit peu plus librement. Et il écouta les doux halètements dans l'obscurité alors qu'il parvenait à respirer à nouveau normalement.

Ils semblaient si irréguliers à ses oreilles.

Haleter, inspirer, expirer.

Si bruyant.

Si bruyant.

Harry conjura une lame.

Te coupes-tu en recherchant frénétiquement un semblant de vie traversant tes veines…

Harry tourna la lame entre ses doigts, sentant son tranchant contre son doigt, il était prudent cette fois.

Puis il se délecta de la sensation du métal, froid, plat et lisse entre ses doigts quelques secondes.

Il sentait les tremblements faire monter et descendre à travers son corps, alors il inspira, il détendit sa prise et regarda la lame danser entre ses doigts qui eux aussi s'étaient mis à trembler.

Il y a un démon à l'intérieur de toi, Harry Potter. Tu le vois. Tu le sens. Il te mange vivant à l'intérieur de toi…

Harry regarda son reflet dans le miroir et ce qu'il vit le fit se redresser.

Il pleurait…du sang.

Harry essuya ses yeux, mais il ne sentit pas d'humidité, il essuya les yeux du miroir.

« Ne pleure pas. Harry, ne pleure pas. Tu iras bien. Tu iras bien. Ne pleure pas, Harry. Tout ira bien, très bientôt, tu verras, je te le promets, » Murmura-t-il à son reflet. « Je te promets qu'un jour, je ferai en sorte que tout cela disparaisse. »

Le sang s'étala sur les joues de son reflet, mais Harry les essuya jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus. Le miroir s'arrêta de pleurer comme il le lui avait demandé.

Il leva la lame et son reflet fit de même.

Puis il la laissa tomber dans le lavabo, leva sa baguette, marmonna un sort et la lame disparut.

« Plus jamais, » Murmura Harry et son reflet acquiesça tristement. « Plus jamais de coupure. Plus jamais besoin de faire face…plus jamais. »

Que se passera-t-il…Que feras-tu… Ou seras-tu… ?

Harry se retourna et sortit silencieusement.