Je trouve que les chapitres jusqu'au 15/16 sont liés, il me semble donc intéressants d'en rapprocher la parution. Je pense mettre un chapitre le dimanche et le mercredi. Ceci dit, si vous n'êtes pas d'accord, n'hésitez pas à me le dire.

Merci à AnthaRosa pour sa correction.

Chapitre 11 : contraste noir et blanc

Il n'y avait aucune étoile dans le ciel.

La lune n'offrait pas ses rayons de pitié sur la petite maison au toit marron et à la porte en acajou. La lumière des lampadaires ne pouvait plus être vue.

Le monde tout entier semblait noir et froid.

Personne n'était là pour voir les six silhouettes noires approchant la porte d'entrée. Ils marchaient comme des démons de la mort.

« Non ! »

Harry courut vers la maison, sans pourtant faire de pas. Sa respiration s'échappait comme des nuages de brumes, épais, invisible pour tout autre que lui.

« Non ! » Hurla-t-il à nouveau alors qu'ils faisaient exploser la porte pour entrer.

Puis, soudain, lui aussi fut à l'intérieur.

Il se tenait dans un coin de la chambre de la petite fille. Elle dormait, pelotonnée dans son lit. Au pied de son lit, un mangemort avait sorti sa baguette.

« Sale moldue. Fléau de la terre, » Dit la silhouette noire avec mépris et haine. « Nous débarrasserons notre monde de votre répugnante présence. Vous ne méritez que de mourir, suppliant à nos pieds. »

« Réveille-toi ! » Hurla Harry, de l'autre côté du lit. « Ouvre tes yeux ! Réveille-toi et fais quelque chose ! Tu ne peux pas rester allonger comme ça ! »

La petite fille ouvrit les yeux et hurla.

Le mangemort lui ferma la mâchoire à l'aide d'un simple sort.

« Sais-tu qui je suis ? Sais-tu ce que nous sommes ? » Lui demanda Voldemort.

Harry n'était plus dans la chambre de la petite fille.

Il était au milieu d'un cercle formé par des mangemorts. Devant lui, les parents de la petite fille se tenaient la tête et criaient. La petite fille, lévitée de sa chambre, ne semblait plus pouvoir crier.

« Endoloris ! » Les cris prirent de l'ampleur.

Des yeux aveugles, des voix rauques et à vif, le sang ruisselant de leur nez et de leur bouche, leurs corps convulsant sur le sol. Harry ne pouvait qu'observer avec horreur.

« Arrêtez ! Arrêtez ! »

Le sort fut levé et presque immédiatement les cris cessèrent. Les trois silhouettes étaient apparemment inconscientes.

« Levez-vous ! » Leur ordonna un mangemort.

Ils se débattirent pour se remettre à genoux.

« Sales moldu / Nous allons nettoyer le monde de votre existence. »

« Laisse-les tranquille ! » Hurla Harry en faisant un pas vers la silhouette qui venait de parler. Mais il lui arrivait quelque chose parce que tout ce qui l'entourait devenait flou.

Les moldus recommencèrent à crier, plus fort comme s'ils étaient déchirés de l'intérieur. Harry écouta le gargouillement du sang dans leur gorge, mais il ne pouvait rien y faire. La scène s'effaçait déjà et tourbillonnait.

La brume s'enfonçait et le sol sous les pieds de Harry commençait comme toujours à se durcir et à se craquer.


Le cri de Harry se répercuta dans le silence de la pièce, perçant l'obscurité, rebondissant sur le charme d'insonorisation qu'il avait heureusement placé, afin de ne pas réveiller les autres occupants du dortoir.

Tous les autres occupants sauf Ron qui était englobé dans la même bulle que Harry depuis plusieurs nuits.

Hermione leur avait appris le sort difficile, mais ils pouvaient maintenant le placer comme ils le voulaient et Ron en était reconnaissant chaque nuit.

Sans réfléchir, il sauta de son lit, secoua Harry et enleva les couvertures qui le couvraient. Ron était à côté de son meilleur ami, lui offrant des mots de réconforts longtemps avant qu'il ne reprenne conscience.

Ron avait ramené une bassine, le sort fouettant et la pensine de Harry prêts à être utilisé dans l'ordre, avant que Harry eut cessé de crier, de trembler et de gémir de douleur.

« Est-ce que tu vas bien maintenant ? » Lui demanda Ron quand Harry n'eut plus envie de vomir. Ron lui jeta le sort en espérant que ce soit la dernière fois cette nuit.

Harry hocha la tête, regarda Ron le nettoyer lui et le seau puis s'effondra sur son lit, souhaitant que son mal de tête disparaisse.

« Tu n'es pas obligé de faire ça, Ron. Pas toutes les nuits. Tu devrais dormir et non participer à mes cauchemars. »

Ron le regarda avec amusement.

« Tu es mon meilleur ami, Harry. Bien sûr que je le dois. C'est dans mon contrat. » Dit-il sur un ton léger. « Es-tu prêt à utiliser la pensine ? »

« Je ne sais pas si c'était une vision. C'est possible que ce ne soit qu'un cauchemar. »

« Alors, mets-le dedans et laisse Dumbledore en décider. Ca pourrait être important pour l'ordre. Il vaut mieux le faire, ne serait-ce que par précaution, comme Dumbledore l'a dit. »

Ron tira Harry pour l'aider à s'asseoir puis l'observa essayer de se concentrer sur le rêve qu'il venait de faire.

Ron lui tendit sa baguette et Harry serra les yeux alors que ses souvenirs pénétraient dans le bol.

Je ne dois mettre que le début… juste la première partie de la vision, rien de plus…


« Tu gardes bien tes secrets, Harry Potter, mais ça ne durera pas. Je sens déjà ton esprit faiblir. Tu me rends les choses si faciles maintenant. »

L'obscurité. Toujours si noir… et le brouillard et le froid. Harry se sentait cerné, mais il ne pouvait pas rester simplement à attendre d'être tourmenté. Il devait trouver un moyen de sortir de l'obscurité. Il devait y avoir un moyen.

Plus il marchait et moins il était sûr de trouver une sortie.

Il avait l'impression d'être là depuis toujours et plus il était obligé de venir, de faire face au vide ; plus il avait l'impression que celui-ci devenait noir et profond.

C'était sans fin.

« Dis-moi Harry Potter. Raconte-moi tes secrets et ceux du vieux Dumbledore. Peut-être puis-je t'aider. Faisons un marché. Tes secrets contre ta santé mentale. J'en ai aidé d'autres que toi avant. Je les ai sortis de leur abîme et je leur ai donné l'affection qu'ils désiraient. Donne-moi ce que je veux et je te sauverai. »

« N'avez-vous rien d'autre à faire avec votre temps ? Comme regarder vos propres erreurs ? Pour une personne qui proclame avoir le pouvoir d'aider, vous n'avez pas l'air très sain comme sorcier, » Répondit Harry. « Je me demandais, Tom, quelle sorte d'abîme avez-vous à l'intérieur ? Il vous a certainement presque avalé maintenant. »

Voldemort tomba dans le silence quelques secondes, mais Harry le remarqua à peine. Il essayait de se concentrer sur le bruit des pas sur le sol dur au lieu de se focaliser sur la voix qui transperçait l'épaisseur du brouillard.

« Très bien, Harry Potter, garde tes secrets pour l'instant, mais comprends bien que je découvrirai forcément chacun d'eux, comme si c'était les miens. Tu peux à peine voir à travers la brume de tes propres pensées. Comment penses-tu pouvoir continuer à te battre contre moi ? Tu es si faible. Pourquoi n'abandonnes-tu simplement pas ? Abandonne-toi à l'obscurité. Tu te sentirais bien mieux.

« Vous parlez par expérience ? Comme c'est triste, mais excusez-moi si je préfère ne pas suivre les conseils d'une personne aussi malchanceuse que vous. »

Le brouillard rit durement, mais Harry continua à marcher. Il enveloppa ses bras autour de son corps pour se protéger du froid qui semblait suinter de son corps.

Si froid…si noir.

Harry savait qu'il devait trouver un moyen de sortir.

« Pourquoi essayes-tu avant tant de force ? Pourquoi, quand il est évident qu'il n'y a aucun espoir ? Tu te trompes toi-même. Penses-tu vraiment que parce que tu as arrêté de te couper tu es soudain devenu plus fort ? Te sens-tu fier de toi ? Te sens-tu bien et pétillant à l'intérieur ? Et le monde te paraît-il plus brillant ? »

Le rire retentit à nouveau.

« Bien sûr que non ! C'est toujours aussi noir et tout est aussi douloureux. Rien n'a changé, si ? Tu es toujours la marionnette d'Albus Dumbledore et le monde se tourne toujours vers toi pour que tu les sauves de moi. Tu es bien où tu étais avant. »

« Je ne me couperai plus jamais. Je me fiche de ce que vous dites. Je n'en ai plus besoin et je ne recommencerai pas. » Dit-il d'une voix douce.

« Regarde autour de toi, Harry Potter. Que vois-tu ? Est-ce le parfait sanctuaire ? Je n'ai probablement aucunement besoin d'être ici parce que tu fais un merveilleux travail en te détruisant tout seul. T'es-tu demandé ce qu'il se passerait si tu ne trouvais pas un moyen de guérir ? As-tu peur quand tu es ici et que tu te rends compte qu'il grandit ? Tu ne peux plus rien voir désormais. Tu marches au bord de ta propre âme et tu ne t'en rends pas compte parce que le vide est sans fin. »

« Allez-vous en, » Grogna Harry, perdant le peu de patience qu'il avait.

« Pas avant que tu ne commences à m'écouter. Je t'ai dit ce que tu devais faire si tu veux que je t'aide. »

« Je préférerais mourir que de faire un marché avec vous. »

« Comme tu veux. Très bientôt tu pourrais être aussi bien mort. »


« Saviez-vous que Snape travaille à nouveau avec l'ordre ? Je pensais qu'ils lui avaient laissé une pause puisqu'il est notre professeur. J'étais près du bureau de Dumbledore hier et je les ai entendus discuter. Je ne savais pas. Ce n'est pas comme s'il avait l'air tendu. »

Ils étaient tous les trois assis par terre en cours de charme et pratiquaient l'un des charmes de dissimulation les plus compliqués sur des objets inanimés. Ils avaient déjà essayé le charme sur la cicatrice de Harry, mais ils avaient échoué. Ils le maîtriseraient avec l'aide d'Hermione, de toute façon. Ils avaient décidé d'utiliser ce cours comme tous les cours pratiques : pour discuter et partager quelques nouvelles.

Harry acquiesça à Hermione.

« Je le savais. Il a recommencé depuis l'attaque des mangemorts à la Tri-ambassade des Relations internationales et de la Protection des moldus. C'est la même chose avec Remus. Je crois que je n'ai pas réussi à lui envoyer de hibou depuis janvier. Ils sont tous en alertes. Heureusement, Voldemort ne fait que de petites choses ici et là. Autrement nous n'aurions plus de professeur de potions et je n'aurais plus de second parrain. »

« Je comprends ton inquiétude pour Remus mais qui se soucie de Snape ! »

Hermione et Harry soupirèrent, mais ce n'était pas entièrement pour la même raison.

« Nous sommes en sixième année et il est toujours la seule personne à Poudlard qualifiée pour nous enseigner les potions. C'est essentiel pour notre éducation, Ron. Nous avons besoin de lui, il doit continuer à nous donner des cours. Alors nous devons nous inquiéter pour lui. Il se bat pour le côté du bien, ne l'oublie pas. Il n'est pas juste de ne s'inquiéter que pour les autres membres, alors qu'il en est un important, » Lui signala Hermione.

« Je n'aime quand même pas le salaud graisseux. »

« Oui, Ron. Nous avons compris cela. Ce n'est pas une grosse surprise. » Le taquina Harry.

« Oui, et bien, il n'est jamais trop tard pour le rappeler. » Lui signala Ron.

« Du bon côté ou non, il fait de notre vie un enfer. Même toi, Harry ! Tu as fait de gros progrès en potion et on dirait qu'il le prend comme une insulte personnelle. Est-ce que ça le tuerait de donner un misérable point à Gryffondor un de ces jours quand tu parviens à faire son impossible potion correctement ? »

« Il est comme ça, Ron. Tu le sais. »

Harry aurait davantage protesté, mais il décida de ne pas le faire pour deux très bonnes raisons. La première est qu'il lui aurait fallu utiliser beaucoup trop de mots pour lui expliquer comment Severus avait approuvé les notes de Harry en potions une ou deux fois ; et c'était cette approbation qui le déterminait à rester relativement bon en cours. Mais ce serait divulguer le fait qu'il voyait Severus tard le soir uniquement parce qu'il désirait voir le sorcier à la présence quelque peu apaisante. Et expliquer pourquoi Harry voulait voir Severus exigerait plus d'explication encore.

La seconde raison était qu'il avait mal à la tête.

C'était un mal de tête continue qui semblait irradier de la cicatrice sur son front et ne jamais le laisser se reposer. Si Harry décidait de briser sa première raison, il ne doutait pas que la seconde allait augmenter et tout ce qu'il voulait était s'allonger sur un lit confortable et dormir pour oublier la douleur.

« Harry, est-ce que tu vas bien ? Tu n'en as pas l'air. »

« Ron, quelle est la dernière fois où tu as trouvé que j'avais l'air d'aller bien ? » Lui demanda Harry en souriant. « Ce n'était pas par hasard avant que j'aie des visions constamment, hein ? »

Au lieu de répondre, Ron se tourna vers sa petite amie. « Mione, n'y a-t-il pas de potions qu'Harry pourrait prendre pour qu'il se sente mieux ? Un sort peut-être ? Il n'a pas l'air d'aller bien et je ne suis pas sûr qu'il doive continuer à supporter les cours s'il a tout le temps mal à la tête. »

« Suis toujours là. Assis juste à côté de vous, » Bouda Harry doucement, mais Hermione avait déjà commencé à répondre.

« Eh bien, je pense qu'il y a quelques petites choses que nous pouvons essayer. Le problème est qu'il ne peut rien utiliser qui intercepterait les visions. Elles sont utiles à l'ordre et nous n'avons pas le droit de les arrêter à cause de petits maux de tête -»

« C'est plus que quelques petits maux de tête, Hermione. Essaye de les supporter un jour entier et vois ce que tu en penses. »

« - Mais peut-être qu'un sort d'engourdissement pourrait fonctionner. Oh attends, non. Il aurait la tête lourde et ce serait tout aussi mauvais. Hmm…une potion calmante pourrait fonctionner. Nous ne voulons pas qu'il soit trop calme alors il pourrait alterner entre cela et les potions d'entrain. Ce serait bien pour lui. Pour sa dépression je veux dire. Une calmante et une stimulante. C'est ainsi que les moldus soignent la dépression, je ne serais donc pas surprise si ça marche. Peut-être qu'une variation de la potion Sans Rêve fonctionnerait aussi. Elle contient de la poudre de lutins et tout le monde sait que c'est un remède contre la douleur. Elle calme. Nous voulons qu'il rêve et c'est ce que fait la poudre, mais peu serait inutile… »

Harry regarda Ron avec des yeux noirs et pour se défendre, ce dernier haussa les épaules, impuissant. Hermione était apparemment repartie dans son monde de connaissance.

« Hermione. 'Mione !' Même si nous découvrons comment fabriquer la Potion sans Rêve correctement et si nous savions comment utiliser la poudre de lutins pour la réviser, ne devrions-nous pas modifier tous les autres ingrédients ? » Lui signala Harry.

Hermione le regarda comme s'il lui avait poussé un nouveau nez et qu'il sifflait.

« Waouh, Harry, tu as raison ! Vous rendez vous compte ? J'ai oublié que tout l'aspect de compensation changerait ? Nous ne pouvons pas mettre moins de poudre de lutins sans rajouter plus d'autre chose qui pourrait modifier les effets de la potion et les effets d'autres ingrédients. Et je suis certaine que ça aurait un effet sur les 'cristaux de sel d'océan' puisque c'est toujours un réactif instable. Alors nous devrions augmenter la quantité de 'larmes de lion' et diminuer celle de la 'sève sicilienne'… »

Hermione écarquilla les yeux. « …et ça ruinerait entièrement la potion. »

« Ainsi sont les règles quand on veut changer une potion, » Lui dit Harry d'un air narquois.

Hermione s'excusa du regard. « Oh, je suis désolé Harry. J'ai vraiment pensé que nous avions trouvé quelque chose. Seigneur ! Comment fait le professeur Snape ? Ca me rend perplexe. Moi ! Peut-être devrais-je faire quelques recherches. »

« Laisse tomber, 'Mione'. Cet homme est fou. Je ne crois pas que tu doives essayer d'entrer en compétition avec lui. Peut-être est-ce la raison pour laquelle cette nouvelle invention n'existe pas. Peut-être ne peut-elle pas être faite. »

Ron donna un rapide baiser à Hermione sur la joue et bien qu'à contre cœur, elle sembla abandonner l'idée d'améliorer la potion sans Rêve.

« Alors je pense que tu n'auras qu'à prendre alternativement la potion d'entrain et la potion calmante. Tu pourrais en ressentir les effets émotionnellement si ce n'est physiquement. » Dit-elle.

Ron la regarda avec soutient, du moins le pensait-il.

« Mione, Harry, n'a plus besoin d'aide émotionnelle. Il va mieux maintenant. Tu le sais. Il a dit qu'il avait arrêté… eh bien, tu sais…. Tout ça. Il n'a plus besoin de potion qui le pousserait à recommencer. »

Hermione regarda Harry avec des yeux pénétrants.

« Eh bien, juste au cas où, Harry. On peut essayer. » Dit-elle doucement.

Harry acquiesça.

Juste au cas où, je poserai la question à Severus sur la potion sans rêve.


« Le temps fuit, Harry Potter. »

« De quoi parlez-vous ? »

« Comme le temps fuit quand tu es perdu. Le jour devient nuit et la nuit devient jour. A la fin tu es une proie, piégée dans ses révolutions. Tu es desséché et laissé dans le besoin. Ce que tu désires, moi seul peux te le donner. »

« Tu as tort. Saint temps, et j'ai l'intention de guérir. Peut-être me faudra-t-il des mois, mais je guérirai. Le temps me guérira. »

« Comment ? Tu es déjà perdu. Le temps avance sans toi ; malgré toi. Connais-tu la date d'aujourd'hui? L'heure ? Le mois ? Ici, perdu, tu es impuissant et insignifiant. »

« Perdu peut-être, mais pas insignifiant Voldemort. Aussi longtemps que cet endroit existe, alors j'existe aussi. Tu as dit qu'il était à l'intérieur de moi. Je guérirai et alors tu le regretteras. »

« Si courageux, petit Gryffondor. Qu'est-ce qui te fait penser que tu guériras ? Qu'est-ce qui te fait penser qu'il y a un chemin par ici ? Je te l'ai dit, ton esprit s'affaiblit déjà. Je n'ai même plus besoin de te pousser pour venir ici. »

« Je ne le laisserai pas venir. »

« Tu le protéges même maintenant ? De qui Harry Potter ? De toi ? De tes démons ? Tu penses que tu peux les combattre seul ? Est-il ta 'tour' ? Celui qui te permet de tenir même maintenant ? »

« Je peux les combattre seul…et…il est occupé. Je ne veux pas lui prendre plus de temps que je ne le fais déjà. Le monde entier est occupé. Le monde entier doit vous combattre. Nous gagnerons. »

« Trop occupé. Trop occupé pour toi. A quoi faire, je me le demande ? Dis-moi. Tu te rends compte que je saurais assez tôt. Qui est cet homme qui t'épargne cette douleur ? Qui est-il pour que tu le défendes avec tant d'acharnement ? »

« Je préférerais mourir que de le trahir lui ou sa confiance. »

« Tu préférerais mourir que faire autant Harry Potter. Comme ta vie doit te paraître insignifiante. »

« C'est lui…lui qui lui donne son sens. »

« Plus pour longtemps, Harry Potter. Bientôt, tu ne connaîtras plus que ma volonté. »


Harry ouvrit les yeux et fit presque tomber sa baguette.

Dans la pensine, les fines particules de souvenir formèrent un océan et il pouvait presque voir les images tourbillonnantes former les scènes. Il s'obligea à détourner le regard de la couleur argenté enchanteresse et regarda le visage inquiet de son meilleur ami.

« Donne-la-moi. Je l'envoie à Dumbledore, » Lui dit Ron. « Tu as besoin de dormir. »

Il lui fallut quelques secondes pour comprendre les mots.

« Ron ! Retourne te coucher, » Marmonna-t-il, mais Ron se contenta de rire.

« J'irai dès que j'aurai envoyé la pensine et que tu te seras rendormi. Je veux m'assurer que tu te rendors. Tu as crié assez longtemps et tu as encore subi l'endoloris. J'ai eu peur à en mourir, comme d'habitude. Je m'attends à moitié à ce que tu aies eu un dommage cérébral et que tu ne t'effondres, froid, avant que je ne me rendorme. »

Harry le regarda avec des yeux noirs. « Non. Pas ce soir, Ron. Ce soir, je serais responsable et je vais envoyer ce satané truc moi-même. Rendors-toi. Je t'ai gardé suffisamment longtemps éveillé. Je prendrai simplement un peu de potion calmante quand je reviendrai et tout ira bien.

« En es-tu sûr ? »

« J'en suis sûr. Rendors-toi. »


« Tic tac, Harry Potter. »

« Allez-vous-en. »

« Combien de choses se sont déjà passées ? Oublies-tu ? Comment se sent-on quand on est perdu et qu'on ne parvient même pas à deviner la sortie ? »

« Que me faites-vous ? »

« Moi ? C'est ton angoisse, si tu te souviens bien. Je suis seulement là pour te rappeler pourquoi tu as cette obscurité. »

« Comme c'est généreux de votre part. Arrêter de jouer ces jeux avec moi. »

« Jeux… ? Où est-il ? »

« Allez-vous-en. »

« Qui est-il ? »

« Pourquoi est-ce si important pour vous ? »

« Tu l'as dit toi-même, il te soutient. S'il s'écroule, tomberas-tu ? »

« Si je tombe, tomberez-vous ? »

« Non, je m'élèverai et brûlerai ta tombe dès mon réveil. »

« Eh bien, voici ma réponse à votre question. »

« Courageux petit Gryffondor. Seras-tu courageux jusqu'à la fin ? »


Harry frappa doucement à la porte de Severus avant de prendre l'amusante poignée dans ses mains et de la tourner.

Ce soir, la poignée glissante le rendit un peu nauséeux.

« S'il te plait sois réveillé… s'il te plait, » Pria-t-il silencieusement.

Dès qu'il entra et ferma la porte, il se dirigea droit dans l'étreinte que Severus avait déjà commencé à lui préparer.

Il lui en fut silencieusement reconnaissant. Il enveloppa ses bras autour du cou de Severus et enfouit son visage dans le creux de son bras. Il sentit la chaleur de sa peau contre son visage. Son souffle était régulier, malgré son mal de tête et la faiblesse de son corps. Il lui empruntait de la force émotionnelle, il le savait, mais ça n'avait pas l'air de déranger Severus ces derniers jours.

« Tu trembles. »

Harry hocha de la tête. « Mal à la tête. Tout est si douloureux. Je suis si fatigué et j'ai si mal. »

« Laisse-moi regarder quelles potions j'ai. Peut-être une de celles-ci pourrait t'aider. Je n'ai pas pu améliorer la Potion sans Rêve, mais je travaille sur une autre. Elle n'est pas encore tout à fait prête. Ca n'a pas d'importance, je suis certain que ça t'aidera. »

Severus essaya de se dégager, mais Harry se raccrocha.

« Non, ne me laissez pas. S'il vous plait. Je ne pense pas que je puisse supporter d'être seul. Il fait si noir… Je ne veux pas y retourner. Je ne peux pas…Je ne peux pas… s'il vous plait, Severus. »

Severus se remit dans la position dans laquelle il se trouvait pour qu'il puisse regarder Harry dans les yeux. Tant de douleurs se reflétaient dans la surface émeraude que Severus commençait à se demander à quel point la douleur était physique et à quel point elle ne l'était pas.

« Harry qu'est-ce qui ne va pas ? Dis-moi pour que je puisse t'aider. »

Harry secoua la tête et grimaça : le geste avait ravivé sa douleur et sa nausée.

« Non. Vous ne comprenez pas. C'est juste. Etre ici est vrai. » Dit-il comme s'il sortait d'un brouillard de confusion. « Je suis dans les cachots, dans vos quartiers. Le tapis est crème et vous êtes ici. Il est environ deux heures du matin et je suis ici avec vous. Ca le rend vrai. Je sais où je suis et ce que je fais. Ca rend tout beaucoup plus vrai que le reste. »

Severus fut immédiatement confus et inquiet.

« Harry, » Dit-il doucement. Il bougea la main pour pouvoir poser sa main sur l'arrière de la tête de Harry sous les soyeux cheveux noirs. « Harry… t'es-tu à nouveau coupé ? Le désir est-il devenu trop puissant ? Dis-moi. Je ne serai pas en colère. Je dois comprendre ce que tu veux dire. »

« Non. Plus de coupures. » Harry appuya gentiment sa tête, comme elle l'était avant, contre son bras et le cou de Severus. « Je ne le ferais pas sans vous le dire. Je ne veux plus me couper de toute façon. »

« Alors, qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce qui te met autant en colère ? Tu as agi presque normalement toute la journée et toute celle d'hier. Que se passe-t-il ce soir ? »

Harry secoua à nouveau la tête. « Non, ce n'est pas seulement ce soir. Je ne peux plus me battre. »

Mais les mots doucement prononcés furent étouffés dans son bras.

« Quoi ? Qu'as-tu dit ? »

« Rien. »

« Harry. »

« Non ! » Harry leva la tête pour regarder Severus dans les yeux. « Vous ne devriez pas avoir à vous inquiéter pour moi. Je ne devrais même pas être ici. Vous avez tant d'autres choses à prendre en charge et je ne devrais pas être ici à exiger du temps que vous n'avez pas. »

L'expression de Severus s'assombrit. « Je décide ce que je fais avec mon temps, Harry. Je n'aime pas quand tu sautes sur les conclusions, surtout dans une situation telle que celle-ci. »

« Ne vous mettez pas en colère. »

« Je ne le suis pas. »

Severus se dégagea fermement de Harry, mais celui-ci ne protesta pas. Ils se regardèrent avec entêtement jusqu'à ce que Severus sorte sa baguette et fasse léviter Harry pour le poser sur le canapé en velours.

« Ne bouge pas. »

Harry ne pensait pas pouvoir bouger, même s'il le voulait.

Severus sortit puis revint rapidement avec une fiole de potion orange. Il la tendit sans cérémonie à Harry et se tint droit avec une expression de fermeté en attendant que le jeune homme la boive.

Le mal de tête diminua immédiatement et devint un élancement sourd au niveau de sa cicatrice et de son front.

« Je me sens… malade. Pour certaines raisons, j'en viens à oublier des choses. Il me faut plusieurs secondes pour me souvenir quel jour nous sommes, et ce dix fois par jour. C'est vrai, j'oublie et c'est effrayant. Je dors plus que je ne le devrais à certains moments comme si je n'avais pas dormi depuis des jours et à d'autres, je ne parviens pas à fermer les yeux suffisamment longtemps pour pouvoir dormir. Et il y a toutes ces…autres choses, » Dit finalement Harry quand Severus continua à le regarder avec attente. « Je pensais que lorsque j'aurais arrêté de me couper, ça disparaîtrait et j'irais mieux, pour un temps en tout cas. J'ai complètement perdu le désir de me blesser, et je ne m'énerve plus de façon irrationnelle contre Malfoy, pas plus que normalement. Alors je dois aller un peu mieux. Sauf que ces derniers jours, avec tout ce qui l'a remplacé, je me pose la question. Est-ce que je guéris ou est-ce que je vais plus mal ? »

Severus acquiesça quand il entendit cette confession. « Je comprends, mais tu dois te souvenir qu'arrêter est seulement la deuxième étape. Il y en a beaucoup plus avant d'être complètement guéri. »

« Mais, et si je ne guéris jamais ? Et si ça m'avale entièrement ? »

Severus s'assit derrière Harry et soupira doucement. Harry ajusta sa position pour que le bas de son dos soit appuyé contre les cuisses de Severus et que sa tête repose dans le creux qui sépare le cou de Severus et son épaule.

« Tu es Gryffondor et Serpentard, Harry. Tu peux survivre à cela. »

« Mais si je n'y arrive pas, Severus ? Qu'y aura-t-il alors ? »

« Alors rien, » Répondit Severus doucement. « Tu ne te sens peut-être pas assez fort maintenant, mais tu le seras bientôt. Beaucoup d'autres ont survécu, Harry. Tu ne seras pas une exception. »

Mais je suis déjà une exception, Severus. Je dois combattre Voldemort à l'intérieur de moi. Il ne me laissera pas survivre.

Harry acquiesça malgré ses pensées. « Très bien, mais vous serez là pour moi, hien ? Je peux toujours venir ici et respirer, même si je ne me blesse plus ? »

« Oui. Tu pourras toujours venir ici si tu en ressens le besoin, » Lui répondit Severus sur un ton plus doux que d'habitude.

Harry enlaça ses doigts avec ceux de Severus et s'enveloppa dans la chaude étreinte de ses bras. Puis il ferma les yeux et essaya de se convaincre de dormir, de se dire que l'obscurité n'était qu'un mensonge parce qu'il était en sécurité à Poudlard, et que Voldemort ne pourrait pas lui faire de mal.

Quand il s'endormit finalement, Severus resta éveillé, s'assurant qu'il n'avait pas à s'inquiéter de ses cauchemars. Il était assis dans la semi-obscurité et écoutait la respiration régulière de Harry dans son oreille, seul son dans la pièce et il se demanda quelle part de son explication, Harry avait omis et dans quel but.

Et pendant la nuit, il resserra son étreinte.