Merci à ma correctrice AnthaRosa

Chapitre 12 : Voir ce que les autres voient

« Il nous cache quelque chose. »

« C'est possible Albus, mais pourquoi ne me dites-vous pas à quoi vous pensez ? »

Severus était assis devant le directeur, une expression circonspecte sur le visage. Il ne donnait qu'autant qu'il recevait, même si c'était peu. Albus l'avait appelé dans son bureau, tendu une tasse de thé et commencé une conversation énigmatique. Severus savait exactement qui était le 'il' dont ils parlaient. C'était un de ces rares moments où Severus se permettait de reconnaître la compréhension mutuelle qui existait parfois entre les deux hommes.

« Savez-vous ce qu'il cache ? » Lui demanda Dumbledore un peu trop sérieusement, même pour les normes de Severus.

Severus prit un air renfrogné. « J'attends encore qu'il ait rassemblé l'énergie de me le confesser, mais en attendant, pourquoi ne me dites-vous pas ce que vous savez pour satisfaire ma curiosité croissante. »

Albus soupira. Ses yeux expressifs et perçants perdirent leur brillance quand il lut l'expression fermée de Severus. Il fit léviter la pensine qui se trouvait aux pieds de la chaise et la tendit silencieusement au professeur de potions.

Severus reconnut celle d'Harry. Après tout, c'est lui qui l'avait choisi.

« J'ai été informé de ses dernières visions, Albus. Je n'ai aucunement besoin de les voir par moi-même. » Lui signala-t-il. Mais Albus secoua lentement la tête.

« Non, ce n'est pas vraiment sa vision. Regardez attentivement le début et la fin. Dites-moi ce que vous en pensez. »

Silencieusement, Severus regarda le tourbillonnement de brume argenté. Il y avait apparemment trois souvenirs dedans. Il soupira, rapprocha son visage du bol et se sentit tomber la seconde suivante.

Froid. Obscurité. Un vent puissant soufflait et la lumière qu'il y aurait pu avoir, avait été remplacée par une profonde obscurité.

La silhouette de Harry se tenait pieds nus sur le sol sec et craqué. Sa cape tourbillonnait autour de son corps et il avait enserré ses bras autour de lui.

Il était simplement debout…. Comme s'il attendait quelque chose.

« Harry ! » Severus l'appela instinctivement, même s'il savait que ce n'était qu'un souvenir.

Harry ne bougea pas.

Puis soudain, ce fut le soir. Le soleil se couchait derrière des maisons dont les pelouses étaient toutes parfaitement tondues. Severus se tenait dans un coin de la rue et Harry courait vers lui. De l'autre côté, il y avait quatre mangemorts et deux moldus. Seul Harry semblait conscient de ce qui se passer devant eux.

Un charme d'obscurité était visible.

Severus sortit violemment du souvenir. Quand il fut à nouveau dans le bureau de Dumbledore, il regarda le vieux sorcier.

Dumbledore acquiesça et Severus tomba dans le souvenir suivant.

Harry criait des mots que Severus ne comprenait pas.

Un vent fort soufflait et l'obscurité tombait avec la rapidité d'une tornade, mais Harry criait toujours, comme si le sifflement de la tornade attendait une réponse.

Severus se rapprocha de Harry. Il pouvait presque sentir la dureté du sol sous la semelle de ses chaussures.

Harry était à nouveau pieds nus.

Il criait encore.

Severus fut soudain rejeté de la pensine. La vision et le souvenir s'étaient terminés brusquement.

Cette fois, Severus regarda à peine Albus avant de plonger dans le souvenir suivant.

Harry était assis sur le sol, les genoux remontés sous sa poitrine et sa cape noire enserrée autour de lui comme une couverture.

Severus pouvait à peine le voir.

Il y avait à nouveau un drap épais d'obscurité, et le brouillard était si dense que la silhouette de Harry n'était entièrement visible que de temps en temps.

Severus se rapprocha et se tint derrière lui, mais Harry ne leva pas les yeux.

« Harry, où sommes-nous ? » Lui demanda Severus plus pour lui que pour la silhouette du souvenir.

« Il doit y avoir une sortie. Il doit y en avoir une. Pourquoi ne puis-je la trouver ? » Répondit Harry d'une voix douce.

« Eh bien ? » Lui demanda Dumbledore quand Severus émergea.

« Où est-ce ? » Lui demanda Severus en grimaçant. « Je n'aime pas ce que je ressens dans cet endroit. C'est si vide et si noir…. Presque mauvais. »

Dumbledore acquiesça. « Je l'air ressenti de la même façon. Même si on n'est que dans le souvenir, l'obscurité nous étouffe et le vide semble sans fin. »

« Quel est cet endroit ? Le savez-vous ? » Lui demanda Severus avant d'ajouter avec hésitation. « Et pourquoi ai-je l'impression que je devrais le connaître ? C'est comme si une part de moi avait toujours voulu se trouver là mais n'avait jamais réussi à y arriver. »

« Oui, » Lui dit Albus d'une voix douce. « Je pensais que vous comprendriez mieux que tout autre. Au début, il parvenait très bien à couper le souvenir à temps. Il n'y avait que quelques secondes d'obscurité et le froid ne durait que l'espace d'un moment. Maintenant il semble se débattre. Je ne sais pas quel est cet endroit, mais je pense qu'il doit déteindre sur lui. »

Severus acquiesça. Il reprit son expression renfrognée. « Bien entendu. Merlin lui interdit tout répit. On se demande comment il parvient à progresser émotionnellement. »

« C'est exactement ce que je pense. » Lui dit Dumbledore. « A votre avis, pourquoi ne nous en a-t-il pas parlé ? Je pensais qu'il vous en parlerait. »

« Il l'a fait, à sa façon. Mais pourquoi pensez-vous qu'il cacherait cela, Albus ? » Railla Severus. « Il joue le héros Gryffondor comme on le lui a appris. »

Albus sourit tristement. « L'aiderez-vous ? »

« Bien sûr, » Dit Severus, mi grognant, mi grommelant. « Je pense difficilement avoir le choix. »

« Ah Severus, il y a toujours un choix et vous en êtes conscient maintenant, » Le réprimanda Albus. « Ce qui me rappelle….Lui avez-vous parlé de vous ? »

« Non. J'attendais qu'il aille mieux, » Répondit Severus prudemment. « Pour l'instant, je ne suis pas sûr qu'il soit prêt. »

« Dites-lui. Il voudrait savoir. Ce serait autre chose qui lui prouverait que vous comprenez. »

« Ca pourrait le mettre très en colère. J'ai insinué plusieurs fois le contraire. Il pourrait ne pas très bien le prendre, » Dit Severus doucement.

« Dites-lui, » Albus lui fit un sourire encourageant. « Ou mieux, montrez-lui. »


« Hermione, puis-je te parler une seconde ? »

« Bien sûr, Ron. Laisse-moi juste ranger ces livres. »

Dix minutes plus tard, Ron et Hermione se promenaient autour de Poudlard. Le printemps était doux et la température avait commençait à se réchauffer. Ils avaient pu sortir sans gants et sans écharpes. Il faisait suffisamment doux pour porter des manches courtes et des chaussures légères, si leur uniforme le permettait, mais puisqu'ils ne le pouvaient pas, ils se contentèrent de ce qu'ils portaient.

Ron prit la main de Hermione et la conduisit près du lac. Ils s'assirent sur un banc et observèrent l'eau scintillante du lac. Il se tourna finalement vers elle pour lui parler.

« Je pense que quelque chose ne va pas avec Harry. » Lui dit-il avec un sérieux qu'Hermione n'avait jamais vu chez lui.

« Pourquoi penses-tu cela ? » Lui demanda Hermione. « Nous savons qu'il n'est pas fantasque, pas avec les visions et Volde….mort, mais il a l'air d'aller plutôt bien. »

« Je sais, tu ne le vois que dans la journée, quand il porte son masque et qu'il nous fait croire qu'il va bien. Tu ne dors pas dans la même chambre que lui, comme moi et les autres. Neville, Dean et Seamus l'ont aussi remarqué. La nuit, il… il va mal. Avec tout ça, il ne peut pas se sentir très bien, tu sais. »

« Eh bien, il prend la potion d'entrain et celle calmante, non ? Elles devraient l'aider, » Interjeta Hermione, mais Ron secoua la tête, presque avec colère.

« C'est la deuxième chose. Il vit avec ces potions maintenant. C'est comme si elles tenaient son salut, et il ne peut plus vivre sans. C'est la même chose avec la potion sans Rêve. Une fois je l'ai même vu boire une gorgée des trois à la suite et je sais qu'il ne faut pas les mélanger ainsi. »

Hermione y réfléchit puis regarda Ron avec inquiétude. « Es-tu en train de dire qu'il en est peut-être dépendant ? Ecoute, ce n'est pas possible. Ce sont des potions et non des médicaments moldus. Elles n'ont pas d'éléments qui rendent dépendant. »

« Tu as tort Hermione. » Lui dit Ron doucement. « Les sorciers comme les moldus peuvent être dépendants à n'importe quoi. Te souviens-tu quand il nous a montré ses… eh bien, tu sais… ses autres cicatrices. Il a dit qu'il avait besoin de cela parfois. C'est une dépendance. S'il peut être dépendant d'elles, alors il peut penser avoir besoin des potions pour aller bien. »

Hermione était muette, comme si sa tête et son cœur étaient en compétition. Ce qu'il venait de dire était compréhensible, et ça lui faisait bien plus peur qu'elle n'osait l'admettre. Après tout, c'est elle qui avait dit à Harry de prendre les potions.

« Que faisons-nous alors ? » Lui demanda-t-elle tout aussi doucement.

Ron parut déconcerté quelques secondes et Hermione rit. L'instant les fit se sentir un peu mieux.

« Je pense que nous devons en parler à Dumbledore, » Décida finalement Ron, mais Hermione secoua la tête.

« Non, nous ne devrions pas le déranger. Il a déjà fait beaucoup et nous ne devrions pas l'inquiéter davantage, » Dit-elle. « Tu sais, comment il se comporte avec nous et en particulier avec Harry. Dumbledore le dira à Lupin qui s'inquiétera lui-aussi. Je ne pense que ce soit suffisamment sérieux pour alerter tout le monde, mais peut-être que si nous en parlions à un professeur, ce serait aussi bien. »

« Comme au professeur MacGonagall ? » Ron haussa les sourcils.

Hermione lui sourit gentiment. « Non. Elle réagirait certainement comme Dumbledore et ce serait tout aussi mal. »

« Alors qui ? »

Hermione regarda la surface de l'eau près de l'endroit où ils étaient assis. Elle pensait à tous les professeurs et à ceux à qui ils pourraient parler. A la fin, elle ne voyait qu'une personne à qui elle pouvait se confier.

« Snape. »

« As-tu perdu l'esprit ? Il balancerait Harry longtemps avant que nous ayons le temps de dire 'abus de potions' ! »

Hermione étreignit Ron fortement. Il fut surpris, surtout après sa petite explosion.

« Ce n'est rien, Ron, j'irai lui parler après le cours de double potions, si tu veux. Je sais que tu le pousserais jusqu'à ce qu'il arrive à faire cela. Je ne pense pas qu'il fasse virer Harry. Je pense qu'il est le seul professeur rationnel à qui nous pouvons en parler, » Murmura-t-elle à son oreille. Elle souriait.

« Pourquoi lui ? De tous les professeurs, Mione ? Pourquoi as-tu pensé à lui ? »

Le sourire de Hermione s'agrandit et elle posa sa tête sur l'épaule de son petit ami. « C'est à cause de quelque chose dont je viens de me rappeler, Ron. Une chose à laquelle je n'avais pas pensé avant. »

Elle revoyait son meilleur ami dans une salle de bain, rempli de bois brisé, du sang ruisselait sur son corps, un regard perdu dans ses yeux larmoyants.

Et Severus Snape l'avait appelé Harry.


« Salut, Ron. Tu as l'air fatigué. »

« Bien sûr que j'ai l'air fatigué, Dean, je viens d'avoir cours de double potions. Si tu penses que les cinq premières années étaient difficiles, essaye les potions renforcées. Je pense que Snape est encore plus méchant quand nous ne regardons pas. Le tyran déguste probablement ses infectes potions quand il s'ennuie. »

Neville, Dean et Seamus étaient assis sur le lit de Dean et regardaient un magasine moldu quand Ron était entré en exhalant un profond soupir qu'ils ne purent manquer. Ils s'étaient immédiatement tournés vers lui en s'attendant à ce qu'il les rejoigne, mais il s'était affalé sur son propre lit en exhalant un autre soupir dramatique.

« Où est Harry ? » Lui demanda doucement Neville.

Ron haussa les épaules. « Je serais maudit si je le savais. Il a pris l'habitude de disparaître aux moments les plus inattendus ces derniers jours, hein ? »

« Peut-être devrions l'avoir à l'œil, » Ajouta Seamus.

« Peut-être ne devrions-nous pas le surveiller autant, » Contra Neville.

Ron grogna d'énervement et d'amusement amer. « Je suis son meilleur ami et je ne sais pas lequel de vous a raison. Etre le meilleur ami de Harry Potter est un boulot à temps plein ! »

Tout le monde rit.

« Oh tais-toi. Vous aimez tous les trois vous tourner autour, » Lui signala Dean. « Si nous étions tous aussi fidèles que vous, nous serions tous à Poufsouffle en nous demandant où se trouve tout notre courage. »

Ron grogna mais cette fois il sourit.

« Sérieusement Ron, est-ce qu'il va bien ? » Lui demanda Neville lorsque le silence fut retombé. « A certains moments il a l'air si perdu et si détaché de tout. Je pense parfois que je détesterais être à sa place. Tout le monde le met sur un tel piédestal et ils oublient qu'il est réel et qu'il y a une raison pour laquelle il est Harry Potter. »

« Ouais, tu as raison. Ils ne voient que ce qu'ils veulent voir, moi aussi quelque fois. » Ron soupira presque douloureusement. « Il ira bien. N'est-ce pas toujours ce qu'il fait ? »

« Ne crois pas que j'insiste Ron, mais tu sais pourquoi il semble tellement perdu ces derniers temps ? » Lui demanda Seamus.

« Comme d'habitude : sa cicatrice et Tu Sais Qui lui font vivre l'enfer. Il ne dort presque plus la nuit et quand il y parvient, je le réveille parce qu'il fait un cauchemar ou il disparaît comme il le fait dans la journée, » Répondit Ron en passant ses mains dans ses cheveux d'un air fatigué.

« J'espère vraiment qu'il ira bientôt mieux, » Dit Dean. Ils acquiescèrent tous d'un signe de tête. « Je déteste le voir aussi mal la nuit. »

« Ses notes sont pourtant toujours aussi bonnes ! » S'exclama Ron. Ils éclatèrent de rire. « Je me demande comment il fait, vraiment ! Je serais si fatigué de tout ça que je dirais à tous les professeurs d'aller se faire foutre. Mais Harry parvient à rester concentré sur les double potions alors que les cauchemars l'engourdissent la nuit. »

« C'est Harry. Il faut admettre qu'il est vraiment doué : il parvient à faire plusieurs choses en même temps. » Dit Seamus avec un sourire.

« Espérons qu'il traverse aussi cette épreuve, » Dit Neville doucement.


« Granger, vous allez dans le mauvais couloir. Rendez-nous un service à tous les deux et faites demi-tour pendant que vous en avez encore la capacité. »

« Je suis désolé, professeur Snape, mais je me dirigeais dans la direction que je souhaitais. J'ai besoin de vous parler en privé quelques minutes, monsieur. »

Severus pensait qu'il ne serait vraiment pas sage de grogner de frustration quand il entendit ses paroles polies. Il s'arrêta. Il voulait retourner à ses quartiers parce qu'il n'avait pas l'intention de dîner dans la Grande Salle ce soir et qu'il espérait être seul ou avec Harry.

« Qu'y a-t-il Granger ? Quelle grande atrocité avez-vous commis cette fois ? »

Hermione rougit légèrement. « Aucune professeur. Je vous ai demandé si nous pouvions discuter en privé… »

Elle laissa sa phrase en suspens. Severus espérait continuer à marcher et la laisser derrière. Il tourna à quatre vingt degrés, un sourire noir sur le visage. Sans autre mot, il se dirigea vers son bureau en espérant qu'elle ait le bon sens de le suivre. »

Dès qu'ils furent dans l'intimité et la sécurité de son bureau, Severus la regarda avec son air renfrogné.

« Eh bien, qu'y a-t-il ? Je n'ai pas toute la journée à perdre, alors expliquez-vous ou laissez-moi partir. »

Hermione le regarda avec les yeux aussi noir qu'elle se le permit. « C'est au sujet de Harry. »

« Qu'a Potter ? »

« Eh bien professeur, Ron et moi sommes inquiets à son sujet. »

Hermione se mit immédiatement à rougir. Le professeur Snape la regardait avec l'expression la moins impressionnée dont elle eut été témoin.

« Potter n'a pas l'air d'avoir besoin de vos inquiétudes. Ses notes en potions sont constantes et si je ne me trompe pas, il conserve son statut de célébrité dans tous ses autres cours. Il est toujours un suffisant petit Gryffondor qui recherche l'attention dans la journée et s'en va chasser la nuit, » Lui dit Severus. Il avait une expression indéchiffrable dans les yeux, mais un sourire méprisant sur le visage.

« Eh bien c'est parce qu'il le cache très bien ! » Protesta Hermione.

Snape semblait loin d'être convaincu.

« Oh, pourquoi est-ce que je m'embête. J'aurais dû savoir que vous seriez la dernière personne à remarquer qu'il était différent. J'ai simplement pensé que vous étiez la personne ayant l'esprit le plus pratique et que vous verriez au-delà de ce qu'il prétend être devant tout le monde. »

Exaspérée, Hermione se dirigea à grands pas vers la porte. Elle avait la main sur la poignée quand la voix de Snape l'arrêta.

« Je vous rappelle Miss Granger que je suis toujours votre professeur et que je ne devrais pas accepter une telle insolence. J'ai le droit de déduire au moins cinq points à votre maison. »

Hermione rougit davantage mais ses doigts se refermèrent sur la poignée, elle était prête à partir.

« Revenez vous asseoir et qu'on en finisse avec cette conversation Granger, » Lui dit Severus en s'appuyant contre la table. « Où trouve-t-il les potions que je le soupçonne d'utiliser ? Je suis presque certain que malgré toutes ses craintes, Pomfresh ne donne pas des flacons de potions aux élèves, même s'ils sont des célébrités. »

Hermione se retourna une fois de plus et lâcha la poignée.

« Il les achète à Pré au Lard. La potion d'entrain et la potion calmante semblent être vendus en abondance. Elles sont chères, mais Harry n'y pense pas. Je ne sais pas où il a la Potion sans Rêve, mais je pense qu'elle vient du Chemin de Traverse. Au pire, et bien de l'Allée des Embrumes. »

« Pourquoi pense-t-il en avoir besoin ? »

Le regard de Hermione tomba sur le sol. Elle resta silencieuse quelques secondes puis le regarda avec défi.

« Je lui ai dit de les prendre, pour qu'il se sente mieux. »

« Se sente mieux ? »

Elle acquiesça. « Oui. C'est ce que j'ai dit. Il ne se sent pas bien à cause des visions qui le dérangent constamment. Je pense qu'elles l'affectent parce qu'il oublie des choses si facilement maintenant. Il a oublié une réunion de préfets il y a deux jours. »

« Je ne pense pas que ce soit un argument. Potter est préfet depuis presque un an maintenant et je ne peux pas dire qu'il soit vraiment bon. Pourquoi s'en inquiéter maintenant ? Les Serpentards sont les seuls préfets qui semblent faire leur devoir sérieusement. »

« C'est certainement parce que vous les menacez ! » Hermione prit une profonde inspiration pour se contrôler. Crier ne lui apporterait qu'une détention et quelques points de perdu. « Harry est un bon préfet. Tout le monde l'écoute et il est en général juste. Ses problèmes personnels n'interfèrent pas comme le font d'autres élèves comme Malfoy et les autres Serpentards. Maintenant, je pense qu'il oublie parfois qu'il est effectivement préfet. »

« Est-ce vos seules inquiétudes à son sujet Granger ou y-t-il autre chose ? Parce que dans ce cas, vous pourriez tout aussi bien vous asseoir. »

Il lui indiqua une chaise devant lui et elle s'assit prudemment.

« Vous n'utiliserez pas ce que je vais vous dire contre lui, n'est-ce pas ? » Lui demanda-t-elle doucement. « S'il vous plait, ne l'utilisez pas pour le mettre dans l'embarras, il ne sait pas que je suis venu vous parler. Il me tuerait probablement s'il le savait, alors s'il vous plait, ne lui dites pas. »

« J'essaierai de résister à la tentation, » Lui répondit Severus calmement.

Hermione lui sourit pour la première fois depuis qu'elle était entrée dans le bureau du professeur. Elle savait qu'elle avait eu raison.


« Depuis combien de temps êtes-vous là, debout ? »

« J'étais assis, et pas très longtemps. J'ai frappé à la porte, mais elle n'a pas bougé. Je me suis rendu compte que vous n'étiez pas à l'intérieur. J'ai pensé attendre. »

Les doigts de Severus touchèrent à peine la poignée avant qu'elle ne glisse. Il acquiesça à la forme invisible devant lui.

« Je vois. »

La porte s'ouvrit et Severus laissa Harry entrer en premier. Quand il entra, la porte se referma et Harry enleva la cape d'invisibilité et le regarda avec interrogation.

« Une courte étincelle d'inspiration pour une fois ? » Lui demanda Severus en indiquant la cape.

« Quelque chose dans ce genre-là, » Harry haussa les épaules. « Où étiez-vous ? »

« Il est presque vingt heures et ma vie ne tourne pas autour de vous. Cela ne vous concerne certainement pas. »

« Charmant, » Harry sourit. « Alors où étiez-vous?"

« Vous devriez être en train de dîner. »

« Je le devrais, mais je suis ici. Répondez à ma question. »

Severus regarda Harry avec des yeux noirs, mais Harry n'était pas d'humeur à baisser les yeux. Severus abandonna finalement.

« Granger me cherchait, elle voulait discuter. Je ne pouvais pas lui dire de partir alors je suis resté dans mon bureau à l'écouter. »

Harry haussa les sourcils. « Hermione est venue vous parler ? A quel sujet ? »

« Vous. » Lui dit Severus.

Harry prit une expression plus surprise encore. « Moi ? Qu'a-t-elle dit ? »

« C'est entre Granger et moi, » Lui répondit doucement Severus. « Il suffit de dire, que l'opinion que j'avais de vos amis a légèrement monté dans mon estime. »

« Ce qui veut dire ? »

« Qu'ils ne sont pas aussi stupides que je l'avais pensé. »

« Je vois. » Harry imita l'expression de Severus. « Et ça vient d'une conversation que vous avez eue à mon sujet ? »

« Oui. »

« Y-a-t-il une chance que vous me disiez exactement ce qui a été dit au cours de cette conversation ? »

« Non. Je ne détruirai pas le peu de confiance que Granger a placé en moi. »

« Alors, qu'y a–t-il maintenant ? »

Severus soupira et regarda à nouveau Harry avec des yeux noirs. Il s'assit derrière son bureau.

« Maintenant, nous allons travailler à résoudre le problème qu'ils ont remarqué. Et vous allez commencer par tout me dire au sujet de votre monde noir. »

« Mon quoi ? » Harry s'assit sur son canapé, il avait l'air à moitié perplexe.

« Vous savez exactement de quoi je parle. »

Et bien, puisque ça ne pouvait être qu'un seul endroit, Harry rougit. « Oh çà. Comment en connaissez-vous l'existence ? »

« Votre pensine. Quel est cet endroit? »

Harry haussa les épaules. « Si seulement je le savais, peut-être pourrais-je me sauver. Je pense que c'est la mort. Parfois je pense que c'est…mourrant à l'intérieur. »

Severus acquiesça. « Très bien. Dites-m'en plus. Je veux tout savoir, ce qui veut dire, plus de secrets, Harry. Si je dois vous aider, je dois connaître toutes les informations, qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Je n'aime pas ce que je ressens dans ce lieu et si c'est à l'intérieur de vous alors quelque chose ne va vraiment pas. »

« Oh. » Harry se mit à l'aise sur le canapé pendant que Severus claqua des doigts : la nourriture apparut. « Par où est-ce que je commence ? »

« Commencer par le moment où vous avez été conscient de cet endroit puis dites-moi comment vous êtes parvenu à avoir les potions dont vous avez besoin et pourquoi vous ressentiez le besoin de me le cacher. »

Harry soupira et commença à parler. Severus écouta. Il grimaça quand Harry mentionna la présence Voldemort dans ce lieu.

Severus commençait à s'inquiéter secrètement. Il y avait apparemment plus derrière tout ça que ce qu'il avait imaginé.

Il se demandait s'il parviendrait seul à sauver Harry.