Grand Merci à ma correctice AnthaRosa
Chapitre 14 : Chasser le dragon
« Ca fait mal, hein ? »
« N'êtes-vous jamais fatigué de faire ça ? »
« Tu as mal et tu peux le sentir. »
Harry grogna dans ses mains. Il était agenouillé sur le sol, dans l'obscurité et se demandait pourquoi il était une fois de plus dans le noir. Il n'avait eu qu'à attendre quelques secondes avant d'entendre la voix de Voldemort résonner dans l'air.
« Je ne sais pas de quoi vous parlez, » Protesta-t-il doucement.
« Si, tu le sais. C'est vraiment une coïncidence que tu aies besoin de cet endroit maintenant. C'est vraiment bien pour se cacher. C'est ce que tu fais, non ? »
« Je ne me cache pas. »
« J'avais besoin d'un endroit pour…réfléchir. »
« Ici ? Dans le noir ? Dans le froid ? Où personne ne peut ni te trouver ni te faire souffrir ? Mais tu souffres déjà. Dis-moi pourquoi. »
« Allez-vous-en. » Dit Harry. Mais il n'y avait pas la colère habituelle dans sa voix.
« Je pourrais peut-être t'aider. J'en ai aidé d'autres avant toi. »
Harry enleva les mains de son visage et regarda avec colère, les yeux dans la brume. Les yeux de Voldemort l'observaient imperturbable et sans regret.
« J'ai vu ton aide. Tu emplies la personne de méchanceté et de colère. Tu tournes l'amour en obsession et tu rends ceux que tu aides dénués de tout sentiment. Tout ce qu'ils connaissent est la haine. Tout ce qu'ils recherchent est la vengeance et ils ne provoquent plus que douleur autour d'eux. Tu les souilles. »
« Alors pourquoi es-tu venu ici, vers moi ? »
« Je… non ! Je vous l'ai dit, j'avais simplement besoin d'un endroit -»
« Où respirer ? » Voldemort rit et Harry eut un recul.
Il avait déjà entendu les échos de ce rire, venant d'une autre personne et il avait été aussi caverneux et tranchant. C'était le rire du mal et Harry l'avait maintenant compris.
« Non, » Dit-il un peu plus fort. « J'ai un endroit où je peux respirer. »
« Tu as tant besoin de lui. Respire-t-il avec toi ? Es-tu sa lumière dans ses ténèbres ? Sens-tu le vide au fond de lui ? »
« Il n'a pas de vide. Il n'en a plus. »
« Ils en ont tous un, Harry Potter. Certains en ont un plus prononcé que d'autres. Certains n'en ont peut-être pas conscience, mais il est là, sous la surface. Il est caché sous leurs mensonges, sous leurs yeux, et dans la douleur de leur cœur. Tout le monde est consumé par quelque chose. Ils le sentent tous et savent qu'il est là quand ils se laissent aller à la douleur. Tu voulais savoir où il est ? C'est la place où l'obscurité, la colère, la douleur et la souffrance sont rangées. »
« Qui sont ces 'ils' ? »
« Tous les autres ? Tous sauf moi. Je n'ai pas de vide. »
Harry sourit en coin. « Ou peut-être est-il si profond qu'il est votre essence. »
« Peut-être. »
Harry le regarda à nouveau avec des yeux noirs qu'il plissa. « Pourquoi êtes-vous si aimable ? »
« Je n'ai aucune raison de ne pas l'être. Ne vois-tu pas que tu attends ici, de ta propre volonté. Il a déjà commencé à te maîtriser. Tout ce que tu dois faire maintenant est d'abandonner. »
« La réponse reste 'jamais'. »
Le silence s'ensuivit quelques secondes, puis, « Tu désires te faire aimer de lui comme tu les aimes tous. Tu es si farouchement protecteur, Harry Potter. Tout ce qu'il faut est gagné ta confiance et tu remueras ciel et terre pour eux. L'amour est ton plus grand cadeau. Comme c'est humain. »
« Il n'a pas besoin que je l'aime -»
« Oui, » L'interrompit Voldemort. « Et c'est ce qui te fait le plus profondément souffrir. L'amour est ton plus grand présent, mais que se passe-t-il quand ce n'est pas suffisant ? A-t-il bien vécu sans toi tout ce temps ? Alors, Harry Potter ? »
Harry se retourna, soudain très en colère. « Je n'ai pas besoin d'entendre cela. J'ai besoin de trouver un moyen de sortir d'ici et peut-être alors que je pourrais guérir. »
Le rire sombre résonna à nouveau.
« Et si je te dis que c'est trop tard ? Et si je te dis que trop de toi est déjà mort ici ? Tu ne seras plus jamais entier. Tu as besoin de cet endroit maintenant. »
« Non. Je n'aurais jamais besoin d'un endroit comme celui-ci. »
« Vraiment, Harry Potter ? Alors dis-moi quelque chose… »
Le brouillard se rassembla en un vent froid, encerclant Harry. Il sifflait de plus en plus fort, mais cette fois Harry attendit silencieusement qu'il prenne fin.
Quand ce fut terminé, Voldemort se tenait debout devant la silhouette agenouillée.
« N'as-tu jamais eu besoin de quelque chose si désespérément que tu serais prêt à vendre ton âme aux démons pour l'avoir ? »
« Allons Harry ! Il faut que tu aies l'air vivant ! Nous avons double potions. Veux-tu vraiment entrer là en ayant l'air de ne pas avoir mangé ? »
Harry regarda avec des yeux noirs son repas qu'il piquetait avec sa fourchette depuis les dernières quarante cinq minutes. Il se tourna ensuite pour menacer le visage souriant de Ron.
« Merci de ce rappel, Ron, mais je n'ai pas oublié que j'ai potion au prochain cours. Et je vais effectivement entrer dans cette classe comme si je n'avais pas mangé puisque c'est le cas ! »
Le sourire de Ron demeura en place. « Eh bien, il n'y a qu'un moyen pour y remédier. Vas-y ! Nous devons être sur le terrain de Quidditch dès que le cours de potions sera terminé. Nous jouons aujourd'hui, si tu t'en souviens. S'il n'y a pas d'autres raisons, sois heureux pour celle-ci. »
Avant que le regard de Harry ne puisse être plus dangereux, Hermione les interrompit, de l'autre côté de Ron.
« Laisse-le tranquille, Ron. Harry n'a pas perdu de match de Quidditch récemment et je suis certaine qu'il n'a pas l'intention d'en perdre un. C'est vrai, hein Harry ? »
« Ou-oui, » Répondit sèchement Harry.
Il prit tout de même quelques petites bouchées de nourriture sur sa fourchette pleine, avant que la table des Gryffondors ne se vide.
« Debout, debout, debout, Harry ! » Ron le tira de sa chaise.
Harry fronça les sourcils. « As-tu vidé ma potion d'entrain, Ron ? Tu peux me le dire, tu sais. J'essaierai seulement d'enlever toute ta joie. Je ne te ferai pas beaucoup souffrir, je te le promets. »
Harry jeta un regard vers Hermione, la suppliant de lui donner la permission de frapper son petit ami. Hermione rit et le tira elle-aussi. Ils arrivèrent en potions quelques minutes en avance.
« Vous avez suffisamment parlé. »
Le professeur Snape entra dans la salle avec une expression meurtrière sur le visage, si bien que le brouhaha cessa immédiatement.
« Salaud ! » Murmura Ron fielleusement.
Pour leur bien, Harry espéra que Severus n'avait pas entendu.
« Aujourd'hui, nous allons faire une potion de changement. Quelqu'un sait-il de quoi il s'agit ? » Gronda Snape.
La main de Hermione dansa immédiatement dans les airs, avec quelques autres, puis Harry décida de saisir sa chance et leva lui-aussi la main.
« Potter ? »
Quand il entendit son propre nom, son esprit fut blanc l'espace d'une seconde. Il avait tellement l'habitude d'entendre Severus utiliser des nuances plus agréables, même en classe que les durs syllabes le rendirent perplexe.
« Eh bien ! Nous attendons. »
Harry déglutit et s'obligea à émettre un son. « Ce sont des potions qui modifient l'apparence, comme des charmes glamour. Leurs effets sont cependant plus stables parce que les charmes glamour ne peuvent pas être parfaitement reproduits. La potion de changement reproduit les mêmes modifications à chaque fois. »
« Très bien, » Railla le professeur Snape. « Donnez-moi un exemple d'une potion que nous avons déjà étudié en cours. »
« Le polynectar et la potion polygone. Elles sont toutes les deux classées dans d'autres catégories et elles ne sont en général pas étudiées sous cette étiquette, » Répondit Harry, s'étant calmé.
« Eh bien Potter, vous avez raison. Je déduis cependant trois points à Gryffondor. » Les Gryffondors haletèrent d'indignation. « Je vous ai demandé un exemple et je ne me souviens pas avoir demandé pourquoi je n'ai pas abordé le sujet quand nous les avons faits. »
Severus fit un geste de sa baguette. « Les instructions de la potion que nous préparons aujourd'hui sont au tableau. A la fin du cours, j'aimerais que vous testiez tous la potion sur vous-même puis que vous me décriviez les effets et les changements induits par la potion. Pour ceux qui- et je sais que vous serez peu nombreux- qui trouveront le nom de la potion, écrivez-le sur le parchemin. Vous pouvez commencer. Et faites attention, si vous la préparez mal, elle deviendra un poison, dans tous les cas. »
Tous, sauf Harry commencèrent à préparer leur chaudron.
« Harry ! Sors de tes pensées ! Tu as une potion à faire, » Le réprimanda Hermione doucement.
« Pourquoi agit-il aussi bizarrement ? »
Hermione le regarda avec amusement, mais Ron lui donna un coup de coude.
« De quoi parles-tu ? Il n'agit pas bizarrement. Il n'est pas plus étrange qu'il ne l'est d'habitude. » Murmura Ron violemment, mais il fallut plusieurs minutes pour qu'Harry parvienne à détacher son regard de son professeur.
Quarante minutes plus tard, le chaudron de Harry était le seul à ne pas être rempli d'une potion argentée, aux reflets dorés. Hermione regarda à deux fois quand elle vit sa potion. Elle était vert clair et semblait trop épaisse pour produire ne serait-ce qu'une seule bulle. Elle ne pouvait pas s'imaginer le nombre d'erreurs qu'il avait dû commettre pour obtenir cet effet.
« Potter, je vois que votre mépris à suivre les instructions vous met dans une malheureuse situation. » Le professeur Snape était derrière lui et le regardait avec des yeux noirs depuis moins de deux minutes. « Que pensez-vous exactement être en train de faire ? »
Harry lui renvoya son regard. « Je fais une potion. A votre avis, que suis-je en train de faire ? »
« On dirait que votre esprit est si occupé par d'autres choses, que préparer la potion est la dernière de vos pensées, » Railla Severus.
Le regard noir de Harry disparut et fut remplacé par de la confusion. Il essaya de chercher un indice aux tréfonds du regard de Severus pour savoir ce qu'il avait pu faire pour obtenir tant d'actions inamicales, mais il n'y avait rien. Les yeux de Severus étaient remplis de haine. Ce n'était que ça, solide et proche.
« Qu'ai-je fait ? » Lui demanda Harry doucement et d'une voix à moitié cassée. Il avait repoussé de son esprit tous les autres, il ne restait que Severus.
Mais il n'y eut aucun changement dans les yeux noirs charbon.
« Buvez-la, » Lui ordonna Snape.
La classe entière retint sa respiration.
« Quoi ? »
« J'ai dit buvez-la, » Répéta lentement le professeur Snape. « Vous allez me dire toutes les erreurs que vous avez commises et la seule façon de le faire correctement est de faire une analyse orale. »
Cette fois, Harry pensa que le temps s'était figé. « Mais c'est toxique. Vous l'avez dit vous-même. Ca me tuera si je la bois. »
« Vous auriez dû y penser avant de tourner mon cours en dérision. Maintenant faites ce que je vous ai dit. »
La salle pencha dangereusement alors qu'Harry se battait pour pouvoir respirer. « Non, je ne la boirai pas. »
« Vous ne la boirez pas ? » Snape haussa un sourcil. « Tout le monde, mettez votre potion en bouteille, mettez une étiquette dessus et partez. Nous continuerons ce cours la prochaine fois. »
Personne ne bougea. On n'entendit aucun murmure. Puis soudain, tout le monde s'agita. Il y avait le cliquètement des louches sur le bord des fioles, le bruit des livres fermés à la va vite, celui des parchemins et des plumes dans les sacs. Les deux sorciers continuaient à se regarder.
« Allons Ron, nous l'attendrons dans la salle commune, » Lui dit Hermione doucement, mais ses yeux étaient toujours posés sur Harry et sur le professeur Snape.
« Es-tu folle ? Il veut le tuer ! »
« Ca va, » Elle détacha son regard et tira Ron par la manche.
A contre cœur, Ron se mit à ranger. Tout le monde se rua par la porte des cachots.
Le silence retomba à nouveau.
Severus fit un geste de sa baguette et ferma la porte. Il fit un autre geste et murmura le puissant sort d'insonorisation qui protégeait ses quartiers et qui était peut-être aussi celui qui gardait ceux de Dumbledore.
« Que se passe-t-il ? Je ne comprends pas. Avez-vous peur que -»
La main de Severus le leva et le fit taire. Ses doigts se refermèrent sur la gorge de Harry, il le serra si fort, qu'Harry devint rouge.
« Je n'ai pas été effrayé depuis très longtemps, Harry Potter, » Grogna Snape. « Vous n'avez pas l'ombre d'un soupçon de ce qu'il faut pour m'effrayer. »
Harry sentait l'air diminuer lentement de ses poumons, mais il parvient à dire, « Parfois… Je ne …vous comprends pas. »
Snape relâcha sa gorge et Harry toussa en essayant de s'oxygéner. Quand Harry put à nouveau regarder Severus dans les yeux, le sorcier avait sa baguette pointée sur la gorge de Harry.
« Sanum ! »
Harry sentit sa gorge le piquer. Dès que la sensation diminua, il évalua les effets du sort. Les bleus, la marque des doigts, la douleur vive laissés par Severus semblaient avoir été soignés.
« Sors d'ici. »
Harry se concentra sur la froideur des yeux de Severus. « Pourquoi est-ce toujours votre réponse quand vous n'êtes pas d'humeur à faire face à quelque chose ? Pourquoi être si froid et … violent ! »
« Tu as huit secondes pour passer la porte de ton plein grès. »
« Laissez-moi deviner, ça a un rapport avec votre pensine et le fait que l'on ait été un peu plus proche à cause d'elle, hein ? Pourquoi ne pouvez-vous pas prendre les choses calmement ? Juste une fois. Ou être au moins plaisant, » Protesta Harry. « Est-ce si affreux que je vous apprécie, et ce malgré tout ce que vous pouvez faire ? Est-ce cela ? Vous ne réagissez pas bien aux émotions pures, pas vrai ? »
« Et quelles émotions pensez-vous que je nourris à votre égard, Potter ? » Lui demanda Severus. « Pensez-vous que parce que j'accepte votre présence plus souvent que nécessaire et que j'ai partagé ma pensine avec vous, que j'ai pour vous un stupide béguin ? »
Harry fuit en lui-même. Il ne ressentait que de la douleur lorsqu'il détacha ses yeux de ceux de Severus.
« Je faisais référence à ce que je ressentais pour vous, » Dit-il doucement. « Merlin m'interdit de m'attendre à ce que mes sentiments soient réciproques. »
Il baissa le regard vers la potion ratée, toujours dans son chaudron puis à ses ustensiles de potions sur la table. Soudain, il aurait préféré être n'importe sauf devant Severus.
« J'ai ajouté les racines de romarins avant le gingembre et j'ai tourné dans les deux sens alors que c'était dans le sens des aiguilles d'une montre. Je pense que j'ai peut-être ajouté trop de grains de bouton d'or à la fin. Je ne faisais pas vraiment attention. Comme vous l'avez dit, mon esprit était tourné sur tout autre chose que sur le cours. » Admit-il doucement.
« Vous avez délibérément raté votre potion ? »
« Non professeur. Pourquoi aurais-je fait ça ? » Harry le regarda avec des yeux noirs. « Je n'ai pas autant besoin d'attention. Je n'essaierais d'attirer la vôtre de la mauvaise manière. Je suis un Gryffondor. Ce serait vraiment très Serpentard de faire une chose pareille. »
Il balança ses affaires dans son sac, remplit la louche de potion et la souleva. « Voulez-vous toujours que je la boive ? »
Severus ne répondit pas.
« Non ? » Lui demanda Harry avec sarcasme. « Et bien, puis-je partir monsieur ? J'ai un match de Quidditch à jouer. J'écrirai dix parchemins si vous le souhaitez et vous pouvez déduire autant de points que vous le voulez, mais je pars maintenant.
Il vida le chaudron et la louche avec un rapide sort et mit son sac sur ses épaules. Une minute après, il était parti et Severus se retint. Il avait envie de balancer quelque chose au mur dans un caprice.
La journée ne se terminait pas bien et elle allait certainement empirer.
« As-tu déjà saigné du sang que tu voulais voir appartenir à une autre personne ? »
Harry alla à peine au dortoir, il enfila rapidement sa tenue de Quidditch et retourna dans la salle commune avant d'être entraîné par Hermione pour aller dîner de bonne heure.
« Mais Mione, je n'ai pas très faim ! » Protesta-t-il pour rien puisqu'ils se dirigeaient déjà tous les trois vers la Grande Salle. « Je ne te laisserai pas voler en ayant le ventre vide. Toi non plus Ron ! Tu auras besoin de plus d'énergie. »
« Si nous avions besoin de plus d'énergie, nous aurions pris une potion, » Grommela Ron, mais comme Harry, il était venu forcé par Hermione.
Quand ils entrèrent dans la Grande Salle, ils furent accueillis par des applaudissements venant de la moitié de la salle. Les joueurs de Serpentards étaient déjà assis, pour la plupart et huaient, mais les membres de l'équipe de Gryffondors faisaient de leur mieux pour contrer ce bruit et criaient eux-aussi.
A la Grande Table, plusieurs professeurs semblaient s'empêcher de se couvrir les oreilles. Il semblait qu'avec son grand sourire et ses acquiescements encourageants, Dumbledore était la seule personne à croire que ces cris étaient dignes d'une saine compétition.
Harry se promit de ne pas regarder trop longtemps la Grande Table. Il ne voulait pas se perdre en se demandant où Severus était et pourquoi il ne mangeait pas dans la Grande Salle aujourd'hui.
« Alors comment s'est passé la grande confrontation avec Snape ? » Lui demanda Ron quand ils furent assis et que le bruit eut quelques peu diminué.
Harry haussa les épaules. « C'est un idiot. »
Ron s'étouffa. « Arrive-t-il à Snape de ne pas être un idiot ? Eh bien, je pense que tu lui as fait abandonner cette connerie d' 'analyse orale de la toxine ? »
« Apparemment, » Hermione, à côté de Ron, leva les yeux au ciel, mais elle regarda Harry avec culpabilité. « Euh, Harry, ne sois pas en colère, mais je dois probablement te dire que -»
« Hermione, ça va,' » L'interrompit Harry en secouant la tête. « Le fait que Snape est un imbécile n'a rien à voir avec le fait que tu lui aies parlé de moi. »
Hermione le regarda avec suspicion « Ecoute, j'ai dit que c'était un mauvais choix. Apparemment le connard utilise les informations pour torturer Harry encore plus. »
Harry regarda Ron avec intérêt et se demanda de quelle manière il avait contribué à la décision de Hermione d'aller parler à Severus. Avant qu'il ne puisse donner voix à ses interrogations, on frappa Harry sur l'épaule.
« Salut, Harry, » Harry rencontra le sourire amical de Will dès qu'il se retourna.
« Salut, » Harry lui rendit son sourire.
« J'ai entendu parler de ce que Snape voulait que tu fasses en potions. Est-ce que tu vas bien ? »
« Tu as entendu ça rapidement hein ? » Harry haussa les épaules. « Je suis apparemment en vie, mais il ne faut pas le remercier pour cela. »
Will regarda la Grande Table mais ce n'était pas nécessaire puisque juste à ce moment-là, le professeur de potions entra dans la Grande Salle et se dirigea à grandes enjambées vers la Grande Table.
« Eh bien, il est là maintenant. Il ne semble pas être trop repentant, mais il ne l'est jamais. » Will sourit à Harry et haussa légèrement les épaules.
Harry détacha ses yeux de ceux d'onyx froid et sourit presque tristement à Will. « Ne serait-ce pas un choc s'il le paraissait ? Il est qui il est et je suppose que c'est ce qui le rend si…unique. »
« Il ne parle pas du match d'aujourd'hui, hein ? »
Harry secoua la tête. « Non. Merci Seigneur. »
Quelque chose dans la manière dont il avait prononcé ces paroles parut suspicieux et ses deux meilleurs amis se regardèrent avec interrogation. Harry préféra prétendre ne pas le remarquer et sourit à nouveau à Will.
Will lui rendit son sourire. « Eh bien, je ferais mieux de vous laisser manger. Tu dois bientôt aller sur le terrain de Quidditch, je pense et je ne veux pas te mettre en retard. Je voulais juste te dire que je serais là pour t'encourager toi et les Gryffondor. »
« Merci. »
Les sourcils de Ron s'arquèrent dès que Will fut parti et qu'il ne puisse plus entendre. « Harry, est-il hétéro ? »
« Quoi ! »
Ron haussa les épaules. « Eh bien, je pensais que tu le saurais. Il te regarde beaucoup tu sais et qu'est-ce que c'était que ça, bon sang ? »
Ce commentaire attira l'attention de Neville, Seamus et Dean, qui étaient comme d'habitude de l'autre côté de la table, en face du trio. Pour remédier à la situation rapidement, Hermione pensa qu'il serait mieux d'arrêter la conversation et donna un petit coup à Ron et à Harry pour qu'ils finissent de manger. Eh bien, ils avaient suffisamment mangé, elle les tira de leurs sièges et les poussa hors de la salle.
Il valait probablement mieux puisque Harry avait légèrement rougi, et que le professeur Snape avait remarqué le petit interlude.
Presque deux heures après, Harry était sur son balai, dans les airs et Malfoy commençait sérieusement à l'énerver.
« Alors… Potter… comment s'est passé la fin du cours de potions ? » Le provoqua Drago « Comment t'en es-tu sorti après avoir bu le breuvage épouvantable que tu as concocté ? »
« Va te faire voir, Malfoy, » Lui rétorqua Harry douceâtre.
Il regarda les silhouettes volantes, gardant son attention sur le fait que les Serpentards avaient mis un autre but et sur le vif d'or toujours absent. Le match ne se passait pas très bien pour les Gryffondors jusqu'à maintenant. En fait, les Serpentards, menaient de soixante dix points à vingt.
Le fait qu'il puisse sentir les yeux perçants de Severus sur chacun de ses mouvements n'allégea pas son humeur. Il voulait que le match se termine rapidement. Il en avait assez de cette journée et pensait que le moment était aussi bon qu'un autre pour aller se coucher.
Il aperçut quelque chose de doré et de lumineux près des buts des Gryffondors, Harry s'envola soudain à toute allure. Bien entendu, Malfoy fut derrière lui presque immédiatement.
« Les attrapeurs semblent avoir aperçu le vif d'or ! Waou, ils y vont vraiment, hein ? Merde, ils foncent droit sur le gardien des Gryffondors ! Oy, Ron, bouge-toi mon gars, tu vas te faire renverser ! »
Harry ne savait pas si on avait pris le microphone des mains de Seamus à l'évident commentaire dévoyé. Il passa à quelques mètres du visage paniqué de Ron, descendit en piquet et roula. Il sentit un cognard voler près de son visage et un poursuiveur Serpentard le rata de justesse alors que le Souaffle fut pris.
Drago n'était pas en vue. Il semblait avoir choisi de rester où il avait été poussé, près du but gauche des Gryffondors.
Cela convenait à Harry qui avait vu le vif d'or près du Serpentard, presque au niveau du sol. Il se dépêcha. Au-dessus de lui, Drago avait compris son erreur et descendait en piquet.
Quand ils arrivèrent, le vif d'or avait disparu.
Harry jurait continuellement dans sa barbe alors qu'il tournait, dégageant du chemin dangereux qu'il avait pris, deux cognards dont il était la cible, le Souaffle qui était passé entre deux joueurs et une batte de Poursuiveur. Harry n'eut pas besoin d'entendre les acclamations des Serpentards pour savoir qu'ils venaient de marquer un autre but.
Harry planait et Drago était à côté de lui.
« Qu'es-tu ? Suicidaire ? » Lui cria Drago sous le choc alors qu'il essayait de retrouver son souffle.
Les yeux de Harry s'illuminèrent étrangement. « Tu aimerais bien, hein ? »
« Le professeur Snape est peut-être un traître, mais je pense qu'il a eu une bonne idée quand il a proposé de t'empoisonner. » Drago le regarda avec des yeux noirs pendant qu'il reprenait contenance. « Il est aussi un puissant Directeur de Maison. La prochaine fois, tu devrais accepter son offre. »
Harry choisit de ne pas répondre, mais les mots le mettaient dans une colère irrationnelle.
Au lieu de se défouler sur Malfoy, il concentra son attention sur le vif d'or qui apparut à nouveau près du sol. Il défia Drago du regard et tomba du ciel.
Le plongeon était si raide que l'ensemble des élèves retinrent leur souffle.
« Saint Merlin ! » Fut le seul commentaire que Seamus fut capable d'émettre.
Harry était flou, même pour les autres joueurs. Drago l'avait suivi, mais moins vite. Il suivit quand même le chemin qu'Harry avait dégagé. Quand Harry arriva, le vif d'or avait à nouveau disparu, mais cette fois, aucun des attrapeurs n'était d'humeur à le laisser partir.
Ils tournèrent autour des autres joueurs, les mains tendues alors qu'ils se confrontaient. Ils furent séparés une ou deux fois, quand Harry choisissait un chemin direct malgré les obstacles alors que Drago essayait de chercher le plus de sécurité.
A la fin, ils se retrouvèrent enchevêtrer, roulant et se battant sur le sol dur. Harry planait, mais Drago avait dévalé sur lui. La foule attendit la respiration battante.
Harry leva le vif d'or et les Gryffondor crièrent de plaisir.
« Le vif d'or a été attrapé, Gryffondor a gagné ! Le score est génial -»
Harry n'entendit jamais le score parce que Drago se tourna vers lui, un regard écœuré et un sourire en coin.
« Eh bien au moins tu peux être un sauveur parfois. Après tout, ce sont les petites choses qui comptent et nous savons tous les deux qu'aider les détenus à s'échapper n'est rien, hein ? Où sont tes réflexes rapides, alors ? Hein Potter ? Le vif d'or c'est une chose, mais- »
Drago s'arrêta de parler brusquement. Du sourire en coin, il passa à une expression choquée. Il aurait pu jurer qu'il avait vu les yeux verts de Harry Potter prendre une teinte rouge sang. Avant que ça ne lui soit confirmé, Harry le frappa et il n'eut aucun doute : d'après la résonance il avait un os cassé.
Il ne fallut que cinq minutes pour que leurs prises deviennent une véritable bataille. Les professeurs criaient, Drago fut tenu par les bras puissants d'un Serpentards et Harry criait des paroles incohérentes alors qu'il se débattait contre Will, Ron, Seamus et Dean qui le retenaient.
« Détention M. Potter avec le professeur Snape. Vous, M. Malfoy servirez une détention avec moi ce soir. Cinquante points en moins à chacune de vos maisons et M. Potter, j'enlève vingt autres points parce que vous auriez dû le savoir et que vous l'avez attaqué en premier. »
La voix du professeur MacGonagall était la seule qui traversa son brouillard. Les deux garçons furent immédiatement calmes et silencieux.
Ils durent tous les deux être lévités jusqu'à l'infirmerie, parce que la mâchoire de Drago était effectivement brisée et que Harry avait quelques vilains bleus sur les côtes.
« N'as-tu jamais cessé de respirer et ne plus savoir comment recommencer ? »
Il était 22h et Harry se déplaçait dans les couloirs menant au bureau du professeur Snape. Considérant la journée, il craignait le pire.
Il s'arrêta derrière la porte et respira plusieurs fois pour se calmer. Il avait décidé de ne pas prendre ses potions, il les avait laissées dans un tiroir, afin d'être suffisamment cohérent pour gérer sa punition. En y pensant maintenant, il se dit qu'il n'avait peut-être pas pris la bonne décision.
Avant qu'il n'ait le temps de s'attarder davantage, la porte du bureau s'ouvrit. Il fut violemment poussé à l'intérieur par des mains invisibles. Il entendit la porte se refermer dans un bang bruyant, l'oubliant presque derrière.
« Que pensiez-vous être en train de faire sur le terrain de Quidditch ? » Severus avait une expression si meurtrière qu'Harry eut du mal à croiser le regard de son professeur.
« C'est lui qui a commencé la bagarre ! Il a fait un commentaire intelligent sur Sniffle, » Lui rétorqua Harry tout aussi en colère.
Severus qui était derrière son bureau, se leva et vint se placer devant Harry.
« Alors vous avez pensé qu'il fallait avoir recours à la violence devant l'ensemble des élèves réuni. Vous pouvez l'oublier opportunément Potter, mais je puis vous assurer que personne d'autre n'a oublié que vous êtes un préfet de cette école et que vous devez montrer l'exemple aux autres élèves. Est-ce que se battre est une solution ? »
« Qu'en savez-vous ? » Harry le regarda avec des yeux noirs. « Vous détestiez Patmol autant que Malfoy. »
« Ca n'a plus d'importe maintenant, hein ? Sirius Black ne reviendra jamais et se battre pour défendre son souvenir ne changera rien à ce fait. Vous, d'un autre côté êtes toujours en vie et en ce moment, vous avez beaucoup d'ennuis. Vous allez remédier à la situation en lavant la salle d'observation de la Tour d'Astronomie sans magie, puis vous reviendrez ici préparer la potion que vous avez si mal faite ce matin. Quand vous aurez terminé, peut-être pourrez-vous faire quelques lignes et dans ce cas, je veux deux parchemins avant que vous ne retourniez dans votre dortoir ce soir. »
Harry se sentit tordre de douleur en regardant son professeur avec incrédulité. Il avança en tremblant vers la porte, mais ne se souvenait plus de la manière dont on forme les mots. Et il avait quelque chose qui bloquer sa gorge qui l'empêchait de respirer.
« Vous m'avez…menti, » Parvint-il à dire d'une voix douce. « Vous avez dit que vous essaieriez de travailler sur vos jugements et que vous seriez juste. Qu'est-il arrivé à cette compréhension et -»
« Et quoi ? » Snape avança lui aussi. Il leva les bras de chaque côté de Harry pour qu'il soit solidement pris au piège. « Ne vous ai-je pas dit de ne pas faire de moi votre colle ? Je vous ai appris à être à nouveau indépendant, et qu'est-ce qui est arrivé, hein ? Vous attendez-vous à ce que je vous câline ? Eh bien Potter, nous reviendrons à nos anciennes relations dès vous serez capable d'exister par vous-même. Le plus tôt sera le mieux. »
« Alors c'est ça ? Vous me poussez dehors à chaque fois que je deviens trop proche pour votre propre confort ? »
Severus sourit satisfait et Harry acquiesça lentement. « D'accord…professeur Snape. Plus vite j'irai mieux et plus tôt vous pourrez reprendre votre ancien comportement. »
Mais Severus n'enleva pas ses bras de derrière Harry et il ne fit aucun mouvement pour lui permettre de partir. Il chercha dans les yeux verts, la tempête de douleur et de colère.
Et tout à l'intérieur de lui le priait de l'embrasser pour faire fuir la douleur.
« Sortez avant que je ne fasse quelque chose que nous regretterions tous les deux, » Murmura-t-il.
Harry détourna lentement les yeux. « Je ne suis pas un enfant, Severus. Pourquoi continuez-vous à me traiter comme tel ? »
« Stupide garçon, » Murmura Severus en secouant la tête. « Ne t'es-t-il pas venu à l'esprit que c'était exactement ce que je ne voulais pas. Ne penses-tu pas que je ne veux peut-être pas que tu sois un enfant ? Que je veux que tu ailles à nouveau bien pour que tu aies pleinement conscience de tes propres actions ? Pour que tu comprennes que tu -»
Il recula si soudainement qu'Harry sentit l'air chaud autour de lui se refroidir.
« Vas-t-en, Harry. » Le visage de Severus s'était à nouveau rapproché de Harry. « Pars loin, où tu ne me…hanteras…plus. Il ne nous reste qu'un mois de cours avant les vacances d'été. Peut-être que si tu restes loin de moi, je pourrai reprendre du bon sens. »
« Si c'est ce que tu souhaites Severus, alors…très bien, » Harry acquiesça lentement pour renforcer ses mots brisés. Severus put voir les larmes qu'il retenait.
« As-tu déjà vu la Mort se tenir devant toi et sentir la froideur glaciale de ses doigts, caresser tes joues pour te réconforter, murmurant au vide de s'en aller ? »
La main de Voldemort se posa gentiment sur le visage de Harry dans un réconfort trompeur. Quand il le toucha, sa cicatrice le brûla et un ruisseau de sang suinta lentement. Le sang glissa sur le visage de Harry et se confondit avec les doigts de Voldemort.
« Bienvenu dans le monde dont tu rêves, » Lui dit Voldemort avec un sourire malveillant.
Harry gémit mais le regard de Voldemort semblait le retenir et le piéger par son intensité.
« Je suis désolé Harry Potter, mais tu ne partiras pas cette fois. »
