Merci à ma correctrice AnthaRosa

Chapitre 15 : A travers le temps et l'espace

« Weasley, où est Potter ? »

Depuis que Snape était entré dans la salle de potions cinq minutes auparavant, Ron craignait la question. Maintenant qu'elle était posée, il n'était toujours pas prêt à formuler une réponse.

« Il est…euh…. » Ron essaya tout de même mais prit une vive couleur rouge. « Hermione et moi l'avons laissé dans la Salle Commune. Il a dit qu'il venait mais… il n'est pas là. »

« Apparemment ! » Gronda Snape et tout le monde sursauta. « Ce n'est pas grave, Weasley, je trouverai par moi-même et il sera désolé d'avoir raté mon cours. »

Les Serpentards ricanèrent. Le professeur Snape se tourna vers eux.

« Malfoy, vous êtes responsable de la classe, » Ordonna-t-il. « Veillez à ce que les Gryffondors perdent dix points à la fin des deux heures, si je ne suis pas revenu d'ici là. »

Il les regarda tous avec des yeux noirs et alors qu'il s'apprêtait à quitter la salle, il reprit la parole.

« Granger, assurez-vous que personne ne parte avant que tout le monde ait terminé sa potion et qu'elle soit juste. A la fin du temps, vérifiez que toutes les potions soient correctement étiquetées et placées sur mon bureau avant de partir. Tout ceux qui ne le feront pas perdront un point qu'ils soient Gryffondor ou Serdaigle. »

Quand il sortit, Drago se tenait d'un air satisfait devant la classe et Hermione faisait le tour des élèves.

Harry où es-tu ? Se demanda-t-il.

Apparemment Harry n'était plus dans la salle commune, ce qui voulait dire qu'il pouvait se cacher n'importe où dans le château. D'habitude, Harry ne se cachait pas pendant les cours et c'est ce qui préoccupait Severus : son esprit lui présentait des hypothèses peu plaisantes de ce qui pouvait le retenir.

En plus, la dernière fois qu'il avait parlé au jeune homme, Severus lui avait dit de rester loin de lui.

Harry prenait les choses trop littéralement pour son bien-être.

Il passa la tête dans la salle de bain des préfets qui se trouvait en bout de couloir, puis entra. Il ne fut pas du tout surpris de constater qu'elle était vide.

« Mimi ! »

C'était son dernier recours, mais c'était sans doute le moyen le plus rapide pour obtenir des informations puisque le fantôme avait accès aux tuyaux.

Elle apparut les yeux écarquillés, râlant de colère et d'énervement.

« Oui ! » Cria-t-elle aussi fort qu'il l'avait appelé.

« Où est Harry Potter ? » Lui demanda Severus les yeux plissés, mais ceux du fantôme étaient encore plus énervés que les siens.

« Comment le saurais-je ? Il ne me parle plus, » Gémit-t-elle, entre la colère et la tristesse. « Tout ce que je sais c'est qu'il n'est plus gentil avec moi. »

« Il a beaucoup d'autres choses à s'occuper que de tes sentiments ! » Claqua Severus. « Sais-tu où il est ou où il n'est pas ? »

De grosses larmes coulèrent de ses yeux. « Ne me criez pas après ! Je ne vous dirai rien ! »

« Où est-il ? »

Elle boudait. Severus sortit sa baguette et la regarda avec une lueur cruelle dans le regard.

« Très bien, » Concéda-t-elle en reniflant. « Je ne sais vraiment pas où il est. Il peut être n'importe où. Y-avez-vous pensé ? Il n'est dans aucune des salles de bain et il ne se noie pas dans le lac. Si vous voulez vraiment savoir où il est alors découvrez–le tout seul, mais il n'est pas dans une salle reliée par la canalisation. »

Considérant qu'elle avait accompli son devoir, elle le regarda avec un dégoût non voilé et plongea dans le robinet.

Severus décida de ne pas perdre plus d'énergie en essayant de la faire sortir, et préféra passer à l'étape suivante.


« Oui Severus ? »

« Potter a disparu. »

Dumbledore proposa à Severus une tasse de thé, des petits biscuits et une poignée de bonbons au citron, à une telle vitesse que Severus se rendit à peine compte qu'il était assis et qu'il mangeait.

« Que voulez-vous dire par il a disparu ? »

« Bon sang, Albus, combien de sens le mot 'disparu' peut avoir ! »

Albus insista pour qu'il prenne une autre gorgée de thé puis il continua plus aimablement. « J'ai demandé à Mimi Geignarde si elle savait où il était et elle m'a informé qu'elle ne savait pas. En fait, elle m'a assuré qu'il n'était pas à proximité d'eau. »

Dumbledore reconnut que c'était la conclusion la plus appropriée.

« Bien, ça élimine les salles de bain, le lac, les serres. Je sais aussi qu'il n'est pas dans la Forêt Interdite, ni dans aucune des salles de classes et je doute qu'il se trouve seul dans la Grande Salle. »

Severus le regarda ouvertement avec colère. « Vous saviez qu'il avait disparu ! »

« Je savais que je ne pouvais pas le localiser, mais soyez rassuré, il n'a pas été pris par le côté obscur. Il est effectivement quelque part à Poudlard, il ne nous reste qu'à découvrir où, » Dit Dumbledore calmement.

Severus sentait un mal de tête le gagner.

« Peut-être devrions-nous prévenir M. Weasley et Ms Granger, ils seront peut-être capables de nous proposer une idée… »

Severus lança des regards noirs à Dumbledore, mais il ne pouvait pas discuter. Plus tôt ils trouveraient Harry, mieux ce serait et Severus n'avait pas besoin d'avoir l'impression qu'il devenait lentement fou tant il avait besoin de savoir.

Il pouvait imaginer des choses pires que le fait qu'Harry ait été pris.

Des choses bien pires.


Ron et Hermione arrivèrent quinze minutes après, curieux.

« Oui, monsieur le directeur ? »

Leur curiosité mourut rapidement quand ils virent la tempête se préparant dans les yeux de Severus.

« S'il vous plait, asseyez-vous. »

Ils s'assirent.

« Avez-vous une idée de l'endroit où pourrait se trouver M. Potter en ce moment ? »

Ils secouèrent tous les deux la tête négativement. Ron expliqua que lorsqu'ils avaient quitté la Salle commune, ils étaient ensembles, mais Harry s'était soudain arrêté et leur avait dit qu'il les rejoindrait rapidement. Il n'était pas venu en cours de potions et ne l'avait pas revu depuis.

Hermione commençait à s'inquiéter.

Elle regarda l'expression calme mais pressante que le directeur essayait de cacher et quand elle vit la pure inquiétude dans les yeux de Snape, elle sut que quelque chose n'allait vraiment pas.

« Vous ne savez pas où il est ? Pas du tout ? » Demanda-t-elle, si doucement que seul Severus put l'entendre.

« Il est toujours dans l'enceinte de Poudlard mais nous n'avons pas pu le localiser. » Grogna-t-il de derrière elle.

« Avez-vous vérifié la Salle Commune ? Les dortoirs ? Les salles de cours ? La salle de bain de Mimi Geignarde ? Avez-vous vérifié le terrain de Quidditch ou la cabane de Hagrid ? » Demanda-t-elle soudain frénétiquement. « Il pourrait être dans un de ces endroits. Peut-être avait-il besoin de temps tout seul pour réfléchir ? Peut-être a-t-il eu une vision et qu'il ne se sentait pas bien pour aller en cours ? »

« Ou peut-être est-il dans une mare de sang ou en train de recevoir le baiser du détraqueur et trop faible pour s'en sortir tout seul. Peut-être n'est-il même plus en vie. » Ajouta Severus en serrant les lèvres.

Hermione essaya de ne pas y penser.

« Eh bien, ne vous inquiétez pas pour l'instant, » Dumbledore sourit, mais pour une fois, son sourire n'atteignit pas les yeux. « Hagrid est allé voir dans la Forêt Interdite. Les tableaux regardent s'ils l'aperçoivent et les fantômes vont dans des endroits où personne d'autre n'est capable d'aller. Nous le retrouverons bientôt. »

Si j'étais Harry où serais-je allé ? Ils se posaient tous la question et la ressassait.

Severus pensait à une centaine de places en même temps et si Harry était retenu ailleurs, il pouvait en compter cinq cents de plus.

Ron ne parvenait pas à penser à d'autres endroits que ceux qu'ils avaient déjà éliminés comme le terrain de Quidditch, les dortoirs et les salles de bain.

Hermione fut la seule personne à rétrécir le champ d'investigation à une seule salle.

Dumbledore cependant attendait patiemment qu'on lui fournisse des informations et qu'on lui dise où chercher pour enquêter rapidement.

« Je sais où il est, » Dit doucement Hermione. Les trois autres se retournèrent immédiatement. « Vous savez dans quel état d'esprit Harry était ces derniers temps. Nous en avons tous parlés. Eh bien, si vous étiez Harry et que vous n'aviez pas la tête sur les épaules, où iriez-vous pour avoir accès aux ressources que vous n'avez pas sous la main ? »

Ron et Dumbledore sautèrent pratiquement sur leurs pieds, mais Severus avait toujours l'air perdu.

« Oh doux Merlin, pourquoi n'y avons-nous pas pensé plus tôt ! Il est dans la salle sur Demande, » Dit Ron soudain pale. « Oh Seigneur, pense à ce qu'il pourrait faire là dedans ? Il a juste à le demander et la salle le lui donne. »

« La Salle de quoi ? » Leur demanda Severus. Mais il en avait suffisamment entendu pour se sentir encore plus inquiet. Il se leva.

« La Salle sur Demande, » Répéta Hermione.

Elle lui donna ensuite une idée de ses capacités et pourquoi elle pourrait être dangereuse si Harry l'utilisait.

« Où est cette salle ? » Fut les seuls mots que la voix soudain calme de Severus put poser et les autres prirent cette question pour un signal et ils leur montrèrent la voie.

Ils coururent.

Ils avaient éveillé la curiosité des élèves qui n'eurent pas la chance de poser des questions tant ils se dépêchaient. Dès qu'ils disparaissaient et que les sons précipités des pas diminuaient, les élèves se mettaient à discuter d'une voix forte de ce qu'ils venaient de voir.

Les quatre sorciers s'arrêtèrent rapidement devant une porte qui devait être activée.

« Attendez ! » Les prévint Hermione. « Nous devrions laisser le directeur le faire. Ron et moi forcerions la porte à nous montrer un Harry en bonne santé et professeur Snape… eh bien, ça pourrait ne pas fonctionner non plus pour vous. »

Severus acquiesça et rejoignit les deux autres en arrière alors que Dumbledore faisait trois pas en avant et en arrière. Quand la porte apparut, les quatre se précipitèrent pour l'ouvrir, mais dès qu'ils le firent, ils eurent le souffle coupé.

Hermione se mit à crier avec hystérie et Ron semblait sur le point de s'effondrer.

Severus ne pouvait que regarder


Severus pouvait compter sur une main le nombre de fois où il avait eu le sentiment que le temps avançait au ralenti.

Même si sa tête bougeait pour que ses yeux puissent étudier la salle, tout semblait se passer dans la confusion. Il remarqua que la pièce était essentiellement dans l'obscurité et il dut se faire violence pour s'éclaircir l'esprit et réellement se concentrer.

Ce furent ses six ans en tant que mangemort à part entière et les quatre années précédentes qu'il avait passé en tant qu'espion qui vainquirent son engourdissement.

La salle était remplie de bouteilles de potions alignées contre les murs et posées sur les tables, des outils et des bancs occupaient tout l'espace central. Il y avait des bougies sur les murs ce qui donnaient à la pièce une lueur angoissante. Les candélabres étaient tournés et gravés avec la marque des mangemorts.

Au centre, sur le sol, au milieu du verre brisé et des potions renversées, gisait Harry. Son corps était blanc et était drapé par ses bras et ses jambes croisés. Il y avait des lignes fraîches sur ses bras et sur ses jambes. Des rangées d'égratignures étaient creusées dans sa peau et de profondes entailles couraient sur la longueur, preuve qu'Harry s'était débattu contre lui-même, contre ses propres ongles. Le sang dégoulinait de sa cicatrice et se mélangeait avec celui qui coulait des coins de sa bouche.

Ses yeux verts étaient ouverts… regardant l'espace vide.

Hermione se jeta sur la forme toujours immobile et Ron la suivit rapidement. Il ne semblait pas pouvoir pleurer parce que malgré les larmes qui coulaient sur son visage, seul un son étranglé de gémissements s'échappait de ses lèvres. Hermione pleurait suffisamment bruyamment pour tous les deux.

« Harry ! Oh seigneur, Harry…. S'il te plait! Oh Seigneur, s'il vous plait, s'il vous plait, s'il vous plait… Harry ! Harry, réveille-toi ! Harry reviens ! Harry …s'il te plait….s'il…te…plait. S'il te plait, s'il te plait, s'il te plait, reviens. Je me fiche de savoir ce qu'il va se passer. Je me fiche de savoir pourquoi. Je veux juste que tu reviennes. Je veux juste que tu reviennes. Je serai une bien meilleure amie. Je te le promets. Je te le promets… s'il vous plait, seigneur. S'il vous plait…s'il vous plait, ramenez-le… »

Elle fondit en larmes, sanglots, prières et supplications murmurés. Ron semblait être pris d'une vague de violents tremblements.

« Etes-vous certain que c'est lui ? » Demanda doucement Severus. Ses yeux n'avaient jamais quitté la scène devant lui.

« C'est lui, » Répondit Albus avec certitude.

« Est-il encore en vie ? »

« Il peut l'être. »

Severus prit quatre bouteilles près de la table et regarda les étiquettes.

Potion de Mort Vivant.

Potion Sans Rêves.

Potion calmante.

Potion Tempus Fugit.

Une overdose de n'importe laquelle pouvait conduire à un sommeil éternel. Harry semblait avoir fait une overdose de chacune d'elle.

« Albus, faites venir tous les professeurs ici. Il vaut mieux que les élèves restent dans leur Maison et laissez les préfets de Sixième année se charger de tout. Vous allez devoir former un cercle nettoyant. Un grand. J'ai aussi besoin de l'aide des dix meilleurs élèves de Septième année. »

Albus acquiesça mais murmura presque immédiatement. « L'ordre a déjà été donné. »

Severus sortit sa baguette et s'approcha des trois formes. Il la pointa sur Harry et allait jeter le sort lorsque Hermione cria. Elle et Ron se jetèrent sur lui.

« Non ! Laissez-le tranquille. Laissez-le tranquille ! » S'écria Hermione. Ron était occupé à essayer d'arracher la baguette des mains de son professeur.

« Petrificus Totalus ! Petrificus Totalus ! »

Severus ne regarda pas Albus pour le remercier d'avoir lié les deux Gryffondors. Il se redressa et pointa à nouveau sa baguette sur Harry. Il prit une profonde inspiration pour se préparer. Sa détermination se raffermit quand il verrouilla son regard dans les yeux verts et voilés.

« Legilimens

Il regarda le rayon de lumière quitter sa baguette et entrer dans le corps de Harry dans une lumière noire, brillante et dénaturée. Il s'effondra et tomba. Il se retrouva dans à peu près la même position que le jeune homme.


L'endroit était différent de ce dont il se souvenait avoir vu dans la pensine de Harry.

Il n'était pas à l'intérieur de lui, il lui fallut donc un moment pour se rendre compte des changements. C'était encore froid, noir et le sol était toujours desséché et craqué, mais il n'y avait pas de brouillard. En comparaison, il était plus facile de voir ici. Il remarqua aussi que le terrain était plus large. Le paysage disparaissait aux bords de cette épaisse obscurité, mais la sensation générale était moins confuse et plus ombrageuse.

Et il y avait le tonnerre et les éclairs, qui n'avaient jamais été là avant.

Le son l'assourdissait presque et la lumière l'aveuglait presque, mais Severus continuait à avancer. Il devait trouver Harry et le sauver de cet endroit.

« Je savais que vous viendriez. »

Severus se retourna en entendant les mots qui résonnaient et se retrouva face à face avec le jeune sorcier. Les rafales de vent soufflaient si souvent que Harry avait l'air encore plus sinistre avec sa cape noire tourbillonnant autour de lui.

« Harry, comment suis-je arrivé ici ? »

Harry avança jusqu'à ce qu'il soit suffisamment prés pour lui caresser doucement, presque tristement la joue avec un doigt.

« Je savais que vous viendriez. Je savais que vous essaieriez d'entrer dans mon esprit et quand vous l'avez fait, je vous ai attiré ici, » Il sourit amèrement. « C'est un petit truc qu'il m'a appris sans le savoir. Tout ce temps c'est moi qui le laissais entrer inconsciemment. »

« Où est-il maintenant ? »

Harry haussa les épaules. « Parti. Il a disparu quand vous êtes arrivé. Je savais que c'est ce qu'il ferait. »

« Depuis combien de temps es-tu ici ? »

« Des heures. Des jours. Quelques instants. Ici, le temps ne compte pas. »

« Harry, » Severus captura la main qui suivait le contour de sa joue et de ses lèvres. « Harry, est-ce que tu vas bien ? Nous devons sortir d'ici. »

« Pourquoi étiez-vous si fâché contre moi hier soir ? » Lui demanda Harry. « Savez-vous quel est cet endroit ? Le reconnaissez-vous ? »

Severus acquiesça. « Oui, mais tu ne peux pas te cacher ici. Il te consumera comme il l'a fait pour moi et tous les autres. Tu dois voir une personne qui pourra t'aider. Apparemment j'ai échoué et -»

Des lèvres douces arrêtèrent le flot de paroles. Si douces contre les siennes, une telle innocence dans le baiser, que le souffle de Severus resta coincé dans sa gorge. Ce n'était même pas un baiser, c'était comme une légère plume volée, dansant contre ses lèvres.

« Non. Vous n'avez pas échoué, » Harry souffla les mots. « Severus, s'il est parti c'est grâce à toi. J'ai passé des heures à le combattre, peut-être même des jours parce que je savais que tu ne me laisserais pas enfermé ici tout seul. Je savais que tu viendrais. »

Severus se recula pour regarder Harry dans les yeux et vit une étincelle de lumière illuminait le monde.

« Harry, tu ne sais pas ce que tu dis. »

Harry rit doucement. "Bien sûr que je sais ce que je dis. Je sais aussi ce que je fais. C'est vous qui ne réagissez pas correctement. Je ne vous ai pas mis sur un piédestal ici. Regardez autour de vous. Voyez-vous des centaines de vous se promener ? Pour la première fois, je comprends pourquoi j'ai cet endroit et je me rends compte qu'il avait raison quand il disait que nous en avons tous un. C'est l'endroit dans lequel nous venons quand la réalité est trop difficile à gérer. Je sais cela maintenant et guérir ne me débarrassera pas de cet endroit. Il faut la rendre moins noir et moins sombre. Il ne devrait pas être aussi vaste. »

Severus prit un air renfrogné. « Alors qu'est-ce ? Pourquoi viens-tu de…m'embrasser ? »

Harry rit à nouveau. « Parce que je vous apprécie et que j'avais envi de le faire depuis longtemps. Franchement Severus mettez-le vous dans la tête. Je ne vous apprécie pas à cause du rôle de conseiller que vous avez joué auprès de moi. Je sais de quelle couleur sont vos yeux quand vous êtes amusés. Je sais pourquoi vous sentez la fumée mais l'odeur de vos cheveux est divine et elle m'envoûte encore. Je sais que vous vous inquiétez vraiment pour moi, sincèrement, même si vous ne laissez personne d'autre le voir. C'est très facile. Je vous apprécie. »

Riant toujours, Harry enroula ses bras autour des fines épaules et enfouit sa tête contre le cou de Severus. Il était plus fatigué qu'il ne le disait, mais il ne voulait pas que Severus soit trop inquiet.

« Ceci dit, je devrais vous dire que j'ai essayé de sortir par mes propres moyens mais ça n'a pas marché. J'ai pensé que le mieux à faire serait d'essayer de faire quelque chose contraire à cet endroit, » Il rit doucement et leva la tête pour voir l'expression moins qu'amusée de Severus.

« Alors embrassez-moi maintenant et quand on se réveillera vous pourrez me jeter tous les charmes que vous connaissez pour me le faire oublier, mais c'est certainement le seul moyen. »

« Pourquoi avoir pris toutes ces potions ? »

« J'essayais de me débarrassez de la voix dans ma tête. »

« Vous l'avez combattu ici depuis la nuit dernière ? »

« Sale petite saleté, hein ? Je pense qu'il est vraiment temps de s'atteler à la tache et de le tuer pour l'amour de Merlin. Il ne me laissera pas tranquille autrement, j'en suis persuadé. »

Severus soupira très doucement. « Je n'aime pas ton plan petit Gryffondor. On dirait vraiment que tu essaies de m'exploiter. J'étais préparé à te sauver et tout ce que je trouve c'est le vide et toi, aussi idiot que d'habitude. Pourquoi voudrais-tu faire quelque chose de physique avec moi alors que tu sais que je ferai en sorte qu'aucun de nous ne s'en souvienne ? »

Harry prétendit y réfléchir. « Eh bien, parce que c'est le seul plan que j'ai et qu'il me semble suffisamment logique pour fonctionner et parce que vous êtes ici avec moi et que lui non. Est-ce vraiment important ? Je mérite une récompense pour être Harry Potter et pour avoir une fois de plus survécu à une attaque, même si cette fois, elle se déroulait en moi. »

Severus aurait protesté mais les lèvres de Harry se pressaient doucement contre les siennes… et il fut repoussé par un tourbillon d'air et de tonnerre.


«Albus ! »

« Severus ! Vous êtes réveillé… vivant…et debout d'après ce que je peux voir, » Gloussa Dumbledore. « Vous n'avez pas fait de mal à Pomfresh en vous enfuyant de l'infirmerie, n'est-ce pas ? »

« Où est Potter ? Va-t-il bien ? » Severus avait des yeux dangereux et agrippait le coin du bureau de Albus.

« Oui, il est maintenant stable. L'espace d'un instant, ça a été un peu terrifiant, mais je vous assure qu'il va mieux. Pomfresh dit qu'il devrait se réveiller dans quelques heures, mais entre temps, il est dans une chambre individuelle de l'infirmerie. Bien entendu, les nouvelles auraient pu être meilleures si vous ne lui aviez pas jeté le sort d'oubliette dès que vous avez été à nouveau conscient. Franchement Severus, je suis certain que le charme aurait pu attendre.

« Non, il ne pouvait pas, » Grogna Severus. « Je devais lui faire oublier quelque chose et je devais le faire avant qu'il ne reprenne conscience. »

Dumbledore acquiesça avec prévenance. « Quelque chose que vous deviez vous-même oublier ? Hein mon garçon ? Eh bien, vous avez été inconscient si longtemps que nous avons pensé que le sort nettoyant avec échoué. Vous avez été enfermé dans son esprit vraiment très longtemps. Pendant trente bonnes secondes, son rythme vital indiquait que son esprit était mort avec vous à l'intérieur. Ce que vous pensez devoir oublier, n'était peut-être qu'un rêve. »

« Ca ne l'était pas. » » Dit Severus, mais sa voix était hésitante. « Où est-il en ce moment ? »

« Je vous l'ai dit. Pomfresh l'a caché. Peut-être que si vous lui demandiez gentiment, elle vous autoriserait à lui rendre une courte visite. Si vous ne lui lancez pas d'autres sorts, bien entendu. »

Severus renifla d'incrédulité. Les chances d'approcher Harry étaient trop faibles pour faire l'effort d'essayer. Il s'assit en face de Dumbledore et soupira doucement.

« Qu'allez-vous faire de lui maintenant ? »

Dumbledore sourit tristement et regarda le maître des potions avec détermination. « Je dois l'envoyer au loin. Ce n'est pas la peine qu'il reste ici pour qu'il soit tourmenté par Voldemort. Plus tôt il ira mieux, et moins il y aura de chances que Voldemort lui fasse subir à nouveau une telle chose. »

« Où l'enverrez-vous ? Il ne peut être caché nulle part. Cette attaque s'est déroulée à l'intérieur de lui alors il n'y a pas d'échappatoire. »

« Et bien, il existe un endroit, » Déclara Dumbledore soudain devenu sérieux. « Je l'envoie à Sainte Mangouste et il verra un magicPsych. Pour qu'il soit à nouveau émotionnellement stable. Ca amoindrira les chances pour que Voldemort utilise une attaque mentale sur lui. »

« Mais ses examens sont le mois prochain ! Et un magicPsych, Albus ? Etes-vous certain qu'il y en a un au moins à Sainte Mangouste ? Il n'existe que cinq sorciers qui exercent cette profession et je ne fais confiance à aucun d'eux. N'est-il pas dangereux de le laisser partir ? Ou de laisser une autre personne avoir accès à ses pensées et à ses peurs ? »

Dumbledore leva une main pour faire taire les questions. A contre cœur, Severus se calma, même si les regards qu'il lançait au directeur était toujours aussi dangereux.

« Oui, je suis sûr qu'il doit partir, Severus. C'est notre seule option pour l'instant. » Lui dit Albus calmement. « Personne d'autre ne saura où il est et le magicPsych a déjà accepté de recevoir le sort d'oubliette quand Harry partira. Il m'a même assuré que le traitement de Harry ne durerait que tant qu'il progresserait. Harry est un jeune homme très résilient, il retrouvera rapidement la santé. »

« Vous voulez qu'il soit un otage dans une maison infernale pendant trois mois, Albus ? Qu'attendez-vous de moi maintenant, Albus ? Mon approbation ? La dernière chose dont il a besoin est d'avoir quelques petits fous enfonçant ses pensées et ses sentiments simplement pour entrer dans la tête du célèbre Harry Potter, » Rétorqua Severus.

« Severus, je comprends vos inquiétudes, mais je vous assure que c'est pour le mieux. » Albus le regarda avec une expression illisible. « Avez-vous oublié que vous avez promis de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour l'aider ? Le laisser partir est dans son intérêt. Je sais que vous êtes devenus très proches tous les deux. Je comprends, Severus. Je sais aussi qu'il ne partira pas sans votre approbation parce que vous comptez beaucoup pour lui. Je vous implore de lui donner votre approbation. »

Severus resta silencieux un long moment. Albus attendit en silence, il ne voulait pas perturber le sorcier et ses pensées. A la fin, Albus savait que Severus prendrait la bonne décision. Harry avait besoin de temps loin de Poudlard pour guérir et Severus avait besoin d'être loin de la confusion que la présence constante de Harry avait sans nulle doute provoquée.

Albus soupira mentalement. Il avait beaucoup de choses auxquelles réfléchir concernant ses deux garçons. Il y avait définitivement quelque chose de fort entre les deux et il était temps pour lui de décider s'il allait les laisser ou non devenir plus proche.

Avait-il le droit de nier leurs sentiments ? Il avait provoqué tant de destructions émotionnelles dans leur vie. Est-ce mal de vouloir les voir heureux ? Il savait qu'ils se méritaient. Mais comment approuverait-il sans compromettre sa position de directeur de Poudlard ?

Il avait beaucoup de choses auxquelles réfléchir et eux aussi. Trois mois devraient être suffisant.

« Très bien, » Concéda Severus. « Avant de partir, permettez-moi de le voir. »

« Ah Severus, vous dites cela comme si je pouvais l'en empêcher. »


« Tu es quoi ! Tu n'es pas sérieux ? »

Harry s'était réveillé et avait été renvoya de l'infirmerie seulement une heure avant d'être envoyé dans le bureau de Dumbledore par le professeur MacGonagall. Il avait rapidement été informé de ses vacances prolongées.

Quand il était finalement entré dans la Tour des Gryffondors pour en discuter avec Ron et Hermione, il avait été surpris de voir que tout le monde était présent. Avait été harcelé de questions par ses camarades qui voulaient savoir pourquoi les cours s'étaient terminés aussi tôt. Bien entendu, il ne pouvait rien leur dire parce qu'il ne savait pas quelles informations Dumbledore et les professeurs souhaitaient divulguer.

Dès qu'il avait pu sortir de la foule, il avait attrapé ses deux meilleurs amis et ils s'étaient dirigés vers le dortoir pour leur annoncer les plans de Dumbledore.

C'était la raison de l'explosion de Ron. Hermione était toujours trop occupée à l'étreindre pour commenter.

« Harry, ça n'a pas de sens ! Ils ne peuvent pas t'envoyer là-bas. Lockhart y est ainsi qu'un tas de sorciers qui se mêlent de tout et qui ne connaissent pas la différence entre leur tête et leur cul ! Pour quelles raisons voudraient-il t'envoyer là-bas ? » Continua Ron.

« Oh tais-toi, Ron ! » Claqua Hermione. Ses yeux étincelaient. « Harry a failli mourir. Il s'est presque tué, Ron ! Bien sûr que Dumbledore veut l'envoyer au loin. Si V…Voldemort peut l'attaquer dans un lieu aussi couvert, il est évident que les professeurs veulent faire en sorte que ça n'arrive jamais plus. »

« Il n'a pas essayé de se tuer, 'Mione' ! Il avait des raisons de faire ce qu'il a fait. Il vient de nous les donner. Ils n'ont aucun droit de le traiter comme s'il avait un problème mental et de l'envoyer dans cet horrible endroit ! »

« C'est pour son bien ! »

« Tu dis toujours ça, merde ! »

Harry prit une profonde inspiration au milieu des cris de ses deux amis. Il était encore un peu confus à cause de tous les sorts qu'on avait jetés sur lui. Sa tête tapait quand il essayait de se souvenir de tous les détails de la journée et il était encore plus frustré parce qu'il ne se souvenait pas de ce qui était important. Il devait faire ses bagages. Il devait faire en sorte que ses meilleurs amis se taisent suffisamment longtemps pour le laisser réfléchir et il avait besoin de voir Severus. Affreusement. Il ne savait pas s'il le devait vraiment, mais ce serait bien de le voir.

Severus rendrait les choses moins irréelles.

« Mione, tu dois me laisser partir maintenant, » Il était quelque peu amusé et il lui fit une bise sur la joue. « Je dois faire mes bagages. Dumbledore a dit que nous partions dans une heure. »

Hermione s'arrêta et acquiesça. Elle lui fit un sourire triste comme si elle venait seulement de se rendre compte que partir voudrait dire qu'il irait ailleurs et qu'elle ne le verrait plus pendant trois mois.

Ron retint son souffle. « Tu pars ? »

« Bien sûr, que je pars, Ron. » Dit Harry en rangeant ses affaires dans sa malle. « Onze professeurs, le directeur de l'école et bien que ce fut une surprise, dix Septième année disent que c'est pour le mieux. Qui suis-je pour discuter ? »

« Alors, euh, nous ne te verrons plus pendant quelques temps, alors ? » Bégaya Ron.

Harry acquiesça mais sourit avec malice. « Ouaipe, je serai absent quelques temps. Je te promets que je serai chez Sniffle pour mon anniversaire. Je serais maudit si je reste dans cet 'horrible endroit' plus de deux mois. Je ferai mieux de me dépêcher, sinon, on n'aura à s'inquiéter de rien. »

Il réduisit rapidement ses bagages pour les mettre dans sa poche et mit sa baguette avec. Il tendit la cage de Hedwig à Ron avec l'ordre de bien s'occuper d'elle et de la nourrir, il la récupérerait début août.

Il jeta un dernier coup d'œil dans la chambre avant de partir.

« Eh bien, salut, alors. Je vous verrai dans deux mois si je peux, » Dit-il d'une voix douce.

Hermione se jeta dans ses bras. Elle sanglotait et des larmes ruisselaient de ses yeux. Ron l'embrassa, ensuite, rapidement. Il avait conservé son expression réprobatrice.

« C'est l'idée du professeur Snape, hein ? Il est certainement en colère d'avoir dû venir à ton secours une nouvelle fois. Il est certainement aussi déçu, je parie. »

Harry rit doucement mais ne fit rien pour corriger l'affirmation de Ron. Il prit ses deux amis dans ses bras et les embrassa à nouveau. Il sortit sa cape d'invisibilité et suivit Hermione hors de la Salle commune bondée. Ils s'embrassèrent une nouvelle fois pour se dire en revoir et elle retourna dans le brouhaha de la salle.

Harry se dirigea vers les cachots.

Severus ne leva pas les yeux quand il entendit frapper légèrement. Il ne les leva pas non plus quand la porte se referma ni quand il entendit le bruissement de la cape d'invisibilité enlevée.


« Severus. »

Il leva les yeux quand son nom fut murmuré.

« Potter, » Il hocha légèrement la tête puis reprit sa contemplation des feuilles de parchemins sur la table.

Harry soupira doucement. « En sommes-nous réduit à nouveau à cela? »

Severus continua à l'ignorer. Harry se rapprocha de lui. Ses doigts glissèrent sur le doux velours du canapé et s'arrêta suffisamment longtemps pour regarder l'emblème des Snape qu'il aimait observer depuis si longtemps.

Silencieusement, il s'agenouilla aux pieds de Severus, comme il avait fait tant de fois auparavant.

« Je pars maintenant, » Murmura-t-il. Il voulait désespérément que le sorcier le regarde et reconnaisse sa présence.

« Je sais. » Répondit finalement Severus dans un murmure, mais il ne le regarda pas.

« Ca n'a pas marché. Je suis certain que tu as lancé le sort, mais je me souviens très bien de ce qu'il s'est passé. Je n'ai pas rêvé, n'est-ce pas ? »

Severus prit une profonde inspiration. Ce serait l'instant parfait pour mentir ou fixer tout ce qui s'était mal passé entre eux, mais un regard vers les yeux verts scintillants et Severus perdit la bataille qu'il livrait contre sa conscience.

« Non, ce n'était pas un rêve et je sais que tu t'en souviens parce que moi aussi je m'en rappelle. » Transporté, ses longs doigts glissèrent sur la joue de Harry et le long de ses lèvres rouges et douces.

Les yeux de Harry semblèrent étinceler davantage, comme s'ils étaient des émeraudes.

« Je ne veux pas partir, » Murmura Harry d'une voix cassée. « Je ne veux pas partir d'ici. J'aime être ici avec toi. Pourquoi ne peut-on pas me laisser tranquille ? »

« Tu dois partir pour aller mieux, » Lui dit Severus avec quiétude.

Harry soupira d'impatience. « Je le sais. C'est la seule raison pour laquelle j'ai donné mon accord. Je sais qu'on ne devrait pas s'approcher de moi. On doit certainement me considérer comme émotionnellement instable. »

Il se leva et tira Severus pour qu'il se lève. Comme toujours, il s'enveloppa dans l'étreinte de Severus. Il voulait se souvenir de tout ce qui s'était passé durant l'année. Il voulait se souvenir de la chaleur de Severus et du son de son pouls contre sa joue.

Il y avait tant de choses qu'Harry avait besoin de prendre de Severus. Trois mois, c'était si long.

« S'il te plait, sois ici en septembre, » Le supplia-t-il doucement. « S'il te plait, sois le Severus dont je me souviens. »

Les bras de Severus se resserrèrent contre le corps mince et il essaya de savourer autant de Harry qu'il le pouvait.

La présence de Harry était aussi cathartique pour lui que pour le jeune sorcier.

« Fais en sorte d'aller mieux, Harry. C'est tout ce que je te demande, » Murmura Severus contre les mèches de cheveux noirs.

Harry acquiesça une dernière fois puis silencieusement il se détacha de lui-même, mit la cape d'invisibilité et partit aussitôt.

Ses quartiers ne lui avaient jamais paru aussi vide.


Il pleuvait.

En y repensant, Harry savait qu'il pleuvrait. Autrement, comment aurait-il pu cacher les larmes silencieuses alors qu'il sortait de Poudlard ? Ca aurait été un dessin parfait.

Severus et Harry s'étreignant.

Il irait mieux. Il serait de retour en septembre, plus fort et plus mature. Il le devait s'il voulait Severus. Et il voulait effectivement être avec Severus.

Je ferai en sorte d'aller mieux, pour toi, jura Harry silencieusement. J'irai mieux…je te le promets.

Severus était sur la tour d'astronomie et de sa hauteur, il observait la procession sous les gouttes de pluie argentées.

Ses yeux ne quittèrent jamais l'espace invisible qu'était Harry.

Harry, reviens-moi vite,

Come away, O human child !

To the waters and the wild,

With a faery hand in hand,

For the world's more full of weeping,

Than you can understand.

The Stolen Child, de W. B. Yeats

Chapitre 16, dimanche. On reprend les bonnes vieilles habitudes.-