Merci à ma correctrice AnthaRosa
Chapitre 18 : Des chats et leurs berceaux
Harry Potter était devenu une denrée très rare.
Il fallut quatre semaines à ses amis pour s'en apercevoir et une autre pour accepter cette réalité : quand on n'avait pas besoin de lui pour résoudre les problèmes des élèves comme il le devait en tant que préfet en chef, quand il n'était pas vu et applaudit sur le terrain de Quidditch, leur résident héros disparaissait. Même après cinq semaines pendant lesquelles ils se sont constamment demandés où il était, ils ne parvenaient pas à se défaire de l'impression qu'ils ne verraient plus autant Harry.
« Neville, as-tu vu Harry depuis le petit déjeuner ? »
« Non. Et toi ? »
« Hé Dean, l'as-tu vu ? »
« Je ne me souviens même pas l'avoir vu au petit déjeuner puisque je me suis réveillé en retard. »
Seamus soupira dramatiquement et se jeta sur son lit. Neville, sur le sien, faisait léviter ses livres pour les ranger dans son sac pendant que Dean se dépêchait de finir la lettre qu'il voulait envoyer chez lui par hibou.
« Est-ce moi ou disparaît-il pendant des heures ces derniers jours ? J'ai l'impression que je ne le vois plus qu'en Métamorphose maintenant. Et si nous n'avions plus de cours avec lui ? Nous ne le verrions qu'aux heures de repas, » Grogna Seamus.
Dean rit. « Tu as l'air de dire que ce n'est pas le seul moment où on le voit ces derniers temps. »
« Il est très occupé. Nous le sommes tous et nous ne sommes pas préfet en chef. Il doit avoir deux fois plus de choses à faire que nous. Vous savez comment ça se passe. Les premières années prennent plaisir à lui demander de les aider, comme si ce n'était pas le rôle des professeurs. On se demande comment il fait pour ne pas se sentir submerger par les caprices qu'ils font pour obtenir son attention, » Ajouta Neville en faisant des yeux noirs en pensant aux premières années. « Lui et Hermione sont tout le temps obligés d'aller dans le bureau du directeur ou d'aller voir les directeurs de maison. Toutefois, je ne me souviens pas avoir été si stupide quand nous étions en première année. Nous n'avons jamais donné à nos préfets tant de problèmes ! »
« Nous voyons toujours beaucoup Drago et Ron et pourtant ils sont préfets. » Marmonna Seamus
Ce n'était pas tout à fait vrai. Les quatre préfets en chef avaient leurs propres problèmes. Ils étaient presque aussi occupés que Harry, mais ils n'étaient pas soumis à autant de pression : tout le monde savait qui était Harry. Malfoy regardait les élèves les plus jeunes avec une expression menaçante s'ils l'approchaient en 'gémissant'. Au début, Ron avait été bien trop content de subir le poids des problèmes de tous les élèves, mais maintenant il semblait avoir pris exemple sur Drago et décidé qu'il ne pouvait pas résoudre toutes les maladies magiques existantes. De plus, c'était peut-être la raison d'être de Harry, Hermione et Dumbledore.
« Eh bien, nous avons ensuite Métamorphose. C'est notre chance de voir notre bien aimé préfet en chef, » Dit Neville en mettant son sac sur ses épaules et grogna à cause du poids de ses livres. « Peut-être que si nous nous dépêchons, nous pourrons l'apercevoir. Qui sait si nous le reverrons aujourd'hui. »
Dean et Seamus grognèrent simultanément en entendant la plaisanterie de Neville, mais parvinrent à prendre leurs livres et à sortir du dortoir en moins de dix minutes.
Ils couraient dans les couloirs. Ils avaient jeté des charmes d'insonorisation sur leurs pieds et espéraient ne rencontrer ni Snape ni Rusard puisqu'ils violaient ouvertement la règle 'ne pas courir dans les couloirs', malgré leur statut de septième année.
« Installez-vous. »
Le bruit diminua immédiatement et se transforma en un léger bourdonnement alors que les élèves suivaient les ordres du professeur MacGonagall. Ils étaient censés s'entraîner à jeter à un sort de métamorphose très compliqué et s'ils ne le faisaient pas correctement, ils ne seraient pas capables d'écrire les dix pages de parchemin qu'ils devaient lui rendre le lendemain matin.
Jusqu'à présent, ils avaient tous réussi à transformer leur pot de nuage en un pot de galets puis en un pot d'eau, et à le faire redevenir un pot de nuage sans qu'il ne redevienne eau.
Harry était le seul sorcier dans la salle à être parvenu à transformer le nuage en galets puis en eau puis en nuage en un cycle qui paraissait facile. De façon assez surprenante, Hermione et Ron se débattaient encore pour y parvenir.
Le professeur MacGonagall regardait Harry avec colère quand elle inspecta son travail. Tout le monde commençait à murmurer en se demandant si leur professeur allait enlever ou non des points à Harry et pourquoi. Puis soudain, le pot de Harry explosa et disparut dans une fumée colorée.
Il était inutile de dire que son expérience était un échec puisque maintenant, il n'avait plus de support pour écrire son rapport.
C'est ce qui avait provoqué le brouhaha. Harry n'aurait pas d'autre choix que de copier le rapport de l'un de ses amis et de perdre des points parce qu'il ne sera pas capable de donner d'exemple des résultats obtenus. Cela paraissait injuste. Après tout, ce n'était pas comme s'il n'avait pas remarquablement bien réussi l'expérience. Le problème est qu'elle avait été instable. D'après eux, on ne pouvait rien y faire. La métamorphose était très difficile !
« Harry, que s'est-il passé ? » Lui demanda Hermione dans un murmure dès qu'elle pensa le pouvoir sans risque.
Harry haussa les épaules avec indifférence. « Je devais faire quelque chose. Avec toutes les métamorphoses que je fais, celle-ci m'a paru facile. J'ai simplement oublié que je n'étais pas censé montrer mes nouveaux talents. N'avez-vous pas vu le visage de MacGonagall ? Elle m'avait prévenu. »
« Mais maintenant tu as raté l'expérience ! » Haleta Ron en regardant fixement son propre pot de galets comme s'il pouvait réussir l'expérience en le soumettant à sa volonté.
« Non, je n'ai pas échoué, » Le rassura Harry en regardant les galets de Ron se mélanger parce qu'il avait jeté le sort plusieurs fois d'affilé. « Je suis certain qu'elle trouvera un moyen pour que je ne perde pas autant de points. Nous savons tous pourquoi j'ai dû déstabiliser la métamorphose. »
Hermione haussa un sourcil. « Comment as-tu fait ça ? »
« Je n'en ai aucune idée ! » Déclara Harry en souriant. « Maintenant que j'ai commencé le filage, ma magie fait des choses très étranges. On m'a dit que c'était normal. J'ai même demandé au professeur Flitwick et il a dit que je ne devrais pas m'en inquiéter. Apparemment ils font tous totalement confiance aux aptitudes du professeur Snape à l'enseigner. De toute façon aucun des autres professeurs ne sait comment le faire et je crois que Dumbledore est trop occupé. »
Ron renifla. « Tu n'as vraiment pas de chance. »
« Ce n'est pas grave, » Dit Harry encore plus doucement. « Ils ont raison. Il n'est pas mauvais pour enseigner cela. »
« Est-tu sérieux ! » S'exclama Ron, qui avait dû mal à parler à voix basse.
« Ron ! » Le réprimanda Hermione. « Bien sûr qu'il est bon. Je doute que Dumbledore lui demande de le lui enseigner s'il ne savait pas exactement ce qu'il fait. »
« Je ne doute pas qu'il sache ce qu'il fait, Mione, » Déclara Ron ; « J'ai des doutes sur la manière dont il enseigne. Sais-tu combien de nuits Harry est revenu s'effondrer sur son lit ? Heureusement que nous avons eu la bonne idée de lui acheter un pot entier de chocolat, la dernière fois que nous sommes allées à Pré au Lard. Certaines nuits, il ne revient même pas au dortoir et la moitié du temps je sais qu'il a dû s'évanouir quelque part et qu'il n'a pas pu revenir. »
« Je t'ai dit à quel point j'étais désolé de ces fois-là, Ron, » Lui dit Harry tristement. « Je vais bien en général. Je m'endors dans la salle, ou, euh, je trouve un autre endroit où aller. Je ne sombre pas toujours dans l'inconscience tu sais. J'aime toujours aller me promener dans le château après l'entraînement. C'est la dernière année que je pourrai le faire. »
« Oui. Je parie que c'est ce que tu fais, tout seul, » Lui dit Hermione, avec un léger sourire ce qui fit penser à Harry qu'il aurait bientôt à 'discuter' avec Hermione.
« C'est bon Harry, » Lui dit Ron, sur un ton taquin. « Tu es un grand garçon maintenant. Tu n'as pas besoin que j'aille te chercher. Mais, euh, juste au cas où, tu peux me le dire, si tu ne fais plus ces promenades nocturnes seul. Mais ce n'est pas Will, hein ? »
Harry fit face. « Qu'as-tu contre Wil? »
« Rien ! » Répondit Ron rapidement. « C'est simplement que j'ai fait quelques recherches sur lui. Il ne cache pas qu'il est gay. Et le fait qu'il s'intéresse à toi n'est pas son plus grand secret. »
« Donc, il est mon opposé ? Il n'est pas mon type ? »
Ron rit pendant qu'Hermione levait les yeux théâtralement puis se remit à son travail de métamorphose. Il était apparent qu'elle écoutait toujours.
« As-tu au moins un type ? Je suis un bon gars avec des tas de qualités, sans dire que je suis ton meilleur ami et tu as dit que tu n'étais pas attiré par moi. Je ne m'en plains pas, bien entendu, mais il ne reste plus grand chose pour construire ce à quoi ressemble ton 'type'. »
Harry haussa les épaules, mais ne donna aucune explication et ne donna ni tort ni raison à Ron. Hermione cependant, lui fit un clin d'œil et un petit sourire si subtil qu'Harry n'était pas certain de l'avoir vu.
« S'il vous plait, rangez vos affaires. Le cours est terminé pour aujourd'hui, » Le professeur MacGonagall surveillait la classe avec l'attention d'un hippogriffe et posa ses yeux sur le trio qui n'avait pas arrêté de murmurer et de conspirer toute l'heure durant. « Tous les rapports devront m'être rendus demain. Tous ceux qui me rendront moins de dix pages perdront un point par page manquante. Dans la même idée, essayez de vous limiter à dix pages. Je ne suis pas d'humeur à corriger des pages inutiles. »
Elle fit un geste de la main et murmura quelques mots, le tableau s'effaça et les instructions disparurent. Les élèves rassemblèrent leurs affaires avec des sorts de lévitation.
« Mione, attends un peu ! » Harry tira Hermione par le bras, pendant que Ron se dirigeait vers la sortie.
Elle le regarda avec attente, une fausse expression d'innocence sur le visage. « Oui, Harry ? »
« J'ai vu ce clin d'œil et les regards que tu me jettes, comme si tu savais quelque chose que je ne dis pas. Que sais-tu ? » Harry la regarda avec des yeux noirs.
Hermione lui sourit, soupira puis le regardant avec des yeux pénétrants. « Tu sais très bien le cacher. Je ne l'aurais même pas suspecté si je n'avais pas pris par à tous les évènements de l'année dernière et ne les avais pas un peu analysés. Je suppose que c'est la raison pour laquelle je l'ai vu et pas Ron. Seulement Harry, sois très prudent. Il n'est pas… eh bien il est réel, tu sais. L'aimer me semble très risqué et ce n'est pas comme aimer… euh…un de nos… amis. Tu joues le tout pour le tout avec lui, c'est tout ou rien. Mais tu fais plus que l'apprécier, non ? »
Ses paroles furent suffisantes pour que Harry se rende compte qu'elle avait compris. Il rougit, ce n'était peut-être pas le meilleur moment pour la confronter. Mais il n'avait plus beaucoup de temps pour lui.
« Rends-moi un service, » Marmonna-t-il. « Ne le dis pas à Ron. Laisse-le le découvrir par lui-même. Je pense qu'il préférera que ça se passe ainsi. Je ne veux pas lui faire un choc. »
Hermione acquiesça et jeta ses bras autour de lui, comme si elle l'embrassait. Mais ses lèvres étaient près de son oreille, de cette façon, lui seul pouvait entendre les mots murmurés.
« Juste pour que tu saches, je l'ai aussi découvert grâce à lui. Maintenant en classe quand il est en colère contre toi, il a une expression intense dans le regard. J'aurais pu le mettre sur le dos de tes leçons particulières, mais il a la même expression quand il te regarde lors des repas dans la Grande Salle. C'est presque comme si tu étais une énigme qu'il cherchait désespérément à résoudre. Je pense qu'il t'aime aussi. »
Elle détacha ses bras, lui sourit et lui donna un léger coup sur le nez. « Sois prudent, Harry. Ne fais rien qui oblige Dumbledore à organiser une réunion à ton sujet. Je sais que tu n'aimerais pas en endurer une. »
Elle prit sa main dans la sienne et enlaça leurs doigts puis le tira vers la porte où son petit ami avait disparu. Harry sourit pour lui-même alors qu'ils se dirigeaient vers le couloir.
Maintenant s'il pouvait convaincre Severus qu'ils iraient bien ensemble, ses journées se dérouleraient beaucoup mieux.
Harry se tenait au centre de sa salle d'entraînement et concentrait toute son énergie sur la tache qu'il avait commencée. Une vraie concentration était toujours la clef s'il voulait pratiquer la magie sans baguette et il était encore aux niveaux les plus bas. Ses yeux demeuraient fermés et son esprit était absorbé à essayer de rassembler la magie.
Il filait un fil de magie entre ses doigts.
Ses doigts dansaient presque automatiquement maintenant. Il tissait maintenant comme Severus le lui avait appris et il produisait constamment de nouveaux fils. Dedans, dehors, en dehors et à travers, les fils glissaient magiquement. Certains étaient rouges, d'autres dorés, bleus, pourpres, oranges et argentés. Les couleurs changeaient toujours, elles étaient toujours lumineuses. Il y en avait suffisamment pour qu'un observateur en ait le souffle coupé.
Harry avait eu le souffle coupé la première fois qu'il avait vu le fil qu'il avait produit.
Il considérait que c'était l'un des plus grandes réussites de ses dix-sept années d'existence. Le fil avait été très long à créer cette première fois et Harry était tombé dans le monde de l'inconscience bien plus souvent qu'il ne voulait l'admettre. Quand il l'avait fait cette première fois, il avait chéri ce fil, voulant le bénir, lui donner un nom et le construire dans sa propre maison. Il avait été si long à produire qu'il était à moitié effrayé que s'il essayait de créer un nouveau fil, celui-ci ne disparaisse. Mais, il revenait toujours, comme le second et le troisième. Les fils grandissaient et devenaient plus puissants, et étaient de plus en plus semblables à un réseau compliqué produit par trois araignées entre ses doigts.
Quand il eut atteint la taille de sa paume et de ses doigts, il cessa de grandir et se resserra à chaque fil ajouté.
Plus il tissait, plus il se demandait s'il devait en faire trois ou quatre pour utiliser sa magie, mais jusqu'à présent, chaque fil s'était ajusté à la structure.
« Harry, je suis désolé. Nous sommes en Défense pour l'instant et toi tu t'entraînes en Magie Sans Baguette. Est-ce que ça te dérangerait d'arrêter ? »
Sa concentration brisée soudainement par la voix de Remus, Harry ouvrit les yeux pour regarder suffisamment longtemps son travail avant qu'il ne scintille et ne disparaisse entre ses mains. Il leva les yeux vers son parrain et le regarda d'un air désolé puis lui sourit tristement.
« Il est très occupé Harry. Il n'a pas arrêté d'accomplir son devoir pour l'ordre quand il a accepté de te donner des cours particuliers. » Lui dit Remus doucement. Derrière lui, la porte était fermée et au-dessus d'eux des rayons de lumière illuminaient la pièce. « Je ne veux pas l'excuser, mais Severus est dur envers lui-même. Je suis sûr que dès que les choses se seront calmées, il reprendra les leçons avec toi. »
Harry haussa les épaules. « Bien sûr, Remus. Je peux attendre qu'il revienne. »
Remus acquiesça et sortit sa baguette. Harry fit de même.
« Je vais t'apprendre comme faire bouillir le sang d'une personne. C'est un sort très complexe. Je vais également t'enseigner le contre-sort. Ils sont tous deux très difficiles et plutôt douloureux. Fais très attention, Harry, c'est un moyen très lent de tuer quelqu'un, mais il conduit effectivement à la mort. Il faut environ quarante minutes pour que tous les vaisseaux sanguins explosent. Je ne laisserai le sort que dix secondes à chaque fois. Plus vite tu apprendras le contre sort, mieux ce sera pour toi. »
Harry commença le cours en apprenant le contre-sort et il le fit encore et encore jusqu'à ce qu'il fasse le geste correctement. Puis sans prévenir, Remus lança le sort sur lui.
Dix secondes après, Harry était sur le sol, le nez en sang. Son parrain inquiet lui tendait une grosse barre de chocolat.
« Est-ce que tu vas bien ? »
« Sainte merde, ça fait mal ! »
« Sois poli Harry, » Le réprimanda Remus en lui faisant un sourire. « En tant que préfet en chef, je suis certain que ces mots ne devraient pas faire partie de ton vocabulaire ! »
Harry n'eut même pas la force de rougir. « Désolé Remus. Comment suis-je censé le combattre. Ce sort est si douloureux que toutes mes pensées sont passées par la fenêtre. Je n'avais envi que de crier, mais c'est si douloureux que je ne pouvais même pas le faire. Bon sang pourquoi n'est-ce pas un sort impardonnable ? »
« Il existe un contre-sort, ce qui signifie qu'on peut le contrer, » Lui dit Remus gentiment. « Es-tu prêt pour un autre round ? »
Harry grogna longuement et à haute voix, mais il se leva vaillamment, baguette en main. Il retomba à nouveau sur le sol, son nez saignant de plus belle. A nouveau, Remus lui tendit du chocolat.
Quinze tentatives après, Harry était à nouveau sur le sol, mais cette fois, inconscient. Il était cependant parvenu à arrêter le sort. Mais le problème demeurait : dans un combat, qu'il ait réussi ne ferait aucune différence s'il lançait le contre sort puis sombrait dans l'inconscience. Ses adversaires auraient alors tout leur temps pour jeter le sort mortel. Remus était très fier des progrès de Harry, et dès qu'il le réveilla grâce à l'enervate, Remus le félicita rapidement en lui disant qu'il avait vraiment très bien réussi.
« Repose-toi un peu. Mange le chocolat, » Lui ordonna Remus en s'asseyant à côté de Harry.
Harry obéit et resta silencieux quelques minutes avant de demander calmement. « Remus, si ça ne te déranges pas, est-ce que tu peux me parler de Sniffle ? »
« Harry, je ne pense pas pourvoir t'apprendre quelque chose de nouveau, » Lui répondit Remus d'une voix douce, mais Harry ne parut pas convaincu.
« Il y a beaucoup de choses à son sujet que je ne connais pas, » Dit-il. « Tu le connaissais mieux que personne. Je veux juste que tu me parles de lui, de la manière dont tu le connaissais, et non de ce que tout le monde pense que je devrais savoir. »
Remus sembla réfléchir attentivement à ces paroles.
« Il n'y a rien à dire, » Dit-il d'une voix douce. Quand il regarda Harry, il vit une expression intense et triste dans la profondeur de ses yeux. « La seule autre chose est que je l'aimais. Je ne peux te parler de lui que du point de vue d'un amant. Es-tu sûr que c'est ce que tu veux entendre ? »
Harry s'illumina d'un sourire. « Je savais que vous l'étiez ! Je le savais. Alors, que ressent-on quand on aime un homme aussi têtu que lui ? »
« Aimer un homme ou aimer Sirius ? » Le regard de Remus devint aussi pénétrant que celui de Hermione dans la matinée.
« D'aimer Sirius, Remus, » Le sourire de Harry devint taquin. « Je sais déjà ce que c'est que d'aimer un autre homme. »
« Est-ce la raison pour laquelle tu es allé voir le MagiPsych ? Cherchais-tu un remède pour ne plus aimer un 'autre sorcier' ? »
« Non. Je suis allé voir le MagicPsych pour les cicatrices et pour découvrir les raisons pour lesquelles je me les suis faites. » Dit Harry sur le ton de la conversation. Il se leva pour s'asseoir devant Remus. Il enleva sa robe pour lui montrer les cicatrices sur son bras.
Remus resta silencieux un moment alors qu'il regardait les lignes roses qui couvraient la peau de Harry avant de commenter d'une voix très douce. « Je connaissais une personne qui avait des cicatrices telles que les tiennes. Je ne lui en ai jamais parlé. Je pensais que ce n'était pas mon rôle de lui poser la question et même maintenant je pense toujours que ça ne l'est pas. »
Severus Snape.
Les lèvres de Harry brûlaient du désir de lui parler des cicatrices de Severus, de lui dire qu'il n'avait plus aucune raison d'être curieux puisqu'elles avaient disparu. Il préféra reposer la question à Remus, lui demander comment le loup-garou connaissait Sirius.
Finalement, ils ne reprirent jamais le cours.
« Ouvrez tous votre livre à la page quatre cents quatre vingt dix sept. Lisez tout jusqu'à la page cinq cents quatre. Commencez la potion de la page cinq cents cinq. Je veux un parchemin m'expliquant la procédure utiliser pour préparer la potion et ses résultats. Chacun d'entre vous testera sa potion après les quarante premières minutes. Essayez de ne pas vous empoisonner. Je ne suis pas d'humeur à vous faire léviter jusqu'à l'infirmerie.
Résultat de leurs six premières années, tous les élèves commencèrent à travailler dès que leur professeur eut terminé de leur donner les directives. Ils savaient presque tous qu'il leur faudrait au moins cinquante minutes pour la préparer si le professeur Snape leur avait dit quarante minutes. Ce qui voulait dire que plus vite ils finiraient de lire les instructions, plus vite ils seraient capables de commencer la potion.
Severus surveilla les élèves, une expression de dégoût sur le visage. Ils avaient presque tous les yeux collés sur les pages de leur livre et certains étaient occupés à recopier des informations dont ils pensaient avoir besoin pour préparer la potion.
La salle était silencieuse, comme Severus l'aimait, mais il savait qu'il ne devait pas avoir l'air plus qu'en colère avec eux. Les élèves étaient semblables à des détraqueurs, ils sentent l'odeur de la peur et chassent le faible.
En faisant le tour de la salle, ses yeux se posèrent sur Harry. Le préfet en chef bougeait les lèvres en lisant. Severus connaissait cette habitude qu'avait Harry quand il était très concentré.
Des lèvres roses qui devenaient plus roses encore quand il mordait sa lèvre inférieure.
Harry le rendait lentement fou. Severus savait que c'était la pire torture.
Quinze minutes plus tard, les élèves avaient tous commencé à préparer leur potion, permettant à Severus d'alléger son esprit et de moins penser à des cheveux d'ébènes, à des yeux émeraude et à un sourire qui parvenait à le faire vibrer d'une manière des plus énervantes.
« Abbot, si vous mettez ce morceau de queue de dragon dans votre potion avant les yeux de caméléon, je vais vous faire léviter jusqu'à la porte et je ne vous autoriserai plus jamais à revenir dans mon cours, surtout maintenant que je sais que vous êtes capable de suivre des instructions. »
« Zabini, » Il se tourna vers les Serpentards. « Une pincée de graines de crocus devrait suffire. Vous voulez que la potion soit grise, pas noire. N'ajoutez pas plus de racines de gingembre. »
Un mouvement venant de la personne assise deux places à côté de Zabini attira son attention. Il se tourna vers les Gryffondors à temps pour voir les pieds d'opossum atterrirent dans le chaudron de Potter, envoyé par un sort fléché.
Harry ne cligna même pas des yeux. Il rajusta les ingrédients par rapport à ceux que l'on venait de lui 'donner'.
« Malfoy ! » Drago tourna son attention vers Severus et sourit innocemment. « N'entretenez pas d'autre potion que la vôtre. La prochaine fois que vous ressentirez le besoin de partager, résister au désir d'être si gentil. »
« Potter. » Harry se tourna calmement vers lui, ses yeux verts illisibles. « Deux points en moins pour Gryffondor pour avoir accepté des ingrédients qui ne vous appartenaient pas. »
Sans un mot de protestation, Harry continua sa potion comme s'il n'avait pas été injustement puni une fois de plus. Severus se sentit douloureusement noué, comme si on lui avait enfoncé une dague dans le cœur.
« Remplissez vos louches de potion, » Leur ordonna-t-il d'une voix qui ne leur permettait aucune protestation. « Buvez la potion, attendez deux minutes puis écrivez les effets. »
Les élèves obéirent immédiatement.
Il ne leur fallut pas longtemps pour se rendre compte que la potion dissolvait la structure de leurs bras et de leurs jambes. Leurs doigts devinrent tremblants et se courbaient de façon grotesque. Tenir leur plume n'était plus une option et quelques-uns uns retinrent leur souffle de surprise, lorsque leurs chevilles semblèrent se transformer et fondre.
Ecrire les résultats étaient soudain devenus mission impossible. Ils devaient trouver une solution rapidement s'ils voulaient valider leur devoir. Personne ne semblait savoir comment résoudre ce problème.
Sauf Potter. Puis Granger. Puis Weasley.
Harry s'était penché et leur avait murmuré quelque chose. Puis ils avaient tous les trois fermés les yeux et s'étaient concentrés. Pour vaincre la potion, il suffisait de s'imaginer tel qu'ils étaient avant. Il fallait en fait prétendre qu'ils n'avaient pas pris la potion.
Certaines potions ne nécessitaient pas d'antidotes, simplement une forte volonté.
N'ayant rien d'autres à faire, les autres élèves observèrent passionnés les trois amis reprendre lentement contrôle d'eux-mêmes. Quand leurs membres furent à nouveau normaux, Severus les regarda prendre des notes sur quatre morceaux de papier, jeter un sort de projection sur chacun d'eux et les passer aux autres élèves de leur maison. Tous, acceptèrent leur aide immédiatement, sauf les Serpentards. Une fois qu'ils furent tous redevenus normaux, chacun commença son rapport. Drago décida qu'il pouvait laisser de côté sa fierté suffisamment longtemps pour lire le message. Il fut bientôt guéri et capable de rédiger son rapport.
Severus observa tout cela en silence.
« Vous avez cinquante minutes pour écrire votre rapport de potions. Essayez de ne pas faire de parti pris. Je n'ai pas besoin de savoir quelles pensées ont traversé vos têtes vides pendant que vous vous regardiez fondre. »
Quand il vit que tous les élèves s'étaient mis à écrire, Severus put tourner son attention en toute sécurité vers Harry. Il fut surpris de rencontrer des yeux émeraude qui le regardaient presque tristement. Le moment sembla s'étendre indéfiniment, puis lentement Harry détourna les yeux pour reprendre son travail et Severus soupira doucement.
Harry le rendait lentement fou.
Trois très légers coups à la porte à trois heures du matin. La poignée glissa. Une silhouette couverte par une cape invisible entra dans la pièce. Harry referma la porte derrière lui et enleva la cape avant de se retourner et de haleter de surprise.
Il faisait en général attention d'entrer dans les quartiers de Severus quand il savait que le professeur de potions était endormi. La plupart du temps il estimait l'heure correctement et pouvait apprécier le confort de son canapé et la sensation réconfortante : il se sentait en sécurité avec Severus dans la pièce d'à côté, en secret.
Ce soir ne se passerait apparemment pas ainsi. Dès que Harry se fut retourné, les bougies s'illuminèrent et il se retrouva devant Severus qui le regardait avec un air renfrogné.
« Vous avez recommencé à entrer en douce ici, je vois, » Lui dit Severus, les yeux plissés. « Si vous ne vous sentez pas suffisamment à l'aise pour venir ici quand je suis éveillé, alors je ne vois pas pourquoi je vous accorderai le privilège de dormir ici quand je suis moi-même endormi. »
Harry lui rendit son regard. « Est-ce les conditions? Eh bien, dans ce cas, je suppose que je vais m'en aller et te laisser tranquille. »
Il se retourna vers la porte mais fut soudain arrêter par une force invisible et tiré vers la silhouette furibonde qui se tenait près du canapé en velours.
« Alors ma compagnie vous est devenue intolérable. Vous auriez simplement pu me le dire. Je ne mors pas Potter. »
« Non ! Non, tu ne mors pas, » Les yeux de Harry s'illuminèrent d'une colère irrationnelle parce qu'il ne pouvait pas supporter d'être si prêt de cet insupportable sorcier et rester calme. « Tu ne mors pas, Severus mais tu fais tout le reste, non ? Tu cries, tu grognes, tu menaces du regard quand tu as besoin de cacher ce que tu ressens ou ce que tu penses. Eh bien, je suis fatigué de tout cela ! »
Harry ferma les yeux une seconde, combattant le désir de faire souffrir Severus comme il le faisait souffrir depuis qu'il l'avait rejeté.
« Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans 'je t'aime' ? » Lui demanda-t-il doucement. « Je t'aime. Et je ne peux pas rester près de toi sans avoir l'impression que je vais me noyer sans toi. Je ne peux pas prétendre ne pas avoir ces sentiments. Tu n'es pas que le professeur Snape, le méchant professeur, plus maintenant, plus pour moi et je ne peux pas rester assis sur ce canapé et te raconter mes petits secrets tout en sachant que tu m'aideras. Je veux plus que cela. Je veux… »
« Tu veux ce que tu ne peux pas avoir, » Compléta Severus et Harry grogna de frustration.
Il alla à l'autre bout du canapé et se laissa tomber dedans, enfouissant son visage dans la paume de ses mains.
« Oui, » Murmura-t-il. « Mais je ne sais pas comment arrêter de t'aimer. Sinon j'arrêterai. Te détester était beaucoup plus facile. »
Severus s'avança vers le canapé et s'arrêta devant la silhouette bouleversée. Harry enleva les mains de son visage et leva suffisamment la tête pour que Severus puisse voir la tempête qui se déchaînait dans les yeux verts de Harry.
« Je suis d'accord avec toi, » Murmura-t-il presque pour lui-même.
Severus pencha un peu plus la tête de Harry et déposa un léger baiser sur la cicatrice en forme d'éclair.
« Espèce d'idiot, » Murmura-t-il d'une voix douce avant de se retourner et de se diriger vers la porte de sa chambre. « Vas dormir Harry. Tu en as autant besoin que moi. »
Harry entendit la porte se fermer et se dirigea vers la porte d'entrée, prit la cape d'invisibilité, la plia, la posa sur ses chaussures au pied du canapé, s'installa confortablement pour dormir et éteignit magiquement les bougies.
« Espèce de Maître des potions têtu, » Marmonna-t-il doucement dans les ténèbres de la pièce.
Il s'endormit, l'image de son serpent tatouée enroulé confortablement autour de son cou et la froideur de sa bague dans la paume de sa main, tirant sur la chaîne autour de son cou. Il sentait les anciens charmes de protection de la bague revenir à la vie et il sourit parce qu'il pouvait sentir la trace magique de Severus parmi celle des autres Snape.
