Merci à ma correctrice AnthaRosa

Chapitre 19 : Six pas vers l'infini

« Albus, je dois vous parler. »

Severus sortit de la cheminée et entra dans le bureau de Dumbledore, commençant à parler dès qu'il eut l'attention du directeur. Dumbledore le regarda d'un air amusé, mais fut peu surpris par cette visite. Il l'attendait depuis quelques temps déjà.

« Etes-vous certain de vouloir discuter de cela maintenant ? Dois-je vous rappeler que mes murs ont des oreilles ? »

Severus plissa les yeux de suspicion. « Alors vous savez de quoi je souhaite vous entretenir ? »

« Je suppose que je le sais, » Albus sourit. « Etes-vous ici pour me demander mon approbation ? Vous l'avez très rarement demandé, Severus. Ca doit être très important pour vous. »

« Vous êtes le directeur, » Grogna Severus, les dents serrées. Il croisa les bras sur la poitrine comme s'il était offensé. « C'est votre école. »

Albus acquiesça brièvement. « Oui je le suis et effectivement, c'est mon école. C'est un problème très délicat. Vous ne vous attendez pas à ce que je vous donne mon opinion et mon approbation maintenant ? »

« C'est exactement ce que je désire. » Severus le regardait avec des yeux noirs. « Ne me dites pas que vous n'avez pas ressassé la situation pendant des heures. Vous vous êtes mêlé de notre vie suffisamment souvent pour ne pas ressentir le besoin de le faire une fois de plus. Dites-moi simplement si j'ai ou non votre approbation. »

Albus sembla réfléchir aux options quelques instants.

Bien entendu, il avait déjà pris une décision. Il lui avait fallut les trois mois qu'avait duré l'absence de Harry de Poudlard pour prendre une décision, mais finalement, elle paraissait évidente. Il avait toujours agi avec laxisme envers Severus et Harry. Le fait, qu'ils demandent, surtout Severus, son approbation avant de commencer une relation ensemble le rendait à la fois vieux et honoré.

« Tout ce que je vous demande est d'être discret, » Lui dit Albus avec sérieux. Il parlait très doucement. « Comprenez bien que si la situation était découverte, je ne pourrai rien faire. Je préférerais rester en dehors de toutes les discussions qui porteront sur ce sujet désormais. Moins j'en sais et mieux je pourrai conserver mon autorité. »

« Autrement, » Ses yeux étaient à nouveau en mode scintillement. « Vous avez mon soutien. En fait, je suis content. Je me demandais quand vous vous rendriez compte que certaines limites doivent être franchies dans la vie. »

Severus acquiesça et puisqu'il avait eu la réponse qu'il était venu chercher auprès de l'énervant vieux sorcier, il retourna vers la cheminée, prit une poignée de poudre et la jeta dans le feu.

« Severus, faites attention, mais soyez heureux. Tous les deux. »

Severus disparut silencieusement dans les flammes.


« Concentrez-vous Potter. Je suis certain que vous avez remarqué que cette métamorphose n'est pas des plus faciles. Ca ne veut pas dire que je vous autorise à relâcher vos efforts. »

Harry essaya de ne pas regarder le morceau de roche lisse qu'il tenait dans ses mains avec des yeux noirs. Il essaya de ne pas grimacer comme le ferait Severus, mais la sorcière qui se tenait devant lui, lui donnait des ordres toutes les trois secondes. Il avait réussi la première tentative mais la seconde avait échoué puisqu'il n'avait été capable que de s'empêcher d'effrayer le professeur MacGonagall.

Il ne se souvenait pas l'avoir vu aussi énervé pendant un cours de métamorphose quand la salle était remplie d'élèves qu'elle aurait pu torturer.

« Professeur, je n'y arriverai jamais, » Déclara-t-il frustré.

« N'importe quoi ! »

Harry retourna son attention vers la roche posée sur une petite table en acajou que la salle leur avait gentiment fourni, et grogna de dégoût mais aussi d'énervement.

La salle s'était transformée d'elle-même en une petite parcelle de Forêt Interdite. Il y avait un arbre près de la porte, de l'herbe sous leurs pieds, des vignes s'enroulant autour des pieds de la table et le long des murs. Le toit reflétait un ciel d'automne. Il y avait même une petite brise. Pourtant, bien que la salle soit une mer de vert et de couleur naturelle, la roche était la seule matière de sa catégorie puisqu'on n'apercevait pas l'ombre d'un galet.

Harry devait transformer la petite roche en un mélange entre une roche et une tulipe. En d'autres mots, la tulipe devait pousser au centre de la roche et comme MacGonagall l'avait déclaré, ça ne lui ferait pas de mal s'il parvenait aussi à transformer la roche en une plaque de marbre de quarante cinq centimètres.

Harry recommença ses efforts. Il leva sa baguette et jeta le sort au centre de la roche. Bougeant sa baguette, il fit une saillit en son milieu, la modelant pour qu'elle prenne la forme d'une fleur comme si c'était un morceau d'argile. Il avait réussi cette phase mais n'avait aucune idée de ce qu'il devait ensuite faire. C'était une chose d'avoir une version solide du motif qu'il désirait, mais c'en était une autre de lui donner une vie propre.

« Que faites-vous ensuite, Potter ? » Lui demanda MacGonagall lorsqu'elle se rendit compte qu'Harry ne faisait rien d'autre que de regarder sa création.

« Je ne sais pas professeur, » Dit Harry, les dents serrées. « Pourquoi ne me le dites-vous pas. Ca m'éviterait de rester ici toute la journée. »

MacGonagall le regarda avec impatience. « Vous devez le découvrir tout seul. »

« A quelle fin ? » Lui demanda Harry avec colère. « A quoi cela va-t-il me servir ? Transformer Voldemort en une putain de fleur la prochaine fois que je le verrai ! »

Harry avait élevé la voix, ce qui choqua MacGonagall. Elle ne se souvenait pas l'avoir vu autrement que poli. Elle avait entendu des rumeurs quant à son insolence envers Snape, mais elle n'avait jamais pensé subir son humeur.

Franchement, elle n'était pas certaine d'apprécier cela. Surtout maintenant qu'il était préfet en chef et le modèle de tous les Gryffondors.

« M. Potter, peut-être devriez-vous faire une pause. Vous parviendrez peut-être à réfléchir à ce projet sous d'autres angles et à vous calmer, » Lui dit-elle froidement.

Harry acquiesça et rougit. Il n'avait jamais eu l'intention de se mettre en colère contre son professeur et il savait qu'il ne donnait pas une bonne image de lui-même quand il n'agissait pas correctement.

Il se dirigea vers l'arbre, s'assit contre le tronc et essaya de se calmer en prenant de profondes inspirations. Puis, comme il le faisait régulièrement maintenant, il leva ses mains et commença son tissage sans baguette. Il apparut entre ses doigts, un peu plus grand maintenant et les fils s'étaient resserrés entre eux. Remus l'avait regardé tisser pendant un temps le jour précédent et lui avait dit qu'il était impressionnant et qu'il serait probablement bientôt complet.

Harry l'avait cru sur parole puisqu'il n'ouvrait jamais les yeux quand il tissait.

Dedans, dehors, ses doigts dansaient et les fils dansaient avec eux. Lentement et rapidement, il pouvait changer le tempo et la forme, le tissage s'adaptait toujours. C'était relaxant comme un mécanisme calmant. S'il tissait en colère, les fils seraient d'une nuance orange doré. Triste, ils varieraient entre le bleu et le noir.

Quand Severus lui manquait, les fils prenaient les couleurs des Serpentards, vert et argent.

Harry ne savait pas cela parce qu'en général, il tissait jusqu'à ce que ses émotions soient épuisées. Les fils devenaient alors multicolores. Il ouvrait alors les yeux et apercevait la lueur qui se trouvait entre ses mains, juste avant qu'elle ne scintille et ne disparaisse.

Il soupira profondément et ouvrit les yeux alors que le tissage disparaissait. Il se leva et retourna vers MacGonagall puis s'assit derrière la table et d'un coup de baguette, redonna à la roche sa forme originale. Il recommença alors la métamorphose. Cette fois à l'aide de trois combinaisons, sa baguette bougeait rapidement dans les airs alors que sa voix prononçait les trois sorts en une succession rapide.

Quand il eut terminé, il y avait une jolie tulipe rouge poussant au centre de son petit rocher.

Il avait oublié d'essayer de métamorphoser la forme et la structure de la roche pour qu'elle soit de marbre, mais il se dit qu'il avait tout de même fait du bon travail. C'est également ce que pensait le professeur MacGonagall puisqu'elle lui fit un petit sourire encourageant.

« Dans votre vie, vous aurez besoin d'utiliser toutes les ressources que vous possédez et parfois il n'y en a pas beaucoup. Etre capable de créer une forme vivante à partir d'un objet inanimé est un grand test. Une fois que vous parviendrez à le faire de nombreuses portes s'ouvriront devant vous. » Lui expliqua-t-elle avec un sourire pince sans rire. « Tout ce que je vous enseigne ici ne sera pas utile dans un combat. Je suis certain que Flitwick, Lupin et surtout Snape font la même chose. Nous espérons que vous vous en souviendrez longtemps de ce que nous vous enseignons maintenant. »

Harry sourit pour la remercier, même s'il se rendit compte que ses professeurs profitaient de ces cours supplémentaires pour lui faire partager leur savoir, ce qui était très décourageant.

Hermione devrait apprendre tout ça ! Elle adorerait.

« Vous pouvez partir, Potter. » Sa voix le tira de ses pensées. « Je ne vous priverai d'un samedi aussi ensoleillé. Je suis certain que vous désirez aller à Pré au Lard aujourd'hui avec tous les autres élèves. Je n'abuserai pas davantage de votre temps. Nous pourrons pratiquer cet exercice au prochain cours. »

Elle n'eut pas besoin de le lui dire deux fois.

Il lui fit un sourire reconnaissant, rangea sa baguette dans la poche intérieure de sa robe et fonça vers la sortie. Il avait été enfermé dans cette salle avec elle pendant trois heures et même s'il aimait ses cours supplémentaires et l'apprentissage des sorts qui pouvaient être illicites, il avait souvent l'impression de passer tout son temps dans cette pièce.


Quand Harry entra dans sa chambre de dortoir, la première chose qu'il remarqua fut qu'Hermione était assise sur le lit de Ron et que ce dernier n'était pas visible.

« Salut, » Lui dit-il doucement en s'asseyant à côté d'elle. « Où est Ron ? »

Elle lui sourit tristement. « Me croirais-tu si je te disais que je n'en ai aucune idée ? Une minute nous étions dans ma chambre à parler et la suivante, il s'est précipité hors de la pièce. J'ai cru qu'il était là, mais non. Maintenant je ne sais pas où il est ou s'il veut que je le cherche. »

« Il s'est précipité hors de la pièce ? Eh bien, peut-être devrais-tu lui laisser quelques minutes pour se calmer. Qu'est-ce qui l'a mis en colère ? »

Elle soupira et secoua la tête. « Je n'en ai pas la moindre idée ! Je suis restée ici à ressasser la conversation et je ne sais pas ce que j'ai pu dire. En fait je pensais que nous discutions tranquillement et intimement, tout allait bien. Je ne sais pas ce que j'ai dit pour tout détruire. »

Elle se tourna vers lui, des larmes dans les yeux. Il la prit dans ses bras, comme il savait qu'elle le désirait. Elle s'accrocha à lui, sanglotant et marmonnant pour elle-même.

« Espèce d'idiot… »

Harry sourit malgré tout. Où avait-il entendu cela ?

La porte de la chambre s'ouvrit. Ron se tenait sur le pas de la porte et observait la scène devant lui.

« Salut Ron. » Lui dit Harry d'une voix douce alors que Hermione croisa les bras pour regarder son petit ami avec des yeux noirs larmoyants. « Que se passe-t-il ? »

Ron resta silencieux, ses yeux restèrent fixés sur sa petite amie en pleurs. Hermione se leva.

« Je m'en vais, si c'est ce que tu veux, » Dit-elle d'une voix douce. « Je vais toujours à Pré au Lard, mais je pars avec les autres préfets. »

Le regard de Harry oscillait entre les deux. « Je peux venir avec toi, Hermione, si tu veux. »

« Non, reste avec Ron, » Répondit-elle. « Peut-être te parlera-t-il. »

Elle regarda Ron avec une expression triste puis passa devant lui et disparut à travers la porte. Finalement Ron vint s'asseoir à côté de Harry et soupira profondément.

« As-tu déjà été près de quelqu'un si longtemps que tu oublies où tu finis et où l'autre commence ? Tu sais, un peu comme nous étions tous les trois de la première à la cinquième année ? » Lui demanda Ron doucement. « C'est ce que je ressens quand elle est près de moi maintenant, sauf que c'est différent, c'est effrayant. »

Il lui fit face. « Je pense que je suis tombé amoureux d'elle. »

« Vraiment ? J'aurais pu t'aider et te le dire l'année dernière, mais tu es vraiment très lourd, » Le taquina Harry avec un sourire. Ron rougit.

« Eh bien, je ne l'ai découvert qu'aujourd'hui. Nous étions assis dans sa chambre et euh…nous discutions, » Il devint encore plus rouge.

« Tu devrais le lui dire. »

« Je le ferai ! Je viens de passer la dernière demi-heure à faire le tour du lac en réfléchissant à tous les moyens dont je pourrais me servir pour le lui dire, mais tu sais, Hermione, elle est tellement plus futée que nous deux réunis. Je veux lui laisser du temps pace qu'il est possible qu'elle ne m'aime pas et ne m'aime jamais. Je ne veux pas lui mettre la pression. »

« Alors tu devrais au moins aller lui parler maintenant. Vas la trouver avant qu'elle ne parte pour Pré au Lard ou utilise la Carte des Maraudeurs et les passages secrets. Tu ne devrais pas lui laisser penser qu'elle a fait quelque chose de mal. »

Ron regarda Harry comme s'il ne l'avait jamais vu avant et tout à coup, son visage s'illumina.

« Tu sais que tu as raison. Je vais aller la retrouver. Je déteste la voir pleurer, j'ai l'impression que mon cœur se brise. Le moins que je puisse faire est d'embrasser ses larmes pour les faire disparaître. »

« Euh…ouais. »

Ils éclatèrent de rire.

« Alors, que vas-tu faire du reste de la journée ? »

Harry répondit immédiatement. « Aller marcher près du lac, puis aller dîner. En espérant que vous serez de retour d'ici là. Puis, je dois aller voir le professeur Snape pour tu sais quoi. S'il est là, ça va sans dire. »

« Ca me paraît plutôt ennuyeux. »

Harry rit, mais alla jusqu'à son lit, prit quelques feuilles et son équipement de dessin moldu avant de dire au revoir à Ron et de sortir pour commencer à dessiner dès que possible.

Seul dans la chambre, Ron prit soudain une expression très sérieuse.

Il alla vers le tiroir qu'Harry avait laissé ouvert et sortit la Carte des Maraudeurs. Il n'arrêta pas ses recherches. Il fouilla un dans les anciens dessins de Harry et sortit l'un des derniers. On aurait dit qu'il savait ce qu'il cherchait et où le trouver.

Assis sur le lit, il le regarda, perdu dans ses pensées.

« Je parie que tu sais ce que l'on ressent Harry, » Marmonna-t-il pour lui-même. « Tu gardes encore des secrets, hein ? »

Il observa le dessin. Harry était au milieu d'une pièce ombragée, une personne, qui ne pouvait être que le professeur Snape était derrière lui et l'enlaçait. La tête de Harry était tenue presque timidement alors que le regard du professeur semblait transpercer les limites du papier. Les doigts enlacés enveloppaient la taille de Harry.

Il était évident qu'il avait mis beaucoup d'émotions dans ce dessin.

Ron soupira, rangea le dessin dans le tiroir. Il prit la Carte des Maraudeurs, tapa avec sa baguette et murmura la phrase magique. Il vit Hermione. Il quitta précipitamment la pièce et courut dans les couloirs pour la retrouver.


« Harry, ouvre les yeux. »

Robe et baguette étaient posées sur le sol quand il était à nouveau entré. Harry se tenait au centre de la salle, les yeux fermés et les pensées concentrées à filer la magie entre ses doigts.

Ce qui n'empêcha pas son pouls de s'accélérer en entant les mots prononcés avec calme.

Il n'avait pas revu Severus en cours particulier depuis la nuit où ils avaient eu leur confrontation dans les cachots une semaine auparavant. Pourtant, il n'obéit pas, il n'ouvrit pas les yeux parce qu'il était à moitié effrayé d'avoir imaginé ces paroles et peut-être que la relation qu'ils avaient établie l'année précédente lui manquait.

De plus, s'il ouvrait les yeux, le tissage disparaîtrait.

« Harry, » La voix de Severus revint à nouveau. « Ce n'est pas acceptable. Tu as presque terminé le tissage et tu es complètement concentré dessus. Tu ne peux pas jeter de sorts les yeux fermés, si ? Si tu termines le tissage de cette façon, tu ne pourras jamais jeter de sorts sans baguette correctement. »

Harry grogna. Les fils étaient filés et Harry décida qu'il pouvait essayer d'ouvrir les yeux. Severus n'avait pas l'air en colère, malgré ses paroles.

En ouvrant les yeux, le pouls de Harry s'accéléra à nouveau.

La lumière de la pièce avait changé. Elle était blanche quand Remus lui donnait des cours et maintenant, les bougies alignées au mur illuminaient la salle d'une lueur tremblotante. Près de la porte, une douce lumière faisait des ombres. Severus était appuyé contre le mur, comme s'il était incrusté dedans, à moitié dans l'obscurité, à moitié dans la lumière.

« Je ne sais pas comment tisser les yeux ouverts. Tu ne m'as jamais appris à le faire. Ca disparaît toujours. » Parvint à dire Harry malgré ses pensées embrouillées.

« Je vois. » Severus s'écarta du mur et avança vers Harry avec fluidité. « Alors peut-être que ce soir je devrais t'apprendre le compromis et la concentration. Ferme les yeux et recommence le tissage. »

Harry obéit, mais ce fut difficile parce qu'il avait conscience que Severus se tenait très près de lui. Si près qu'il pouvait sentir son souffle sur sa nuque.

« Il ne faut pas que tu sois aussi inconscient, Harry. Le seigneur noir n'attendra pas que tu te concentres pour rassembler ta magie. Tu dois apprendre à pratiquer la magie sans baguette comme tu le fais avec une et tu dois pouvoir le faire même si tes pensées sont occupées par bien d'autres choses et que tu dois faire milles choses à la fois. »

Les bras de Severus passèrent de chaque côté de Harry et ses doigts s'enlacèrent avec ceux dansant. Harry s'appuya contre la silhouette massive derrière lui alors que les lèvres de Severus frôlaient son oreille. Les doigts de Severus se mirent à bouger avec ceux de Harry et il ne put rien faire d'autre que de rester concentré sur le tissage.

Ce que faisait Severus lui provoquait de petits frissons.

« Ouvre les yeux. »

Harry secoua la tête et Severus ne le poussa pas.

Il pencha la tête et déposa de légers baisers sur le cou de Harry. Harry haleta mais Severus l'ignora, le mordant légèrement et suçant la peau tendre.

« Ouvre les yeux, Harry. »

Harry grogna doucement mais obéit.

Les doigts continuaient à danser ensemble et entre ses doigts, le tissage était une combinaison de rouge, argent, or et vert. Harry était stupéfié. Jamais auparavant il ne l'avait vu et maintenant il était surpris du chatoiement. Chaque fil changeait continuellement de couleur, prenant l'une des quatre, comme s'ils étaient vivants et bougeaient.

« Tu as tissé notre magie ensemble, » Haleta-t-il. « Cela n'est-il pas dangereux ? »

« Si, » Murmura Severus dans son oreille ayant abandonné pour l'instant sa méthode de distraction. « C'est très dangereux. Je ne te conseille pas de le faire tout seul. Après tout, je suis un maître dans ce domaine, toi, tu n'es pas encore prêt. »

Severus retira ses fils de magie et Harry observa les fils rouges et or quitter le tissage. Ils devinrent de petits courants électriques faisant des fils et crépitant au bout des doigts de Severus qui les fit lentement courir sur la peau nue de Harry jusqu'à ses coudes, provoquant des picotements le long de sa peau alors que le courant de crépitements dansait contre sa peau.

Harry s'empêcha de gémir et immédiatement son tissage disparut. Les doigts de Severus s'arrêtèrent au niveau des manches de la chemise du jeune homme.

« Harry, tu dois vraiment faire mieux, » Murmura Severus. Harry frissonna en entendant la voix soyeuse en fusion.

« Tu me distrais, » Se plaignit-il.

Severus soupira et enleva ses bras. Il tourna Harry pour que le jeune homme se retrouve devant lui. Harry croisa ses bras devant lui comme pour se défendre.

« Je ne te distrais pas encore suffisamment, » Lui dit Severus, ses lèvres s'étirant très légèrement. Ses yeux flamboyaient d'amusement ce qui fit tituber ses sens.

« Oh, »

Severus prit le haut de la chemise de Harry et haussa un sourcil, lui faisant comprendre ses intentions sans prononcer un mot. Harry dénoua ses bras et les leva. Sa chemise fut enlevée et atterrit vers sa robe et sa baguette.

« Recommence le tissage, » Lui ordonna doucement Severus.

Harry ferma les yeux et immédiatement le tissage apparut entre ses doigts. Automatiquement, ses doigts se mirent à bouger.

« Bien. » Severus était à nouveau derrière lui, mais pas aussi près cette fois. « Maintenant, ouvre les yeux et reste concentré. Quelque part à l'intérieur, tu dois continuer à tisser ta magie, mais tu dois le repousser plus loin dans ton esprit. Pour l'instant concentre-toi simplement sur tes doigts et sur le tissage qu'ils effectuent. Tu dois apprendre à le faire les yeux ouverts. »

Harry hésita, sachant instinctivement qu'il perdrait sa prise dès qu'il ouvrirait les yeux. Il ne serait plus capable de voir sa magie et c'est ce qui le rendait si difficile.

« Ta faute. Manqué des leçons. Je me suis entraîné. » Il respirait à peine quand il prononça les mots que son cerveau avait formés, sachant que le tissage s'effaçait parce qu'il avait manqué d'attention.

« Eh bien, je suis là maintenant et tu as beaucoup à apprendre ce soir. »

Harry fit appel à tout son courage de Gryffondor et ouvrit rapidement les yeux en retenant nerveusement sa prise. Il entr'aperçut le tissage, comme toujours avant qu'il ne s'efface. Instantanément, il referma les yeux pour atteindre sa magie.

« Bien, mais pas suffisamment. Tu peux faire mieux. »

Severus leva son index, et quand il crépita de magie, il s'en servit pour suivre la colonne vertébrale de Harry. Le serpent tatoué sur le dos lisse se replia davantage contre la lame de l'épée. Les pierres de l'épée se transformèrent et d'un rubis rouge, elles devinrent noires, mais après cela, le tatouage resta immobile.

Harry haussa les épaules et grogna.

Il ouvrit à nouveau les yeux et fit une nouvelle tentative. Une fois de plus le tissage recommença à s'effacer et Harry dut fermer les yeux pour se concentrer.

« Arrête de te concentrer sur son aspect fragile, » Le réprimanda Severus. « En fait, arrête d'y penser autant. Tisse simplement. Fais ce que tu fais les yeux fermés sans les pensées et les inquiétudes. »

Plus facile à dire qu'à faire.

Trois tentatives suivantes et le tissage avait complètement disparu.

« Peut-être que si tu arrêtais de me toucher, ça fonctionnerait ! » Protesta Harry, mais son corps avait une toute autre réaction.

« Je ne touche pas encore suffisamment. »

Harry serra les dents, ferma les yeux et recommença son tissage. Moins d'une minute s'écoula avant qu'il ne les rouvre et regarde les fils de magie tremblotants. Pourtant ils tinrent. Harry respirait à peine. Ses doigts continuaient à tisser alors que les fils apparaissaient magiquement entre ses doigts. Plus il tremblait et plus Harry était déterminé à le voir durer.

« C'est bien, » Déclara Severus en venant devant Harry. « Maintenant nous allons voir si tu réussis à faire plusieurs choses en même temps. »

« Quoi ? » Souffla Harry.

En guise de réponse, Severus enleva sa longue robe noire puis la chemise blanche qu'il portait dessous. La salle fournit immédiatement un porte-manteau près des affaires de Harry. Severus accrocha ses vêtements avec attention puis retourna devant la forme déterminée de Harry. Maintenant ils étaient autant déshabillés l'un que l'autre. Sauf qu'Harry portait la chaîne autour de son cou.

« Es-tu prêt ? »

Harry secoua violemment la tête. Le tissage dans sa main sembla frémir.

« Fais simplement attention à ton tissage. Peu importe ce que je fais, essaye de continuer à tisser. Je serai très déçu si tu ne réussissais pas cela. Jusqu'à présent tu t'es assez bien débrouillé. Tu es arrivé jusque là. Je ne doute pas que tu puisses faire l'effort nécessaire pour terminer tes leçons de magie sans baguette ce soir. De plus, je dois bientôt commencer à t'entraîner en potions. »

« Es-tu prêt ? » Harry secoua à nouveau la tête, mais cette fois, Severus l'ignora.

De puissants bras enveloppèrent la taille nue de Harry et la poitrine de Severus s'aligna parfaitement avec son bras. La chaleur de leurs corps se mélangea et Harry dut combattre ses pensées qui voulaient s'abandonner entièrement à la sensation, à Severus qui le touchait aussi intimement.

Des lèvres froides suçaient légèrement sa peau et léchait son cou et le haut de son dos laissant de petites traces. Le bout des doigts glissa le long de sa poitrine et taquina ses mamelons et son nombril. Chaque baiser était ponctué par une phrase murmurée doucement qui brisait les pensées déterminées de Harry, lui rappelant de continuer à tisser.

« Alors tu penses m'aimer. N'est-ce pas, Harry Potter ? Avec toutes mes erreurs ? Ne me dis pas que l'adoration que tu me voues, t'a aveuglé. Je suis toujours Severus Snape. Qui je suis avec toi en privé n'empêche pas que je suis aussi le sorcier que tous les autres connaissent. Je me demande, Harry Potter si tu comprends les paroles que tu prononces avec tant de conviction. Aimer un maître n'est jamais facile. M'aimer te donnera quelques défis à relever. Comme tu l'as déjà vu, je peux être une personne très désagréable parfois. »

L'un des bras de Severus entoura la poitrine de Harry jusqu'à l'épaule.

La paume de son autre main était posée sur le tissu du pantalon de Harry, au niveau de son érection grandissante.

« Est-ce ce que tu veux Harry ? En es-tu sûr ? Il n'y aura pas de retour. On ne pourra pas revenir en arrière ni par des paroles ni par des actes une fois que nous aurons commencé. » La voix de Severus paraissait en colère alors qu'il murmurait les paroles à l'oreille de Harry. « Tu n'es plus un enfant et moi non plus. Tu dois être sûr que c'est ce que tu veux. Nous sommes en cela égaux et nous le serons tout le temps. Comprends que nous devrons être très prudents. »

« Sadique, » Haleta Harry avec un sourire tremblant.

« Oui. On m'a déjà traité de ce nom-là. » Severus détacha ses bras et se recula. Une fois encore, il vint se placer devant la silhouette légèrement tremblante et regarda les yeux émeraude. Le courant qui traversait le bout de ses doigts disparut complètement. « Je ne te ferai jamais souffrir. Au moins, j'essaierai de ne jamais le devoir. »

Lentement, Harry abandonna l'emprise qu'il avait sur son tissage et baissa les bras. Ses yeux brillaient de chaleur et de désir.

« Que veux-tu Harry ? »

« Toi Severus, » Répondit Harry en prenant la décision la plus sérieuse de sa vie. « Je me fiche de ce qui se passe quand nous ne sommes pas ensemble ni à ce que je dois faire. Tout ce que je veux est t'avoir. Je te veux…Je … s'il te plait.

Severus acquiesça une fois et rétrécit la distance qui existait entre leurs corps. Il attira violemment le corps de Harry contre le sien et baissa ses lèvres contre celles qui les attendaient. Leurs dents s'entrechoquèrent et leurs bouches se battaient, cherchant à dominer celle de l'autre. Mais rapidement, la langue de Severus plongea dans la bouche de Harry et leurs langues entrèrent en contact et dansèrent d'elles-mêmes.

Harry était perdu.

Au-delà de toutes pensées, il colla sa douloureuse érection contre la hanche de Severus. Son souffle resta coincé plusieurs fois dans sa gorge alors qu'il entrait en contact avec la bosse répondante. Harry grogna, gémit et peut-être pria-t-il Severus entre ses lèvres. Il allait venir et il se fichait que ce soit dans son pantalon.

Puis les mains de Severus se refermèrent sur ses hanches, l'éloignant de lui, restreignant le contact et la friction.

Harry grogna, comprenant les raisons de ce geste. Il n'était pourtant pas prêt à accepter cette perte.

« Ce n'est pas ainsi que je veux procéder Harry, » Lui dit Severus sur un ton calme qui contrastait avec la respiration irrégulière de Harry. Mais ses yeux luisaient d'un désir inassouvi et son corps réclamait cette libération.

Harry lui sourit d'un air narquois. Il pencha la tête pour l'appuyer sur l'épaule de Severus, obligeant ses bras à rester immobile le long de son corps, sans toucher Severus comme il en avait la tentation.

« Si c'est un lit que tu veux, la chambre en a déjà fourni un. »

Severus se tourna légèrement pour regarder derrière lui. Effectivement, la chambre leur avait fourni un lit deux places avec une table de chevet sur laquelle étaient posées des potions dont Harry aurait pu découvrir l'utilité s'il avait essayé de le deviner.

« Bien sûr qu'elle l'a fait. Faites confiance à Albus pour nous recommander une salle qui lit les désirs et les émotions de ses occupants comme un livre, » Severus grogna d'énervement. Sa main caressa la mer de cheveux ébène, le long du cou de Harry. « Pas ici. Pas comme ça. Comprends-tu ? »

Harry releva la tête et acquiesça. Il céda à son désir et déposa un doux baiser contre les lèvres de Severus et soupira.

« Je comprends. » Il sourit d'un air narquois. « Je peux attendre. »