Merci à AnthaRosa pour son travail de correction.
Chapitre 20 : Ombres dans la fumée
« Neville ! »
« Longdubas ! »
Harry, Neville et Dean avaient quitté le cours de Métamorphose ensemble. Ils étaient ensuite retournés à leur dortoir pour prendre les livres dont ils auraient besoin pour leur prochain cours et étaient sur le chemin quand ils se rendirent compte qu'ils allaient être en retard. En fait, Dean et Neville allaient être très en retard parce qu'ils devaient se trouver à dix-sept heures dans les serres alors qu'Harry n'avait plus qu'à prendre trois embranchements et le couloir des Serpentards serait en vue. La classe de potions n'était pas très loin.
Neville et Dean durent courir. Peu de temps puisque le professeur Snape qui les avait vus de son bureau apparut soudainement près de l'infirmerie. Bien entendu, avec sa chance, Neville n'avait pas réussi à s'arrêter suffisamment rapidement et était entré en collision avec son professeur. Il était tombé par terre.
Harry avait crié pour les prévenir. Snape avait crié de dégoût. Et le pauvre Neville, à genoux, rougissait comme s'il avait encore onze ans, devant le professeur le plus craint de l'école, pendant que Dean combattait vaillamment son envi de rire.
« Dix points en moins pour Gryffondor ! » Claqua Snape quand Harry rattrapa le petit groupe. « En fait vous aurez tous une détention avec Rusard ce soir. C'est la raison pour laquelle courir dans les couloirs est interdit. En tant que septième année je ne devrais pas avoir à vous rappeler des règles que vous devriez connaître depuis votre première année. »
Neville se hérissa à chaque mot qui lui était de toute évidence adressé. Dean levait la tête de façon qui paraissait honteuse mais qui aux yeux de Harry pouvait paraître insolente. Ce fut Harry, cette fois, qui ne parvint pas à cacher son sourire.
« Deux moins en moins pour Gryffondor, Potter. » Severus le regarda avec des yeux froids. « En tant que préfet en chef, vous ne devriez pas laisser vos amis violer les règles de Poudlard aussi ouvertement. »
Severus les regarda une nouvelle fois avec des yeux noirs puis se retourna et reprit le couloir des Serpentards.
« Désolé Harry. Tu n'aurais pas dû perdre des points simplement parce que tu es notre ami, » Lui dit Neville alors que Dean l'aidait à se remettre debout.
Harry haussa les épaules. « Ce n'est rien Neville. Quelque chose me dit qu'il aurait trouvé une excuse pour enlever des points de toute façon. Pour être à 'proximité' de l'incident par exemple. »
Dean fit un grand sourire à Neville et lui donna une tape. « La prochaine fois Neville, évite-nous ce traumatisme et fais attention à ne pas foncer dans le professeur Snape. J'ai vraiment cru qu'il allait te jeter un sort simplement pour avoir oser entrer en contact avec sa robe. »
Neville perdit de sa rougeur quand il se rendit compte que le professeur aurait pu choisir cette option. Avant qu'il n'ait le temps d'hyperventiler, Harry leur rappela en riant qu'ils avaient une bonne raison de courir.
Ils lui crièrent rapidement au revoir et se remirent à courir. Harry rit à nouveau et espéra que cette fois, ils ne croisent pas MacGonagall.
Il prit le couloir des Serpentards, un sourire sur le visage.
« Entrer, » Ordonna Severus quand il entendit frapper trois fois à la porte de son bureau.
La porte s'ouvrit immédiatement et Harry entra, s'arrêtant pour fermer la porte et jeter un sort d'insonorisation.
« Tu es très méchant, » Le réprimanda Harry avec un sourire.
Severus verrouilla son regard dans les yeux pétillants d'un vert émeraude. L'adolescent s'avança lentement vers Severus qui préparait les ingrédients pour les potions.
« Je sais. »
« N'est-ce pas un peu dur ? » Harry semblait toujours amusé. « Douze points en une seule fois et en plus je n'avais rien fait ! De plus, tu ne peux pas me dire que tu ne courais pas dans les couloirs quand tu étais élève ici. Je suis presque certain qu'ils sont faits pour ça. C'est une règle. »
« Les couloirs sont faits pour marcher, » Grimaça Severus. « Et les règles, si elles sont violées doivent l'être moins ouvertement. Vous avez très bien perfectionné cet art. Est-ce un talent de Serpentard que d'être discret ? »
« Tout le monde ne peut pas être Serpentards ou en avoir les traits. »
« Apparemment non. »
Harry sourit d'un air taquin puis enveloppa le cou de Severus de ses bras. Ce dernier l'attira immédiatement contre lui, le coinçant contre la table. Severus frôla légèrement de ses lèvres celles de Harry, puis déposa de petits baisers le long de sa mâchoire et de son menton.
« Tu es très méchant, » Lui dit Harry doucement.
« Effectivement, je le suis, » Dit Severus en rencontrant les yeux verts.
Il se pencha et captura à nouveau les lèvres de Harry, provoquant un gémissant quand leurs langues se touchèrent et entrèrent dans une bataille de dominance. Les doigts de Harry s'emmêlèrent dans ses cheveux et Severus l'attira contre lui et le pressa contre la table en même temps. Harry semblait s'adapter parfaitement à ses bras et à son corps. Il y avait une très grande confiance dans ce baiser et dans cette étreinte.
« Tu dois aller en cours, » Severus brisa le baiser gentiment. « Tu sais très bien que je déduirai des points si tu es en retard. »
Harry grogna et avec une réticence visible, retira ses bras du cou de Severus puis jeta au sorcier un regard faussement mauvais.
Severus l'embrassa à nouveau très légèrement.
Le petit acte fit doucement soupirer Harry. Severus leva une main et posa son pouce sur les lèvres rouges et gonflées puis murmura un sort curatif.
« Vous aviez l'air d'avoir été embrassé Potter, » Lui dit-il en guise d'explication. « Je ne peux pas permettre cela. »
Harry sourit. « Je dois y aller. »
« Oui, »
Riant Harry enveloppa de ses bras, la taille de Severus et le serra. Il déposa un baiser sur la nuque de Severus qui grogna.
« N'es-tu jamais fatigué de m'enlacer ? » Lui demanda-t-il.
Harry secoua violemment la tête puis la posa sur les épaules de Severus.
« Non, » Murmura-t-il. « Je ne serai jamais fatigué d'être aussi près de toi. »
Quelques secondes après, Harry soupira à nouveau. Severus le regarda se diriger vers la porte, l'ouvrir et partir. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'il se rappela que lui aussi devait se préparer pour le même cours.
Il sortit sa baguette, mit la plupart des ingrédients dans sa poche, regarda la table une dernière fois et sortit.
Harry eut à peine le temps de s'asseoir avant que le professeur Snape n'entre dans la salle de classe. Il avait décidément l'air plus calme qu'Harry. En sortant du bureau de Severus, il avait couru pour arriver à l'heure, il ne lui restait que trois minutes avant que le cours ne commence. Severus avait réussi à arriver à l'heure exacte et Harry était certain qu'il n'avait pas couru.
« Prenez les chaudrons qui se trouvent au fond de la classe et continuez à préparer vos potions. Les pages neuf cents à neuf cents cinquante devraient vous aider à corriger la plupart des erreurs faites précédemment. Pour ceux d'entre vous qui peuvent bénéficier d'une telle rédemption, les instructions sont au tableau. Prier, emprunter ou voler la potion d'une autre personne, si la vôtre était mauvaise. Je veux que chaque élève ait sa fiole de veritaserum étiquetée à la fin du cours. Vous devrez vous administrer une dose et comme je doute que vous ayez envi d'aller voir Mme Pomfresh, vous avez tout intérêt à la faire correctement. Nous travaillons sur cette potion depuis un mois maintenant. Je pense qu'il est temps que nous mettions un terme à ma souffrance. »
Les instructions apparurent sur le tableau à l'annonce du professeur et chacun récupéra rapidement son chaudron grâce à un sort de lévitation, ainsi que les ingrédients nécessaires qui n'étaient pas dans les fournitures de potions qu'ils devaient apporter en cours.
« Tu as tout ? » Demanda Hermione à Harry quand il revint avec les ingrédients qu'il était allé chercher pour tous les trois.
Harry lui tendit trois pétales d'une jolie fleur blanche, une petite fiole de larmes de licorne et un pot qu'il soupçonnait contenir des amandes séchées.
« Je pense que oui, » Répondit Harry. « Vérifie les instructions. »
Hermione regarda rapidement les instructions puis lui fit un grand sourire. « Oui, nous avons tout. Mettons-nous au travail. »
Ron et Harry échangèrent un regard. Hermione semblait incroyablement excitée à l'idée de créer du sérum de vérité et le long mois de préparation n'avait pas étouffé son allégresse incessante alors que tous les autres étaient maintenant plus que prêt à terminer la potion et à ne plus jamais avoir à la regarder par la suite.
Veritaserum était l'une des plus difficiles potions qu'ils avaient à faire.
La moitié des élèves avaient raté leur potion dès la première semaine. Sachant qu'ils n'auraient jamais le temps de la recommencer, ils avaient dû trouver des amis prêts à partager leur potion. Les Serpentards furent au début les seuls élèves à la préparer correctement, mais lors de la troisième semaine, ils n'avaient plus que la moitié de la potion qu'ils auraient dû avoir.
Heureusement pour le trio, Harry n'avait raté sa potion qu'une seule fois, la première semaine et Hermione avait réussi à en sauver avant qu'elle ne soit bonne à jeter. Ron avait été assez futé pour doubler ses ingrédients au cas où un désastre se produirait. Ce qui signifiait que lorsque celle d'Hermione avait coagulée, Ron avait pu lui donner la moitié de la sienne. Deux jours après, la potion de Ron était devenue pourpre et ils surent tous les trois que c'était la fin de sa chance. Hermione et Harry lui donnèrent un tiers de leur potion et tout reprit sa place dans le monde.
Harry pensait que Severus avait plutôt bien pris ces quatre semaines. Il n'avait failli ensorceler les élèves que trois fois, lorsque des chaudrons avaient explosé.
Tout le monde tenait des paris : allait-il ou non perdre son sang froid. Jusqu'à présent, le professeur s'en était tenu à la règle : ne pas être responsable de la mort d'un élève.
Et tous pensaient que c'était vraiment une bonne chose.
« Hermione, sais-tu de quelle fleur il s'agit ? » Lui demanda Harry en plongeant dans la potion le pétale blanc strié de rose.
« Des rhododendrons, » Dit Ron doucement derrière lui en plongeant la fleur dans la potion.
Harry ajouta deux gouttes de larmes de licorne aux pétales, puis touilla la mixture pour qu'elle devienne une colle blanche striée de rose. Dans un autre bol, il broya l'amende en une fine poudre jaune, comme il avait vu Severus le faire l'année précédente.
« Ils doivent être ajoutés simultanément dans les chaudrons, » Lui dit Hermione en jetant un œil vers le tableau.
Harry lui aussi regarda, mais ne vit pas cette instruction. Il plaça sa confiance en son amie et espéra de toutes ses forces ne pas ruiner sa potion en ajoutant les deux ingrédients.
Il y eut immédiatement une forte explosion et la potion produisit une épaisse fumée.
« Trois points en moins pour Gryffondor, Potter ! » Cria le professeur Snape quand la fumée se dissipa et qu'il apparut que personne n'était blessé.
« Je n'ai rien fait ! » Cria Harry avec indignation, un peu choqué par sa réaction.
« Les instructions disaient clairement qu'il fallait les ajouter simultanément, » Dit le professeur en s'avançant pour examiner sa potion. « S'il n'y avait qu'une seconde de décalage supplémentaire, vous auriez été inclus dans l'explosion ainsi que toutes les personnes se trouvant dans un périmètre d'un mètre trente ! Je ne pense pas que Malfoy ou l'un des Poufsouffle aurait apprécié. »
Hermione regarda elle-aussi la potion de Harry. « Elle a l'air bien maintenant, professeur. »
« Ca Granger, n'est pas le problème, » Snape la regarda d'un air menaçant puis se tourna vers Harry. « Venez à mon bureau et attendez. Je dois m'assurer que votre potion ne provoque pas d'autre interruption. »
« Je ne peux pas faire ça ! La potion sera ruinée. Vous l'avez dit vous-même : le timing est important ! »
Son professeur le regarda alors avec des yeux noirs et Harry décida d'obéir avant de se retrouver en détention avec Dean et Neville.
Snape renifla la potion puis l'accepta en rechignant. Il rejoignit Harry à sa table.
Avant qu'Harry ne puisse protester et crier à l'injustice ou lui demander ses raisons, Severus le regarda d'un air entendu et se tourna subtilement vers Ron et Hermione. Harry suivit son regard et vit qu'ils discutaient tous les deux à voix basse.
« Vous devriez être un peu plus observateur, Potter, » Lui dit Severus doucement.
Sans avertissement, ni parole prononcée, la salle fut soudain remplie d'échos. Puis tout devint silencieux et deux voix s'élevèrent dans le silence.
« Ron, qu'est-ce qui ne va pas ? Tu sembles très calme. »
« Désolé Mione. Je réfléchissais simplement. »
« A nous ? »
« Non. Au sujet de Harry. »
« Harry ? »
« Oui Hermione. Ne joue pas l'innocente, je sais que tu sais. »
« De quoi parles-tu ? »
« Il le dessine souvent. Au début j'ai trouvé étrange qu'il dessine autant le professeur Snape. Il y en a tant de lui. Il dessine aussi d'autres personnes, mais les siens semblent lui avoir donné beaucoup plus de travail. »
« Ron… »
« Je ne suis pas en colère. Je dois le dire à Harry. C'est simplement étrange. Ca me fait beaucoup de choses auxquelles je dois réfléchir, tu sais, parce qu'ils n'agissent pas différemment quand ils sont ensembles. Il continue à crier et Harry se met toujours en colère. C'est simplement très étrange. J'aurais simplement mis ça sur le dos de la créativité, mais je les ai observés pendant tout le mois. En fait, je vous ai observé Harry et toi. C'est ce qui vous a dénoncé. »
« Alors tu sais ? »
« Oui. »
« Et tu n'es pas en colère ? »
« Je suis un peu…choqué, mais autrement non. Mione, c'est mon meilleur ami et merde, il a traversé suffisamment d'épreuves. Ce n'est pas moi qui rendrais sa vie misérable. Je préfère ne pas y penser, mais ça va. »
« Alors tu devrais lui dire. »
« Oui. Mais pas maintenant. Je dois d'abord m'y habituer un peu. »
Le bruit de la salle reprit un volume normal. Il regardait toujours ses meilleurs amis et vit Hermione déposer un rapide baiser sur la joue de Ron. Harry reprit son chaudron.
« Hé Harry, c'était à quel sujet ? » Lui demanda Ron. « Pourquoi t'a-t-il demandé d'aller là-bas ? »
« Je ne sais pas, » Répondit Harry, mais il fit un clin d'œil à Hermione, faisant attention que Ron le voit.
Quand la classe se termina, une heure après, tout le monde se réjouissait du fait que Snape ne les ai pas obligés à tester leur potion. Harry et ses amis quittèrent la salle rapidement.
Ron et Hermione avaient décidé d'aller déjeuner de bonne heure, mais accompagnèrent Harry vers la salle dans laquelle se déroulaient ses cours particuliers, puis lui dirent en revoir et disparurent dans le couloir, main dans la main.
La première chose que remarqua Severus en entrant dans la salle fut les fleurs.
Elles formaient un champ de couleur jaune, rose et blanc. Au centre de la salle se trouvait le chaudron qu'il avait préparé. Prés de lui, assis sur un rocher, Harry tissait sa magie, comme toujours.
Harry avait maintenant officiellement terminé son tissage et Severus avait immédiatement changé leur leçon de magie sans baguette en potions. Maintenant qu'il pouvait le faire sans être épuisé, Harry passait son temps libre à s'amuser en changeant son motif et sa structure. Son objectif était d'apprendre à disperser son courant doré, comme Severus l'avait fait.
Il n'était pas prêt d'y arriver, mais il avait interdit à Severus de l'aider.
« Salut, » Dit Harry doucement quand il remarqua finalement sa présence.
Severus avança vers Harry et un petit chemin apparut. Abandonnant son tissage, Harry attendit patiemment que Severus le rejoigne.
« Des Rhododendrons. Elles sont très jolies. »
« Je suis content de voir que tu fais attention en cours. »
Harry éclata de rire et haussa les épaules. « Non. C'est Ron qui m'a dit leur nom. J'ai trouvé les larmes de licornes et Hermione les autres ingrédients. »
« Sais-tu pourquoi les rhododendrons sont utilisés pour stabiliser le veritaserum ? » Severus cueillit une fleur et la tendit à Harry. « En fait, c'est aussi pour ça que la salle en est remplie aujourd'hui. »
Harry prit la fleur et l'examina attentivement. « Pourquoi ? »
« Le rhododendron est la fleur du mensonge, » Lui signala Severus en retournant vers le chaudron.
Harry le suivit et regarda Severus remplir une fiole de liquide transparent. Surpris, il regarda dans le chaudron.
« Nous faisons du veritaserum aujourd'hui ? » Lui demanda-t-il.
Severus acquiesça. « Oui. Je lai préparé ce matin. Je savais que celui fait en cours ce matin ne serait pas utilisable. Tu vas apprendre à combattre ses effets. »
« Alors d'abord j'apprends à le préparer et ensuite j'apprends à le contrer ? »
« Oui, » Severus sourit d'un air satisfait. « Assis-toi pour que je puisse te l'administrer. »
Derrière Harry, une chaise apparut immédiatement. Il s'assit. Severus pencha légèrement la tête de Harry et posa trois petites gouttes de potion sur sa langue.
« Quel est ton nom ? » Lui demanda Severus.
« Harry James Potter, » Harry répondit immédiatement.
« Quel âge as-tu ? »
« Dix-sept ans. »
« Bien. La potion fonctionne correctement, » Dit Severus en posant la fiole sur la table qui était apparue près du rocher.
Il revint vers Harry et lui dit de prendre plusieurs profondes inspirations pour s'éclaircir l'esprit.
« Plus ton esprit est clair, plus il te sera facile de le contrer, » Lui dit Severus. Harry suivit ses instructions. « Le veritaserum est une potion puissante. Son objectif est de ne pas tenir compte des sentiments d'injustices et de découvrir la vérité et ce peu importe la profondeur du secret. Le seul moyen de le combattre est de ne pas le combattre. La vérité sortira mais il faut utiliser toute ta volonté. La vérité peut prendre plusieurs formes. »
Harry sourit et acquiesça. Severus commença son interrogatoire.
« Si je voulais te manipuler ou te faire souffrir, quelles personnes devrais-je utiliser pour te détruire ? »
Harry haleta, ses yeux écarquillés reflétaient la trahison, la question n'était vraiment pas juste. Il ne parvint pas arrêter le défilement des noms qui traversait ses lèvres. Il essaya de couvrir sa bouche et de mordre sa lèvre inférieure, mais rien n'y fit.
A la fin, tous les membres de l'Ordre furent listés, y compris Severus, Ron et Hermione.
Severus haussa simplement un sourcil et Harry rougit.
« Tu me condamnerais volontairement à la torture Harry ? » Lui demanda Severus doucement. « Tu condamnerais tes amis, Albus et Remus ? »
Harry secoua la tête, d'un air honteux. « Non. Je ne ferais jamais ça. Je préférerais mourir que de laisser l'Ordre souffrir à cause de moi. »
Severus posa sa main sur la joue de Harry et plongea ses yeux dans ceux plein de tristesse.
« Alors utilise ça. Utilise tes peurs et l'amour que tu ressens, utilise ce qui te rend si unique et si puissant. Souviens-toi ce que j'ai dit à propos de la vérité. Même les mensonges peuvent devenir des vérités. »
« Comment répondrais-tu ? » Lui demanda doucement Harry. « Peut-être que si tu me montrais je pourrais aussi le faire. »
Severus alla jusqu'à la table et prit trois gouttes de veritaserum. Il retourna vers Harry avec un tel calme que pour la première fois, Harry comprit comment Severus était parvenu à se tenir devant Voldemort pendant toutes ces années.
« Où se trouve le quartier général de l'Ordre du Phœnix ? » Lui demanda Harry.
Severus haussa les épaules. Il avait une expression illisible dans le regard, qui ne trahissait rien. « Tu ne peux pas t'attendre à ce que je le sache puisque je ne suis pas le gardien du secret. »
Harry était impressionné. Il n'aurait jamais pensé à donner une réponse aussi trompeuse que légitime.
« Es-tu un membre de l'Ordre du Phœnix ? » Lui demanda Severus.
Harry grogna et appuya sa main contre son front avant de répondre dans un murmure. « Oui. »
Apparemment, il faudrait encore beaucoup de travail, pensa Severus.
Quand l'effet du veritaserum s'estompa, Severus était assis et Harry faisait les cents pas et marmonnait que si le monde était détruit ce serait de sa faute. Franchement, Severus n'était pas convaincu. La salle ne leur apportait pas beaucoup d'aide. Généralement lumineuse et avec un paysage extérieur, elle avait maintenant un sol froid et ils étaient plongés dans une semi-obscurité. Comme toujours, les bougies flottaient le long des murs.
« Harry, arrête de te faire des reproches. Je t'ai dit qu'il était très difficile de se montrer plus futé que cette potion. Tu n'aurais pas dû t'attendre à réussir dès la première leçon, » Lui dit Severus, mais Harry continua à faire les cents pas.
« Je me sens si stupide ! » Déclara Harry en se tournant vers Severus. « Je devrais savoir comment le faire. Tous les mangemorts m'auraient posé les mêmes questions et quand ils le feront, je vous condamnerai tous à subir le courroux de Voldemort ! »
Severus se leva et vint vers l'adolescent désemparé. « Je t'apprendrai à le contrer. Il faut juste y consacrer du temps. »
« Je n'ai pas de temps ! » Cria Harry. « Voldemort n'a qu'à me faire voyager par Porte au Loin et je serai impuissant. »
« Harry, » Lui dit Severus gentiment. « Je doute sincèrement que cette potion soit sa première option. »
« Eh bien, je ne peux rien faire, pas vrai ? Je ne peux pas le combattre. J'ai déjà eu tant de mal à survivre ces six dernières années et maintenant je me sens comme un vase plein d'informations importantes que l'on peut extraire de moi sans aucun problème, » Grogna Harry avec colère. « Il n'a même pas besoin de se servir d'une arme ! Regarda-moi, je peux lui dire tout ce qu'il veut savoir et -»
Severus l'embrassa.
Le baiser était très tendre. Severus voulait chasser ses peurs. Il devint rapidement désespéré : Harry déversait toutes ses peurs et angoisses dans ce baiser. Le serrant contre lui, Severus les conduisit vers la chaise et s'assit, Harry sur ses genoux. Ses bras se resserrèrent autour la taille de Harry et il allégea le baiser jusqu'à ce que leurs lèvres ne soient plus que posées l'une sur l'autre. Harry gémit et sanglota, se cramponnant désespérément à la protection apaisante que lui offrait Severus.
Les doigts de Harry s'emmêlèrent dans la masse de cheveux noirs et doux alors que la main de Severus glissait sous la robe de Harry. Il retira la chemise du pantalon et passa sa main sur le dos de Harry, sentant le pommeau de l'épée sous ses doigts et le serpent glisser et se pelotonner contre sa paume.
« Harry… » Dit Severus doucement en brisant le baiser.
Harry ferma les yeux et posa son front contre celui de Severus en essayant de calmer sa respiration. Il remua sur les genoux de Severus, s'empêchant de grogner en mordant sa lèvre inférieure alors que son érection lançait des décharges électriques dans son corps.
« Je crois que je ne peux pas bouger, » Dit Harry. Il bougea la tête et la posa contre l'épaule de Severus.
Severus soupira patiemment. « Tu vas le devoir. J'ai un cours avec les troisièmes années dans une demi-heure et je ne veux pas prendre le risque de leur faire cours sans avoir mangé avant. »
Harry soupira, se mit debout et tira Severus.
« Reste ici et calme-toi un peu avant d'aller déjeuner, » Lui dit Severus. « Mets la potion en bouteille et étiquette les fioles de veritaserum si tu le souhaites. Peux-tu essayer de venir me voir ce soir ? »
Harry acquiesça. Severus déposa un autre baiser sur ses lèvres avant de se diriger vers la porte, laissant Harry, une expression hébétée sur le visage.
Sortant vivement de la salle d'entraînement de Harry, Severus descendit dans les couloirs des Serpentards pour retourner dans ses quartiers. En général, les cachots étaient l'une des zones les plus calmes du château puisque les Serpentards avaient mieux à faire que de perdre leur temps dans les couloirs et à s'inquiéter d'arriver en retard en cours.
C'est la raison pour laquelle Severus se mit sur ses gardes quand il entendit quelqu'un respirer difficilement.
Il s'approcha prudemment et fut surpris de voir un élève de Serpentard sur les genoux et apparemment souffrant. Des cheveux blonds platine, une peau pale, il n'avait aucun doute :devant lui se tenait Drago Malfoy.
Le préfet semblait être cramponné à un hibou postal alors qu'il se débattait pour respirer.
« Malfoy ? » L'appela Severus en s'approchant de la silhouette légèrement tremblotante.
Drago se retourna pour regarder son directeur de maison avec des yeux gris écarquillés. Il avait apparemment peur. Avant que Severus ne puisse lui demander ce qui n'allait pas, Drago se leva en chancelant et partit en courant, comme s'il allait être malade d'une minute à l'autre.
Severus le regarda partir et se demanda ce qu'il venait de voir. Il n'avait pas vu une telle réaction depuis longtemps. Il devrait observer Malfoy plus attentivement maintenant et voir si ses hypothèses s'avéraient exactes. Entre temps, Severus continua son chemin jusqu'à ses quartiers, perdu dans ses pensées.
Il arrivait à la porte de ses quartiers quand la douleur l'arrêta.
La marque Noire ne l'avait pas brûlé avec une telle intensité depuis bien longtemps. Les yeux serrés, il vit des étincelles de lumière et il se cramponna à son poignet, s'obligeant à ne pas émettre de son alors qu'il se tortillait contre le mur. Comme si elle avait lu dans ses pensées, la porte s'ouvrit et Severus chancela pour entrer dans ses quartiers et dans sa chambre.
Ses ongles s'enfonçaient dans sa chaire et il se pelotonna contre son drap noir. Dans sa bouche, il sentit le goût métallique du sang, il se mordait l'intérieur des joues. Aucun son ne sortait de sa bouche. Sa vision fut noyée par les vagues de douleur et c'est presque avec reconnaissance qu'il se rendit compte que sa vue devenait grise et floue, il allait sombrer dans l'inconscience.
A l'arrière de son esprit, il espérait que Harry était déjà sombré dans l'inconscience.
Puis lentement, la douleur diminua. Le poignet de Severus saignait à petites gouttes, mais il ne relâcha pas sa prise avant que la douleur ne soit plus que mineur. Dès qu'il fut assez fort pour bouger, il se leva et se dirigea vers la cheminée.
Il jeta une poignée de poudre de cheminette dans le feu et entra dans les flammes vertes.
