….en français dans le texte

Chapitre 22 : Severus et Harry

Severus n'avait accepté la mission de mettre en lieu sûr les trois cent cinquante victimes de l'attaque des mangemorts que parce que Lupin aurait été incapable de rester humain suffisamment longtemps pour achever la mission, que la disparition de MacGonagall n'aurait pas été subtile et n'aurait pas été acceptée suffisamment rapidement et que Dumbledore n'était pas une option.

Severus avait quitté Poudlard et commencé sa mission dès que Harry avait fini de raconter sa vision. Il n'était qu'à moitié conscient et on lui injectait encore de temps à autre une potion calmante à travers les crocs de son tatouage.

Lupin avait probablement sauté de joie quand il avait appris qu'il remplacerait Severus au lieu de devenir fou à force d'entendre les cris et les pleurs incessants des victimes blessées ou confuses. Il avait travaillé jour et nuit à faire des potions curatives ou des potions calmantes. Pour essayer de les ramener chez eux, il jetait un sort d'oubli, moins dangereux qu'un sort d'oubliette, sur des moldus peu reconnaissants et beaucoup plus énervant qu'il ne l'avait d'abord pensé.

Quand il avait enfin pu se débarrasser d'eux, il avait quitté la maison sécurisée.

Bien entendu, Albus l'avait retrouvé immédiatement et était venu le voir, prétextant qu'il venait chercher un rapport d'activité. Il avait également exigé que Lupin donne les cours de potions aux septièmes année à sa place.

L'énervant sorcier était venu le voir toutes les semaines depuis, et c'est pour cette raison que Severus se tenait devant la cheminée, quand les protections de sa maison se réveillèrent à minuit.

Il y avait un intrus dans la propriété.

Il ouvrit la porte d'entrée d'une main et tint sa baguette avec l'autre, devant la gorge de l'intrus. Quand il se rendit compte de qui il s'agissait, l'expression de son visage changea et il haussa un sourcil.

« Apparemment vous ne lisez pas suffisamment la Gazette du Sorcier, Potter, » Dit-il sur le ton de la conversation. Il baissa sa baguette. « Le Manoir des Snape n'apprécie pas les intrus et en tant que résidence de Serpentards, il tolère encore moins la présence des Gryffondors. »

Harry le regarda avec irritation, ce n'était pas ainsi qu'il avait imaginé que la nuit commencerait.

Dumbledore lui avait donné des instructions précises pour activer la plume, mais ce ne fut pas suffisant quand le portail s'était ouvert. Il se sentait toujours malade et secoué. Il détestait cette sensation et ce, depuis sa quatrième année. Mais ce Porte au Loin était pire que les autres.

Quand la secousse avait commencé, il s'était attendu à un voyage tranquille. Cinq minutes après, il voyageait encore dans l'air et dans la neige. Pendant quelques secondes, il s'était même demandé s'il s'était perdu ou s'il n'avait pas traversé le portail. Il était certain qu'un Porte au Loin ne prenait jamais autant de temps pour atteindre sa destination. Il le lui était pas venu à l'esprit que le Porte au Loin pouvait avoir été fait pour confondre le voyageur, afin qu'il ne sache pas où il allait. Les barrières de sécurité étaient puissantes et pouvaient être infranchissables.

Dès qu'il était arrivé, il s'était dirigé vers la porte, pensant utiliser le scorpion et les serpents pour frapper, annoncer son arrivée et mettre fin à son tourment : il se tenait après tout sous la neige de décembre.

Une barrière invisible s'était levée. Les serpents et le scorpion avaient essayé de le blesser et Severus avait ouvert la porte, tenant sa baguette contre la gorge de Harry. En plus, il avait l'audace d'arborer une expression meurtrière.

« Quoi ? Pas d'étreinte ? » Lui demanda Harry avec sarcasme.

Severus baissa sa baguette et prit une main de Harry dans la sienne. Avant qu'il ne comprenne ce qu'il se passait, un charme fut jeté sur sa main. Il avait maintenant une profonde entaille dans sa paume et saignait.

« Es-tu devenu fou ? » Cria Harry en essayant de retirer sa main.

Au lieu de répondre, Severus appuya la paume de Harry contre le scorpion argenté de la poignée. Sous le sang, Harry sentait le métal froid et un filet de magie lui fut volé.

Quand Severus retira sa main, Harry fut plus intéressé par la vue du sang dégoulinant de la poignée et disparaissant dans le scorpion dans une lueur bleu-vert que par Severus qui refermait magiquement sa plaie.

« Il faut du sang pour entrer, » Lui expliqua Severus, les yeux étaient toujours aussi noirs. « Autrement tu peux rencontrer une mort plutôt rapide. Tu peux être reconnaissant que les barrières m'aient averti au lieu de se débarrasser simplement de toi. »

« Hmm. Alors est-ce que je t'ai manqué ? » Préféra lui demander Harry.

Severus le tira dans la maison et sans mot, referma la porte derrière lui. Il l'attira si rapidement contre lui qu'Harry haleta de surprise. Le corps de Severus était aligné contre le sien, le visage de l'homme exaspérant était douloureusement proche du sien, si bien qu'Harry avait peur que sa respiration ne redevienne jamais normale.

« Est-ce que tu m'as manqué, Harry ? » Lui demanda Severus, ses yeux arboraient une expression illisible, mais ils étaient verrouillés dans ceux de Harry. « Je ne pense pas avoir besoin de te demander si je t'ai manqué ? J'ai entendu certaines choses troublantes depuis que je suis parti. Je suppose que tu as pensé qu'essayer de t'empoisonner me ferait revenir plus vite ? »

« Oh, je suis désolé. Je crois que la question aurait dû être, t'es-tu inquiété à mon sujet ? » Lui demanda Harry en souriant malgré lui.

« Espèce de sale gamin, » Grogna Severus. Mais son index jouait avec une mèche de ses cheveux et ses lèvres étaient à quelques centimètres de celles de Harry. « Que fais-tu ici ? »

Harry rit doucement.

"Je suis venu te souhaiter un bon anniversaire, parce que c'est ton anniversaire, n'est-ce pas?" Murmura-t-il légèrement contre la lèvre de Severus. « Alors joyeux anniversaire, Severus. »

Severus jura entre ses dents, puis enroula ses bras autour de la taille de Harry, l'attira contre lui et le tint serré, écrasant ses lèvres contre celles légèrement rouges et tentatrices de Harry. Harry gémit et Severus approfondit le baiser presque brutalement. Harry n'avait pas été le seul à qui leurs petits interludes avaient manqué. Severus avait été sur les nerfs les six semaines. Se refamiliariser avec ses lèvres, ses mains, son existence toute entière avec Harry semblait si parfait, c'en était presque effrayant.

Gentiment, Severus interrompit le baiser et Harry grogna à contre cœur.

« C'est l'idée d'Albus, hein ? » Lui demanda Severus doucement. Il avait une légère note d'énervement dans sa voix. « C'est lui qui t'a envoyé ici ? Quand apprendra-t-il à ne pas se mêler autant des affaires des autres ! »

Harry soupira et Severus suivit légèrement ses lèvres gonflées et rouges, peut-être pour s'excuser. Il se retourna.

« Je dois dire deux mots à Dumbledore. Je vais essayer de deviner ce qu'il a bien pu penser en t'envoyant ici. Ne bouge pas. Je reviens dans quelques minutes. »

Harry le regarda partir en silence. N'ayant rien d'autre à faire, il observa la pièce dans laquelle il se trouvait. Il reconnut immédiatement l'immense hall d'entrée. Il l'avait aperçu dans la pensine de Severus. Des piliers en pierre, un escalier et un haut plafond étaient les témoins de la fierté et de la structure historique du manoir des Snape.

En regardant simplement, l'esprit de Harry se remplit d'images d'évènements qui s'étaient déroulées ici.

Elle n'était pas là. Je suis descendu du carrosse et elle n'était pas là. Et je savais… Je savais dans mon âme qu'elle ne serait plus jamais là mais je… je ne voulais pas y croire.

« Mère ! Mère, où es-tu ?Qu'as…tu fait ? Tu…salaud ! Que lui as-tu fait ? »

Il l'avait tué parce que je n'étais pas là pour la protéger quand j'aurais dû.

« Où penses-tu aller, stupide enfant ? Je suis ton père. Je te retrouverai toujours. »

« Au revoir père. Ne t'inquiète pas, je reviendrai bientôt clore le score. »

Bien entendu, aucun de nous n'est mort cette nuit-là. Il vivait. Je vivais. Nous avons vécu suffisamment longtemps pour que je puisse me venger.

« Tu n'es pas le bienvenu ici. »

« Tu as tort. Aucune pitié père. »

Mon propre père Harry… J'ai de nombreux vilains secrets et je préférerais ne pas t'assombrir davantage avec eux. Mais tu devais connaître et comprendre celui-ci.

« Harry ? »

Harry se détourna de ses pensées avec des yeux écarquillés et une expression confuse pour regarder Severus qui se tenait au même endroit que lorsqu'il était parti à l'âge de dix huit ans.

« Comment peux-tu revenir ici après tout ce qu'il s'est passé ? Comment peux-tu le supporter ? » Lui demanda Harry. « Et pourquoi cette fois ? Les mangemorts ont attaqué ici. Ils peuvent revenir chercher ce qu'ils n'ont pas trouvé. Ils le feront probablement. »

Severus ne bougea pas mais son expression se durcit et ses yeux étincelèrent dangereusement.

« C'est ma maison, Harry. Chaque pierre, chaque peinture, chaque sort qui a été jeté ici sous l'effet de la colère, de la vengeance ou de l'obscurité est une part de moi comme toutes les bonnes choses. Ils sont mon sang. Celui de tous les Snape morts ici coule dans les recoins de sa structure. Comme mon sang et comme celui de tous ceux qui entrent en font parti, c'est une part de moi ! C'est ma maison ! Je ne laisserai personne penser qu'il peut réussir à la prendre. Alors laisse-les revenir. Laisse-les essayer. Laisse-les… »

Harry ne tressaillit pas extérieurement, mais quelque chose à l'intérieur de lui trembla en voyant les émotions qui illuminaient les yeux de Severus. C'était le côté de Severus que l'on voyait rarement maintenant. L'obscurité et la lumière en une seule personne, se balançant si parfaitement et si dangereusement.

C'était le sorcier qu'il aimait… pour le meilleur ou pour le pire.

Et de la même manière que la colère était apparue, elle fut remplacée par un voile de non émotions alors que Severus s'approchait à nouveau de Harry.

« J'ai parlé à Albus. Il a dit qu'il s'inquiétait pour toi. Il a dit que tu avais besoin de temps loin de Poudlard et loin des leçons qui ne servent qu'à te faire du mal. Aussi imprudent que ça puisse l'être, il croit que tu seras en sécurité ici. Je ne suis bien entendu pas d'accord, mais j'ai appris depuis longtemps à ne pas discuter avec lui. On ne gagne jamais et on perd un temps précieux. »

Il tendit à Harry ce qui était apparemment un encrier. « Il m'a dit de te donner ceci. C'est le Porte au Loin qui te ramènera à la maison, il s'activera à minuit pile demain. Tu dois aller dormir. Apparemment tu ne t'es pas beaucoup reposé ces derniers temps et je ne te ferai pas perdre les vingt quatre heures que tu vas passer avec moi. »

Harry prit l'encrier, le fixant avec un peu trop d'intensité, refusant de croiser les yeux de Severus. « Je suis désolé. Je n'aurais pas dû poser toutes ces questions. Ce ne sont pas mes affaires -»

Severus l'interrompit en l'embrassant légèrement. Harry se demanda si ce n'était pas sa manière de s'excuser pour des paroles prononcées un peu trop brutalement à une personne vingt ans trop jeune pour comprendre complètement leur signification.

« Je vais te montrer ta chambre, » Murmura Severus contre les lèvres de Harry. « Vas dormir, ou prétends dormir. »

Harry suivit Severus, sans protester. Ils montèrent les escaliers et Severus ouvrit une chambre ne contenant que des objets bleu marine.

Le lit était très grand et les rideaux en tissu du baldaquin étaient décorés de glands. Les draps étaient en soie, le tapis semblait être fait d'une texture qui la rendait perpétuellement neuve et les meubles étaient anciens, ils avaient dû passer de génération en génération. Toutefois la salle de bain qui se trouvait à sa gauche était contemporaine et incluait les facilités modernes.

La pièce lui parut vide quand Severus partit, mais Harry soupira courageusement, prêt à passer la nuit.

Dès que sa tête toucha l'oreiller, il sombra dans le sommeil.


« Jean-Claude, te souviendras-tu de moi quand je serai mort ? »

« Quand tu seras mort, Harry ? »

« Oui, si je ne vaincs pas Voldemort et que je meurs ? Pourras-tu te souvenir de moi tel que je suis ? »

« Harry, tu ne mourras pas. »

« Peut-être que non, mais rappelle-toi de moi tel que tu m'as connu. Pas comme un héros ou un sorcier puissant, pas comme celui que tout le monde voit. Juste Harry. »

« Harry, tu ne devrais pas penser comme ça. Ce n'est pas bien et je me demande si tu n'arrêtes pas tes séances un peu trop tôt. »

« Jean-Claude, s'il te plait. Je ne dis pas que j'abandonne ou que je veux mourir. C'est seulement dans l'hypothèse que je meurs et que lui non. J'ai besoin de personnes qui se souviennent de moi sans la gloire et sans la célébrité. Severus le fera, je le sais, mais je te le demande aussi. Tu as dit que tu m'aimais. Souviens-toi de la personne que tu aimes. »

« On me jettera le sort d'oubliette dans deux jours. »

« Je sais. Je ne voulais pas dire de cette façon là. Dans ton cœur. S'il te plait. »

« Je ne sais pas si je peux… »

« S'il te plait. Souviens-toi de moi comme juste Harry. J'ai besoin qu'on se souvienne de moi, mais pas pour ce que j'ai fait quand j'étais trop jeune pour contrôler quoi que ce soit. »

« Très bien Harry. Si tu meurs, je me souviendrai de toi pour les raisons pour lesquelles je suis tombé amoureux de toi comme ton professeur Snape le fera sans nul doute. »

« Merci Jean-Claude. »

« De rien, mon cœur. Seulement essaye de ne pas mourir, pour son bien et pour le mien. »


Sang, larmes, cris et angoisse.

Tourbillon.

Echos. Obscurité. Tourment.

« Non ! »

Aveugle, plaies ouvertes, corps brûlés et déchiquetés.

Toujours…Toujours les accusations.

Toujours le sang.

Saignant.

Harry Potter saignant, le sang s'écoulant de plaies qu'il a gravées dans sa peau.

Harry, le sort mortel se reflétant dans ses yeux émeraude.

Yeux émeraude.

Yeux.

Harry se réveilla en criant, le souffle court. Il était en sueur et son corps pris de violentes convulsions.

Cauchemar ! Cria son esprit. Cauchemar !

Il en avait régulièrement depuis qu'il avait eu sa vision dans la Grande Salle. Ils étaient faits de cris d'accusations, de cris de colère des moldus et de sorciers brûlants, mourants, ensorcelés. De Harry, ne les sauvant pas alors qu'il aurait dû.

Harry se balança d'avant en arrière lentement. D'avant en arrière… sa respiration hachée.

C'était ainsi que ça s'était passé bien entendu. L'ordre était intervenu, Dumbledore le lui avait dit. A moitié conscient, Harry leur avait raconté ce qu'il avait vu dans sa vision et les membres de l'Ordre avaient été envoyés rapidement. Remus, Severus et même MacGonagall étaient partis pour secourir les victimes.

Severus n'était pas revenu et Harry avait commencé à rêver de cris.

Comment peut-on laisser partir une personne que l'on aime ? Comment la laisse-t-on partir vers une mort évidente ? Comment supporter le silence et le besoin de savoir ? Comment ?

Harry buvait des poisons et attendait. Pratiquait la Magie Sans Baguette dangereuse et attendait. Pratiquait des sorts défensifs, prétendant que Voldemort se tenait devant lui et que les cris qu'il entendait quand il dormait n'étaient pas des échos de la réalité…et attendait.

Severus devait avoir raison, parce que Severus l'aimait et l'amour était la seule chose qui le retenait et c'était la chose la plus puissante.

Parfois, les cris dont il rêvait venaient de Severus.


Harry avait réussi à arriver en chancelant à la cuisine. Dès que la peur et les pulsations qu'il ressentait dans ses veines avaient cessé, il avait été capable de se changer. Il ne savait pas où était Severus, mais il avait réussi à trouver les cuisines. Le Manoir s'était réorganisé pour qu'il le confonde, comme le faisaient les cachots à Poudlard. Très Serpentard.

Harry n'avait eu besoin que de s'éclaircir l'esprit.

C'était assez fascinant de voir qu'il n'y avait pas d'elfes de maison. C'était étrange parce qu'il semblait toujours y en avoir dans les maisons de sorciers comme si elles étaient équipées d'elfes de maison. Comme il n'en avait pas vu jusqu'à présent, il en avait conclu qu'ils étaient peut-être eux-aussi en vacances.

Harry était allé dans la cuisine mais n'avait rien trouvé à manger.

Puisqu'il ne pouvait pas le demander aux elfes de maison, Harry avait cherché par lui-même et il n'avait découvert qu'une seule chose : Severus n'avait besoin ni d'eau ni de nourriture. Harry ne trouva que de l'alcool.

Inutile de dire qu'il était un peu pompette quand Severus arriva.

« Je ne suis pas soûl, » Déclara doucement Harry, balançant la bouteille de Firewhisky alors que Severus le regardait calmement, une expression illisible sur le visage. « J'ai fait un cauchemar. J'ai trouvé que tout est préférable que de retourner me coucher. »

« Tu as besoin de dormir, Harry. Ton corps a besoin de se reposer. »

Harry mordit sa lèvre inférieure une seconde avant de répéter dans un murmure. « J'ai fait un cauchemar. Je ne pouvais pas retourner me coucher. Je ne suis pas fatigué. Je suis parfaitement éveillé et si tout se déroule comme prévu, j'ai l'intention de le rester jusqu'au matin. »

Severus lui prit le firewhisky et le renvoya dans le placard d'où il venait grâce à un sort de lévitation. Il fit courir ses longs doigts dans les cheveux noirs broussailleux. N'abandonnant pas son expression, il traça des motifs compliqués, invisibles sur les joues douces de Harry, buvant la douce lumière de ses yeux verts.

Il l'embrassa. Suffisamment pour qu'Harry retienne son souffle. Même pas suffisamment pour qu'il soit satisfait.

Ses lèvres descendirent légèrement le long de son cou, jusqu'à sa colonne vertébrale. Cette fois, ce furent les doigts de Harry qui s'emmêlèrent dans les mèches d'ébène. Il gémit et Severus l'apaisa.

Des boutons ouverts avec des doigts talentueux. Une chemise écartée.

Un rideau de cils tomba, cachant les yeux verts étincelants alors que la langue de Severus dansait sur sa peau. Harry gémit, perdu dans le brouillard et la lumière crée par Severus.

Baisers, mordillons. Baisers, coups de langue. Les doigts de Severus glissaient sur la peau nue si gentiment qu'Harry aurait été étonné que cette personne et le 'professeur Snape' soit la même.

Harry n'avait pas de pensées cohérentes.

Harry ne pouvait pas penser quand la langue de Severus était sur lui. Sur ses lèvres. Légère.

D'une manière ou d'une autre, Harry finit assis sur la table, Severus debout devant lui. Ses doigts s'agrippèrent à des mèches rebelles alors que Severus goûtait chaque once de sa gorge, de ses épaules…de sa poitrine.

Il tira sur chaque mamelon. Petits baisers. Petits coups de langue.

Un autre bouton d'ouvert. Puis, la fermeture éclaire glissa prudemment sur son érection douloureuse et un gémissement vibrant demanda de l'attention.

Harry haletait. Gémissait. Des souffles d'air hachés.

Son pantalon fut enlevé suivit par son caleçon, laissant Harry haleter, sentant le souffle chaud contre son membre comme si Severus le faisait exprès.

Courts, coupés cette fois, éraflant la cuisse nue de Harry, la pulpe des doigts de Severus suivait légèrement les cicatrices, maintenant plus permanentes que ternes, douleur sourde qui avait provoqué leur existence.

Les baisers revinrent. Lentement. Délibérément.

Le sang de Harry semblait se rassembler entre ses jambes.

Harry haleta quand il fut pris dans une succion humide. Des doigts s'agrippant désespérément aux coins de la table. Tête jetée en arrière.

Titubant.

Titubant… avec la langue de Severus tourbillonnant autour de la chair douloureuse.

Titubant.

Titubant.

Le soudain air froid. Harry hurla presque de cette perte quand la langue de Severus l'intima au silence. Presque trop brutale. Pas suffisante pour apaiser la douleur.

Puis les lèvres de Severus furent à son oreille.

« Viendras-tu si je te le demande simplement ? Tu le pourrais. Tu es si près que tu en trembles. » Doucement. « Viens pour moi, Harry. »

Calmement, regardant dans les yeux onyx, se sentant perdu et dans le brouillard… Harry fit exactement ce qu'on lui avait demandé.

Severus l'embrassa à nouveau, l'enserrant avec attention, le tenant pendant que son corps convulsait. Calmant le flot, apaisant les flammes. Le souffle de Harry redevint très lentement régulier. Quand ils interrompirent le baiser, il posa son front sur la poitrine de Severus et celui-ci les nettoya sans baguette.

« Je ne suis pas venu ici pour…ça. Je suis venu parce que tu me manquais Severus, » Lui dit Harry doucement dans le silence.

« Je sais, » Répondit Severus.

Harry rencontra son regard, cherchant une trace de regret ou d'obligation, mais il n'y en avait pas. Seulement Severus. Son Severus.

« Je t'aime, » Murmura Harry.

Severus ne répondit pas. Il se leva pendant qu'Harry descendait de la table pour se rhabiller.

Quand Harry eut terminé, Severus le souleva sans effort, le portant dans ses bras. Harry lui en fut reconnaissant parce qu'il n'était pas certain d'avoir la force de bouger plus que nécessaire.

Severus l'emmena dans la chambre bleue marine et le déposa sur le lit.

« Dors maintenant, » Lui ordonna doucement Severus et Harry lui sourit.

Cette fois, quand Harry s'endormit, il ne fit pas de cauchemars.


Harry se réveilla avec une migraine et l'impression distincte que l'enfer avait pris résidence dans sa tête pour la journée. Il ne pensait pas avoir suffisamment bu pour avoir la gueule de bois, surtout qu'il se souvenait parfaitement bien de tous les détails de la nuit. Sa tête ne voyait pas les choses ainsi.

Saleté d'alcool sorcier ! Bon sang qui a décidé qu'il devait être aussi fort !

Il n'avait pas mis sa chemise et le bouton de son pantalon était ouvert, mais il s'en fichait complètement. Il arriva chancelant à la cuisine. Heureusement qu'Harry l'avait retrouvée, parce que cette fois, Severus était déjà là.

Harry s'effondra sur une chaise, grogna de douleur et essaya de son mieux de combattre les images de la nuit dernière. Images qui lui rappelaient que la douleur qu'il ressentait valait le coup.

Severus lui tendit une tasse et Harry espéra avec ferveur qu'il s'agissait d'une fiole de potion contre la gueule de bois.

« Attends, » Severus plissa les yeux suspicieusement. Harry arrêta son geste alors qu'il allait boire la fiole. « Quels poisons m'as-tu dit avoir pris ? »

Harry lui donna le nom de dix poisons et lui avoua avoir pris parfois plusieurs poisons en même temps.

Severus reprit la potion. Harry gémit de déception.

« Je n'en ai pas pris depuis deux semaines ! » Protesta Harry en mettant de côté le fait que son esprit le comparait à un toxicomane moldu.

« Et tu as besoin de deux autres semaines si tu veux ne serait-ce que penser prendre une autre potion. Tu as ingurgité les dix poisons les plus puissants. Les mélanger était stupide. Les prendre sans surveillance… sans ma surveillance… était très dangereux, » Rétorqua Severus avec colère.

« Qu'est-ce que je fais en cours alors ? Devrais-je crier contre toi et refuser de tester mes potions ? » Lui demanda Harry avec des yeux noirs.

« Toi et moi savons tous les deux que tes talents en potion sont maintenant bien au-delà de ceux d'un élève de septième année. Je suis certain que tu n'as pas besoin de tester tes potions pour savoir que tu les as préparés correctement. »

Le cerveau de Harry protesta violemment mais plus de voix encore s'élevèrent pour l'intimer au silence. Il évita un autre gémissement quand il ressentit un violent coup dans la tête. Bougeant dans son dos, Harry sentit le serpent remonter doucement le long de ses épaules, posant sa tête sur son cou.

Severus avança la main pour le toucher et il le sentit légèrement bouger en réponse aux légères caresses qu'il faisait sur la peau de Harry.

« Dumbledore a dit qu'il m'avait sauvé, qu'il m'avait empêché de perdre l'esprit le jour où j'ai eu cette vision, » Murmura Harry, même s'il savait que Severus devait connaître cette information ou en avoir entendu parlé. « Je ne m'en souviens pas. Je ne me rappelle que de la potion traversant mon corps. Et je sais qu'ensuite je me suis effondré de soulagement. Je ne me souviens même pas avoir parlé de la vision à Dumbledore. »

« Je t'ai dit que les tatouages tels que le tien étaient imprévisibles. Dans ton cas, il semble t'offrir une protection. » Les doigts de Severus traçaient des arcs dans le cou de Harry d'une façon hypnotique. « Alors, tu t'es exercé à la Magie Sans Baguette tout seul ? A quel point as-tu progressé ? »

Harry sourit fiérement. Sa tête reposait maintenant dans le creux de son bras, sur la table et il n'était pas certain de pouvoir s'asseoir et encore moins de pouvoir effectuer une tache qui lui demandait encore tant d'effort.

Cependant il fit venir la potion contre la gueule de bois grâce au sort accio, en prononçant simplement les mots.

« Je n'ai pas encore maîtrisé l'art de jeter les sorts sans prononcer les mots. » Dit-il en rougissant à moitié de fierté et à moitié d'embarras.

Severus acquiesça de compréhension. Ses doigts continuaient à caresser les doux cheveux noirs de Harry. De l'autre, il rappela la potion et Harry lui jeta un regard faussement noir.

« Je ne serai pas un très bon invité aujourd'hui, j'en ai peur. » Déclara Harry en haussant les épaules. « Tu ne sembles pas disposer à me laisser me débarrasser de mon mal de tête, alors si ça ne te dérange pas, je vais aller dans ma chambre, essayer de ne pas bouger ou de ne pas faire un bruit. »

Severus le regarda sans pitié et Harry lui rendit son regard, avec des yeux noirs. Mais Harry abandonna rapidement les efforts qu'il faisait pour s'énerver contre lui. Severus pouvait avoir l'air vindicatif, mais sentir ses doigts masser son cou divertissait ses pensées de l'impression d'avoir un marteau dans la tête et attirait son attention vers une autre partie de son anatomie.

Les yeux de Harry se fermèrent et il se perdit dans les caresses réconfortantes et dans le fait de savoir que lui seul connaissait ce côté gentil de Severus.

Quand une goutte chaude tomba sur son front, les yeux de Harry s'ouvrirent immédiatement.

Il ne fallut pas longtemps pour que la douleur qu'il ressentait dans sa tête disparaisse et qu'il puisse s'asseoir et regarder avec étonnement le sorcier devant lui.

« Des larmes de phœnix, » Ajouta Severus avec nonchalance. « Ce n'est pas une potion, alors tu ne risques rien. »

« Fumfseck ? » Lui demanda Harry, connaissant déjà la réponse. Il regardait la petite bouteille que Severus tenait entre deux doigts. « Comment les as-tu eus ? »

Severus le lui dit avec un regard indifférent tout en renvoyant la bouteille d'où elle venait.

« Severus, vous êtes blessé et ça a l'air grave ! Laissez au moins Fumfseck vous soigner. »

« Je vais bien, Albus. Qu'est-ce que vous avez vous et votre oiseau à vouloir tous les deux me guérir ? Quand comprendrez-vous que je suis bien trop brisé pour être guéri ? »

« Nous faisons ce que nous devons, Severus. Laissez Fumfseck vous aider. »

« Je ne veux pas des larmes. »

« Non. Pourtant vous avez l'air d'en avoir besoin. Sinon Fumfseck aurait arrêté de pleurer depuis longtemps, mais il continue à chaque fois qu'il vous voit. »

« Eh bien, si vous pouvez empêcher ce maudit oiseau de se lamenter pour moi, alors faites en sorte que les larmes soient utiles. »

« Les larmes sont pour vous. »

« Alors mettez-les en bouteille et postez-les-moi ! »

« Je les ai reçus tous les ans depuis que j'ai rejoins l'Ordre la première année. » Dit Severus avec dégoût. « Inutile de dire que j'évite l'oiseau comme la peste. C'est déconcertant d'être dans la même pièce qu'un phœnix qui pleure pour moi. Je l'utilise dans les potions curatives dont Pompom a besoin pour l'infirmerie.

Harry éclata de rire à l'image qui lui traversa l'esprit : Severus grimaçant face à Fumfseck pleurant. Mais s'il réfléchissait à la dernière fois qu'il avait vu le phœnix, c'est ce qu'il s'était passé, Harry admit rapidement que c'était une sensation suffisamment inconfortable pour une seule journée.

« Je pense que je vais moi-aussi bientôt recevoir des bouteilles de larmes, » Lui dit Harry se sentant bien mieux maintenant que la gueule de bois était terminée.

« Alors tu ne trouveras plus ça drôle quand ça arrivera. » Lui dit Severus aigrement.

Harry se leva et vint se placer devant Severus, un sourire sur le visage. Le sourire se transforma rapidement en une expression pensive alors qu'il enveloppa ses bras autour du cou de Severus et regarda dans les yeux noirs qui avaient vu tant de destruction qu'un phœnix pleurait continuellement en sa présence.

Severus n'était pas très beau, réalisa Harry. En fait, il avait un nez crochu, des lèvres trop fines, des yeux perçants et un teint qui était plus que pâle. De plus, il portait beaucoup trop de vêtements, en particulier à l'intérieur où la température était élevée magiquement pour que chacun se sente à l'aise.

Mais, il y avait quelque chose en Severus qui attirait Harry. Comme une chaîne serrée autour de lui, le faisant souffrir quand il était loin de Severus, et l'empêcher de respirer correctement quand il était trop près de lui.

Tout à l'intérieur de Harry souffrait pour Severus.

« Je ne t'ai pas encore donné ton cadeau d'anniversaire, » Murmura Harry en mordant sa lèvre inférieure.

Severus regarda les yeux verts scintillants et s'interrogea sur sa santé mentale. Il y avait quelque chose avec Harry, qui le faisait penser irrationnellement. Comme lorsqu'il refusait irrationnellement de voir de tristesse dans les yeux émeraude aussi longtemps qu'il avait le privilège de regarder en eux quand il le voulait. Ou l'irrationnelle guerre qu'il menait à l'intérieur dès il tenait Harry contre lui.

Il pouvait déteindre sur lui, en le touchant simplement et pourtant, tout ce qu'il voulait était de le tenir contre lui.

Severus voulait Harry comme il ne le devrait pas, mais il était incapable de nier ce désir longtemps et ne souhaitait pas le nier trop longtemps.

« Alors où est-il ? » Lui demanda Severus.

Harry sourit à nouveau et ses yeux s'illuminèrent comme des émeraudes. Il jeta le sort d'attraction et attira un petit paquet. Harry tendit le cadeau à Severus, se dégageant de lui, puis s'assit sur la chaise près de la table, mordant sa lèvre inférieure.

Au bout d'une chaîne dorée pendait un prisme en rubis. Le cœur du rubis brillait d'une couleur émeraude. En or, le côté gauche de la lueur contenait l'initial H alors que le droit avait le P. Peu importe la direction que prenait le pendentif, le motif était toujours visible.

« Tu m'as donné une bague que je porte autour de mon cou, » La main de Harry se referma sur la bague en argent. « Je voulais quelque chose qui contienne autant de moi que cette bague contient de toi. Alors je l'ai fait le mois dernier. Et ne t'inquiète pas, il contient un charme d'invisibilité et de protection. Le professeur Flitwick m'a appris comment en jeter un lors d'un cours particulier. Il voulait savoir ce que je voulais faire avec, mais je ne lui ai rien dit. Eh bien, je lui ai simplement dit que j'avais besoin de placer de puissants charmes sur un cadeau pour le donner à quelqu'un. Comme un charme qui viendrait d'une vieille famille sorcière. Il m'a appris comment puiser dans l'héritage des Potter et quand je l'ai fait, j'étais -»

Deux pas, une vive secousse et Severus attira Harry l'embrassant profondément, interrompant effectivement le discours nerveux. Ce furent les meilleurs remerciements que Harry ait reçus, même si Severus n'avait pas voulu leur donner voix.

Quand ils interrompirent le baiser, Harry posa sa tête contre l'épaule de Severus et soupira de bien-être.

« Alors que faisons-nous du reste de la journée ? » Lui demanda-t-il doucement alors que Severus mettait la chaîne et son pendentif complexe autour de son cou.

Severus haussa les épaules. « D'abord nous mangeons. Puis nous voyons ce qui se passe. »

Harry éclata de rire et déposa un baiser sur le coin de la bouche de Severus puis sourit à nouveau de bien-être. Cette journée serait-leur. Et quoi qu'il puisse se produire, le reste du monde pouvait attendre.

Ils seraient simplement tous les deux, seuls, pour la journée.


« Ne viendras-tu pas avec moi ? » Lui demanda Harry.

Il se tenait dans la neige mouillée qui tombait du ciel. Harry semblait douloureusement triste. Il serrait l'encrier dans sa main. Le ciel noir, et ses étoiles scintillantes et éparpillées, étaient les seuls témoins de leur séparation.

Un côté de Severus brûlait désespérément du désir de ramener Harry dans la maison et jouer à 'prétendre' être heureux une fois de plus. Mais son côté le plus rationnel lui demandait s'il n'avait pas complètement perdu l'esprit.

Le Porte au Loin s'ouvrirait dans cinq minutes. Harry devait retourner à Poudlard.

« Tu sais que je ne peux pas, » Lui dit Severus avec fermeté. « Tu sais que je ne viendrai pas. »

Harry acquiesça tristement et sourit, mais son sourire n'illumina pas ses yeux ternes. « Je devais demander. Juste au cas où aujourd'hui aurait été aussi parfait pour toi que pour moi et que tu ne puisses pas attendre plus longtemps. »

Severus fit quelques pas pour se tenir devant lui. Une part de lui combattait l'autre, mais il ignora les avertissements que son côté rationnel lui lançait.

Il avança un doigt dans le froid de l'hiver et toucha la joue qui avait déjà commencé à rougir. Puis légèrement, il embrassa les lèvres rouges qui avaient été mordues plus tôt dans la journée.

Quand il essaya de se reculer, Harry émit un petit gémissement et l'attira dans un baiser beaucoup plus désespéré. Severus le laissa faire, apaisant sa frénésie par des mots murmurés qu'il ne savait pas pouvoir exprimer.

Puis ce fut l'heure de partir et Severus se recula. Harry lui sourit tristement en guise d'au revoir puis il sentit la légère secousse.

« Je t'aime Severus, » Murmura-t-il alors qu'il disparaissait.

Ses paroles furent transportées par le vent, se mélangeant avec les flocons dansant et les étoiles scintillantes contre un ciel nocturne.

Severus sentit quelque chose trembler et il ressentit une douleur à l'intérieur de lui.