Merci à ma correctrice AnthaRosa

Chapitre 23, dehors, regarder dedans

Harry sut quand la tranquillité de Poudlard fut brisée.

L'explosion soudaine de discussions et de rire furent son premier indice, mais ça n'intéressait pas Harry. Il était revenu à Poudlard le jour de Noël et y avait fêté le nouvel an, mais le château lui avait paru vide pendant les vacances. Beaucoup d'élèves étaient restés et s'il n'y avait pas eu ces rumeurs incessantes sur son statut de héros, il serait probablement devenu fou, pensant sans autre distraction aux discussions qu'il aurait pu avoir avec Ron, Hermione ou Severus.

Heureusement, Will avait été là et s'ils étaient devenus amis l'année précédente, ils avaient passé ces vacances ensemble.

En fait, ils étaient en train de faire une bataille explosive dans la Grande Salle, lorsque les grandes portes du château s'étaient ouvertes pour laisser entrer les élèves que l'on entendait se précipiter à l'intérieur, le bruit s'élevant théâtralement.

« Prépare-toi, Harry, » Murmura Will d'une voix conspiratrice. « Il semblerait que le trimestre vienne de commencer. »

« Est-ce que ça te dérange si nous arrêtons de jouer ? » Lui demanda Harry en riant. « Je veux voir si Hermione et Ron sont déjà revenus. »

Will éclata lui-aussi de rire, parce que pour lui, le rire de Harry était contagieux.

« Bien sûr ! » Proclama-t-il en sautant de son siège à la table des Gryffondors. « Je veux moi-aussi voir si les Serdaigles sont revenus. De plus, les elfes de maisons vont bientôt avoir besoin de la Salle pour préparer la fête. »

Ensemble, ils passèrent devant des groupes en pleine discussion et reprirent contact avec des amis ou des élèves de Poufsouffle, avant de sortir dans l'air froid de janvier. Le changement fut bienvenu, ils passèrent de la chaleur du château au froid de l'hiver. Le soleil qu'ils rencontrèrent n'augmentait pas la température, mais avec leur robe de sorcier, leur écharpe et leurs mitaines, ils pensaient de temps à autre aux sorts qui réchauffaient le château, alors que leurs bottes crissaient dans la neige qui recouvrait le sol.

Harry ne put s'empêcher de sourire : l'air autour d'eux résonnait de bonheur. C'était comme si les élèves ne s'étaient pas vus depuis des mois, alors qu'ils ne s'étaient quittés que trois semaines. Les cris en étaient presque assourdissants.

« Oy Harry ! Harry ! Par ici!"

Harry éclata de rire en entendant la voix de Ron se joignant aux cris. Will et lui se retournèrent vers l'origine du cri, à temps pour voir arrivé le carrosse de Ron suivit par les autres.

Ron était appuyé contre la fenêtre, à moitié hors du carrosse, faisant de grands gestes, excité. Dès que le carrosse se fut arrêté devant Harry, Ron sauta, un grand sourire sur le visage.

« Salut Harry. Salut Will, » Dit-il d'une voix bien plus calme, mais en souriant toujours. « Vous pouvez avoir l'air heureux maintenant. Je suis là. »

Will et Harry rirent en entendant la déclaration absurde de Ron.

« Ron, est-ce que les Serdaigles sont déjà arrivés ? » Lui demanda Will quand leurs rires s'émoussèrent.

« Nan, » Lui dit Ron en secouant la tête. « Ils devraient être derrière avec Padma et Malfoy. C'est l'ordre cette année. Hannah conduit les Poufsouffles, suivit par moi et les Gryffondors. Puis vient Padma et les Serdaigles, Malfoy et les Serpentards puis Hermione amène les derniers.

Il y eut des hurlements venant de l'arrière pour Will. Alors avec un sourire pour Ron et un geste d'au revoir pour Harry, Will les quitta pour rejoindre les membres de sa maison qui le saluaient.

Dès qu'il fut parti, Ron regarda Harry avec amusement. « Il va vraiment tomber de haut, hein ? »

« Ron, nous sommes simplement amis, » Répliqua Harry avec culpabilité. « Je sais que tu sais qu'il n'y aura rien entre lui et moi. »

Ron éclata de rire. « Oui je sais et tu le sais, mais lui Harry, le sait-il ? Il ne te regarde pas comme s'il comprenait. Il te regarde encore…très intéressé. »

Harry et Ron n'avaient pas encore parlé de la personne qu'Harry aimait. Harry savait que Ron savait et Ron s'était rendu compte que Harry savait qu'il savait. Et cela rendait leur vie beaucoup plus facile. Harry n'avait pas besoin d'admettre quoi que ce soit d'incriminant à Ron et Ron réalisa que Harry ne devrait pas le dire à haute voix. Ils avaient résolu le problème à la manière des mecs et ça semblait très bien marcher.

« Je ne peux pas lui demander d'arrêter de m'aimer et m'attendre à ce qu'il le fasse, » Déclara Harry, pas tout à fait sur la défensive, « Ce n'est pas aussi facile. »

« Bien… » Dit Ron qui souriait toujours. « Alors puisque nous en parlons, comment s'est passé ta journée, celle que tu n'as pas passé ici ? Pas trop de détails surtout. Je veux manger confortablement ce soir. »

Harry le regarda avec des yeux faussement noirs. « C'était bien. »

« Génial ! Tu en as assez dit. »

« Effectivement. »

Devant eux, s'arrêta le carrosse de Hermione. Elle ne criait pas mais faisait de grands gestes des bras et elle aussi semblait vouloir sortir par la fenêtre. Dès que le carrosse s'arrêta, Hermione sauta avec enthousiasme et se jeta pratiquement dans les bras de Ron.

Ils passèrent dix bonnes minutes à s'embrasser et à murmurer entre eux, pendant qu'Harry souhaitait que la terre s'ouvre sous lui pour lui éviter de se tenir bêtement derrière eux.

« Salut Harry, » Dit Hermione en riant.

Il semblerait qu'elle et son petit ami aient arrêté de s'embrasser suffisamment longtemps pour qu'elle remarque que son meilleur ami était là et qu'il avait l'air de vouloir disparaître.

Il lui pardonna suffisamment longtemps pour qu'elle le serre dans ses bras et lui dépose un baiser sur la joue.

« Alors c'était comment? Tu n'as même pas envoyé de hibou ! » S'exclama-t-elle.

Harry soupira, mais fut incapable de cacher sa légère rougeur quand il répondit, « C'était génial. »

Hermione avait l'air de vouloir sauter et applaudir. Elle ne fit ni l'un ni l'autre, mais son sourire s'agrandit et elle se força à respecter le protocole qu'elle devait suivre en tant que préfète en chef. Ron et Harry rirent de cela. Son regard était rempli d'une telle joie et d'une excitation telle qu'elle leur rappela une petite sorcière qu'on aurait laissée chez Zonko.

Ils déposèrent en même temps un baiser sur chacune de ses joues, chacun d'un côté, faisant d'Hermione un sandwich.

Elle éclata de rire et ses deux meilleurs amis se joignirent à elle.

Elle enlaça ses doigts avec ceux de Harry et encercla la taille de Ron avec son autre bras. Ils entrèrent ainsi dans Poudlard. La fête de bienvenue commencerait dans trois heures et tout le monde voulait déballer ses affaires. Hermione voulait savoir exactement ce qu'il s'était passé, parce que contrairement à Ron, elle voulait connaître autant de détails qu'Harry acceptait de divulguer.

La Nouvelle Année commençait somme toute plutôt bien.


« Bienvenu à Poudlard ! » Dumbledore salua l'assemblée des élèves avec un grand sourire et leva un verre. « Je suis content de voir que vous n'avez pas décidé de prendre plus de vacances que la période autorisée. Il aurait été difficile de donner des cours à une classe vide à cette époque de l'année. Vous voyez ils sont plutôt têtus dans leur genre. »

Tout le monde rit à ce commentaire étrange, même si l'attention des élèves était concentrée vers la porte.

Les Serpentards semblaient les moins nerveux. Si on ne les observait pas de trop prés, ils avaient presque l'air nonchalants. Cependant de temps à autre, l'un d'eux jetait un œil vers la porte et son expression donnait le résultat aux autres. C'était vraiment très drôle. Les Serpentards pouvaient proclamer que le professeur Snape était un traître et méritait la mort, ils étaient tout de même plus énervés et en colère depuis qu'il était parti.

Le professeur Snape était leur directeur de maison, et il était le seul qu'ils pouvaient accepter.

Les élèves des autres maisons n'étaient pas aussi circonspects à montrer leurs émotions. Leurs yeux oscillaient entre la porte qu'ils regardaient avec appréhension et à la nourriture qui était apparue devant eux en grande quantité.

La plupart d'entre eux ne voulaient pas revoir le professeur Snape, mais ils savaient aussi qu'ils pouvaient apprendre quelque chose. S'il ne revenait pas, ils auraient la confirmation de sa mort, qu'il était un mangemort et qu'il méritait donc son destin. S'il revenait, ce serait simplement parce qu'il était fou que Dumbledore avait engagé un mangemort comme professeur. Bien entendu, ils avaient déjà établi cela en tant que fait, mais il était toujours bon d'avoir confirmation de ces soupçons.

« Harry ? Harry, mange ! » Lui ordonna Hermione deux sièges plus loin. Harry se détourna donc de son observation de la porte.

« Je mange, » Grommela-t-il, ce qu'il ne faisait pas.

Harry regarda alors la Grande Table. C'était une bonne chose qu'il sache que Severus revenait aujourd'hui autrement, il savait qu'il aurait été des plus anxieux. A nouveau, son regard fut attiré vers le siège vide entre Dumbledore et Remus.

Dumbledore éclata à nouveau de rire.

Chaque fois que Harry regardait vers la table, Dumbledore semblait éclater de rire. Harry suspectait fortement Dumbledore de se moquer de lui et il eut l'impression qu'à un moment, le directeur avait subtilement levé son verre vers lui. Bien entendu, Harry ne pouvait pas confirmer ses soupçons parce qu'à chaque fois Remus et Hagrid riaient aussi et il savait qu'ils ne seraient pas si ouverts et ne parleraient pas des raisons pour lesquelles Harry attendait le retour de Severus.

Mais la chaise vide était en train de brûler les yeux de Harry.

Harry était à bout de patience quand une légère lueur apparut juste devant Dumbledore. Puis un hibou sortit de nulle part s'arrêta en plein vol. D'abord vinrent les lignes dorées d'une forme cylindrique, suivi par la courbure d'une ligne rouge montrant le ruban qui était dessus. Après ça, la structure prit une forme tridimensionnelle, flottant toujours.

Tout le monde était impressionné et curieux de savoir ce que Dumbledore allait découvrir en l'ouvrant.

Dumbledore avait en grand sourire quand il s'éclaircit la gorge et se leva.

« Il semblerait que le moment que vous attendez tous soit arrivé, Déclara-t-il. Harry était persuadé que le regard qu'il lança lui était destiné. « S'il vous plait, souhaitez la bienvenue au professeur Snape. Pour ceux qui l'auraient oublié et pour les premières années qui devront se…familiariser à nouveau avec lui, il est le professeur de potion. »

Severus entra brusquement dans la salle soudain silencieuse. Son expression montrait à quel point il souhaitait étrangler Dumbledore pour avoir prévu son retour si théâtralement. D'un air renfrogné, voire mortel, Severus s'assit entre Dumbledore rayonnant et Remus qui semblait vouloir éclater de rire.

Les élèves n'applaudirent pas et semblaient déçu, mais le vieux sorcier ne s'y intéresser apparemment pas et mangeait en souriant comme s'il avait entendu une blague, qu'il ne partageait avec personne et qu'il était le seul à comprendre.

On entendit un soupir collectif puis tout le monde se remit à manger. Petit à petit, le bourdonnement des conversations s'éleva et les rires emplirent une fois de plus la salle. Le retour du professeur de potions avait été accepté par tous.

Après tout, il s'agissait seulement du professeur Snape et aussi horrible qu'il l'était, il n'était ni Voldemort ni une armée de mangemorts.

A côté de Harry, Neville soupira à nouveau et but une grande gorgée de jus d'orange. Il reprit ensuite sa conversation avec Ron et Seamus. Harry se joignit rapidement à eux, un petit sourire sur le visage.

Ron décida de l'ignorer et Hermione éclata de rire.

Si avant, il ne mangeait pas, l'appétit de Harry était revenu avec force. Il ne regarda pas une fois vers la Grande Table. Pour tout le monde, il semblait avoir accepté que le professeur le plus détesté de Poudlard soit revenu, mais pour Harry c'était un peu différent.

Severus était revenu et maintenant Harry était impatient de descendre aux cachots.


Will prit un autre couloir dans les cachots des Serpentards, puis serra les dents d'exaspération et de colère. Il marchait dans les cachots depuis des heures et les couloirs semblaient continuer encore et encore. Ce n'était définitivement pas le chemin que prenait les Serpentards pour retourner à leur dortoir, fut la première chose dont il se rendit compte. Exaspéré et l'esprit confus d'une personne perdue dans un labyrinthe, il était certain que, même un saint aurait perdu patience. Will n'était pas un saint et les Serpentards non plus.

« Perdu, Serdaigle ? »

La voix traînante et légèrement insultante ne pouvait appartenir qu'à une seule personne. Pourtant, ce fut la voix du salut pour Will, parce que maintenant il savait qu'au moins, il n'était pas le seul sorcier dans les cachots au milieu de la nuit. Même si Malfoy ne pouvait pas vraiment être considéré comme un salut. Will apprécia tout de même sa présence.

« Salut Malfoy, » Lui dit Will presque calmement. Seuls ses yeux s'étaient plissés quand il s'était retourné pour faire face au Serpentard.

Appuyé contre l'un des murs, près de Will, Drago avait le plaisir d'entendre le Serdaigle tourner en rond. Rien ne lui aurait fait plus plaisir que de voir les cachots continuer de jouer au 'chat et au labyrinthe' un peu plus longtemps avec le Serdaigle, mais Drago avait d'autres choses en tête.

« Que fais-tu ici, Serdaigle ? Tu as perdu ton ombre, peut-être ? » L'interrogea Drago, une expression dangereuse dans ses yeux gris. « Ou est-ce que tu as perdu ta proie ? »

Will le regarda ouvertement avec des yeux noirs et rétrécit la petite distance qui le séparait de Drago.

« Je cherche Harry. Je l'ai suivi ici après la Fête, mais je l'ai perdu dans l'un de ces stupides couloirs. Ce n'est pas un crime, si ? »

« Ca l'est quand tu viens ici sans y avoir été invité ! » Railla Drago. « Tu dis que tu suivais Potter ? Alors il est encore …ici. Merci pour l'info. »

Will se rendit soudain compte qu'il n'aurait pas dû en dire autant au Serpentard, mais il ne pouvait plus reprendre ses mots.

« Ecoute, je ne suis pas ici pour causer des ennuis. Je me suis simplement perdu et je suis presque certain qu'Harry aussi, » Déclara-t-il calmement. « Si tu sais où il est, dis-le moi et tu pourras retrouver tes stupides cachots pour toi. »

Drago sourit d'un air satisfait, presque menaçant. « Est-ce cela alors ? Eh bien tu sais…Serdaigle, Potter est préfet en chef, ce qui signifie qu'il peut aller où il veut dans Poudlard sans avoir une ombre qui le suive partout. Je ne suis pas sûr qu'il apprécie cette attention supplémentaire venant de ta part. »

« Oh s'il te plait ! Dois-je comprendre que tu le défends, Malfoy ? »

Drago plissa les yeux. « Bien sûr que non. Je dis simplement que les Serpentards acceptent la présence exaspérante de Potter ici, mais personne n'a à tolérer quelqu'un comme…toi. »

« Ah, bigots. »

« Difficilement, » Dit Drago d'une voix lente. « Seulement Potter est un grand garçon. Il n'a pas besoin que tu gardes un œil sur lui. Les Serpentards ont des choses plus importantes à faire qu'à se demander avec qui tu estimes mériter coucher pendant ton temps libre. Quand des sorciers puissants sortent du jeu, les petits aigles devraient rester au loin. Tu ne veux pas avoir à faire aux Serpentards. Tu ne serais pas capable de t'en sortir tout seul. »

« Alors pourquoi ne nous laisses-tu pas Harry et moi décider si nous nous estimonsl'un et l'autre ? Soit tu me dis où est Harry, ou tu dégages, » Lui dit Will. Il avait l'air suffisamment déterminé pour jeter un sort contre Drago s'il restait dans ses jambes.

Drago éclata de rire, et Will se rendit compte que ce son qui n'était pas désagréable, mais tout de même grinçant.

« Eh bien, eh bien. Je suis gentil avec toi et tout ce que je gagne est de l'énervement. Quoi? Pas de remerciements, Serdaigle ? J'ai pourtant été si aimable. Je suis même venu te secourir, sans moi tu restais encore deux heures dans les cachots. »

« Me secourir? »

« Oui. » Les yeux de Drago dansaient d'un amusement dissimulé. « Le moins que tu puisses faire est d'avoir l'air reconnaissant que je te sois venu en aide. »

Will regarda Drago avec dégoût. « Je le serais, si la reconnaissance ne me donnait pas envie de t'accabler d'injures. »

Drago sourit lentement. Un vrai sourire. Ses yeux argent scintillaient, des dents blanches comme des perles attiraient le regard derrière des lèvres roses et sa peau brillait comme de la porcelaine lisse.

Il faisait faire des choses dangereuses au rythme cardiaque de Will

« Vraiment...William? » Demanda Drago en souriant toujours plaisamment. « Tu n'as pas l'air d'avoir envie de m'accabler d'injures. »

Le sourire se durcit, se transforma en sourire en coin et ses yeux gris étaient menaçants. « William, William… Est-ce que tu as de vilaines pensées à cause de moi ? Tu as déjà oublié Potter, hein, »

Will haleta et devint rouge écarlate. Jamais auparavant, il n'avait été ainsi embarrassé. Il n'était pas Harry Potter, mais Drago devait savoir à quel point Will le trouvait attirant. En fait, il devait le savoir pour faire ainsi le malin.

« Espèce de petit -»

« Quoi ? » L'interrompit Drago, « Est-ce que j'ai touché un point sensible? »

Will s'éloigna involontairement de l'acier attirant du regard de Drago. Drago n'allait pas le lui permettre. Il avança sa main et attrapa Will par sa cape et l'attira vers lui, jusqu'à ce que tout ce qui les sépare soit la main de Drago et un souffle d'air.

« Ne t'ai-je pas prévenu que si tu jouais avec le feu, tu te brûlerais ? » Lui demanda Drago très doucement, ses lèvres à quelques centimètres de celles de Will. « Suis mon conseil, Serdaigle et laisse Potter tranquille. Ne t'a t-on jamais dit qu'il est trop bon et trop intouchable pour toi, pour que tu mettes ton grappin dessus ? Pourquoi ne veux-tu que des hommes que tu ne peux pas avoir ? Es-tu attiré par les gars hétéro ? D'abord Potter ensuite moi. As-tu aussi le béguin pour Weasley ? »

Will se dégagea de la prise de Drago, ses yeux étincelaient de colère. « Je n'ai pas à rester ici à t'écouter Malfoy. Je suis venu ici pour trouver Harry et je ne partirai pas sans lui. »

« Alors continue.» Drago lui sourit d'un air de défi. « Continue à te promener dans les cachots. Perds-toi à nouveau. Rien ne m'amuserait davantage que de savoir que tu as vu quelque chose que tu n'aurais pas dû. Je me demande d'ailleurs, pourquoi es-tu aussi sûr que Potter est par ici ? »

L'espace d'un instant, Will parut confus. Il avait suivi Harry dans les cachots mais dès qu'il était entré, Harry avait disparu. Après cela, les cachots auraient pu être un labyrinthe : il n'avançait plus. Il n'avait pas pu trouver la classe de potion alors que lui et tous les autres étaient capables de la trouver les yeux fermés et cela depuis quatre ans.

De plus, Malfoy semblait sérieux quand il l'avertissait qu'il risquait à nouveau de se perdre.

« Que sais-tu Malfoy? » Lui demanda Will avec suspicion. « Où Harry serait-il allé ? »

Drago éclata de rire. « Je me fiche de savoir où Potter a pu aller. Il est descendu ici à cause de son statut de pute du monde sorcier qui lui permet quelques privilèges. Ecoutes, il est le préfet en chef de Poudlard et je suis un préfet, alors son rôle est de me tenir au courant, il est venu me prévenir qu'il y aura une réunion urgente des préfets dans deux jours. Puisque tu n'as pas ton nez dans les affaires de Dumbledore, tu n'as pas à savoir cela, mais encore une fois, je suis aimable. D'après ce que je sais, il est parti quand tu t'es montré, et tu es comme quelque chose que Potter avait oublié derrière lui. »

Will ne tressaillit pas une seule fois en entendant le discours de Drago. Son esprit était trop occupé à réfléchir à ce que Drago avait dit et il se demandait si c'était ou non vrai. Drago était arrivé au bout de sa patience et il n'allait pas laisser à Will du temps pour réfléchir.

Il était temps que le Serdaigle s'en aille.

« Je vais te donner cinq minutes pour quitter ces cachots, Serdaigle. Tu as dépassé les limites imparties à ton accueil bienvenu ou ce que tu penses qu'il s'agit, » Drago avait pris la voix dangereuse d'une personne d'affaire. « Si tu n'es pas hors de ma vue après ça, alors je me débarrasserai de toi d'une manière ou d'une autre. Je n'aime pas les Aigles qui mettent leurs becs dans ce qui ne les regardent pas. Compris…William ? »

Will le regarda avec des yeux noirs, mais c'est tout ce qu'il put faire. Drago avait un certain pouvoir maintenant qu'il était préfet et Will n'avait aucunement le droit de le défier. Il ne pouvait qu'espérer que Malfoy ait dit la vérité et que Harry ait effectivement quitté les cachots.

Harry était trop bon pour être dans les environs de sales petits Serpentards.

Sans autre mot, Will se retourna et partit dans la direction d'où il venait. Drago regarda sa retraite un long moment puis il se permit un demi-sourire. Lui aussi se détourna et repartit dans la direction inverse.

Passant par la seule porte qu'il y avait à cinq mètres de là, Drago s'arrêta pour regarder la drôle de poignée qui n'était pas à l'endroit où on s'y attendait.

Tous les Serpentards savaient que la porte des quartiers du professeur Snape était très bien protégée. Tous ceux qui osaient toucher la porte, sans raison valable, étaient ensorcelés immédiatement. Les premières années découvraient cette nouvelle règle chaque année. Les anciens Serpentards ne les prévenaient pas du danger imminent. Ils avaient pour la plupart décidé que les jeunes devaient faire leurs propres erreurs parce que sinon comment pourraient-ils apprendre ? La porte était très dangereuse. Et désormais, tout le monde le savait.

Sauf que Drago avait vu Harry Potter entrer dans les quartiers, passer au-delà de la porte avec une telle facilité qu'il semblait être le propriétaire des lieux.

Drago sourit avec ruse alors qu'il passait devant la porte. Il retourna vers la peinture des Serpentards qui ouvrait l'entrée de la Salle Commune des Serpentards. Une pensée circulait sans cesse dans sa tête alors qu'il disparaissait dans la salle verte et argent.

« Oh Potter, tu m'es redevable cette fois… »


Severus entra dans ses quartiers à minuit pile.

Il avait passé les deux heures précédent la Fête de Bienvenu assis dans la Salle du Personnel, assistant à une réunion complètement inutile. Il avait prévu ses cours depuis longtemps et ne voyait aucune raison à cette réunion, à parler des élèves- et de son retour.

D'après lui, un puissant somnifère prendrait soin des gamins et serait aussi efficace que de les ensorceler pour qu'ils se taisent. S'il avait oublié les maux de tête dont il pouvait souffrir en étant dans la même salle qu'eux, il s'en souvenait à nouveau très bien ce soir.

Poudlard avait bien trop de fonctions inutiles.

Severus entra dans ses quartiers et claqua la porte bruyamment, se fichant complètement de savoir s'il avait réveillé les âmes des morts. Il était de très mauvaise humeur et le petit truc de Dumbledore au cours du dîner n'avait rien fait pour calmer son énervement. Il serait assez surpris si une personne parvenait à rester éveillé avec toute l'excitation de la journée.

C'est pourquoi il fut surpris quand il se retourna.

Harry était assis sur le tapis, le dos contre le canapé, faisant face à la porte. Ses jambes étaient pliées, et un grand bloc à dessin se balançait dessus. Comme toujours ses mains bougeaient rapidement sur la surface alors qu'il dessinait avec son crayon moldu. Il était si attentif à son dessin qu'on aurait dit qu'il n'aurait pas remarqué l'école toute entière si elle s'était rassemblée autour de lui.

A côté de lui, se trouvait un autre dessin. Celui-ci était terminé et n'avait apparemment pas été charmé pour bouger.

« Salut, » Lui dit Harry doucement en s'arrêtant pour lui sourire.

« Comment es-tu entré ? » Lui demanda Severus avec suspicion. « La porte ne s'ouvre que lorsque je le permets. »

Harry haussa les épaules. Son attention était déjà retournée à son dessin.

« Sais pas, » Dit-il d'une voix brumeuse. « Elle s'est simplement ouverte. Je n'ai même pas eu besoin de frapper. J'ai d'abord pensé que tu étais à l'intérieur, mais je me suis rapidement rendu compte que non. Alors j'ai attendu. »

Severus essaya de ne pas grogner bruyamment en entendant les paroles de Harry. Si la porte s'était ouverte d'elle-même, cela signifiait qu'elle avait accepté la présence constante de Harry et l'avait élevé du statut de 'visiteur' à celui proche de Severus, de résident.

C'était simplement une autre chose qu'Harry avait dévié à Poudlard.

Severus soupira légèrement et prit le dessin terminé, posé par terre. Ce qu'il tenait dans ses mains capta immédiatement son attention. C'était exquis. En fait, les doigts de Severus le picotèrent tant il voulait tracer les lignes pour voir simplement si le dessin reproduisait les sensations, s'il ressentirait au touché quelque chose de brute et d'émotionnel, même dans sa simplicité.

« Pourquoi as-tu dessiné cela ? » Lui demanda Severus d'une voix douce.

« Hein ? » Lui demanda Harry en levant la tête, un regard séduisant par sa confusion. « Oh. Ca. Je ne sais pas pourquoi. Je voulais le faire depuis un certain temps. Je crois que j'en avais besoin. Une sorte de catharsis. Je trouve que la version moldue est mieux et plus facile à comprendre. »

Severus détacha ses yeux du dessin pour regarder Harry. Et soudain toute la colère et l'énervement disparurent alors qu'il regardait les yeux verts incertains de Harry.

C'était irrationnel et peut-être un peu effrayant pour le maître des potions qui n'avait jamais ressenti une telle connexion auparavant. Que ce sorcier de seulement dix sept ans, pouvait lui donner l'impression d'être si peu lui-même et provoquer des réactions qu'il n'avait pas eues depuis son enfance était très énervant…et irrationnel…et juste.

Severus regarda le dessin qu'il tenait dans sa main. C'était une main ouverte, couverte de cicatrices. Dans sa paume, se trouvaient les outils modlus qui servait à se blesser. Il y avait un morceau de verre, balancé par une épingle nourrice, un rasoir à deux lames et un couteau. Il n'y avait pas de baguette mais Severus savait que c'était le symbole du triomphe de Harry sur les jours où il se punissait lui-même.

Sans un mot, Severus rendit à Harry son dessin.

Il attendit qu'il le place sur le tapis avant de l'aider à se lever. Dès que sa main fut dans la sienne, Severus tira Harry, les outils dont il se servait pour dessiner tombèrent et s'éparpillèrent sur le tapis.

Puis, aussi silencieusement, il le serra dans ses bras, sentant les cheveux de Harry et Harry.

Harry ferma les yeux. Il avait l'impression que son cœur allait exploser de toutes les émotions qui le traversaient. Severus ne l'avait jamais enlacé de lui-même auparavant. Quand il sentit le baiser fantôme de Severus d'un côté de sa tête, il sourit et entoura ses bras autour de Severus pour le serrer contre lui.

Aussi doucement, les lèvres de Severus descendirent légèrement sur les joues de Harry, sa tempe et finalement le long de sa cicatrice sur le front.

« Tu empestes la bonté. Le savais-tu ? » Murmura doucement Severus. « Elle s'est accrochée à toi malgré toute la douleur et la touche d'obscurité. Comme la pureté et la perfection. »

La main de Severus se leva et mit une longue mèche noire derrière une oreille de Harry alors que des yeux verts le regardaient, presque vulnérable.

« Pourquoi Harry ? Pourquoi dis-tu que tu m'aimes ? Je ne mérite pas d'être aimé par une personne aussi pure. »

Harry sourit. Cette fois ce furent ses doigts qui s'étaient enroulés à une mèche d'ébène. C'était une vue qui le comblait tant qu'Harry était presque perdu dans l'observation des mèches noires qui flottaient entre ses doigts. Il détacha ses yeux pour rencontrer ceux d'onyx et de feu.

« Parce que tu es toi et que tu ne t'excuses pas pour cela. Parce que tu as vécu l'enfer et que tu en es revenu. Tu as expérimenté le pouvoir de l'obscurité et pourtant tu combats de toutes tes forces pour rester dans la lumière. Parce que tu m'acceptes sans le piédestal. Parce que tu es toi et que tu ne me laisseras pas te voir autrement. »

Harry rougit soudain comme s'il s'était rendu compte que ce qu'il disait n'était peut-être pas suffisant. Pas pour une personne aussi mature qu'il l'était, et ce peu importe à quel point il essayait. « Parce que…parce que tu es toi. Je ne sais pas…Simplement parce que c'est vrai… je t'aime. »

Severus acquiesça de compréhension, même si Harry rougissait toujours.

Puis très lentement, il rapprocha ses lèvres des siennes dans un baiser si gentil et juste qu'Harry sentit son souffle palpitait près de son estomac. Harry voulait qu'il dure éternellement. Peut-être que pour eux, ce fut le cas.

C'était un baiser d'exploration.

Pureté.

Perfection.

« Harry… » Severus souffla contre ses lèvres avec tant de hantise qu'Harry souffrit intérieurement. « Harry, tu es trop pur pour être là. Ne sais-tu pas que je peux t'assombrir en te touchant. Tu devrais courir. Partir à des kilomètres loin de moi. »

« Non ! » Protesta Harry d'une voix brisée et en secouant la tête pour accentuer son cri. « Je veux… »

Il s'arrêta pour essayer de dire ce qu'exactement il voulait de Severus en cet instant.

Et Severus éclata de rire.

C 'était un rire clair de baryton qui fit haleter Harry de surprise. Il n'avait jamais entendu Severus rire vraiment. C'était un son parfait et il semblait avoir rassemblé une tempête d'amusement et de lumière dans les yeux noirs de Severus.

« Mon courageux Gryffondor, sais-tu au moins ce que tu veux ? » Lui demanda Severus. C'était le premier vrai sourire qu'Harry voyait sur le visage de Severus. « Si tu ne peux pas le dire, tu n'as pas à le désirer. »

Harry avait une expression déterminée. « Toi. Je …te veux. »

« Eh bien, tu m'as déjà en ce moment, » Lui dit Severus doucement et Harry pencha la tête timidement.

« Severus, tu sais ce que je veux dire ! »

Severus eut un rire presque taquin, mais ses mains enlevèrent la cape et la chemise de Harry. Puis ses lèvres descendirent sur sa peau, déposant des crépitements brûlants sur sa peau. Ses mains le rendaient fou alors qu'elles se baladaient librement sur son corps.

Pour se défendre, Harry décida qu'il était juste que Severus reçoive le même traitement et le déshabilla.

C'était plus facile à penser qu'à faire et Harry grogna rapidement de frustration à cause des nombreux boutons présents sur la robe noire de Severus. Severus eut pitié de lui et enleva ses vêtements lui-même. Harry était content que ses lèvres retrouvent celles de Severus et sa chaleur sous le bout de ses doigts.

Il était si distrait et heureux qu'il remarqua à peine que Severus les avait conduit dans sa chambre.

Quand Harry regarda la pièce, il sourit.

Si les murs n'avaient pas été gris et qu'il n'y avait pas eu les draps, la pièce aurait entièrement été d'une dramatique couleur noir. Le lit avait des couvertures noires. Comme l'était le reste des meubles de la pièce. Même la cheminée était faite de marbre noir.

« Je veux que tu me touches, » Dit Harry doucement en se tournant vers Severus. « Je te veux à l'intérieur de moi. Ca n'a pas d'importance. Je ne veux pas partir d'ici ce soir. »

En guise de réponse, Severus attira Harry dans ses bras et enleva tous les vêtements qui les séparaient l'un de l'autre.

Et bientôt ils furent tous les deux étendus parmi les douces couvertures, explorant chaque once l'un de l'autre.

« Es-tu sûr que c'est ce que tu veux ? » Lui demanda Severus doucement, en tenant dans sa main une fiole de potion. « Après, il n'y aura pas de retour. Veux-tu vraiment que ta première fois soit avec ton professeur de potions graisseux ? »

Harry éclata de rire. Il avait l'impression de flotter dans la lumière des yeux de Severus.

« Oui, mais tu n'es pas que cela, » Murmura Harry. « Tu es Severus et je t'aime avec toutes tes fautes. »

Severus tourna Harry pour qu'il soit couché sur le ventre, murmurant des mots d'encouragement et de calme, il les préparait tous les deux. Puis lentement, Harry sentit Severus glisser en lui. C'était parfait, et Harry se rendit compte qu'il n'avait plus besoin de flotter désormais.

Pas alors qu'il volait au milieu d'une tempête.