Merci à ma correctrice AnthaRosa
Chapitre 24, la fin de l'oubli
« Harry, réveille-toi. »
Harry grogna, on le dérangeait dans son sommeil. D'instinct, il se retourna en entendant la voix de Severus. Immédiatement, il eut la joie de sentir un corps puissant contre le sien et la chaleur de Severus l'envelopper.
« Harry, » Dit Severus doucement mais avec fermeté. « Nous savons tous les deux que tu as le sommeil bien plus léger que cela. Arrête de faire semblant de dormir. Tu dois partir. Tu le sais. Il est déjà deux heures trente du matin. Si tu ne retournes pas à la tour des Gryffondors, l'un de tes camarades va se rendre compte que tu n'es pas là. »
Harry grogna longuement et fortement. Ses yeux s'ouvrirent à contre cœur, ils étaient noirs.
« Ron me couvrira comme toujours. Comme je le couvre quand il passe la nuit dehors, » Déclara-t-il, grognon.
Severus, la tête appuyée contre son coude, le regardait avec amusement. Il se pencha légèrement pour déposer un baiser sur son front. Il souriait à moitié, mais pour Harry c'était bien. Il avait décidé qu'être secoué et recevoir des sourires à trois heures du matin n'étaient pas drôles ces jours-ci.
« Je ne vous aurais jamais pris pour un 'hibou de nuit', Potter, » Lui signala Severus. « Te réveiller à des heures indues du matin devrait déjà être dans ton système. Même si tu ne l'as pas fait toute ta vie, ces deux derniers mois auraient dû déjà t'y habituer. »
Harry le regarda avec des yeux encore plus noirs, ce qui prouvait que Severus avait raison. Harry était une personne 'aux heures indues'. Les cauchemars avaient détraqué son système si bien qu'il avait le sommeil léger la plupart du temps.
Il en était venu à se rendre compte que ce n'était rien comparé à Severus.
Severus et Harry ne passaient pas toutes les nuits ensembles. En fait, ils ne prenaient pas le risque de se voir plus de trois fois par semaine. Et quelques semaines pendant lesquelles Harry avait été trop fatigué pour sortir en douce ou ils ne pouvaient pas passer du temps éloigner l'un de l'autre.
Depuis deux mois, Harry était venu dans les quartiers de Severus à des heures indues de la nuit et Severus était toujours réveillé. C'était comme si Severus savait, quand Harry avait besoin de lui.
Parfois ils passaient la nuit emmêlés, presque désespérément. Parfois ils dormaient simplement ensemble, parce que Harry avait découvert qu'être avec Severus calmait toujours ses cauchemars. Parfois quand Harry se montrait, Severus lui donnait une potion de sommeil sans rêves et le renvoyait dans la tour des Gryffondors.
Après la première semaine, ils déplacèrent le canapé de velours pour le mettre dans la chambre, devant la cheminée. Il convenait au ton de la pièce, se mariant parfaitement avec le thème noir et argent que Severus avait établi.
La seule condition de leur arrangement était que si Harry passait la nuit, il devait retourner dans son dortoir à trois heures du matin.
Jusqu'à présent Harry s'était tenu à cet arrangement.
« Juste une fois, j'aimerais me réveiller de moi-même à tes côtés. » Grommela Harry.
Malgré ses protestations, il était déjà assis sur le lit et essayait de se souvenir où il avait abandonné ses vêtements la nuit dernière tout en se demandant combien de temps le sort temporaire de correction de vue que Severus avait jeté sur lui allait durer cette fois.
Severus rit doucement. Il savait qu'il n'avait pas à s'inquiéter. Harry se plaignait à chaque fois qu'il était éveillé, mais partait en général dans les temps.
Il regarda ouvertement les contours lisses du dos de Harry ainsi que le Serpent et l'épée tout en se promettant qu'un jour le souhait de Harry se réaliserait. La séparation était aussi difficile pour lui qu'elle l'était pour Harry. La seule différence étant qu'il ne l'avait jamais exprimé comme Harry le faisait.
« Vous auriez été capable de faire ça Potter, si vous aviez accepté le privilège que l'on accorde aux préfets en chef. Tu étais voué à regretter ta décision de ne pas vouloir ta propre chambre tôt ou tard, » Lui signala Severus.
Se levant, il vint se placer devant Harry et regarda d'un air appréciateur les yeux verts. Même après tout le temps qu'ils passaient ensemble, Harry n'arrivait jamais à avoir autant confiance en lui que Severus qui se baladait nu dans la chambre.
Ce qui ne voulait pas dire qu'Harry n'appréciait pas la vue.
« C'est ce qu'a dit Dumbledore, » Bouda Harry. « Penses-tu qu'il lui arrive d'être fatigué d'avoir toujours raison ? »
« La vieille chouette ? » L'expression de Severus était douteuse. « Je le pense difficilement. Il se délecte probablement de se mêler de la vie des autres. »
Harry rit brièvement. Il fit venir à lui son caleçon avec sa baguette lança un rapide 'accio', n'ayant pas l'énergie de le faire sans. Il se leva suffisamment longtemps pour le mettre et retomba lourdement sur le lit en soupirant brusquement.
Severus attira le reste des vêtements de Harry.
Harry grimaça. « Je peux m'habiller tout seul. De plus, je ne partirai jamais si tu me touches. Il me faudra alors encore deux heures et ce sera trop tard. »
En réponse, Severus haussa un sourcil têtu, et fit exactement ce qu'il voulait faire et ce malgré les protestations de Harry.
D'abord le pantalon, Harry dut donc se lever. C'était une chose de s'habiller tout seul, mais tout à fait différent de se faire habiller par son amant. Les mains de Severus sur la fermeture éclair de son pantalon demandaient toujours deux fois plus d'effort pour la fermer.
Il fallait toujours se battre pour que la fermeture passe sur son érection.
« Ta faute, » Marmonna Harry, déterminé à ne pas aider puisque Severus avait insisté à lui faire subir cette torture.
D'après Harry, voir Severus nu à quelques centimètres de lui, une main jouant près de ses parties basses, ne l'aidait pas.
Severus l'ignora suffisamment longtemps pour fermer la fermeture et le bouton. Venait ensuite la chemise. Cette fois, c'était temporaire, puisque la nuit précédente avait été un week-end.
« Voudrais-tu coopérer ! » Gronda Severus impatiemment.
Harry grogna. « Bon sang ! Simplement -»
« Non, » L'interrompit Severus calmement. « Nous ne pouvons pas. Tu dois retourner dans ta chambre. »
Avant Severus, Harry ne savait pas qu'être vêtu pouvait apporter autant de tension qu'être dévêtu. Cet homme pouvait faire réagir son corps par sa simple présence. C'était une réalisation décourageante que de penser que ce qui se cachait derrière chaque action de Severus avait peut-être pour but de le faire penser à ses longs doigts et la chaleur de sa peau, même quand il se préparait pour aller en cours.
Dans tous les cas, c'est ce qui se passait.
« Allumeur, » Murmura Harry, les yeux flamboyants de désir.
Severus sourit malicieusement puis délibérément, il approcha ses lèvres des siennes dans un lent baiser qui ne servait qu'à rendre Harry plus mal à l'aise encore dans ses vêtements.
« Vas maintenant, » Murmura Severus quand le baiser fut terminé. « Plus tu rentres tard, plus tu prends de risque. »
Harry grogna avec humeur. Il lui semblait injuste d'être prêt à venir dans son pantalon alors que Severus le mettait dehors. Si injuste. Parfois Harry détestait avoir dix-sept ans. Il était bien trop facile d'avoir une érection quand Severus était près de lui.
Par pitié et parce que c'était devenu une habitude quand Harry retournait dans son dortoir la nuit, Severus jetait sur lui un sort silencieux et sans baguette..
Immédiatement, le problème de Harry fut réglé.
Harry avait recherché de haut en bas, partout pour découvrir de quel sort il s'agissait, il savait que quelques personnes de son année et deux ans en dessous, auraient apprécié un tel sort. Jusqu'à présent il n'avait pas eu de chance.
Soupirant de résignation, il enlaça Severus pour lui dire au revoir.
Il en venait toujours à ça. Envelopper ses bras autour de Severus et se perdre était tout ce qu'il avait toujours désiré. Le fait que Severus lui permette plus que ça, lui embrumait l'esprit et ce n'était pas quelque chose qu'il prenait à la légère.
« Alors je te vois en cours demain ? » Lui demanda Harry, même s'il le savait déjà.
« Bien sûr, Potter, » Répondit Severus dans les cheveux de Harry. « As-tu prévu de manquer le cours ? Si c'est le cas, tu devrais me le dire maintenant et peut-être que je pourrais alléger la peine à vingt points de moins et à un mois de détention. »
Harry ignora l'avertissement qu'il entendait dans le ton de Severus. « Et les leçons ? Est-ce que j'en ai demain ? Remus et Flitwick disent qu'ils ne manqueront pas les leurs. MacGonagall a dit que tout mes temps libres et les annulations de cours, je devrais les passer avec elle. Dois-je m'attendre à la voir ? »
« Tes cours de potions sont toujours prévus, à moins que la terre ne tremble mais je doute que même toi y parvienne. » Déclara Severus.
Harry acquiesça et en soupirant il posa légèrement sa tête sur l'épaule de Severus. « Je dois y aller maintenant. Je ne voudrais pas que l'un de mes camarades se réveille pour aller aux toilettes et découvre, Merlin l'interdise, que je ne dors pas dans mon lit. »
Severus déposa un baiser sur le cou de Harry, incapable de résister au désir qu'il combattait vaillamment depuis quelques secondes.
« Alors vas. »
Harry soupira théâtralement et se dégagea des bras de Severus pour le regarder avec un regard caustique et une fausse douleur. Il ne parvint pas à partir avant de lui donner un autre lent baiser, puis ferma doucement la porte derrière lui.
Ce n'était pas la première fois que Harry souhaitait avoir pris sa cape d'invisibilité avec lui alors qu'il marchait sur la pointe des pieds à travers les couloirs et les escaliers mouvants. Il s'en souvenait généralement, mais il lui arrivait d'oublier. Heureusement, il arriva dans sa chambre sans incident.
Comme d'habitude, ses camardes dormaient et n'avaient pas remarqué son absence.
Silencieusement, Harry se mit en pyjama et se glissa dans les draps froids de son lit. La chaleur du corps de Severus lui manquait déjà, il en était devenu dépendant.
Il ne lui fallut pas longtemps pour s'endormir.
« Harry ! Harry ! Nous allons être en retard au petit déjeuner!"
Harry grogna : il était une fois de plus réveillé de force. Une petite partie de son cerveau remerciait Ron de l'avoir réveillé, mais elle était aussi dominée par son autre, grincheuse.
Toutefois, il se leva et en s'asseyant sur son lit, regarda Ron en grimaçant.
« Bon sang ! Plus tu passes de temps en bas et plus tu t'améliores, » Grommela Ron, un peu blessé. « Voulais-tu rater le petit déjeuner ? Je n'aime pas de voir Mione en colère parce que je t'ai à nouveau laissé dormir. »
En véritable septième année, Harry fit face à son meilleur ami avant de prendre ses affaires et d'aller à la salle de bain.
Vingt minutes après, il émergea portant son uniforme et prêt à commencer la journée. Ron avait pardonné à Harry d'être un malotru et d'être ingrat. Alors qu'ils descendaient les marches pour aller prendre leur petit déjeuner, ils parlèrent du prochain match de Quidditch qu'ils allaient jouer contre les Serpentards la semaine suivante. C'était leur premier match du trimestre et c'était devenu leur sujet de conversation principale.
Ils remarquèrent rapidement que la Grande Salle était bien plus bruyante qu'un lundi matin ordinaire.
Alors qu'ils approchaient des portes, ils se regardèrent confus et intrigués. Apparemment il se passait quelque chose et en tant que préfets, et puisque les professeurs ne faisaient rien, ils allaient devoir faire leur devoir.
Entrer dans la salle était angoissant.
La salle entière sombra dans le silence et chacun se retourna pour les regarder. A la table des Gryffondors, Hermione se leva rapidement pour venir vers eux. En même temps, à la table des Serpentards, Drago leur fit un clin d'œil. Seulement le clin d'œil n'était pas très amical et Hermione avait l'air en colère.
« Que se passe-t-il ? » Demanda doucement Harry à Hermione quand elle les eut finalement rejoint.
Les élèves les regardaient toujours et les professeurs à leur table paraissaient anxieux et inquiets. C'était comme si le bruit et les murmures ne les intéressaient pas. Ils se regardaient les uns et les autres et murmuraient entre eux.
« Hermione, dis-moi ce qui se passe ! » Claqua Harry en voyant l'expression d'Hermione qui disait qu'elle ne pourrait peut-être pas lui donner des explications verbales.
Elle lui tendit un journal. Il lui prit des mains et jeta un œil dans la salle. Il se rendit compte que beaucoup d'élèves avaient des journaux qu'ils avaient poussés dans leur hâte. Il y en avait même un qui était tombé de la main de Dumbledore alors qu'il faisait un geste en direction des professeurs.
« C'est dans les gros titres, » Hermione lui parla si calmement que Ron la prit dans ses bras, ne l'ayant jamais vu aussi effrayée.
C'était dans les gros titres comme elle l'a dit.
Lucius Malfoy et les mangemorts s'évadent d'Azkaban.
Les détraqueurs ont rejoint Vous Savez Qui.
Est-ce le début officiel de la Seconde Guerre ?
Harry lut l'article trois fois mais les mots lui apparaissaient comme des morceaux d'informations dansants devant ses yeux. Au bout de la quatrième fois, il se força à se concentrer et les mots prirent sens.
Lucius Malfoy et quatre autres mangemorts, incluant Bellatrix Lestrange, se sont enfuis la nuit dernière. Apparemment les détraqueurs et peut-être Vous Savez Qui lui-même avaient prévu leur évasion depuis quelques temps déjà. Les détraqueurs ont eux-aussi disparu. Azkaban est dorénavant surveillé par des Aurors qui ont transplané là-bas tôt ce matin. Pour l'instant tout est sous contrôle et les gardes ont un emploi du temps strict tant que l'enquête continue. Pour le monde sorcier, le seul espoir réside entre les mains de Albus Dumbledore et de Harry Potter.
Dès la fin de sa lecture, Harry leva la tête vers la Grande Table et se rendit compte que Severus n'était pas là. Ce qui accentua son angoisse.
« Non, s'il vous plait. Ca ne peut pas se passer maintenant, » Protesta Harry en se tournant une nouvelle fois vers l'océan d'yeux qui le regardait. « N'ai-je pas le droit d'être simplement heureux ? »
« Harry, je pense que nous devrions nous asseoir. » Lui dit Hermione en le tirant de sa rêverie. « Nous pouvons en parler. »
« En parler ? » Lui demanda Harry d'une voix vide. « Parler de quoi ? Il n'y a rien à dire. Dix galions que nous savons vers qui ils retournent. Dix autres que la Gazette du Sorcier n'a pas tort pour une fois. »
Il se laissa emmener vers la Table des Gryffondors et pour une fois Hermione s'assit à côté de lui et Ron à côté d'elle. Ils discutèrent à voix basse.
« Ecoute, nous ne sommes sûrs de rien, » Lui dit Ron une fois qu'il eut terminé de lire l'article. « Ils ne viendront pas vous chercher toi et Dumbledore, pas si tôt. Je ne pense pas qu'ils soient stupides. Tu as encore un peu de temps. »
« De plus, Malfoy est encore là. » Lui signala rapidement Hermione. « Il n'a pas eu l'air surpris par les nouvelles. Je pense que tout était prévu depuis un certain temps déjà et qu'ils ne se dépêchent pas. Ils essayent probablement de tout planifier correctement. »
« Ou ils s'impatientent. » Dit Harry sombrement.
« Peut-être que Dumbledore doublera ou triplera tes cours particuliers. » Lui dit Ron songeur. « Demande-lui. Il ne peut pas être stupide au point de t'obliger à continuer à aller en cours quand il est possible qu'une armée t'attende. »
« Nous ne savons même pas s'ils sont en route, » Dit Hermione. « Nous nous avançons peut-être. Mais Ron a raison. Tu dois te concentrer sur tes cours encore plus. Tu dois avoir toutes les ressources de ton côté. »
Harry trifouillait la nourriture dans son assiette, jouant avec, sans vraiment faire attention, il n'avait plus très faim. La matinée était en train de devenir la pire de son histoire. Comment en cinq heures la journée avait pu se réduire de dormir dans les bras de Severus à l'impression qu'il était aspiré par un trou noir? Et où était Severus ?
Sait-il ? Se demanda Harry. Dumbledore l'a-t-il envoyé au loin encore une fois ?
Harry ne pensait pas que sa journée pouvait empirer.
« Harry ? » Hermione le secoua gentiment. « Harry, que vas-tu faire ? »
Harry tourna ses yeux verts hantés vers elle, déterminés. « Je vais en cours de potions comme tous les lundis matins. Quant au reste de ma vie, je suis certain que l'on décidera pour moi suffisamment tôt. »
« C'est ma destiné. » Sarcastique. Douleur. Colère.
Après cette pensée, Harry se leva rapidement et attendit suffisamment longtemps pour que Hermione et Ron abandonnent leur propre petit déjeuner. Tous les trois quittèrent la Salle, sentant sur eux les regards de tous. Harry essaya de ne pas hurler de colère contre tous ceux qui le regardaient en partant.
La marée de regards le rendait étrangement claustrophobe.
« Potter ! » Claqua Severus bruyamment. Tout le monde sursauta et eut un mouvement de recul sauf Harry.
Harry regarda son professeur avec tant de colère que Severus s'interrogeait. Comment Harry pouvait-il dépenser tant d'énergie à lui proclamer son amour et la suivante,le regarder avec tant de colère et peut-être de haine ? Harry disait tout aimer de Severus. Cet amour résisterait-il aux épreuves qu'ils devront sans aucun doute subir ?
Le professeur Snape regarda Harry avec un air renfrogné.
Derrière son air renfrogné et la colère qui rayonnait de lui en la présence des élèves de septième année, se cachait la peur qui s'était encrée profondément en lui ce matin et qu'il pouvait sentir dans ses os. Il n'avait jamais eu aussi peur pour quelqu'un. Pas même pour sa mère. Pouvait-il laisser une autre personne mourir pendant que lui était loin et laisser la mort venir le chercher sans rien faire ? Quand il s'agissait de Harry Potter, Severus se demandait où son obscurité bien aimée partait ?
« Oui, professeur Snape ? » Lui demanda Harry qui retenait mal sa colère.
Depuis qu'il était entré dans la salle de potions, ils s'appâtaient. Severus claquait et grognait, Harry le regardait avec des yeux noirs et semblait ignorer ouvertement les instructions. Tous les élèves étaient un peu choqués par cette ferveur, mais ne furent pas le moins du monde surpris.
Après tout, il n'y avait jamais eu d'amour entre eux.
« Dix moins points en moins pour Gryffondor Potter, » Claqua Snape, sans donner de raison cette fois.
« Comme c'est généreux de votre part professeur. » Harry feignit la surprise. « Est-ce tout ? Ca ira très bien avec les cinquante que vous avez déjà déduits ces deux dernières heures. Vous amusez-vous, espèce de connard ? »
Si la classe n'était pas encore silencieuse, les halètements que les élèves osèrent proférer furent entendus. Hermione prit la main de Harry dans la sienne et la secoua doucement en guise d'avertissement. Même Ron le regardait pour lui conseiller d'être prudent.
Harry ne pensait pas que cette journée pouvait empirer, et pourtant elle empirait.
« Partez tous ! » Leur ordonna Severus. « Je dois donner une leçon à Potter. »
Cinq minutes plus tard, la salle s'était vidée de tous ses occupants et contrairement aux autres fois, Hermione et Ron jetèrent à peine un regard en arrière. Apparemment, ils avaient besoin de discuter et ni Ron ni Hermione ne voulaient assister à l'affrontement.
Severus jeta un sort d'insonorisation avec sa baguette sans jamais quitter le visage coléreux de Harry.
« Bien Potter, vous semblez vous être surpassé cette fois, » Lui dit Severus d'une voix difficilement calme.
« Putain, ne m'appelle pas comme ça ! » Claqua Harry. « Ca n'a rien à voir avec le cours de potions. Que se passe-t-il Severus ? Tu t'es réveillé ce matin, as vu la Gazette du Sorcier, et tu t'es rendu compte que la personne avec qui tu avais dormi était la même qui a une cible sur sa tête ? »
Severus plissa les yeux. « On en revient toujours à toi, hein ? Harry Potter est le centre de tout. Le monde ne tourne pas autour de toi Potter, en tout cas pas le mien. »
« Bien sûr que non. » Bouillonna Harry. « C'est trop te demander d'être là pour moi ! Des mangemorts me cherchent et tu t'en fiches ! Ne devrais-tu pas être la personne vers qui je me tourne et qui m'aide à comprendre comment les combattre ? Veux-tu que je meure ? Est-ce que ça résoudra tous tes problèmes ? »
« Toi ? » Severus fit les pas nécessaires pour se tenir devant Harry. « Les mangemorts sont après toi ? Je suppose que tu es celui qui a trahi leur maître ? C'est toi qu'ils ont attaqué il y a trois mois ? Et tu n'as personne dis-tu ? Lupin et MacGonagall pensent déjà à des moyens pour te protéger. Dumbledore s'amincit en essayant de renforcer les défenses du château et tes meilleurs amis te prouvent leur soutient et tu dis qu'il n'y a personne ? Quand es-tu devenu aussi égoïste Harry ? Quand tout cela t'est-il monté à la tête ? »
Severus pencha la tête, forçant Harry à regarder dans la profondeur de ses yeux noirs de colère. « Tu as raison. C'est certainement le début de l'attaque du Seigneur Noir. Tu peux être effrayé maintenant ou regarder ta vie sous tous les angles et trouver que ce n'est pas juste. Je te conseille de réorganiser tes priorités. Grandis Harry ! Ou cette guerre t'y obligera. »
Sur ses paroles, Severus libéra Harry et enleva le sort d'insonorisation. D'un coup de baguette, il rassembla ses affaires et sortit sans le regarder.
Harry avait l'impression que le trou noir qui l'avait attrapé, était une fois de plus en train de l'aspirer.
Potions… Métamorphose…
Déjeuner.
Charmes…. Défenses Contre les Forces du Mal.
Entraînement de Quidditch.
Dîner.
La journée de Harry se passa dans une brume de regards, de bruits et de silence trompeur.
A la fin du dîner, Ron et Hermione ne savaient plus comment détourner l'attention de Harry de ses problèmes. Il ne leur avait pas dit ce qu'il s'était passé après le cours de potions, mais ce n'était pas nécessaire. Le professeur Snape avait déboulé hors de la salle et quand Harry avait finalement émergé, un frisson avait traversé leur colonne vertébrale. Les yeux de Harry étaient aveugles et vides.
C'était un regard qu'ils n'avaient pas vu depuis leur Sixième année.
Ce n'était pas bon.
« Harry, pourquoi ne vas-tu as te coucher de bonne heure ce soir ? » Lui demanda Hermione doucement en le regardant trifouiller la nourriture dans son assiette. « Demain tu te sentiras mieux. »
Harry secoua la tête, et dit doucement. « Non, je vais faire des cauchemars. »
Hermione soupira, elle était vaincue. Rien de ce qu'elle n'avait suggéré n'avait fonctionné de toute la journée. Rien. C'était inutile, surtout lorsqu'en chemin pour aller en Défense Contre les Forces du Mal, Harry s'était évanoui. Remus en avait été mort de peur. Quinze minutes après et grâce à une bonne dose de chocolat, Harry avait déclaré allé mieux mais avait refusé de dire si c'était une vision et ce qu'il avait vu.
Hermione s'inquiétait et soupirait. Ron regardait le professeur Snape avec des yeux noirs. Pour une fois, le directeur des Serpentards ne regardait pas la Table des Gryffondors.
« Harry, partons. Tu n'as pas envi d'être là maintenant, moi non plu, » Dit Ron. Il avait l'air de vouloir tuer quelqu'un.
« Non, restez tous les deux. Je m'en vais, » Répondit Harry en se levant. « Ce n'est pas parce que je ne mange pas que vous devez faire pareil. »
« Où vas-tu ? » Lui demanda Hermione doucement.
« Je ne sais pas, » Harry haussa les épaules. « J'ai besoin de réfléchir…ou pas.. je ne sais pas. Je ne peux pas respirer ici quand tout le monde m'observe. »
Il fit un petit sourire à ses amis pour leur montrer qu'il irait bien puis s'en alla. Dès qu'il fut hors de la salle, il ralentit et devint songeur.
« Tu lèches tes plaies, Potter ? »
L'attention de Harry se focalisa suffisamment pour remarquer Drago, appuyé contre le mur qui conduisait aux cachots des Serpentards. L'expression de Drago avait quelque chose d'étrange. Même si son ton était moqueur et qu'il semblait être dans son élément, son expression était attentivement vide.
« Envi de jubiler, Malfoy ? » Lui demanda Harry. Sa voix semblait fatiguée, mais il ne s'en souciait pas.
Drago fut silencieux un moment puis étonnamment il secoua la tête. « Non. »
« Bien. Dans ce cas, je n'ai pas à rester là et à t'épingler au sol, » Harry haussa les épaules. « Sache que lorsque tu auras envi de jubiler, je serai volontaire pour te réduire en bouilli. »
« Je garde ça en tête, » Répliqua Drago avec sarcasme, mais l'instant suivant son ton changea à nouveau. « Toi et moi devons discuter Potter. Pas maintenant. Mais le plus tôt sera le mieux. »
« De quoi pouvons-nous avoir à discuter ? » Lui demanda Harry. « Et pourquoi penses-tu que je le voudrais ? »
Drago haussa les épaules avec nonchalance. « Je ne sais pas. Disons simplement que je sais suffisamment de chose pour m'assurer de ta curiosité. J'ai suffisamment d'informations de la part de mon père pour savoir que tu es en sécurité pour l'instant. Ils ne seront pas après toi avant un certain temps. »
Drago avait touché la curiosité de Harry qui regardait maintenant Drago avec intérêt. « Es-tu en train de dire que tu veux changer de côté ? Je trouve ça difficile à croire. »
Quand il entendit cette suggestion Drago le regarda avec un dégoût évident. « Seigneur non ! Comme je l'ai dit, ce n'est pas le moment d'en discuter. Je voulais simplement te faire savoir que lorsque j'aurai décidé que nous pourrons nous rencontrer, tu auras intérêt à vouloir m'écouter et à être prêt. »
« Ou quoi ? » Harry sourit avec satisfaction. « Tu diras à ton père que je ne veux pas jouer à tes stupides jeux ? »
« Non, bien sûr que non. » Drago lui rendit son sourire sans beaucoup d'effort. « Ou je dirai à un Serdaigle très intéressé qu'il devrait surveiller ses arrières quand il s'agit de toi. Tu entres en douce dans des quartiers privés un peu trop facilement Potter. Surtout des quartiers qui appartiennent au professeur que tu détestes le plus. Dans sa rage jalouse, qui sait ce que petit William dirait aux gens s'il savait que tu passes de très longues nuits là dedans. Mais une fois de plus, ce n'est pas le moment d'en parler. »
L'expression de Harry s'obscurcit. « Tu m'espionnes ? Je me demande ce que tu penses savoir. »
Drago se dégagea du mur pour se tenir devant les yeux étincelants de Potter et il continua à sourire sournoisement.
« J'en sais suffisamment Potter. J'ai mené mon enquête. » Il se tourna en raillant et en gloussant. « D'ailleurs fais attention avec ton animal domestique, ton aigle, Potty. Il est plus dangereux que tu ne le penses. Les Serpentards ne sont pas les seuls à être intelligents. »
Puisque l'avis venait du plus Serpentard des Serpentards, Harry enregistra à peine le conseil. Il se tourna et avança. C'était intriguant que Drago l'ait assuré que les mangemorts étaient occupés autrement que par lui. Intéressant, parce que c'était la nouvelle qui l'aidait le plus de la journée. Seul Drago, en tant que Serpentard et fils de mangemort, aurait pu donner cette nouvelle. Si le bâtard lui avait menti, il vieillerait personnellement à l'ensorceler sans fin.
Peut-être découvrirait-il ce que Drago préparait pour cette réunion et qu'ils auraient une conversation civilisée.
« Harry ! Harry ! Attends! »
Pour la seconde fois en une heure, Harry était sorti de sa rêverie par la voix d'une autre personne. Cette fois c'était Will qui courait vers lui.
« Salut Will, » Lui dit finalement Harry. Il trouvait ça drôle de le voir après l'avertissement de Malfoy.
Will lui sourit. Il était un peu rouge après avoir couru dans les couloirs. « Hé Harry. J'ai essayé de te parler toute la journée. J'ai vu le journal ce matin et je me suis dit que tu ne devais pas te sentir d'humeur festive après de telles nouvelles, alors j'ai essayé de te parler toute la journée pour t'offrir mon assistance. Pour te dérider…voilà. »
Harry rit pour la première fois de la journée et il regarda le visage excité de Will. Une sensation de chaleur le traversa, faisant presque piquer le bout de ses doigts d'énergie. Will était son ami et comme Severus le lui avait dit, ses amis avaient essayé de lui remonter le moral toute la journée, même Seamus et Dean avaient essayé pendant le cours de métamorphose.
Peut-être n'était-il pas aussi seul dans ce combat qu'il ne le pensait.
« A quoi penses-tu ? » Lui demanda Harry avec un faux sérieux. « Il vaut mieux que ce soit génial, mais on ne peut pas voler, ni aller dehors, ni se trouver dans un endroit où l'on peur me voir. J'ai suffisamment eu d'yeux qui m'ont brûlé le dos aujourd'hui. »
Will réfléchit quelques secondes puis son visage s'illumina.
« Je sais ! » Dit-il, rayonnant. « Tu m'as promis de me dessiner quelque chose un jour, alors pourquoi pas maintenant ? J'ai même trouvé l'endroit parfait. La Tour D'Astronomie. On aura toute l'intimité désirée. »
La Tour d'Astronomie ? Harry haussa les épaules. Pourquoi pas ?
Ensemble, ils coururent dans les couloirs, montèrent les escaliers, passèrent devant les tableaux murmurant entre eux jusqu'à la Tour d'Astronomie.
Harry ne se rendit pas compte qu'ils ne s'étaient pas arrêtés pour aller chercher son équipement et Will ne lui dit rien.
Le rire et les discussions assourdies s'accentuèrent quand Severus approcha de la salle d'astronomie.
Que font ces gamins en dehors de leur dortoir après le couvre-feu ?
Severus pensait à plusieurs choses. La tour d'astronomie était réputée pour cela. Plus il y pensait et plus il espérait que non.
Ce devait être de jeunes élèves bien sûr. Les plus vieux étaient pus intelligents que cela, certainement.
Quelques détentions, des points déduits, quelle que soit leur maison. Même s'ils étaient Serpentards, Severus n'était pas de très bonne humeur et il avait l'intention de s'en prendre aux pauvres individus qui se trouvaient au-delà de la porte.
Ce fut Severus qui fut surpris.
Des bougies étaient allumées sur le sol et sur les murs de la salle. On apprenait souvent que l'aurore céleste des planètes ne serait pas altérée par les bougies. Cette fois, ce ne furent pas les étoiles qui attirèrent son attention.
Il s'agissait de deux élèves de septième année, assis emmêlés et se faisant face au milieu de la salle.
Severus connaissait chaque once du corps de Harry. Chaque courbe. Chaque ligne. Il n'avait pas besoin de voir le tatouage sur son dos.
Combien de fois avait-il tenu Harry contre lui. Combien de fois avait-il déposé des baisers le long de son dos alors qu'il était penché vers lui, leurs corps emmêlés ? Trop de fois. Suffisamment de fois.
Severus sut immédiatement qu'Harry était l'un des élèves assis sur le sol, sans robe ni chemise.
Harry dessinait sur la poitrine de l'autre. Severus ne se souciait pas de ce qu'il dessinait.
Il ne lui fallut pas longtemps pour reconnaître l'autre personne.
Will était assis soutenu par ses coudes dans une position qui imitait le chevalet, les jambes écartées. Harry était assis entre ses jambes, suffisamment près pour qu'il soit à l'aise et dessinait avec le stylo moldu noir qu'il tenait en main. Ses jambes tombaient de l'autre côté de la taille du Serdaigle, pas tout à fait enroulées autour de lui. Harry avait utilisé un charme glamour pour dissimuler ses cicatrices. Alors il était facile de voir qu'à un moment au cours de la nuit, Will avait utilisé la poitrine de Harry comme chevalet. Il y avait des marques de stylo sur la peau lisse et sans tache de Harry. La bague pendait intimement autour de son cou et brillait à la lueur des bougies, invisible à Will… et peut-être aussi invisible à Harry.
Quand Severus avait brusquement ouvert la porte, les deux élèves avaient levé la tête de surprise.
Ce fut l'expression de culpabilité et de choc qui rendirent Severus muet. Tout ce qu'il put voir furent des yeux émeraude couverts par la trahison. Tout ce qu'il ressentait était une brûlure qu'il n'avait jamais connue auparavant et qui traversait son corps.
Sans un mot, Severus referma la porte.
Harry sauta sur ses pieds, comme s'il avait été giflé. L'espace d'une seconde, il chancela sur ses pieds, s'écartant de Will comme s'il était soudain confronté à un monstre.
« Harry, » Lui dit Will doucement. « Harry, ce n'est rien. Il s'en fiche. De plus, nous ne faisions rien de mal, tu sais. »
Harry prit sa chemise, sa cravate, sa robe à la hâte.
« Harry, s'il te plait, arrête. » Le supplia Will quand il se rendit compte qu'Harry allait partir aussi vite que le professeur Snape.
Harry se tourna vers lui et se força à se concentrer. « Je sui désolé Will, je dois partir. »
Will secoua la tête comme s'il niait les paroles. Il se dirigea vers Harry et fit gentiment courir ses doigts sur sa joue, son cou, posant sa main sur la poitrine de l'attrapeur.
« Harry, je t'aime vraiment, » Dit–il doucement. « Je suis certain que le professeur Snape s'en est rendu compte. Il ne nous a même pas donnés de détention. Nous avons passé tout ce temps ensemble. Ne m'aimes-tu pas toi-aussi un peu ? »
Harry regarda les yeux noisette suppliants et tout ce qu'il vit fut des perles d'onyx enflammés de passion. Une peau blanche. Des cheveux noirs. Cannelle et fumée, vanille et épices.
Je t'aime Severus…avec toutes tes fautes.
« Je suis désolé Will, » Murmura Harry en se rendant compte qu'il avait à nouveau brisé le cœur d'un autre homme par accident.
Il s'enfuit, sachant qu'il n'avait pas de cachots ou de maître des potions vers qui se tourner et que c'était de sa faute.
Même s'il n'avait rien fait de mal.
