Merci à ma correctrice AnthaRosa

Chapitre 25, étoiles qui tombent

« Es-tu jaloux, Severus ? »

De longs cheveux blonds argentés descendaient le long de sa peau trop noire en comparaison avec la peau ivoire. Des corps confondus. Emmêlés. Des mouvements rythmiques…dedans…dehors… pour correspondre aux doux halètements. Des yeux bleus glacés brillaient de passion, se durcissaient de vengeance, vacillaient pour rencontrer ceux noirs vides et impassibles. Halètements… gémissements…

Severus ferma la porte et attendit.

Il attendit le crescendo grandissant du son des mouvements. Il attendit les cris de passion parfois étouffés, parfois incohérents de la personne dont Severus se souvenait à peine. Il attendit les bruits et les grognements de libération, que le lit arrête de grincer et que l'air ne sente plus l'odeur du sexe, de la chaleur et de la trahison.

Il attendit que Lucius sorte de la pièce, enveloppé dans sa robe de soie verte.

« Et-tu jaloux, Severus ? » Des yeux glacés.

Des yeux glacés rencontrant ceux d'onyx, dénué d'émotions. Même quand les lèvres de Lucius s'écrasèrent brutalement contre celles de Severus. Même quand les mains ivoire suivirent le contour de ses joues blanches. Sans émotions.

« Pour être jaloux, il faudrait que je t'aime, Lucius. » Impassible et froid. « Pour être jaloux, tu devrais compter pour moi. »

« Tu as raison, Severus, il n'y a rien en nous qui nous permette d'aimer. Nous sommes….creux. »

Severus regarda le miroir allongé de la salle de bain mais ne vit que des yeux verts scintillants sur un visage embrassé par les dieux et blessé par les ténèbres.

Harry n'avait que dix-sept ans.

L'amant de Severus n'a que dix-sept ans.

A quoi pensais-je ? Se demanda Severus silencieusement. A quoi m'attendais-je ? Il est si jeune.

La réponse lui vint immédiatement.

Harry n'était pas 'si jeune'. Harry n'avait pas 'que dix-sept ans'. Harry était Harry. Comme Severus avait fait son choix, Harry avait fait le sien. Ils s'étaient choisis pour le meilleur et pour le pire. Severus avait demandé à Harry de lui faire confiance. Ne pouvait-il pas lui-aussi lui faire confiance?

Sauf que c'était difficile. Et la colère brûlante qui avait traversé son corps comme du feu ne pouvait pas être niée aussi facilement.

« Es-tu jaloux, Severus ? » Cette fois, c'étaient des yeux émeraude qui lui posaient la question.

Severus toucha le rubis brillant posé contre sa poitrine. Ses doigts glissèrent le long de la surface rêche, traçant les lettres d'or gravées à l'intérieur. La lumière. Les initiales. Il sentait les résidus de magie de Harry vibrant puissamment du pendentif. C'était étrangement réconfortant pour Severus, qui n'avait jamais besoin de réconfort.

« Pour être jaloux, il faudrait que je t'aime… »


Les doigts de Hermione caressaient de façon apaisante les cheveux de Harry, mais il ne paraissait pas l'avoir remarqué.

« Que s'est-il passé Harry ? » Lui avait-elle demandé la nuit précédente quand il était entré chancelant dans sa chambre, complètement perdu.

Il ne lui avait pas répondu et elle n'avait pas insisté.

Il était allongé sur son lit et n'avait pas bougé depuis des heures, ses seuls mouvements consistaient à caresser rythmiquement et machinalement les cicatrices de son bras ou la bague sur sa poitrine qui était soudain devenu visible pour ses amis. Elle était allongée à côté de lui, pelotonnée contre lui pour lui fournir le réconfort dont il avait besoin. Dans une chaise à côté du lit, Ron lisait son livre de Défense Contre les Forces du Mal.

Ils s'étaient endormis dans cette position et réveillés dans la même.

Aucun d'eux n'avait bougé de la matinée. Heureusement ni Ron ni Hermione n'avaient eu cours jusque là, mais autrement, ils les auraient manqués. Ils avaient conclu un accord tacite la nuit précédente : ils ne laisseraient pas Harry, et ce peu importe ce qu'il se passait.

Le véritable test serait dans une heure, quand le trio était censé allé en cours de Défense Contre les Forces du Mal. Pourtant, ils ne bougèrent pas pour aller en cours. Ils étaient à peu prés certains que Remus comprendrait leur absence.

« Hermione, tu devrais te préparer pour aller en cours, » Harry brisa doucement le silence, pour la première fois depuis plusieurs heures. « Ron et moi serons plus rapides. »

Hermione s'assit sur le lit. Ses mains arrêtèrent leur lent cheminement dans ses cheveux. Elle avait des questions qui lui brûlaient la langue, mais elle les combattit. Les mots résonnaient comme des échos dans sa tête.

« Que s'est-il passé la nuit dernière, Harry ? Est-ce que tu iras bien ? Que t'a-t-il fait ? Veux-tu en parler ? Ron et moi sommes là pour toi. Nous sommes tes meilleurs amis, Harry, tu peux nous le dire. Tu sais que nous ne te laisserons pas mener cette guerre seul, hein ? »

Mais au lieu d'exprimer cela, elle soupira doucement et déposa un baiser émotionnel sur sa tempe.

« Tu iras bien, hein Harry ? » Lui demanda-t-elle, sa voix se brisa en larmes retenues.

Harry acquiesça mais ce n'était qu'un réconfort puisque ses doigts glissaient toujours sur ses cicatrices. Hermione accepta, ne sachant que dire d'autre. Elle se leva, enlaça calmement son petit ami avant de prendre quelques affaires et de sortir de la chambre.

Harry et Ron se regardèrent silencieusement pendant quelques minutes, n'ayant pas besoin de mots pour parler, comme seuls les meilleurs amis le pouvaient.

« Ce n'est pas à cause de la guerre, hein ? » Lui demanda finalement Ron. Harry secoua la tête.

« Tu l'aimes. » C'était une affirmation.

Harry y répondit comme si c'était une question et acquiesça silencieusement.

« Est-ce qu'il t'aime ? »

Harry secoua à nouveau la tête.

« Alors c'est un imbécile. Il ne te mérite pas. Je pourrais l'ensorceler si tu veux. Hermione et moi pourrions trouver quelque chose. »

Harry sourit tristement.

« Pas cette fois, Ron, » Lui dit-il doucement. « Cette fois c'est moi qu'il faudrait ensorceler. »

Ron retomba dans le silence. Il pensait à ce que Harry venait de lui dire et à ce que ça signifiait. Harry attendit. Ron était intelligent. Harry s'en était rapidement rendu compte ces derniers mois. Ses meilleurs amis étaient vraiment des personnes surprenantes.

« Will ? »

Harry soupira et acquiesça.

« Peut-être que je devrais attendre que Mione revienne pour vous raconter ce qu'il s'est passé. »

« Ou je pourrais lui répéter, » Lui dit Ron d'un air entendu. « L'as-tu trompé avec Will ? »

« Il pense que je l'ai fait. » Harry haussa les épaules. « C'est suffisant pour me condamner. »

De la porte d'entrée, Hermione fit un son étranglé et tous les deux se retournèrent vers elle immédiatement. Ils étaient presque certains qu'elle était partie.

« Je me suis dépêchée, » Dit-elle en guise d'explication. Elle semblait plus intéressée par embrasser Harry, même sil elle avait mis son uniforme. « Que s'est-il passé ? Si tu veux nous le dire. Nous ne te poussons pas, si tu ne veux pas en parler. »

Harry soupira à nouveau.

« Vous avez été très patient, » Dit-il doucement. « Je devrais vous le dire. »

Et il le fit. Il leur raconta tout, sauf la part où Drago lui avait dit qu'ils devraient bientôt parler. Quand il eut fini l'histoire, ils semblaient étonnés. Ron semblait bouillir intérieurement et Hermione avait l'air optimiste.

Il ne s'agissait que d'un malentendu. Ca pouvait s'arranger. Non ?


Will inspira profondément, leva la main et inspira à nouveau.

Il se tenait devant le bureau du professeur Snape depuis un long moment : il se préparait à frapper. Jusqu'à présent, il n'en avait pas encore trouvé le courage, mais il savait qu'il le devait. Le professeur Snape s'était fait une fausse idée de Harry et puisque Will avait déjà ruiné ses chances avec lui, la meilleure chose qu'il puisse faire était de ne pas ruiner sa réputation.

Cette fois, quand il leva la main, il frappa.

« Entrez, » Ordonna-t-il de l'intérieur. Et Will entra.

« Professeur Snape, je ne sais pas si vous vous souvenez de moi, mais je dois vous parler, » Commença rapidement Will. Il ne voulait pas laisser à son professeur le temps de lui jeter un sort. « La nuit dernière vous êtes venu dans la salle d'observation de la Tour d'Astronomie et vous nous avez vu Harry Potter et moi. Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais nous étions dans une position compromettante et euh… »

Il se tut, incertain et embarrassé. Il s'était empourpré et son regard rencontra celui d'acier du professeur.

Peut-être que ce n'est pas le meilleur moment pour lui parler…Ajouta son cerveau.

Severus était assis derrière son bureau, se documentant sur les instructions qu'il avait à donner lors de son troisième cours de la journée quand on frappa. Se disant que permettre à un élève d'entrer était peut-être le meilleur moyen de se changer les idées et de ne plus penser à un jeune homme aux yeux verts, il avait ordonné à l'élève d'entrer.

Bien entendu, il ne s'était pas attendu à ce que le dit élève soit la cause de la discorde entre lui et Harry. S'il ne devait pas conserver les apparences, Severus aurait agi selon sa première impulsion : il aurait jeté le Serdaigle de septième année en dehors du couloir des Serpentards.

« Je pense que vous allez arriver rapidement au but de votre visite, M. Stephens, » Grinça Snape en retenant son énervement. « Autrement, je pourrais simplement déduire des points parce que vous m'avez fait perdre le peu de temps libre que j'aie. »

William devint plus rouge encore puis vint se placer devant son ancien professeur de potions. Il s'agrippa à la table pour accentuer ce qu'il avait à dire, sa bouche cracha les mots que son esprit avait préparés la nuit précédente.

« Professeur Snape, Harry est hétéro ! » Cria-t-il.

Si Severus avait été en train de manger, il se serait étouffé. Heureusement, manger était la dernière chose qu'il avait envie de faire depuis la nuit précédente, mais c'était assez choquant d'entendre cela.

Surtout qu'il savait que Will avait réfléchi à ce qu'il allait dire.

« Est-ce que Potter vous a dit qu'il était hétéro ? » Lui demanda Snape, les yeux plissés pour montrer qu'il n'était pas d'humeur à ce qu'on se joue de lui. « Ce n'est pas ce qu'il m'a semblé quand je suis entré. Ne soyez pas naïf, Stephens. Je vous assure qu'aucun sorcier hétéro n'aurait été pris dans la position dans laquelle je vous ai vu tous les deux la nuit dernière. »

Will grogna, exaspéré.

« Non, vous n'avez pas vu ce que vous pensez avoir vu. » Protesta-t-il, mais il fut obligé de réviser sa déclaration. « Eh bien, oui, mais c'était de ma faute. J'ai demandé à Harry d'enlever ses …vêtements. Vous voyez nous dessinions simplement. Harry aime dessiner et il est surprenant. Je le voulais… je voulais qu'il… C'est de ma faute, professeur. C'est moi qui suis gay. »

Il baissa les yeux d'embarras, Snape était La personne à qui il avait le moins eu envie de confier sa sexualité de Poudlard, il aurait préféré qu'il n'en sache rien. Ca ne pouvait pas l'aider, alors l'instant suivant, il leva les yeux de défi.

« Si vous voulez faire quelque chose, alors faites-le contre moi ! Harry n'a rien fait de mal. J'ai même essayé de le séduire et il n'a pas mordu à l'hameçon ! Je sais que vous le méprisez, mais si vous dites à l'école qu'il est gay alors qu'il ne l'est pas, ce sera horrible et il me détestera. J'essayais simplement de lui changer les idées pour qu'il ne pense plus à la fuite des mangemorts. Nous n'avons rien fait d'autre que de dessiner toute la nuit et ce n'est pas un crime ! »

Severus ne ferma pas les yeux de soulagement. Il ne cligna même pas des yeux de choc.

Il n'en avait pas besoin parce que Will venait simplement de confirmer ce que Severus avait compris ce matin en regardant dans le miroir allongé.

Harry n'avait rien fait de mal.

Severus savait tout de Harry. Severus connaissait chaque once de son corps. Chaque courbe. Chaque ligne. Chaque muscle. Il avait tenu Harry contre son corps. Il avait déposé des baisers le long de son cou alors qu'il était penché vers lui ; glissant dans l'accueillante sensation enveloppante d'être enfoui profondément dans Harry… trop souvent.

Il savait de quoi Harry avait l'air quand il était excité et qu'il faisait presque des étincelles de magie. Il connaissait le regard de Harry et le son de son souffle haché. Les odeurs. Les sons. Les goûts. L'électricité dans l'air.

Harry n'avait pas été excité cette nuit… parce que Severus savait à quoi ressemblait Harry quand le désir brûlait dans ses yeux émeraude.

« Je sais avec certitude que Harry Potter est gay. »

Severus ressentit le besoin de le dire à haute voix à Will. Peut-être était-ce puéril. Peut-être était-ce inutile. Peut-être parce que c'était le second sorcier et qu'Harry avait choisi Severus : c'était une sensation étrange et il se sentait bizarrement humble.

Will parut confus. « Mais…il n'agit pas comme une personne gay. Malfoy lui-même a dit qu'il était hétéro. »

« Malfoy est un Serpentard. » Severus le regarda avec des yeux perçants. « Est-ce que les Serdaigles croient toujours sur parole les Serpentards ? »

« Eh bien, vous aussi êtes un Serpentard ! Qui dois-je croire ? »

« Croyez ce que vous savez profondément, » Répondit Severus. « C'est vous qui êtes de cette inclination. Vous savez ce que vous recherchez. »

Will fut silencieux un très long moment. Severus lui permit ce moment de réflexion. Il pouvait le lui permettre après tout. Will n'était pas la personne que Harry avait choisie. Il était normal que le jeune sorcier comprenne pourquoi il n'avait pas réussi à séduire Harry.

« Il aime probablement quelqu'un d'autre, » Murmura finalement Will. « Il voulait certainement que nous soyons simplement amis et j'ai tout gâché en désirant plus. Je devrais probablement aller m'excuser auprès de lui. Je veux être son ami. Il est Harry Potter ! Je prendrai ce que je peux avoir ! »

Severus considéra que c'était sa bonne action de l'année.

Will regardait son professeur, avec une étrange expression sur le visage. « Puisque vous l'avez compris avant moi, qu'allez-vous faire, professeur ? »

Brusquement, le professeur eut une lueur cruelle dans le regard et il sourit avec malveillance. La voix calme de la raison, qu'avait entr'aperçu Will, était partit. S'il avait oublié à qui il parlait, ça allait certainement lui revenir à la seconde.

Le professeur Snape prit un air renfrogné. « Ne vous inquiétez pas au sujet de Potter, Stephens. Ce qu'il mérite dans la vie lui sera certainement accordé. »

Will lança au professeur un regard de dégoût qui se transforma rapidement en un regard noir. Il était inutile de parler au professeur maintenant. Will savait qu'il marcherait sur une ligne très fine s'il poussait le professeur. Jusqu'à présent, il avait réussi à l'insulter et avait crié plusieurs fois depuis qu'il était entré dans la salle. Il valait mieux ne pas pousser le bâtard fou.

« Merci pour votre aide professeur, » Dit Will froidement. Il continua moins fort. « J'espère que Harry vous démasquera, et qu'il découvrira le mangemort que vous êtes. Connard. »

Il claqua la porte qui résonna quand il sortit.

Severus se fit une note : il devait lui envoyer un hibou au dîner lui stipulant combien de points il déduirait pour insolence et mauvaises manières. Entre temps, il laissa son esprit vagabonder vers des yeux verts étincelants.

Severus pensait ne pas punir ses élèves de potions pour le reste de la journée, pour une certaine raison.


« Où est Harry Potter? »

« Dégage! »

« Où est Harry Potter? »

« Nous ne le savons pas et si nous le savions nous serions pas assez idiots pour vous le dire! »

« Nous sommes à bout de patience. Nous ne vous reposerons plus la question. »

« Bien! »

« Si vous nous le dites, nous vous épargnerons peut-être la vie. »

« Nous préférerions mourir que de trahir Harry/ Nous tuer ne résoudra rien. Au final, c'est Harry qui gagnera. Il est meilleur sorcier que Voldemort. »

« Comment osez-vous prononcer le nom de notre maître. Espèce d'enfants insolents. Vous allez payer pour votre langue bien trop pendue et votre esprit étroit. »

« Seigneur, ce qu'il est dramatique! »

« Avarda Kedavra! Avarda Kedavra! »

Des rayons de lumières verts éclairèrent l'air. Ron et Hermione tombèrent sans un bruit. Les mangemorts transplanèrent.

Harry cria… mais personne ne l'entendit.

Pour la deuxième fois en deux jours, Harry s'évanouit en allant en Défense Contre les Forces du Mal. Il était resté inconscient si longtemps, qu'il avait l'ordre de se reposer pour le reste de la journée. Il avait fait peur à tout le monde. Et pour la seconde fois en deux jours, il refusa de dire s'il avait eu une vision et ce qu'il avait vu.

« Harry tu n'es pas raisonnable, » Lui dit gentiment Remus.

Harry avait été emmené à l'infirmerie dès qu'il s'était évanoui. Quand il s'est réveillé, il était allongé dans un lit. Il lui était d'ailleurs probablement réservé maintenant. Remus était à ses côtés. Dès que Harry avait repris conscience, son nouveau parrain avait sauté près de son lit.

« Remus, ce n'était pas important, » Protesta doucement Harry, mais Remus n'en était pas convaincu.

« Ne me mens pas Harry. Tes visions sont toujours importantes. »

Sauf que ce n'était pas seulement une vision et Harry le savait. C'était une promesse de ce que les mangemorts feraient et de ce que Voldemort ordonnerait. Les amis de Harry mourraient. Toutes les personnes qu'il aime mourraient.

La guerre avait commencé.

« Remus, je ne veux pas en parler, » Lui dit doucement Harry. « S'il te plait, pouvons-nous parler d'autre chose? »

Il posa sa tête sur l'épaule de Remus et celui-ci enroula un bras autour de lui. Ils restèrent cependant silencieux, perdu dans leurs pensées se réconfortant et se rassurant.

Puis Harry brisa le silence.

« Remus, aviez-vous pensé Sirius et toi à ce qu'il adviendrait si l'un de vous mourait? »

Remus acquiesça. « Bien sûr. Nous y pensions souvent, Harry. »

« Est-ce comme tu l'imaginais maintenant qu'il est parti? »

Remus resta silencieux quelques secondes. Ses yeux s'embuèrent de tristesse et de douleur. Pendant un moment son regard fut collé à l'autre bout de la salle comme s'il avait oublié que Harry était là.

« Non, ça ne l'est pas, » Répondit-il finalement. « On souffre dix fois plus. Le chagrin est dix fois plus fort. Le vide. La douleur sourde. A moins qu'on ne perde son…Coeur…personne ne peut imaginer la douleur. Pendant des jours j'ai eu l'impression que le monde bougeait au ralenti et que cet instant se rejouait sans cesse dans mon esprit.

« Sirius était impulsif. Ca lui ressemblait de mourir aussi soudainement. S'en aller dans un lit, sous mes yeux n'aurait pas été lui. Je n'aurais jamais voulu cela, mais il ne l'aurait pas permis. Il devait mourir dans la guerre, se battre pour toi, moi et Albus. Il devait mourir comme un héros parce qu'il était comme ça. Je l'ai accepté, mais ça ne rend pas les choses plus faciles. »

« Je comprends, » Murmura Harry en acquiesçant.

Remus le regarda en souriant légèrement. « Vraiment ? »

« Oui, » Répondit Harry. « Quand tu aimes quelqu'un, tu te lies à lui. C'est comme si tu entrelaçais ton cœur et ton âme ensemble avec tant de complexité que si cette personne mourrait, elle déchirerait ton corps. Tu es laissé avec une plaie énorme, sanglante, causée par un espace vide. »

« Oui…exactement, » Murmura Remus.

Il ne lui posa pas l'évidente question: qui Harry aimait-il tant pour comprendre. Harry ne lui donna pas cette information de lui-même parce que ce n'était pas le bon moment. Il le dirait à Remus bientôt. Bientôt.

Entre temps, ils retombèrent dans le silence et l'esprit de Harry se dirigea vers des cheveux d'ébènes et des yeux d'onyx.

Il espérait vraiment que Severus n'était pas trop en colère contre lui.

Si Severus mourrait dans la guerre, le cœur de Harry se déchirerait. Si Harry mourrait dans la guerre, Severus le pleurerait avec la force tranquille et la grâce avec laquelle Remus pleurait Sirius. Harry allait faire de son mieux pour ne pas mourir pendant cette guerre. Il espérait simplement que Ron, Hermione, Severus, Remus et les autres aient suffisamment de bon sens pour faire de même.

Voldemort ne pouvait pas gagner. Harry allait y veiller.


Drago attendit toute la journée pour parler à Harry.

Quand Harry s'était évanoui en Défense Contre les Forces du Mal, Drago suspectait fortement en connaître les raisons. Il avait essayé de le voir à l'infirmerie, mais Madame Pomfresh avait refusé et Drago n'avait pas insisté. Harry ne s'était pas montré en Métamorphose. Mais il ne s'était pas vraiment attendu à le voir. Après le cours de potions, il était retourné à l'infirmerie, mais Harry n'y était plus. Il n'avait pas pu trouver non plus le professeur Flitwick. Drago pensait savoir pourquoi. Au début du dîner, il décida d'abandonner et de lui parler un autre jour.

Au dîner, le choix lui fut retiré des mains. Son père lui avait envoyé un autre hibou, ce qui voulait dire que Drago devait parler à Harry avant la fin de la journée.

Il laissa tomber ses amis et cette fois demanda ouvertement aux étudiants les plus jeunes, s'ils avaient vu Harry. Le préfet avait besoin de parler avec le préfet en chef et c'était urgent. Ils répondirent non en majorité et certains lui firent des suggestions.

Finalement, Drago trouva Harry en train de se balader dans les couloirs des Serpentards.

« Malfoy, est-ce que tu vas bien ? »

« Ne pose pas de questions stupides, Potter ? Est-ce que j'ai l'air d'aller bien ? »

Il était agenouillé par terre, en boule, les bras enroulés autour de la taille. Il haletait pour respirer et était essoufflé. Près de l'endroit où Harry était arrivé, gisait la baguette de Drago. Harry trouva que malgré le peu d'éclairage, Drago avait considérablement pali. Alors que l'adolescent souffrant se balançait d'avant en arrière ; Harry le regarda avec fascination.

Drago n'avait pas l'air d'aller mieux quelques minutes plus tard, alors Harry décida de l'aider.

« Malfoy ? » L'interpella-t-il.

Drago leva vers lui des yeux gris écarquillés, ce qui accentua encore ses difficultés à respirer. De la sueur glissait le long de son visage et il se mit à trembler violemment.

« Mourant.. crise cardiaque… quelque chose… »

Harry n'attendit pas d'entendre la fin de l'explication qu'il pouvait haleter au milieu des tremblements, de la sueur et de son souffle haché.

Il s'approcha de lui, et essaya de toucher son cou pour chercher son pouls. Avant de pouvoir cligner des yeux ou de se demander ce qu'il pouvait ensuite faire, il aperçut son serpent glisser sur son dos et s'enrouler autour de son bras. Puis, chose incroyable, il rétrécit la distance entre le bout de ses doigts et le cou de Drago. De longs crocs tranchants entaillèrent l'artère du cou et Drago haleta de douleur.

Quelques instants après, sa respiration se calma et les tremblements cessèrent.

Le tatouage retourna d'où il venait, et s'enroula contre l'épée, sur le dos de Harry. Harry éloigna sa main de la peau de Drago, sous le choc, pendant que Drago se levait, une expression suspicieuse dans les yeux.

« Qu'as-tu fait ? »

« Je n'en suis pas certain. Je ne sais pas ! » S'exclama Harry avec confusion.

« Tu as fait quelque chose, » Rétorqua Drago avec accusation. « Pourquoi ai-je l'impression d'avoir bu une potion calmante ? Comment me l'as-tu injecté ? La potion calmante est censée être prise oralement. »

« Je ne sais pas ce que j'ai fait, d'accord ! » Déclara Harry. « Apparemment c'était quelque chose de bien parce que tu vas mieux. »

Drago retourna dans tous les sens cette réalisation et en grimaçant, il ramassa sa baguette. Quand il se retourna, il la pointa sur lui.

« Ecoute Potter, personne ne doit savoir cela. M'entends-tu ? » Lui demanda Drago méchamment. « Je ne veux pas que tous les membres de cette horrible école sachent qu'un préfet est cardiaque. »

Harry fit de son mieux, mais ne put s'empêcher de sourire. « Ce n'était pas une crise cardiaque Malfoy, crois-moi. »

Drago plissa les yeux une fois de plus. « Comment le saurais-tu Potter ? Ce n'est pas toi qui l'as ressenti. J'en ai déjà eu. Si je dis que c'était comme une crise cardiaque, alors c'en est une. »

Harry haussa un sourcil. « Quel âge as-tu Malfoy ? Dix-sept ans, hein ? Tu joues au Quidditch régulièrement et puisque tu ressembles à un de ces garçons anorexiques que l'on voie dans les catalogues, je suppose que tu manges à peine, ce qui n'est pas très sain. Oh, et tu es aussi un sorcier. As-tu l'impression que c'est un candidat susceptible d'avoir une crise cardiaque ? »

« Alors de quoi s'agit-il, Monsieur Je Sais Mieux que Les Autres ? »

Harry sourit. « Je te le dirai dès que tu auras baissé ta baguette. »

Drago abaissa sa baguette à contre cœur.

« On appelle ça une crise d'angoisse. Je devrais le savoir. Apparemment je suis un bon candidat et j'ai rencontré une autre personne qui en fait également. Il m'a dit à quoi ça ressemblait, ce qu'on ressentait pour que je puisse les reconnaître, » Lui expliqua Harry en essayant de conserver le ton supérieur de sa voix.

C'était drôle de penser qu'une personne hautaine et puissante comme Drago puisse souffrir d'une maladie mentale, comme lui. Leur maladie était différente, mais l'une pouvait mener à l'autre.

« Une crise d'angoisse ? » Lui demanda Drago en regardant Harry comme s'il s'attendait à ce que l'autre sorcier se mette à rire.

« Oui. Tu devrais lire sur ce sujet. Les livres moldus donnent beaucoup de renseignements dessus, mais le monde sorcier aussi. » Harry fut à son tour suspicieux. « Tu en as déjà eu. Pourquoi ne te promènes-tu pas avec une bouteille de potion calmante ? J'aurais cru que tu n'avais pas envie d'en subir une autre. »

Drago le regarda avec des yeux noirs. « Je ne savais pas ce que c'était, d'accord ? J'ai utilisé des potions calmantes cet été quand elles ont commencé, mais mon père m'a vu et a voulu savoir pourquoi j'en avais besoin. Je n'ai pas voulu lui dire que je pensais être en train de mourir. Les Malfoy sont censés être forts, même dans la douleur. De plus, j'espérais ne pas en avoir d'autres. »

Harry y réfléchit un instant. « Eh bien, tu es à Poudlard maintenant, tu peux prendre la potion si tu veux. Ou la commander de Pré au Lard. »

« Mon père le saurait. Il me fait suivre partout. »

« Il te fait suivre ou te surveille ? » Etouffa Harry. « Dans ce cas, je suppose que tu vas devoir trouver une solution non magique. Je pense que tu ne pourras pas mettre tes mains sur une potion. »

Drago paraissait décidément malade.

Harry prit pitié de lui et offrit à Drago ce qui serait son dernier recours. « Tu sais, tu pourrais toujours faire ce que font les moldus. C'est très simple. »

Au mot 'moldu', les lèvres de Drago se hissèrent de dégoût.

« Je ne ferais rien de moldu. Ils ont certainement développé une saleté d'habitude qu'ils appellent un remède. »

« Qui a parlé de remède ? » Lui demanda Harry. « Si tu ne veux pas, tu devras le supporter. Entre temps, je m'en vais. Je suis certain que dès que tu seras retourné dans ton dortoir tu te souviendras de cette petite conversation et tu seras certainement malade quand tu te rendras compte qu'elle a été une nouvelle fois civile. J'aimerais continuer ainsi. »

Avant qu'il ne puisse partir, Drago céda. « Très bien, qu'est-ce que je dois faire ? »

Harry sourit. Il sortit sa baguette de sa poche et d'un geste, il marmonna un sort de révélation. Sur son poignet se trouvait un simple élastique noir qu'il enleva et mit sans cérémonie sur le poignet de Drago.

« La prochaine fois que tu sens une crise venir, claque fort. Le claquement oblige ton esprit à se concentrer sur autre chose. Si tu as une crise, continue à claquer. Ca ne l'arrêtera pas mais elle sera plus facile à supporter et moins vive. »

Drago le regarda comme s'il avait perdu l'esprit. C'était probablement le premier artefact moldu qu'il laissait autant s'approcher de sa peau, mais celui-ci ne faisait rien, il était simplement enroulé autour de son poignet d'une manière absolument pas menaçante.

Peut-être qu'essayer ne lui ferait pas de mal..

« Attends. Pourquoi en as-tu un ? Et n'en auras-tu pas besoin ? » Lui demanda-t-il pas tout à fait gentiment, mais sans menace dans la voix.

Harry haussa les épaules et sourit légèrement. « J'aime la douleur. C'est un substitut au cas où. Ne pose pas de questions. Je peux m'en procurer un autre, mais je n'en ai pas eu besoin depuis longtemps. Un de mes amis est MagiPsych et il n'a aucune objection à utiliser les méthodes moldues si elles aident. »

« Tu as un ami qui est MagiPsych ? »

« Oui, et alors ? »

« Potter, tu es bizarre, » Lui rétorqua Drago avec une expression de dégoût. « Tu dois vraiment avoir une sorte de charme en toi qui t'oblige à sauver la veuve et l'orphelin ? »

Harry jugea que le commentaire ne méritait pas de réponse. Il remarqua que l'élastique était autorisé à rester où il était et c'était déjà une bonne chose en soit.

« Puisque tu sembles recommencer à distribuer des insultes et que j'ai d'autres choses à faire avec mon temps, je m'en vais, » Répondit-il.

« Non, attends ! » S'exclama Drago quand Harry tourna les talons pour partir. « Nous devons parler. Maintenant. »

Harry haussa un sourcil, mais dit seulement, « Alors parle. Je n'ai vraiment pas toute la nuit. »

« Pas dans les couloirs des Serpentards, espèce d'idiot, » Lui répondit Drago. Son regard prouvait que dans son esprit, il émettait à nouveau des doutes sur l'intelligence de Harry.

Harry soupira impatiemment. « Alors je te propose d'être bref et d'aller au but. »

Drago soupira et sembla même bouder, mais décida finalement d'en terminer.

« Ils viennent, » Dit-il doucement. « Je sais que tu peux le sentir maintenant. Je te conseille de ne pas sortir sans ta baguette et quelques sorts de prêt. Ce serait dommage que tu meures après la première attaque. »

« Malfoy, pourquoi essaies-tu d'aider ? De quel côté es-tu ? »

Drago le regarda avec des yeux noirs. « Je suis de mon propre côté ! Je veux rester en vie moi-aussi, tu sais. »

« En trahissant ton père ? » Harry ne semblait pas convaincu. « Si ton père ne te tue pas, alors Voldemort le fera. Tu ne ferais sûrement pas de crise d'angoisse si tu ne le savais pas. »

« Laisse-moi m'occuper de moi, Potter. Je sais ce que je fais. »

« J'en suis sûr. Seulement je ne serai pas piégé par la trappe que tu prépares pour protéger tes fesses, »

Drago haussa les épaules. « Très bien alors ignore mes avertissements. Je suis ta meilleure chance. J'ai toutes les informations et je suis d'accord pour les partager, mais si tu ne veux pas m'écouter alors tant pis. Ce sera de ta faute si ton parrain numéro deux meurt. »

« Très bien, je jouerai à ton petit jeu, Malfoy, » Dit Harry avec des yeux légèrement noirs. « Quand et où attaqueront-ils en premier ? »

Drago sourit satisfait. « Je ne sais pas ! Je ne pense pas qu'ils le sachent eux-mêmes. Je dis simplement qu'il faut que tu te tiennes prêt parce que ce sera très bientôt. Ne vas nulle part seul et essaye de ne pas jouer au héros à moins que tu ne veuilles vraiment mourir. Il vaut mieux que tu restes où Dumbledore peut te protéger. Mais je suis certain qu'aller voir Snape tard le soir t'a probablement appris quelques petites choses. »

« Laisse Snape en dehors de ça, » Grogna Harry.

Aussi surprenant que cela puisse l'être, il acquiesça, mais pas avant de déclarer une chose de plus. « C'est un traître. C'est de sa faute s'il est insulté. »

« Et en quoi est-il différent de toi maintenant ? »

« C'est très différent ! Je préférerais mourir que d'être à la botte de Dumbledore ! Je ne suis pas comme ça. »

« Bien sûr que non, »' Rétorqua Harry douceâtre, « Ce n'est pas comme si tu étais à la botte de ton père et peut-être même de Voldemort, et ce régulièrement. »

« Je ne suis pas un mangemort, Potter. De plus, tu ne saurais pas ce que l'on ressent. Des gens se jettent d'eux-mêmes à tes saletés de pieds pour se mettre à ton service. Regarde ce Serdaigle, tu as su l'enrouler autour de ton doigt, » Lança Drago. Il était indéniable qu'il avait une expression blessée dans les yeux.

Harry ouvrit la bouche de surprise. « Tu l'aimes ! Comment ai-je pu ne pas le voir ? »

« Potter, ne sois pas stupide, » Protesta Drago. « Je suis un Malfoy. Un sang pur. »

« Oui, et alors ? » Lui demanda Harry, amusé par la tournure qu'avait pris la conversation. « Fais ce que tes parents ont fait Malfoy. Marie-toi pour sauver les apparences et couche avec ceux que tu veux. Quelque part, c'est bien leur genre. »

« Mes parents ne font pas ça… » Commença Drago, mais ça sonnait faux, même à ses propres oreilles.

Harry sourit ce qui exaspéra Drago : de quels droits Potter en savait-il autant alors que les siens s'étaient fait tuer ? D'après ce qu'il savait, ses parents avaient peut-être fait pareil. Sauf que… Drago devait l'admettre, les parents de Potter étaient le genre de personnes à se marier par amour.

« On dirait que tu vas être malade, Malfoy, » Lui dit Harry en souriant toujours. « Avons-nous terminé notre discussion ? Si c'est le cas, je vais m'en aller. »

Drago le regarda ouvertement avec des yeux noirs comme si la conversation ne se terminait pas comme il l'avait souhaité.

« Vas-t-en alors, » Lui dit-il avec ses yeux noirs. « J'ai fait ma part. Je ne te redirai pas d'être prudent. Quand les mangemorts t'attaqueront tu pourras t'inquiéter pour tes fesses. »

Harry éclata de rire. « Eh bien, merci pour l'info Malfoy. Tu fais un peu trop attention aux miennes. C'est certainement ce que l'on attend de toi. »

Harry se retourna et s'en alla. Il devait aller à la Tour des Gryffondors pour réfléchir sérieusement. Il avait peut-être semblé prendre à la légère les paroles de Malfoy, mais il savait que le Serpentard avait raison : les mangemorts allaient certainement bientôt attaquer.

De plus, Harry devait encore s'excuser auprès de Severus et il devait réfléchir au meilleur moyen de le faire.

Drago regarda Harry partir, des couteaux à la place des yeux. Il avait essayé de l'aider et Potter avait réagi comme si c'était une blague. Eh bien, il verrait qui rirait la prochaine fois. Il n'allait pas mourir dans cette guerre, et si cela voulait dire que Potter devait se sacrifier à la fin, alors qu'il en soit ainsi. Il avait besoin de Potter vivant pour tuer Voldemort. Mais entre temps, il restait fidèle à son père.

Il sortit la lettre que son père lui avait envoyée au cours du dîner ainsi qu'une plume et lui proposa une date qui lui convenait ainsi que l'endroit où les mangemorts avaient le plus de chance de trouver Harry.

Comme s'il avait une arrière pensée, il claqua l'élastique sur son poignet. Il se sentit un peu mieux.


Le couloir des Serpentards était silencieux et calme.

A deux heures du matin, on ne pouvait pas s'attendre à ce qu'il en soit autrement. Mais au moment où la main de Severus toucha la poignée pour entrer dans ses quartiers, il sut qu'il n'était pas seul.

Harry pencha la tête et la posa sur le dos de Severus, pour que ce soit le seul point avec lequel il soit en contact.

« S'il te plait, pardonne-moi Severus. » Murmura-t-il uniquement pour les oreilles de son amant.

Severus inspira profondément, regardant le bois de sa porte et essayant de répondre, sans que ça ait l'air de faire partie d'une conversation.

« Je n'ai rien à te pardonner, » Murmura-t-il. « Je sais que tu n'as rien fait de mal. »

Harry sourit, leva la tête suffisamment pour sentir l'odeur des cheveux de Severus et son aura. Il enveloppa ses bras autour de la taille fine, voulait…avait besoin…de Severus seulement.

Severus se retourna dans l'étreinte. Il enveloppa un bras autour de la silhouette invisible, levant l'autre main pour caresser la joue invisible, regardant les yeux émeraude invisibles. Il murmura à la forme invisible, de cette voix emplie d'émotions dissimulées que personne d'autre ne connaissait.

« Reste là ce soir. Laisse-moi te prendre dans mes bras et réglons ce malentendu ensemble. »

Harry le voulait. Il le voulait vraiment, toutes les cellules de son corps le désiraient parce que son cerveau ne s'arrêtait de penser à la réalité et à son destin que lorsqu'il était avec Severus. Harry voulait vraiment rester, mais il ne le pouvait pas ce soir.

« Je ne peux pas. » Murmura-t-il en secouant la tête pour accentuer son refus.

Il s'arrêta un instant, rassembla ses pensées pour formuler des phrases cohérentes. Alors qu'il parlait, il observa les émotions qui traversaient les yeux noirs de Severus. L'espace d'une minute, il pensa que Severus serait en colère, et qu'il comprenait mal ce qu'il essayait de lui dire, mais Severus le surprit. Il resta calme et patient.

« Tout le monde connaît sa place dans cette guerre. Tout le monde a combattu avant ou s'y est préparé toute sa vie. Même Ron et Hermione savent quoi faire. Je ne sais pas. Je ne veux pas mourir, Severus. Je ne mourrai pas. Je ne le laisserai pas me tuer et ça veut dire que je dois être prêt. Tu ne peux plus être ma colle, celui qui me permet de tenir. Je ne peux pas laisser Dumbledore me protéger ou que quelqu'un d'autre, comme Remus par exemple meurt pour moi. Je dois le faire moi-même. C'est ma vie. Les autres ne peuvent pas se battre à ma place. Je dois être sérieux et je ne dois pas me laisser distraire. »

Severus haussa un sourcil, comme s'il doutait. « Dois-tu commencer ce soir ? »

Harry rit doucement. Il bougea la tête pour que la main sur son visage se déplace et il embrassa la paume de la main de Severus.

Severus sentait l'humidité sur son visage, les larmes ruisselaient le long des joues de Harry, mais il ne l'entendit pas sangloter. Harry avait probablement peur au-delà de toutes pensées, mais il restait courageux.

« Oui, ce soir, » Dit Harry. « Ce soir et beaucoup d'autres soirs, jusqu'à ce que je comprenne. Aussi longtemps que tu seras là. Aussi longtemps que je peux venir te voir quand j'en ai besoin… »

Il ne termina pas sa phrase, mais Severus comprit.

« Je serai là, Harry, » Murmura-t-il. « Aussi longtemps que tu auras besoin de moi. Je serai juste derrière toi pour t'aider. Je ne te laisserai jamais seul pour faire face à cette guerre et tes amis, Albus ou Lupin non plus. »

Harry acquiesça et prit une profonde inspiration. Puis silencieusement, il recula, se détachant du réconfort que lui procurait la présence d'une force tranquille.

« Je t'aime Severus, » Dit-il doucement.

Severus se retourna une fois de plus vers la porte. Sa main toucha et se referma sur la poignée en métal. Il attendit d'entendre les pas s'en aller puis soupira presque douloureusement, le silence était soudain retombé. Ce n'est qu'alors qu'il répondit.

« Je le sais Harry. Je sais maintenant que c'est vrai. »