Merci à ma correctrice AnthaRosa

… en français dans le texte

Chapitre 27, payer le joueur

« Salut Harry. »

« Salut Will. »

Harry s'était réveillé dans des draps frais et en sentant des résidus de magie. Il ne pouvait être qu'à un seul endroit : l'infirmerie. Il lui fallut un autre moment pour se souvenir de la raison pour laquelle il se réveillait là, une fois de plus.

Il avait cherché ses lunettes sur la table de nuit en poussant un grognement. Sa tête était lourde et il avait la bouche pâteuse : on avait dû à un moment ou à un autre, lui donner de la potion sans Rêve. La chambre reprit sa place, dès qu'il eut remis ses lunettes.

C'est alors que la voix calme de Will avait brisé le silence.

Le lit de Harry était à côté de celui de Drago. Le jeune homme avait l'air beaucoup plus pâle et immobile que lui. Si la poitrine du Serpentard ne se soulevait pas et ne retombait pas gentiment, Harry aurait pu jurer qu'il n'était pas vivant. On avait dû lui faire ingurgiter, à lui aussi, des potions.

Will était assis inconfortablement sur une chaise en bois, à côté de Drago, entre les deux lits : il faisait face à la silhouette endormie.

Il était assis, immobile et regardait simplement Drago.

C'était presque comme s'il essayait de voir à travers la peau porcelaine de Drago, d'entrevoir son âme. Presque comme s'il essayait de trouver quelque chose auquel se rattacher. Peut-être y'avait-il un cœur avec lequel Will pensait pouvoir se fondre de temps à autre.

Harry observa Will regarder Drago…et il se demanda ce que son Serpentard faisait.

« Il n'est pas totalement mauvais, si ? » Demanda Will doucement, ses yeux restaient fixés à l'objet de ses pensées.

« Méchant ? Non pas vraiment, » Admit Harry. « Mais il n'est pas non plus un saint. Ne laisse pas la reconnaissance t'aveugler, il a des défauts, Will. Malfoy n'est rien sauf délicat et est tout sauf gentil. »

Will soupira bruyamment et se tourna vers Harry.

« Je ne suis pas un idiot, tu sais. Je sais qui il est et à quel point il peut être horrible. Je n'essaye pas de m'illusionner en pensant qu'il est toi. Je veux dire… je t'aime …beaucoup, » Déclara Will en rougissant légèrement. « Il est différent quand je suis près de lui. J'ai essayé de l'ignorer parce que vous êtes tous les deux si différents. Comment puis-je t'aimer toi Harry Potter et ressentir en même temps quelque chose pour lui ? C'est étrange. Maintenant que j'ai découvert qu'il a subi ledolorispour moi, mes sentiments semblent avoir doublés. Tu ne subis pas le doloris pour n'importe qui, tu sais. »

Harry haussa les épaules. « Je suis d'accord, mais ne te précipite pas. C'est Malfoy après tout ! Derrière tout ça, il est peut-être encore un salaud sadique. Je suis certain que tu n'as pas envi de le découvrir de la manière la plus dure. »

Will demeura silencieux un temps.

« Je dois savoir. Je dois nous laisser une chance, » Dit-il finalement doucement. « Je dois voir ce qui se passe, sinon, j'ai peur de faire une grosse bêtise. »

Il regarda Harry avec une fausse expression douloureuse qui se mélangea à un peu de tristesse. « Ce n'est pas comme si pouvais t'avoir toi. Quelque chose me dit que tu es hors de portée. Au moins, avec lui, je sais que j'ai une chance. S'il n'est pas hétéro, bien sûr. »

« Il ne l'est pas. » Répondit Harry avec un petit sourire. « En tout cas, il peut être convaincu qu'il ne l'est pas. »

Will éclata de rire. « Comment le sais-tu ? »

« Je le sais, c'est tout, » Répondit Harry.

Will devint pensif.

« Que s'est-il passé, Harry? » Lui demanda-t-il doucement. « C'est une bonne chose que vous n'ayez pas essayé d'utiliser le réseau que Dumbledore avait ouvert. Il s'est refermé dès que nous l'avons traversé. Mais, quand toi et Malfoy êtes revenus à Poudlard, vous vous êtes tous les deux écroulés sur le sol, c'était surprenant. Madame Pomfresh a dit que vous aviez tous les deux subi le doloris. Elle a dit que tu t'étais largement vidé de ta magie. Je pense qu'elle avait peur que tu ne te réveilles pas avant très longtemps. »

Harry ferma les yeux un instant pour bloquer le défilé d'images. De corps tombant sur le sol et d'un qui ne se relèverait jamais.

« Harry? »

« Il ne s'est rien passé, Will, » Murmura finalement Harry. Mais ses yeux disaient le contraire. « C'était simplement le doloris. Ce n'est pas un sort très agréable. »

Will le regarda avec interrogation comme s'il voulait discuter, mais soudain, la porte de l'infirmerie s'ouvrit et Dumbledore s'avança vers les trois élèves.

« Bonjour M. Stephens. Je suis content de voir que vous allez mieux, » Dit le directeur en lui faisant un sourire chaleureux. « Comment va votre épaule ? »

« Mieux. Merci de poser la question, monsieur le directeur, » Répondit Will en souriant.

Harry le regarda avec interrogation. « Ton épaule ? Que s'est-il passé ? »

Will rougit légèrement et dit avec embarras, « Je suis presque tombé. Ma magie était un peu faible, mais tu sais, ce n'est pas comme si j'avais eu le choix. Je me suis disloqué l'épaule. Madame Pomfresh l'a guéri très rapidement. »

« Je suis également content de voir que tu vas mieux Harry, » Ajouta doucement Dumbledore. « Je pensais que le jeune Malfoy se réveillerait avant toi, mais tu as toujours été très résistant. »

Harry acquiesça, ne sachant quoi dire et ne voulant de toute façon rien dire. L'expression de Dumbledore changea, elle devint compréhensive.

« Le Ministère nous a contactés et nous a fait un bref rapport de ce qu'ils ont découvert lors de leur enquête. » Dit-il gentiment. « Je crois que ce n'est pas le moment de te demander ce qu'il s'est passé ? Je crois que je peux assembler les morceaux du puzzle. Pourras-tu venir dans mon bureau un peu plus tard pour combler les vides ? »

Harry acquiesça à nouveau.

« Bien, bien, » Murmura doucement Dumbledore, puis une fois encore ses yeux s'attachèrent avec ferveur à ceux de Harry. « Nous sommes fiers de toi, Harry. Tu as fait du bon boulot en faisant en sorte que les habitants de Pré au Lard puissent rentrer chez eux. Ils sont très reconnaissants. Et tes camarades de classe sont également très reconnaissants que leurs amis soient revenus. »

Harry prit une profonde inspiration et la relâcha très lentement. Il comprit que tout le monde était content et reconnaissant, mais aucun d'eux ne sut ce qu'il avait dû faire. Harry essayait désespérément de mettre ces évènements dans un coin de son esprit.

« Où sont Ron et Hermione ? » Demanda-t-il.

« Ah, je crois qu'ils doivent se préparer pour leur première heure de cours de la journée. Je leur ai donné l'autorisation de ne pas y aller, mais Ms Granger a insisté : elle refuse de manquer un cours, » Répondit Dumbledore. « Puisque nous sommes lundi matin, ils ont cours de potions, je crois. »

Cette déclaration attira l'attention de Harry. Lundi matin. Ca voulait dire qu'il avait été inconscient pendant presque douze heures.

Potions.

Il devait parler à Severus.

« Je dois moi aussi y aller, » Dit Harry qui commençait déjà à se lever. « Je dois…leur parler. Et Rem- euh, le professeur Lupin se demande probablement pourquoi je n'étais pas dans la Grande Salle pour le petit déjeuner. Il est le professeur de Défense Contre les Forces du Mal. Il voudra savoir ce qu'il s'est passé. »

« Je pensais bien que tu voudrais partir. » Dumbledore l'arrêta en le renvoyant gentiment sur le lit. « J'ai pensé que tu voudrais peut-être lire ça d'abord. Si tu le souhaites encore, va en potions ou dans un autre cours après, tu seras libre de le faire si tu le souhaites. »

Il sortit de la poche de sa robe un morceau de parchemin qu'il tendit à Harry. C'était un paragraphe qui avait dû être retranscrit d'un livre. Harry regarda l'en-tête, perdu dans ses pensées : il se demandait comment Dumbledore avait su.

« M. Stephens, si M. Malfoy se réveille bientôt, s'il vous plait, dites-lui que je désire le voir dans mon bureau immédiatement. Des représentants du Ministère désirent lui parler. » La voix de Dumbledore flotta dans l'air. « S'il ne se réveille pas avant votre prochain cours, est-ce ça ne vous dérangerait pas de partir ? Je pense que Harry a besoin d'un peu d'intimité et je suis certain que vous ne désirez pas rester à l'infirmerie. »

Dumbledore quitta l'infirmerie et Will se tourna vers Harry. « Harry, est-ce que tu vas bien ? Qu'est ce qu'il y a ? »

Harry ne répondit pas. Ses yeux parcouraient encore et encore le parchemin, il essayait de digérer les informations. Ca expliquait beaucoup, mais ça lui laissait aussi un arrière goût d'incertitude.

Ses doigts s'envolèrent vers la bague invisible qui pendait contre la poitrine alors qu'il lisait.

Contrairement aux objets familiaux moldus, ceux magiques ont en eux de grands pouvoirs. Passé de génération en génération, chaque objet contient l'histoire de ses ancêtres tissait dans leur noyau. Pourtant, aucun n'est comparable au Spiritus ou au Véritable objet ancestral. On dit que chaque famille sorcière possède son propre objet familial qui est le cœur de la famille. Passé d'un héritier à un autre, le Spiritus contient l'essence de son possesseur. Donné au dix-huitième anniversaire, l'âme de l'héritier est liée au Spiritus. Détruit, le Spiritus et l'héritier mourront instantanément. Le Spiritus est en généralement gardé secret par les familles sorcières. Très souvent des sorts sont placés dessus et chaque héritier ajoute de puissants charmes. La forme de chaque Spiritus est différente pour chaque famille. La taille change également, elle peut être aussi petite qu'une épingle ou aussi grande qu'un lit. Le pouvoir du Spiritus ne peut-être diffusé que par l'héritier, par la magie du sang.

Harry resta assis en silence à regarder le parchemin un très long moment. Même quand Will se leva et lui dit au revoir, les pensées de Harry tourbillonnaient dans sa tête. Il aurait vraiment eu besoin de sa pensine, mais bien entendu, elle était enfermée dans sa malle, en sécurité, puisqu'il ne l'avait pas utilisé depuis sa sixième année.

Il se leva dans le brouillard et mit son uniforme. Drago commença alors à bouger.

« Dumbledore veut te voir dès que tu te sentiras prêt, » Lui dit-il doucement, ne sachant pas si Drago était suffisamment conscient pour entendre ou comprendre. « On dirait que nous devrons tous les deux et prendre des décisions avant que la journée ne se termine. D'abord, je dois réfléchir. »

Il se glissa hors de la salle et referma doucement la porte derrière lui.


« Sera-ce un autre jour de silence ? » Une douce voix interrompit le voile épais qui recouvrait ses pensées. « M. Potter ? »

« Ne m'appelez pas comme ça. »

Harry se retourna pour regarder son nouveau MagiPsych d'un air de reproche puis soupira et détourna à nouveau son regard.

« Pourquoi pas ? C'est votre nom. Harry Potter. »

« Mon nom est Harry, » Corrigea-t-il légèrement énervé. « Appelez-moi simplement Harry si vous voulez me parler. »

« Préféreriez-vous que je ne vous parle pas, Harry ? Aimez-vous le silence ? »

Harry se retourna avec colère. « Ca, c'est vraiment une question très idiote. Je réfléchissais, c'est tout ! »

« C'est ce que je vois. A quoi pensiez-vous ? »

Harry regarda par la fenêtre, comme il le faisait depuis qu'il avait commencé ses séances. L'aile psychologique se trouvait au quatrième étage de Sainte Mangouste : beaucoup de patients frappés gravement par un sort étaient immédiatement envoyés à cet étage pour qu'ils puissent recevoir une aide mentale et gérer le traumatisme.

A cette hauteur, dans un bâtiment dissimulé magiquement, le sol paraissait très loin.

« Harry? »

La voix de Jean-Claude interrompit à nouveau les pensées de Harry. Une fois de plus, Harry soupira.

« Voler, » Répondit-il finalement. « Je pensais à voler. Voler me manque. Poudlard doit avoir choisi le nouveau capitaine de Quidditch parmi les septièmes années maintenant. La coupe a certainement dû être gagnée par les Serpentards cette année. Les examens ont déjà commencé. Ils ont certainement tous commencé la dernière étape de d'année. Plus de vol. J'ai manqué une semaine entière. »

« Ces choses sont-elles importantes pour vous ? »

Harry lui fit face. Il s'éloigna de la fenêtre pour s'asseoir dans l'une des nombreuses chaises.

« Eh bien, les examens, je ne peux pas moins m'en soucier. Qui s'inquiète de manquer un examen ? Quant au capitaine de l'équipe de Quidditch de Gryffondor on m'a demandé si je le voulais, mais on l'a aussi demandé à Ron. Je ne sais pas si je le veux vraiment. Ron devrait l'avoir. Je suppose que le fait que les Serpentards gagent la coupe des quatre maisons sera très douloureux. Ce sont tous des imbéciles énervants et j'en entendrais sans cesse parler quand j'y retournerai en septembre. Le professeur Snape sera content. Je suppose que c'est une bonne chose. Le pire est que j'ai manqué le dernier vol cette année. C'est drôle en général. »

La plume de Jean Claude courait sur son bloc-note pour essayer de garder une trace des paroles de Harry. Dès que l'écoulement des mots s'arrêta, il leva la tête de son parchemin et regarda Harry avec attention.

« Tu aimes voler, » Dit-il d'une voix douce. « Viens avec moi ! »

Harry le suivit.

Quinze minutes plus tard et après deux voyages par cheminée et un Porte au Loin, le souhait de Harry fut exaucé. Loin au-dessus du sol, côte à côte, les deux sorciers volèrent jusqu'à ce que leur monde ne soit plus qu'une spirale d'air et que le seul bruit soit celui lointain des oiseaux.

« Que vois-tu Harry ? »

La voix de Jean-Claude se brisa dans le silence et Harry obéit en regardant en bas.

« Des nuages ? » Demanda-t-il amusé.

« Non, regarde plus loin. Que vois-tu ? »

« Le manoir de votre famille. D'autres maisons. Des arbres. Du vert. Du brun, » Harry ricana. « Je ne sais pas. Des gens ? Le monde ? »

Jean-Claude sourit. « Pourquoi n'aimes-tu pas qu'on t'appelle Harry Potter ? »

Harry grogna à voix haute mais répondit. Peut-être était-ce parce qu'il était en train de voler et que c'était la méthode la plus sûre de s'éclaircir l'esprit de toutes les pensées et inquiétudes qui le paralysaient de l'intérieur. Peut-être était-ce le vent et le silence.

Voler c'était être libre et léger.

« Harry Potter est un héros, » Dit-il calmement. « Je suis juste Harry. Je déteste être un symbole d'espoir pour des gens qui ne m'ont jamais rencontré. Tout le monde pense que je suis fort et courageux, mais je ne le suis pas. Je suis juste Harry. Je ne peux pas être leur tout quand je ne suis même pas suffisant pour moi.

Jean-Claude acquiesça et regarda en bas quelques temps. « Les gens que tu vois, là, en bas, sont-ils des sorciers ou des moldus ? »

Harry regarda à nouveau. Plissa les yeux. Regarda au-delà de la brume. Puis finalement, soupira.

« Je ne sais pas. Ils sont trop petits. Je suis trop loin. »

Jean-Claude acquiesça puis lui sourit à nouveau. « Professeur Snape ? Maître des potions, hein ? Je l'ai déjà rencontré. Je l'ai détesté dès que je l'ai vu. Il était si désagréable. Pourquoi te soucies-tu qu'une victoire de sa maison au Quidditch lui fasse plaisir? »

Harry éclata de rire. « C'est une longue histoire. Je suis sûr que vous parviendrez à me sortir les vers du nez suffisamment tôt. »

« Très bien, » S'amenda Jean-Claude. « Alors entre temps, parle-moi de Ron. Tu l'as déjà mentionné dans nos précédentes séances. Et qui est Hermione ? Elle semble très belle …euh très belle. »

Harry rit à nouveau. « Elle l'est, de l'intérieur et de l'extérieur. Ron aussi. Ce sont mes meilleurs amis. »

« Et les autres, Neville? Dean ? Seamus ? » Lui demanda gentiment Jean-Claude. « Et Dumbledore? Parle-moi de lui. Je veux connaître les personnes de ton monde. »

Jean-Claude tourna son balai vers Harry et le regarda avec une vive expression de ses éblouissants yeux bleus qui rivalisaient avec la couleur du ciel qu'ils avaient essayé de toucher plus tôt.

« Je veux connaître les personnes qui te voient. Ceux qui ne sont pas trop loin pour aimer qui tu es. Dis-moi Harry. Le valent-ils ? Valent-ils la vue que tu as du piédestal sur lequel le monde t'a placé? »

Harry acquiesça, un petit sourire sur le visage. « Bien sûr qu'ils le valent. C'est eux qui me font tenir et ils ne se soucient pas du fait que je sois juste un humain et que je puisse tomber. »

Jean-Claude sourit.

« Alors Harry Potter, ne penses-tu pas qu'il serait temps de les remercier pour leur générosité ? Tu as leur amour. Tu as leur force. Tu n'as jamais dû le faire seul. Pas depuis que tu les as rencontrés, j'en suis certain. N'est-ce pas un peu égoïste de t'être fermé à eux si longtemps ? »

Harry regarda en bas, les petites silhouettes et soupira doucement: il savait que Jean-Claude avait raison. Les personnes en bas importent peu, qu'ils soient des sorciers ou des moldus. Aucun d'eux ne mérite de mourir.

Et Harry non plus.

« Harry, parle-moi de toi. Laisse-moi être le balai qui t'aide à reprendre des forces, » Dit Jean-Claude doucement. « Et quand tu seras suffisamment fort, tu pourras retourner ce service au monde. »

Harry acquiesça très lentement comme s'il était perdu dans ses pensées. Puis il sourit.

« Est-ce des sorciers ou des moldus ? » Demanda-t-il malicieusement. « Je parie que vous ne pouvez pas le dire vous non plus. »

« En fait. » Jean-Claude le regarda avec une expression conspiratrice. « J'espère que ce n'était ni l'un ni l'autre, mais c'était bien pensé de ma part. Ce n'est pas très orthodoxe pour moi, un Psychologue Magique d'emmener mon patient chez moi. Pire encore de l'emmener voler. Les moldus de l'autre côté, seraient effrayés si par hasard, ils levaient les yeux. Nous ne sommes ni l'un ni l'autre invisibles en ce moment. »

Harry rit et rit encore alors qu'ils redescendaient sur le sol.


« Salut, »

Harry parla doucement aux quatre Thestrals qui l'approchèrent, le sortant de ses souvenirs. Il était assis par terre, le dos contre un arbre qui faisait partie de la Forêt Interdite. Il avait levé les genoux près de sa poitrine et observait les alentours.

Tout était silencieux, comme si le monde entier retenait son souffle.

« Je suppose que l'on n'a pas besoin de sang pour approcher le célèbre Harry Potter. J'ai suffisamment de douleur pour inonder le monde. J'ai vu suffisamment de souffrances et maintenant, j'ai tué quelqu'un. Est-ce la même chose que saigner pour vous ? Eh bien, si c'est le cas, vous devez assaillir Severus quand il vient par ici. »

Harry rit tristement. Les mots doux et tristes, ne semblaient pas déranger les Thestrals. Un par un, ils s'approchèrent de lui, formant un cercle protecteur autour de lui.

« Etes-vous ici pour m'aider à prendre une décision ? » Leur demanda-t-il doucement. « Allez-y. J'écoute toutes les suggestions. »

Les Thestrals restèrent calmes et Harry haussa les épaules.

« Très bien, n'en faites rien. Ne m'aidez pas. Laissez-moi le fardeau de décider du sort du monde, comme tous les autres le font. »

Il inspira profondément.

« Ici, c'est ce que j'ai jusqu'à maintenant. Trop de personnes innocentes ont déjà perdu la vie et maintenant tout le monde vit dans la peur. Je dois faire quelque chose. Le monde attend que je fasse quelque chose pour aider. Pensez-vous qu'il soit normal d'être effrayé ? Qu'est-ce que je fais ? Si je n'essaye pas alors plus de personnes vont mourir. Poudlard sera en sécurité. Je serai en sécurité et Voldemort régnera sur le monde. Si je le trouve, alors il me tuera certainement et ce sera comme si je n'avais rien fait parce qu'une fois de plus le monde sera perdu. Est-ce que je dois me sacrifier ou sacrifier le monde sachant que les deux connaîtront le même sort ? »

Harry soupira. « Une horrible décision, non? »

Les Thestrals restèrent silencieux.

Harry resta assis, perdu dans ses pensées quelques minutes de plus puis se leva lentement. Autour de lui, les Thestrals se levèrent également. Harry donna une petite tape sur la tête de chacun d'eux.

« Vous m'avez été d'une grande aide, les gars, » Murmura-t-il avec un sourire triste. « Nous devrions refaire ça un jour. »

Il se retourna et se dirigea vers le château. C'était probablement bientôt l'heure du déjeuner et il avait encore plusieurs choses à faire dans la journée. Au-dessus de lui, une nuée de hiboux s'approchait également du château.

Harry savait ce que cela signifiait pour Dumbledore et pour lui.


« Je sais ce que tu vas faire. »

Drago se tenait les bras croisés, un sourire supérieur sur le visage, devant les gargouilles gardant l'entrée du bureau de Dumbledore. Harry le regarda avec amusement avant de passer devant lui. Drago le suivit.

« Je doute sincèrement que tu le saches, Malfoy, » Lui dit Harry.

« Potter, tu es comme un livre ouvert, » Rétorqua Drago. « Tu es aussi affreusement prévisible. »

« Le suis-je? »

« Oui ! »

« Et toi ? »

Drago s'arrêta de marcher suffisamment longtemps pour regarder Harry avec pitié. « Tu vas perdre. Il est plus puissant que toi, Potter. Et les petits trucs que tu penses avoir ne seront pas suffisants pour te sauver. Es-tu préparé à mourir ? »

Harry le regarda avec des yeux noirs, mais décida de ne pas répondre. Drago fut obligé de le rattraper quand le Gryffondor se remit à marcher.

« J'ai choisi, je sais de quel côté je vais me battre. Je pensais que tu devrais le savoir puisque tu n'auras plus mon aide. Je te l'ai déjà dit une fois, je ne me bats pas du côté des perdants, avec toi ou qui que ce soit d'autre. »

Le ton de Drago s'était durci et il attira l'attention de Harry qui se mit en colère.

« Alors va ! » Cria-t-il dans le couloir désert, fatigué de leur petite danse. « Je ne t'ai jamais demandé de m'aider! Tu le voulais. C'était ton petit jeu, tu te souviens ? Tu voulais jouer des deux côtés. Ca ne s'est pas déroulé comme tu le souhaitais, hein ? »

Drago haussa les épaules. « Non pas tout à fait Potter, mais mes fesses sont plus en sécurité que les tiennes. »

Il plissa les yeux et son expression changea : il eut un sourire condescendent.

« Qu'a dit Dumbledore en apprenant ta brillante décision ? » Lui demanda-t-il. « Il t'a dit quelques merdes à propos de ta bravoure et de toujours faire ce qui est bien, hein ? Sais-tu ce qu'il m'a dit dans un magnifique discours tout prêt pour moi et les représentants du Ministère qui se trouvaient dans leur cheminée ? »

Intrigué, Harry s'arrêta de marcher et Drago vint se placer devant lui.

« Je lui ai dit ce que j'avais fait. Je lui ai dit ce que j'avais décidé et Merlin, tu aurais dû voir sa tête, c'était comme si j'avais trahi tout le monde et pas seulement ceux que je connais. On penserait que le terme 'neutre' n'est pas dans son vocabulaire. Si mon père me trouve, il me tuera immédiatement ! Mes amis seront sans merci ! Et cet homme reste là et me dit que je suis en état d'arrestation, que je suis confiné à Poudlard. Dans sa grande bonté, il m'épargne Azkaban pour trahison, mais il a cherché la marque des pieds à la tête et nous savons tous les deux que je ne la porte pas. Puis il m'a fait un charmant discours sur les choix que nous faisons dans la vie et sur les personnes qui ont à subir les conséquences de nos actes. Comme si je m'intéressais à un tel non-sens. »

Harry regarda avec une juste indignation le visage du Serpentard et se mit à rire sans merci.

« En état d'arrestation ? Confiné à Poudlard ? » Lui demanda-t-il en souriant. « Eh bien au moins, ton père ne pourra pas venir te chercher pour te tuer. Et pour tes amis, ils n'ont pas à le savoir, si tu ne leur dis pas. Alors essaye de retenir ton agacement. Trois mois enfermés dans le château n'est pas pires que ce que les autres élèves ont à endurer. »

Drago le regarda avec des yeux noirs quand Harry lui lança un regard amusé. « Pourquoi dois-tu toujours voir le bon côté des choses ? »

« Sais pas, vraiment. Je suppose que c'est ce que l'on attend de moi. » Harry haussa les épaules, mais cette fois-ci, il souriait. « Pourquoi as-tu à changé ? »

« Moi ? » Drago parut choqué. « Changé? Seigneur, non! Si je l'ai fait, c'est uniquement parce que tu l'as fait. »

Harry haussa un sourcil avec curiosité.

« L'année dernière, tu devais vraiment être aux pieds de ton monde parfait, non ? » Poursuivit calmement Drago ; « Je t'ai vu l'année dernière dans la salle de bain de Mimi Geignarde quand tu étais couvert de sang, tes deux amis étaient sur le point de s'effondrer et le professeur Snape essayait de te calmer. Je ne parvenais pas à croire que tu t'étais fait ça. C'est à ce moment là que je me suis rendu compte que je ne me souciais pas vraiment que tu sois Harry Potter et une sorte de héros en délavé. Je n'allais pas me déformer et m'amincir comme tu l'as fait, en essayant de devenir ce que l'on voulait que je sois. J'avais décidé de prendre mes propres décisions pour moi, d'être préfet et de remplir mon rôle en étant sous tes ordres et sous ceux de Weasley. Je me suis laissé aller à aimer un Serdaigle très mal avisé, qui, comme tous les autres, pense que le soleil se lève au-dessus de ta tête. Je me suis battu pour ce que je voulais dans cette foutue guerre !

« Alors, tu es revenu et tu as refais la même chose. Tu étais différent et ça en était perturbant. Tu étais toujours le Potter que je détestais intensément, mais tu avais changé. Tu étais un meilleur préfet en chef que je ne l'aurais été parce que tout le monde te respecte. Tes amis mourraient pour toi. Je les ai entendus le dire de mes propres oreilles. Je fais mes devoirs je me suis renseigné sur toi, tu te souviens ? J'en suis venu à me rendre compte que tu étais probablement beaucoup plus occupé que les obligations imposées par Poudlard. »

« Alors maintenant tu veux me proclamer ton amour inconditionnel et tu veux me dédier ta vie ? » Lui demanda Harry d'un ton taquin. « Maintenant, tu veux te jeter à mes pieds pour me montrer ton humble gratitude ? »

« Non! » Drago le regarda avec des yeux noirs. « Jamais. »

« Je ne l'ai pas fait tout seul, » Lui dit doucement Harry. « L'année dernière, j'ai essayé et je me suis rendu compte que je n'y étais pas obligé. Tu devrais essayer quelque fois. »

« Je doute d'obtenir le même genre de réponse, pas au même niveau en tout cas, » Contra Drago sèchement.

Harry haussa les épaules. « Will t'apprécie. Il est prêt à vous donner une chance et à ne pas tenir compte du fait qu'hier tu étais du côté des mangemorts. Peut-être que d'autres aussi sont prêts à faire de même. Dumbledore t'a évité Azkaban que tu admettes apprécier ou non le geste. Et Severus te défends tout le temps, malgré le fait que ton père est un con. »

« Severus ? » Drago haussa un sourcil. « Je ne suis pas comme toi, Potter. Ce n'est pas parce que j'ai des vues sur un autre gars que je suis gay. »

Harry sourit. « Bien sûr que non, Malfoy. »

« Alors, tu as pris ta grande décision ? Tu ne changeras pas d'avis ? » Lui demanda Drago d'une voix douce.

Harry secoua la tête mais sourit toujours. « Neutre hein ? Ca t'a pris aussi longtemps pour comprendre que tu pouvais ne rien faire ? Si j'étais aussi chanceux… »

Harry devint pensif.

« Alors quoi ? Sommes-nous amis maintenant? » Demanda-t-il.

« Non. » Drago secoua la tête. « Je t'ai proposé d'être mon ami autrefois et tu as refusé. Je ne referai pas cette erreur. Tu es un peu trop bon pour mes goûts de toute façon. »

« Alors quoi? »

« Nous serons simplement deux personnes se tenant côte à côte, » Répondit Drago. « Ca ne veut pas dire que nous devons nous faire plus confiance qu'avant, mais au moins, nous saurons que l'autre est juste là. Peut-être qu'un jour nous pourrons être des amis, mais pas maintenant. Un jour, peut-être. »

Harry sourit et acquiesça.

« Ouais, » Dit-il d'une voix douce. « D'accord. »

Ils se détournèrent l'un de l'autre et silencieusement partirent dans des directions opposées. Le déjeuner allait se terminer et les élèves les plus jeunes allaient envahir les couloirs pour aller en classe.

Harry devait voir Ron et Hermione. Il avait besoin d'un moment de quiétude pour parler avec eux. Un de ces moments pendant lesquels, les mots n'étaient pas nécessaires et les explications redondantes. Il avait deux autres personnes avec qui il devait discuter après cela.

L'une allait être bien plus difficile que l'autre.

Drago devait retourner auprès de sa propre foule d'admirateurs et discuter avec un certain Serdaigle. Il devait donner son faucon à Dumbledore à la fin de la journée parce qu'il n'avait pas le droit d'écrire ou d'avoir de contact avec le monde extérieur. Il devait aller en cours.

Drago Malfoy n'était pas Harry Potter, mais au moins maintenant ils se rendaient compte que leur vie n'était pas aussi différente qu'ils l'avaient pensé.

A chacun la sienne.


« Es-tu venu faire pénitence, Harry ? »

Harry baissa la tête, honteux de la question de Remus. Il avait oublié que c'était lundi et qu'il avait dans la journée Défense Contre les Forces du Mal.

« Je suis désolé d'avoir manqué ton cours, Remus, » Dit-il doucement. « J'avais simplement beaucoup de choses auxquelles réfléchir. »

Remus se leva et vint près de Harry avant de fermer la porte de son bureau.

« Je ne parlais pas de mon cours, Harry, » Répondit-il tout aussi calmement. « Je parlais de ton regard. C'est la même expression que j'ai vue dans les yeux de James la nuit où il est venu me dire au revoir. Il voulait vous cacher toi et Lily et avait fait de Sirius son gardien du secret. Je ne l'ai jamais revu et je suppose que nous savions tous les deux qu'il en serait ainsi. »

Il avança la main pour toucher Harry, mais la recula rapidement.

« Tu as pris ta décision. Je peux le voir dans tes yeux. Tu as accepté ta propre mort comme si c'était déjà arrivé. » Ses yeux s'attristèrent. « Il n'y a plus rien que je puisse faire pour toi ? »

Harry secoua la tête, voulant empêcher la tristesse de son parrain. Remus avait tant perdu et maintenant Harry lui demandait de laisser partir une autre personne qu'il aime.

« Tu me dirais que j'ai fait le mauvais choix. Tu dirais que je ne fais pas ce qu'il faut et que je devrais peut-être être un peu plus égoïste et me protéger, » Murmura-t-il. « Tu me dirais que je ne suis pas suffisamment fort et qu'hier n'était qu'un rêve et que je ne suis pas prêt à combattre un sorcier si puissant, quelques heures seulement après. Tu me dirais que je vais à l'encontre de ma mort pour rien et que lorsque je mourrais le monde continuera à tourner sans moi. »

Remus acquiesça et cette fois prit Harry pour le serrer dans ses bras.

« Oui, » Murmura-t-il, « Mais tu partirais quand même.»

Ils restèrent ainsi un temps. Remus remercia silencieusement James et Lily et toutes les étoiles chanceuses de pouvoir avoir cet instant avec une personne qui était autant un fils pour lui que pour Sirius, James et Lily. Harry refoula tous les doutes et les larmes qu'il ne pouvait désormais plus exprimer.

« As-tu déjà parlé à Severus ? » Remus brisa finalement le silence. « Qu'a-t-il pensé de ta décision ? »

Harry recula et le regarda avec surprise.

« Comment le sais-tu ? » Lui demanda-t-il.

« Je ne le savais pas, » Répondit Remus. « Mais maintenant je le sais. »

Harry rougit.

« Est-ce …Etait-ce son idée ? S'est-il servi de toi, t'a-t-il forcé ou blessé Harry? » Remus continua un peu plus durement. « Je ne sais que ce que j'ai vu entre vous. Il est comme un mur de briques, mais je peux voir la différence quand tu es là. »

Harry secoua violemment la tête et rougit encore plus.

« Il ne m'a pas forcé Remus. En fait, il a fait de son mieux pour me repousser. Je pense que c'est moi qui lui ai peut-être un peu forcé la main, » Harry sourit d'un air narquois. « Je l'aime. »

« Harry -» Le ton de Remus changea et devint d'acier, mais Harry secoua rapidement la tête.

« Non Remus, écoute-moi, » Dit-il alors en répétant les mots. « Je l'aime. »

Quelque chose dans les yeux de Harry dut convaincre son parrain parce que Remus relâcha l'air qu'il retenait et enlaça rapidement Harry.

« Si tu as vraiment pris ta décision, alors je pense que tu devrais lui dire une fois de plus, » Murmura Remus. « J'ai l'impression qu'il n'a pas dû entendre ces mots bien souvent au cours de sa vie. Tu devrais peut-être essayer de le convaincre. »

Harry acquiesça, mais ils restèrent à se regarder.

« Essaye de rester en vie aussi longtemps que tu peux, pour moi ? » Lui demanda Remus.

« Je le ferai, » Répondit Harry, « Si je ne reviens pas…et bien, tu as été un très bon second père. Je n'ai jamais eu l'occasion de le dire à Sirius alors que je le voulais. Vous êtes les deux seuls pères que j'ai jamais eus et vous avez très bien joué votre rôle. »

« Je sais Harry," Répondit Remus gentiment. « Sirius était très fier de toi. Je suis moi aussi incroyablement fier de toi et je sais que James et Lily auraient aimé la personne que tu es devenue. Ce doit être merveilleux de savoir que les adultes qui partagent ta vie t'aiment pour ce que tu es et non parce qu'ils s'en sentent obligé en étant tes parents, tes gardiens ou tes mentors. »

Harry haussa les épaules. « L'amour est la seule chose que j'aie. »

« Non, » Le corrigea Remus. « L'amour est la chose la plus importante que tu possèdes. Espérons qu'à la fin, ça t'aide. »


« Jean-Claude, est-ce que tu te souviendras de moi quand je mourrai ? »

« Quand tu mourras Harry ? »

« Oui. Te souviendras-tu de la personne que je suis ? Sans la célébrité et le piédestal ? Comme juste Harry ? Peux-tu te souvenir de moi tel que je suis ?

« Je t'aime Harry. Les personnes qui t'aiment se souviendront toujours de toi. »

Harry ouvrit la porte des quartiers de Severus et se glissa doucement dans la pièce principale, referma fermement la porte derrière lui.

Ses yeux se posèrent sur les piles et les piles de parchemins et de potions rangés sur les étagères le long des murs et lut les étiquettes doucement. Il se demanda où Severus conservait celles sans nom. Où pouvaient-elles bien être ? Derrière la potion de sang de SangSue ? Devant le Veritaserum?

Il lui fallut un certain temps avant de trouver la potion qu'il cherchait.