Merci à AnthaRosa pour son travail de correctrice.
Chapitre 28, langue des dieux
« Quoi ! Es-tu sérieux ? Harry, pourquoi voudrais-tu faire cela ? Nous devons passer nos ASPICS dans deux mois ! »
« Ron, calme-toi. Harry sait ce qu'il fait. »
« Il ne le sait pas ! Vite Mione, vérifie qu'il n'est pas sous l'influence de l'imperium. Merde, qui a décidé que tu devais défier Tu Sais Qui ? Se passe-t-il quelque chose que nous ignorons ? Tu Sais Qui a-t-il attaqué quelque part ? Retient-il des otages ? As-tu eu une vision et as-tu vu qu'il détruisait le monde ? »
« Ron -»
« Harry ! Rien de ce qui se passe dans le monde ne devrait t'obliger à vouloir le trouver alors que tu n'y es pas obligé. Rien ! »
« Franchement Ron ! Ne vient-il pas de t'expliquer ses raisons? Il est simplement fatigué de rester là et d'attendre les attaques de Voldemort. Il fait ça depuis sa Première année et à chaque fois, il finit à l'infirmerie. Harry veut simplement combattre Voldemort à sa façon. »
« Il va aussi se faire tuer à sa façon! »
« Ron -»
« Je ne vais pas te laisser faire ça. Si je dois t'attacher aux montants de la porte, je le ferai. Tu es vraiment stupide Harry et je ne vais pas de laisser faire, ton plan est complètement fou. »
« En parlant de plans, Harry. En as-tu un ? »
« J'espérais simplement le trouver et voir après. »
« Tu veux dire descendre d'ici. Tu mourras Harry et alors qu'allons-nous devenir Mione et moi ? »
« Ron, si tu ne te calmes pas, je vais te jeter un sort pour te rendre muet! »
« Quoi ? Suis-je le seul à penser qu'il est stupide ? Putain, pourquoi veut-il trouver Tu Sais Qui maintenant ? Quand rien ne l'y oblige ! »
« Assis-toi et parlons-en rationnellement. »
« Mione, que le rationnel aille se faire foutre ! Je ne vais pas le laisser partir. D'ailleurs qu'en dit Snape ? »
« Qu'a-il dit ? Harry, tu as raté le cours de potions. »
« Je sais. »
« Ne l'as-tu pas dit au professeur Snape ? Dumbledore a annoncé au petit déjeuner que toi et Malfoy aviez repris conscience. Nous pensions que tu viendrais en cours. Snape nous a demandé où tu étais et nous n'avons même pas pu lui répondre. »
« Non, je ne lui ai pas encore parlé. »
« Harry, que se passe-t-il ? Etait-ce son idée ? »
« Ron, il vient de dire qu'il n'avait pas encore parlé à Snape. »
« Ca ne veut pas dire que le connard ne l'aurait pas innocemment suggéré. Dieu sait que Harry écoute tout ce qu'il dit maintenant comme si c'était parole d'évangile. »
« Ron. »
« Désolé. Je suis désolé Harry. Je… Je n'aime pas cela. Et si tu ne gagnes pas? C'est un très puissant sorcier Harry. »
« Je sais. Je dois juste le faire. Je ne peux pas rester assis et attendre que d'autres personnes meurent ou soient enlevées. Je ne peux pas foncer dans un autre piège comme celui de la Forêt. Je ne supporte plus le silence et la pression. Je dois faire quelque chose et je préférerai le faire quand je suis prêt et non dans la panique. Je ne peux pas attendre que le monde soit à feu et à sang avant de faire quelque chose. »
« Et bien, je n'en suis pas heureux. »
« Nous avions compris Ron. Tu ne fais que crier ton mécontentement depuis que Harry nous en a parlé. »
« Et si Harry meurt? »
« Il ne mourra pas. »
« Harry? »
« Si je meurs, vous irez bien tous les deux. Je gagne du temps pour que Dumbledore trouve quelque chose. Remus prendra soin de vous les gars, et Severus aussi. Je sais qu'il le fera. »
« Oh pour l'amour de Merlin! Hermione écoute-le ! »
« J'ai entendu Ron. J'ai entendu… »
Severus en avait lui-aussi suffisamment entendu.
Une expression meurtrière sur le visage et irradiant de colère, il se hâta de rejoindre les gargouilles de Dumbledore. Devant lui, les élèves s'écartaient comme s'ils espéraient ne pas attirer l'attention du sorcier furieux : il avait l'air suffisamment en colère pour ensorceler une armée.
Dans son esprit, Severus voyait le sourire exaspérant de Dumbledore et la nature accommodante de Lupin. Aucun des deux n'avaient essayé de faire changer Harry d'avis.
Severus remuerait ciel et terre si ça signifiait garder Harry en lieu sûr. La conversation qu'il avait entendue l'avait fait frissonner et une boule s'était logée dans sa gorge.
Severus n'allait pas accepter cela.
La porte d'entrée des appartements de Severus s'ouvrit si brusquement que deux pièces plus loin, Harry tressaillit en entendant le bois claquer contre le mur.
Il se redressa sur le canapé noir, leva la tête qui était posée sur le bras du fauteuil et continua à regarder avec avidité le feu dansant dans la cheminée. Il attendit patiemment l'inévitable bruit que ferait Severus en entrant dans la chambre.
« Lève-toi, » Siffla Severus.
Au lieu d'obéir, Harry répondit nonchalamment, « J'aurais pu te tuer. »
« Ce non-sens c'est pour ça ? Est-ce cela ton plan pour trouver le Seigneur Noir et essayer de le combattre ? Si tu es en colère alors tu aurais dû m'interroger sur le Spiritus au lieu d'essayer de jouer les martyrs. Qu'espères-tu obtenir en faisant ça ? »
Harry soupira.
« Je ne suis pas en colère, » Dit-il en retenant sa voix. « Et oui, c'est à cause du Spiritus. Je ne savais même pas que des merdes comme ça existaient dans le monde. J'aurais pu te tuer n'importe quand. En cours. En entraînement. Quand j'ai combattu Lestrange. Même quand je tissais sans baguette j'aurais pu le détruire accidentellement et c'est pour ça. »
Il se leva et se plaça devant le visage en colère de son amant. Il avait enlevé un peu plus tôt sa chemise et sa robe, il avait donc la poitrine nue et ne portait qu'un jeans qui attirait l'attention de Severus. Mais Harry n'avait pas terminé de parler.
« Je suis si fatigué que les gens mettent toujours leur vie entre mes mains alors que je parviens à peine à contrôler la mienne. » Sa voix avait une pointe suppliante quand il ajouta. « Je ne peux plus le supporter et je sais que c'est la seule chose que je puisse faire. Et peut-être que j'ai besoin de le faire pour la stupide raison que je le dois au monde et à moi. J'ai commis tant d'erreurs. Je veux juste faire quelque chose correctement. »
Les yeux de Harry s'embrumèrent de doutes et de tristesse.
« S'il te plait, » Dit-il d'une voix cassée. « S'il te plait Severus. Ne sois pas en colère. J'ai besoin que tu comprennes. J'ai besoin que tu me dises que j'ai fait le bon choix et que je suis plus fort que je ne le crois. S'il te plaît, dis-moi que je ne vais pas mourir. »
« Si tu es aussi incertain, alors pourquoi le fais-tu ? » Lui demanda Severus d'une voix toujours mécontente.
« Parce que je le dois ! » Et Harry s'effondra.
Il se retourna, tomba sur ses genoux et resta silencieux un moment. Il serra les yeux, pour ne pas pleurer, crier, ou libérer le flot d'émotions qui menaçaient de le submerger. C'était sa décision et il devait le faire, mais ça ne voulait pas dire qu'il était plus préparer à porter ce fardeau qu'un autre.
« Laisse-moi simplement partir, » Murmura-t-il. « Dis-moi simplement que je peux le faire et laisse-moi essayer. C'est mon destin Severus. C'est écrit quelque part dans les étoiles. Qui suis-je pour m'en détourner ? Devrais-je condamner le monde entier ? Devrais-je les laisser mourir sachant qu'ils comptent sur moi, qu'ils attendent que je fasse quelque chose ? »
« Tu n'es pas un dieu, Harry ! Tu n'as que dix-sept ans. Tu ne dois rien au monde ! Ils ne méritent pas que tu meures pour eux ! »
« Et ils ne méritent pas de mourir pour moi, » Dit doucement Harry.
Le silence s'intensifia.
Severus serra le poing. Il n'était pas certain de pouvoir se faire confiance et se restreindre. Une part de lui voulait frapper l'homme agenouillé et brisé à ses pieds qui voulait jouer au héros. Peut-être voulait-il aussi frapper le monde qui le laissait déchiré et brisé quand il avait besoin de soutient. Le même monde qui voulait emmener Harry loin de lui maintenant, alors qu'il venait seulement d'apprendre à l'aimer si profondément.
'S'il te plait, dis-moi que je ne vais pas mourir…'
L'autre part de lui voulait prendre Harry dans ses bras et ne jamais le laisser partir.
« Je ne te laisserai pas partir seul, » Répondit finalement Severus.
« Et je ne te laisserai pas venir avec moi, » Répondit Harry, « Je suis celui qu'il veut le plus. »
« Et je dois simplement te laisser y aller seul ? T'envoyer à la mort ? »
Harry acquiesça. « Oui. »
Severus grogna de dégoût et tira Harry sans ménagement pour qu'il se lève et qu'il puisse le regarder de ses yeux furieux.
« Espèce d'idiot! » Gronda-t-il. « Pourquoi as-tu toujours cet esprit de sacrifice ? »
« Pourquoi ne peux-tu pas m'accepter tel que je suis? » Retourna Harry avec autant de venin.
« Je t'accepte tel que tu es ! » Severus semblait littéralement irradier de colère. « Je ne pense pas que tu comprennes ce que tu me demandes de faire ! »
« Alors je suis désolé de trop te demander ! » Claqua Harry. « Je n'ai pas besoin de ta permission Severus. Je vais le faire quoi que tu dises ! »
« Si tu as pris ta décision, alors cette discussion ne sert à rien, » Lui signala Severus. « Pourquoi es-tu venu ici ? »
« Parce que je pensais que tu comprendrais! Parce que je t'aime ! » Cria Harry immédiatement, mais il continua aussitôt tristement. « Mais apparemment, ça ne signifie rien pour toi. »
Il ramassa sa chemise et sa cape qu'il avait laissées derrière le canapé et passa devant Severus en soupirant. La porte d'entrée claqua quelques minutes après, laissant Severus seul au milieu de la pièce.
« Espèce d'idiot, » Murmura Severus pour lui en passant une main dans ses cheveux noirs. « Pourquoi veux-tu te sacrifier pour un monde qui se sert de toi ? »
Le silence de la salle ne lui offrit aucune consolation.
Des heures plus tard, Severus était assis sur le canapé de velours noir et regardait les flammes vaciller dans le feu comme Harry l'avait fait plus tôt. Des pensées, des souvenirs et des images assaillaient son esprit, jouant comme les visions d'une pensine.
S'il avait jeté le sort Tempus, il se serait rendu compte qu'il était l'heure du dîner, mais Severus n'avait pas envi de savoir quelle heure il était. Chaque minute semblait le rapprocher du moment où Harry allait partir.
Entre le moment où Harry était sorti comme une tornade et celui où un elfe était venu lui apporter une assiette de nourriture qu'il avait posée sur ses genoux, grâce à la courtoisie de Dumbledore, Severus avait réussi à dissiper la rage qui menaçait de le consumer.
Maintenant tout ce qui restait de la nuit était décisions et acceptation.
Severus regarda à nouveau le lit sur lequel Harry avait été allongé tant de nuits. Il pouvait presque en projeter l'image.
Emmêlé dans des draps soyeux, les yeux fermés, de grandes parties de peau dorée visibles, Harry avait l'air vraiment paisible quand il dormait.
Harry n'était plus un enfant. Mais derrière la calme acceptation de son destin et la lueur d'intelligence qui brillait dans les yeux verts, il n'était qu'un jeune homme de dix-sept ans avec qui le destin avait été particulièrement cruel.
Severus détacha ses yeux du lit et regarda à nouveau le feu.
Tout est juste en amour et dans la guerre…
Les mots résonnaient dans sa tête continuellement. Tout est juste dans l'amour et dans la guerre alors de quel droit reprochait-il à Harry de faire ce que l'on attend de lui ?
Pourquoi voudrais-tu aller de ton plein gré vers ta propre mort ? Pourquoi alors que tu n'y es pas obligé ? Il n'y a pas de réelle urgence. Le Seigneur Noir passe son temps à essayer de t'attaquer. Pourquoi voudrais-tu renoncer à la sécurité de Poudlard ?
Severus connaissait la réponse.
« Parce que tu es Harry et que tu en ressens la nécessité. Tu préférerais mourir que de voir plus de morts ou de souffrances. » Il grogna les mots à voix haute au feu silencieux.
Tu empestes la bonté…Le savais-tu ?
Severus regarda le feu avec des yeux noirs, énervé au début puis de plus en plus pensif.
« Je ne sais pas si je peux le faire Harry, » Murmura-t-il aux images qui traversaient son esprit, images de sorts obscurs lancés contre le corps d'un sorcier aux yeux émeraudes étendu immobile sur le sol. « Je ne sais pas si je peux te laisser mourir seul. »
Je pensais que tu comprendrais… Parce que je t'aime…
« Harry… » Severus souffla le nom à voix haute et son ton parlait de son propre enfer et des démons auxquels il devait faire face.
La pensée cependant le laissa muet.
« Si tu es ici pour crier un peu plus, Severus, s'il te plait pars. Je te l'ai déjà dit, j'ai pris ma décision. »
Harry était assis au milieu de sa salle d'entraînement sur une grande couverture bleu marine, entre ses paumes, flottait une fiole de potion prise dans les quartiers de Severus. La salle, comme toujours s'était transformée en champ, à la lisière, de grands arbres donnaient l'impression de sécurité.
Une fois que Severus eut placé un sort infranchissable sur la porte, il passa devant les premiers arbres et la salle s'agrandit soudainement. Une légère brise soufflait, et les notes d'une musique familière résonnaient du ciel noir et des étoiles scintillantes qui faisaient parti de l'illusion projetée par la salle.
Severus se dirigea vers Harry qui refusait de regarder le nouvel occupant.
Severus tira Harry dans le creux que ses bras semblaient créer naturellement pour le jeune sorcier. Positionnant ses lèvres près de l'oreille de Harry, les mots qu'il murmura le firent frissonner, le laissant plus déchiré encore qu'avant.
« Je t'aime Harry. »
Harry enlaça ses bras autour de son amant, nicha sa tête contre l'épaule de Severus et se mit à protester.
« Severus, tu n'es pas obligé…Je sais que tu -»
Mais Severus l'interrompit avec un triste sourire. Il remua pour pouvoir voir les yeux émeraude. Plaçant son index sur les lèvres protestantes de Harry, il arrêta l'écoulement de mots pour continuer.
« Je t'aime d'une manière dont je ne me suis jamais permis d'aimer un autre homme avant, » Dit-il d'une voix douce. « Tu ne comprendras peut-être jamais à quel point tu es important pour moi et ce depuis quelques temps déjà. Tu m'as donné ton cœur et je t'ai donné mon âme. Chacun de nous a le pouvoir de détruire l'autre. Et même si je n'ai pas peur de la mort, si tu meurs, j'ai peur de mourir avec toi. »
Les yeux de Harry s'illuminèrent de douleur et de tristesse.
« Je sais, » Dit-il d'une voix brisée.
Il s'éloigna de Severus avant de rassembler l'énergie nécessaire pour parler.
« Je suppose que tu penses que je suis égoïste et que je ne pense qu'à moi et à la culpabilité que je ressens d'être Harry Potter, mais je le suis ! Tout ce que je parviens à penser depuis que Voldemort a détruit la Tri Ambassade est que le temps fuit. Puis il y a eu l'enlèvement et Bellatrix aurait pu me tuer. Je suis si fatigué de fuir et de ne pas avoir de choix. Je veux agir à ma façon ! Et si je meurs, je mourrais selon mes propres termes ! »
« Mourir ne devrait même pas être une option ! » Rétorqua Severus en se rapprochant de Harry.
Mais dès que les mots quittèrent ses lèvres, il serra les yeux de frustration comme s'il essayait de barrer la route à d'autres mots qui pourraient s'échapper sous le coup de la colère. Quand il les rouvrit, la colère semblait s'être vidée et il regarda longuement et durement les yeux émeraude qui brillaient de détermination.
Silencieusement, il prit la potion qu'Harry tenait encore mais qu'il semblait avoir oubliée. Puisque Harry avait une fois de plus enlevé sa cape, il lui était facile d'enlever la chemise blanche que le jeune homme portait. Son regard allait de la potion à la peau nue de Harry.
« Tu t'es débarrassé de tes cicatrices, » Remarqua-t-il d'une voix douce en regardant une fois de plus la fiole de crème pourpre.
Harry acquiesça. « Je …Je n'en ai plus besoin. »
Severus posa la fiole sur le sol la faisant rouler sur le tapis d'herbes. Il fit courir ses doigts sur la poitrine sans défaut de Harry. Jusqu'à sa colonne vertébrale. Sa gorge. Puis plus haut. Ses doigts suivirent ses pommettes têtues et frôlèrent ses lèvres.
« Est-ce que tu comprends que j'ai tout perdu à cause de ce sorcier? » Lui demanda-t-il d'une voix douce. « Est-ce que tu comprends ce qu'il prend à chacune des personnes proches de toi ? Qu'il prend à certain plus qu'à d'autres ? »
Harry acquiesça à nouveau en silence.
« Et pourtant tu penses que tu peux aller le voir et dans ta folie tu penses que tu peux le vaincre ? »
« Je dois faire quelque chose Severus, » Répondit Harry. « Je dois essayer. »
Une étincelle de colère vacilla dans les yeux de Severus, mais une fois de plus, il la repoussa rapidement. Ce n'était pas le meilleur moment pour cela après tout. Harry n'avait pas besoin de colère. Il avait besoin d'acceptation, comme Lupin et Dumbledore le soutenaient. C'était contre tout ce que l'ex mangemort avait à l'intérieur de lui, mais une fois de plus quand il regarda les yeux verts suppliants, il sut que c'était la décision que Harry avait été destinée à prendre toute sa vie.
Au lieu de crier, Severus embrassa Harry.
Le baiser fut presque désespéré, Harry s'accrochait à lui. Mais Severus n'allait pas le laisser faire ça. Il n'était pas venu lui dire adieu et il refusait qu'Harry le fasse.
Alors il déversa son âme et sa force dans ce baiser.
Ses lèvres frôlèrent d'abord celles de Harry, légèrement au début, puis avec un peu plus de pression. Sa langue défia la sienne de répondre avec plus de passion. A la fin, Harry comprit le message. Ce n'était pas un adieu, mais ce serait un peu différent.
Les lèvres de Severus glissèrent le long de sa gorge, sa langue vacilla au creux de son cou. Comme toujours, il continua en déposant de petits baisers, de petits suçons et de petits mordillons qui laisseraient probablement une marque rouge et pourpre.
« Severus… » Gémit Harry.
Severus le serra contre son corps. Ses lèvres continuaient à descendre le long de la peau de Harry. Ses mains exploraient chaque once de son corps.
« Harry… » Murmura Severus. « Je ne suis pas sûr de pouvoir te laisser partir après tout ça. »
Harry enveloppa ses bras autour du cou de Severus et enfouit son visage contre son épaule. Severus pouvait presque sentir les échos de tristesse qui irradiaient de lui.
« Severus, je suis désolé, » Murmura Harry si doucement que le vent emporta presque les mots au loin. « Je sais que tu détestes le fait que je m'en aille. Je … Je suis désolé… Je -»
Sa voix chancela, mais Severus le bougea dans ses bras, il ne vit rien d'autre que la tristesse qui le noyait.
Harry était au-delà des larmes et de la colère.
« Reviens simplement à moi, » Murmura Severus. « C'est tout ce que je demande. Si je te laisse partir, tu dois vivre pour moi. »
Harry acquiesça. Mais il y avait une incertitude dans son regard qui fit que Severus resserra à nouveau son étreinte. Puis ensemble en synchronisation, leurs mains bougèrent, enlevèrent les couches de vêtements qui les séparaient l'un de l'autre.
Leurs lèvres se retrouvèrent.
Leurs langues dansèrent ensemble pendant que leurs mains trouvaient une vie propre. Ils s'accrochèrent l'un à l'autre. Lentement explorant chaque once de l'autre.
Severus tenait Harry dans ses bras, ne sachant pas quoi faire pour s'assurer que Harry soit toujours en sécurité.
Sachant que ce n'était pas à lui de faire ce choix.
Ils tombèrent tous les deux sur la couverture sur laquelle Harry était assis un peu plus tôt, caché par de longues tiges d'herbes remuant gentiment. A côté d'eux apparut plusieurs potions.
Quand Severus en prit une, la main de Harry l'arrêta brusquement.
Severus le regarda avec interrogation et Harry rougit, mais la détermination entêtée était revenue dans ses yeux verts.
« Je veux te sentir ? » Sa voix était si embarrassée qu'il posa une question. Mais il haussa les épaules et reprit avec plus d'entrain. « Je veux… J'ai besoin de sentir…Je … »
« Je vais te faire mal, » L'interrompit Severus.
« Je sais. » Harry acquiesça et il dit d'une voix douce. « C'est ce que je veux. Pour me souvenir. Juste cette fois je veux avoir mal. »
Et Severus acquiesça. Il comprenait les sentiments de Harry mieux que ses paroles. Il comprenait ce désir, enrayé d'incertitude, de se souvenir de son existence. Il ne se faisait peut-être plus souffrir, mais parfois il avait besoin d'un rappel et d'une justification.
Devinant ce qu'il allait faire ensuite, Harry sourit malicieusement.
Il avait été en fait très anxieux de retourner la faveur que lui avait faite Severus au manoir des Snape. Maintenant, c'était le tour de Harry.
« Sais-tu au moins ce que tu fais ? » Lui demanda Severus en plissant les yeux.
Harry secoua joyeusement la tête. « Non, mais je pensais que ta réaction me permettrait de savoir. »
Il glissa vers la taille de Severus en faisant attention à ne pas cogner son oeil, il rit à cette pensée. Puis lentement et minutieusement descendit sa bouche vers la chaleur et l'humidité.
Severus siffla et Harry prit cela comme un bon signe.
Un moment après, Severus le fit se relever. Harry était très prés de bouder et Severus lui sourit d'un air taquin.
« Attention Harry, » Expliqua-t-il. « Je n'ai pas fait cela depuis que j'avais ton âge. »
Harry sourit. Pour réfréner autant de culot, Severus l'attira sur son corps. Alors qu'il l'embrassait, l'esprit de Severus cherchait à se souvenir comment faire ce qu'Harry lui avait demandé.
Il lui fallut pas mal de persévérance et un peu d'une potion huileuse, mais il s'enfouit profondément en Harry dont les yeux verts étincelaient en le regardant avec passion, Severus était reconnaissant que la magie puisse presque tout guérir.
Ils restèrent allongés sur la couverture bleu marine, sous le ciel magique, joint ensemble comme un, se mouvant en parfaite synchronie et une fois de plus Severus se demanda pourquoi le destin voulait lui arracher Harry.
« Tout est juste en amour et dans la guerre… » Semblait murmurer le vent entre eux, comme un fantôme.
Si tu l'aimes, il sera en sécurité…
Regardant les yeux émeraude de Harry, Severus souhaitait avoir la force de le croire.
" Severussss, ça me fait plaissssir de te voir ici," Siffla le serpent.
Les yeux rubis du serpent transpercèrent l'obscurité. Severus se leva quand il entendit la voix résonner dans le vide. Le serpent, aussi long que trois hommes réunis, glissa et décrivit un cercle autour de Severus. Il rendait l'air autour d'eux brumeux et parfois irréel.
Sa présence semblait tirer de la force de l'obscurité, mais Severus n'en était pas du tout inquiet. Ce n'était pas la première fois qu'il était attiré dans ce domaine.
« Je pense que je n'avais pas d'autre choix que de venir, » Répondit Severus. « Pourquoi suis-je ici ? »
« Te souviens-tu de cet endroit, Severus ? Tu avais l'habitude de venir ici autrefois. Te souviens-tu de l'assurance que te donnait le fait de venir ici ? » Siffla cette fois le serpent, s'arrêtant pour regarder de ses yeux rubis le sorcier qui se tenait devant lui. « Dis-moi Severus, désires-tu le pouvoir que tu as perdu ? »
« Vos paroles ne sont que mensonges et cet endroit du poison. Tout ce que j'ai gagné est d'être dépendant de vous. Je n'avais pas de pouvoir, c'était le vôtre, » Répondit Severus. « Maintenant, pourquoi m'avez-vous fait venir ici ? »
« Je peux te donner le pouvoir. » Les mots résonnaient continuellement dans le noir. « Je peux te donner tout ce que tu désires, ne te souviens-tu pas ? »
« J'ai déjà tout ce que je désire. »
Le serpent se mit en colère.
Un tourbillon de colère sembla se former autour de lui. L'image du grand serpent noir et marron semblait presque se fragmenter par moment. L'air remuait dans un sifflement distant, un bruit vide, celui du vent.
« J'aurais dû le savoir, » S'écria le serpent. « J'aurais dû reconnaître les signes. Mais il ne sait pas que je peux voir ce qu'il cache. J'aurais dû savoir que si une personne devait le soutenir alors ça devait être toi. J'aurais dû le voir. »
« Et bien, vous le savez maintenant et ça ne change pourtant rien, » Lui signala Severus.
« Tu l'aimes. Oui. Je le vois même ici, en vous deux. » Il se remit à zigzaguer autour de Severus, le serrant de prés. « Tu l'équilibres autant qu'il t'équilibre. Il est beaucoup plus facile de nourrir les pouvoirs d'une autre personne, n'est-ce pas Severus ? Tu as toujours été très doué pour faire cela et il est très puissant. Très puissant effectivement. »
Severus sourit, mais c'était le sourire qu'il utilisait depuis des années. C'était le sourire d'un Serpentard.
« Avez-vous peur de lui ? Est-ce la raison pour laquelle vous êtes ici ? Toute cette énergie est-elle perdue parce que vous avez besoin de mon aide ? Avez-vous peur qu'il ne vous batte ? »
« Me vaincre ? » La question était posée sur un ton moqueur. « Il paraît très déterminé. Son esprit est comme un livre ouvert.
« Il vous combattra et il vous vaincra. » Rétorqua Severus d'une voix pleine de venin. « Vous n'êtes pas le seul à pouvoir voir au-delà des ombres de l'esprit et je peux sentir votre incertitude. Vous avez peur, en fait, de celui que vous ne voyez que comme un enfant. Il a tué l'un de vos plus grands partisans sans utiliser le sort mortel et même maintenant vous ne parvenez pas à comprendre comment il a fait. »
« Tu lui as très bien appris Severus et c'est la seule raison pour laquelle il ose penser qu'il peut me défier, » Le serpent siffla de dégoût. « Mais que ferait-il sans ta protection ? Je sens ton pouvoir autour de lui. Je sens le charme de l'Esprit. Intelligent, intelligent Severus. J'ai cherché longtemps et durement cet objet de famille et tout ce temps, tu savais que je ne penserai pas regarder où il était, avec Harry Potter.
« Je ne le lui ai pas donné parce qu'il est Harry Potter, » Railla Severus. « Mais vous ne comprendriez pas cela. »
« Qu'il en soit ainsi. » Le serpent s'arrêta pour lui faire face à nouveau. « Il est sur mon chemin. Il ne se rend même pas compte qu'il peut emprunter tes capacités de sorciers. Tu n'as pas vraiment confiance en lui, il me semble. Tu ne penses pas qu'il puisse me battre sans ton aide et ce même s'il la n'a que très peu envie de l'accepter. »
Severus plissa les yeux et le regarda avec des yeux noirs.
« Dois-je comprendre que vous pensez que je l'ai aidé à tué Bellatrix ? » Lui demanda-t-il avec son sourire le moins amical. « Vous ne pensez pas pouvoir le vaincre avec mon Spiritus autour du cou ? Laissez-moi vous assurer que Harry est beaucoup plus puissant que vous ne le croyez. Cet héritage n'a rien à voir avec ses capacités. »
« Il n'y a qu'un moyen de le découvrir, Severus. » Le défia le serpent. « Prends-le-lui. Donne lui ce qu'il demande. Laisse-le me défier seul. Laisse-moi voir s'il est aussi puissant que tout le monde le croit. »
« Non. Il n'a rien à me prouver. Et pour ce qui est de vous, vous découvrirez suffisamment tôt pourquoi il est qui il est. »
Severus se retourna et partit dans l'épaisse obscurité. Il avait été là tant de fois dans le passé qu'il connaissait le chemin de la sortie.
« Alors vous mourrez tous les deux, » Le sifflement vint comme un nuage de brume, de l'endroit où le serpent s'était enroulé.
Severus se retourna à nouveau suffisamment longtemps pour secouer lentement la tête à l'ombre qui se tenait devant lui et qui n'avait plus la forme d'un serpent.
« Si nous mourrons Jedusor, alors il vous emmènera avec lui. »
« Severus? »
Harry se leva du lit sur lequel il avait dormi. Severus avait lévité la forme invisible jusqu'aux cachots quelques heures plus tôt et maintenant, la confusion était évidente dans les yeux du jeune homme de septième année.
Severus était assis sur le canapé de velours, ne portant qu'une robe noire, devant la cheminée, une fois de plus, perdu dans ses pensées. Les objets qu'il tenait dans ses mains brillaient à la lueur du feu et chacun scintillait d'une lueur propre.
« Viens ici, » Murmura-t-il d'une voix douce.
Harry se dirigea vers Severus, ne s'arrêtant que pour dénouer la ceinture de Severus pour pouvoir s'étendre complètement contre son amant. Nu, peau contre peau.
Severus posa les deux objets sur le sol pour avoir les mains libres et caresser les cheveux noirs de Harry. Harry posa sa tête contre la poitrine de Severus et ferma les yeux, écoutant le cœur de Severus battre régulièrement.
« As-tu peur ? » Lui demanda Severus d'une voix douce.
« Merde ! » Harry rit. « Tu ne vas pas encore essayer de me faire changer d'avis, hein ? »
« Si j'essayais, est-ce que je réussirai ? »
Harry secoua la tête et regarda Severus avec un sourire triste.
Severus suivit le contour de la célèbre cicatrice en forme d'éclair sur le front de Harry, silencieusement. Harry s'étira un peu plus pour pouvoir s'allonger et frôler les lèvres de Severus en un baiser fantôme. Severus approfondit le baiser gentiment et enroula un bras autour du corps de Harry, supprimant le peu d'espace qui les séparait.
Son autre main se posa légèrement sur la poitrine de Harry, près de l'endroit où la bague aurait dû pendre.
« Ne vas-tu pas me poser la question ? » Severus brisa le baiser avec ces mots doucement prononcés. « Je vois bien que tu t'interroges. »
« C'est ton héritage, » Lui signala Harry en soupirant. « Pourquoi me l'as-tu repris ? Ne veux-tu plus que je l'aie en ma possession ? Ne me fais-tu plus confiance pour la garder ? »
« Je te fais confiance, mais tu me demandes de te laisser faire cela sans moi, » Répondit Severus. « Avec la bague, tu pourrais faire appel à mes pouvoirs. »
« Et pourquoi serait-ce mal ? » Harry avait l'air perplexe. « Attends, est-ce que ça à quelque chose à voir avec mon rêve ? »
« Ton rêve ? »
Harry acquiesça. « C'était une vision…peut-être. Je ne parviens pas à m'en souvenir, mais ça avait l'air important. C'est presque comme si je savais que tu allais le reprendre. Je ne sais pas… »
« Alors peut-être y-a-t-il un rapport avec ton rêve. » Severus sourit du sourire qu'il ne réservait qu'à Harry, mais il y avait une expression distante dans son regard. « C'est surtout à cause d'un vieux service. C'est un dernier acte de nostalgie si tu veux. »
« Nostalgie ? »
« C'est assez compliqué, » Répondit Severus rapidement.
Il se rapprocha à nouveau de Harry pour apaiser l'expression d'incertitude de son regard.
« Vous êtes plus fort que vous ne le pensez, Harry Potter, » Murmura-t-il.
« Mais et si -» Harry s'arrêta pour rassembler ses esprits. « J'ai cette peur maintenant. Et si je le tuais et qu'au lieu que tout aille bien, je devienne lui ? Je veux dire, nous sommes liés, d'accord ? Et si… Et si je devenais le prochain seigneur du mal ? »
Severus rit et secoua la tête quand il vit le visage inquiet de Harry.
« Même mes côtés les plus sombres aiment tes meilleurs côtés, Harry, » Dit-il d'une voix douce. « Il n'y a rien de maléfique en toi et le Seigneur Noir ne pourrait jamais vivre en toi à cause de cela. Souviens-t-en lorsque tu le combattras. Tu as ce qu'il n'a pas. Tu as des personnes qui t'aiment et qui sont prêtes à te sortir des profondeurs de l'enfer si cela signifie te sauver. »
Harry acquiesça lentement. L'assurance de Severus le calma. Il reposa sa tête contre la poitrine de Severus, souhaitant que son cœur batte au même rythme que le sien. Ils restèrent allongés ainsi, en silence, un très long moment. »
« Sais-tu comment sortir de Poudlard ? » Lui demanda finalement Severus.
Harry secoua la tête, devenant légèrement rouge.
« Merde ! J'avais oublié que je ne savais pas transplaner. Même si je pouvais, je ne serais pas capable de transplaner de Poudlard de toute façon. »
Severus rit à nouveau. « Tu sais certainement transplaner. A ton avis que t'avons-nous appris, Minerva, Flitwick, Lupin et moi tous ces mois ? »
« De la magie sans baguette ? » Tenta Harry.
« Oui, mais nous avons aussi essayé d'aller plus loin, de te faire atteindre la magie sauvage et naturelle d'origine. » Répondit Severus. « Les règles telles que les mots prononcés et la concentration ne sont difficiles à maîtriser parce qu'elles ne servent qu'à lisser et à contrôler l'écoulement naturel de l'énergie. Nous sommes des sorciers Harry. La magie fait partie de nous. Elle coule en nous. Et puissant comme tu l'es, tu sais déjà tout faire magiquement. »
« Donc si je veux, je peux transplaner malgré les barrières ? »
« Euh…non. » Severus sourit d'un air taquin. « Parce que Albus est beaucoup plus malin que tu ne peux le croire. Il a des années d'expérience que tes pouvoirs ne pourront jamais défier. Si c'était aussi simple que cela, les barrières n'auraient jamais été inventées. »
« Et bien alors quoi ? » Lui demanda Harry, confus une fois de plus.
La couleur verte dansa devant les yeux de Severus. Le bord de sa vision se voilait déjà et il se battait pour demeurer conscient alors qu'il chancelait en revenant de la Forêt Interdite de Poudlard. Il se mit à compter les pas alors qu'il obligeait ses jambes à bouger et son corps à ne pas le laisser tomber…
« Il existe un endroit dans la Forêt Interdite où l'on peut tordre les barrières, » Dit-il calmement. « C'est comme un Porte au Loin. Mais il ne s'ouvre que si ton objectif est pur. Pour toi, dont la quête est de détruire le mal, il s'ouvrira et t'accueillera de bon cœur. Tout à Poudlard ainsi que le monde entier semble te répondre. Je n'ai aucun doute, tu le trouveras facilement.
« D'accord, » Dit Harry lentement. « Comment est-ce que je le trouve ? »
« Le chemin est très droit en fait. D'après ce dont je me souviens, tu n'as qu'à avancer en ligne droite. C'est très isolé. Aucune des créatures ne te dérangera et je pense que ce sera un voyage assez rapide. »
Harry grogna puis s'assit sur le canapé, simplement pour s'assurer que Severus faisait de même. Il se pelotonna le dos contre Severus et soupira de mécontentement.
« Maintenant, tu parles comme Dumbledore, » Grommela-t-il. « 'Avance en ligne droite Harry. Tu y arriveras' Merveilleuses directions à suivre ! »
« Tu trouveras, » Lui dit Severus avec amusement.
Il déposa un doux baiser sur l'épaule de Harry et ça sembla calmer le jeune sorcier.
« Et comment vais-je le trouver ? » Lui demanda Harry d'une voix douce.
Le bras de Severus autour de la taille de Harry parut légèrement se tendre. « Ne t'inquiète pas, il fera en sorte que tu le trouves. »
Harry acquiesça et retomba une fois de plus dans le silence.
Il prit une profonde inspiration et fit appel à toute sa force et à tout son courage pour sortir de la chaude étreinte des bras de Severus et se lever. Il se retourna pour regarder les yeux d'onyx de Severus et ses jambes refusèrent de bouger.
« Prends la potion avec toi » Lui dit Severus doucement.
Pour la première fois, Harry regarda à ses pieds et vit les deux objets que Severus avaient posés et qu'il avait tenus un peu plus tôt.
L'un était la chaîne en argent sur laquelle les serpents étaient enlacés et sur laquelle se trouvaient les armoiries de la famille Snape.
L'autre était une fiole contenant une épaisse potion noire.
« Qu'est-ce que c'est ? » Lui demanda Harry en s'agenouillant pour la ramasser.
Il resta où il était, sur les genoux, du côté du canapé sur lequel le Maître des potions était assis et le regardait.
« Lis l'étiquette, » Lui dit Severus doucement.
Harry fit plus que cela. Il traça de ses doigts le contour des lettres des mots tourbillonnant. Il les avait déjà vues, mais soudain, il comprit. Ce qu'il tenait dans sa main était une potion très noire et malveillante…et Severus l'avait faite.
« La potion de SangSue, » Murmura Harry à haute voix.
« Je l'ai fait spécialement pour lui, il y a très longtemps, le jour où j'ai rejoint le bon côté. Elle est censée être ingurgitée oralement, mais maintenant que j'y pense, ça peut être difficile pour toi d'y parvenir. Quand je l'ai faite, je voulais avoir le plaisir de la verser de bon cœur dans sa gorge. » Expliqua calmement Severus.
« Que fait-elle ? » Lui demanda Harry. « Est-ce que seulement je veux le savoir ? »
« Elle sépare l'âme du corps comme le fait un détraqueur. Seulement avec cette potion, l'âme est détruite. Elle détruit de l'intérieur. La potion aspire de l'intérieur et détruit. »
« Et le sang ? »
« Il y en aura plein, » Répondit Severus. « La potion dilate l'écoulement du sang et provoque une explosion. Il y aura des cris et une explosion de sang. En fait, es-tu sûr d'être capable de le supporter ? »
Harry acquiesça silencieusement.
Severus se leva et posa une main sur la joue Harry. « Le plus important est que tu sois prudent avec le sang. Souviens-toi que la potion explose et qu'elle peut être transférée. Si elle touche n'importe quelle plaie ouverte sur ton corps, tu mourras. En fait, il pourrait ne pas mourir si le sort est diffusé de cette façon, à travers toi. »
Cette fois, Harry ne sembla plus avoir l'énergie d'acquiescer.
« Es-tu certain de ne pas vouloir y penser encore un peu ? » Lui demanda Severus d'une voix douce. « Es-tu certain de ne pas vouloir que je vienne avec toi ? »
« J'en suis sûr, » Murmura-t-il. « Mais… Si je meurs -»
« Tu ne mourras pas, » L'interrompit Severus fermement. « Tu as tes ASPICS à passer dans deux mois. Tu le feras parce que tu as dit que tu le devais. Mais demain soir, tu seras ici avec moi à nouveau et nous parlerons de tout cela au passé. Est-ce que vous comprenez Potter ? »
Harry sourit tristement. « Oui, professeur Snape. »
Ils s'habillèrent rapidement. La brume de leur baguette indiquait '3h00' mais ils ne jetèrent qu'un coup d'œil au sort. Severus attacha la cape noire de sorcier de Harry, comme il le faisait toujours et pour la première fois, Harry ne protesta pas. Il mit sa baguette dans sa poche intérieure, au cas où il en aurait besoin dans un cas désespéré.
Quand ils eurent terminés, ils se levèrent en silence.
« Alors j'avance simplement en ligne droite et les barrières s'ouvriront pour moi ? » Lui demanda Harry d'une voix douce.
Severus acquiesça.
Harry mit la potion noire dans sa poche et jeta un sort silencieux et incassable dessus.
« Et n'utilise la potion que s'il est au plus faible ? »
Severus acquiesça à nouveau.
« Et… simplement… N'entre pas en contact avec le sang ? »
La voix de Harry se brisa dans un murmure. Son regard était tombé sur le tapis noir sous ses pieds.
Cette fois, Severus n'acquiesça pas. Il prit Harry dans ses bras et écrasa ses lèvres sur celles de Harry qui s'accrocha à lui dans un sanglot désespéré. Quand ils eurent tous les deux calmés ce besoin, Severus se recula pour regarder l'expression têtue et déterminée qui brillait dans les yeux verts de Harry.
« Je t'aime Severus, » Murmura Harry.
« Je sais, » Répondit Severus. « Et je t'aime Harry Potter. »
Harry prit une autre profonde inspiration et se retourna, mais Severus l'attira dans une nouvelle étreinte.
« S'il te plait… » Murmura Severus d'une voix qui parlait de son inexpérience et du véritable amour qu'il éprouvait pour le sorcier qu'il tenait dans ses bras. « S'il te plait…Essaye de ne pas mourir ce soir. Je ne peux vraiment pas perdre une autre personne à cause du Seigneur Noir et je suis certain que Lupin ressent la même chose.
Ne sachant pas quoi dire, Harry s'accrocha à lui un peu plus longtemps.
Puis, une fois de plus, il se dégagea de l'étreinte de Severus. Il sortit du salon remplies d'étagères sur lesquelles sur trouvaient des parchemins et tout en avançant, il attendit d'entendre l'ordre de Severus, lui demandant de s'arrêter, mais il n'y eut pas d'autres paroles, alors il se glissa hors de la salle.
Cette fois, Severus le laissait partir.
