Merci à ma correctrice AnthaRosa
Chapitre 29 : Dedans ou dehors
Le cri transperça l'atmosphère pensive de la pièce, jetant des vagues de frissons dans le dos de ses occupants. Les cinq personnes se raccrochaient les uns aux autres, cherchant réconfort et assurance comme ils avaient appris à le faire si souvent depuis le jour où ils avaient été jetés dans la même cellule.
« Il n'y arrivera pas cette fois, » Murmura quelqu'un.
Personne n'osa être d'accord. Chacun espérait contre tout espoir, de toute façon.
« Oh seigneur. Ecoutez-le crier. Je ne peux plus… Je ne peux plus le supporter…Je ne peux plus ! » Cette fois la voix était plus vieille que la précédente. Deux femmes. Les hommes étaient trop occupés à leur offrir leurs bras forts dans lesquelles elles pouvaient trouver refuge.
Et puis il y eut le silence…et tout le monde retint son souffle.
L'attente.
Les cris étaient douloureux à écouter, mais le silence leur faisait peur. Au lieu de suivre leurs instincts de préservation et d'éviter une telle douleur aiguë, ils attendirent que le silence soit brisé.
Puis il vint. Le cri. Incessant. Agonie.
Tous gémirent et respirèrent à nouveau librement. Les cris signifiaient tortures et douleur, mais ils savaient tous depuis lors, que le silence était pire. Le silence signifiait la mort.
Ils étaient déjà si nombreux à être morts.
Le silence retomba à nouveau. Cette fois, il fut immédiatement remplacé par des voix et le bruit caractéristique des pas. Suivit de prés par le bruit étrange mais maintenant familier, de paroles murmurées et la porte s'ouvrit.
Avec un grognement et un rire quelqu'un fut jeté violemment dans la salle devant la porte qui se refermait déjà. Et le peu de lumière qu'il y avait eu fut perdue.
Confiné ensemble au milieu de la salle, personne n'osait bouger. Personne n'osait respirer trop fort. Tous les yeux étaient tournés vers la silhouette brisée.
Attente… puis il bougea.
« Harry ? Harry, est-ce que tu vas bien ? »
« Allons mon garçon, ouvre les yeux. Je sais que c'est douloureux, mais ce serait bien pire si tu t'endormais et ne te réveillais jamais plus. Harry, peux-tu m'entendre ? »
« Harry ? Harry c'est nous. Tu vas bien maintenant. Ils sont à nouveau partis pour un certain temps. Harry, s'il te plait, réveille-toi. Tu es si courageux. Personne ne pourrait faire ce que tu fais, en leur faisant face encore et encore. S'il te plait, n'abandonne pas maintenant. »
« Que quelqu'un prenne sa cape et ce bâton qu'il semble aimer tenir ! Allons ! »
La cape fut rapidement sortit de sa cachette et fut rapidement tendue au possesseur de la voix impérieuse. Tous les yeux se tournèrent vers Harry et on força ses doigts à se refermer sur le morceau de bois lisse qui paraissait toujours étrange à ses nouveaux amis, mais suffisamment familier pour qu'ils comprennent.
Harry était l'un d'eux…et pourtant il était très différent.
« Non ! Peux pas encore. Dois attendre… Peux pas les laisser savoir avant qu'ils ne viennent ici…où est-il ? » Les paroles étaient des pensées incohérentes, puis des sons et des gémissements de douleur et de torture.
Dans un coin, loin du corps toujours tremblant, on pouvait entendre des reniflements et des sanglots. L'une des femmes remarqua l'enfant choqué et vint s'asseoir à côté de lui puis le mit sur ses genoux.
« Il ne se réveillera pas cette fois, » Sanglota-t-il dans ses bras. « Ils l'ont beaucoup trop blessé. Ils l'ont fait souffrir…et …et -»
« Chut maintenant. Tout ira bien mon chéri. Il se réveillera. Regarde tout le monde essaye de le réveiller. »
L'enfant secoua la tête. « Ils vont revenir, même s'il se réveille. Ils le prendront et le feront souffrir encore plus. Ils… »
Contre ça, elle ne pouvait pas discuter.
Harry était apparu au milieu d'eux et les avait regardés une seule fois avant de prendre sa décision. Il avait crié son défi à celui qui se trouvait derrière la porte de bois et les hommes en cape noire étaient entrés dans la salle et l'avaient emmené.
Ce n'est que des heures plus tard et plusieurs séances de tortures qu'ils avaient trouvé sa cape et son 'bâton' caché parmi eux. Ils ne semblaient pas s'interroger sur la présence des objets et ça en était étrange. Ils les avaient simplement cachés et attendaient qu'Harry reviennent.
Il y avait quelque chose de spécial chez ce jeune homme. Même plus spécial que l'étrange cicatrice qu'il avait sur son front. Et même s'il n'avait pas pu le dire, ils savaient tous pourquoi il était là. Il était venu pour les sauver de la chambre sombre dans laquelle ils étaient prisonniers depuis des mois maintenant.
Harry, leur héros.
Depuis qu'il était arrivé, le tourment qu'ils subissaient quand ils étaient entre les mains de leur ravisseur avait cessé. Toute leur énergie semblait maintenant focaliser à essayer de briser la forte résistance de Harry. Harry attendait quelqu'un. Ils le savaient et les ravisseurs aussi.
Cette personne laissait Harry attendre.
"Ils reviennent ! Déplacez-vous vite ! »
« Il ne s'est même pas encore réveillé. Ils ne peuvent pas déjà revenir pour lui ! »
« Dis-leur ! Prends ses affaires. Dépêche-toi ! »
« Dépêchez-vous tous les deux ! »
« Petrificus Totalis! »
« Laissez-le tranquille ! »
« Stupefix! »
« Harry ? Reviens. Je m'attendais à ce que tu viennes me voir. »
Harry fit un pas dans le bureau de Dumbledore, prudemment. L'atmosphère de la salle était beaucoup plus sérieuse que celle à laquelle Harry s'attendait. Peut-être que Dumbledore connaissait vraiment la raison de sa venue.
Il s'arrêta devant le bureau du directeur et essaya de rassembler ses pensées et de trouver les mots justes.
« Assis-toi, » Lui ordonna Dumbledore d'une voix douce. « Je crois que ça prendra un certain temps. »
Harry s'assit prudemment sur la chaise qui s'enfonça sous lui. Une fois encore ses pensées étaient trop embrouillées pour être exprimées, alors il resta assis en silence, ne sachant pas quoi dire pour aborder le sujet.
Dumbledore attendit patiemment et Harry se débattait pour trouver ses mots.
« Je dois le trouver. Je dois combattre Voldemort, » Dit finalement Harry avec calme. « Je pense qu'il est temps de faire quelque chose et je ne peux pas le faire ici pendant que je me cache et que j'attends à Poudlard. Je dois essayer. »
« Même si tu es faible et effrayé ? » Lui demanda Dumbledore. « Même si je ne le demande ni à toi ni à personne d'autre ? En es-tu certain ? »
Harry acquiesça. « C'est à moi de prendre cette décision et je l'ai prise. Je ne serai jamais vraiment prêt mais ça ne veut pas dire que je ne reviendrai pas. Je suis aussi prêt que je peux l'être et au moins ainsi, je suis davantage préparé. »
« Harry… » La voix de Dumbledore se tut calmement et pour la première fois, Harry vit de la tristesse dans les yeux du directeur. « Harry, je te demande tant de choses. Je ne peux m'empêcher de penser que c'est de ma faute. Peut-être t'ai-je trop poussé. Peut-être ai-je tiré avantage de la lueur d'espoir que je voyais en toi. Je n'aurai jamais dû te demander cela, Harry. Je n'aurai jamais dû exiger que tu te sacrifies pour nous tous. Et pourtant, je te regarde maintenant comme j'ai regardé ton père, tout en sachant que ta détermination ne te laissera jamais te détourner de ta décision. »
« Je ne fais que ce que je dois faire, » Répondit Harry avec un sourire triste. « Ce que je sais que je dois faire. »
Dumbledore lui rendit son sourire. « Je crois comprendre que tu n'as pas encore parlé de ta décision à Severus ? Je suis certain qu'il aurait déjà menacé de faire exploser l'école, dans sa colère. »
« Non, je n'en ai parlé à personne d'autre pour l'instant, » Répondit Harry tout en sachant que Dumbledore ne devait pas être loin de la vérité, Severus répondrait violemment.
« Il t'aime profondément. Bien plus qu'il ne le montre, » Lui dit Dumbledore. « Harry, tu dois me promettre d'être prudent. Ne sous-estime jamais ce sorcier que tu vas combattre. Souviens-toi toujours qu'il utilisera tous les moyens possibles pour te briser même si ça veut dire utiliser ta force contre toi, il le fera. Sois prudent Harry. Severus ne se le pardonnerait jamais si tu mourrais et que nous ne faisions rien. »
Harry acquiesça solennellement.
« Enervate! »
Harry eut à peine le temps d'ouvrir les yeux qu'il ressentit une douleur aiguë au niveau de sa cicatrice. Il avait l'impression que sa tête allait exploser. Il grogna, et se mit la tête dans les mains. Ce n'est qu'un peu plus tard qu'il se rendit compte qu'il était assis sur une chaise au milieu d'une immense salle et qu'une autre personne se trouvait là avec lui.
« Ca fait mal, hein ? »
Harry leva la tête et rencontra les yeux bleus glacés et le sourire railleur, sadique et froid de Lucius Malfoy.
« Tu n'as pas l'air de te sentir très bien, Potter, » Poursuivit Lucius sur le ton de la conversation. « D'après ce que l'on m'a dit, tu as enduré toutes les tortures magiques imaginables et tu ne sembles pas l'avoir très bien pris. »
Il pencha la tête de Harry en arrière pour que les yeux verts provocants transpercent son regard indifférent. La main de Harry était toujours accrochée à son front alors que des élancements de douleur traversaient la surface émeraude de ses yeux.
Lucius déplaça la main pour essuyer gentiment le sang qui couler du coin de la lèvre de Harry.
« Ah le doloris, » Dit-il d'une voix douce. « C'est si efficace. On m'a dit que tu l'avais enduré si longtemps que tes cris étaient devenus ceux d'un homme fou. Pourtant, tu es assis ici et tu me regardes avec tant de haine que je ne suis pas vraiment convaincu. Peux-tu encore parler ? Ou as-tu tant crié que ta gorge est à vif et à sang ? »
Harry se recula violemment des caresses, de ses doigts contre son menton, il y mit toute la force qui lui restait.
« Désolé de vous décevoir, » Parvint-il à dire avec venin.
Immédiatement, le regard de Lucius s'embruma de colère et ses yeux bleus devinrent tel un océan d'obscurité.
« J'aime la nuit, » Dit Harry d'une voix douce.
« Vraiment ? Pourquoi ? » Lui demanda Jean-Claude en tournant le balai pour faire face à Harry.
Harry haussa les épaules, mais au lieu de répondre immédiatement, il tourna son attention vers le monde autour d'eux.
Au loin, des millions de lumières jaunes essayaient d'imiter le scintillement des étoiles. Au-dessus se trouvait l'obscurité et autour d'eux, le froid de la nuit. Le ciel couleur encre était une toile sur laquelle une lune argentée était peinte.
« Je ne sais pas. C'est comme ça, » Répondit finalement Harry. « Le monde dort la nuit et j'aime le silence. »
« Le silence est-il important pour toi, Harry ? »
« Bien sûr ! » S'exclama Harry en volant en cercle autour de son MagiPsych. « C'est soûlant parfois. Assourdissant… mais c'est réconfortant. Il n'y a plus que ma voix dans ma tête et non les échos de cent autres. »
Il s'arrêta soudainement à côté de Jean-Claude, qui sourit avec compréhension.
« La nuit, je suis juste Harry, » Murmura-t-il.
Des doigts s'emmêlèrent dans ses cheveux et le tirèrent en arrière suffisamment fort pour l'obliger à regarder la figure en noire devant lui. Ca ne fit rien pour calmer la douleur aiguë qui une fois de plus déchirait sa tête.
« C'est douloureux, hein ? » Répéta Lucius avec un sourire méprisant. « Chaque souvenir est tiré de ta mémoire et petit à petit condamne ton âme aux pouvoirs du Seigneur Noir. Ca doit être vraiment douloureux de se rendre compte que tout ça c'est de sa faute. Où sont tes amis, Potter ? Et où est le vieux Dumbledore quand tu en as le plus besoin. »
Allons Harry. Combats-moi.
Severus…Je ne peux pas….
« Ce que vous me faites n'a pas d'importance. Ca ne marchera pas, » Dit Harry d'une voix douce. « Mes souvenirs sont inutiles pour lui. Il est bien trop fier, il se croit le sorcier le plus parfait et le plus puissant qui existe. Pourquoi ne peut-il pas me faire face au lieu de vous laissez faire son boulot, à vous et à ses autres minions ? Ou a-t-il trop peur de moi ? Voldemort est un lâche. Pourquoi n'en suis-je pas surpris ? »
Lucius eut un sourire en coin. Un délicat sourcil se haussa d'un amusement cruel.
« Tu le sous-estimes, Potter. Tu nous sous-estimes, mais moi, je ne suis pas surpris. Espèce de petit fou. Ils ne t'ont rien appris apparemment. Harry Potter est le héros du monde sorcier, ils le disent à tout le monde, mais tu n'es rien d'autre qu'un sale sang mêlé. Rien de plus qu'un petit garçon naïf qui pense qu'un jour, il fera ses preuves devant le monde. »
Lucius suivit lentement le contour de la cicatrice de Harry avec le tranchant d'un ongle. Contrairement aux autres avant lui, l'expression de son visage n'était pas de crainte mêlée d'admiration ou de plaisir. C'était une expression de dégoût et de haine si profonde qu'Harry avait oublié qu'une telle intensité pouvait exister. A travers ses élancements et l'engourdissement qu'il ressentait au niveau de sa cicatrice, il ne sentait pas la douleur infligée, mais il était certain que sa cicatrice était sur la liste des parties ensanglantées de son corps.
« C'est moi qui suis fou ? » Lui demanda Harry sur un ton incrédule en dégageant sa tête des ongles tranchants et la couvrant immédiatement de la paume de sa main. « C'est moi le naïf petit fou qui veut prouver quelque chose ? Regardez-vous ! Vous êtes un sorcier adulte, vous avez une femme et un fils et pourtant vous êtes ici à jouer le serviteur volontaire de Voldemort ? Qu'est-ce qu'il vous donne pour tout ce mal, Malfoy ? Etre marié ne fonctionne pas pour vous, hein ? »
Ses paroles lui valurent une gifle
Depuis qu'il avait été libéré du doloris continuel, Harry n'avait pas été capable de ressentir une part individuelle de son corps. La seule chose qui parvenait à traverser la brume de douleur était sa cicatrice et les élancements ponctuels dans ses bras et dans ses jambes qui faisaient trembler violemment tout son corps. Qu'était une douleur de plus ?
Pendant une seconde, Harry fut presque certain que sa mâchoire avait été brisée.
« Pourquoi ne posez-vous pas les questions qui vous intéressent vraiment Malfoy ? » Il parvint finalement à le défier d'une voix douce. « C'est sur le bout de votre langue. Quel bon petit esclave vous êtes ! Vous n'êtes même pas la moitié du sorcier que je pensais voir en vous. Demandez ! »
Lucius plissa les yeux, seul avertissement qui devait faire taire Harry, mais il était au-delà de la raison ou des bonnes manières.
« Où est mon fils Harry Potter ? » Il imita le sorcier devant lui. « Où est Drago ? Que lui a fait Dumbledore ? Où est-il ? Dis-le moi maintenant ! »
« C'est un Serpentard, Potter. A quoi t'attendais-tu ? Des mots doux d'encouragements et une dévotion aveugle qui ne rime à rien ? »
Harry se retourna en entendant la voix, sachant déjà de qui il s'agissait, mais il n'était pas sûr de ce qu'il devait répondre.
Le jour faisait déjà place à la nuit. Au-dessus d'eux, il y avait déjà quelques étoiles qui brillaient dans le ciel qui s'obscurcissait lentement. Mais, même dans la lumière déclinante, Harry aurait reconnu cette silhouette et cette voix n'importe où.
Savoir ce que Drago Malfoy faisait près du lac était un mystère en lui-même.
« Je t'ai vu quitter ses quartiers. Je peux deviner ce qu'il s'est passé quand tu lui as parlé de ton brillant plan, » Lui dit Drago avec son habituel sourire en coin. « Laisse-moi voir, il était livide ? »
Harry détourna les yeux de ceux argentés et perçants de Drago et posa le regard sur la fiole de potion qu'il avait prise dans les quartiers de Severus. L'espace d'un instant, il ne regarda que les rayons de lumière que jetaient la lueur de la lune, réfléchie sur la couleur lavande. Sans réellement les voir de toute façon.
« Je pensais qu'il comprendrait. Je pensais qu'il s'en soucierait, » Dit finalement Harry d'une voix douce.
Un soupir inhabituel chez Drago s'échappa de ses lèvres.
« Il se fait du souci, espèce d'idiot, » Dit-il comme s'il expliquait quelque chose à un enfant de cinq ans. « Il ne se serait pas mis en colère, s'il ne se souciait pas de ce que tu fais. Tu l'as probablement terrifié jusqu'à la moelle avec ton discours de sacrifice. »
« Me crier après ne montre pas la profondeur de son attachement, Malfoy. »
« Bien sûr que si ! » Répondit Drago impatiemment. « C'est un Serpentard. Il ne va pas se mettre à genoux et te supplier de réviser ta folle décision. Il ne va pas te dire qu'il a si peur pour toi qu'il peut sentir la bile au fond de sa gorge à chaque fois que son esprit lui montre un scénario. Il ne va pas admettre que dans son esprit il t'a déjà vu mourir d'une centaine de façons différentes et qu'il espère que va lui être épargnée la douleur de voir ses peurs devenir réalité. Il ne dira rien de cela parce qu'il est un Serpentard et pour nous la peur est toujours transformée en énergie à utiliser. Comme la colère ou les sorts. »
Harry regarda Drago plus longtemps encore. C'était sensé, bien sûr. Harry ne se l'était-il pas déjà prouvé de nombreuses fois avant? Quand ses émotions menacent de le submerger la première chose que fait Severus est de se mettre en colère et peut être même d'être violent.
C'était étrange que pour la première fois en sept ans, Drago Malfoy paraisse censé.
« Merci Malfoy, » Répondit Harry quand le moment se termina. « J'apprécie vraiment que tu sois venu ici pour m'offrir cet éclairage. »
L'expression sur le visage de Drago aurait pu réveiller un tsunami.
« Je ne suis pas venu ici pour t'offrir cet éclairage, » Déclara-t-il en tournant les talons d'un air de dégoût exaspéré. « Je te dis simplement ce que tu as besoin de savoir. C'est toi qui aimes un Serpentard, Potter. »
Il s'arrêta pour regarder Harry de haut, suffisamment longtemps pour donner cette information avant de s'en aller. Ses paroles résonnaient dans la tête de Harry pour ne plus être aussi facilement oublié.
« Ainsi tu sais, l'amour d'un Serpentard est incroyablement différent de celui d'un Gryffondor. C'est comme un poison….mortel mais absolument inoubliable. »
« Très bien Potter, » Railla Lucius d'une voix lente. « Où est Drago ? Que lui a fait Dumbledore ? »
A cette question, Harry sourit, de ses lèvres engourdies par une douleur fantôme et rit d'un amusement qu'il ne vivait pas alors qu'à nouveau un souvenir était arraché de sa tête.
« Honte à vous Lucius. Le temps que vous la posiez, la question a déjà été perdue, » Le taquina-t-il. « Vous ne pensiez pas vraiment que je vous le dirai, hein ? Malfoy mérite d'être enfermé dans une cage moldue et transporté au milieu d'une montagne. Peut-être est-ce exactement ce qu'il lui est arrivé. Je n'en serais pas surpris. Si seulement ça pouvait vous débarrasser de votre seul héritier. »
Harry gagna par ce commentaire une nouvelle gifle, mais cette fois-ci il éclata de rire malgré la douleur.
« Si courageux Potter, » Dit Lucius d'une voix pleine de dégoût si semblable à celle de son fils. « Que crains-tu le plus ? Qu'est-ce qui te rend faible et te fais crier ? Qu'est-ce qui te déchire et te mange de l'intérieur comme un ver le fait avec les fruits ? De quoi es-tu si terrifié que tu en frissonnes ? Quoi Potter ? Sois assuré que nous le saurons. Nous trouverons et nous l'utiliserons pour rendre œil pour œil jusqu'à ce que ta petite carapace extérieure de courage soit partie et que toute ta confiance s'écoule au centre de la terre. Nous te détruirons, Potter. Tu es venu ici en cherchant cela. Eh bien comme tu le sais, ce sera ta chute et tu ne seras pas le dernier à rire à la fin. »
Harry secoua lentement la tête pour renier physiquement ces paroles. « Il ne vous reste rien à me faire maintenant. Vous avez tout fait et je suis toujours en vie. Alors pourquoi n'avançons nous pas maintenant. »
« Il y a encore beaucoup de choses, Potter, » Lucius sourit d'un air satisfait. « La journée est encore jeune. »
« Vraiment? Que reste-t-il Malfoy? Allez-vous sortir votre baguette et m'ensorceler maintenant? » Harry semblait délibérément provoquer son aîné, mais un instant après sa voix s'adoucit et se transforma en un amusement amer. « Bien sûr que non. Même si vous étiez sur le point de le faire. Voldemort ne vous a pas donné l'ordre et puisque vous n'êtes rien d'autre que sa marionnette, votre baguette ne me tuera pas aujourd'hui. »
Une fois de plus le regard de Lucius se voila de colère à peine cachée, mais très rapidement, il devint à nouveau de glace.
« Non Potter, je ne peux pas te tuer, » Dit-il très doucement. « Mais il y a d'autres choses que je peux faire. En fait, c'est ce que je vais faire. »
Il sortit rapidement sa baguette, mais le seul sort murmuré apporta l'obscurité et le silence au jeune Gryffondor.
« Stupefix! »
« Enervate! »
Harry se réveilla dans une salle très différente de la précédente. Alors que l'autre salle était grande et vide, celle-ci ne pouvait pas être considérée comme telle. Bien qu'aucune des salles n'aient plus d'une chaise pour les meubler, la différence consistait dans le fait qu'il s'était réveiller devant six grands hommes qui ressemblaient décidément à des moldus.
« Tu es si courageux, si confiant, Potter, » Railla .Lucius dans son oreille. « Ces choses que tu protèges peuvent être si facilement manipulées. Elles sont si capricieuses. Pourtant tu les aimes suffisamment pour leur donner ta vie. Eh bien, laisse-les la prendre. Je trouve cela très poignant que ceux que tu protèges te conduisent à ta destruction. »
« Je pensais que vous croyez que les moldus étaient une perte. Et pourtant maintenant vous vous tournez vers eux pour faire ce que vous ne pouvez pas. Maintenant qui est capricieux ? » Rétorqua Harry avec courage.
Pour la première fois, Lucius éclata de rire. Son rire était cruel et froid et l'estomac de Harry se contracta de peur.
« Ca n'a pas d'importance Potter, » Murmura Lucius. « Quand ils en auront terminé avec toi, Il ne restera rien de toi, même pas un murmure pour défier le Seigneur Noir ; »
Il poussa Harry vers les hommes et d'un rapide mouvement de sa main, il leur donna l'ordre d'approcher.
Harry chancela, déjà désespérément faible. Il regarda rapidement les hommes s'approcher et pour la première fois depuis qu'il avait pris sa décision, il sentit une vague de nausée menacer de le submerger.
A subir des sorts, il était préparé. Magie et potions, il pouvait le gérer, mais pendant tout ce temps, il se retenait à la croyance qu'il faisait ce qui était juste. Les moldus ne méritaient pas de mourir et un seul sorcier ne méritait pas de régner sur le monde.
« Quand je reviendrai, je veux un réel travail qui sera récompensé. Il ne devra rien rester sauf un écho du gamin insolent qu'il est maintenant. Laissez des marques. Faites en sorte qu'il saigne. Je veux qu'il soit blessé et brisé. Gardez-le en vie… mais faites en sorte qu'il souhaite être mort. »
« Quand tu reviendras, tout ce que tu auras à faire est de lui tendre un couteau et il prendra sa propre vie, » Répondit l'un des hommes.
La dernière chose qu'Harry entendit fut le bruit du départ de Lucius et la porte fut refermée fermement, le laissant dans son propre enfer.
Quand le premier coup tomba, Harry chancela en arrière, mais il y avait quelqu'un derrière lui qui le poussa en avant vers d'autres coups. Cette fois, ils venaient de trois angles différents.
Ceux-ci le jetèrent finalement sur le sol. Sa vision devint flou et il pouvait déjà sentir le goût du sang, mais le pire était pourtant qu'on déversait sur lui une pluie de coups. Harry sentait les os de ses côtes se briser et son souffle devint irrégulier.
Harry se battait pour respirer malgré l'étroitesse de ses poumons et les larmes qui lui picotaient les yeux. Quatre étages plus bas se trouvait l'hôpital magique, il observait les moldus et les sorciers se promener dans les rues se hâtant de continuer leur vie.
Un fait évident.
« Tu ne sais pas ce que c'est Hermione, » Dit-il en se tournant pour regarder ses meilleurs amis. « Vous ne savez pas ! Vous ne comprenez pas ! Et c'est un MagiPsych. Il ne comprend pas lui non plus ! Il ne peut pas s'attendre à ce que je laisse tout derrière moi et que je parte avec eux. Je préfère rester ici à Sainte Mangouste que de retourner dans cette maison, mais bien sûr, je ne peux pas. »
« Alors dis-moi, » L'encouragea Hermione. « Fais-moi comprendre pourquoi tu es soudain si en colère. Tu es resté avec ta famille chaque été. Quelle est la différence avec cette année ? »
Harry prit une profonde inspiration. « Je les déteste. »
« Ils font partis de tes parents. »
« Ils font partis de ma famille, » La corrigea Harry. « Parents signifie qu'il existe un certain respect et d'amour. »
« Alors tu ne les aimes pas? » Redemanda Hermione. « Je le savais déjà, mais les gens sont comme ça. Tu dois juste passer par-dessus ce concept. »
« Tout le monde n'est pas comme ça, » Répondit calmement Harry.
« En es-tu sûr Harry ? »
Harry acquiesça avec emphase. « Je crois qu'il y a du bien en chaque personne. Nous ne vivons pas tous pour nous faire souffrir les uns les autres. Nous ne le devons pas tous. Je crois que les sauver vaut le coup. Certaines personnes sont mauvaises, mais beaucoup d'entre nous sont forts et bons. Mon oncle et ma tante font parties de ces gens qui me mettent en colère contre le monde.
« Laissez-le ! »
La voix résonna de l'autre côté de la salle où se trouvait le sixième homme qui regardait le combat. Harry était alors dans une position fœtale sur le sol dur et froid. Ses habits étaient déchirés, sa bouche saignait, son corps était couvert de bleus et ses os étaient brisés, sa vision s'effaçait déjà vers le noir de l'inconscience.
« Laissez-le tranquille ! » Leur ordonna à nouveau l'homme et Harry le sentit s'accroupir à côté de lui.
Comme par miracle les cinq hommes arrêtèrent immédiatement. Alors un par un, ils se retournèrent et se dirigèrent loin de l'autre homme, à l'autre bout de la pièce tout en grommelant qu'on ne les laissait jamais s'amuser.
« Peux-tu bouger ? » Lui demanda l'homme d'une voix bourrue.
Harry parvint simplement à secouer la tête. Quelque part par terre, ses lunettes gisaient brisées et penché au-dessus de lui son sauveteur était simplement très flou.
« Tu ne peux pas rester là, » Dit l'homme en bougeant le bras de Harry pour l'enrouler autour de son cou. « Ca va être très douloureux, mais je suis certain que c'est la meilleure chose à faire. »
Au premier mouvement que fit son corps, Harry se mordit la lèvre pour éviter le cri qui s'élevait en lui. Ils continuèrent à bouger cependant et Harry fut lentement étendu contre le mur le plus proche.
« Nous devons t'enlever ta chemise, » Lui dit son sauveteur. « Tu as une grosse entaille sur le côté de ta tête qui semble saigner depuis un certain temps. »
Harry remua un peu pour pouvoir prendre le bord de la chemise. Une grosse secousse la déchira en morceaux et il aida Harry à la faire glisser de ses épaules meurtries.
« Alors souhaites-tu déjà être mort ? » Lui demanda-t-il sur le ton de la conversation en appuyant le vêtement sur le côté de la tête de Harry.
Harry sourit tristement, même s'il fut bref: sa lèvre crevassée sembla se déchirer encore plus à cause de cet effort.
« J'en reviens, » Dit-il doucement.
L'homme acquiesça de compréhension. « Ils peuvent-être brutaux. Peux-tu croire que nous sommes ici depuis longtemps ? Malfoy est un vrai fils de pute, hein ? Pense qu'il nous possède et peut nous faire faire tout ce qu'il veut, mais un de ces jours, je lui dirai ce que j'en pense. Heureusement pour lui…J'aime le sang. »
Cette dernière phrase attira rapidement l'attention de Harry.
« Que voulez-vous dire par-là ? » Lui demanda-t-il prudemment. « Vous aimez le sang ? »
L'homme haussa les épaules nonchalamment, mais au lieu de répondre, il déchira le petit morceau de chemise pour essuyer le sang du nez de Harry puis pour tamponner le coin de sa bouche.
« Tu es très beau, hein ? » Murmura-t-il doucement. « Je n'en ai pas vu d'aussi beau que toi ici depuis de longs mois. Qu'as-tu fait pour le mettre en rogne ? Nous avons entendu les cris jusqu'ici. Ils se sont vraiment efforcés de te briser. »
Harry avait l'impression d'avoir la tête qui tourne. Comment était-il parvenu à passer d'une torture à une autre aussi rapidement ?
« N'ai pas peur de moi, » Murmura-t-il. « Je ne vais pas te blesser comme ils l'ont fait. Tu vas aimer. Tu vas vraiment aimer cela. »
Des mains rêches tracèrent une ligne de l'estomac de Harry jusqu'à sa poitrine, jetant des traînées de douleur le long de ses côtes et une autre vague de terreur. L'homme se mouilla avidement ses lèvres avant de les baisser sur l'épaule de Harry, le léchant jusqu'à sa colonne vertébrale.
« Arrêtez ! » Harry le repoussa aussi durement qu'il le put, mais l'homme rit simplement d'amusement.
« Les garçons, venez ici m'aider avec lui, » Cria-t-il aux cinq hommes qui s'approchaient déjà. « Il semblerait qu'il ait encore la force de se battre. »
Comme un, ils attaquèrent Harry. L'un déchira ce qui lui restait de vêtement, un autre tint ses chevilles et le poussa jusqu'à ce qu'il soit allongé sur le sol. Un autre leva rapidement ses poignets douloureusement. Et un autre lui tint les jambes écartées.
Il entendait encore la respiration rapide du premier homme qui se mélangeait avec son propre rythme.
« Tu ne peux pas vraiment penser ça Potter. C'est une manière déconcertante et naïve de regarder le monde. »
Harry grogna à voix haute puis roula sur le lit. Son corps s'alignait parfaitement avec celui de Severus, mais son attention était davantage concentrée sur la lumière noire d'incrédulité que sur la chaleur de la peau de son amant contre la sienne.
« Et bien c'est ce que je pense. J'ai eu cette conversation avec Hermione il y a quelques mois et finalement elle a admis qu'elle était d'accord avec moi. Il y a du bon dans chaque personne dans ce monde. Plus que de mal et c'est eux qui fait que tout vaut le coup. Tout le monde n'est pas suffisamment Serpentard pour penser que les humains sont tous des monstres à part entière. »
Severus s'assit rapidement sur le lit. Ses yeux étincelaient dangereusement quand il prit Harry dans ses bras.
« Ecoute-moi Harry et écoute-moi attentivement. » Déclara-t-il d'une voix douce. « Tu n'es pas aussi innocent et si tu l'étais je ne resterai pas là à t'écouter me dire n'importe quoi. Tu n'as pas besoin d'être un Serpentard pour comprendre la nature humaine et si c'était le cas alors peut-être que tout le monde devrait prendre une page de notre parchemin et ouvrir les yeux sur une chose que nous pouvons dire aussi facilement. Les humains ne sont pas des diables, mais ce ne sont pas non plus des saints. Oui, il existe des personnes incroyablement pures dans ce monde, mais elles sont très rares. C'est ce qui fait que tu es si spécial, et même toi tu peux t'assombrir. Il est très facile pour chacun d'entre nous de devenir le prochain Seigneur Noir. »
Il raccourcit la distance pour poser légèrement un doigt sur la lèvre inférieure de Harry.
« Nous sommes tous des démons, Harry, »Murmura-t-il. « Et tu es le croquemitaine. »
« Tournez-le. Attention maintenant, je le veux conscient. Ce n'est pas drôle s'il est inconscient. Vous vous êtes tous amusés, maintenant c'est mon tour. »
Harry se battit contre la poigne de fer qui maintenait ses poignets prisonniers, mais c'était inutile, unanimement, ils le retournèrent. Et la douleur s'étendit rapidement dans tout son corps comme une traînée de poudre.
Pendant un moment…un long moment… Harry eut l'impression qu'un détraqueur était entré dans la salle. L'air froid faisait frissonnait son âme. Il ne pouvait plus respirer. Et soudain tout son disparut. Le mouvement se ralentit et Harry ne sentit plus rien, comme s'il était engourdi.
Automate.
« Putain ! Est-ce qu'il vient de bouger ? »
Le bruit revint…et cette fois le temps se figea. Le pied qui avait été planté brutalement sur le dos de Harry et le tenait immobile fut rapidement enlevé. L'homme penché au-dessus de Harry s'arrêta comme tous les autres.
« Tu deviens de plus en plus attirant beau garçon. » La voix se mêlait d'admiration. « De plus en plus attirant. C'est un sacré tatouage que tu as là. »
L'homme ne pouvait pas résister au désir de regarder avidement le corps qui gisait si attirant près de lui. Son regard parcourut les muscles de veau puis s'arrêta sur la courbe qui formait les fesses de Harry puis sur l'épée et le serpent imprimés avec tant de réalisme sur son dos. Quand le besoin devint trop fort, il tendit la main pour toucher les contours de sa peau.
En Harry, quelque chose claqua profondément.
L'air craqua alors que les tissus de magie se libéraient des pores de sa peau. Son corps s'illumina et la salle brilla d'une couleur de cuivre sombre. Les hommes se levèrent, incrédules, alors que le silence fut soudain remplacé par le vrombissement de l'air comme si un aspirateur de pouvoir avait été crée.
Puis ils se mirent à tousser et à haleter pour respirer. Leurs poumons se comprimèrent et leur cœur se ralentit dans leur poitrine. Leurs halètements se transformèrent rapidement en étranglement, en étouffement puis finalement en sifflement. Et soudain ils se mirent tous à trembler, se convulsant et se tortillant sur le sol avant que l'air ne revienne finalement dans leur poumon pour s'échapper en longs et tortueux cris.
Le doloris
Puis aussi rapidement que ça avait commencé, la magie se dispersa et les cris s'interrompirent si brusquement que c'était comme si le son avait été tranché en deux et qu'il avait rendu le monde muet.
Sur le sol gisaient les six corps, immobiles. Stupéfiés…pas morts… Espérait Harry.
Sa propre vision se voila en des variations d'ombres grises et noires. Sa cicatrice le cinglait. Son corps n'était plus qu'une masse de douleur et sa tête l'élançait tant que ses oreilles auraient pu confondre ce son avec celui de son cœur. Harry se sentait complètement vidé.
Lentement, très lentement, il sombra dans l'inconscience.
La salle était sombre quand Harry se réveilla.
Ses vêtements avaient été rapiécés quand il revint à lui: il était complètement habillé et assis. La chaise était en métal et il était menotté fermement, aux chevilles et aux poignets.
La salle était plus grande encore que les précédentes et c'était très étrange. Un instant elle était noire mais le suivant elle prenait des teintes changeantes, d'ombres et de rayons de lune.
Harry pouvait à peine voir les quatre silhouettes qui étaient devant lui alors qu'elles concentraient son attention sur lui. Un de ces bruits de pas, qui résonnaient auparavant comme un écho et qui se réverbérait contre les murs avait cessé alors que la silhouette s'arrêtait devant lui.
« Harry. Harry, que fais-tu? »
« Je me cache? »
« De toi-même? »
« Non Ron. De la réalité. »
Ron secoua la tête en faisant un bruit qui montrait son incrédulité. Il portait des vêtements moldus et était assis sur une chaise en bois devant Harry. Ses bras étaient pliés sur le dos de la chaise et son menton était posé sur ses bras, il leva un sourcil.
« Je ne pense pas que ça paraisse vraiment sain, Harry, » Déclara-t-il.
Harry haussa les épaules. « Et? Je ne suis pas un idiot. Tu n'es pas vraiment là. Est-ce que j'ai une hallucination ? »
« Harry, tu es plus fort que ça. N'abandonne pas maintenant. » L'encouragea Ron. « Ce sera bientôt terminé et tu mettras Tu Sais Qui -»
« Ron, laisse-le tranquille, » Le réprimanda Hermione.
Ron se retourna pour la regarder. Elle était assise sur un rebord et portait elle-aussi des vêtements moldus, seulement ses habits semblaient tout droit sorti d'un catalogue de lycée britannique. Elle avait libéré ses cheveux qui contrastaient vivement avec la lumière de la lune et sa tunique blanche.
« Harry, » Dit-elle d'une voix douce. « Tu ne peux pas rester ici. C'est le but de cet endroit. C'est à toi de le faire, ta retraite en toi-même. Ne le vois-tu pas ? Ils veulent te rendre fou. »
« Alors peut-être que j'ai déjà perdu l'esprit, » Marmonna Harry.
« Ne dis pas ça Harry ! Pourquoi es-tu ici si tu as prévu d'abandonner ? » Le réprimanda Ron. « Qu'ont-ils fait depuis que tu es arrivé ? Veritaserum et tu es parvenu à les rendre furieux en ne leur révélant rien ? L'impérium et c'était complètement stupide de leur part puisque ça n'a jamais fonctionné sur toi avant ? C'est de la magie noire et tu as survécu ! »
« Avec les moldus c'était pire, » Murmura Hermione. « Bâtards sadiques ! Ils poussent des cris ridicules en se disant contre les moldus et pourtant ils se tournent vers eux pour utiliser leur connaissance. Et le doloris ! Ne peuvent-ils pas être un peu plus original ? »
« Eh bien, eh bien, je n'aurais jamais pensé entendre Ms Granger jurer. » Vint la voix traînante et sarcastique. « Toi seul parviens à améliorer l'original, Harry. C'est vraiment dommage que nous ne soyons pas vraiment là. »
Severus sortit des ombres. Il était exactement comme dans le souvenir de Harry. Sa robe de sorcier tournoyait derrière lui et il faisait de longues enjambées. Il avança vers Harry et le regarda avec sa tristement célèbre grimace.
« Je n'étais pas simplement sentimental quand je t'ai dit que je t'aimais Potter, » Dit-il sur un ton dur. « Je crois que tu peux le faire et tes amis aussi le croient. Maintenant arrête d'essayer de le faire de la manière la plus facile ! Où est passé ton si fameux courage Gryffondoresque ? »
« Ils m'ont blessé et je peux en sentir tous les effets, » Murmura Harry, « Je n'ai plus la force me battre. Je me sens si fatigué. Je pense que je ne peux même plus bouger. »
« Harry, ce n'est pas censé être facile, » Lui dit Hermione d'une voix douce et Ron acquiesça.
« Alors comment dois-je faire ? Je ne peux pas. Je ne peux simplement pas -»
« Potter ! » La voix de Severus claqua pour capturer à nouveau l'attention de Harry. « Je ne tolérerai ni excuse ni apitoiement. »
« Alors fais-le ! » Répondit Harry. « Je n'ai pas à écouter cela. Tu n'es pas réel ! Tu n'es pas ici. Tu ne peux pas me dire ce que je dois faire alors que tu es en sécurité et que je me fais lentement tuer ! »
« Harry, » La voix de Severus s'adoucit et il s'approcha pour poser sa main sur la joue de Harry.
Harry pouvait presque la sentir. Il voulait si désespérément la sentir pour oublier qu'ils n'étaient pas réels, qu'il avait une hallucination et que le pire était encore à venir. Il n'avait même pas encore rencontré Voldemort.
« Harry, » Recommença Severus. « Je t'aime. Nous t'aimons. Que nous soyons une représentation de ton imagination et de ta fatigue n'a pas d'importance. La réalité est que nous existons et que notre amour pour toi est réel. Alors arrête de te sentir désolé pour toi ! Reprends-toi! Sinon il te détruira facilement. »
Des ombres, les pas se turent à nouveau et Remus s'arrêta suffisamment longtemps pour faire face à Harry et à le regarder avec un sourire triste.
« Harry, nous sommes avec toi. Nous sommes en toi, » Dit-il d'une voix douce. « Et tu n'as jamais eu à le faire tout seul. »
Les mots semblaient résonner continuellement dans l'obscurité de la chambre. L'attention de Harry vacilla d'un visage à l'autre et tous lui sourirent pour l'encourager. Lentement ils s'effacèrent, se mélangeant aux brumes puis aux ombres avant que la pièce ne redevienne noire.
Harry était assis sur la chaise en métal au milieu d'une salle très sombre, attaché par les poignets et par les chevilles, n'ayant que le silence pesant à écouter.
Puis lentement, les larmes silencieuses qu'il avait si longtemps retenues ruisselèrent sur son visage.
Il avait pris la mauvaise décision. Il avait essayé avec trop de force de plaire à un monde désespéré en voulant gagner son titre de héros. Il allait mourir seul… mais il était déjà là, en ce moment, à cet endroit et il était trop tard pour revenir sur sa décision.
S'il mourait, il allait au moins emmener Voldemort avec lui.
Alors que les larmes s'arrêtaient de couler et que la réalité, ses os brisés et sa peau meurtrie le firent revenir à la réalité, son esprit une fois de plus protesta contre la douleur qui le submergeait. Il attendit de se sentir tomber, comme toujours avant que les bords de sa vision ne se voilent et que lentement elle s'obscurcisse et qu'encore une fois, il tombe dans le domaine sombre de l'inconscience.
« Vous avez triché, » Dit Harry doucement à l'ombre qui se tenait devant lui quand il ouvrit une nouvelle fois les yeux.
« Tu m'as défié, » Répondit Voldemort dans un sifflement. « A quoi t'attendais-tu ? Pensais-tu que je répondrai à ton défi en te rencontrant au milieu ? Tu m'as défié avec l'impulsivité d'un enfant ! Tu allais simplement venir ici et proclamer une victoire, tu le croyais, mais je ne serais jamais venu pour ça. »
« Vous avez triché, » Répéta Harry. « Vous avez fait en sorte que je ne sois pas capable de vous combattre. »
Voldemort plissa les yeux étrangement, mais au lieu de devenir violent comme Harry s'y attendait, il déposa deux objets aux pieds de Harry. L'un était sa baguette et l'autre sa cape.
« Alors donne-moi l'occasion de redresser la balance, » Déclara-t-il en détournant son regard du jeune sorcier. « Voici tes affaires. Ni fouillées ni trafiquées. »
D'un coup de baguette, il ouvrit les menottes et Harry fut libre de prendre ses affaires.
Harry prit d'abord sa cape en faisant en sorte qu'elle se défroisse le long de son corps, sa main frôla sa poche dans laquelle la potion était toujours cachée. Il prit ensuite sa baguette. Ce fut certainement plus difficile à cause de ses côtes cassées qui ne lui permettaient pas de se pencher. Finalement, ses doigts parvinrent à agripper brièvement la surface lisse.
Puis il y eut immédiatement la secousse au niveau de son nombril.
« J'ai menti, elles ont été trafiquées. » Lui dit Voldemort avec une expression qui aurait pu réveiller les morts. « Considère sssela comme une autre chose en ma faveur.
Avant qu'Harry n'ait le temps de répondre, le Port au Loin l'entraîna dans un vortex de temps et d'espace.
Il sortit du Porte au Loin à genoux, ses jambes le lâchèrent de douleur, elles ne supportaient plus son poids. Immédiatement, il tomba face à face avec du sable doux sous ses doigts. Du sable chaud, comme celui d'un désert. Il lui fallut un moment pour remarquer que le vent qui soufflait n'était pas celui d'un désert, il était froid.
S'il essayait suffisamment, il pouvait presque sentir l'odeur de l'océan.
« Familier, Potter ? »
Harry leva les yeux vers Voldemort dont la robe tournoyait dans le vent puis passa devant lui vers la maison qu'il voyait au loin. La demeure sous le soleil du soir était un témoignage des générations de sorciers qui avaient marché dans cette cour à travers le temps. Elle parlait de la fierté de leur histoire et d'un homme puissant et par moment d'une compréhension et d'une gentillesse donnée si facilement.
Au-dessus de la maison, dans le ciel dans lequel Harry avait passé tant de mois cet été à déverser ses secrets et à porter son âme, se trouvait la Marque Noire. Verte et lumineuse. Permanente. Parlant d'une grande tragédie qui s'était déroulée dans la journée. Marquant la mort de son MagiPsych.
« Mon Cœur..." Murmura Jean-Claude avec les yeux de la couleur de l'été et d'une voix qui résonnerait dans l'esprit de Harry pour toujours.. « Harry... »
« Jean-Claude. Je suis désolé, » Murmura silencieusement Harry pour lui répondre.
Harry retourna son attention vers le sorcier qui se tenait devant lui, sa baguette déjà pointée sur lui.
Harry regarda l'incarnation du mal devant lui et il se brisa intérieurement. Qu'il soit finalement à genoux comme Voldemort avait si longtemps désiré le voir n'avait pas d'importance. Qu'il l'ait amené de lui-même n'avait pas d'importance. Harry ne pouvait plus se rappeler ce qui comptait vraiment. Il était responsable de la mort d'une autre personne. Tous ceux qu'il aimait allaient mourir et il mourait lui aussi. Il n'avait été capable de sauver aucun d'eux.
« Ca vaut difficilement les coups maintenant, hein ? »
Harry ne répondit pas à la lueur cruelle qui brillait dans les yeux noirs. Il ne répondit même pas quand Voldemort toucha du doigt la cicatrice en forme d'éclair sur son front qui était responsable pour beaucoup, du sorcier qu'Harry était devenu.
« Que se passe-t-il Potter, quand le monde autour de toi s'effondre dans l'obscurité et que le silence perce un chiasme dans ta tête si profond que tes pensées et émotions s'écoulent comme une cascade de douleur ? Où vas-tu quand la lumière n'est pas assez lumineuse pour te sauver et que les ténèbres sont si profondes qu'elles avalent ton monde ? Si pur. Potter. Tes efforts me semblent difficilement valoir la peine que tu t'es donnée pour être ici. Tu mérites difficilement l'air que je te permets de respirer ou l'espace que je t'ai laissé occuper si longtemps. »
Les doigts se rétractèrent.
« Alors c'est ainsi que ça se terminera Potter. La bataille finale entre toi et moi ne durera qu'un instant. Toi à genoux comme tu devais l'être et moi, qui me vais me débarrasser de ta pitoyable existence. Il m'a fallu dix-sept ans Potter, mais aujourd'hui sera la fin. »
Voldemort leva sa baguette et la pressa contre la cicatrice de Harry sur son front et murmura le sort presque sentimentalement. Sauf qu'il n'avait pas de cœur et que le pouvoir qu'il avait cherché si longtemps était son seul amour.
« Avada Ked -»
Il ne put pas aller plus loin. Les mots furent interrompus et remplacés par un halètement tranchant. Il fallut un moment à Voldemort pour qu'il comprenne ce qu'il se passait puis il fit trois pas en arrière et tomba à genoux.
L'épée de Gryffondor marquait une protubérance grotesque au milieu de sa poitrine, servant son ultime objectif, la raison pour laquelle Harry l'avait incluse dans son tatouage.
Immédiatement une rivière pourpre s'écoula de la robe noire et le long de la lame d'argent. Pourpre. Harry était certain qu'il aurait été noir comme le poison. Mais au lieu de la douleur qui illuminait le visage teinté d'incrédulité de Voldemort, il y eut soudain un sourire…puis lentement, il éclata de rire.
« Qu'est-ce qu'un corps pour un autre Potter? » Lui demanda-t-il. « Les âmes sont transférables. Je l'ai prouvé. Les corps sont réparables. Est-ce toujours ton meilleur atout ? »
« Est-ce que tu comprends que j'ai tout perdu à cause de ce sorcier? » Lui demanda Severus d'une voix douce. « Est-ce que tu comprends ce qu'il prend à chacune des personnes proches de toi ? Qu'il prend à certain plus qu'à d'autres ? »
De sa poche Harry sortit une fiole de potion noire, pas encore débouchée. Il regarda longuement la silhouette sanglante devant lui et ce qu'il devait faire lui devint si clair que son esprit tituba.
« Je t'aime Severus, » Murmura Harry silencieusement. « Remus…Pardonne-moi pour cela. »
Avant de pouvoir changer d'avis, il porta la fiole à ses lèvres et avala la potion amère d'une gorgée. Puis il attendit. Ils attendirent…jusqu'à ce que Harry se mette à crier.
Son corps se tordait de douleur alors qu'il était déchiré de l'intérieur. Il sentit les vaisseaux sanguins entrer en éruption un par un en une série de douleur. Sous la surface de sa peau, elles apparaissaient comme une réaction en chaîne. Harry vomit…bile et sang. Il redoubla ne sentant même plus la douleur de ses côtes contre les contractions de son abdomen.
Le monde pencha, remua… les larmes ruisselèrent. Même ses cris ne l'aidaient pas et bientôt le sang dans sa gorge gargouilla et entra dans ses poumons. Il toussa. S'étrangla. Suffoqua.
Sur le sol, Harry pouvait entendre rire.
C'était un rire qui s'était brisé malgré la douleur. C'était le rire qui le retenait. Il n'était même pas conscient d'avoir conjuré sans baguette la lame. Mais, il avait jeté le sort tant de fois avant qu'il avait mis de côté sa douleur et qu'au moment où elle apparut dans sa paume, il se sentit soudain léger et concentré.
D'un coup tranchant, il passa la lame sur la paume de ses mains. Il ne sentit même pas la douleur. Il n'avait jamais senti cette douleur.
Avec le peu de force qui lui restait, il prit le pommeau de l'épée, toujours dans le corps de Voldemort. Elle vint dans un son mouillé et le monstre devant lui haleta.
Puis la vision de Harry devint noire, malade mais ses yeux restaient ouverts. Harry ne pensait pas à cela. Il réduisit la courte distante et pressa sa plaie contre celle plus grande au milieu de la poitrine de Voldemort.
Immédiatement, il y eut à nouveau des cris, mais cette fois Harry sut que ce n'était pas les siens.
Sa main resta immobile malgré les convulsions qui se formaient devant lui. Harry souhaitait ne pas le voir. Il ne bougea pas même quand son propre souffle devint haché et qu'il haletait pour respirer, que son corps se refroidissait lentement et qu'il entendait le dernier souffle du sorcier qui l'avait poursuivi si longtemps. Il attendit de sentir le poids d'un vieux corps sans âme tomber contre le sien.
Alors les secousses de son corps cessèrent et les sons n'étaient plus dès lors un facteur. Son rythme cardiaque se ralentit tant qu'il put à peine le sentir dans sa poitrine. Alors ses muscles se détendirent et il eut l'impression de fondre, il ne sentait plus son corps. Il flottait et dans son monde de ténèbres, les visages des personnes qu'il aimait s'illuminèrent silencieusement dans son esprit.
Seulement alors Harry tomba sur le sable.. et attendit patiemment sa propre mort, lente.
Harry Potter.
Harry Potter, le héros du monde.
