Après avoir reçu pas mal de review pour le chapitre précédent, chose qui m'a fait extrêmement plaisir (merci beaucouuuup!) je me décide enfin à braver la tempête d'accès à internet (oui ça bug tout le temps chez moi!) et je vous apporte enfin l'avant dernier chapitre de ma fic qui est pour moi l'un des meilleur... Maintenant c'est à vous de me dire ce que vous en pensez! Allors j'attends vos reviews! Faites péter le compteur lool
Chapitre 19
Instants perdus
Ce visage. Comment expliquer qu'il soit apparut là, dans le brouillard, identique en tout point à celui de l'autre. Comment expliquer que le seul fait d'avoir répété ses mots ait fait revenir ce visage qu'il avait chasser pour pouvoir être à leurs côtés. Il avait compris tout de suite. Dès le moment où Lily avait parlé il avait compris que tout allait s'achever. Tout finirait ce soir, leur voyage, le temps de la joie, la vie avec leurs parents. Une lumière s'éteignait sur sa vie au milieu de ce couloir brumeux tandis que Dumbledore venait de repousser Voldemort, réussissant à lui faire quitter le château…
Harry poussa un soupir rauque, incapable de soutenir ne serait-ce que l'un des trois regard posé sur lui. Il ne pouvait pas leur faire face. Il était incapable de voir la peur et l'incompréhension briller dans leur yeux. Et il savait que ce serait l'unique chose qu'il y trouverait. Il avait eu le temps de l'apercevoir dans le regard de James. Cette lueur de frayeur que son père avait laissé apparaître en voyant s'effacer les traits de Harry Brangsburn, remplacés par les siens, ceux de James Potter, les traits qu'il devait léguer à son fils Harry James Potter.
-Je crois que tu sais ce que tout cela signifie Harry, déclara la voix légèrement essoufflée de Dumbledore tandis qu'il s'approchait des quatre adolescents d'un pas lent et contraint. Le moment est venu de repartir. Chris doit se demander ce qui vous arrive… vous feriez bien d'aller les rejoindre lui et Nihm… et à ce moment là, vous vous en irez comme vous êtes venus. Je te fais confiance pour ne rien dire Harry… Rien qui pourrait nuire à l'avenir que tu connais…
Le jeune homme hocha légèrement la tête, la gorge serrée. Il s'était passé tellement de chose ! En une soirée il avait ressentit de la peur, de la haine, de la douleur et voilà que maintenant, tout cela avait laissé place à un océan de tristesse et de désespoir. Il ne voulait pas partir si tôt. Il ne s'y était pas préparé. Il ne se sentait pas près à les abandonner déjà après seulement deux mois passé en leur compagnie. Et en même temps… c'était trop tard maintenant. Il ne pouvait plus revenir en arrière. Ils avaient vu son vrai visage. Le masque était tombé, éjecté par cet appel involontaire de son cœur pour son père. Un mot qu'il aurait tant aimé pouvoir dire chaque jour de sa vie. Un mot qui en raison de cet affrontement ce soir là, ne pourrait jamais franchir ses lèvres. Fermant les yeux, Harry déglutit, incapable de regarder James pendant que Dumbledore utilisait un sortilège pour refermer ses blessures.
Xoxoxox
Il pouvait sentir leurs regards posés sur lui, chacun attendant qu'ils s'expliquent. Peut-être craignaient-ils d'être déçus ? Qu'est-ce que se serrait quand il leur annoncerait qu'il était leur fils ? comment réagiraient-ils en apprenant qu'ils devaient mourir ? Il ne voulait pas se poser trop de question avant de leur annoncer. Les choses allaient déjà être suffisamment dure, il ne voulait pas les aggraver encore plus. Poussant un soupir, Harry s'approcha du portrait de la grosse dame prêt à lancer le mot de passe, lorsque sans prévenir, elle pivota sur ses gonds laissant apparaître le visage de Chris :
-James ! tout va bien ! Vous vous en êtes sortis sans prob…
Mais sa phrase était morte dans sa gorge. Dans son empressement de connaître ce qui s'était passé hors de la tour, il s'était arrêté aux cheveux en batailles d'un noir de geais… Puis son regard avait croisé les yeux d'un vert émeraude qu'il n'avait qu'eu peu l'occasion de connaître. Ce regard si anéanti qui l'avait tant marqué quelques mois plus tôt, dans le Poudlard express, alors qu'il allait à Poudlard pour la première fois. Le sourire qui avait accueilli le retour de James se dissipa lentement tandis que les yeux bleus de Chris passaient sur les visages de James, Sirius et Lily avec une expression étrange.
-Harry… pourquoi est-ce que…
-C'est fini Chris… nous repartons ce soir. Il nous faut dire adieu.
Le jeune homme fut incapable d'articuler le moindre mot. Son regard devint soudain étrangement vide tandis qu'il laissait entrer les quatre adolescents dans la salle commune où ils furent accueillis par une multitude de cris et de questions. Mais ils ne répondirent pas. Ignorant tous les appels, ils suivirent Harry et Chris dans leur dortoir, attrapant Remus, Etoile et Nihm au passage. Ce ne fut que lorsque la porte se referma sur eux dans le dortoir, que ces trois derniers comprirent que quelque chose n'allait pas. Que faisait là ce garçon si identique à James ? Et pourquoi avait-il le regard de Lily ?
Pendant une durée qui leur parut interminable, personne ne prononça mot, chacun observant son voisin avec une expression étrange, à mis chemin entre la suspicion et la curiosité. Ce fut Remus qui coupa le silence.
-Qui êtes vous ? Et pourquoi est-ce que tu ressemble autant à James ?
-Bien…Je suis Harry Potter.
-Et moi Chris Allbright. Le fils de Nihm.
-Le fils de James et Lily. Nous sommes venus ici grâce au Dumbledore de notre époque parce que nous n'avons pas connu nos parents et qu'il a estimé qu'après la mort de l'une des rares personne qui me restait, ce voyage pourrait me servire de thérapie…
Harry déglutit en observant les visages qui l'entouraient. Aucun d'eux ne semblait parfaitement croire à son histoire mais en même temps ils ne pouvaient pas totalement la refuser. Après tout, malgré cette nouvelle, le sentiment de confiance qui s'emparait d'eux en présence de Harry restait plus fort que tout…Il poussa un soupir puis murmura faiblement :
-Je sais que ça doit vus paraître impensable, mais c'est la stricte vérité… J'ai été élevé par mon oncle et ma tante, la sœur de Lily, après que Voldemort vous ait tué, un soir d'Halloween 1981. Pendant des années ils m'ont caché ma véritable nature puis j'ai reçu ma lettre de Poudlard. J'ai rencontré Dumbledore et Hagrid qui m'ont dit la vérité sur vous… En troisième année, j'ai fait la connaissance de Remus et Sirius, mon parrain, enfermé pendant treize ans à Azkaban pour un crime qu'il n'a pas commis… Et Voldemort est revenu…
-Tu es en train de nous dire que tout ça doit nous arriver… dans le futur ? Balbutia faiblement Sirius tandis que les paroles de Harry parvenait difficilement jusqu'à ses oreilles.
Le jeune homme acquiesça faiblement d'un signe de tête. Incapable de soutenir les regards de ceux qui ne seraient plus présents dans sa vie d'ici quelques minutes. Non loin de lui, le visage de Chris avait pris une étrange teinte blafarde qu'il était incapable de masquer. De temps à autre son regard se levait vers celui figé de Nihm, sans que celle-ci semble l'apercevoir.
-C'est impossible ! Vous ne pouvez pas prouver ce que vous avancez ! Vous nous jouez un mauvais tour où je ne sais quoi ! S'écria Lily en secouant fermement la tête le regard brillant.
-Je suis désolé, murmura Harry en encrant ses yeux dans ceux de sa mère. J'aurais aimé n'avoir jamais à faire cela… J'aurais aimé que jamais Dumbledore n'ait à me proposer ce voyage…
Lentement Harry se dirigea vers sa table de chevet et en sorti l'album photo que Hagrid lui avait offert lors de sa première année d'études à Poudlard. Il le regarda un instant puis le tendit à James les mains tremblante avant de déclarer :
-Ce sont les seules choses que j'ai de vous… Je vous le laisse… De toute façon… il me reviendra d'une manière où d'une autre lorsque Chris et moi nous aurons rejoint notre époque.
Il marqua un silence, attendant que James dise quelque chose, observe une photo et réalise qu'il avait bien son fils sous les yeux. Et James bougea. Ses mains se posèrent sur la couverture de cuir du vieil album et en tournèrent la première page, laissant apparaître la photo du mariage de James et Lily… de son mariage. Sa lèvre inférieur trembla légèrement tandis qu'à côté de lui, Lily laissait entendre un petit cri de surprise. Cela semblait si irréel… et pourtant. James, respira difficilement, cherchant les mots qui auraient pu traduire sa pensée, exprimer ce qu'il ressentait à soudain comprendre le sens de toutes ses choses que Harry avait pu lui dire jusque là. Toutes se choses qui le mettait en confiance. Ces mots toujours si justes, même dans des situations telles que la mort de ses parents… la mort des grand parents de Harry…
-Je… Tout ça… c'est la vérité ? Hoqueta-t-il finalement. Tu veux dire que nous allons vraiment mourir, tous autant que nous sommes ? Et qu'est-ce qu'on peut faire pour empêcher ça ? Si vous êtes venus ici c'est bien pour changer le cours du temps non ? Nous permettre d'éviter ça ? Sinon ça n'a aucun sens !
Sa voix était tremblante. Pleine d'incompréhension et de cette envie si vive de ne pas connaître le sort qu'on lui avait annoncé. Il ne pouvait pas lui rester que quelques années à vivre ! C'était impossible ! Même si sa vie était avec Lily, il n'en voulait pas puisqu'ils auraient à souffrir. Elle souffrirait, et lui aussi fort soit-il il ne pourrait pas la sauver.
Le regard de Harry s'assombrit étrangement tandis qu'il jetait un bref coup d'œil à Chris, toujours appuyé contre le mur, incapable de regarder en face de lui.
-Je suis désolé. Nous ne pouvons rien vous dire d'autre que de faire attention à vous… et à ceux qui vous entourent tant que vous le pouvez encore. Sirius… Ne fait pas n'importe quoi lorsque le moment sera venu… Penses à mes parents et à moi…
Il marqua une pause, imaginant que cette petite phrase n'aurait jamais l'effet attendu sur la vie qu'il avait connu. Son regard se porta sur le visage larmoyant de Lily. Il fit un pas vers elle et posa une main sur son visage, essuyant une larme sur sa joue pâle. Son cœur se serra avec intensité. Il ne la verrait plus. Dans quelques minutes, tout serait fini. Seul le souvenir de ce visage illuminerait sa vie. Il sentit sa gorge se nouer douloureusement tandis que ses lèvres s'entrouvraient pour laisser entendre :
-Je ne te remercierai jamais assez pour tout ce que tu as fait pour moi… Tu m'as donné la vie et tu m'as permis de la garder. Je vous serais éternellement reconnaissant quoi que vous fassiez. Quelque soit le choix que vous ferez maintenant que vous savez quel sort vous attend… Si vous fuyez je vous remercierait de m'avoir permis de vous garder. Si vous luttez, je ne pourrais qu'être fier d'être le fils de ceux qui part leur sacrifice, m'ont permis de débarrasser le monde de Lord Voldemort pendant treize années…
Sa voix s'était brisée dans sa gorge tandis qu'autour de lui un silence pesant s'était élevé. Puis sans qu'il puisse lutter, il se laissa tomber dans les bras de Lily, la serrant contre lui, respirant son parfum, profitant pour la dernière fois de sa vie, de l'étreinte de sa mère, du battement de son cœur contre le sien. Un cœur plein d'amour, amour auquel il devait tout. Il reprenant sa respiration il se détacha faiblement de sa mère pour observer le regard étrange qu'elle lui lançait. Les émeraudes de leurs yeux se mêlèrent et elle comprit enfin ce qui l'avait tant perturbée dans le regard de Harry Brangsburn… La forme de ses yeux et la couleur chocolat de ceux de James. Le mélange parfait. Seule signature des véritables origines du jeune homme.
-Et… Chris… Balbutia Nihm en se tournant vers le jeune homme d'un pas chancelant. Tu vas partir toi aussi…
Le jeune homme redressa faiblement la tête, encrant son regard dans celui de sa mère. Pour lui aussi l'époque Brangsburn avait pris fin. Il se sentait plus Allbright que jamais, le digne petit-fils de sa grand-mère… ce garçon malheureux cacher derrière la carapace de mépris que toute la famille avait connu… Il observa un instant son visage, puis tenta en vain de sourire. Il aurait aimé lui faire comprendre qu'il ne souffrait plus, qu'il avait fini par accepté son absence, mais s'eu été se mentir. Elle lui avait toujours manqué, depuis le jour où elle l'avait abandonné, sans prévenir, une nuit d'hiver… Il ravala faiblement sa salive avant de murmurer :
-Je pars avec Harry… Mais je n'oublierai jamais ce que nous avons vécu ici… tu m'as fait prendre conscience de choses que j'ignorais… de chose que l'on avait falsifié pour que je ne cherche pas de réponse… Maintenant je sais que mon père ne t'as jamais laissée seule… Je sais que la seule coupable… c'est ta mère… C'est pour cal que je lui en veux tellement. Elle va te faire tomber malade… Tout ce que je souhaiterai… C'est que cette fois tu luttes pour moi…
Une lueur passa dans le regard de Nihm et sans prévenir elle se jeta dans les bras de son fils qui la serra contre lui sans parvenir à retenir ses larmes. Il se fichait royalement du regard que les autres pouvait porter sur lui. Il n'avait que faire de l'identité de son père. Il ne pouvait même plus en vouloir à sa grand-mère… Tout était fini. Et par cette fin il pouvait enfin dire à sa mère combien elle comptait pour lui, combien il avait aimé son souvenir, un souvenir encré dans une petite boite à musique…
-Je t'aime maman… Je t'aimerai toujours…
Il se décala légèrement d'elle, observant ses yeux rougis par les pleurs qu'elle ne réussissait plus à étouffer. Elle l'aimait aussi. C'était plus évident encore que tout ce qu'il avait pu imaginer auparavant. Cet élan vers lui le lui prouvait maintes fois plus que le reste…
Derrière lui, Harry étreignait encore ses parents , incapable de mettre un terme aux adieux, incapable de s'avouer vaincu, incapable de les laisser filer entre ses doigts comme de l'eau claire… Mais la porte du dortoir s'ouvrit, laissant apparaître Dumbledore qui une petite sphère dans la main, venait réclamer le départ des deux garçons, leur retour vers l'époque qui était la leur…
Brièvement, les deux garçons étreignirent ces êtres qu'ils avaient côtoyé pendant deux mois, des personnes devenus des amis à leurs yeux, mais des amis qu'ils ne reverraient pas. Ces derniers toujours choqués par ce qu'ils venaient d'apprendre, n'eurent pas le temps d'agir. Ils n'eurent pas le temps de chercher à les retenir que déjà, le Temporel les avait happé vers leur époque, là où se trouvaient leurs vies et ce qu'ils restaient des autres…
Xoxoxox
Lentement, son regard se posa sur les meubles qui l'entouraient, ces meubles qu'il avait désormais connu en deux époques différentes. L'impeccable bureau d'Albus Dumbledore lui faisait face, affichant tout le pouvoir dont jouissait le vieux directeur. Mais il n'était pas là. Un sentiment étrange s'insinua dans chaque parcelle du corps de Harry, comme si le seul fait d'être revenu à l 'époque qui était la sienne pouvait avoir une influence considérable sur le cours du temps. Se pouvait-il qu'il ait dit une chose qui aurait engendré la mort prématurée de Dumbledore ? Nerveusement, son regard se porta sur Chris dont le visage pâle était tourné vers le sol, incapable de dire quoi que ce soit après cette séparation si inattendue, qui avait eu lieu quelques minutes plus tôt dans leur mémoire. Harry toussota légèrement s'attirant les regards agacés des anciens directeurs, tandis que le professeur Dippet se redressait lentement dans son fauteuil pour déclarer d'une voix pâteuse :
-Vous revoilà déjà Potter ? C'est la raison pour laquelle nous nous éveillons tous lentement ? Albus ? Albus montrez vous donc, voyons !
Harry sentit sa respiration s'accélérer. Il avait presque oublié ce que Hermione lui avait dit quand il l'avait rencontrée, une nuit dans ses échos. L'utilisation du Temporel conduisait toujours à un sommeil forcé de ceux qui ne faisaient pas le voyage, afin d'éviter qu'ils ne se rendent compte des changements pouvant survenir dans le cours du temps. Dans les tableaux situés tout autour d'eux, un agacement général commençait à s'installer comme si l'absence de Dumbledore dans la pièce pouvait signifier le pire. A côté de lui, Chris se redressa, fronçant les sourcils comme il le faisait toujours dans certaines situations.
-Tu penses que cela voudrait dire qu'il… qu'il n'est plus là ?
Harry hocha la tête dans une négation convaincue. Une part de lui savait que Dumbledore était forcément là, quelque part autour d'eux. Ils n'avaient rien dit à leurs parents qui puissent remettre en question la vie du vieux directeur. Seulement, il n'était peut-être pas en mesure de revenir aussi vite du sommeil que les personnages des tableaux.
Un grognement rauque leur parvint de la pièce voisine au bureau de Dumbledore. Les deux garçons échangèrent un regard soulagés tandis que le bruit d'une étoffe que l'on tente de défroisser se faisait entendre. Bientôt, Dumbledore fit son apparition dans la pièce, le regard aussi éveillé qu'après son combat avec Lord Voldemort, pour ce qui leur paraissait avoir eu lieux quelques minutes plus tôt. Il les observa un instant, un mélange étrange de malice et de tristesse dans ses yeux bleus.
-Je suis heureux de vous revoir, jeunes gens. Comment avez vous trouvé votre voyage ? Demanda-t-il en faisant le tour de son bureau pour s'asseoir dans son fauteuil, le regard posé avec intérêt sur ses interlocuteurs.
-C'était merveilleux, répondit Harry dans un murmure. Nous ne pouvons que regretter qu'il se soit si vite achevé. Et dans une situation aussi critique…
-Il est vrai que l'évènement dont vous avez été les témoins est assez regrettable. C'est la seule attaque qu'eu jamais essuyé Poudlard. Et elle est à l'origine de bien des choses… La malédiction qui s'abat contre les professeurs défenses contre les forces du mal par exemple, ou encore le fait que les gens appellent Lord Voldemort « vous savez qui »… Ce sont les jeunes gens de la génération de vos parents qui ont instauré ces appellations après les événement dont vous avez été témoins…Quoi qu'il en soit, je suppose que vous avez du apprendre bien des choses sur vos parents respectifs, non ?
-A vrai dire, je n'ai pas eu l'occasion d'apprendre qui était mon père, répondit Chris en affichant une expression d'indifférence des plus crédibles. Je sais juste qu'il n'a pas abandonné ma mère comme ma grand-mère avait pu me le dire.
-Et c'est déjà une chose importante Chris, répliqua Dumbledore en lui accordant un sourire doux. Croyez moi, vous saurez tout très bientôt. Je vous demanderai juste de ne pas trop en vouloir à votre grand-mère. Tous ses actes ont été guidés par un amour violent et fou à l'égard de votre mère. Un amour qu'elle a toujours été incapable d'exprimer correctement.
-Professeur, intervint Harry le cœur battant à tout rompre. Je voudrais savoir… est-ce que le cours du temps a été changé ? Est-ce que ce que nous avons dit à nos parents avant notre départ à eu une incidence sur ce présent ?
Le regard de Dumbledore changea légèrement, comme s'il n'avait même pas réfléchi à la question. Pourtant, il se leva et le sourcil froncé, s'avança vers la porte de son bureau. Il posa sa main sur la poignée avant de déclarer d'une voix étrange.
-Si des changements doivent survenir, nous n'en prendrons conscience qu'après avoir quitté la salle qui abrite le Temporel. Il se peut que la modification de vos souvenirs soit douloureuse, nous verrons bien ce qui adviendra lorsque vous quitterez la pièce…
Sa main se referma sur la poignée et la porte s'ouvrit lentement. D'un même pas incroyablement nerveux ils avancèrent vers la porte du bureau de Dumbledore, le cœur noué à l'idée qu'ils aient pu changer le cours du temps, en bien… ou en mal. Le son de leurs pas dans les escaliers en colimaçons se répercuta tout autour d'eux en un écho étrange marque que des choses allaient se produire, quelle qu'elles soient. Harry poussa un soupir puis fit un pas en avant, dépassant la gargouille qui masquait l'entrée du bureau de Dumbledore. Aussitôt, son souffle se figea et une douleur intense lui traversa le crâne tandis que ses genoux heurtait le sol dans un bruit mat, identique à celui émis par Chris à un mètre de lui.
Le cours du temps avait changé.
Xoxoxox
Le soleil baignait de ses faibles rayons leurs corps somnolents. Côte à côte dans ce grand lit froid où ils savouraient le bonheur d'être ensemble. Un bonheur qu'ils ne pouvaient connaître que très rarement depuis la fin de leurs études. Le jeune homme se redressa sur un coude, posant ses yeux sur sa compagne, seul être à avoir jamais réellement compté pour lui. Son regard devint plus doux tandis qu'il déposait son visage dans le creux formé par la nuque de la jeune femme. Elle se retourna légèrement vers lui, les yeux brillants d'une sorte d'inquiétude intense. Combien d'autres étaient dans le même état de peur permanente ? Cette époque dont on leur avait dit qu'elle viendrait ; cette époque dont ils avaient craint l'arrivée, était là désormais, les plongeant dans des temps sombres qu'ils ne supportaient pas.
Il passa son bras autour du corps de sa bien aimée pendant qu'elle encrait son regard dans le sien. Ce regard dont il était tombé amoureux. Ce regard pour lequel il aurait tout fait. Elle baissa légèrement les paupières, cligna des yeux puis reporta son attention sur lui avec quelque chose de nouveau dans le regard. Une tristesse palpable qu'elle n'aurait pu masquer, même avec tous les efforts du monde.
-J'ai peur, murmura-t-elle.
-Peur de quoi ?
-Peur de ce qui doit nous arriver… On sait tous les deux que je vais mourir… On sait que notre relation n'aboutira jamais à rien d'autre que de la souffrance. Parce que lorsque je vais mourir, il n'y aura plus personne pour toi. Tu seras seul…
-Non… c'est faux… à un moment il y aura Harry. Il réintègrera ma vie d'une manière différente mais tout aussi apaisante. Et je suis certain, qu'il sera une nouvelle source d'espoir pour moi…
-Je ne veux pas te perdre, et je ne veux pas que tu souffres… murmura-t-elle en se serrant contre lui, les larmes ruisselants contre ses joues sans qu'elle puisse les en empêcher.
-Et je ferais tout mon possible pour te garder à mes côtés, acheva-t-il en l'encerclant dans une étreinte qu'il voulait rassurante.
Leurs destins à tous étaient écris. Il y avaient ceux qui devaient mourir et les quelques rares auxquels la vie avait donné le droit de survivre durant un court moment. Avant de les faire mourir à leur tour lorsque la Guerre battrait son plein.
Xoxoxox
La chambre était vide. Tous les cartons dans lesquels elle avait rangé ses affaires pou le déménagement avait disparu. Ils avaient du être rétrécit et mis dans un grand sac à main afin de ne pas déranger lorsqu'ils prendraient le portoloin. Il y eu un léger « poc » dans la chambre vide. Puis elle s'effondra sur le sol, le visage ruisselant de larmes. C'était fini. Tout était fini ! Elle était partie ! Elle l'avait abandonné dans leur repère, transplanant durant une brève étreinte, sans qu'il puisse s'y être préparé, incapable de lui dire adieu. Incapable de lui dire qu'elle était enceinte, et que ce petit bout qui deviendrait le Chris qu'ils avaient connu quelques années plus tôt était son fils…
Elle était partie comme ça, comme une lâche. Sans un mot. Sans une explication. Et elle n'y pouvait rien. Pourquoi ? Parce que c'était la volonté de sa mère et qu'elle ne pouvait pas lutter. Même en songeant à son fils à naître, elle ne pouvait se défaire de ce lien qui la maintenait prisonnière. Elle avait tout tenté pour rester. Elle lui avait menti sur l'identité de son petit ami, persuadée que le nom de Remus Lupin ne gênerait pas sa mère. Elle s'était trompée. Mrs Allbright avait mené son enquête sur le pseudo petit ami de sa fille, et découvrant la seconde nature de Remus, elle avait pris peur, décidant en hâte de lui faire quitter l'Angleterre pour la séparer de celui qu'elle pensait être Remus le loup-garou… Elle avait forcé sa fille à le quitter.
Dans un mouvement mécanique, Nihm se redressa, les larmes coulant toujours abondamment sur ses joues rougies par les pleures. Un petit objet ovale tomba sur le parquet de la chambre dans un bruit sourd. Elle le regarda et senti son cœur se serrer douloureusement tandis qu'elle reconnaissait la petite boite à musique qu'il lui avait offert à Poudlard, l'année de leurs ASPIC. Luttant contre les cris de sa mère, elle se pencha sur le sol et attrapa le petit boîtier du bout des doigts. Elle savait qu'elle devait le garder. Pour que le jour où la vie s'échapperait d'elle, une part de son amour pour son fils reste encrée dans la boite. Lui redonnant espoir lorsqu'il viendrait à en manquer. Lui donnant envie de continuer à vivre. Pour elle, et pour lui.
Lentement elle descendit les marches qui devaient la mener au salon où l'attendait sa mère. Elle savait qu'elle ne reverrait jamais cette maison. Qu'elle survive ou non, elle n'y mettrait plus jamais les pieds, c'était une chose courue d'avance, comme le fait qu'elle venait de quitter le père de son enfant et que quelque soient les voies qu'ils emprunteraient par la suite, ils ne se reverraient plus jamais. Tout comme il ne rencontrerait jamais celui qui devait être son fils. Laissant échapper un léger sanglot, elle jeta un dernier regard vers l'étage où s'était trouvée sa chambre, puis avança vers le portoloin autour duquel se trouvaient ses parents et Sonia, la domestique. Dans un geste des plus contraint, elle posa son doigt sur la vieille coupe qui devait lui faire quitter l'Angleterre, puis sentit une légère secousse au niveau de son nombril alors que son cœur se déchirait pour toujours…
Xoxoxox
Pop. La nuit était totalement tombée désormais. C'était le surlendemain de la pleine Lune. Des nuages épais masquaient le rayonnement des quelques rares étoiles qui avaient cherché à illuminer la nuit. Le silence dans la rue était intense, pas un souffle, pas un murmure, même le vent semblait s'être tu. Ce fut à ce moment que retentit le second bruit. Pop. Le jeune homme jeta un rapide coup d'œil autour de lui, s'assurant que personne ne les avait suivi, puis il se pencha en toute hâte sur son compagnon affaibli. Les dernières nuits avaient été éprouvantes. James n'avait pas pu venir, envoyé en mission avec d'autres aurors par Alastor Maugrey. Peter attrapé la fièvre de sorte qu'il était incapable de faire ne serait-ce que le sort le plus simple. Il n'y avait plus que lui. Sirius attrapa Remus par le bras et le redressa, le faisant s'appuyer sur lui tandis qu'ils avançaient vers l'une des maison au bout de la rue. Masquée par l'épaisse demeure voisine, ils ne la virent pas immédiatement. Ils ne firent pas attention, trop occupés à avancer d'un pas vif, les yeux rivés sur le sol pour ne pas trébucher.
Remus s'arrêta un instant, passant son bras sur une côte encore douloureuse. Sa lycanthropie lui permettait de pressentir certaine chose. Il n'en devenait que plus énervé durant ses transformations… Cela avait été logique que Sirius et lui se battent cette nuit-là. Ils ne s'en voulaient pas. Le jeune homme aux cheveux clairs redressa légèrement la tête vers le ciel étoilé, cherchant durant quelques secondes la lueur qui l'aurait fait frémir deux nuits plus tôt. Son regard se figea. Ses entrailles se glacèrent.
-Remus ? Appela Sirius en l'observant avec inquiétude. Qu'est-ce qui ne va pas ?
Puis, comme si une idée lui avait traversé l'esprit, il tourna brusquement la tête vers ce qui avait figé son meilleur ami. Derrière le toit de l'épaisse demeure, une lueur verte émeraude brillait dans le ciel, une lueur qu'ils devaient reconnaître aussitôt.
-Non… murmura Remus les yeux exorbités, tandis qu'il amorçait un pas en direction de sa maison, le cœur battant à tout rompre. Non… ce… ce n'est pas possible…
Derrière lui, Sirius s'était figé, incapable de faire le moindre geste, le moindre pas. Son regard restait encré sur la lueur dégagée par la tête de mort, le serpent sortant de sa gueule. Il ne voyait pas Remus tituber vers la maison, le regard livide.
Le jeune loup-garou trébucha. Il était arrivé devant le pavillon à la barrière blanche. Sur le chemin de graviers qui menait à la porte, de grosses empreintes de pas avaient été laissées, tandis que la porte de chêne n'était retenue que par l'un de ses gond, détruite en partie par un sortilège. Il avança comme un robot, sans savoir s'il faisait un mauvais rêve ou si la marque des ténèbres se trouvait réellement au-dessus de son toit. Puis un éclair de lucidité passa dans son regard et il hurla :
-ETOILE !
Pas de réponse. Rien d'autre que l'écho de sa voix dans la maison vide de vie. Il tituba à l'intérieur, ses yeux s'emplissant de larmes de panique et de douleur. Elle ne pouvait pas être partie… Elle ne pouvait pas l'avoir abandonné… Il regarda autour de lui sans savoir quoi faire. La maison était dévastée. Les meubles du salon comme ceux des autres pièces étaient détruits. Des sortilèges avaient du fuser de toutes parts. Son cœur se serra douloureusement tandis qu'il apercevait du sang sur le sol. C'était trop tard et il le savait. Son regard s'attarda un instant sur les décombres tout autour puis il se sentit vaciller. Elle était là. Il se rattrapa aux restes de la table à côté de laquelle il se trouvait puis sentit sa gorge se serre comme jamais auparavant. Une nausée étrange lui souleva le cœur. Il s'approcha d'elle à pas de loup, incapable de retenir les larmes qui emplissait son visage.
Ses genoux heurtèrent le sol dans un bruit sourd. Etendue sur le sol, ses cheveux blonds reposants autour de son visage rendu pâle par la mort, Etoile était immobile. Une mince traînée de sang s'écoulait de son front laissant supposer qu'elle avait du se cogner la tête avant que les Mangemorts ne se décide à l'achever. Ils avaient tenté de la torturer. Parce qu'elle appartenait à l'ordre, parce qu'elle était la fiancée d'un loup-garou… Lentement, il attrapa les frêles épaules de la jeune femme et la ramena contre lui. C'était fini, tout était fini. Etoile était morte. Celle qui l'avait aimé sans avoir peur de son secret, de sa véritable nature était morte. Il sentait encore le peu de chaleur qu'avait autrefois eu son petit corps et l'expression sur son doux visage pouvait laisser croire qu'elle était endormie. Mais cette fois-ci, elle ne se réveillerait pas…
-Excuse-moi… hoqueta-t-il. Si nous n'avions pas été ensemble… il ne s'en serait pas pris à toi… Ils n'auraient pas voulu se venger, d'une erreur de la nature telle que moi… A cause de ça… je t'ai laissée toute seule cette nuit… Etoile… Pourquoi tu es partie ? Pourquoi tu me laisses tout seul comme ça ? Est-ce que c'est parce que tu pensais ton heure venue ? Et moi dans tout ça… Qu'est-ce que je vais faire sans toi ? A quoi je me raccroche pour survivre ?
Il posa son menton sur la tête de la jeune femme serrée contre sa poitrine. Elle était morte. Le laissant là, seul sur le carrelage froid de leur maison. Seul avec son désespoir. Remus leva la tête vers le plafond ses larmes coulant sur ses joues sans qu'il ait la capacité de les retenir. Il était détruit. Totalement détruit. Lentement sa bouche s'ouvrit et une longue et douloureuse plainte s'éleva de sa bouche. Lunard était en éveil cette nuit-là, partageant toute la souffrance et la peine que ressentait Remus à cet instant là…
Peter n'était pas présent ce soir là. Du moins… il ne l'était plus.
Xoxoxox
Elle passa une main sur son front brûlant de fièvre et toussa. Un goût de sang dans sa bouche lui donna envie de vomir. Elle poussa un gémissement de douleur avant de se laisser retomber sur l'oreiller. C'était la fin. Elle l'avait attendu chaque jour depuis la naissance de son fils. Ce moment où elle devrait le quitter. Elle avait tenté de lutter. Se raccrochant au désir de vivre avec lui, et d'un jour réussir à fuir pour regagner l'Angleterre… et le retrouver. Mais elle avait échoué.
Le sortilège lancé par sa mère pour la maintenir contre son grés dans le manoir familiale, ce sortilège interdit par la société, l'obligeait à garder le lit, la rendant plus faible de jour en jour, réveillant cette vieille maladie qui avait failli lui coûter la vie quelques années plus tôt. L'imperium ne faisait qu'encourager l'arrivée de sa mort, elle le savait. Et elle n'avait plus la force de lutter.
-Sonia ! Appela-t-elle faiblement tout en gémissant de nouveau.
La Domestique entra dans la pièce le regard sombre. Elle avait été témoin d'une partie de la vie de la jeune femme, une vie dont peu aurait voulu. Ce soir elle devait être témoin de sa mort. C'était couru d'avance.
-Vous désirez quelque chose mademoiselle ?
Nihm Allbright hocha la tête avec difficulté. Son souffle se faisait de plus en plus saccadé comme si chaque parcelle de vie et de bonheur s'éloignaient, la plongeant dans une horreur qui lui serait fatale.
-Je voudrais… ma boite à musique… un parchemin… et une plume… s'il vous plait…
-Bien mademoiselle, répondit simplement Sonia en posant un regard triste sur la jeune femme.
Elle s'éloigna quelques secondes et revint les objets demandés par sa jeune maîtresse dans les mains. Lui donnant ce qu'elle avait demandé, elle s'éloigna vers la porte, bien décidée à annoncer à la maîtresse de maison que sa fille unique ne verrait peut-être pas le lever du jour.
Nihm poussa un soupir tout en appuyant lentement sa plume sur le parchemin, comme si ce simple geste était le plus dur qui soit.
« Mon amour,
Je sais que tu ne m'as pas connu. Je sais que les seuls choses qui te lie à moi sont cette boite à musique et la photo qui s'y trouve. Je sais aussi qu'à l'instant où j'écris ces mots, je suis sur le point de mourir et toutes mes pensées convergent vers toi.
Je me sens fatiguée. Fatiguée de lutter contre le sort que ma mère m'a lancée pour m'empêcher de regagner l'Angleterre et retrouver ton père. Elle m'a privée de toutes les forces qui me restait en pensant agir avec amour. Elle se trompait lourdement mais je ne lui en veux pas. Comme je suppose que tu ne m'en voudras pas de t'avoir quitté lorsque tu apprendras tout cela.
Je me souviens de ton visage comme si je l'avais sous les yeux en ce moment même. Je ne saurais exprimer en quelques phrases tout ce que j'ai pu ressentir en apprenant que Chris Brangsburn était en réalité mon fils. Peut-être ces mots n'ont-ils aucun sens pour toi… Je ne sais pas de quoi sera fait le futur, mais je veux que tu saches, que depuis ta naissance, tu as été le seul bonheur de mes jours. Le simple fait de te voir dormir contre mon cœur me redonnait le sourire. Sentir ton souffle contre ma peau était la chose la plus apaisante que je connaisse. Mais ce soir tour va s'achever et j'en suis consciente.
Je n'ai plus la force de me lever. Le simple fait de tenir cette plume pour te transmettre ces quelques paroles est d'une difficulté atroce pour moi. Je n'ai même pas pu me rendre jusqu'à la chambre où ma mère t'as installé aujourd'hui. Et je sais ce que cela signifie, comme ma mère a du le sentir aussi. Elle est taciturne, elle ne parle à personne et a déjà revêtu des vêtements noirs. Elle aura peut-être même organiser mes funérailles avant ma mort… Mais si c'est le cas je ne veux pas le savoir.
Tout ce que je veux te dire aujourd'hui… c'est que mon amour pour toi m'a permis de vivre une année de plus. Sans toi la maladie m'aurait emporté bien plus tôt, mais tu étais là. Tu m'as donné le courage de continuer à vivre. Tu m'as fait espérer que nous pourrions changer l'avenir. Peut-être que cet espoir était totalement fou mais j'ai voulu y croire. Tout comme j'espère que tu pourras retrouver ton père le jour où vous regagnerez l'Angleterre.
Il était tout pour moi. Il avait été présent à chaque moment de ma vie. Il m'a certes causé quelques peines en m'abonnant mais à son retour j'étais la plus heureuse qui soit… Je regrette que tu ne portes pas son nom. Cela t'aurais permis de le retrouver plus facilement. Peut-être même que lui serait venu à ta rencontre. Mais après tout, ce ne doit pas être très compliqué de retrouver un jeune homme prénommé… »
Une quinte de toux abominable lui déchira la gorge alors qu'elle écrivait ces quelques mots. Elle se hâta d'achever sa lettre à son fils et déboîtant la boite à musique, y cacha le morceau de parchemin. La plume glissa à terre alors qu'elle se mettait à tousser plus violemment encore. Des bruits de pas précipités lui parvinrent du rez-de-chaussée comme si sa mère et Sonia avaient compris que la fin était désormais là. Elles entrèrent dans la chambre à toute vitesse et Mrs Allbright s'installa aux côtés de sa fille, écartant les cheveux qui lui couvraient le front d'un geste de la main.
-Je crois… haleta la jeune fille le regard vitreux. Que le moment est venu… de nous dire adieu…
Sa mère étouffa un sanglot tandis que dans la pièce voisine les pleures d'un bébé se faisaient entendre. Le petit Chris s'était réveillé à l'instant même où sa mère avait fermé les yeux pour toujours, abandonnant le monde et l'enfant qu'elle avait tant aimé à toutes les époques de sa vie.
Xoxoxox
La maison était silencieuse. Imposante durant encore quelques instants. Assis côté à côté ils attendaient. Ils attendaient dans les bras l'un de l'autre, leurs fils serré contre eux. Ils ne pouvaient qu'attendre sans bouger. C'était ainsi que ça devait se passer. Pour sauver leur enfant, pour le protéger un temps soit peu de Voldemort, ils allaient donner leurs vies, l'un après l'autre. La grande horloge du salon Potter sonna 10h30.
James se détacha légèrement de sa femme, se levant pour dégourdir ses jambes, le cœur plus serré que jamais. Il s'approcha de la fenêtre du salon à pas lent et en souleva le rideau pour poser une dernière fois son regard sur ce qui entourait la maison dans laquelle il avait grandi. Il se souvenait de chaque moment qu'il y avait passé. De sa petite enfance jusqu'aux derniers mois, lorsqu'ils étaient revenus avec Lily et Harry après avoir appris par Dumbledore qu'un traître se trouvait dans leur entourage. Il ne pouvait plus être aussi heureux qu'avant. Désormais, sa vie n'était plus qu'une répétition infinie de jours identiques. Mais tout cela prendrait fin le soir même. Il le savait. Son regard noisette s'attarda un instant sur la faible silhouette d'un petit moldu déguisé en fantôme qui passa en courrant devant la vieille maison à l'air austère. Un sourire triste naquit sur ses lèvres. Qu'il semblait loin le temps où Sirius, Remus, Peter et lui semaient la panique dans les couloirs de Poudlard par des soirs d'Halloween identique à celui-ci. Son cœur rata un battement. Qu'il semblait loin également le soir d'Halloween où Harry Brangsburn était devenu leur fils, ce soir où il avait trouvé si ridicule l'idée de mourir une nuit d'Halloween. Quelle ironie…
Poussant un soupir il se détourna de la fenêtre, sachant pertinemment que quoi qu'il arrive personne d'autre que Voldemort ne viendrait les voir ce soir là. Combien de fois avaient-ils repensé à ce que leur avait dit Harry avant son départ ? Combien de fois s'étaient-ils disputés sur ce qui serait le mieux pour leur fils ? Et combien de fois enfin, avait-elle fini éplorée dans les bras de James, effondrée à l'idée qu'elle ne verrait jamais Harry âgé de seize ans en temps, que mère. Il leur avait demandé de choisir. Il n'avait pas cherché à les influencer. Ils avaient du tout faire par eux même, jusqu'au jour où Dumbledore était venu en personne les avertir de l'existence de la prophétie. Tout avait alors semblé beaucoup plus clair.
Ils avaient déjà affronté par trois fois Voldemort, ils étaient liés à lui. Il ne pouvaient pas lutter et même s'ils cherchaient à le faire, cela ne ferait qu'entraîner une fuite sans fin dans un monde où le mal n'aurait pas été mis en échec comme là d'où venaient Harry et Chris. Alors ils avaient décidé de mourir. Mourir pour lui, pour qu'il n'ait pas à connaître une enfance sous le signe de l'Ombre, une enfance pleine de danger. Lily écarta faiblement une larme de ses joues avant de déposer un baiser sur le front du petit Harry endormi contre sa poitrine.
Remus et Sirius n'avaient jamais répété à quiconque le fait que Lily et James devraient quitter le monde des vivants ce soir là. Pour les convaincre de garder le silence, les jeunes gens avaient été forcés de leur mentir, disant à Sirius ce qu'il voulait entendre, qu'ils ne seraient pas à Godric's Hollow le soir où Voldemort devait les tuer. Sirius les avait cru sans hésiter. Mais pas Remus, ils avaient pu le voir sur son visage. Il y avait eu dans les yeux du jeune lycanthrope cette lueur de tristesse intense qui ne le quittait plus depuis la mort d'Etoile. Et cette lueur avait été plus intense encore. Au moment de leur départ la dernière fois où Sirius et lui avaient rendu visite aux Potter, James avait pu sentir dans l'étreinte de son ami qu'il avait parfaitement conscience qu'elle était la dernière qu'ils partageraient. Et il avait garder le secret. Pour que Sirius ne souffre pas, pour ne pas trahir leur confiance… Fidèle jusqu'au bout, comme ils l'avaient toujours été du temps des Maraudeurs.
La porte du hall d'entrée s'ouvrit dans un bruit sourd. Lily, son fils toujours serré contre sa poitrine, partit se cacher à l'étage sans jeter un regard en arrière. Elle savait qu'elle le rejoindrait dans les minutes à venir. C'était ainsi que tout devait se passer. Harry pleurait contre son cœur. Elle ne pouvait pas le calmer. Dans le salon un bruit sourd retentit suivi d'un rire glaciale qui figea son sang. Ses larmes coulaient sur ses joues sans qu'elle puisse les retenir. James… James était tombé. Il était mort. Les laissant tous les deux, seuls face au monstre assassin. Incapable de lutter contre ses larmes, elle posa Harry dans son berceau, contemplant une dernière fois le visage de son fils. Elle lui accorda un dernier sourire avant de se retourner prête à donner sa vie pour le sauver. La porte de la petite chambre s'ouvrit, laissant entrer Lord Voldemort. Elle ne trembla pas en apercevant l'horrible visage de serpent qui avait tant hanté ses nuits après une horrible soirée d'Halloween quelques années plus tôt. Elle resta droite devant le petit berceau, aussi fière qu'elle le pouvait.
-Vous n'aurez pas mon fils ! Murmura-t-elle. Vous aurez ma vie mais jamais celle de mon fils !
-Pousse toi espèce d'idiote !
-Jamais !
La baguette de Lord Voldemort se leva faisant briller la chambre d'une lumière verte intense, presque aveuglante. Lily tomba sur le sol devant le berceau de son fils. Elle n'avait pas eu d'autre souffrance que l'idée qu'il puisse faire du mal à son enfant. Cela devait suffire. Voldemort se tourna vers le bébé puis lança le sort qui devait lui être fatal. La lumière fusa puis le sort se retourna contre lui, illuminant toute la maison d'une terrible lumière pendant que le cri du bébé et celui du monstre assassin retentissaient à l'unisson.
Xoxoxox
Il y avait du bruit tout autour. Le bruit de quelqu'un qui cherche un trésor. Et le trésor en question c'était lui. Lui, Harry, unique survivant au milieu des décombres. De grosse mains le saisirent et le calèrent contre un torse chaleureux. Mais ce n'était pas ce qu'il voulait. Ce visage barbu n'était pas celui de son père. Et il ne sentait pas le parfum de sa mère autour de lui. Or c'était eux qu'il voulait. C'était ces deux êtres que réclamaient les cris du petit garçon. Derrière eux une pétarade infernale retentie faisant hurler le bébé. Des bruits de pas précipités retentirent dans sa direction et il pu enfin apercevoir un visage ami. Celui de Sirius. Même si à ce moment là, seul le désarroi se lisait sur sa figure. Le rendant méconnaissable.
-James… Lily… c'est impossible ! Ils ne peuvent pas être… ils avaient dit… JAMES ! LILY !
Celui qui le portait suivit le trajet de Sirius d'un mouvement circulaire. Le jeune homme s'était précipité dans les décombres, soulevant morceaux de poutres et meubles effondrés dans l'espoir de retrouver l'un de ses ami vivant. Ils lui avaient dit qu'ils partiraient. Il les avait cru… Ils ne pouvaient pas lui avoir fait ça ! Ils ne pouvaient pas l'avoir abandonné ! Mais il n'y avait pas d'espoir et il aurait du le savoir. Soudain, il se figea, avant de reprendre brusquement sa course en direction de ce qui avait été le salon Potter. Il tomba à genoux et écarta une planche du corps de son meilleur ami.
-Non… c'est pas possible… James ! James ! Réveille toi ! Tu ne peux pas me faire ça ! Pense à ton fils ! Pense à Lily ! Tu n'as pas le droit de partir ! Pense à moi Bordel ! James…
Il avait cessé de remuer le corps de Cornedrue. Ses épaules étaient secouées de sanglots incontrôlés puis il s'effondra sur le corps inerte et sans vie de son meilleur ami, de celui qu'il considérait comme son frère. James était parti, et sur le beau visage de l'ancien Maraudeur, il ne restait plus que cette grimace de tristesse, détruit à l'idée de ne pouvoir protéger sa femme, de ne pas voir grandir son fils… Sirius se laissait aller aux larmes sur le torse de James. Incapable de se souvenir de ce que Harry Brangsburn lui avait dit en 1974. Il n'y avait plus que lui, le corps sans vie de James, sa peine et sa rage…
-Sirius… murmura la voix de Hagrid. Il faut partir… les gentes dames vont arriver et ils faut amener Harry à Dumbledore…
-Il les a tué Hagrid… coupa alors la voix de Sirius, beaucoup plus rauque et défaite que ce qu'elle aurait du être. C'est lui qui les a tué… C'est pour ça que…
Le regard de Sirius se figea. Il venait de tout comprendre. Comme si tout ce qu'il n'avait pas été en mesure d'assimiler au cours des années précédentes, parce qu'il était trop jeune et trop naïf pour admettre la vérité, lui était soudain jeté à la figure en même temps que cette horrible maturité que l'on acquiert que par la mort d'être cher. Il étouffa un sanglot de colère mêlé de douleur tut en serrant ses poings jusqu'à encrer profondément ses ongles dans la paume de sa main.
-C'est Peter… murmura-t-il. C'est Peter qui les a trahi… C'est pour ça que Harry ne lui a jamais adressé la parole en 1974… il savait tout ça et… JE VAIS LE TUER ! JE LUI VAIS LUI FAIRE PAYER LE FAIT DE M'AVOIR PRIS MES MEILLEURS AMIS ET D'AVOIR ENLEVER DES PARENTS A LEUR ENFANT ! JE LUI FERAIS AUSSI PAYER LA MORT D'ETOILE ! IL N'AVAIT PAS LE DROIT !
-Calme toi Sirius ! Tu ne peux pas faire ça ! Pense à Harry et à la promesse que tu as faite à James et Lily ! Coupa Sirius en attrapant le poignet du jeune homme, l'obligeant sans difficultés à observer l'épaisse cicatrice qui barrait encore son avant-bras. Tu leur as promis de prendre soin de leur fils ! Vous avez fait un pacte de sang pour que tu puisse élever Harry avec la même protection qu'il aurait eu en vivant sous le même toit que sa tante ! Tu ne peux pas tout gâcher et l'obliger à vivre chez des personnes qui le détesterait uniquement pour assouvir une vengeance de quelques instants avant treize année de prison à Azkaban pour rien ! Laisse Dumbledore s'occuper de ça !
Sirius leva lentement les yeux vers Hagrid, le regard plus larmoyant que jamais. Il avait raison. Il venait de perdre l'une de ses rares attaches à la réalité, il ne pouvait pas infliger ça à Harry. Il ne pouvait pas rompre sa promesse… Incapable de lutter, il se laissa tomber à genoux aux pieds de Hagrid, totalement effondré.
-Je veux qu'il meurt… je veux qu'il paye pour ce qu'il leur a fait…
Xoxoxox
Le regard du jeune homme s'était figé sur le couloir du train. Un garçon parlait avec un homme au visage pâle et aux cheveux châtains grisonnant prématurément par endroit. Le garçon lui, avait des cheveux noirs particulièrement désordonnés à l'arrière de son crâne. Il portait des lunettes rondes sur son nez et avait des traits relativement fins. Il n'était pas très grand et était relativement mince ce qui lui donnait un style gringalet. Chris Allbright fronça un sourcil, ce gars n'était tout de même pas accompagné de son père ? Il n'était pas assez riche pour se payer un garde du corps qui l'emmènerait jusqu'à Poudlard quand même ?
-Tu n'es pas d'ici toi, déclara posément une voix féminine tirant le jeune homme de ses pensées.
-Non, je ne suis pas d'ici, répondit-il en observant les boucles d'oreilles en forme de radis de la jeune fille.
-Tu t'appelles comment ? Demanda le garçon au visage rond tandis que l'adulte du couloir faisait entrer le gringalet binoclard dans le compartiment.
-Chris, Chris Allbright et toi ?
-Je suis Neville Londubat et elle c'est Luna Lovegood. Elle est à Serdaigle et moi à Gryffondor. Tu sais dans quelle maison tu vas être ?
-Je serai à Gryffondor, répondit Chris tandis que le garçon aux cheveux noirs se laissait tomber sur la banquette contre la fenêtre en poussant un soupir interminable.
Son visage exprimait un profond agacement, et les grandes cernes qui semblait être apparu récemment sous ses yeux traduisaient une fatigue et des préoccupations que nul ne pouvait imaginer. Malgré tout, ses yeux d'un vert émeraude restaient allumés d'une lueur étrange comme un élan de rage et de haine destiné contre plusieurs personnes plus ou moins responsables de tout le malheur qu'il semblait ressentir… Il ne fit pas attention à Chris, et, une main posée contre son front pour calmer la douleur que lui causait sa tête, il encra son regard émeraude dans le décors qui défilait de l'autre côté de la fenêtre.
-Hey ! Harry ! S'enquit Neville. Regarde, il y a un nouvel élève à Gryffondor ! Oh faite Chris, en quelle année tu es ?
-Sixième année, répondit le garçon le regard fixé sur celui dont il pensait deviner l'identité.
-C'est super, tu vas être avec nous ! Poursuivit Neville en tentant de détendre la lourde atmosphère qui régnait dans le compartiment.
Chris accorda un faible sourire à Neville. Il se laissa tomber sur la banquette face à Harry qui gardait les yeux rivés sur la fenêtre. Jamais il n'avait vu un mélange aussi confus de sentiment chez une seule et même personne. Dans un seul regard de ce garçon de seize ans, on pouvait trouver plus de sentiments que dans les regards de personnes aillant le double voir le triple de son âge. Toute cette haine dans son regard le rendait surprenant, presque effrayant, tant et si bien que Chris fut tenter de détourner les yeux, mais il ne le fit pas. Trop fier. Le regard de Harry cilla un bref instant, comme s'il s'était soudain aperçu que depuis quelques minutes une personne ne l'avait pas quitté des yeux. Il détourna légèrement la tête de la vitre puis jeta un minime coup d'œil à ce garçon qu'il ne connaissait pas et qui le regardait aussi intensément. Neville lui lança un regard nerveux qui semblait le supplier de ne pas poser trop de questions. Il préféra oublier temporairement celui qu'il n'arrivait pas à s'empêcher de vouloir qualifier de binoclard.
-Les profs sont sévères ici ?
-Et bien McGonagall qui est notre directrice est assez stricte et très exigeante avec ses élèves, mais si tu travailles bien et que tu es sérieux pendant ses cours, tout devrait bien se passer. Par contre, le directeur des Serpentard… Rogue… lui il est vraiment horrible, il déteste tous ceux qui n'appartiennent pas à sa maison et en particulier les Gryffondor…
Harry poussa un bref soupir en secouant la tête avec agacement. Une grimace de dédain s'était formée sur ces lèvres fines, mais il ne fit aucun autre commentaire. Il était évident que quelque chose l'avait contrarié avant sa montée dans le train, une chose qui lui avait coupé toute envie de parler pour le moment.
-Ce nom me dit quelque chose… murmura Chris en levant les yeux au ciel. Je crois qu'il était à l'école en même temps que ma mère. Il y a eu pas mal d'histoire à cause de lui… Ma mère avait le don de s'attirer des ennuis et d'après ce que j'ai appris tout à l'heure c'était un garçon assez connu à l'époque qui l'entraînait à faire des choses qui mettaient ma grand mère en rogne…
Harry lui jeta un bref coup d'œil. Peut-être qu'il lui aurait demandé d'être un peu plus explicite s'il n'avait pas été aussi énervé à ce moment là. Pourquoi donc avait-il fallu que cet idiot de Malefoy mette de l'huile sur le feu au moment à ce moment là ? Il savait que sans l'intervention inopinée de Remus il serait sorti de ses gonds. Les évènements de la fin de l'année n'étaient pas encore sorti de sa tête et il ne pouvait s'empêcher de voir le mal partout où il allait, même dans la phrase la plus simple qui soit. Sans perdre plus de temps, il reporta son attention sur la fenêtre. Il ne fit pas vraiment attention au fait que le nouvel élève avait dit que sa mère avait eu des problème avec Rogue car elle s'était faite entraînée par un garçon connu à son époque…
-Tiens tiens tiens ! Potter, Granger, Weasley x2, Londubat et Lovegood ! Que du beau monde à ce que je vois !
Ron Hermione et Ginny étaient revenus depuis peu de temps dans le compartiment lorsque la voix détestable de Drago Malefoy parvint de nouveau aux oreilles de Harry. Le jeune homme se leva d'un bond, le point serrer sur sa baguette sous le regard perçant de Chris. Sans attendre une seconde de plus, Harry pointa sa baguette droit sur Malefoy le faisant légèrement pâlir, cependant la présence de ses deux gorilles à ces côtés sembla lui redonner du courage lui faisant déclarer d'un air narquois :
-On dirait bien que j'ai touché juste tout à l'heure en te demandant si tu avais passé de bonnes vacances ! Peut-être que le fait de vivre chez les Weasley ne t'as pas vraiment plu c'est ça ?
-La ferme Malefoy ! S'écria Ron en se redressant avec rage.
-Et moi je te conseille de foutre le camp immédiatement, cingla la voix de Chris derrière Ron.
Malefoy et ce dernier se retournèrent d'un même mouvement. Le blond fronça un sourcil en comprenant qu'il ne s'était pas aperçu de la présence d'un nouvel élève dans le compartiment. Ils se dévisagèrent longuement, puis Malefoy déclara :
-Je ne sais pas qui tu es le nouveau, mais à mon avis tu choisis mal tes amis, c'est dommage pour toi…
-Je t'ai dit de foutre le camp, coupa Chris en pointant sa baguette entre les yeux de Malefoy de manière identique à celle de Harry. Je ne sais rien des relations que vous entretenez ou n'entretenez pas. Tout ce que je sais c'est que tu n'es qu'un sale rejeton de Mangemort et qu'en temps qu'Allbright qui se respecte je te hais plus que n'importe qui d'autre. Alors si tu ne veux pas que j'amoche ta jolie petite face de rat, obéis et dégage immédiatement !
Harry avait sursauté devant l'intervention du jeune homme. Il dégageait la même prestance. La même aura. Exactement comme lorsqu'il était en colère… Ron et Hermione gardaient également les yeux fixés sur Chris, imités de Ginny et Neville. Quand à Luna, elle faisait semblant de continuer à lire son dernier exemplaire du Chicaneur. Malefoy semblait hors de lui, cependant l'insistance du dernier Allbright à manifester sa haine à son égard finit par le faire reculer jusqu'à ce qu'il sorte du compartiment. Malefoy lança un juron, siffla qu'ils règleraient ça à Poudlard et s'excusa à peine lorsqu'il heurta l'un des deux seuls adultes masculins présent dans le train. L'homme fronça les sourcils et avança d'un pas vifs vers le compartiment duquel le blond venait de sortir. Chris s'était rassit et avait rangé sa baguette. Harry le dévisageait, comme s'il s'apercevait enfin qu'un garçon partageait son compartiment.
-Harry ? Tout va bien ? Demanda la voix douce d'un adulte, les faisant tous sursauter.
-Oui, pas de quoi s'inquiéter professeur, répliqua calmement le garçon.
-Il ne s'est rien passé ? Demanda Remus Lupin d'un ton peu convaincu. Je viens de voir sortir M. Malefoy pourtant…
-Si vous aviez vu ça ! S'écria gaiement Ron. Chris l'a remis à sa place comme personne ! tout ça alors qu'il vient à peine d'arriver ! C'était du beau boulot !
-Chris ? Répéta Lupin en haussant un sourcil, le regard subitement en alerte alors que ses yeux passait d'un visage à l'autre, visiblement à la recherche d'une personne qu'il avait vu pour la première fois près de vingt ans plus tôt.
-Et en plus c'est un Allbright ! Ajouta Hermione avec un large sourire. Professeur vous savez que l'un de ces ancêtre était directeur à Poudlard !
Remus s'était lentement retourné vers Chris, reconnaissant le visage de ce jeune homme qui avait partagé sa vie pendant deux mois de longues années auparavant. Un jeune homme qu'il avait pu voir mourant, courageux, soucieux sans jamais comprendre toutes les causes de ses tourments. Maintenant tout paraissait évident. L'espace d'un instant, Harry sembla comprendre la raison de ce regard mais les mots qui franchirent les lèvres de Remus le dévièrent légèrement de la vérité.
-Vous ne lui ressemblez pas réellement par votre physique, mais c'est pour moi une évidence que vous êtes bien son fils…
Le cœur du garçon rata une pulsation tandis qu'il ouvrait la bouche, incapable de produire le moindre sons face à cette annonce à laquelle il ne s'était absolument pas attendu.
-Je suis navré de ce qui lui est arrivé… Je l'ai bien connue. Elle était l'une de mes plus proche amie. Nihm Allbright était la meilleure amie de ta mère, Harry.
Harry fronça les sourcils en jetant un nouveau regard à Remus. Est-ce que tout ça pouvait signifier que l'histoire que lui avait si souvent compter Sirius lorsqu'il était petit était la réalité ? Se pouvait-il réellement qu'une parcelle de lui et une autre de Chris aient fait le voyage dans le passé que lui avait raconté son parrain. Ce voyage qui lui avait permis de lui éviter son enfance chez son oncle et sa tante ?
Chris baissa les yeux. Il ne s'était pas attendu à ça. Il ne s'était pas préparé psychologiquement à rencontrer quelqu'un qui aurait connu sa mère. Un élan de rancœur s'éleva à l'égard de sa grand-mère. Il s'en était douté. Au fond il l'avait toujours su… Elle avait tué sa propre fille… Elle l'avait détruit en la forçant à quitter son pays et ses amis. Et son crétin de père n'avait rien arrangé.
-Et… tu as quel âge ? Demanda Remus avec un air profondément triste.
-Seize ans bien tassés… je suis né en Janvier…
Le regard de Remus se fit encore plus intense l'espace d'un instant. Il leur accorda un faible sourire qui traduisait l'effervescence de ses souvenirs à cet instant là puis quitta le compartiment après avoir suggéré aux deux garçons de se rendre dans le bureau de Dumbledore après le repas.
Xoxoxox
La douleur. L'impression d'avoir la tête cerclée de feu. L'impression qu'on ne pourra plus jamais agir comme avant. Harry poussa un grognement de douleur et roula sur le dos le souffle court. Son corps souffrait d'une manière intense mais ça lui était égale. Il se souvenait de tout, absolument tout ce qu'il avait vécu ses deux derniers mois. Mais il y avait quelque chose en plus. Ou en moins, cela dépendait du point de vue. Il se redressa faiblement, les bras encore engourdis par la douleur, puis posa son regard sur le couloir tout autour de lui. Sur le sol, à moins d'un mètre de lui, Chris se relevait avec difficulté, une main porter à son front et le regard étrangement vague. Il se cramponna difficilement à une armure pour ne pas tomber puis observa Harry d'un air interrogateur.
-Il y a des choses qui ont changé pour toi ? Moi… j'ai l'impression que ce n'était que des détails… Des choses sans la moindre importance…
Harry ne répondit pas immédiatement. Se relevant avec une énergie subite, il avança dans le couloir en faisant impasse de tout ce que son corps pouvait lui crier. Il entendait le pas hésitant de Chris derrière lui. Peut-être que le jeune homme n'avait rien vu de changer dans sa vie, mais pour lui, tout serait différent, tout était déjà différent. Son cœur commença à battre beaucoup plus vite tandis que tout reprenait sa place dans son esprit. Il voyait son enfance à ses côtés. Il voyait des moments de vie heureux, des moments dont il avait rêvé lors de sa première existence, des moments qu'il avait pu vivre grâce à la deuxième. Il traversa un couloir, reconnaissant celui où ils s'étaient trouvés quelques heures plus tôt en compagnie de James et Lily, dans un Poudlard précédent. Son cœur battait la chamade. Il revoyait le sort lancé par Bellatrix, ce sort qui dans une autre vie avait fait passer Sirius à travers le voile. Mais cette fois là, Sirius s'était trouvé en bas de l'estrade. Il n'était pas passé au travers. Il n'était pas mort. Ou peut-être ne l'était-il pas encore. Mais à ses yeux c'était l'essentiel. Sirius était toujours vivant, en soin constants dans l'infirmerie de Poudlard. Il allait pouvoir de nouveau lui parler, voir son visage, l'entendre parler de James avec cet enthousiasme qu'il avait toujours eu. Il allait enfin pouvoir comprendre ses histoires qui avaient bercé sa seconde enfance et en parler avec lui… Sans plus attendre, il poussa la porte de l'infirmerie s'attirant un regard offusqué de Mrs Pomfresh tandis que Ron assis au pied du lit de Sirius laissait échappé un gloussement amusé.
-Ah ! Harry ! Je me demandais justement où tu étais !
Cette voix. Ce regard, ce clin d'œil significatif comme il savait si bien les faire. Le jeune homme se figea au milieu de la pièce, Chris le percutant de plein fouet lorsqu'il entra à sa suite. Dans le lit d'infirmerie, Sirius souriait aux deux jeunes gens, savourant le plaisir de les revoir tels qu'il les avait connu en 1974. Son visage était marqué d'une épaisse cicatrice du au choc qu'avait subi sa tête en heurtant le sol après le sort de Bellatrix. Il était encore alité après se deux mois passer dans l'infirmerie de Poudlard. Tous les soins de Mrs Pomfresh lui avaient éviter la mort mais il s'en était fallu de très peu. Sans plus attendre, Harry se rua sur son parrain et le serra dans ses bras tandis que ce dernier lançait à Chris d'un air amusé :
-Je suis heureux de te revoir Chris ! C'est bizarre mais vu comme ça, tu ressembles beaucoup plus à ta mère que lors de notre première rencontre !
Ron haussa un sourcils surpris. Hermione accorda un sourire entendu à Harry. Remus échangea un coup d'œil avec Sirius. Chris sentit quelque chose dans la poche de sa veste lui frôler la main. La photo de sa mère s'était-elle détachée de la boite à musique ?
Xoxoxox
Assis sur les marches menant au hall d'entrée, les cheveux virevoltant autour de son visage sous la force du vent, Chris achevait la lecture de la lettre les mains tremblantes. Il était sorti de l'infirmerie en sentant ce grattement dans sa poche. Il ne voulait pas que Sirius et Remus voient la boite à musique. Le souvenir que tous deux gardaient de Nihm était le meilleur. Il ne fallait pas qu'il soit remplacé par cette image d'une jeune femme malade, son fils dans les bras. Son cœur se serrait à chaque ligne qu'il lisait et il savait que le plus fort était à venir. Poussant un soupir, il écarta une larme du coin de son œil, luttant de son mieux pour finir sa lecture avant de fondre en larme.
«…Je ne sais pas si tu t'en étais rendu compte lors de ton voyage à mon époque. Peut-être avais-tu eu quelques doutes. Ce que je sais c'est que tu ne semblait pas vraiment apprécier Paul. Au début ça m'amusait beaucoup. Je ne savais pas encore que tu étais en réalité mon fils et je n'arrivais pas à comprendre toute l'attirance que tu m'inspirais. Je savais que c'était une sorte d'amour, mais c'était si étrange que j'étais incapable de me l'expliquer. Je me suis même parfois demander si je n'étais pas tombée amoureuse de toi durant ces deux mois que tu avais passé à mes côtés. Par la suite, j'ai compris que c'était surtout l'amour fusionnel qui liait une mère à son fils.
Quoi qu'il en soit, Paul et toi sembliez extrêmement proche. Vous aviez cette même manière de rester distants, discrets sur vos sentiments et en même temps infiniment protecteurs. Après ton départ, j'ai longtemps pensé qu'il était ton père. Mais chaque fois que cette idée m'effleurait l'esprit, chaque fois que je m'imaginais vivre avec lui, chaque fois que je cherchais d'autres ressemblances entre vous, je ressentais un malaise étrange qui a fini par me faire comprendre que je faisais fausse route. Même en admettant que tu aies souffert d'un complexe d'Œdipe surdimensionné quelque chose n'allait pas. Tu ne l'aimais pas et dans le fond, je ne l'aimais pas non plus. Il n'était pas pour nous.
Après avoir revu en songes chacune de nos discussions, j'ai fini par comprendre que ce j'avais d'abord pris pour une ressemblance de caractère entre vous deux, n'était autre en réalité qu'une carapace que tu t'étais construite pour te protéger des autres, une carapace que ma chère Maman a très certainement encouragé. Je ne sais pas ce qui se serait passé si je lui avais dit la vérité. Est-ce que les choses auraient été différentes si je lui avais fait plus confiance ? Est-ce que nous vivrions avec lui si je n'avais pas menti à ma mère en me persuadant qu'elle accepterait plus le nom de Remus Lupin que celui de ton père ? Je ne sais pas et maintenant je ne veux pas savoir. Je ne veux pas de regret pour les dernières minutes qui me restent à vivre.
Lorsque tu rentreras en Angleterre, et je sais que cela doit arriver un jour, cherches le, retrouves le et donne lui cette lettre, je suis sûre qu'il comprendra. Il ne peut que comprendre. Il a toujours été comme ça, c'est dans sa nature d'accepter les choses ou les êtres tels qu'ils sont. Il te reconnaîtra comme son fils et à ce moment là, il n'aura de cesse que de chercher à rattraper le temps perdu. C'est comme ça que Sirius a toujours été. C'est comme ça que j'ai toujours connu ton père et que je l'ai aimé… »
Il parait que les deux morceaux de la lettre sont très bien écris et qu'il font pleurer.. vous en pensez quoi? J'attends vos avis
