Titre : Un dieu cruel nous regarde

Auteur : Mokoshna

Manga : Hikaru no Go

Crédits : Le manga Hikaru no Go appartient à qui revient de droit, c'est-à-dire principalement ses auteurs, Yumi Hotta et Takeshi Obata. Pas à moi, donc (boude).

Avertissements : Totalement AU (Alternate Universe), Spoilers de la fin du manga (tout pleins en fait), personnages complètement OOC (Out Of Character), Yaoi à un moment, pas tout de suite mais ça va venir. Merci de me faire part de vos impressions si le cœur vous en dit (sauf si c'est pour vous plaindre que c'est du yaoi, ça non).

Commentaires artistiquement idiots de l'auteur : Bon, on va dire ce qui est : j'ai passé des heures à m'abîmer les yeux sur un écran pour lire des scanlations et rechercher des citations sur un manga sur des joueurs de go un peu fanatiques; suite de quoi, j'ai passé des heures à m'abîmer le cerveau pour écrire des trucs sur des joueurs de go. Et en plus c'est vraiment n'importe quoi. J'ai une vie parfaitement saine et équilibrée, merci.

Le titre est tiré d'un manga yaoi que je n'ai jamais lu mais dont j'ai entendu parler. J'ai aimé le titre, j'ai voulu le réutiliser un jour, et voilà. Fascinant, n'est-ce pas ? Les citations de début sont (souvent) des traductions-maison des scanlations, donc c'est pas toujours terrible et ça ne ressemble pas forcément à la version française, que je n'ai pas sous la main, désolée.

L'histoire en est à ses balbutiements. Je ne sais pas trop où je vais, et c'est déjà très bizarre... je pense qu'elle mettra un peu de temps à se mettre en place.

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Chapitre 3 : Alexandre Cutter

Hikaru : Dieu doit se sentir seul, puisqu'il n'a pas d'adversaire à sa taille.

Hirose : Peut-être que c'est pour cela que Dieu a appris aux hommes le go et fait en sorte qu'ils progressent. Pour élever un joueur qui puisse l'affronter.

Akira : Alors tous les joueurs du passé et tous les joueurs du présent contribuent à ce plan ?

Hirose : Oui. Chacun d'entre nous affecte positivement les autres.

Akira : Cela ressemble à un plan qui pourrait prendre un million d'années...

Discussion entre

Hikaru Shindou,

Akira Touya et

M. Hirose

(Volume 21, chap. 168)

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Aussi loin que remontaient ses souvenirs, Cutter avait toujours rêvé d'être Templier. Certes, ce n'était pas un métier facile, surtout pour les simples soldats comme lui : rythmes souvent infernaux (la nuit passée chez Sakaki en était une parfaite illustration), risques élevés (nuit chez Sakaki bis) tout ça pour un salaire qui lui suffisait à peine pour vivre. Certes, l'ordre assurait le gîte et le couvert, ainsi que les divers frais de la vie courante ; mais ce n'était pas avec la petite compensation pécuniaire qu'ils recevait qu'il pourrait s'acheter la petite maison cossue dans laquelle il espérait finir tranquillement ses vieux jours (en admettant qu'il survive assez longtemps pour être vieux).

Et puis il y avait Touya. Son partenaire était une énigme pour le jeune elfe noir : venu quasiment de nulle part, il ne parlait jamais de son passé et personne ne savait même qu'il existait depuis ce jour, il y avait deux ans déjà, où le Commandeur l'avait présenté à tous les membres de la Tour réunis comme son fils adoptif. La rumeur affirmait qu'il était né d'un oeuf peu de temps auparavant. Si c'était réellement le cas, Cutter se disait qu'on lui avait refilé un drôle d'oiseau. Touya faisait consciencieusement son travail, obéissait docilement aux ordres, était un modèle de sérieux et de propreté (littéralement, sa chambre était si nette et ordonnée qu'il n'arrivait pas à comprendre comment son coéquipier pouvait y vivre – non, il n'y vivait sûrement pas, elle était trop nette et ordonnée pour cela). Il était beau, mais Cutter n'était pas trop mal loti sur ce point-là lui non plus ; après tout, il avait du sang d'elfe et ce n'était pas le maigre apport humain de son père qui aurait pu le cacher. Il montrait fièrement sa peau noire cuivrée, ses cheveux d'un blond doré qui lui retombaient sur les épaules et la paire d'oreilles finement pointées vers le ciel et qu'il entretenait avec soin (peu de gens le savaient, mais c'était l'une des parties les plus fragiles de son corps). Il aimait particulièrement ses oreilles. Il n'était pas vaniteux, loin de là (s'il n'y avait pas l'uniforme des Templiers qui était somme toute assez esthétique, il s'habillerait comme un sac), mais le peu de soin qu'il apportait au reste de son corps ne s'appliquait pas pour ses précieuses extrémités auditives. Il arrivait au demi-elfe de dépenser l'équivalent de trois salaires mensuels pour s'acheter une paire de boucles d'oreilles magnifiques qu'il ne porterait quasiment jamais (les bijoux et autres colifichets étaient interdits en service). De cette manière, il était sans cesse sans le sou, ce qui lui faisait d'autant plus apprécier son métier qui lui permettait de ne pas mourir de faim, ce qui n'aurait pas pu arriver s'il avait dû se prendre seul à charge. Le fait qu'il était incapable de faire la cuisine ou le ménage même si sa vie en dépendait n'arrangeait pas non plus les choses.

Donc il était Templier, et un bon de surcroît. Sa partie elfe l'y aidait beaucoup : il était plus vif, plus rapide, avait les sens plus aiguisés et était au moins trois fois plus fort qu'un humain normal. Mais ce n'était parfois pas suffisant contre une créature de pure souche (il repensa de nouveau à sa dernière mission chez Sakaki – décidément, il n'arrivait pas à la sortir de sa tête). Son habileté au maniement des couteaux était devenu légendaire dans la Tour : une fois, il y avait trente ans de cela, il avait vaincu au cours d'une mission trois Arachnées qui l'avaient acculé dans une partie reculée de la forêt de Berlin, située en plein cœur de Central, armée de ses seuls couteaux. Aucun de ses cinq coéquipiers n'avaient survécu.

A présent, à cent cinquante-et-un ans, il n'attendait plus grand chose de sa vie ou de sa carrière. Cela faisait belle lurette qu'il avait perdu l'enthousiasme délirant de ses cinquante ans, même si son caractère restait toujours aussi jovial et expansif. C'est pourquoi il fut si surpris par la proposition insensée du Commandeur, peu après une mission qui de prime abord n'était pourtant pas si inhabituelle.

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- Tout à fait, Monsieur Cutter, sourit le Commandeur d'un air goguenard. A partir d'aujourd'hui, vous serez un membre honorable de notre section.

Cutter le fixa avec des yeux ronds de truite céleste. Il fit un rapide calcul de la date ; non, ce n'était pas encore le jour de la fête des voyageurs (qui était aussi celle de la fête des farces, du coup). De toute manière, il voyait mal ce coincé de Touya participer à un truc pareil, même pour faire plaisir à son père. Il se gratta la tête. Le Commandeur échangea quelques mots à mi-voix avec Touya.

- Cutter, je t'expliquerais tout plus tard, fit gravement ce dernier à son encontre, mais pour l'instant je dois fournir un rapport complet et privé au Commandeur. Je vais te demander de m'attendre dans cette pièce (il montra du doigt un petit bureau exigu situé à leur droite) avec Monsieur Houdin.

- Mais... je ne comprends pas... comment... enfin pourquoi... euh...

Il lança un coup d'oeil vers Lankee Houdin, qui attendait la suite des événements sans bouger ni dire un mot, ce qui était sage de sa part selon Cutter. Le jeune humain semblait néanmoins très inconfortable et n'arrêtait pas de regarder autour de lui en tremblant légèrement (de peur ou de froid, il n'était pas sûr, le trajet ayant été particulièrement éprouvant). Cutter prit pitié de lui lorsqu'il le vit commencer à claquer des dents, et il enleva d'un geste ample son long manteau qu'il tendit au joueur de go en hochant la tête. Lankee le prit avec reconnaissance et lui adressa un sourire timide en guise de remerciement.

- Ok, darling, dit Cutter en faisant une moue boudeuse, mais ne sois pas trop long. Tu sais à quel point je déteste t'attendre. Et ne compte pas sur moi pour te courir après.

Akira lui fit un petit sourire où se mêlait l'agacement, le soulagement et une tristesse mélancolique, ce qui intrigua un peu le demi-elfe. Puis il suivit son père dans une ouverture taillée à même le mur et disparut.

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- Vous... croyez-vous que je serais exécuté ? demanda d'une voix rauque Lankee après une demi-heure d'attente.

Il ne tremblait plus, mais avait gardé le manteau de Cutter et s'y était enveloppé soigneusement comme dans une couverture. Il n'était pas chétif pour un humain ; malgré cela, le vêtement lui couvrait entièrement le corps, Cutter le dépassant de deux bonnes têtes. Lankee se souvint furtivement d'une époque où la totalité des possessions de sa famille ne valait pas le quart du prix de ce manteau.

- Je ne crois pas, fit pensivement Cutter, si j'ai bien compris vous seriez un témoin précieux. Généralement, on prend soin de ces spécimens.

- Vous parlez de moi comme d'un animal à vendre, fit Lankee avec amertume. Je sais que je ne suis qu'un humain, mais le fait que j'ai la peau blanche...

- Ne change rien au fait que vous soyez un témoin, le coupa Cutter. Vous auriez la peau bleue et les yeux rouges que cela ne changerait rien ; nous sommes chez les Templiers, je vous rappelle.

Lankee le regarda avec surprise et non sans suspicion.

- Je suis un humain de pure souche, murmura-t-il précautionneusement, et je joue au go.

- Je suis moitié humain, moitié elfe noir, lança joyeusement Cutter en lui faisant un clin d'oeil, et je suis tellement nul au go qu'un gamin de cinq ans pourrait me battre les yeux fermés. Faites-en votre affaire, parce que ça risque pas de s'améliorer.

Ils restèrent deux bonnes minutes sans rien dire, Lankee fixant le Templier d'un air vide. Puis, sans prévenir, il enfonça sa tête dans le manteau de Cutter et fut pris d'un spasme. Son gardien le laissa sangloter en silence, tandis que les autres Templiers passaient devant eux sans leur prêter attention.

Le joueur de go se calma au bout de quelques minutes, mais il reniflait encore faiblement. Cutter lui tendit un mouchoir à la propreté approximative que Lankee saisit sans protester.

- C'est pas si grave, fit maladroitement le Templier, ici on n'a pas l'habitude de tuer les gens sans raison. Enfin... je crois.

- Vous croyez ? demanda un Lankee incrédule.

- Oui enfin, en même temps j'étais pas au courant pour cette histoire de section spéciale, il en a de bonnes aussi le Commandeur, ça va sûrement me faire tout un tas d'heures sup' pas payées au nom de la paix dans le monde et tout ça... engagez-vous, rengagez-vous, qu'ils disaient ! Et galère...

Il ne put pas continuer ses complaintes, puisqu'un gloussement à peine étouffé lui parvint aux oreilles (qu'il avait fort jolies en passant, rajouta-t-il pour lui-même avec une moue dédaigneuse). Lankee s'était remis à trembler, mais cette fois les raisons étaient tout autre. Il avait beaucoup de mal à retenir son hilarité.

- Quoi ? fit Cutter avec brusquerie.

Il savait qu'il n'était pas la pomme la plus brillante du lot, mais quand même de là à ce qu'un prisonnier se foute de sa poire devant lui ! Il fit une moue boudeuse qui sembla réjouir davantage l'autre homme.

- Pardonnez-moi, sortit avec peine Lankee entre deux rires, c'est vraiment très impoli de ma part... mais voyez-vous, je suis si nerveux... et c'est bien la première fois que je vois un elfe noir se laisser autant aller devant moi... non, excusez-moi...

Cutter aurait pu être vexé, mais il se dit avec philosophie que le rire allait mieux aux hommes que les pleurs. Il lui fit donc une tape amicale sur le dos. Lankee se tut immédiatement et se raidit dans une posture d'attente.

- Hein ? se demanda Cutter. Que...

- Je... hasarda le jeune humain, je suis désolé de vous avoir offensé...

- Gué ?

La mine confuse du demi-elfe était si pathétique que Lankee reprit confiance en un tour de main.

- Je me suis moqué de vous... je m'en excuse profondément.

- Hein ? Oh ! C'est rien !

Cutter agita frénétiquement ses bras en signe de négation. Lankee le regarda curieusement. Décidément, ce Demi ne se comportait comme aucun de ceux qu'il avait rencontré ! D'ordinaire, les elfes noirs étaient des êtres distingués et fiers. Et ils méprisaient les humains. Mais cet homme était à moitié humain, ce qui était une aberration en soi...

- Si je devais m'en prendre à tous ceux qui se foutent de ma gueule, j'en aurais jamais fini... fit-il en riant. Et puis c'est souvent vrai. Ce qu'ils disent, je veux dire. Hé hé... je sais bien que je suis pas vraiment un modèle d'intelligence ou quoi.

- Je ne trouve pas, se récria son interlocuteur. Mon maître disait souvent que le mépris que les Demis avaient à notre égard était souvent dû à l'ignorance. Si c'est le cas, vous êtes sans doute l'un des Demis les plus intelligents que j'ai rencontré de toute ma vie ! Même si elle n'a pas été très longue, ajouta-t-il comme pour s'excuser.

Il vit le visage de Cutter prendre une teinte brunâtre plus prononcée et lui adressa un petit sourire particulièrement charmeur. Cutter se reprit et haussa un sourcil.

- Vous me faites du charme ou quoi ? Je suis flatté, mais...

- Pardonnez-moi ! sursauta Lankee, et il se confondit en excuses. Je ne voulais pas vraiment, c'est comme un réflexe chez moi... Vraiment !

- Quoi ? De séduire tous ceux qui passent ? fit le demi-elfe avec un sourire coquin.

- Non... enfin, si mais... disons que je n'ai pas eu souvent le choix jusque-là.

- Oh.

Le retour d'Akira interrompit une discussion qui commençait à devenir gênante pour tous les deux. Cutter lui fit un sourire reconnaissant.

- Tu as fini ? demanda l'elfe. Est-ce qu'il faut que je fasse aussi mon rapport au chef ?

- C'est inutile, fit Akira en hochant la tête. A la section spéciale, tous les rapports se font oralement, et j'ai déjà dit tout ce qu'il fallait au Commandeur. Et évite de l'appeler « chef ».

- Bah c'est vrai. Mais c'est quoi cette histoire ? Y'a plus de paperasse maintenant ? Non pas que je m'en plaigne...

Cutter fit une moue dégoûtée qui exprimait bien son opinion à ce sujet. L'administration de la Tour était particulièrement lourde et rébarbative ; ceux qui s'en occupaient affectionnaient plus que de raison les longs rapports détaillés, ce qui ne faisait pas l'affaire de Cutter. Son style écrit était assez pitoyable.

- Oui, on ne sait jamais sur qui un dossier top secret pourrait tomber... mais trêve de plaisanterie, nous devons nous occuper de Monsieur Houdin ici présent. Je n'ai pas le temps pour ça, alors tu seras son tuteur. Vous semblez avoir déjà formé une sorte de lien, à ce que je vois, fit-il en jetant un regard satisfait sur le manteau de Cutter auquel Lankee se raccrochait étroitement et à la distance ridicule qui séparait les deux hommes. Ceux-ci jugèrent prudent de rajouter quelques centimètres entre eux.

- Quoi ?

- Désolé. Etant donné son rôle prépondérant dans cette affaire, le Commandeur a décidé d'engager Lankee Houdin dans les rangs de la section spéciale. S'il est d'accord, bien sûr.

- Et si ce n'est pas le cas ? demanda timidement l'intéressé.

- Nous ne vous ferons pas de mal, bien sûr, mais n'espérez plus jouer au go en public jusqu'à nouvel ordre.

Lankee se mordit la lèvre de dépit.

- En clair, soit je me joint à vous, soit je reste prisonnier pour le restant de mes jours, ce qui pour vous ne correspond à pas si longtemps que ça ?

- Je vois que nous nous comprenons. Vous avez le choix.

- Je n'appelle pas ça un choix !

- Quoi qu'il en soit, c'est ce qu'a dit le Commandeur.

- Mais pourquoi un Templier ? intervint Cutter. Je ne comprends pas... ce n'est qu'un humain ordinaire, bon au go, d'accord, mais il ne sait pas se battre et nous gênera en mission...

- Pas tant que ça. En fait, il nous sera même très utile.

- Développe ?

- La plupart des êtres qui ont eu affaire à un dieu et qui en ont eu conscience se sont révélés par la suite plus sensibles à leur présence et moins à leurs illusions ; cela est d'autant plus vrai dans le cas d'un individu aussi brillant que Monsieur Houdin.

- Je suis flatté, mais...

- Je vous fournirai de plus amples explications plus tard. En attendant, je crois qu'il serait plus sage de nous retirer pour nous reposer. Nous tombons tous les trois de fatigue.

- Dans nos quartiers ?

- Non. On nous met à disposition des chambres. Il y a tout ce qu'il faut pour l'instant.

- Ô joie, grimaça Cutter. Dormir dans une chambre impersonnelle et aseptisée, rien de tel pour finir une journée éprouvante.

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C'est pourtant dans cette chambre que Cutter fit un rêve, le premier qu'il ait fait depuis qu'il avait quinze ans. D'ordinaire, les elfes noirs ne rêvent jamais. Certains disent que c'est parce qu'ils sont eux-même le produit du rêve d'un dieu, souvenir ténébreux des elfes des temps jadis, à la peau bleue et aux yeux écarlates, désormais disparus de la surface de la planète. Une rumeur persistante les disait en compagnie des dieux, qu'ils avaient rejoint dans leur retraite céleste après avoir laissé aux elfes noirs le soin de veiller sur les autres peuples. Une autre qu'ils avaient dégénéré en êtres minuscules qui vivraient dans des champignons au fin fond d'une forêt perdue. Bizarrement, Touya éclatait de rire à chaque fois qu'on lui mentionnait cette version, personne ne savait pourquoi. Et bien sûr, il refusait de dire quoi que ce soit (Ce n'est pas ce que vous croyez, ajoutait-il avec un clin d'oeil).

Et donc, Cutter rêva.

Il se trouvait en habit de Templier dans une salle immense, où étaient présents nombre de joueurs de go. Cutter ne comprenait pas un traître mot du dialecte qu'ils utilisaient entre eux. Chacun vaquait à ses occupations, sans faire attention à lui mais cela n'étonna pas outre mesure le demi-elfe pour qui ce n'était pas la première fois. Il observa avec désintérêt quelques parties qui se déroulaient, n'ayant rien d'autre à faire (mais c'était d'un ennui mortel). Il suivit un long moment une jeune fille mignonne comme tout qui disputait une partie avec une espèce de gamin à lunettes et à coupe au bol à l'air coincé. Elle ne donnait pas l'impression de mener, loin de là, ce qui déçut un peu le Templier qui n'aurait pas refusé un dîner en sa compagnie.

Un peu plus loin, un attroupement attira son attention, alors que la jeune fille rangeait les pierres avec un énorme soupir. Il s'y dirigea sans hâte, en se demandant bien ce qu'il faisait là.

Il traversa sans peine la bonne cinquantaine de personnes qui s'étaient agglutinées autour d'une table, remerciant tout bas le fait qu'il n'était qu'un ectoplasme sans consistance pour ceux de ce monde (de cette époque ?). Il s'aperçut alors de la véritable raison de sa présence en ces lieux.

Devant lui se déroulait une partie magnifique, telle que peu de joueurs verraient jamais dans leur vie. Mais Cutter n'en avait cure ; car en effet, penché avec concentration sur le goban, se trouvait... Touya ! Il avait les cheveux bien plus courts (ils étaient coupés au carré) et portait un costume trois-pièces qui lui allait à ravir (Est-ce qu'il y avait quelque chose qui ne lui allait pas ? se dit négligemment Cutter), mais la sévérité de son expression n'avait pas changé. Il se leva alors en tremblant, annonçant la fin de la partie qu'il avait visiblement perdue. Puis il s'inclina longuement devant son adversaire tandis que la foule se mettait à pousser des applaudissements à tout rompre. L'enthousiasme général qui régnait, l'excitation des joueurs et des spectateurs atteignait même le Templier qui d'habitude ne se souciait guère de go. Sans doute, il avait assisté à une partie qui rentrerait dans la légende ! Il pouvait le voir lui aussi, à travers la forme du jeu sur le goban, la perfection des coups...

Cutter s'en étonna. Sûrement, si une telle partie avait eu lieu dans le passé, elle aurait été consignée par les historiens ou quelque chose de ce genre ? Mais rien n'avait été dit à sa connaissance, et le fait que Touya soit là... serait-ce une vision de l'avenir ? Il lui semblait pourtant que son coéquipier paraissait plus âgé que son double au costume...

Il entendit un rire cristallin qui détourna son attention du goban. Entouré de maints spectateurs qui le félicitaient chaudement, l'adversaire de Touya souriait si fort que Cutter crut être aveuglé un instant. Il observa le nouveau personnage avec intérêt.

Plus petit que son rival, il portait lui aussi un costume, mais alors que Touya semblait taillé pour le sien, le contraste qu'offrait l'apparence de ce garçon étonna le Templier. Contrairement à la plupart des personnes présentes, au maintien irréprochable et à la physionomie austère, il avait un air d'adolescent moderne et tapageur. Brun, les cheveux courts, il portait une frange blonde éclatante à l'avant qui soulignait d'autant plus son caractère radieux. Il était assez beau, mais sans ostentation. Cutter remarqua les innombrables regards éperdus d'admiration que lui jetaient plusieurs personnes de la salle, aussi bien des femmes que des hommes. Sans aucun doute, ce garçon devrait briser bien des coeurs. Il espérait seulement qu'il aurait assez de considération pour ne pas en abuser...

Cutter se tourna de nouveau vers Touya pour recueillir sa réaction, et il faillit tomber de surprise. Tout dans l'attitude du jeune homme, les regards brûlants, l'impatience fougueuse, le souffle haletant, dénotait une passion mal contenue ! Jamais, son partenaire ne l'avait vu dans un tel état d'excitation. Il était d'habitude très calme, quelquefois trop, comme s'il avait perdu son feu intérieur. Ce qui n'était visiblement pas le cas de ce Touya-là !

Il suivit la direction de son regard. Pas de doute possible, l'attention de son coéquipier était fixée toute entière sur son précédent adversaire ! Cutter retint un gloussement intéressé; ainsi, même ce glaçon de Touya avait un point faible ! Mais si c'était le cas, qu'était-il advenu du garçon ? Si le Touya qu'il connaissait était si différent... sa flamme se serait-elle éteinte entre-temps ?

Ledit garçon finit de discuter avec le groupe de jeunes gens qui s'était approché de lui (Tiens ? Il y avait le gamin et la jeune fille de tout-à-l'heure) et fit mine de vouloir partir. Ses amis semblèrent déçus, mais n'insistèrent pas. Touya, qui alternait entre un bavardage distrait avec un homme mûr en costume blanc et des coups d'œil brûlants à son rival, s'excusa d'une pirouette et fit mine de le suivre. Cutter s'amusait de voir Touya si intéressé par un être vivant.

A ce moment, le jeune garçon brun-blond arriva à sa hauteur... et s'arrêta net. Il fixa avec de gros yeux l'endroit où se trouvait le Templier. Celui-ci se retourna mais ne vit rien de significatif. Il changea de place ; le garçon le suivit du regard.

Ses amis s'étaient rapprochés et le pressaient de questions. Le garçon leur bafouilla une vague excuse (enfin, ça devait être ça) et se remit à partir, mais en passant près de Cutter (on aurait dit qu'il prenait bien soin de ne pas le traverser), il s'inclina profondément. Un homme ventripotent qui se tenait derrière le Templier et triturait un éventail en soufflant crut avec délice que le joueur de go s'adressait à lui, et lui rendit un large sourire carnassier. Le garçon s'esquiva sans un autre mot.

Touya avait lui aussi remarqué le geste étrange de son rival, puisqu'il se précipita vers lui en criant quelque chose. Ils disparurent dans l'ascenseur que le premier garçon avait appelé.

Cutter en restait bouche bée. Il ne pouvait pas l'avoir vu, c'était impossible... n'est-ce pas ? Il n'était qu'un fantôme dans ce monde...

Il fut alerté par les cris étouffés que poussaient certaines personnes aux fenêtres ; sa conscience de Templier le poussa à aller voir par lui-même ce qui n'allait pas. Un attroupement se formait déjà et lui bloquait la vue. Il put néanmoins distinguer plusieurs objets de forme imposante tomber du ciel dans une gerbe enflammée. D'autres hurlements furent poussés, plus forts, plus brefs aussi, car ce fut à ce moment que l'air explosa en une symphonie de lumière et de flammes.

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Cutter se réveilla en sursaut, poussant un hurlement d'horreur qui réveilla Lankee. Celui-ci dormait dans l'autre lit de la chambre double qu'on leur avait attribuée. Le joueur de go se leva en gémissant tandis que le Templier s'empêtrait dans ses couvertures. Il était tombé de tout son poids sur le sol dur. Si c'était un aperçu de ce que lui réservait sa vie à l'ordre...

- Cutter ? demanda-t-il doucement en se massant le bas du dos. Ca ne va pas ?

Son compagnon de chambrée fixa d'un air hagard le mur d'en face, encore bouleversé par ses dernières visions. La vision d'une ville en flammes. La vision de dizaines d'êtres mourant sous ses yeux. La vision d'un monde agonisant. Son regard se fit vitreux.

- Touya, murmura-t-il enfin d'une voix étrange que Lankee ne reconnut pas. Ne pars pas. Ne me laisse pas. Pas encore... Pas toi.

Lankee ne comprit pas. Il ne put se rendormir et passa le reste de sa nuit à veiller Cutter qui s'était effondré peu de temps après, le sommeil troublé par la vision sans fin d'un monde qui n'existait plus. Le jeune humain n'osait le réveiller de peur de déclencher quelque chose qu'il ne pouvait contrôler ni même appréhender. Même si de tout point de vue il était un génie du go, dès qu'il s'agissait de l'humeur ou des sentiments des gens, il était particulièrement impuissant et ignorant. Sa dernière relation en date, avec Saya, en était la meilleure preuve. Sans doute, il le voyait avec le recul, il aurait pu choisir une voie moins injuste pour la jeune femme... Mais il n'était plus temps de penser à cela. Cutter émit un gémissement étouffé qui le plongea dans l'inquiétude. Il ne savait pas si la réaction du demi-elfe était normale ; il ne savait presque rien des elfes, d'ailleurs. Du moins pas en pratique. Peu d'elfes (et il pouvait les compter sur les doigts d'une main sans les utiliser tous, Cutter y compris) se complaisaient à fréquenter la « vermine humaine », comme ils disaient volontiers.

Les elfes noirs , essaya-t-il de se rappeler à partir des maigres informations qu'il avait glanées de-ci de-là sans y prêter attention. Les gens disent qu'ils ne rêvent jamais, qu'ils sont rêves eux-mêmes. Un rêve qui rêve... je me demande s'ils en ont conscience. Mais Cutter... il existe ; il est issu de l'union d'un elfe et d'un humain. Donc cette théorie doit être fausse... je crois.

C'est un peu comme pour Sai, en fait... une illusion parmi ce monde, mais moi je l'ai vu... moi je m'en souviens... même si ces instants passés en sa compagnie me font l'effet d'un long rêve sans but.

Il soupira en y repensant. Sai avait tellement compté dans sa vie, et dans celle de beaucoup d'autres sans doute... mais cela avait-il le même impact s'ils ne s'en souvenaient pas ? Dans ce cas-là, à quoi bon venir sur terre, pour faire jouer les humains ? Il y avait déjà tellement de joueurs chevronnés chez les Demis !

Demain, fit-il en se pelotonnant dans le manteau de Cutter qu'il avait finalement gardé, demain Touya nous dira tout... demain je saurais vers quelle direction aller. N'est-ce pas, Sai ?

Il ne s'était pas rendu compte qu'il s'était rendormi, tout contre le lit de Cutter qui avait cessé de bouger pour finalement se plonger dans un sommeil sans rêve.

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- Maître Sai ! Quelle bonne surprise de vous voir ici, dans mon humble demeure ! Mais entrez donc ; je vais demander à Fukaki de nous préparer du thé.

Le jeune homme s'inclina devant son hôte. Ses longs cheveux noirs lui battaient les flancs, aussi fins et soyeux qu'une étoffe de haut prix. Sakaki admira avec plaisir les traits délicieux de son invité, son maintien gracieux et ses manières raffinées. Sans doute, Hikaru no Sai était un joyau sans nom parmi les créatures variées qui peuplaient ce monde.

- Je suis ravi, mais aussi un peu surpris ; je ne pensais pas vous revoir avant une petite dizaine d'années ou deux, tout au moins. Que me vaut cette visite avancée ?

- Une simple question, fit le maître de go en souriant doucement. J'ai ouï-dire que vous avez reçu tantôt la visite de deux Templiers en ces murs. Est-ce vrai ?

- Certes, admit Sakaki à contre-coeur, mais mentir à Sai aurait été inutile. Ils étaient là de la part du Liseur de Temps. L'un d'entre eux m'a défié au go pour obtenir la relique que Sanja m'avait donnée ; vous connaissez nos règles, je n'ai pas pu refuser...

- Et il vous a battu ? Qui était-il ?

- Je l'ignore. Il s'est présenté comme son fils, mais la rumeur disait que celui-ci était médiocre au go... je l'ai laissé me défier en pensant que c'était le cas, sinon pensez bien que je n'aurais jamais accepté un pari si risqué, et à un tel prix...

- Je vois. C'est regrettable.

- Et comment. Fort heureusement, il n'avait pas de sang humain, contrairement à son compagnon qui était un Demi.

- Comment pouvez-vous en être sûr ?

- Fi ! Le Liseur de Temps qui se compromettrait avec une humaine ? Où irions-nous !

Sai n'ajouta pas un mot. Il but pensivement la tasse de thé vert amer que leur avait apporté la vieille servante de la maison en tremblant. Sakaki continuait à lui parler de choses et d'autres d'un air badin, qui cachait en réalité son extrême nervosité. Sai avait beau être un hôte de marque, ce n'était pas forcément une bonne chose qu'il s'intéresse personnellement à vous. Comme toutes les créatures qu'il connaissait et qui fréquentaient Sai à l'occasion, il avait appris à apprécier ce dernier tout en s'en méfiant vivement. Jusqu'à ce jour, personne n'avait pu trouver à quelle espèce il appartenait. Il voyageait de-par le monde pour jouer au go, sans se soucier des périls qui jonchaient inévitablement son chemin. Sakaki savait que plus d'une créature vile avait voulu s'en prendre à lui, sans succès ; et tous ses ennemis disparaissaient sans laisser de traces. Plus personne n'osait à présent l'attaquer de peur de découvrir ce qui était arrivé à leurs prédécesseurs.

- J'envisage de rendre visite au Liseur de Temps, murmura le maître de go. Il me dira peut-être ce qu'il cherche à prouver en intervenant de cette manière. Et cela fait longtemps que je souhaite le rencontrer ; on raconte qu'il est un joueur exceptionnel.

- Certes, sourit Sakaki. J'ai déjà joué plusieurs fois contre lui, avec trois pierres de handicap notez bien, et je n'ai jamais eu la moindre chance. Peut-être devrais-je envisager de rajouter une pierre ou deux, mais malheureusement mon orgueil m'y empêche...

- Comme la plupart des créatures, fit Sai en riant. Quelquefois je me demande quel choix vous feriez, entre votre fierté et la survie de votre peuple... si vous me permettez la remarque.

- S'agirait-il d'un autre que vous, vous auriez déjà la gorge tranchée, fit gravement son interlocuteur. Ne plaisantez pas avec ça.

- Mais c'est la vérité, continua-t-il néanmoins en baissant les yeux, et c'est dommage... oui, bien dommage.

Sakaki considéra la question. Il connaissait son orgueil et celui des siens ; mais que le Joueur Blanc le mentionne de cette manière... avait-il entrevu leur avenir ? Ou peut-être savait-il des choses que le kitsune ignorait, ce qui était inconcevable du fait de sa position parmi le Peuple Caché... mais il savait aussi que Sai avait ses entrées un peu partout, aussi bien chez les Demis, dirigeants ou non, que le Peuple Caché ou même les humains... en y pensant, seuls les Templiers ne semblaient pas avoir encore reçu sa visite. Visite qu'il envisageait de faire bientôt.

Il se demanda distraitement s'il rencontrerait le mignon Demi qui avait accompagné Akira Paterson ce soir-là. Il n'osait pas le mentionner, mais le fait était qu'il n'arrivait pas à le sortir de son esprit... Mais à quoi bon ? Un Demi pareil, qui était devenu Templier, ne devait pas être très fiable. Sans parler du fait que son métier aidant, il serait sans doute mort sous peu. C'était tant pis ; le jeune homme était tout à fait à son goût. Il avait toujours eu un faible pour les elfes noirs, ce qui désolait beaucoup ceux de sa race qui mentionnaient le gâchis de la chose. D'autre part, ceux sur qui il jetait son dévolu étaient souvent bien trop hautains pour ne serait-ce que lui accorder un regard lorsque Sakaki amorçait une tentative de séduction. C'était assez normal ; les elfes étaient des créatures raffinées qui ne supportaient pas la manière somme toute assez rude avec laquelle les kitsune courtisaient leur belle ou leur beau du moment. Il leur fallait des fleurs, des poèmes, des années entières d'attentions délicates et de preuves d'amour précieuses pour pouvoir en tirer quelque chose, ce qui concordait mal avec les offres grossières de nourriture, les paroles franches et la cour expédiée qu'affectionnaient le peuple roux. Combien de fois avait-il été éconduit par des elfes outrés par son manque de tact !

Sai lui proposa une partie pédagogique, qu'il accepta sans râler. Il était de toute façon trop préoccupé pour jouer une vraie partie contre un tel maître. Le reste de la nuit se passa sans accroc ni incident notable ; vers minuit, Sai voulut prendre congé malgré les protestations de son hôte. Il partit néanmoins d'un pas tranquille et disparut dans la nuit, non sans avoir assuré à Sakaki qu'il transmettrait le bonjour au Liseur de Temps et à son fils de sa part. Le kitsune le regarda s'éloigner dans les ténèbres d'un air mélancolique.

Il ne savait pourquoi, mais il avait l'impression qu'avec Sai s'éloignait toute un pan de son existence. Il frissonna. Jusqu'à présent, les prémonitions que lui chuchotait son instinct aiguisé s'étaient toujours avérées exactes. Il savait qu'il n'était pas le seul parmi les créatures à former une telle hypothèse. Une rumeur, telle un souffle sournois et persistant, traînait dans les rangs du Peuple Caché. Certains avaient hasardés à mi-mots que Sai était un dieu de l'ancien temps venu en éclaireur, pour on ne savait quel obscur événement qui allait bientôt se produire. D'autres avaient rapporté des mouvements étranges, des manifestations inconnues au fin fond des terres de Central, là où se trouvaient de vastes étendues de terres arides que même les charognards avaient déserté.

En outre, les interventions de plus en plus fréquentes du Liseur de Temps en inquiétaient plus d'un. Il s'était tenu jusque-là bien tranquille dans sa Tour de Babel à surveiller la masse grouillante des humains, sans plus se soucier du Peuple Caché et de ses petites querelles vindicatives. C'était une époque révolue ; pour preuve la visite impromptue de son digne descendant et de son compagnon au teint hâlé. Pour la centième fois peut-être, il se demanda ce que James Paterson voulait faire de la précieuse relique qu'il avait dû céder aux Templiers. Elle était certes d'une grande importance aux yeux des kitsune, mais seulement pour sa valeur historique et affective ; une telle breloque serait inutile, voire malsaine entre les mains du groupuscule humain qu'était l'ordre du Temple. Il hocha gravement la tête.

Une chose était sûre : quelque chose allait se passer, quelque chose qui risquait de bouleverser en profondeur l'ordre établi. Et d'une manière ou d'une autre, Sai en serait la clé.

A suivre...

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Ouf ! Enfin le troisième chapitre ! Ca a été long pour moi, entre les cours et tout ça. On voit peu Akira dans cette partie, mais c'était nécessaire pour la suite. Il reviendra très vite, après tout c'est lui qui a le premier rôle !

J'ai vu que j'avais reçu 3 reviews, c'est gentil. Merci à Yumi00, Nadramon et Stingmon, et aussi à tous ceux qui prendraient la peine de me lire. Je sais que le contexte de cette fic est étrange, mais que voulez-vous j'ai eu cette idée en tête durant toutes mes vacances où j'avais rien à faire et elle voulait pas me lâcher.

Pour répondre à la question de Yumi00, j'ai déjà en tête les grandes lignes de l'histoire ainsi que la fin, mais entre-temps tout se fait au « feeling », je crée mon monde et mes personnages au fur et à mesure et je comble les vides s'il faut. C'est ma méthode, mais pas forcément la meilleure. C'est surtout dû à ma grande flemme... Mais ça a marché jusque-là, alors je me dis que ça va.

Merci encore à tous et à bientôt dans le chapitre 4 !

Mokoshna