Titre : Un dieu cruel nous regarde
Auteur : Mokoshna
Manga : Hikaru no Go
Crédits : Le manga Hikaru no Go appartient à qui revient de droit, c'est-à-dire principalement ses auteurs, Yumi Hotta et Takeshi Obata. Pas à moi, donc (boude).
Avertissements : Totalement AU (Alternate Universe), Spoilers de la fin du manga (tout pleins en fait), personnages complètement OOC (Out Of Character), Yaoi à un moment, pas tout de suite mais ça va venir. Merci de me faire part de vos impressions si le cœur vous en dit (sauf si c'est pour vous plaindre que c'est du yaoi, ça non).
Commentaires artistiquement idiots de l'auteur : Bon, on va dire ce qui est : j'ai passé des heures à m'abîmer les yeux sur un écran pour lire des scanlations et rechercher des citations sur un manga sur des joueurs de go un peu fanatiques; suite de quoi, j'ai passé des heures à m'abîmer le cerveau pour écrire des trucs sur des joueurs de go. Et en plus c'est vraiment n'importe quoi. J'ai une vie parfaitement saine et équilibrée, merci.
Le titre est tiré d'un manga yaoi que je n'ai jamais lu mais dont j'ai entendu parler. J'ai aimé le titre, j'ai voulu le réutiliser un jour, et voilà. Fascinant, n'est-ce pas ? Les citations de début sont (sauf pour les premières) tirées directement du manga en français paru chez Tonkam.
L'histoire avance par à-coups. Il y a beaucoup de choses que j'invente au fur et à mesure, alors ne vous étonnez pas s'il y a des incohérences, mais ce serait gentil de me les signaler si c'était le cas pour que je puisse les corriger... Merci.
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Chapitre 8
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Hikaru : « Je suis trop content aujourd'hui ! Le prof de Kaio m'a complimenté et a pris ta partie pour la mienne. Ce prof a le regard fixé droit sur moi. Sai a disparu de son esprit ! »
Sai : « Disparu ? »
Hikaru : « Un jour aussi, j'effacerai Sai de l'esprit D'akira Touya. »
Sai : « Effacer ? »
Hikaru : « Mon nom est Hikaru Shindou ! »
Discussion entre Hikaru et Sai, à la fin de la partie de Hikaru contre Su-Yong Hong.
(Volume 9, chap.76)
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La jeune fille poussa un hurlement aigu qui traversa les couloirs en résonnant sur les murs. Tous ceux qui l'entendirent se retournèrent choqués, mais guère surpris ; il fallait dire qu'elle les avait habitués à ces sautes d'humeur et ce qui en découlait...
- Comment ça, je n'ai pas le droit de sortir ? Et depuis quand suis-je une prisonnière dans ma propre demeure ?
- Pas de discussion, asséna l'elfe noir qui lui faisait face, il est bien trop dangereux pour une personne de votre qualité...
- Et si je suis accompagnée ? le coupa-t-elle sans ménagement. Et si j'y vais avec des gardes, tout pleins de gardes ?
- Princesse...
- Bon, d'accord, des gardes, et vous-même, ça compte non ?
- Vous ne m'écoutez pas !
- Et un conseiller de Père... un conseiller de l'Oza ?
- Princesse Zelda !
L'homme qui venait de la houspiller la toisa d'un regard sévère. Grand, très grand même (il était parmi les êtres les plus hauts du palais, et ce n'était pas peu dire), il portait dignement une robe religieuse de grand prix, ce qui était normal puisqu'il était le Grand Ordonnateur de Babylone et l'un des proches de l'Oza en personne. Ses longs cheveux d'un blond platine se soulevaient au gré de ses colères ; les mêmes cheveux que Zelda tirait quand elle était enfant...
- Mais il s'agit d'Alexandre ! tenta-t-elle en dernier recours d'une voix suppliante. Mon petit frère !
Son vis-à-vis regarda avec horreur autour de lui ; puis, voyant que personne ne les avait entendu, il se rapprocha de la jeune fille et lui mit vivement un doigt devant la bouche.
- Pas ici, jeune folle ! Voulez-vous qu'un courtisan vous entende ? Pensez à la réputation de votre père !
- COMME SI J'EN AVAIS QUELQUE CHOSE A FAIRE ! JE VOUS PREVIENS, SOIT VOUS ME PERMETTEZ DE SORTIR, SOIT JE REVELE TOUT !
Le Grand Ordonnateur secoua la tête en soupirant. La princesse Zelda avait un caractère si difficile. Pourquoi, mais pourquoi a-t-il fallu qu'il soit son gardien ?
- Pourquoi me dire cela ? C'est à votre père que vous devriez vous adresser.
- Si je fais ça, il se fera un plaisir de m'enfermer dans la plus haute tour de ce palais jusqu'à ce qu'Alexandre soit mort de vieillesse ! Mais si je viens vous en parler avant, mieux, si je vous convainc de m'appuyer, il n'osera rien tenter contre moi, et il se pourrait même qu'il accepte de me laisser sortir de cet endroit sous bonne escorte !
- Mais sous quelle excuse ?
C'en était trop. Il allait prendre la jeune fille au mot, et si ce qu'elle avait en tête était faisable...
- Je ne sais pas, moi, disputer une partie contre le Commandeur ? Père serait ravi que sa propre fille écrase son pire rival !
- En admettant que ce soit crédible, fit son interlocuteur en secouant la tête (et en pensant au niveau médiocre de la princesse au go), qu'est-ce qui vous fait croire que le Commandeur vous accueillera et vous laissera voir Alexandre ? Il ne sait rien de votre lien, n'est-ce -pas ?
- Je trouverais bien en étant là-bas...
- Ridicule !
- Vous avez une meilleure idée, peut-être ?
- Oui, j'en ai une. Abandonnez. Restez ici bien sagement.
- Mais... !
- J'irais moi-même à la Tour de Babel. Cela vous convient-il ?
La jeune fille en bondit presque de joie, et en vérité elle aurait sauté au cou de l'Ordonnateur si celui-ci n'avait pas fait un écart pour l'éviter. Il s'occupait de la princesse depuis si longtemps qu'il connaissait la moindre de ses réactions déplacées. Zelda fit une petite moue déçue, qu'elle oublia bien vite au profit d'un immense sourire heureux qui reflétait son état d'esprit. Elle se mit à applaudir de ravissement et ses pieds entamèrent une petite danse impromptue qui dura quelques secondes. L'Ordonnateur attendait patiemment qu'elle se calme.
- Je vais vous préparer des petites choses pour lui ! Et surtout, il faudra bien lui dire que je pense à lui et que je souhaite de tout mon coeur qu'il aille mieux !
Disant cela, elle prit les mains de l'homme qui la regardait et les serra très fort sur sa poitrine. Ses tresses dorées bondissaient de manière joyeuse sur son dos. Un groupe de courtisans qui passaient de loin la virent et furent pris d'étranges bouffées de chaleur ; il fallait dire qu'elle avait mis une robe qui descendait particulièrement bas dans son dos et que l'emplacement de l'une de ses tresses se terminait à la naissance de ses reins superbes, nus... sans parler de ses jambes parfaites qui esquissaient des mouvements bien trop sensuels à leur goût, en sortant de sa robe particulièrement échancrée sur les côtés... ils passèrent leur chemin à toute vitesse sans oser jeter un regard en arrière. On n'était pas des bêtes, tout de même.
- Bien, fit l'Ordonnateur en tentant de dépêtrer ses mains d'entre les seins de la princesse sur lesquels s'ouvrait un décolleté plongeant, maintenant que cela est réglé, puis-je aller à ma réunion ? Vous m'avez mis suffisamment en retard.
- Bien sûr !
Elle finit par lui lâcher les mains. Son interlocuteur les frotta un instant avec un air étrange, puis s'excusa en partant. Zelda poussa un petit rire coquin une fois qu'il fut hors de vue.
- Ce n'est pas très loyal, dit Letty en sortant de derrière la colonne où elle était restée cachée depuis le début de la conversation.
- Mais nécessaire, ajouta son amie. Si je ne fais pas appel à lui, tu sais bien ce que Père aurait dit !
- Je ne parlais pas de ça, fit la fillette en lorgnant la tenue quasi-inexistante de sa maîtresse. Vraiment, vous devriez arrêter d'allumer et de manipuler les hommes comme vous le faites.
- Et qu'est-ce que je ferais de mes journées alors ?
- Réviser vos leçons, tâcher de devenir une future monarque convenable...
- Pfuu ! Décidément, ma pauvre fille, tu n'es vraiment pas drôle !
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Cutter rampa péniblement vers la porte. Encore quelques centimètres, et il pourrait sortir...
- Cutter !
Ladite porte venait de s'ouvrir sans prévenir et à son seuil, un doc énervé croisa son regard en fronçant les sourcils. L'elfe pesta doucement.
- Qu'est-ce que je t'ai dit ?
- De finir le restant de mes jours cloîtré dans ce lit ! Mais tu crois que j'ai le temps pour ça ?
- Ne déforme pas mes propos ! Tu n'es pas en état de sortir !
- Mais Mylène est bien partie, elle !
- Mylène a le métabolisme d'une Amazone associé au pire caractère entêté que je connaisse ! Sans parler qu'elle serait capable de me briser les reins si je la garde encore une journée de plus !
- C'est de la discrimination ! Moi aussi je suis super têtu ! Une vraie tête de mule !
- Et tu trouves qu'il y a de quoi être fier ?
- Qu'est-ce qui se passe ici ?
Lankee venait d'arriver au milieu de leur dispute effrénée ; un peu inquiet, il fixait à tour de rôle le doc et Cutter. Il n'aimait pas trop que ce dernier soit par terre en train de crier contre le doc.
- Cutter, tu es encore sorti de ton lit ? Tu sais ce que le doc a dit !
- Ouais je sais, il est devant moi merci !
- Retourne au lit !
- Mais !
- Ou sinon je t'y porte moi-même !
Cutter fit une grimace. La dernière fois qu'il avait voulu jouer la fille de l'air, Lankee avait eu la bonne idée de vouloir le ramener lui-même dans ses bras... ce qui avait valu à l'elfe l'un des épisodes les plus humiliants de son existence à la Tour. L'humain était beaucoup plus petit que lui et pas tellement fort (c'était généralement ce qui passait quand on avait dédié sa vie au go exclusivement), et bien évidemment sa proposition pleine de bonne volonté s'était révélée être un fiasco monumental. Certes, il arriva à le hisser à hauteur de quelques centimètres au-dessus du sol ; mais les membres trop longs de l'elfe dépassaient de manière grotesque de l'ensemble et lorsque Lankee voulut faire quelques pas, il tituba tant et si bien qu'à peine dix secondes après, lui et Cutter se retrouvèrent empêtrés sur le sol en gigotant. En voulant relever sa tête, Lankee se cogna le haut du crâne sur le menton de Cutter, qui tomba à la renverse en voyant des étoiles. Puis il passa une minute à essayer de démêler ses cheveux qui s'étaient enroulés autour des boutons de la robe de chambre de son ami. Tout cela manquait singulièrement de coordination.
- Et je n'ose même pas imaginer le jour où il sera réellement en mission sur le terrain, se dit Cutter en soupirant. Quelle idée, de mettre un empoté pareil à cette place !
Il réintégra son lit en grommelant.
- Quoi de neuf ? demanda-t-il à son ami une fois que celui-ci eût aidé le doc à le rétablir bien confortablement dans son lit (en fait il s'était contenté de remettre son oreiller en place mais c'était mieux que rien, n'est-ce pas ?).
Lankee prit un air gêné et se mit à détourner les yeux. Cutter se prépara au pire.
- Euh... il y a eu du nouveau, ce matin. Quand tu dormais. Alors on n'a pas jugé bon de te réveiller, et c'est le Commandeur qui s'en charge.
Il se tut. Cutter réfréna son envie de lui faire avaler son oreiller.
- Et ?
- Et ?
- C'est quoi ce truc nouveau ?
- Ah ! Euh... Sai est arrivé à la Tour.
- QUOI ?
- Il discute avec le Commandeur, continua Lankee en faisant la grimace. Et... euh... avant toute chose, je dois te rappeler que tu dois garder le repos. Le doc...
- ET PUIS QUOI ?
- Euh... il n'était pas seul, pas seul du tout. Il voyageait avec une drôle de monture et... et... ilavaitapportél'âmed'Akira, fit-il précipitamment.
- QUOI !
Lankee se précipita devant Cutter pour l'empêcher de faire le moindre mouvement déplacé, mais le doc l'avait précédé. Il se saisit des cheveux de l'elfe et les tira en arrière.
- Pas bouger, fit-il simplement. Le Commandeur s'en charge.
- Tu veux rire !
- Et puis je ne crois pas que notre invité te laissera partir si facilement, ajouta-t-il en montrant de la tête la sortie.
Cutter eut un sursaut d'effroi. A l'entrée de la porte qu'il avait tenté de franchir un peu plus tôt, se trouvait un renard roux au pelage magnifique qui le fixait de ses grands yeux bleus où brillait une pointe de malice. Il remua ses neuf queues en croisant le regard de sa proie et se pourlécha les babines ; le petit grognement ravi qu'il poussa alors fit trembler légèrement l'elfe.
- Cela faisait longtemps, dit-il d'une voix suave, bien trop longtemps à mon goût. Comment va mon mignon petit d'homme ?
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Sai tenait tendrement serré contre lui la lueur dorée qui constituait l'essence d'Akira Touya. Il était enfin arrivé à son lieu de destination, la Tour de Babel. La fin du voyage avait été extrêmement contraignante, surtout pour ce pauvre Sakaki qui se retrouvait essoufflé pour le moindre effort depuis qu'il avait passé les portes de la cité de Babylone. Le sentiment d'oppression qui l'avait accompagné durant le voyage avait été magnifié à l'intérieur de la ville ; il était si accablé par la fatigue et une lourdeur aussi bien spirituelle que physique qu'il soufflait constamment sur le chemin. Sai avait poursuivi en modérant son propre pas ; personne ne les avait dérangé, à vrai dire personne ne semblait voir qu'un visiteur étrange et un Kyuubi avaient fait irruption dans la capitale... le joueur de go avait bien veillé à dissimuler leur présence aux habitants. De temps à autre pourtant, quelques rares personnes se retournaient sur leur passage, comme sentant qu'une force supérieure les avait croisé ; et il ne comptait pas les tous jeunes enfants et les animaux qui avaient un sens inné des êtres comme lui (même si les enfants perdaient souvent leur don avec l'âge et le sens des réalités faussé qu'ils développaient). Néanmoins, tout se passa bien. Ou presque. Il ne vit pas l'ombre pointue qui les avait suivi subrepticement depuis leur arrivée... pas plus qu'il ne sentit un morceau d'ombre se glisser dans les plis à l'arrière de son kimono ample. L'ombre s'agita un peu et finit par s'installer sans avoir attiré l'attention de quiconque.
- C'est très aimable à vous de m'avoir reçu si vite, dit Sai au Commandeur de la Tour, une fois qu'il se furent installé tous les deux dans son bureau. J'espère que la présence de Sakaki ne vous dérange pas trop...
- Nullement, répondit James avec un hochement de tête. J'avais eu vent de ce qui était arrivé à son clan. Une regrettable histoire... on n'a pas encore trouvé les coupables, je crois ?
- Hélas non, dit Sai. J'ai moi-même croisé Sakaki en chemin ; nous avons décidé de voyager un peu ensemble, puisque nous avions une même destination...
- Je suis désolé de vous interrompre, le coupa gravement James en jetant un regard vers ses mains, mais comment va-t-il ?
Le joueur de go lui fit un sourire compatissant.
- Très bien, fit-il doucement, mais il est un peu confus... Je n'ai pas réussi à lui parler.
- Pas étonnant. Il a été attaqué très violemment par un Austrien.
- Oh. Mais pour quelle raison ?
- Nous l'ignorons, fit James en détournant les yeux. Mais je vous serais reconnaissant de m'aider à le replacer dans son corps. Nous avons tous été très inquiet pour lui depuis cet... incident.
- J'imagine.
- Lorsque cela sera fait, j'aurai aussi quelques questions à vous poser. Je pense que Sakaki vous a dit exactement qui j'étais ?
- Tout à fait, et même si cela n'avait pas été le cas, votre réputation vous a précédé, si je puis dire. D'ailleurs, à l'occasion, je serais très honoré de disputer une partie contre vous, si cela ne vous dérange pas.
- Nullement, mais nous verrons ce qu'Akira a à dire là-dessus.
- Vous savez quelque chose ?
James mit ses mains sous son menton, attitude qu'il prenait derrière son bureau lorsqu'il réfléchissait intensément. Il voulut sonder les pensées de son interlocuteur...
- Je vous serais gré d'arrêter cela, le coupa net Sai. C'est très désagréable.
- Pardonnez-moi, fit-il sans se démonter. Simple réflexe... Mais vous comprenez que je ne peux pas laisser n'importe qui approcher mon fils.
- Même si je tiens déjà son âme entre mes mains, littéralement parlant ?
- Surtout pour ça.
- Quel père exemplaire. Mais vraiment, je m'en voudrais moi aussi s'il lui arrivait quelque chose. Akira est... comment dire... je m'y suis attaché. Je ne lui ferai aucun mal, nous nous connaissons déjà un peu...
- Vraiment ? fit James avec intérêt. Jusqu'à quel point le connaissez-vous ? Je croyais qu'il était resté silencieux.
- Vous en savez quelque chose ?
- Peut-être. Peut-être pas. Cela dépend. Et vous ?
- Cela dépend aussi, je suppose.
- Hikaru Shindou ?
Sai lui fit un sourire triste. Le bas de son kimono s'agita un peu.
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- Rappelle-moi pourquoi on ne peut pas entrer ? piaffa Mylène en jetant un regard noir à Harry.
- Père l'interroge déjà, c'est inutile, lui dit-elle, mais on voyait bien qu'il était aussi impatient qu'elle.
- Raison de plus ! Et si ce type s'attaquait à lui ?
- Tu deviens parano !
- T'as vu ce qui m'es tombé sur la gueule dernièrement ! Alors excuse-moi d'être un minimum prudente !
Harry secoua la tête, bien campé devant l'entrée du bureau de son père. La jeune femme qui se trouvait face à lui, poings serrés, ne cessait de jeter des regards brûlants par-dessus son épaule comme si elle voulait terrasser de ses yeux la porte fermée.
- Ce type sait comment ramener Akira, non ? Et toi, tu restes là, pendant que ton frérot chéri reste un légume ?
- Je te l'ai dit, Père s'en occupe, il n'y a pas de quoi s'en faire. Tu devrais plutôt voir où est passé ce Kyuubi.
- La bestiole qui l'accompagnait ? C'était pas une mascotte, ou un truc du genre ?
- Tu plaisantes ? Qu'est-ce qu'on t'a appris dans ton clan de féministes ? Les Kyuubi sont des créatures très puissantes !
- Bof, tu sais moi les bêtes...
- Créature !
- Ouais, bon. T'as peut-être raison, ça me défoulera. Il est où ?
- Il a suivi le doc et Lankee Houdin à l'infirmerie. Il avait l'air mal en point.
- Et tu veux que je surveille une presque carpette ?
- Vas-y !
- Ok, ok. Mais tu me diras tout ce qui s'est passé !
- D'accord !
Elle s'esquiva en grommelant, très mécontente de s'être ainsi fait écarter, mais elle sentait instinctivement qu'elle aurait été de trop dans cette partie de l'affaire. Pressant le pas, elle arriva devant l'infirmerie juste à temps pour voir le renard se pourlécher les babines en disant malicieusement :
- Je suis ravi de voir que tu es toujours aussi appétissant, petit elfe. Oui, bien ravi.
Elle eut une grimace de dégoût.
- C'est écoeurant ! Elfophile ! ne put-elle s'empêcher de dire.
Le renard se tourna vers elle en souriant (elle se demanda bien comment elle pouvait voir qu'il souriait, vu qu'il n'avait pas de lèvres pour ça). Ses queues frétillèrent.
- Oh, une connaisseuse, ricana Sakaki.
- Zoophile !
- Techniquement, ce serait plutôt l'elfe qui le serait, si bien sûr il répond positivement à mes sollicitations.
Les regards se tournèrent vers Cutter, qui ne savait plus où se mettre. Le doc lui donna une tape dans le dos.
- Quel succès, Cutter ! D'abord Mylène (l'intéressée ouvrit des yeux horrifiés), puis Lankee (il poussa un cri indigné), et maintenant un Kyuubi ! Qui d'autre sur la liste, bourreau des coeurs ?
Cutter poussa un grognement sourd. C'est à ce moment-là qu'un garde apparut sur le seuil de la porte. Ignorant le Kyuubi et l'Amazone qui étaient postés devant (du moins il essaya), il annonça d'une voix solennelle qu'un invité de marque avait tenu à rencontrer Alexandre Cutter, soldat de première classe. Puis il partit sans demander son reste, visiblement très intimidé.
A sa suite, un elfe noir habillé d'une robe de cérémonie entra et jeta un regard rempli de mépris sur l'ensemble des personnes présentes. Il était habillé à la manière des Hauts Prêtres, avec une longue robe blanche qui lui cachait tout le corps et bringueballait des bijoux en grande quantité. Il était tellement maquillé qu'on aurait dit qu'il portait un masque ; trois gardes elfes se tenaient autour de lui et surveillaient les environs d'un air sévère. Ses cheveux platine étaient étroitement enserrés en une tresse épaisse qui descendait jusqu'à terre ; ses yeux gris durs s'arrêtèrent sur ceux de Cutter. Celui-ci pâlit visiblement.
- Alexandre, fit-il gravement. Toujours aussi bien entouré, à ce que je vois.
- Sheik, murmura Cutter en état de choc.
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Harry restait seul devant la porte du bureau de son père, attendant anxieusement le résultat de la rencontre... pourquoi prenaient-ils autant de temps ? Il aurait voulu attraper l'âme d'Akira et la remettre immédiatement dans son corps, se dire qu'enfin, au moins une des personnes qui lui étaient chères était en sécurité...
Une main armée de griffes noires fut plaquée brusquement sur sa bouche. Il ne pouvait plus bouger ; des tentacules d'ombres s'étaient enroulées autour de lui et bloquait ses membres. Il tenta une attaque psychique mais fut bloqué net par un mur noir mental, un mur qu'il reconnaissait pour l'avoir affronté il n'y avait pas si longtemps...
- Du calme, fit la voix mielleuse de Bâal, tout près de son oreille. Je suis venu pour toi, mon poussin.
Paniqué, Harry tenta tant bien que mal de se dépêtrer, ou au moins d'attirer l'attention de quelqu'un, n'importe qui...
- Comme je suis heureux, fit Bâal en riant, j'étais venu pour ce dieu de pacotille mais puisque je t'ai trouvé... oui, bien heureux.
Il prit le Templier dans ses bras. Puis, ouvrant un portail de téléportation, il s'y engouffra avec son fardeau et disparut.
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Letty regarda autour d'elle d'un air craintif. C'était l'heure de sa pause ; la princesse Zelda était en plein cours de musique. Elle vérifia de nouveau le contenu de son panier en osier et se précipita vers les quartiers somptueux que l'Oza avait réservé à ses nouveaux invités. Elle n'aurait pas dû être là, elle le savait, mais...
Elle poussa prudemment la porte de la chambre. Elle avait eu la confirmation par le garde qui était posté devant les appartements de l'Oza (et qui était son cousin) que celui-ci s'entretenait chaque jour avec ce Honninbo pendant plusieurs heures au moins ; ça lui laissait largement le temps d'agir. Elle vit la forme prostrée par terre, au pied du lit, et se précipita.
- Lézard ! s'écria-t-elle en posant son panier. Tu m'entends ?
Le jeune garçon ne lui répondit pas. Elle serra les dents ; depuis qu'ils étaient arrivés, elle avait bien vu les traitements odieux que lui infligeait son maître... C'était honteux ! Même un humain ne méritait pas cela !
Il fallait faire vite, mais bien. Elle sortit une fiole d'eau pure et se mit à nettoyer les plaies qui couvraient le corps du garçon. Une par une, mais elle n'osait pas aller trop loin de peur d'attirer l'attention. Le garçon aurait pu faire passer une partie de ses blessures pansées pour son propre travail, mais pas toutes... elle saisit un onguent et le mit entre les mains de son ami. Voyant qu'il ne bougeait pas, elle soupira et en enduit elle-même ses plaies les plus graves. Lézard commençait à bouger un peu.
- Letty ? finit-il par murmurer d'une voix cassée. Il est parti ?
- Oui, répondit la fillette avec peine, il est avec l'Oza maintenant.
Le garçon se leva péniblement. Ecartant son amie d'un geste, il attrapa ce qu'elle avait apporté pour le soigner et se mit à utiliser le tout lentement. Letty le regardait anxieusement faire.
- Je ne comprends pas, fit-elle avec hésitation, comment il peut te faire ça ?
- Il est mon maître, il en a le droit.
- Mais...
- Tu devrais arrêter de venir, s'il te surprend sa colère sera terrible.
- Mais je veux t'aider ! s'exclama Letty avec humeur. Tu ne mérites pas un tel traitement !
- Peu importe.
Elle se mordit le pouce de dépit. Pourquoi était-il donc si indifférent !
- Pourquoi ? gémit-elle. Pourquoi tu te laisses faire comme ça ? Tu n'as donc aucune fierté ?
- Pourquoi j'en aurais ? De quel droit ?
- En tant qu'être vivant, par exemple !
- Etre... vivant ?
Il éclata d'un rire sonore qui tournait à l'hystérie. Letty tremblait ; il lui faisait bien un peu peur à l'instant... Pourtant, il était si gentil avec elle depuis son arrivée ! Il lui avait offert une fleur, ce premier jour, en se présentant à elle. C'était la première fois qu'un garçon lui offrait une fleur.
- Va-t-en, fit-il doucement quand il se fut calmé. Tu n'as pas à t'en faire pour moi. Je ne mérite pas autant d'attention.
- Mais il finira par te tuer !
- Il en a le droit, dit Lézard. Puisqu'il est mon créateur. Puisqu'il est mon dieu.
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- Akira ? Akira !
Il rêvait, il le savait. Son esprit s'accommoda un peu plus à l'environnement et il aperçut un building immense se dresser devant lui. La mairie de Tokyo. La ville se forma petit à petit autour d'elle, à grand renfort de bruit et de mouvement. Tokyo finit par recouvrir son espace. Il se sentait chez lui.
- Tu sais, tu ne devrais pas rester là, fit de nouveau la voix qui lui parlait. Ca doit être triste, d'être seul, non ?
- Seul... je l'ai été pendant longtemps.
- Et ça te plaisait ?
- Bien sûr que non ! Je détestais ça !
- Moi aussi, j'ai été seule pendant longtemps, tu sais. Jusqu'à ce que je te rencontre.
- Moi ?
- Oui. Ton existence a été le plus grand bonheur de ma vie.
- Je... vous connais ?
- Pas autant que je l'aurais souhaité. Mais ce n'est pas grave. L'important, c'est que tu ailles bien.
- Je ne sais pas... en fait, il y a beaucoup de choses que je ne sais pas. J'ai l'impression de ne plus savoir qui je suis, non plus.
- Est-ce tellement grave ?
- Je veux le revoir. Je veux lui parler. Je veux jouer encore avec lui.
- Shindou ? Ou bien Sai ?
- Shindou. Sai. Les deux. Quelle différence ?
- Qu'en dis-tu ?
- Je ne sais pas ! Il y a trop de choses que je ne sais pas !
- Il t'attendait, tu sais.
- Qui ça ? Shindou ? Ou bien Sai ?
- Shindou. Sai. Les deux. Il t'a attendu, longtemps. Il me parlait de toi.
- De moi ? Shindou ?
- Ou bien Sai.
- C'est donc la même personne ?
- Oui. Non. Je crois qu'il ne le savait pas lui-même.
- Comment aurait-il pu ne pas le savoir ?
- Puis-je te raconter une histoire ?
- Une histoire ? Laquelle ?
- Il était une fois, dans une ville du passé qui s'appelait Tokyo, ville puissante peuplée d'humains, un petit garçon. Ce garçon n'avait rien d'extraordinaire, vraiment ; il était semblable à tous les garçons de son âge qui peuplaient cette ville.
Un jour, c'était un jour comme les autres, le garçon qui était en compagnie d'une amie fouilla dans le grenier de son grand-père pour chercher quelque chose à vendre, quelque chose de rare et de précieux. Il ne trouva qu'un vieux goban un peu moisi, où se trouvait néanmoins une étrange tache que son amie ne pouvait voir. Une voix se mit alors à l'appeler.
« Là tu les vois ? faisait-elle. Et tu peux m'entendre ? »
Alors surgit du goban un fantôme du passé, un fantôme que seul le garçon pouvait voir et entendre. Le fantôme s'attacha à lui et le suivit durant plusieurs années. Ce fantôme appartenait à un ancien joueur de go qui aimait le go de tout son coeur, mais était mort tragiquement sans avoir atteint le coup divin. Il s'était mis à hanter ce goban et avait déjà possédé un autre garçon par le passé ; et c'était le tour de ce garçon qui habitait cette ville qui s'appelait Tokyo.
Le garçon était réticent au départ ; mais petit à petit, il se piqua d'intérêt pour le go jusqu'à ce que cela devienne le centre de son existence. Le facteur déterminant a été sa rencontre avec un autre garçon de son âge, un garçon extrêmement doué et dévoué au go. Le fantôme avait pris sa place et avait battu cet autre garçon, qui s'était mis à poursuivre celui qu'il croyait être son rival éternel. Frustré de ne pouvoir être son égal, le premier garçon s'était mis au go de tout son coeur, avec l'aide de son fantôme.
Pendant des années donc, le fantôme fut le maître du garçon et lui apprit tout ce qu'il savait. Le garçon devint de plus en plus fort. Et il fut un jour où son maître n'avait plus rien à lui apprendre, mais au contraire le garçon devait évoluer par lui-même.
Alors le fantôme disparut.
Le garçon en fut si peiné qu'il se jura d'arrêter définitivement le go, espérant faire revenir son fantôme. Cela dura jusqu'au jour où il dut rejouer pour aider un ami ; il se rendit alors compte que son fantôme se trouvait là, dans son jeu, et qu'il serait là tant qu'il continuerait à jouer. Il se jura donc de tout faire pour atteindre le coup divin.
La voix se tut. Akira était bouleversé et heureux en même temps.
- Ce garçon, c'était Hikaru, n'est-ce pas ? Son rival, le garçon qui l'a entraîné dans le monde du go, c'était moi. Et je crois que je peux deviner le nom de son fantôme... Sai. C'est ça, n'est-ce pas ?
Personne ne lui répondit. Il s'aperçut avec horreur que les voix de la ville aussi s'étaient tues. Plus aucun bruit ne l'atteignait ; pourtant la ville continuait de bouger, mais un peu plus doucement peut-être, plus lentement... elle se déplaçait au ralenti. Il cria.
- Répondez-moi !
- Sai, fit de nouveau la voix, mais elle était si faible qu'il faillit ne pas l'entendre. Tu ne l'abandonneras pas, n'est-ce pas ? Il t'attend depuis si longtemps.
- Pourquoi ? Pourquoi moi ?
- C'était pour toi, souffla la voix, si tu n'avais pas été là il n'aurait rien fait. Mais ton oeuf était là, et tu dormais...
- Pourquoi ? Pourquoi est-ce que je dormais ? Pourquoi ne suis-je pas mort, comme j'aurais dû l'être ?
- Nous t'avons tant aimé, Sai et moi, mourut la voix. Je ne voulais pas que mon unique enfant meure. Je ne voulais pas qu'il soit triste sans lui.
Un souffle chaud, rempli d'amour, passa dans l'air. Akira en eut les larmes aux yeux.
- Mère ? siffla-t-il dans un sanglot. C'est vous ?
- Je voulais tellement que tu vives... mon enfant.
Il se réveilla en pleurant. Une forme inquiète se penchait sur lui, une forme qu'il ne reconnut pas tout d'abord. Un homme à la beauté troublante lui tenait la main, la caressait doucement en lui murmurant des mots apaisants. Akira le fixa d'un air stupide pendant vingt bonnes secondes. Les longs cheveux noirs de l'homme tombaient gracieusement sur son kimono merveilleusement travaillé ; ses yeux dorés, ourlés de cils délicats, se fixaient sur lui en une supplication muette.
Puis il comprit. Oui, tout était clair à présent.
- Sai ? fit-il.
L'homme lui sourit avec adoration.
A suivre...
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Bon, je m'arrête ici parce que je ne suis plus trop inspirée pour le moment. En plus, j'ai une tonne de boulot qui m'attend et je suis pas vraiment en avance.
S'il n'y a pas de titre, c'est tout simplement parce que je n'en ai pas trouvé. D'habitude, je nomme le chapitre du nom du personnage qui apparaît le plus et autour duquel se concentre le chapitre, mais là c'est pas vraiment le cas et tout le monde ou presque est là, alors...
J'ai appelé le Grand Ordonnateur Sheik ; j'ai pas pu m'en empêcher avec une princesse Zelda... Qu'est-ce que j'ai pu être déçue par sa véritable identité dans le jeu ! (Beurk !)
Quoi qu'il en soit, merci pour votre fidélité et au prochain chapitre !
Mokoshna.
