Auteur : Brisby

Disclaimer : pas à moi… (Malgré tous les jolis happy ends que je leur fais vivre… Tsss, ces jeunes n'ont aucune reconnaissance…)

Base : Gundam Wing

Genre : One-shot en partie, yaoi, angst.

Couple : 1+2+1, 4+5+4

Résumé : Parce que même si on en entend jamais parler, se sont des choses qui arrivent. Parce que même si c'est dur, il faudra y faire face et prendre certaines décisions. Parce que malgré tout, c'est peut-être la seule chose de censée à faire.

Note : Cadeau d'anniversaire pour ma Babou que je publie enfin alors qu'il est tapé depuis cet été ;p

Et même si ça fait maintenant presque trois mois : joyeux anniversaire ma toute belle :)))

( et vu que j'ai oublié ça dernièrement : merci pour tes bêta-lectures, toujours aussi impeccables :-D )

Enjoy !


Me llaman el desaparecido…

Me dicen el desaparecido
On me surnome le disparu

Fantasma que nunca esta
Un fantôme qui n'est jamais là

Me dicen el desagradecido
On me surnome l'égoïste

Pero esa no es la verdad
Mais cela, ce n'est pas vrai

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- Et ensuite on pourrait… Duo ?

Le natté fit rouler un crayon sur le bureau de Quatre.

- Duo, tu m'écoutes…
- Hm ?

Le blond lui lança un regard noir.

- Excuse-moi Quatre, j'ai décroché.

L'ex-pilote soupira.

- Bon je reprends… Je disais donc qu'on pourrait commencer par… Duo !

Le châtain se redressa vivement.

- Excuse-moi ! C'est bon, je t'écoute.

Le jeune homme fronça les sourcils.

- Duo, qu'est-ce qui ne va pas ?
- Mais rien.
- Duo…

L'Américain lui fit un grand sourire mais Quatre continua de le fixer, lui faisant comprendre que sa comédie ne prenait pas. Duo soupira et se pencha en arrière.

- Hier ça faisait six mois…

L'Arabe ferma les yeux et soupira.

- Je suis désolé, j'avais complètement oublié. Tu aurais dû nous appeler.
- Mais non, j'allais bien hier soir, je t'assure.
- Et aujourd'hui ?

Duo s'apprêtait à lui confirmer qu'il allait bien, mais ses mots restèrent bloqués dans sa gorge. Il tourna la tête et regarda par la fenêtre du bureau.

- Je me suis douché ce matin…

Quatre ne se laissa pas déstabiliser, en six mois il avait largement eu le temps d'apprendre à creuser les phrases du châtain. Et il croisa les mains, et attendit silencieusement qu'il continue.

- Quand je me suis lavé le corps, je… C'est bizarre, c'est un geste qu'on fait tous les jours depuis qu'on est gosse hein ? Mais ce matin, j'avais… Je sentais mes mains.

Il chercha un moment ses mots avant de continuer.

- Ce n'était plus vraiment moi qui lavait, mais plutôt des mains sur mon corps…Je… J'ai toujours adoré ça, le toucher. Toucher quelqu'un, sentir sa peau, les contours de son corps, sans que ce soit sexuel, sans que ce soit intime… Toucher quelqu'un et que quelqu'un me touche…

Le blond se leva, fit le tour de son bureau et alla s'asseoir à côté du natté. Il posa sa main sur la sienne.

- Le contact. C'est flagrant que tu apprécies les contacts Duo, on n'a pas mis longtemps à s'en rendre compte. Qu'ils soient psychologiques ou physique.

Duo acquiesça en souriant, mais son sourire tremblait un peu.

- Depuis que Heero est parti je continue d'apprécier les contacts… psychologiques, comme tu dis. J'ai… Je veux dire, rien n'a changé de ce côté là. Je n'ai jamais trop aimé sortir mais j'aimais bien être proche des gens que je côtoie. Ceux avec qui je travaille, les commerçants chez qui je vais souvent… Et je continue d'aller vers les gens de la sorte. Mais…

Il cessa de sourire.

- Tu sais, il y a quelques temps Key est venu me voir.
- L'informaticien du neuvième étage ? Qu'est-ce qu'il voulait ?
- Qu'on se fasse une soirée. Ensemble.

L'Arabe écarquilla les yeux.

- Tu ne m'en avais pas parlé… Tu lui as répondu quoi ?
- Je ne t'avais rien dit parce que ça n'en valait pas la peine. Et je lui ai répondu que je n'étais pas intéressé. Il l'a plutôt bien pris d'ailleurs… Mais avant de partir, il m'a touché.

Le blond fronça les sourcils.

- Ca n'était même pas intentionnel je crois. Il m'a touché par inadvertance. Il a juste effleuré mon bras, mais… J'ai reculé quand j'ai senti qu'il me touchait. Ca m'a… Je ne voulais pas être touché.

Quatre voulut poser sa main sur la jambe de l'Américain mais il la retira au dernier moment.

- C'est normal Duo. Après ce qui s'est passé pour toi ces derniers temps c'est tout à fait normal. Mais tu aurais dû me le dire avant, on te touche assez souvent Wu Fei et moi…
- Mais vous ça ne me dérange pas quand vous me touchez. Vous êtes… C'est dans un sentiment d'amitié que vous le faites, alors je trouve ça agréable. Mais dès que je ne suis pas sûr des intentions de la personne… Je fuis au maximum le contact.

Le blond lui fit un petit sourire.

- Duo, c'est tout à fait normal. Tu as envie de préserver les contacts que tu as eu avec Heero. Maintenant il faut savoir si tu as envie de dépasser ça, de recommencer à vivre pour toi et de te laisser toucher par quelqu'un d'autre ou bien si tu préfères continuer comme ça. Quel que soit ton choix Duo, moi et Wu Fei le respecterons entièrement, tu n'as pas à t'en faire là dessus.

L'Américain sourit.

- Vous n'avez toujours pas digéré le fait que je ne veuille pas vous parler de la décision que j'ai prise après son départ, n'est-ce pas ?
- Vu la situation dans laquelle tu es, nous respectons chacune de tes décisions. Mais si tu as envie d'en parler, ou de parler de quoi que ce soit d'autre, ne serrons toujours là pour t'écouter.

Le natté ferma les yeux.

- Merci… Je sais, c'est stupide de te remercier mais… Entendre ces mots me fait beaucoup de bien.

Il prit une profonde inspiration et laissa sa tête partir en arrière, fixant le plafond.

- Je ne veux pas être touché par quelqu'un d'autre que lui.

Le blond l'observa en silence.

- Même si je ne le revois jamais, pour le moment je souhaiterais qu'il reste la dernière personne à m'avoir touché comme ça. La dernière personne à m'avoir touché dans un tel état d'esprit. Pourtant…

Il soupira.

- Ce matin j'ai réalisé à quel point ça m'avait manqué. Ce n'était que mes propres mains mais… C'était la première fois depuis six mois, que mon corps était touché et que ça ne me dégoûtait pas. Et ce genre de contact me manque. Et je ne veux pas être touché par un autre. Et je m'en veux de m'être mis dans une telle situation. Et je voudrais qu'il soit là, et qu'il me touche.

Le blond se leva et il s'approcha de lui. Il s'assit sur l'accoudoir du siège et le prit doucement dans ses bras, laissant ses doigts chatouiller sa nuque.

- D'accord. Si c'est ta décision alors ça me va. Mais il ne faut pas tu t'enfermes en attendant des choses de la part de Heero. Il n'est pas là Duo, il n'est plus là. Tu peux faire ce que tu veux pour préserver ce qu'il y avait entre vous, même si ça te fait souffrir par moment, si c'est comme ça que tu te sens bien. Mais ne te bloque pas avec des « s'il était là », ça ne t'amènera à rien.

Le châtain ne bougea pas alors que l'Arabe resserrait peu à peu son étreinte.

- On est vendredi, ce soir Wu Fei et moi nous allons venir chez toi et on passera le week-end ensemble, d'accord ?

Le natté secoua la tête.

- Non, je ne veux pas chambouler vos projets. Je vais bien Quatre, c'est…
- Ca te fera du bien de ne pas être seul pendant le week-end Duo. Et puis…

Quatre appuya sa tête sur celle du natté.

- Tu es mon ami Duo et je tiens beaucoup à toi. Mais je ne peux pas t'aider comme je le voudrais. Alors laisse-moi faire ce peu de choses dont je suis capable. D'accord ?

Duo hésita un moment, puis il hocha la tête.

- Bon, alors on va commencer tout de suite… Dis ces mots que tu as envie de dire.

L'Américain se raidit dans les bras du blond.

- Tu…
- Ils sont tellement au bord de tes lèvres que n'importe qui pourrait les voir.

Duo se mit à sourire.

- C'est plutôt que tu es empathe et que tu as ressenti ce qui se passait.
- Peut-être…

Un court silence s'installa.

- Duo, il faut que tu les prononces. Je ne pourrais sans doute rien y faire, mais ça te fera du bien. Formule tout ce qui te ronge et menace de te faire craquer. Dis-les.

L'ex-pilote se redressa, écartant les bras de Quatre de son corps. Il lui jeta un coup d'œil hésitant mais le jeune homme l'encouragea du regard. Il ferma lentement les yeux et prit une grande inspiration.

- Je… J'aimerais qu'on me touche… J'en ai marre Quatre, je voudrais qu'on prenne soin de moi… J'ai envie qu'on me cajole.

Le natté semblait avoir du mal à formuler ses pensées. Sans doute avait-il un peu honte de les dire à haute voix aussi. L'Arabe posa sa main sur son épaule, l'encourageant à poursuivre.

- Et… Et je n'en peux plus de ce grand appartement vide… Je voudrais ne plus avoir à me réveiller seul dans ce grand lit… Et je…

Le châtain s'arrêtant au milieu de sa phrase, Quatre essaya de l'encourager en traçant des cercles dans son dos.

- Tu quoi ?
- Je suis fatigué… Je n'en peux plus… J'aimerais tellement pouvoir tout mettre sur pause… Juste une fois. Juste une seule fois…

Il poussa un soupir après avoir prononcé ces mots. Ca l'avait effectivement soulagé de formuler ce qu'il ressentait. Il rouvrit les yeux et regarda le blond qui lui souriait. Il lui sourit à son tour avant de laisser son regard dévier vers la moquette.

- Et j'aimerais qu'il…
- Ah non !

Surpris, le natté se tut immédiatement.

- Il ne faut pas que tu attendes quelque chose de lui Duo. Ne pas espérer qu'il fasse ci ou ça, c'est pour toi la meilleure façon de ne pas être déçu.

Il le serra à nouveau contre lui.

- Je comprends que ce soit dur de ne pas rêver, mais réduire tes attentes au maximum t'empêchera…
- Je sais. C'est bon Quatre, je le sais. Merci.

L'Arabe soupira.

- Ne me remercie pas. Je te demande des choses dures aujourd'hui.
- Oui mais tu as raison, ça m'a fait du bien.

Le blond resserra son étreinte pendant que Duo l'enlaçait à son tour.

- Bordel… Je sens qu'il va bientôt me falloir un psy.

Quatre se mit à pouffer, tout en le gardant serré contre lui. La porte du bureau s'ouvrit brusquement.

- Quatre pour le dossier de la semaine dernière, je voulais te demander…

Wu Fei haussa un sourcil en voyant les deux hommes enlacés.

- Quand je te disais qu'enlever le placard de ton bureau t'empêcherait de cacher tes amants, je n'étais pas sérieux…

Le châtain se mit à rire tandis que l'Arabe se séparait de lui.

- Je ne faisais qu'utiliser mon bon « câlin » du mois Wu Fei.
- De la semaine.

Duo secoua la tête en souriant.

- Un par mois suffira Q-man.
- Mais je ne te demande pas ton avis.

Quatre se tourna vers Wu Fei.

- Bonne nouvelle, on passe le week-end chez Duo.
- Quoi ? Hey mais non ! Je t'ai dis que j'allais bien Quatre !

Le Chinois les regarda avec encore plus d'étonnement, puis il haussa les épaules.

- D'accord.
- Non mais c'est encore mon appartement !
- Duo, j'ai un problème urgent de dossier à régler. Tu attendras que j'ai fini pour beugler.

Le natté soupira mais un petit sourire ne quitta pas ses lèvres. Il les regarda se disputer à propos du dossier pendant un moment puis comme ça s'éternisait, il se leva et se dirigea vers la porte du bureau. Juste avant de l'ouvrir il se retourna vers eux.

- Hey, au fait…

Les deux autres s'arrêtèrent un instant pour regarder le châtain qui les fixait en souriant.

- Il y a six mois, j'ai pris la décision d'attendre Heero. Même s'il ne revient jamais, même si c'est le choix le plus stupide que j'ai jamais fait… J'ai décidé de l'attendre et pour l'instant cette décision me rend heureux.

Il y eu un court silence puis son sourire s'agrandit

- Alors… Merci de m'avoir soutenu pendant tout ce temps sans savoir ce que je comptais réellement faire.

Ils le regardèrent assez étonnés puis Quatre se mit à sourire, bientôt suivi par Wu Fei.

- Si ce choix te convient, alors c'est la seule chose qui compte. Et puis en y réfléchissant, ça ne m'étonne pas de toi.
- Il ne te reste plus qu'à nous préparer de la vraie bouffe pour ce soir et on sera quitte. Et mets aussi une pancarte sur ce stupide canapé casse-gueule, que je ne me fasse pas avoir encore une fois.

Duo leur fit un clin d'œil et sortit du bureau un refermant la porte derrière lui.

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- Ca va Duo ?

Le natté se tourna vers Wu Fei en souriant.

- Hm ?

Le Chinois le fixa sans rien dire, sourcils froncés. Ils continuèrent d'avancer dans le petit parc où ils se promenaient depuis plus d'une demi-heure.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Arrête de me regarder comme ça, tu vas finir par me faire peur.

Wu Fei finit pas secouer la tête.

- Excuse-moi, c'est juste que tu semblais un peu dans la lune. Tu n'as pas de soucis au moins ?

Duo, un peu surprit par la question ne répondit pas immédiatement. Il soupira et croisa les bras derrière sa tête, se remettant à sourire.

- J'ai couché avec un type hier.

Wu Fei stoppa net sur les graviers.

- Je te demande pardon ?

Le châtain avança de quelques pas avant de se retourner vers lui.

- Tu as compris Wu.

Il posa sa main sur l'épaule de l'Américain et le regarda d'un air extrêmement sérieux.

- Duo…
- Hey mais arrête, ne te mets pas dans un état pareil. Ca va je t'assure. Je ne l'ai pas fait par dépit. J'ai beau être célibataire depuis maintenant deux ans…

Il leva les yeux au ciel.

- Mon Dieu… Je suis célibataire depuis plus de deux années…

Wu Fei donna une claque sur la tête du natté.

- Bref… Je t'assure que je vais bien. Je ne l'ai pas fait pas déprime, c'est juste que… Disons que ça m'est tombé dessus.
- Et qui est l'heureux élu ?

Duo le regarda, l'air étonné par sa question.

- Je ne sais pas.
- Tu ne sais pas ?
- Non.

Le Chinois se pinça la base du nez en soupirant.

- Son nom ?
- Aucun idée.
- C'était un parfait inconnu ?
- C'est ça.

Le brun quitta le chemin et alla s'asseoir dans l'herbe.

- Duo… Tu es en train de me dire que tu as couché avec un type que tu ne connaissais pas deux minutes avant. Tout en sachant que ça fait deux ans que tu refuses la moindre relation amoureuse allant jusqu'à fuir le moindre contact physique… Et je devrais ne pas m'inquiéter ?
- Voilà, c'est ça.

Le natté souriait toujours mais il s'arrêta quand il vit le regard que lui lançait Wu Fei.

- Je t'assure que ça va, Wu. Ca m'a fait du bien… Vraiment.
- Il va m'en falloir plus que ça pour être convaincu Duo.

Le châtain alla s'asseoir à côté de lui.

- Qu'est-ce que tu veux savoir ?
- Pourquoi tu as eu envie de coucher avec lui ?

Duo ne put s'empêcher de sourire.

- Parce que j'en avait marre de me muscler le poignet.

Wu Fei leva les yeux au ciel.

- Duo, je suis sérieux.

L'Américain s'allongea dans l'herbe.

- Alors, attends que je me souvienne…

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Duo attendait sous un arrêt de bus depuis de longues minutes. Quelques gouttes de pluie l'atteignaient quand le vent soufflait trop fort, mais en somme il était assez bien abrité. Et puis il n'y avait pas trop de monde sous cet abri-bus. Seulement une autre femme et une vieille dame, assises sur un banc ainsi qu'un autre type aux cheveux roux adossé à la vitre. Cet autre type d'ailleurs fixait le châtain depuis qu'il était arrivé. Duo, agacé, finit par se retourner.

- Il y a un problème ?
- Je vous demande pardon ?

Il fronça les sourcils.

- Quand on fixe quelqu'un de la sorte, c'est souvent pour une raison quelconque non ?
- Oh… Oui, bien sûr… Excusez-moi, je n'avais pas conscience que je vous mettais mal à l'aise. C'est juste que… Je vous trouvais très beau.

Duo haussa un sourcil, puis il s'éloigna du type en soupirant d'un air agacé. L'autre se tint à carreau pendant quelques temps puis le natté sentit à nouveau son regard dans son dos. Il attendit patiemment qu'il arrête de l'observer mais le type ne semblait pas vouloir s'arrêter. L'Américain finit par se retourner brutalement.

- C'est une manie chez vous, c'est pas possible !

Le roux le regarda en souriant.

- Vous êtes gay ?

Duo fut pris de cours et ne répondit pas immédiatement, se contentant de fixer l'homme en face de lui.

- En quoi ça vous regarde ?

Le type se mit à sourire un peu plus.

- Vous l'êtes alors ?

Le natté se braqua.

- Non je ne le suis pas !
- Si, vous l'êtes.

Il fronça les sourcils.

- Et comment est-ce que vous pourriez le savoir ?

Le type se mit alors à rire puis il lui fit un clin d'œil.

- J'ai un radar.

Duo soupira en roulant des yeux..

- Ca doit être très pratique…

Puis il se retourna, espérant clore la discussion là dessus. Malheureusement, le roux ne semblait pas avoir en avis, il s'approcha de lui et se pencha à son oreille.

- Excusez-moi de vous avoir fixé ainsi tout à l'heure.

Duo tapota nerveusement sur son bras.

- Ce n'est pas grave. Du moins, ça ne l'est pas encore et ça ne le sera pas si vous vous décidez enfin à arrêter.

Il l'entendit rire.

- Je vais essayer, mais je ne promets rien.

Il posa sa main sur l'épaule du natté.

- Parce que je vous trouve vraiment attirant vous savez ?

Duo se crispa.

- Enlevez votre main.
- Oh, excusez-moi…

Il y eu un silence entre les deux hommes, uniquement entrecoupé par les toussotements de la jeune femme assise sur le banc.

- C'est maladif chez vous ?
- Je vous demande pardon ?
- Emmerder les gens comme ça dans la rue, les mater, essayer de les toucher… C'est une névrose j'espère ? Sinon c'est inquiétant.

Le type se mit à rire.

- Oh non, je vous rassure, je n'agit pas ainsi avec tout le monde.
- Génial, je suis un privilégié…
- Pas plus non. Vous n'êtes pas le premier à qui j'ai envie de faire l'amour vous savez.

Le châtain bloqua immédiatement et lui jeta un regard ahuri.

- Arh… Je n'avais pas prévu de le dire aussi vite… Enfin bref, au moins vous êtes fixé.
- Vous… êtes complètement malade. Je regrette mais je ne suis absolument pas intéressé par les nymphomanes.

L'autre parut surpris.

- Moi ? Nymphomane ? Pas du tout. Je vous ai vu, je vous ai trouvé beau, puis vous m'avez attiré et donc logiquement je me suis imaginé en train de faire l'amour avec vous. Mes pensées ont dépassées mes paroles voilà tout. Vous n'allez quand même pas me reprocher ma franchise ?

La femme toussota un peu plus fort.

- Vous êtes vraiment atteint vous savez ? Ecoutez, je n'en n'ai rien à faire de ce que vos pensées tordues imaginent sur moi mais vous ne m'attirez pas du tout. Et je me contrefous de votre franchise, je ne l'ai pas réclamée. Maintenant si vous pouviez me foutre la paix, je vous en serais vraiment reconnaissant, parce que au cas ou vous ne l'auriez pas remarqué, votre désir n'est absolument pas réciproque.

L'homme le fixa sans répondre, puis il haussa les épaules et se retourna. Sa main droite partit un peu plus en arrière et effleura le bras du châtain. Lequel retira vivement sa main. Plus aucune parole ne fut prononcée jusqu'à ce que le bus arrive. La vieille dame monta en première, trébuchant un peu sur les marches alors que la jeune femme derrière elle l'aidait. Le chauffeur regarda un moment les deux hommes qui restaient sous l'arrêt de bus.

- Vous montez ou… ?

Le roux jeta un coup d'œil au châtain qui ne fit aucun mouvement. La jeune femme montée dans le bus s'approcha du chauffeur.

- Mais enfin démarrez ! Vous êtes déjà en retard, j'ai des horaires à respecter moi !

L'homme haussa les épaules et ferma les portes avant du bus, s'éloignant rapidement de l'arrêt de bus.
Duo fixait toujours les magasins de l'autre côté de la rue. L'autre homme alla s'asseoir sur le banc.

- Il y a de la place pour deux vous savez.

L'Américain ne prit même pas la peine de se retourner.

- Non merci.
- Pourquoi vous êtes resté alors ?

Il ne lui répondit pas. Le type soupira puis s'adossa à la vitre de verre, en soupirant. Le silence s'installa pendant de longues minutes.

- Touchez-moi.

Le roux redressa brutalement la tête.

- Je vous demande pardon ?

Duo gardait son regard fixé sur l'enseigne lumineuse en face de lui.

- Je voudrais que vous me touchiez.
- Vous…Quoi ?
- Juste que vous me touchiez. Je voudrais vérifier quelque chose.

L'homme mit un peu de temps à dépasser son étonnement puis il se leva et s'approcha du natté. Ses mains se posèrent sur ses épaules dénudées et descendirent lentement jusqu'à ses poignets.

- Encore ?

Duo déglutit difficilement.

- Oui… S'il vous plait.

Ses mains remontèrent jusqu'à ses épaules puis redescendirent, allant cette fois jusqu'au bout des doigts.

- Ca fait combien de temps ?
- Qu… Quoi ?
- Qu'il vous a plaqué ?

L'Américain se dégagea violemment et se retourna vers le roux.

- Comment vous… ?

L'autre se mit à lui sourire.

- J'ai toujours eu le don de craquer sur ceux qui viennent d'être largué. Ca ne facilite pas vraiment mes histoires d'amour, je vous l'avoue. Alors ? Ca fait combien de temps ?
- … Deux ans…

Il arqua un sourcil.

- Vous vous moquez de moi ?
- J'en ai l'air ?

Il se sentit alors mal à l'aise face au regard que lui lançait le châtain.

- Uh…Non… Pas vraiment, non. Et depuis ces deux années… personne ?
- Ecoutez, je n'ai pas vraiment envie de raconter ce genre de choses à un inconnu.

Le roux se mit à sourire.

- Ah mais je ne suis pas un inconnu.
- Pardon ?
- Je suis votre futur amant.

Duo secoua la tête d'un air agacé.

- Je vous ai déjà dit que je n'étais pas intéressé.
- Alors pourquoi être resté ?

Duo ne répondit pas, se contentant de regarder l'autre partie de l'arrêt de bus d'un air énervé.

- Sincèrement, rester seul pendant deux ans c'est un vrai gâchis.
- Ecoutez je ne veux…
- Non mais sérieusement ! Regardez-vous ! Vous êtes beau, séduisant et en pleine forme ! C'est un vrai gâchis.

Le natté haussa les épaules.

- Ca ne regarde que moi. Et j'aimerai bien savoir pourquoi vous fixez ainsi les gens dans la rue. Vous avez des tendances voyeuristes ?

Le roux se mit à rire.

- Peut-être oui… De toute manière, tout le monde est un peu voyeur vous ne pensez pas ? Prenez cette jeune femme tout à l'heure, elle semblait passablement gênée par notre discussion, mais il lui suffisait de ne pas écouter. Pourtant c'est ce qu'elle faisait. Et puis vous avez vu à quoi ça m'a amené de vous fixer ainsi ? Vous n'avez pas pris votre bus pour rester ici discuter avec moi.

- Je ne…

L'homme lui sourit d'un air moqueur.

- Bien sûr, excusez-moi. Vous n'avez pas pris votre bus pour faire l'amour avec moi.
- Quoi ! Je vous ai déjà dit…
- Alors, que faites-vous là ?

Le châtain tourna la tête et ne répondit pas. L'autre se rapprocha et plaça ses mains de chaque côté de ses épaules.

- Il n'y a pas à avoir honte vous savez. En temps qu'opportuniste je trouve qu'on se restreint bien trop dans ce qui est convenable de faire en société. Ca nous bouffe ! Il faut qu'on arrête de se réfréner comme ça ! Tenez, moi par exemple, je vous ai trouvé attirant et bien je vous l'ai dit. Cette remarque ne nous engageait ni vous, ni moi à quelque chose.

Un sourire étira ses lèvres.

- Même si je crois que les choses ont un peu changé depuis…

Il s'approcha de l'oreille de l'Américain.

- Vous êtes bien resté pour une raison, non ? Alors pourquoi ne pas me la dire ? Ca ne vous engage à rien, je suis un inconnu. Et ce n'est pas un névrosé, nymphomane et voyeur qui pourrait se permettre de vous juger.

Duo ne put retenir un sourire.

- Allez-y, ce serait trop bête de ne pas profiter de ce que chaque jour nous offre..
- Vous dites ça comme si vos jours étaient…

Le natté s'arrêta au milieu de sa phrase et se tourna vers le roux.

- Comptés ?

L'homme se contenta de lui sourire.

- Bien, laissons ça de côté si vous le voulez bien. La raison pour laquelle j'ai essayé, et réussi avec succès, à vous faire rester ici, c'est parce que j'ai envie de passer du temps avec vous. Je vous l'ai dit, vous m'avez attiré dès que je vous ai vu. Je ne parlais pas d'attirance sexuelle, du moins pas uniquement, j'ai aussi été attiré par votre magnétisme et j'ai donc eu envie de passer du temps avec vous. Boire un café, allez au cinéma ou au restaurant, passer chez vous, ou chez moi…

L'Américain lui jeta un regard peu convaincu.

- Je croyais que votre priorité était de coucher avec moi ?
- Oh non, j'ai simplement dit ça pour vous faire rester.

Il se mit à rire.

- Et vous alors ? Qu'est-ce que vous voudriez ?

Le châtain évita son regard.

- Je vais commencer à me demander ce qui vous fait si peur chez un inconnu comme moi…

Duo hésita encore un moment, puis regarda l'homme droit dans les yeux.

- Je voudrais que vous me touchiez.

L'homme le fixa un moment en fronçant les sourcils.

- Je crois que je commence à comprendre… Voulez-vous que je vous parle de moi ?
- Non…
- Voulez-vous savoir mon nom ?
- Non…
- Voulez-vous me donner le vôtre ?
- Non.

Il se mit finalement à sourire.

- Vous êtes facile à comprendre.

Duo haussa un sourcil alors qu'il souriait de plus belle.

- Vous êtes seul depuis deux ans et vous ne laissez personne vous toucher. Débarque un inconnu qui peut vous toucher, vous aimeriez qu'il reste un inconnu pour qu'il puisse encore vous toucher.

Le roux se mit à rire.

- Vous n'avez peut-être pas pris ma première proposition à la légère…

Duo pinça les lèvres et s'éloigna de lui.

- Vous avez peut-être raison. Mais de toute évidence ça ne correspond pas à vos attentes à vous. Alors maintenant excusez-moi mais je pense qu'il serait mieux pour nous deux que je rentre.

Deux bras se croisèrent sur la poitrine, le tirant en arrière.

- Oh mais détrompez-vous, ce programme me plait également. Disons que… Ce n'est pas ce à quoi je m'attendais.

Une de ses mains descendit jusqu'au ventre du natté.

- Mais je crois que je m'en accommoderais très bien.

L'Américain se dégagea.

- Laissez tomber, j'ai changé d'avis.

L'homme retourna le châtain et l'embrassa. Duo chercha à se dégager mais quand il sentit une main qui remontait le long de son dos tandis que l'autre maintenait son visage, le caressant doucement par la même occasion, il se sentit grisé par ses caresses et laissa l'autre prolonger le baiser. Le roux finit par y mettre fin, il se recula et fixa le natté.

- Je doute que tu aies changé d'avis, mais je ne vais pas te forcer. Si tu en as vraiment envie… Je suis d'accord également.

Duo ferma les yeux, essayant de mettre au point tout ce qui lui passait par la tête puis il les rouvrit en souriant.

- Je crois que… J'en ai envie. Et je crois que j'en ai aussi besoin. Mais ni chez moi, ni chez vous.
- Quoi, en pleine rue ?
- Dans un hôtel imbécile…

Le roux se mit à rire.

- J'avais compris. Inconnus l'un pour l'autre jusqu'au bout hein ?

Le natté lui répondit par un sourire. Un bus arriva à ce moment, ils montèrent tous les deux dedans.

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- Et voilà. Maintenant je peux continuer de raconter si tu veux mais je risque de me faire engueuler par Quatre.

Wu Fei saisit la tasse de café qu'il lui tendait.

- Non merci, Duo…

Pendant que le natté racontait comment il en était arrivé à passer la nuit avec un inconnu, les deux hommes avaient décidé de rentrer à son appartement. Le Chinois ayant pris l'habitude de ne plus s'asseoir sur le canapé du natté, il était allé se chercher une chaise dans la cuisine. Duo lui avait déjà basculé trois fois de l'autre côté de canapé au court de son récit.

- Alors, verdict ?

Le brun soupira.

- Alors je crois vraiment que tu devrais jeter ce canapé.

Duo finit son café et posa la tasse sur la petite table basse devant lui.

- Je ne le jetterais pas..

A peine avait-il prononcé ces mots que le canapé bascula une énième fois.

- D'autres questions, Wu Fei ?

Le Chinois attendit que le natté ait réapparu pour parler.

- Ca finit par devenir dangereux Duo.
- Je ne compte pas m'en débarrasser Wu.

Le brun soutint un moment le regard décidé du châtain avant d'abandonner.

- C'est toi qui voit.

Duo sourit et enclencha le mécanisme du canapé pour le remettre face à Wu Fei.

- Et oui j'ai d'autre questions… Tu comptes le revoir ?
- Mon canapé ?

Le Chinois leva les yeux au ciel.

- Abruti…

Duo ne cacha pas son sourire et alla se rasseoir.

- Non Wu, je ne compte pas le revoir. C'était clair entre nous dès le début.
- Et si jamais il te retrouve et qu'il ne te lâche plus.
- Je n'ai pas envie qu'il y ait une deuxième fois entre cet homme et moi. Et s'il n'arrive pas à le comprendre, je suis grand et je sais me défendre.

Wu Fei soupira.

- Oui, tu n'as pas envie d'une autre fois avec cet homme là…

Le châtain fronça les sourcils.

- Qu'est-ce que tu sous-entends ?

Le brun le fixa longuement avant de répondre.

- Je suis inquiet Duo. Tu nous as dit que tu voulais attendre Heero, même s'il ne revenait jamais. Tu le veux toujours ?
- Oui.
- Et tu vas coucher avec combien d'inconnus pour supporter cette attente ?

Le natté leva les yeux au ciel.

- Je vois…
- Ne te méprends pas. Je conçois qu'attendre quelqu'un de cette façon peut être très dur à supporter et si… Passer la nuit avec ce type t'a fait te sentir mieux, alors je suis heureux pour toi. Mais tu ne penses pas que tu vas être tenté de recommencer pour… Soulager ta peine et ton corps ? Tu es conscient que si jamais tu en arrives là, attendre Heero comme tu le fais ne voudras plus rien signifier.

L'Américain tapotait nerveusement le cuir du canapé en écoutant le brun. Une fois que celui-ci eut finit, il prit une profonde inspiration.

- Bon… Je sais que ça part d'un bon sentiment, aussi je vais essayer de ne pas trop mal le prendre… La nuit que je viens de passer avec ce type… M'a fait du bien.

Il croisa les bras et s'enfonça un peu plus dans le canapé, réussissant à ne pas déclencher le mécanisme.

- Depuis que Heero est parti… Je n'ai pas l'impression d'avoir pu me reposer. Me reposer vraiment… A chaque fois que j'essaye de me vider l'esprit, ça me ramène fatalement à son départ et… C'est insupportable Wu ! Je ne suis pas maso au point de retourner le couteau dans la plaie pendant deux ans. Les seuls moments où je peux me reposer l'esprit c'est quand je tombe de fatigue… Et puis… Enfin merde, je ne suis qu'un homme ! Rester seul pendant deux ans ça emmagasine une certaine frustration sexuelle. Je pense, qu'en quelque sorte, le sexe relie le corps et l'esprit… Et donc cette nuit que j'ai passée avec cet homme, a délassé et mon corps, et mon esprit. C'est… Je ne sais pas si je peux vraiment l'expliquer… Mais ça m'a fait du bien.

Il releva la tête pour fixer le brun.

- Mais, même si ça m'a fait du bien, même si ça m'a délassé en quelque sorte… Je ne peux pas m'en contenter.Ca ne sera jamais comme ça l'était entre Heero et moi. Je ne sais même pas si je l'attends avec l'espoir que tout redeviendra comme avant. Je ne sais pas si c'est censé de me l'imaginer. Pour le moment… J'ai encore envie d'attendre. Et ce qui s'est passé cette nuit ne m'a pas donné envie de recommencer.

Il fronça les sourcils, semblant chercher ses mots.

- Ce qu'il y a eu entre cet homme et moi, ça n'est même pas comparable avec ce qu'il y a eu entre Heero et moi tellement c'en est éloigné. Mais, je ne sais pas ce qui se passera entre nous si jamais il revient donc je ne peux pas non plus le comparer à ça. Donc je ne peux comparer cette nuit à rien de ce que je veux vraiment. Et même si je recommençais avec un autre inconnu, ce serait pareil.

Il fixa le Chinois très calmement.

- J'attends Heero depuis deux ans et j'ai encore envie de l'attendre. Parce que c'est lui que je veux.

Il passa la main dans ses cheveux, essayant tant bien que mal de mettre des mots sur ce qu'il ressentait.

- Je n'ai pas l'impression de l'avoir trahis parce que… En désirant ne rien savoir sur ce type, j'ai effacé sa personne. Ce n'est plus un homme avec qui j'ai couché, c'est quelqu'un. Je lui ai volontairement enlevé sa qualité de personne en ne voulant rien savoir, ne serait-ce que sur son caractère. En ce sens, je n'ai pas l'impression d'avoir trahi ma décision d'attendre Heero. Si jamais il rentre je ne pense pas que je lui cacherais. Je n'en suis pas sûr, mais je ne crois pas que je lui cacherais. Parce que je ne me sens pas coupable.

Wu Fei garda un moment le silence après les mots de l'Américain, puis il ferma les yeux et acquiesça.

- Bien… Je suis rassuré que tu vois cette nuit de cette façon…

Le natté lui fit un sourire.

- Par contre si jamais Heero le prend mal alors que j'ai passé deux années en tête à tête avec mon poignet parce que lui, a décidé de partir, je te jure que ça va gueuler !

Wu Fei sourit en secouant la tête, puis il finit par éclater de rire tandis sous l'œil pétillant du châtain.

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- Mgn… 'lo ? Quatre ? Hmm, non ça va. Je dormais. Mais non je te dis que c'est bon.

Le natté, allongé dans son canapé, s'étira.

- Qu'est-ce qui se passe ? Hein ? Où ça ?

Il se resta silencieux un moment.

- Si, si je suis toujours là… J'aimerais juste être sûr : vous êtes bloqué à Bora-Bora pour trois semaines à cause d'une grève ? C'est ça ?

Il leva les yeux au ciel.

- Ca arrive toujours aux mêmes… Bon et alors ? Quel est le problème ? Quoi Cuba ? Bon écoute Quatre, tu t'es toi-même plains du fait que vous ne restiez pas assez longtemps à Bora-Bora… Oui et ben voilà, vous avez trois semaines avec le billet de retour gratuit en plus, vous allez pouvoir en profiter. Vous irez à Cuba une autre fois. Comment ça plus de chambre ?

Il soupira longuement.

- Tu es Quatre Raberba Winner, héritier de la fortune des Winner, tu ne vas pas me dire qu'il n'y a aucune chambre à ta disposition ?

Il se tut un moment.

- Non, ça n'a pas coupé, je suis là. Ecoute, s'il ne reste plus que cette chambre et bien prenez la. Quatre si cet hôtel a une suite nuptiale qui s'étale sur un étage c'est pour qu'elle soit utilisée. Tu as du fric bon sang, profites-en un peu !

Il se releva et fit des grands gestes tout en marchant.

- Quoi les gens ? Mais tu t'en fiches des gens, à part les businessmen personne ne te reconnaîtra. Oui bon… C'est vrai que ceux qui vont te reconnaître vont peut-être un peu jaser mais tu les envoies bouler. Tu as le droit de te faire plaisir de temps en temps. Quoi ? Tu penses vraiment qu'un magazine people va vouloir de ça comme article ? Ah, mais oui c'est vrai qu'il y avait eu un article sur un milliardaire il y a quelques mois… Et ben tu t'en fiches, de toute manière qui…

Il s'arrêta de marcher.

- Ah oui, c'est vrai que Wu Fei n'appréciera sûrement pas… Et ben fait jouer le boulot. Bordel tu es un agent des preventers, et ex-pilote de gundam en plus, si tu joues là-dessus ils n'oseront pas en faire tout un foin. Tu n'as qu'à passer un coup de fil au QG et Une s'en chargera.

Le jeune homme se mit à sourire.

- Mais non Q-man. Allez, amusez-vous bien. C'est ça… Hm ? Quoi encore ? Quatre je ne comprends rien, la grève décale quoi ?

Il tira une chaise et s'assit dessus.

- Oui… Oui… Oui… Bon Quatre tu veux en venir où ? Oui mais c'est bon, j'ai compris, la grève dure trois semaines. Alors ? Quoi dans vingt jours ? Oh…

Il léger sourire étira ses lèvres.

- Mais Quatre c'est pas grave. Mais non arrête, je m'en fiche, on le fêtera quand vous serez de retour. Mais non, et puis j'avais totalement oublié alors tu vois. Et puis arrête, c'est pas comme si c'était un nombre significatif. Tu parles, où est-ce que tu as vu que vingt-sept ans était un âge spécial ?

Le châtain éclata de rire.

- Sérieusement Quatre, il faut que tu changes tes lectures. Oui… Non.. Ecoute, c'est peut-être un livre génial, mais je ne crois pas qu'on puisse l'appliquer à mon cas et mon anniversaire ne me déprime absolument pas. Si... Si je t'assure. Mais oui, allez, amusez-vous bien et profitez-en surtout. Voilà c'est ça. Et n'oubliez pas de m'envoyer une carte. Oui, d'accord. Passez de bonnes vacances.

Duo raccrocha le combiné en souriant et il alla se rallonger sur le canapé… qui bascula immédiatement. S'il se fiait aux calculs de Quatre, dans exactement dix-neuf jours il fêtait ses vingt-sept ans. Vingt-sept ans…

Alors voilà à quoi ressemblait sa vie après vingt-sept années. Mouais, on aurait pu rêver mieux… En même temps vu ce qu'il avait eu comme vie… Gamin des rues depuis ses plus lointains souvenirs jusqu'à douze ans, si on excluait la courte période à l'église Maxwell. Sbire de G pendant trois ans et puis pilote de gundam pendant à peu près deux ans. Et puis… Il y avait eu Heero… Trois ans en habitant chacun de leur côté tout en débordant constamment chez l'autre. Ensuite quatre ans dans l'appartement. Et enfin trois années à l'attendre…

L'Américain croisa les bras derrière sa tête. Ils s'étaient mis ensemble quand ils avaient dix-sept ans donc… Bon Dieu ça faisait dix ans. Il sentit quelque chose peser sur sa poitrine.

Dix ans…

Il allait maudire les familles Winner et Chang jusqu'à la dixième génération pour ne pas avoir été là pour cet anniversaire.

Alors qu'il laissait ses pensées dériver, ses yeux se fermèrent petit à petit et il se mit à sommeiller. Un bruit dans le couloir lui fit rouvrir un œil alors qu'il était presque endormi. Encore dans les brumes du sommeil, il essaya d'analyser ce qui se passait. Il entendit des pas ainsi que le bruit de la poignée qu'on actionnait.

Ca devait être Quatre ou Wu Fei…

Il leur avait donné un double de l'appartement deux ans auparavant, à une période où ils venaient souvent le voir. C'est donc sans surprise qu'il entendit une clef entrer dans la serrure et déverrouiller la porte.

Duo se décida enfin à se lever du canapé quand il entendit la porte s'ouvrir. Il se dirigea vers le hall d'entrée sans bien regarder devant lui. Ce n'est que quand il emprunta le couloir menant au hall qu'il réalisa : Quatre et Wu Fei étaient à Bora-Bora. Relevant brutalement la tête, la première chose qu'il vit, fut deux yeux d'un bleu profond qui le fixaient à quelques mètres de lui.

Son cœur manqua un battement.

Il détailla longuement l'homme en face lui, du bout de ses baskets usées jusqu'à ses cheveux bruns en bataille. Sa gorge se serra en même temps qu'une sorte d'amertume s'installait en lui. Etait-ce encore un mirage ou bien… ?

- Bonsoir.

Aïe. Il avait parlé sans s'en rendre compte. C'était assez mauvais quand ça commençait comme ça.
Le brun parut un peu déstabilisé.

- Bonsoir…

Il lui tendit brutalement le sac qu'il tenait à la main. Le natté regarda alternativement le sac en plastique blanc et le Japonais.

- Pardon pour le retard. Voilà ton pain.

Les yeux de l'Américain s'arrondirent. Après réflexion, il reconnaissait effectivement le logo de la boulangerie du quartier sur le sac.

- Oh…

Il tendit la main pour prendre le pain en question. Au moment de saisir le sac, ses doigts effleurèrent ceux du brun. Celui-ci retira immédiatement sa main, ce que Duo regretta, il avait sentit comme un courant électrique le parcourir alors qu'il touchait ses doigts.

- Ce… C'est un pain spécial que la boulangère m'a donné. Elle m'a dit qu'il n'était pas très bon à manger mais que pour faire le pain perdu c'était le meilleur.

Le châtain jeta un coup d'œil au pain.

- Ah, d'accord…

Un long silence suivit ses mots. Le natté n'arrivait plus à prononcer le moindre mot, il se contentait de fixer le brun, le détaillant entièrement comme pour voir ce qui avait changé chez lui et ce qui n'avait pas changé. Heero évitait soigneusement son regard. Cette situation perdura pendant de longues minutes jusqu'à ce que le Japonais daigne enfin croiser son regard.

- Je… Duo je suis vraiment… Je… Je suis déso…
- Heero...

Le brun s'arrêta immédiatement quand l'Américain prononça son nom. Il supporta en serrant les dents ces deux yeux violets qui le fixaient sans laisser filtrer d'émotions particulières. Puis le natté baissa la tête, et s'approcha lentement du Japonais. Il s'arrêta juste devant lui et, se redressant, il le détailla encore, pendant un long moment. Il leva lentement la main et écarta une mèche de cheveux bruns qui cachait une petite cicatrice. Il la regarda minutieusement puis il baissa sa main. Il fixa un moment les deux yeux bleus braqués sur lui, puis peu à peu un sourire étira ses lèvres. Pas un sourire moqueur, ni railleur. Un sourire sans ironie ni amertume. Juste un petit sourire, qui avait quelque chose de doux. Il leva la main et la posa sur la joue du Japonais. Puis elle remonta jusque dans la chevelure brune en bataille.

Heero, qui ne lâchait plus ce sourire des yeux enserra la taille du natté, l'approchant encore un peu plus de lui. L'Américain posa la tête sur son épaule, laissant un soupir s'échapper de ses lèvres. Avec ce soupir partit un poids énorme qui pesait sur ses épaules depuis presque trois années. Au bout de quelques minutes il sentit une des mains du brun remonter le long de son dos jusqu'à sa nuque et lui faire lever la tête. Deux lèvres se posèrent sur les siennes.

Le sac tomba au sol, laissant le pain s'éparpiller autour de leurs pieds.

Duo sentit distinctement quelque chose craquer en lui. Il n'allait pas pouvoir tenir… Il allait se mettre à pleurer, ou alors ses jambes allaient le lâcher, quelque chose comme ça mais en tout cas il ne réussirait pas à tenir.

Quelque chose de mouillé roula sur ses joues, lui faisant ouvrir les yeux. Mais… Il n'avait pas les paupières mouillées pourtant. Il mit fin au baiser et se cambra en arrière, éloignant sa tête de celle du Japonais sans pour autant éloigner leurs corps. Heero gardait les yeux clos mais une deuxième larme coula sur sa joue, laissant une traînée humide. Le natté sentit une joie intense lui serrer le cœur, il avait l'impression insensée que c'était comme si Heero pleurait à sa place. Le sourire qui étirait ses lèvres traduisait cette joie un peu irrationnelle. Il baissa sa main toujours dans les cheveux du brun jusqu'à son visage pour essuyer la trace des larmes. Heero ouvrit les yeux, les cils encore mouillés par les larmes et ils se fixèrent encore pendant un long moment. Le châtain continuait à caresser sa joue d'un doigt, toujours avec le même sourire. Puis son autre main se posa sur un bras du brun. Heero le détacha de la taille du natté et se laissa guider par la main qui descendait le long de son bras. Duo attrapa finalement sa main, et entremêla ses doigts aux siens. Heero serra doucement ces doigts qui s'infiltraient entre les siens et fixant toujours le natté, tandis qu'un petit sourire apparaissait sur ses lèvres. Sourire auquel Duo répondit par un autre encore plus grand. Puis il posa à nouveau sa tête sur les épaules du brun et un soupir de bien-être lui échappa.

- Et bien, pour que ça te prenne autant de temps, il devait y en avoir du monde à la boulangerie. Hm, Heero ?

The end.


Note de fin :

Et bien oui, ça se finit sur ça. Et non il n'y aura pas de suite ;p
Tout simplement parce qu'une suite n'aurait pas lieu d'être. Heero est revenu comme il est parti : sans explications. Enfin disons que les explications seront pour plus tard, parce qu'il faudra bien qu'il en donne à un moment. Mais nous on n'a pas besoin de savoir lesquelles elles sont. ( si vous les voulez vraiment imaginez-les ;) )
Le plus important c'est que Heero soit revenu.Le plus important c'est que Duo l'ait attendu.
Qu'il n'ait pas cherché à refaire sa vie, à l'oublier en déménageant ou refaisant sa vie avec quelqu'un d'autre.
Qu'il ne lui en veuille pas pour ces trois années et qu'il préfère sur le moment se contenter des faits (à savoir son retour) plutôt que d'entendre Heero se répandre en excuses et en explications.
Et après ces trois années il va de soit que leur relation ne va être que plus forte (après tout, l'attente de Duo et le retour de Heero ( alors qu'il sait très bien ce que son départ impliquait pour leur couple et pour Duo ) sont de très belles preuves d'amour).

Le reste c'est secondaire. Donc pour ma part, je trouve qu'une suite serait non seulement inutile mais aussi sans vraiment de sens et puis surtout bien trop loin de ce que je voulais faire. Alors il va falloir vous contenter de ça. ;p
(en plus Anya à qui est destinée cette fic est d'accord sur ce point, donc non, je n'ai vraiment aucune raison qui me pousserait à faire une suite ;p)
En espérant que ça vous ait quand même plu :)

See ya

Brisby