Les personnages ne m'apartiennent pas et je ne gagne pas d"argent en écrivant...
Chapitre 1 : Un réveil brutal
Le docteur Collins commençait son service tous les jours à huit heures du matin. Il rendait visite à tous ses patients de l'hôpital Sainte Anne et partait dans son cabinet pour recevoir les autres.
Chaque matin, il passait devant la même porte du service des comateux. La chambre 225 était la plus connue. Il rentrait pour ausculter la patiente qui dormait d'un sommeil profond. A chaque visite, il vérifiait son état de santé et notait sur un carnet l'évolution de ses fonctions vitales. Le docteur était en effet très consciencieux.
Pourtant ce jour-là, il appréhendait ce moment plus que tout. Sans aucune raison précise, il redoutait quelque chose. Prenant une profonde inspiration, il entra dans la pièce sur la pointe des pieds. Le docteur murmura pour lui-même :
"Elle ne va pas se réveiller donc tu peux faire du bruit."
Il était quand même anxieux. La nuit dernière, il avait fait un cauchemar. La jeune femme sortait brusquement de son coma pour l'étrangler de toutes ses forces. Il porta la main à son cou et déglutit nerveusement.
Il la regarda dormir. Son visage pâle semblait serein. Ses longs cheveux roux formaient une auréole sur son oreiller. Elle avait un air calme et innocent. Collins se demanda quelle était la couleur de ses yeux.
Les infirmières qui prenaient soin d'elle l'avaient surnommée 'la Belle au Bois Dormant' attendant son prince charmant pour la délivrer de son sommeil. Le docteur essaya d'imaginer la scène pour essayer de se détendre et commencer son travail. Il se demandait quelle vie elle avait pu avoir.
Il se penchait vers elle pour attraper sa perfusion quand soudain, une main prit son bras et des yeux d'un vert émeraude s'ouvrirent brusquement dans sa direction. Ainsi, il eût la réponse à sa question précédente.
La lumière au bout du tunnel. Jean sentit quelqu'un ou quelque chose qui s'approchait d'elle. Quand il fut à sa portée, elle lui saisit le bras et ouvrit les yeux. Ce fut sa plus grande erreur. La lumière blanche de la chambre l'éblouit tellement qu'elle fut obligée de lâcher l'homme qu'elle tenait et de se couvrir les yeux avec les mains.
Le docteur en profita pour se réfugier dans un coin de la pièce. Il se pendit à la sonnette d'alarme. Une infirmière arriva en courant et s'approcha du lit à son tour :
"Que se passe-t-il, docteur Collins ?" Demanda-t-elle.
Puis quand elle vit Jean bouger légèrement.
«"Oh, mon Dieu ! Elle s'est réveillée ! C'est un miracle. Il faut voir si elle va bien. Vous a-t-elle parlé ?"
"Non, elle a eu une réaction plutôt brusque en se réveillant. Maintenant, il faut qu'elle se repose. "
Jean ne comprenait pas le discours du docteur et de l'infirmière. Fatiguée, elle se rendormit très vite, sans s'en rendre compte. L'infirmière put enfin l'examiner à fond. Tout était normal.
"Elle doit être seulement perturbée ! Cela explique son comportement brutal envers vous ? "Constata l'infirmière." Elle a dormi très longtemps mais elle n'a pas de séquelles. C'est vraiment étrange. Ses sens ont été trop longtemps en repos. Elle a du être éblouie mais tout va bientôt rentrer dans l'ordre."
"Je suis tout à fait d'accord avec vous Mlle. "
Sur ces mots, ils sortirent de la chambre un peu rassurés.
Le lendemain matin, Jean se réveilla de bonne heure. Elle vit deux yeux gris la fixer avec attention. Elle essaya de se relever dans son lit mais elle était encore trop faible pour faire le moindre mouvement.
"Ne bougez pas, il faut encore vous reposer." Lui conseilla gentiment Collins.
"Qui êtes-vous ? Où suis-je ?"
"Je suis le docteur Jack Collins et vous êtes à l'hôpital. "
"Décidemment, elle ressemble vraiment à 'la Belle au Bois Dormant' !" Pensa-t-il.
La jeune femme semblait choquée par ce qu'elle venait d'entendre. Jack s'en voulut aussitôt de lui avoir annoncer si brutalement cette nouvelle. Il la vit scruter la pièce du regard. Jean aperçut sa fiche de soin qui était au nom de Jane Doe. Jack se sentit obligé de se justifier :
"Nous n'avions aucune idée de votre identité. Comme ça arrive fréquemment, on met toujours ce nom pour désigner le patient, c'est plus humain. Mais maintenant que vous êtes réveillée, vous allez pouvoir nous dire comment vous vous appelez !"
"Je me rappelle que de mon prénom, c'est Jean. Après, c'est le trou noir complet." Expliqua Jean.
"Ce n'est pas grave." La rassura Collins." C'est un bon début et puis tôt ou tard, on voit la lumière au bout du tunnel. Peu à peu, vous retrouverez votre mémoire, je vous l'assure."
"Je voulais m'excuser pour tout à l'heure. Je ne voulais pas vous faire peur." S'excusa Jean. "J'étais un peu perturbée."
"Ne vous en faites pas, j'ai tout à fait compris. Et puis ça s'est passé hier ! Regardez-moi, je suis toujours en un seul morceau. Il en faut plus pour me casser. Pour moi, l'essentiel est que vous soyez réveillée et en forme. "
Jean sourit mais une question lui brûlait les lèvres. Elle finit par la poser.
"Comment suis-je arrivée ici ?"
"C'est très simple. Connaissez vous le lac Alkali ? "Voyant la jeune femme secouer la tête, il continua." Il y avait un très grand barrage, très beau d'après ce qu'on m'avait dit. Pour des raisons mystérieuses, celui-ci a été détruit et l'eau a tout envahit. La police n'a toujours pas compris ce qui s'était passé ce jour-là. Le lendemain de l'accident, une équipe d'experts a aussitôt été envoyé sur place pour évaluer les dégâts. Ils ne s'attendaient pas du tout à vous trouver sur place. Vous étiez inconsciente au bord du lac. Vous avez immédiatement été transporté ici."
"Dans quel état ?"
"Vous étiez dans le coma mais à part ça, aucune blessure."
"Oh ! S'exclama-t-elle. Depuis combien de temps suis-je ici ? "
Collins détourna brusquement les yeux, gêné, ne sachant pas quoi répondre. Depuis le début de la conversation, il redoutait d'entendre cette question. Il savait que la réponse allait lui faire un choc. Très peu de patients acceptaient le fait d'avoir été dans le coma pendant quelques temps. Comme elle insistait, il répondit assez brièvement.
"Cinq ans."
"Cela fait cinq ans que je suis comme ça ! Docteur, vous êtes en train de plaisanter, là ! C'est incroyable.
"Oui, je sais. Nous avons tenté de rechercher votre famille sans y parvenir. Nous espérions que vous pourriez nous éclairer sur votre identité. Mais heureusement que votre amnésie ne sera que passagère, vous allez voir." L'encouragea Collins.
"La police va-t-elle m'interroger sur ce qui s'est passé ?" Demanda Jean anxieuse.
"Non, je ne crois pas. La police a enterré l'affaire depuis un sacré bail. Vous devriez encore vous reposer. Je repasserai demain prendre de vos nouvelles. "Dit-il avec un grand sourire.
La nuit fut très agitée pour Jean. Elle fit un rêve très étrange. Elle était dans le noir. Elle sentait que quelqu'un la soutenait. Elle avait mal à sa jambe. Soudain, une porte s'ouvrit et ils se retrouvèrent tous dehors. Jean pouvait voir les arbres enneigés. Elle regarda l'homme qui la soutenait, il lui sourit pour lui redonner du courage. Scott… La mémoire lui revenait au fur et à mesure. Pourquoi courait-il ? Ah oui, le barrage allait céder sous la pression.
Autour d'elle, des enfants terrifiés se dirigeaient vers un avion : le Blackbird, si ses souvenirs étaient exacts. Scott faisait tout pour qu'elle souffre le moins. Un homme bleu se téléporta à l'intérieur avec un autre homme chauve. Arrivés à la cabine, Scott la lâcha. Pour le rassurer, elle lui affirma qu'elle allait bien. Le jeune mutant hocha la tête et s'installa rapidement aux commandes pour les sortir de ce pétrin vit fait bien fait. Il était sûr de lui. Jean pensa aussitôt.
"Ca y est, je me souviens de tout, maintenant. Je suis une mutante, je m'appelle Jean Grey, je faisais partie des X-MEN. "
Elle vit un autre mutant arriver en courant, le dernier enfant dans les bras. Après l'avoir confié à Iceberg, il était passé à côté d'elle. Elle lui avait demandé s'il allait bien. La réponse ne se fit pas attendre. Il l'avait regardé dans les yeux et avait répondu du tac au tac :
"Maintenant, oui. "
Il avait une telle intensité dans ce regard et tellement de promesse dans ses paroles. Sans attendre, il avait rejoint Scott aux commandes, rouspétant sur le fait qu'ils n'étaient pas encore partis et que le temps pressait. Mais Tornade et Cyclope n'arrivaient pas à décoller. Pourtant, Cyclope n'abandonnait pas car la vie d'enfants était en jeu. Il ne pouvait pas se le permettre.
"C'est pour cela que Charles l'avait nommé leader, pour sa détermination. "
Une voix s'éleva dans le cockpit pour savoir où était Pyro. Malicia sans doute. Jean pouvait aisément ressentir l'anxiété percer dans sa voix. La mutante, sans chercher, le sut immédiatement. Avec Magneto. Malicia ouvrit de gros yeux étonnés mais n'osa rien dire.
Logan regarda bizarrement Jean. La mutant remarqua que c'était le même regard que quand elle avait réussi à désamorcer le missile aérien. Stupeur et appréhension y étaient mêlés. Elle comprit que le mutant s'inquiétait pour elle. Peu à peu, presque sans s'en rendre compte, elle avait presque acquis le niveau du professeur Xavier.
Soudain, une voix s'éleva dans sa tête, de plus en plus forte, de plus en plus présente, comme un chant.
"Toi seule peux les aider. Tes pouvoirs vont les sauver tous. Aie confiance en toi, pour une fois et surpasse tes peurs, tes limites. Ils ont besoin de toi. "
La voix continuait encore et encore son chant d'encouragement et Jean l'écoutait. Elle entendait confusément Cyclope dire à Tornade que pour décoller, il fallait une source d'énergie extérieure.
"Tu peux être cette source d'énergie, continua la voix. Tu as ce pouvoir en toi ! "
Elle regardait le petit groupe effrayée mais déterminée à faire son possible pour les sauver. La voix l'avait convaincu. Jean avait maintenant les larmes aux yeux, réalisant à quel point elle tenait à eux.
"Ils vont me manquer. " Pensa-t-elle.
Quand elle descendit, le barrage commençait à céder. Il était temps ! Toujours boitant, elle se dirigea vers l'avant, regardant dans tous les sens pour évaluer le terrain et voir comment elle allait procéder. Elle n'avait prévenu personne de ce qu'elle allait faire, exactement comme Logan l'aurait fait. Personne ne l'aurait laissé sortir. Personne n'aurait compris que c'était la seule solution et elle aurait perdu un temps précieux.
Elle sentit le professeur Xavier la chercher partout, sa surprise quand il découvrit qu'elle n'était plus à bord du jet. Les réactions ne se firent pas attendre. Elle sentit Scott courir vers l'arrière pour venir la ramener à l'intérieur mais il n'eut pas le temps. Jean l'avait devancé en relevant elle-même la rampe de l'appareil. Elle ressentit la frustration du mutant qu'il déversa sur Tornade, lui commandant de rabaisser la rampe. La pauvre Tornade ne pouvait rien faire, Jean l'avait bloquée exprès.
Scott était désespéré. Jean aussi l'était. Elle avait tellement envie de se réfugier dans ses bras…. Mais elle venait de franchir la barrière de non-retour. Elle devait finir ce qu'elle avait commencé. Comme à l'entraînement, elle alluma les propulseurs pour préparer l'avion à décoller.
" Ce vieux coucou à besoin d'énergie ! Et bien, il va en avoir à profusion ! "
Elle réalisa qu'elle allait peut-être mourir. L'eau arrivait avec une force prodigieuse. La mutant tendit le bras au dernier moment pour dresser une barrière psionique. Elle s'était économisée jusque là mais maintenant elle devait se concentrer sur deux fronts. La force de l'eau la fit tanguer ainsi que la Blackbird.
" Combien de temps vais-je tenir encore ?" Se demanda-t-elle avec angoisse.
Elle avait de plus en plus du mal à garder la position. La fatigue la prenait peu à peu, elle sentait que son énergie s'en allait petit à petit. Tornade venait de comprendre que s'était elle qui contrôlait le jet.
"Elle en a mis du temps ! "
Le désespoir de Scott la brisait. Elle se sentit obligée de se justifier à tous ses amis. Elle prit partiellement le contrôle de l'esprit de Charles. Cet effort supplémentaire accélérait encore plus son épuisement. Elle ne savait pas quoi dire, juste au revoir. Elle avait senti qu'un énorme fossé venait de se creuser entre eux. Jamais ils ne comprendront ce qu'elle faisait.
Elle voulut en finir tout de suite. Elle transféra tout ce qui lui restait d'énergie au Blackbird. Tous les passagers virent qu'elle rayonnait comme un soleil. Elle resplendissait littéralement comme consumée par le feu qui brûlait en elle. Dès qu'elle vit l'appareil hors de danger, elle regarda une dernière fois ses amis, tous pressés contre la vitre, espérant toujours un miracle.
" Ce ne sera pas pour aujourd'hui !" Se dit-elle.
Elle n'avait plus peur car elle savait que la délivrance n'allait pas tarder. Elle ne pouvait plus se concentrer tellement elle était fatiguée, tellement elle avait mal. Elle lâcha sa barrière psionique. La délivrance. L'eau l'emporta au loin. Elle était retournée dans l'obscurité et le froid.
Jean sursauta en criant. Une infirmière accourut aussitôt pour la réconforter :
" Ce n'était qu'un cauchemar, Mlle, c'est fini ! "
Après être restée quelques minutes avec elle, elle repartit s'occuper de ses autres malades.
Jean ne put se rendormir et attendait le jour avec impatience. Deux questions se bousculaient dans sa tête. A qui était la voix et comment avait-elle survécu. Elle ne s'en souvenait plus, c'était le flou total.
La nuit passa lentement laissant la place au jour. Le docteur Collins finit par revenir dans la chambre.
"L'infirmière m'a dit que vous aviez eu une nuit plutôt agitée. Ca va mieux ?"
"Oui, merci. Je voudrais sortir le plus vite possible, s'il vous plait. Je commence à retrouver tout doucement ma mémoire. Je me rappelle enfin qui je suis."
"Vous vous rappelez de ce qui c'est passé ?" S'enquit-il.
Elle ne pouvait pas lui dire ce qui s'était vraiment passé. Elle imaginait sans aucun problème la tête qu'aurait fait le docteur si elle lui avait dit qu'elle était une mutante capable d'exploits spectaculaires, qu'elle avait capable de faire comme Moïse quand il avait fendu les eaux en deux. Elle se contenta de lui dire son nom de famille.
Collins proposa alors de faire des recherches pour prévenir quelqu'un de sa famille ou même un de ses amis. La mutante refusa catégoriquement :
"Merci mais je préfère leur dire moi-même. Revenir dans des lieux familiers me rappellera des souvenirs. C'est pour cela qu'il faut que je parte le plus vite possible.
"Je comprends tout à fait. Je règle les papiers administratifs tout de suite. Vous pourrez sans doute partir dans l'après-midi, je pense. Votre état n'est plus du tout inquiétant ."
Sur ces mots, il repartit vers son bureau régler les derniers détails. Jean put enfin se reposer ; Après le repas, Collins revint la voir. Il lui annonça qu'elle était libre de partir dans l'après-midi vers trois heures. Les frais médicaux étaient déjà pris en charge par un riche bienfaiteur anonyme. Mais comment payer le billet d'avion pour New York ? Collins la rassura.
"Si vous voulez, je peux vous prêter la somme vous me le rembourserez plus tard quand vous en aurez les moyens. Comme ça, je pourrai vous revoir…. Pour avoir de vos nouvelles."Ajouta-t-il très vite.
"Ca ne vous dérange pas ?" Demanda-t-elle en souriant.
"Non, pas du tout ! Sinon je ne vous l'aurai jamais proposé !"
"Alors c'est d'accord mais à une condition."
"Je vous écoute."
"Vous me tutoyez et vous m'appelez par mon prénom, Jean."
"D'accord, alors appelez moi Jack. "
Elle hocha la tête et leur amitié fut scellée par une poignée de main.
