Trêve

Disclaimer : Les personnages ne m'appartiennent toujours pas, à l'exception de ceux que vous ne reconnaissez pas.

Note : AU - Post saison 3.

Résumé : Elle le déteste. Il semblerait que ce soit réciproque. Dès lors, une trêve imposée par une lourde perte ne saurait être une sinécure.

Note 2 : désolée, désolée pour avoir mis tout ce temps… Et surtout merci pour vos commentaires.

Chapitre 2 : Portée disparue

Adams pressa le bouton de la sonnette. Une jeune femme aux cheveux blanchis par la farine vint lui ouvrir.

"Bonjour, Mademoiselle Bristow. Je peux entrer ?" demanda le policier.

Sans un mot, Sydney s'effaça pour le laisser passer. Il la suivit dans la cuisine. Là, la petite fille était en train de lécher un récipient avec application. Elle s'interrompit et fixa l'homme de ses grands yeux.

"Bonjour." fit-elle avec une gravité peu commune aux enfants de son âge, et qui surtout contrastait fortement avec les traces de chocolat qui lui maculaient le visage.

Pendant ce temps, Sydney s'approchait lentement de sa fille, un torchon à la main. Elle prit Elisa par surprise et réussit à lui essuyer une partie du visage avant que la petite, riant aux éclats, ne s'échappe et ne passe de l'autre côté du comptoir, d'où elle nargua sa mère. Pour toute réponse, cette dernière lui tira la langue.

"Lisa, pourquoi n'irais tu pas regarder un peu la télévision ?" demanda-t-elle, redevenant sérieuse. "L'inspecteur Adams et moi devons parler."

La petite jeta un dernier regard à l'homme avant de sortir. Sydney attendit que sa fille soit confortablement installée dans le canapé, et ferma la porte, avant de se tourner vers son interlocuteur.

"Je suis désolé de revenir vous déranger, mais j'aurai encore quelques questions à vous poser."

"Bien sur."

La jeune femme ne dit rien de plus, mais son attitude était fort éloquente quant à ce qu'elle pensait desdites questions, et le policier avait très bien interprété son silence. Il semblait soucieux de s'excuser des paroles malheureuses lancées lors de sa précédente visite.

Malheureusement pour lui, la question qu'il posa ne l'aida guère dans son entreprise.

"Qu'est il arrivé à son père ? "demanda-t-il doucement.

Il vit Sydney tressaillir, et se tourner vers lui. Son coéquipier lui reprochait souvent son manque de tact, mais il ne supportait pas les phrases toutes faites, qui manquaient de sincérité, tout enrobées qu'elles étaient dans le vernis écœurant des bonnes manières. Il préférait la vérité nue, même si elle pouvait se montrer cruelle et blessante. Il se prépara donc à ce qu'elle le remette à sa place comme la fois précédente. Mais elle se contenta de le regarder, les sourcils froncés.

"Pourquoi ne consultez vous pas les dossiers ?"

"J'ai bien peur que le dossier n'ait été classé un peu précipitamment… Par conséquent l'affaire reste obscure et…"

"J'en déduis que vous n'avez aucune piste sérieuse concernant le meurtre de mon beau-père." l'interrompit Sydney. "À moins que vous ne pensiez que les deux affaires ne soient une histoire de vengeance familiale."

Ce fut au tour d'Adams de froncer les sourcils.

"En effet, nous piétinons." répondit-il, jouant la carte de l'honnêteté, puisqu'il semblait vain de cacher quelque chose à la perspicace jeune femme.

Sydney jeta un bref coup d'oeil au four et se redressa.

"Qu'est ce que vous voulez savoir ?" demanda-t-elle.

"Ce qu'il s'est passé, ce que vous a dit la police."

Un ange passa. Un deuxième le rattrapa. Sydney finit par prendre la parole.

"J'étais en voyage d'affaire à Taipei. En rentrant, j'ai décidé de faire un crochet par l'appartement de Danny. Je l'ai trouvé." Elle s'arrêta un moment. Un éclair de souffrance passa dans ses yeux, et elle se mordit la lèvre inférieur. "Il était dans la baignoire. Il n'y avait plus rien à faire." ajouta-t-elle dans un souffle.

Elle se tendit brusquement. Adams la regarda s'approcher en silence de la porte et l'ouvrir en grand. Devant elle se trouvait sa fille. Elles restèrent figées en un face à face. Les yeux de Lisa étaient remplis d'eau, sa lèvre inférieur tremblotait, les larmes menaçaient de tomber à tout moment.

Elle tenait une cassette vidéo dans sa main tremblante et elle la tenait devant elle, telle une barrière dressée entre sa mère et elle.

La petite fille finit par rompre le silence.

"Je voulais que tu me la mettes."

Et elle se mit à pleurer. Sa mère la pris dans ses bras et la berça doucement en lui caressant les cheveux.

Madame Hecht fit son entrée et se figea en voyant les deux enlacées.

"Madeleine, pourriez vous rester avec l'inspecteur Adams ? Je vais aller coucher Lisa, elle est fatiguée." fit Sydney.

oOoOo

Sydney contemplait sa fille endormie. Ses yeux rougis par les pleurs et le mèches de cheveux épars lui donnaient l'air tellement vulnérable et perdue… Sydney sentit son cœur se serrer et pris sa décision, celle qu'elle repoussait depuis trop longtemps, ou plutôt qu'on lui faisait repousser depuis trop longtemps. Elle savait que l'agence avait besoin d'elle, mais la petite qui serrait sa main encore plus.

Dans trois jours, elle irait faire part de sa décision à Dixon, mais d'ici là, elle ferait tout pour faire renaître les sourires de sa belle mère et de la petite puce de laquelle elle avait été trop longtemps séparée.

oOoOo

"Quand est ce que tu vas revenir, maman ?" demanda Lisa, alors que sa mère enfilait un manteau.

"Très bientôt, puce. Très bientôt."

La petite fille se frappa le front, et partit en courant à l'étage. Sydney embrassa sa belle mère.

"Ne lui donne pas de faux espoirs." fit Madeleine.

Sydney la regarda, un peu choquée.

"Je vais démissionner." lança-t-elle en guise de réponse.

Elle vit alors quelque chose qu'elle avait voulu provoquer depuis la mort de Richard Hecht : Madeleine lui souriait avec un bonheur évident.

"Je retourne à L.A. afin d'arranger cela et mettre en ordre mes affaires et je suis de retour."

Elisa fit son retour. Elle tendit une feuille de papier à sa mère.

"Je t'ai fait un dessin."

Sydney la pris dans ses bras et l'embrassa, puis ouvrit la porte et se dirigea vers la voiture, sa belle mère derrière elle. Une fois arrivée à sa voiture, elle déposa sa fille à terre, embrassa sa belle mère et se pencha vers son enfant.

"A très bientôt, puce. Je t'aime."

oOoOo

L'espionne s'inspecta une dernière fois dans son miroir. Bientôt, elle pourrait se permettre de porter autre chose que des tailleurs.

Elle soupira, il était temps de se mettre en route.

Une fois arrivée à la rotonde, elle resta un moment dans sa voiture, contemplant le bâtiment où elle avait passé tant de temps. Elle inspira longuement, et sortit.

Elle se sentait étrangement fébrile; pourtant, ce n'était pas la première fois qu'elle annonçait qu'elle allait quitter la C.I.A.

À la différence que cette fois, sa décision était irrévocable.

Elle pénétra dans le bâtiment et put constater l'efficacité des contrôles lors d'un état d'alerte. Après un bon quart d'heure en compagnie des agents de sécurité, elle put enfin accéder aux bureaux.

Elle était à peine rentrée, que déjà Jack la mettait au courant de la situation.

"Sark devait être transféré dans le courant de la semaine à Camp Harris. Il n'y est jamais arrivé. Et nous avons perdu cinq agents."

Sydney ferma les yeux et secoua la tête. Cela n'expliquait pas le niveau d'alerte.

"La sécurité de la rotonde est compromise. Une intrusion sur le système hier soir nous a indiquer qu'un groupe terroriste est en possession des plans du bâtiment. Nous ne savons pas encore ce qu'ils recherchent."

Cela, par contre, l'expliquait un peu mieux. Mais ce n'était désormais plus parmi ses priorités de découvrir ce qu'il se passait.

"Je quitte la CIA", lâcha-t-elle tout de go.

"Je suppose que c'est une décision mûrement réfléchie ?" répondit Jack.

Mais avant qu'elle ne puisse répondre, Dixon apparut dans son champ visuel et s'approcha d'eux.

"Sydney." la salua-t-il. "Je suppose que Jack t'a mis au courant de la situation ?"

Avant qu'il n'aille plus loin, Sydney lui fit part de sa décision. Elle s'attendait à ce qu'il essaye de la retenir, mais il lui dit simplement :

"Je suppose qu'une très bonne raison te pousse à faire ça. Je te demande juste de rester encore une semaine pour bien t'assurer que tu fais le bon choix…"

"Ce n'est peut être pas le bon choix de votre point de vue, mais c'est mon choix. Je ne veux pas laisser ma fille seule plus longtemps." Elle fit une pause. "Dixon, essaye de comprendre…"

"Je comprends, Sydney" répondit-il. "Je te demande juste une semaine."

Et il s'éloigna, laissant une Sydney passablement énervée avec son père.

oOoOo

"Madeleine ? Bonjour, c'est Sydney."

Weiss, assis sur le canapé, regardait Sydney faire les cent pas tout en téléphonant.

"Je ne vais pas pouvoir revenir tout de suite, il y a un problème à la banque."

Voyant qu'il la regardait, elle lui adressa un faible sourire.

"Non… Une semaine au maximum… Je sais. Je n'ai pas pu refuser… Je… Allo ?"

Elle fronça les sourcils, et raccrocha.

"Plus de tonalité. Il doit y avoir de l'orage à San Francisco…"

Ils restèrent silencieux un moment. Sydney était perdue dans ses pensées, Weiss attendait qu'elle prenne la parole.

"Lisa ne va pas bien dormir cette nuit." finit-elle par lâcher, un sourire triste aux lèvres. "Elle a peur de l'orage."

Elle soupira.

"J'ai été stupide de penser que ce serait facile de quitter la CIA."

Weiss la rassura, dans une semaine elle serait libre de faire ce qu'elle voulait avec sa fille.

"J'espère. Bon, on se le fait ce film ?"

Elle alluma la télévision et tomba sur la météo.

"… violents orages touchant le nord de l'Etat. Beau temps sur San Francisco qui est epargnée pour l'instant…"

Sydney plissa les yeux.

"Ça doit être une coupure de courant." fit Weiss, la voyant troublée.

"Certainement." répondit-elle, mais elle ne parut pas plus rassurée pour autant.

Voyant que Weiss la regardait, les sourcils froncés, elle eut un sourire d'excuse.

"Désolée. Depuis que c'est arrivée je suis un peu parano."

"C'est normal."

Il avisa ses mains crispées sur le téléphone.

"Rappelle." lui dit-il.

"Hein ?"

"Rappelle la, comme ça tu seras rassurée."

Il n'eut pas à le dire deux fois, la jeune femme avait déjà porté le combiné à son oreille.

Elle raccrocha quelques vingt secondes plus tard, l'air contrarié.

"Toujours rien." Elle lui lança un regard furtif. "Tu crois que si j'appelle la voisine pour voir …?"

Il eut un petit sourire.

"Vas-y."

"Allo, Madame Douglas ? Oui, bonsoir, c'est Sydney… Je vous appelle parce que je n'arrive pas à joindre Madeleine… Non… Une coupure de courant, peut être ? Vraiment ? …Oui, bien sur, je comprends. Je ne veux pas vous retenir… Merci, au revoir."

Il lui lança un regard interrogatif.

"Il n'y a pas eu de coupure, selon elle… Et elle ne les a pas vu sortir…"

"Certainement un plomb." répondit Weiss.

Elle acquiesça, mais il voyait bien qu'elle n'était pas rassurée pour autant.

"Tu veux y aller ?"

Elle le regarda, sans comprendre.

"Tu veux aller là-bas pour vérifier que tout va bien ?"

"Eric, c'est à quelques 650 bornes d'ici et il est 9h00 du soir ! Non, je suis sure que tout va bien et que je m'inquiète pour rien. Je rappellerais demain matin."

oOoOo

Le lendemain matin, ce fut un Weiss mal reveillé qui vint ouvrir la porte à une Sydney en apparence très calme.

"Elle ne répond toujours pas." lança-t-elle en guise de bonjour.

Weiss, que cette petite phrase avait totalement réveillé, et sentant toute la détresse dans la voix de son amie, battit son record personnel de préparation : dix minutes plus tard, ils étaient dans sa voiture en direction de la rotonde.

Dès qu'elle fut dans le batiment, Sydney se précipita presque dans le bureau de Dixon, Weiss sur les talons.

"Dixon, je sais que nous sommes en alerte, mais j'ai vraiment besoin que tu me donne ma journée. Depuis hier soir, ma belle mère ne répond à aucun coup de téléphone et ses voisins se sont absentés."

"Sydney, je…"

"Dixon, je t'en prie ! J'ai peur que quelque chose ne soit arriver à Madeleine…"

Dixon céda. L'espionne le remerçia brievement et sortit. Weiss l'arrêta.

"Je viens."

"Weiss, tu ne peux pas…"

"C'est ma journée annuelle de congé", fit il, un petit sourire aux lèvres. "Je pense que je peux."

oOoOo

Une fois descendue de voiture, Sydney dut se retenir pour ne pas courir jusqu'à la porte d'entrée. Elle gravit lentement les marches du perron et sonna. Personne n'étant venu lui ouvrir, elle tourna la poignée. La porte était fermée.

Sydney sentit son coeur faire un bond. Peut être étaient elles sorties toutes les deux ? Mais une voix désagréable vint lui chuchoter que sa belle mère n'aurait pas emmené sa petite fille quelque part un jour d'école. Elle repoussa aussi l'hypothèse des courses, peu de gens y consacrant une bonne demie journée.

Elle ouvrit finalement la porte et pénétra dans la maison silencieuse avec Weiss.

"Il y a quelqu'un ? "appella-t-elle.

Seul le silence lui répondit.

La porte d'entrée, restée ouverte, se referma brutalement. La petite voix désagréable fit son retour et lui signala que peu de gens laissent leurs fenêtres ouvertes quand ils sortent.

La porte de la cuisine était la responsable du courant d'air. Peut être sa belle mère était-elle dans le jardin ? Ils sortirent.

Ce fut Weiss qui lui fit remarquer quelque chose d'insolite : les volets étaient fermés à l'étage.

Ils retournèrent donc à l'intérieur et elle monta, faisant signe à Weiss d'inspecter le rez de chaussée.

La chambre d'Élisa était vide, tout comme la salle de bain.

Quant à la chambre de Madeleine, ce fut le rayon de soleil qui se profilait sous le volet qui lui révéla le corps allongé à terre.

Elle entendit une voix étrange, désincarnée appeller Weiss, avant de réaliser que c'était sa voix.

Quand il arriva dans la chambre, il découvrit son amie, qui semblait avoir des difficultés à respirer, et le corps.

Il composa le 911.

oOoOo

"Élisa Hecht était chez sa grand mère avec qui elle vit quand elle a été enlevée. Les agents Bristow et Weiss ont découvert Madame Hecht inconsciente et blessée dans sa chambre. Il n'y avait aucune trace de la petite."

Assis dans la salle de debriefing, l'équipe regardait Sydney avec inquiètude. Elle n'avait pas décroché un mot depuis le debut de la réunion et son visage était fermé.

"Pour l'instant, les ravisseurs ne se sont pas manifestés. Etant donné qu'Elisa a été enlevée depuis maintenant 18 heures, nous pensons qu'ils ne tarderont plus à nous faire signe." Il hésita un moment avant de continuer. "C'est aussi l'avis du FBI." finit-il en regardant Sydney.

Elle ne dit rien et se tourna vers la fenetre. Au même moment un agent frappa à la porte.

"Madame Hecht s'est reveillée…"

Sydney se leva et se dirigea vers la sortie.

"…Et nous avons localisé Sark."

Sydney quitta la pièce.