Ryô, garde du corps
Chapitre 1 : Une nouvelle affaire
Comme à l'accoutumée, Kaori sortit et se dirigea vers la gare de Shinjuku pour vérifier si, pour un incroyable espoir, il y aurait un message sur le tableau. Plantée devant ce qui est pour cette fine équipe, le seul moyen de les contacter, elle fixa le message laissé.
" C'est une écriture de femme, c'est sûr!", pensa-t-elle avant de faire demi-tour. Elle fit quelques pas et se retourna pour se diriger de nouveau devant le tableau. La perspective de travailler pour une cliente ne l'enchantait guère, vu le penchant pervers de son équipier pour tout ce qui porte une jupe. Mais, les temps étaient durs. Ils n'avaient pas eu un seul client en 5 mois. Elle nota sur son carnet le lieu du rendez-vous.
En rentrant chez elle, elle remarqua que Ryô était sorti.
"Si je l'attrape, il va le regretter!", grommela-t-elle. Depuis quelque temps, les colères de Kaori étaient de plus en plus violentes. Elle n'arrivait plus à se contrôler car elle était désespérée de voir celui qu'elle aimait courir après d'autres femmes alors qu'il lui avait avoué ce qu'il ressentait quand elle avait été enlevée par le Général.
Ryô était au café Cat's eyes. Il était en train de draguer Miki. L'éléphant était sorti, il avait donc une bonne raison pour sauter sur la belle mercenaire. La porte du café s'ouvrit. Ryô n'eut même pas le temps de dire un mot, qu'une massue de 100 tonnes vint le clouer au sol. Kaori ressortit, aussitôt, exaspérée. Miki, en souriant, regarda cet homme pitoyable, coincé entre le sol et la massue et lui demanda :
"Pourquoi tu agis
comme ça? Il serait peut être temps de faire bon
ménage!"
"Quoi avec cette folle furieuse! En
plus c'est la seule femme..." Miki le reprit aussitôt
"... qui ne te fasse pas bander! Tout le monde le sait ça
mais est-ce vrai au moins?" Elle s'approcha de Ryô qui
était en train de vérifier si ces vertèbres
étaient en place.
"Si ça se trouve, tu fais
des efforts pour ne pas montrer qu'elle te plaît!"
Miki était experte en hypnose et elle décida sur un coup de tête de vérifier ce que ressentait réellement Ryô pour Kaori. Sans même qu'il se rendit compte, Miki l'hypnotisa.
"Après tout, c'est juste par curiosité".
Ryô avait le regard fixe et il ne bougeait pas. Miki commença donc son interrogatoire.
Pendant ce temps, Kaori attendait la cliente dans un parc, mais quelle ne fut pas sa surprise de voir Saeko arriver.
"Si ça se trouve,
elle va encore une fois demander à Ryô d'exécuter
le sale boulot contre un coup à tirer et comme il ne peut pas
lui dire non, il se fera encore avoir! " pensa-t-elle.
"Coucou
Kaori! Qu'est-ce qui ne va pas?"
"Ecoute, il est hors
de question que Ryô accepte un boulot venant de toi, vu?"
Sur ces quelques mots, Kaori commença à partir quand Saeko l'interpella.
"Ce n'est pas à Ryô que je m'adresse mais à toi. As-tu déjà pensé à avoir Ryô comme garde du corps pendant environ deux semaines?".
Kaori ne comprit pas tout de suite ce que voulait dire le lieutenant. C'est vrai que c'était un de ces rêves qui avait déjà été en partie réalisé (cf Cendrillon dans la ville).
"Je t'écoute."
Saeko tendit à Kaori une enveloppe dans laquelle figurait des photos et quelques renseignements. Une photo la surprit. Il s'agissait de la photo d'une jeune femme, incroyablement belle, brune qui devait avoir à peu près le même âge que Kaori.
"Je refuse que Ryô soit son garde du corps!".
Saeko prit la photo et la montra à Kaori.
"Regardes bien, à qui elle te fait penser?"
Elle la fixa mieux et se rendit compte d'une chose.
"Cette fille,
elle me ressemble..." pensa-t-elle. Saeko remarqua que Kaori
avait noté la ressemblance entre elles, le garçon
manqué, et cette jeune femme sublime.
"En fait,
j'aimerais que tu prennes la place de cette jeune femme durant tout
son séjour au Japon "
"Pourquoi?"
"Cette
jeune femme s'appelle Axelle Parker. Elle est américaine.
C'est la fille du directeur de Parker Electronics. Il doit venir au
Japon pour signer un contrat avec la Moravie pour leur fournir tout
un équipement de recherche par satellite.".
"Et
je suppose que la Russie voudra empêcher cet accord, c'est ça?"
"T'es bien renseignée! La Russie essaie de soumettre
la Moravie mais des foyers de résistance se sont organisés
un peu partout dans l'Etat. La mafia et les militaires russes ne
veulent pas que cet accord se fasse car cela ruinerait leur chance de
posséder cet Etat riche en pétrole.".
"Et
pourquoi doit-on protéger sa fille? On devrait plutôt se
focaliser sur le père. C'est lui qui signe cet accord non? "
Saeko sortit de l'enveloppe une lettre de menaces envoyée par E-mail à Mr Parker.
"S'ils tuent Mr Parker, cela créerait un incident diplomatique et romprait toutes les relations entre les Etats-Unis et la Russie. Ils veulent seulement faire pression sur le père en enlevant sa fille. Mais ils sont dangereux car je sais de source sûre qu'ils torturent leurs otages.".
Kaori eut du mal à avaler sa salive. Elle venait de se rendre compte de l'importance de cette mission. Kaori fixait toujours cette photo.
"Si je pouvais lui
ressembler, peut-être que... " dit-elle en murmurant. Elle
n'eut pas le temps de finir sa phrase.
"Sois patiente Kaori,
il finira par admettre que tu comptes beaucoup pour lui! "
"Je
l'espère... Revenons sur cette affaire! Alors que dois-je
faire?"
Saeko la regarda avec un léger sourire. Kaori avait vraiment du courage pensa-telle.
"Les Parker
arriveront au Japon dans un mois. Demain, je dois aller chercher le
cousin de Melle Parker à l'aéroport. C'est la personne
qui connaît le mieux Axelle et il t'appendra à être
elle en toute circonstance."
"Et je fais quoi pour Ryô?
Il ne va pas beaucoup apprécier l'arrivée de cet homme!
"
Saeko se leva et regarda Kaori avec un petit sourire malicieux.
"Ecoutes, est-ce vraiment important qu'il soit au courant de cette affaire? "
Kaori ne comprit pas tout de suite ce qu'elle voulait dire. Ils étaient partenaires et ils devaient se faire confiance et lui cacher cette affaire était comme une trahison pour Kaori.
"Ce sera une bonne occasion pour le tester, non? On le mettra au parfum au moment où il devra te protéger, d'accord? "
Kaori rougit. Elle ne savait pas quoi dire. Saeko lui laissa les documents et partit.
En rentrant chez elle, Kaori était perdu dans ces pensées. Elle ne savait pas si elle devait tout dire à son partenaire ou si elle devait suivre les conseils du lieutenant. Tout à coup, elle entendit une jeune femme crier.
"Mais vous allez me lâcher, espèce de pervers!"
Elle avait trop souvent l'habitude de ces cris. Elle savait d'instinct que son partenaire faisait encore des siennes à draguer en pleine rue sans se soucier des convenances. Mais, là, Kaori ne fit rien. Ryô l'avait vu du bout de la rue et s'apprêtait déjà à recevoir un marteau sur la tête mais Kaori préféra prendre la première rue à droite pour aller voir Miki. En voyant ce spectacle pitoyable, elle décida de suivre les conseils de Saeko et de faire un petit tour à Ryô.
"Pour toi, je ne suis qu'un garçon manqué sans aucun charme mais tu vas voir, moi aussi, je peux être très séduisante!" pensa-t-elle alors qu'elle se dirigea d'un pas résolu vers le café.
Arrivée devant le bar, Miki était en train de nettoyer les vitres justes avant de fermer pour l'après-midi. Elle accueillit la jeune femme avec un large sourire et l'invita à rentrer boire un café. Les deux jeunes femmes s'essayèrent à une table. Miki continua à la fixer avec un regard rieur.
"Quoi, j'ai un truc sur
la figure?" demanda Kaori un peu embarrassée.
"Non,
mais au fait, pourquoi es-tu venue?"
"Saeko nous a
proposé du travail." répondit-elle un peu perdue
"Enfin, après 5 mois! Mais ce boulot n'a pas l'air de
te plaire."
"C'est pas ça. Elle m'a demandé
de prendre la place de la fille de Charles Parker, le patron de
Parker Electronics. Il viendra au japon dans un mois pour signer un
important contrat et des menaces d'enlèvement pèsent
sur sa fille."
Sur ces mots, elle sortit la photo de la jeune femme en question et la tendit à Miki qui la regarda avec intention.
"D'après Saeko, je lui ressemble comme deux gouttes d'eau et je pourrais facilement prendre sa place et évidemment Ryô serait mon garde du corps le temps du séjour."
Miki sourit au grand étonnement de Kaori.
"C'est une bonne occasion de faire marcher ton
partenaire non?"
"Tu penses comme Saeko. Je sais que
c'est une bonne occasion pour lui montrer que je peux être
attirante mais c'est quand même mon partenaire. Je pense que je
devrais tout lui dire. De plus, je ne sais pas comment je vais
justifier l'arrivée de l'homme qui doit m'apprendre à
me comporter comme Melle Parker."
" Un homme?
Comment il est? "
" Sa photo doit être dans
l'enveloppe. Je ne l'ai pas encore regardée car j'étais
trop occupée."
Elle sortit la photo et sans la regarder, elle la tendit à Miki.
"Waouh, il est plutôt beau gosse! Il devrait te plaire!"
Kaori prit la photo et la regarda à son tour, elle la fixa carrément comme si elle était hypnotisée par le visage de l'homme sur la photo.
"J'aime bien ce genre d'homme c'est vrai."
"Pendant un mois, il t'apprendra à être Melle Parker. Ça veut dire que tu seras souvent avec lui. Je suis sûre que Ryô sera jaloux!"
Kaori était rouge comme une tomate.
"Tu penses... " dit-elle à
faible voix.
"Avec ce que j'ai appris tout à l'heure,
je ne m'inquiéterais pas tu sais!"
"Qu'est-ce
que tu as appris?"
L'Eléphant arriva et surprit la conversation. Il s'assit à côté de sa femme et prit la parole.
"J'ai surpris Miki en pleine séance d'hypnose!"
Kaori fut surprise par ce qu'elle venait d'entendre. Quelques secondes passèrent avant que la conversation ne reprenne.
"Tu as hypnotisé Ryô! Mais pourquoi?"
Décidément, Kaori était naïve, elle ne comprit pas où Miki voulait en venir.
"C'était juste par curiosité! Je voulais savoir ce qu'il ressentait pour toi!"
Là, Miki regarda l'Eléphant avant d'ajouter.
"Et puis,
Falcon, ça avait l'air de bien t'amuser de voir Ryô
faire tout ce que tu voulais!"
"Tu m'en as laissé
l'occasion alors j'en ai profité."
Miki regarda Kaori qui voulait savoir ce que lui avait répondu Ryô.
"Je te dirai simplement que tu es celle qui compte le plus pour lui. Le reste tu dois le découvrir toute seule."
Kaori rouspéta un peu. Elle ne savait pas ce qu'avait dit son partenaire mais elle était soulagée en même temps car ça lui aurait fait encore plus mal de connaître les sentiments de Ryô et de le voir se comporter comme si de rien n'était. Elle se leva et rejoignit la porte quand Miki ajouta:
"Je ne sais pas ce que tu as l'intention de faire avec cette affaire mais Ryô t'a souvent fait souffrir alors, si j'étais toi, j'attendrais le dernier moment pour le mettre au courant."
Kaori fit un petit signe de tête en guise de remerciements et quitta le café. Miki et l'Eléphant se regardèrent.
Kaori était rentrée à la maison. Il était 18 heures et elle commença à préparer le dîner. Elle le prépara pour deux même si elle savait que la plupart du temps il ne rentrait pas pour dîner mais elle le faisait quand même. Elle se comportait comme une épouse chez eux. C'était elle qui s'occupait du ménage, des repas... Ryô ne la remerciait jamais pour ce qu'elle faisait. Il lui répétait sans cesse qu'elle ne s'améliorait pas en cuisine et que l'appartement n'était jamais nickel. Parfois, Kaori se demandait si elle était sa partenaire ou sa femme de ménage mais elle ne se plaignait jamais réellement. Elle se contentait de grogner ou de lui balancer le premier objet qu'elle avait sous la main. En tout cas, elle était pensive. Elle songea à la discussion avec Saeko et Miki. Elle imaginait déjà le comportement de Ryô face à cet homme. Elle se demandait aussi ce que Ryô avait bien pu dire à Miki à son sujet pour être aussi confiante et surtout à sa résolution de faire tourner en bourrique son équipier. Ces pensées la firent rougir. Elle secoua la tête pour chasser ces idées et reprit la préparation du dîner.
A 19 heures 30 tout était prêt. La table était mise. Il y avait deux couverts. Kaori attendait l'hypothétique retour de Ryô pour commencer à manger.
"Pourquoi devrais-je l'attendre? Je ne suis pas sa femme après tout!" pensa-t-elle avant de se servir un bol de riz.
Ryô rentra à 20 heures 45, ce qui était tôt. Il se dirigea à la cuisine pour dîner et remarqua qu'elle était déserte. Sur la table, il restait son couvert et un petit mot qui disait
