Sous la soutane du moine…
Acte quatrième
Ou
"Vivre pour lui…"
¯'°º:º°'¯
La chose qui réveilla Sanzo le lendemain matin ?
Il avait chaud à la joue gauche.
Le haut moine Genjyo Sanzo ouvrit péniblement l'œil que l'infâme rayon de soleil matinal agressait à travers sa paupière jusqu'à lui donner l'impression d'avoir le crâne tapissé de velours rouge. Son œil cligna frénétiquement avant de s'accoutumer lentement à l'agressive lumière de l'astre qui s'élevait déjà haut, au beau milieu de l'immense rectangle de verre. Pas un nuage ne semblait aujourd'hui assez hardi de troubler la paix du ciel bleu. Les rayons coulaient à grand flot sur les montagnes blanches d'édredons, mais les poutres de bois qui soutenaient la toiture restaient obstinément otages de leur prison d'argent. Le silence alentour, caractéristique des matinées d'hiver, enveloppait jusqu'à la moindre respiration d'une intensité nouvelle, voluptueuse et terriblement incandescente.
Capricieux, Sanzo referma violemment l'ouverture sur le monde qu'il venait de mettre tant de temps à construire. Il n'avait absolument pas envie de se lever, de faire face au sourire prévenant, figé mais si intimidant d'Hakkaï, aux regards emprunts d'une admiration à la hauteur de laquelle il n'était pas et qu'il lisait perpétuellement dans les yeux de Goku, à la maladresse regrettable de ce crétin de kappa…
Il n'en pouvait plus de si bien les connaître, il n'en pouvait tout simplement plus. Cette osmose l'éreintait à tel point qu'il ne savait plus comment y faire face si ce n'était en fuyant. Il ne pouvait pas se lever bien droit et la regarder dans les yeux pour lui répondre que, oui, en effet, elle existait et qu'il avait besoin de la cultiver pour avancer. Ils en étaient arrivés à un point qui, il le savait, était précisément le point de non retour, celui arrivé auquel toute sa lâcheté se révélait, le point de rupture. Son âme parvenue à ce stade, si personne ne lui tendait la main il savait qu'il devrait poursuivre le voyage seul pour ne pas devenir fou…
Reprenant peu à peu conscience de sa masse corporelle, des lieux, de la distance à parcourir jusqu'à la porte, Sanzo se heurta à moult obstacles.
Pourquoi diable y avait-il une respiration contre sa nuque ! Allait-on se décider à lui dire ce que lui valait ce bordel de si bon matin ?
Pas qu'il puisse vraiment s'en plaindre, le souffle en question était tiède et régulier, il balayait les longues mèches de sa nuque par intervalles. Les lèvres dont était issu la lente respiration épousait délicatement la rondeur du premier disque de sa colonne vertébrale et, il pouvait sentir contre son dos le relief vigoureux et précis d'un musculature qui ne lui était pas étrangère. La sensation de ses omoplates parfaitement imbriqués dans la courbure des muscles du corps derrière lui le fit frissonner. Il n'avait pas tellement l'habitude de dormir à demi nu, encore moins de se réveiller avec pour parure une autre peau collée à la sienne…
La main du trou du cul qui se permettait telle familiarité dès le chant du coq était… Que Bouddha le tripote ! Elle était dans son pantalon ! Pas dessus, ni à côté, elle était habilement enracinée à sa cuisse même, sous le jean serré - pourtant destiné à décourager même les plus téméraires - de son pantalon. Partagé entre le désir violent de se retourner pour demander au kappa ( car oui, il n'était pas non plus con au point de ne pas reconnaître ce corps de sex symbol ) s'il ne connaissait pas un moyen moins intimiste de se faire pardonner, et l'envie inavouable d'en profiter en priant simplement pour que Gojyo ne réalise pas qu'il était aussi conscient que consentant, Sanzo n'eut pas à tergiverser longtemps. Sa tête était si lourde de chaleur et de sommeil, si généreusement blottie au creux d'il ne savait encore trop quoi, qu'il ne pouvait de toute façon la bouger en aucune manière. A bien y réfléchir, sans trop se formaliser sur sa pauvre cuisse qui subissait la si douce meurtrissure d'une étreinte charnelle, il y avait plus haut une autre main fermement agrippée à sa hanche.
Plus aiguë peut-être… Plus longue, plus fine, plus pâle aussi, plus patiente et pleine d'assurance. Un délice de tendresse en fait, quoique la pression des articulations avait un quelque chose de ferme et de décidé. L'autre main de cette paire exquise embrassait l'emplacement de son cœur, parfaitement à plat sur son abdomen trop blanc, les longs doigts dépliés diffusant une infime pulsation enchanteresse et sucrée qui se répandait dans tout son corps… Le ki d'Hakkaï. Sanzo put alors enfin définir l'emplacement de sa tête comme étant le creux de l'épaule du brun. En rouvrant les deux yeux cette fois il put même constater l'étonnante promiscuité que son visage entretenait avec le cou laiteux et velouté de l'ancien humain. Presque instinctivement, il embrassa du bout des lèvres la clavicule saillante qui s'offrait à sa bouche. Aussitôt effrayé par l'ampleur de son geste, il pria tous les dieux du ciel que cela n'ait pas réveillé Hakkaï et, à son grand soulagement, ce dernier ne cilla pas d'un iota. Il pouvait maintenant également percevoir le souffle profond et presque imperceptible de l'ancien humain qui caressait avec une insouciance légère le sommet de son crâne sans s'inquiéter de le réveiller.
Il était comme qui dirait "pris en sandwich". Quelle horrible situation subversive pour un moine de son rang. Fallait-il qu'il hurle au viol ou un truc dans le genre ? Sanzo s'autorisa un sourire comme il ne se l'était plus permis depuis des années. Il remercia Bouddha que le kappa fut endormi et qu'il ne puisse pas voir cette grimace de débile profond peinte sur son visage.
La dernière chose dont il prit conscience avant de se rendormir paisiblement pour la première fois en vingt trois ans, ce fut l'absence de ronflement et la présence d'une troisième respiration, plus courte, plus fraîche… Il évalua l'entremêlement de corps pour la énième fois de la matinée avant de se représenter ce crâne dans la continuité du sien, ce corps allongé à la perpendiculaire du sien et cette petite main timide perdue dans la foret de ses cheveux avec un abandon si certain qu'il ne put que poser tendrement la sienne par dessus pour la rassurer…
The End !
Rien de franchement folichon, je vous l'accorde... J'ai envie d'écrire un truc gore en ce moment alors je me replonge dans l'univers potterien, en plus avec la sortie au cinéma de la Coupe de Feu et tout... Bref, j'raconte ma vie moi, mais ce qui me plairait c'est votre avis! (Jeu de mot à deux sous pour auteur à un franc cinquante ! ;p)
