Chapitre 5 : Confidences

Taka se dirigeait vers le temple de Engyoji où son frère avait l'habitude de se rendre pour méditer. Elle devait l'informer au plus vite de sa découverte. Elle avait fini de soigner le soldat français qui se reposait à présent dans sa maison. Elle s'inclina devant les hommes qui gardaient l'entrée du temple et se déchaussa pour franchir le seuil. Voyant sa sœur arriver, Katsumoto cessa sa méditation et l'invita à prendre place face à lui. Taka salua son frère et s'assit.

KATSUMOTO : « comment va le soldat ? »

TAKA : « sa blessure à la poitrine est assez grave, mais je pense qu'il survivra »

KATSUMOTO : « bien »

TAKA hésitante : « Frère… »

KATSUMOTO : « oui ? »

TAKA : « j'ai découvert quelque chose d'étrange à propos de ce soldat »

KATSUMOTO : « quelque chose d'étrange ? »

TAKA : « oui, ce n'est pas un homme »

KATSUMOTO : « comment cela ? »

TAKA : « oui Frère, le soldat est une femme ! »

Katsumoto se tut quelques instants… Il réfléchit et reprit la parole.

KATSUMOTO : « je te demanderai de garder cela pour toi »

TAKA : « mais… »

KATSUMOTO : « fais ce que je te dis ! N'en parle à personne… même pas à ton fils. Je dois déjà savoir pourquoi elle est là avant de décider de quoi que ce soit »

TAKA : « bien… j'obéirai à tes ordres, Katsumoto »

KATSUMOTO : « va maintenant, j'ai besoin de réfléchir »

Taka s'inclina devant le chef des samouraïs et sortit du temple pour prendre la direction de sa demeure. « Pourquoi cette femme est-elle arrivée jusqu'au village ? » pensa-t-elle.

………………….

Un peu plus tard, dans le temple de Engyoji, le jeune samouraï demanda audience auprès de Katsumoto. Ce dernier vint à la rencontre de son neveu.

KATSUMOTO : « te voilà, An-San »

AN-SAN en s'inclinant devant son chef : « mon Oncle.. »

KATSUMOTO guettant la réaction du jeune homme : « je viens de voir ta mère… le soldat a des chances de survivre »

AN-SAN : « il devrait être mort… c'est une honte pour lui d'être encore en vie. Il a perdu, il aurait dû mettre fin à ses jours… »

KATSUMOTO : « non, An-San, ce n'est pas dans ses coutumes »

AN-SAN perdant son calme : « mais il a tué mon père … j'aurais tant voulu le tuer… »

KATSUMOTO : « je sais que tu aimais beaucoup ton père, mais cet homme a gagné le combat, ton père s'est bien battu, il est mort honorablement… »

AN-SAN : « mais pourquoi avoir ramené cet homme au village ? Pourquoi ne pas l'avoir laissé ?

KATSUMOTO : « je pense qu'il y a une raison à cela … mais j'ignore encore laquelle. »

AN-SAN : « une raison ? »

KATSUMOTO : « oui… et je veux que tu découvres laquelle… »

AN-SAN : « mais… »

KATSUMOTO : « An-San, tu es le seul ici qui parle parfaitement sa langue… je veux savoir qui il est, pourquoi il a combattu avec l'armée d'Omura »

AN-SAN : « mais je déteste cet homme, dès que je le vois mon seul souhait est de le tuer »

KATSUMOTO : « je veux qu'il vive… je sais que tu es un homme courageux et honorable… et puis, apprenons à le connaître avant de le condamner… il n'est peut être pas celui qu'il paraît… »

AN-SAN en s'inclinant de nouveau : « bien mon oncle, j'obéirai à vos ordres, je laisserai le soldat en vie … pour le moment »

KATSUMOTO : « bien, j'ai demandé à ta mère de prendre soin de lui… il demeurera dans ta maison, ainsi tu pourras parler avec lui plus facilement »

AN-SAN saluant toujours son chef : « oui, mon oncle »

Le samouraï sortit du temple de Himeji et prit la direction de la demeure de son père… non, à présent c'était sa demeure, son père était mort… et l'homme qui l'avait tué devait être son « invité », telle était la règle. Malgré toutes les années passées auprès de son père et de Katsumoto, il avait encore du mal à comprendre certaines coutumes de son peuple d'adoption. Mais il se devait d'obéir à Katsumoto, comme sa mère le faisait. Il mettrait sa vengeance de côté… « Vengeance », ce mot n'appartenait pas au peuple samouraï… il appartenait à son ancien peuple, celui du soldat français.